Les résultats de la comparaison de l'état de
référence de 2009 et de la pêche expérimentale de
2015 ont montré une évolution du nombre de taxons passant de 25
à 34 (Figure 15). Cette progression est également notée au
niveau du poids des captures passant de 73 kg en 2009 à 87,223 kg en
2015. Ceci est en concordance avec les résultats notés au niveau
de l'AMP de Joal (Rapport d'activité, 2011) après l'immersion de
récifs coquillage avec l'apparition de certaines espèces qui
étaient devenues rares telles que le Mérou et des
juvéniles de Tassergal au terme des quatre saisons.
Selon Claudet (2006) les récifs artificiels
constituent un moyen de créer de la biomasse par l'installation de
nouveaux peuplements, ces mesures de gestion concernent
l'écosystème, l'ensemble des communautés. Or, les
interactions entre les espèces de poissons sont complexes et les
caractéristiques biologiques et les dynamiques de chaque espèce
font qu'elles sont chacune affectées de manière
spécifique.
48
40
24
88
80
72
64
56
32
Taxons
Poids (Kg)
38
Figure 18 : Evolution des taxons et du poids des
captures dans l'AMP de 2009 à 2015
39
Les résultats de l'enquête des pêcheurs ont
révélé que l'immersion de récifs artificiels n'est
pas satisfaisante et qu'aucun impact positif n'est noté selon 55,6% des
interrogés contre 44,4% qui affirment que l'activité est assez
satisfaisante car ils ont noté le retour progressif de certaines
espèces indicatrices (par exemple le Mérou) et l'apparition de
poulpes. En effet, les récifs constituent des habitats adéquats
pour les espèces démersales. Cependant, l'évaluation de
l'activité par les pêcheurs s'est basée sur une absence
d'indicateurs, une configuration des récifs non adéquate à
la zone immergée. Ceci est confirmé par (Claudet, 2006) qui
stipule que les interactions entre la zone mise en protection et les zones
adjacentes non protégées sont une source de polémiques en
raison du manque de preuves permettant de décrire ces impacts et de
mesurer leur importance. D'un point de vue halieutique, les AMP et les
récifs artificiels ne sont pas des mesures mono-spécifiques de
gestion des pêches, comme peuvent l'être les limitations en taille
des individus prélevés ou des captures de certaines
espèces Claudet (2006). Un suivi des récifs artificiels
immergés a été fait par une équipe de plongeur
sous-marine « Nautilus Plongée » en 2014. Cette plongée
avait pour objectif de constater l'impact sur la vie aquatique
consécutif à l'immersion de récifs artificiels.
Comme résultat il a été impossible de
repérer le moindre récif artificiel car la turbidité de
l'eau empêchait tout repérage. Ce résultat de la
qualité de l'eau peut être justifié par les photographies
aériennes capturées sur Google Earth à cette
période (Photo 1 et 2) qui montrent un échange important d'eau du
fleuve vers la mer par l'intermédiaire de la brèche. Selon
Nautilus plongée (2014), s'il est avéré que ce sont les
eaux du fleuve par l'intermédiaire de la brèche qui contribuent
à instaurer cette turbidité, il serait envisageable soit de faire
des repérages en amont de la brèche en direction du nord soit de
s'éloigner de la côte en direction du large.
AMP Saint-Louis
Echanges d'eau du fleuve vers la mer par l'intermédiaire
de la brèche ouverte en 2003
Photo 1 : photographie aérienne
de la zone d'immersion de récifs artificiels et qualité de l'eau
en 2014 (Mai 2014)
AMP Saint-Louis
Echanges d'eau et apports de sable fin du fleuve vers la mer par
l'intermédiaire de la brèche
40
Photo 2 : photographie aérienne
de la zone d'immersion de récifs artificiels et qualité de l'eau
en 2014 (Août 2014)
Le suivi d'un récif artificiel recouvre toutes les
actions qui visent à mesurer, analyser puis rendre compte des
interactions qui se développent sur le site d'immersion et dans l'aire
d'influence du récif entre, la structure immergée, la colonne
d'eau et le substrat, la faune et la flore marines, les activités
humaines (DSIRA, 2012). Pour pouvoir caractériser l'ensemble des
interactions développées sur un site d'immersion, le suivi peut
se structurer autour de 7 composantes définies de la manière
suivante :
o suivi de la structure et de la qualité des fonds ;
o suivi de l'évolution physique des structures
immergées ;
o suivi des faunes et flores fixées ;
o suivi ichtyologique ;
o suivi des pêches ;
o suivi des activités développées sur les
récifs artificiels ;
o suivi des milieux sensibles d'intérêt
patrimoniaux.
Le suivi d'un récif va consister à
caractériser les interactions « réelles » qui
s'instaurent à la suite de l'immersion du récif. La mise en place
du suivi a vocation à faire appel à des champs d'analyse qui
relèvent de disciplines diverses, telles que l'écologie, la
sociologie, l'économie, la technologie des activités maritimes
(DSIRA, 2012). En somme, l'analyse des résultats de nos
différentes études nous a permis d'affirmer que l'immersion des
récifs artificiels a contribué partiellement à la
restauration des habitats dégradés en ayant des impacts positifs
sur la biodiversité halieutique. Donc la première
hypothèse est partiellement vérifiée.