CHAPITRE III : IMPACT DE L'INONDATION DU 1ER SEPTEMBRE
2009 SUR LE BIEN-ETRE DES MENAGES
Cette partie va se focaliser sur l'évaluation de
l'impact de l'inondation du 1er septembre 2009 aussi bien sur les
agrégats macro-économiques du pays en général que
sur les conditions de vie des ménages sinistrés. Nous allons
d'abord présenter la situation socio-économique du Burkina Faso
avant l'inondation avant de procéder à la description de
l'inondation en question.
I. Situation socioéconomique du Burkina Faso en
2008
Le territoire du Burkina Faso s'étend sur une
superficie de 274 222 km2. Selon les données du
quatrième RGPH de 2006, la population résidente au Burkina Faso
s'élevait à 14 017 262 habitants en 2006 dont 52% de femmes et
48% 13d'hommes. Cette population s'accroît à un taux
annuel moyen de 3,1%. 22,7%14 de la population burkinabè vit
en zone urbaine, et près de la moitié de cette population urbaine
vit dans la capitale Ouagadougou.
Le Burkina Faso est un pays doté de très peu de
ressources naturelles. Les principales activités économiques qui
y sont menées sont l'agriculture et l'élevage. L'agriculture
occupe plus de 80% de la population active et contribue pour environ 30% au
PIB). Le secteur des services domine l'activité économique avec
une part contributive de près de 45%.Le secteur de l'industrie, encore
embryonnaire, ne contribue que pour 20% environ du P11B.
Le Burkina Faso présente une balance commerciale
structurellement déficitaire. En 2008, le déficit s'est nettement
aggravé de 40%, en liaison avec une baisse des exportations de 45,2%. En
effet son solde commercial accusait un déficit de l'ordre de 681,75
milliards de FCFA en cette même année. Les transferts
privés ont progressé en moyenne de 32,8% par an entre 2004 et
2007. En 2008, ils n'ont augmenté que de 2,9%. Les finances publiques
quant à eux, sont caractérisées par une part importante
des dons dans les ressources budgétaires. L'Aide publique au
développement (APD) représentait 55,2% des ressources propres et
7,2%15 du P11B en 2008.
Le coton reste son principal produit d'exportation et a
contribué à environ 40% de ses recettes de l'extérieur.
Cette dépendance vis-à-vis du coton rend son économie
fragile en raison des fluctuations
13INSD,(2010)
14 INSD, (2008) 1515 PNUD (2010)
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des cours mondiaux du coton et de la concurrence face aux
cotonculteurs subventionnés des pays avancés.
Face à cette dépendance forte des
échanges extérieurs à un seul produit, de nombreuses
initiatives ont été prises pour une diversification de
l'économie d'exportation mais peinent jusque-là à changer
la donne. Toutefois, en 2008, le regain d'activité au niveau de
l'exploitation minière avec la mise en exploitation des mines d'or de
Nana( Boucle du Mouhoun), de Kalsaka (province du Yatenga) et de Taparko
(province du Namentenga)a permis à l'or non
monétaire16d'occuper la seconde place en matière de
recette totale d'exportation avec une part contributive de 30%.
Figure 4 : Poids du coton et de l'or non
monétaire dans le Top 10 des exportations du Burkina en 2008
graine de sésame
6%
or non monetaire
30%
autres produits exportés 17%
coton
47%
Source : INSD, 2010
Au Burkina Faso, les effets des crises, financière et
alimentaire se sont manifestés par une forte inflation en 2008
(10,7%)17 et un ralentissement de la croissance par rapport aux
prévisions initiales. Le produit intérieur brut du pays a connu
une croissance estimée en terme réelle à 5,2% avec un P11B
par habitant évalué à 250 830 FCFA et un P11B réel
estimé à 3 646,9 milliards de FCFA en 200818. L'indice
harmonisé des prix à la consommation (IHPC) s'est établi
largement au-dessus de la norme communautaire (< 3%). En effet, le taux
d'inflation est ressorti à 10,3% en 2008 contre -0,3% en 2007.
16 L'or à l'exclusion des minerais et
concentré d'or
17 PNUD, 2010
18 INSD « Situation du commerce extérieur
du Burkina Faso, 2008 », p 9
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Tableau 5: Evolution du taux de croissance réel
du PIB du Burkina de 2003 à 2008
Années
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Taux d'inflation (IHPC)
|
2
|
-0.4
|
6.5
|
2.3
|
-0.3
|
10.3
|
Evolution du PIB (en terme réel en%)
|
8
|
4.6
|
7.1
|
5.5
|
3.6
|
5.2
|
Source : Comité de Prévision et de
Conjoncture (DGEP/DPAM, 2008)
Le pourcentage de pauvres était de 46% en 2003 avec un
seuil de 82 672 FCFA (INSD, 2003) contre 44% en 1994 soit une progression de
2%. Il ressort aussi que la pauvreté est essentiellement rurale, mais la
pauvreté urbaine s'est aussi aggravée entre 1994 et 2003 en
passant de 10% à 20%, soit un doublement, ce qui est probablement due
à un fort exode rural qui a grossi la population urbaine, sans que des
emplois rémunérateurs ne soient créés. Ces chiffres
montrent la difficulté pour le Burkina Faso d'avancer vers l'atteinte de
la première cible des OMD19. Dans l'ensemble le taux de
chômage a connu une faible diminution de 1994 à 2003 en passant de
2,6% à 2,4%. Cependant on constate un bond spectaculaire de ce taux
atteignant 4% en 2005.De façon général le chômage
est très faible en milieu rural (2%) par rapport au milieu urbain
(13%)20.
L'habitat au Burkina Faso se caractérise par une
prédominance des murs en banco et des toitures en tôles
métalliques. La plupart des occupants de logements en sont
propriétaires et la location est plus développée en milieu
urbain qu'en milieu rural. Les biens possédés par les
ménages (terres, bétail, voiture, mobylette, radio, etc.)
constituent un indicateur de bien-être. La possession de ces biens permet
d'apprécier les conditions de vie des ménages. L'accès
à l'eau potable s'est amélioré à travers la
construction d'ouvrages hydrauliques de l'opération Saga, etc. En effet,
en matière d'approvisionnement en eau potable et assainissement, le taux
d'accès en milieu urbain est de 74% pour l'eau et de 22% pour
l'assainissement et celui en milieu rural est de 54% pour l'eau et 10% pour
l'assainissement en 2008. Ce secteur fait cependant face à plusieurs
défis: (i) la rareté des ressources en eau, (ii) une faible
capacité du sous-secteur rural, (iii) la forte croissance de la
population urbaine, (iv) le progrès inéquitable entre l'eau et
l'assainissement.
19 Eliminer l'extrême pauvreté et la
faim
20 INSD (2003)
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Au niveau des moyens de subsistance des ménages, le
revenu par tête d'habitant était de 430 Dollars
US en 2005, ce qui est en deçà de la moyenne des pays à
faible revenu qui était de l'ordre de 590
Dollars21. Selon une étude du Ministère de
l'habitat et de l'Urbanisme en 2008, le secteur informel est un des secteurs
qui procurent les revenus à la plupart des ménages sans emplois
rémunérés. A Ouagadougou, le secteur informel est le plus
grand pourvoyeur des revenus urbains des ménages et 46,7 % des
ménages pauvres ont comme activité principale, l'agriculture et
l'élevage même étant en ville.
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