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Marchés boursiers et croissance économique. Une analyse comparative entre l'Afrique subsaharienne et l'Asie du sud-est.

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par Larissa Nawo
Université de Dschang - Master of Sciences en Analyse et Politiques Economiques 0000
  

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L'importance des mouvements des flux de capitaux vers les pays d'Afrique Subsaharienne et d'Asie du Sud-Est, ces 25 dernières années est impressionnante et expliquée essentiellement par la stratégie d'intégration dans l'économie mondiale. En effet, afin d'intégrer la sphère mondiale et incorporer les nouvelles valeurs de libéralisation dans leurs propres économies, un certain nombre de PED ont opté pour un flux libre du capital à travers leurs frontières. Ils ont favorisé la participation des investisseurs étrangers dans leurs marchés boursiers domestiques. Cette attitude a eu pour effet l'augmentation des flux de capitaux d'une manière considérable et spécialement des flux de capitaux privés. C'est ainsi que les places boursières des TA (Indonesia Stock Exchange, Bourse de Kuala Lumpur en Malaysie, Bourse de Manille aux Philippines et Stock Exchange of Thailand) ont progressé considérablement depuis les années 1970 pour atteindre un niveau record de 1223 milliards de dollars en 2007 soit : 550530 milliards de FCFA (Rol S. et De Boissieu C. (1997)).

Jeunes, de petite taille, mais à fort potentiel... C'est le portrait-robot des Bourses africaines. Les dix principales Bourses africaines ont vu leur capitalisation boursière passer de 222 milliards de dollars (soit 99900 milliards de FCFA), en 2002, à plus de 700 milliards (soit 315 000 milliards de FCFA) en 2008. Dans ce paysage, la bourse Sud-africaine fait figure d'exception avec une capitalisation boursière de plus de 800 milliards de dollars (soit 360000 milliards de FCFA) en 2009. La Johannesburg Stock Exchange (JSE) rassemble, à elle seule, plus des deux tiers des opérations boursières qui se font en Afrique. Elle fait ainsi partie du top 20 des Bourses du monde. Outre la JSE, les Bourses les plus dynamiques sont égyptienne (Egyptian Exchange, EGX, deuxième place d'Afrique), kenyane : la Nairobi Stock Exchange (NSE) est la plus importante et ancienne Bourse en Afrique de l'Est et du Centre, tunisienne (Bourse de Tunis), marocaine (Bourse de Casablanca), nigériane (Nigeria Stock Exchange, NSE), ghanéenne (Ghana Stock Exchange, GSE) et mauricienne (Stock Exchange of Mauritius, SEM). Les Bourses du Caire, de Casablanca, de Maurice et la JSE sont les seuls membres africains de la Fédération internationale des Bourses de valeur (World Federation of

Exchanges, WFE). Les autres sont considérées comme des Bourses « frontières »3(*) du fait de leur petite taille (Loubser R. (2011)).

Plusieurs PED dont les marchés boursiers connaissent un essor susceptible d'attirer les investisseurs financiers institutionnels ont toutes les chances de faire partie de la deuxième génération d'économies émergentes. Les mêmes évolutions cruciales qui annonçaient l'arrivée de ces investisseurs sur les marchés maintenant émergés des « Dragons » d'Asie (DA) du Sud-Est dans les années 80 s'observent aujourd'hui en Afrique Subsaharienne et chez les « Tigres » asiatiques : la croissance décolle, son principal moteur est le secteur privé et les marchés financiers s'ouvrent. L'environnement mondial a joué un rôle primordial : la quête de rendements déclenchée par la forte liquidité des marchés financiers a encouragé les investisseurs à élargir leurs horizons (Nellor D. 2008)). Mais la génération actuelle d'économies émergentes évolue dans un environnement plus complexe et plus intégré qu'il y a 25 ans.

À l'époque, les investisseurs institutionnels avaient pris pied dans les économies émergentes essentiellement via les marchés d'actions et, plus rarement, par le biais des émissions obligataires en devises4(*). Désormais, ces investissements ne représentent qu'une fraction des opérations. La gamme des activités financières des investisseurs est extrêmement large et porte notamment sur les obligations en monnaie locale et les instruments des marchés des changes. L'ingénierie financière est aussi plus élaborée5(*). Depuis 25 ans, les marchés boursiers deviennent plus sophistiqués et complexes, et les nouvelles techniques financières arrivent sur les marchés émergents d'Afrique Subsaharien et d'Asie du Sud-est (TA) presque aussi vite que sur les marchés avancés.

Selon l'étude réalisée par la Banque d'investissement African Alliance, le Johannesburg Stock Exchange reste la première bourse africaine en termes de capitalisation avec 330,287 milliards de dollars (soit 148629,15 milliards de FCFA). Le Nigerian Stock Exchange arrive en seconde position avec 82, 813 milliards de dollars (soit 37265,85 milliards de FCFA) selon ce classement qui se base sur des données arrêtées au 31 mai 2014. Ensuite viennent la Bourse Régionale des Valeurs Molières (BRVM) d'Abidjan conforme à sa place de 6iéme bourse africaine en termes de capitalisation avec 11, 203 milliards de dollars (soit 5041,35 milliards de FCFA), enfin en 9iéme position le Ghana Stock Exchange avec 6,085 milliards de dollars (soit 2738,25 milliards de FCFA).

Après un relatif fléchissement en 2009, qui a eu des effets négatifs sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté, en Indonésie la croissance a été de 6,5% en 2011 et 6,2% en 2012 (PIB nominal de 878 Mds dollar, soit un PIB/habitant supérieur à 3 593 dollar)6(*). A 60% du PIB, la demande interne reste le principal moteur de la croissance, mais les exportations et l'investissement y participent désormais pour une plus grande part.

La Malaisie a connu depuis les années 1980 une croissance soutenue de son économie (jusqu'en 2008 autour de 6 % en moyenne par an) mais aussi de sa population (+ 2,6 %/an en moyenne, soit plus du triplement depuis 1960). L'impact de la crise asiatique de 1997 sur le PIB a été effacé dès 20037(*). En 2012, soutenue par la consommation privée et un taux d'investissement record en 2012 (+24,8% par rapport à 2011) pour atteindre 139,5 Mds RM soit 14,9% du PIB, la Malaisie a affiché une croissance remarquable en 2012, de 5,6 %.Ce pays est bien en train de gagner ses lettres de noblesse dans le domaine des IPO8(*). En 2012, deux des plus importantes entrées en bourse auront été malaisiennes, si bien que Bursa Malaysia décroche la 3e place mondiale en la matière. Un résultat surprenant quand on sait que Kuala Lumpur est une place modeste dont la capitalisation de 328 milliards d'euros (soit 213200 milliards de FCFA) est trois fois inférieure à celle de New Delhi9(*) en Inde.

L'économie des Philippines avec en moyenne 5% de taux de croissance depuis le début des années 2000, était en 2012 la plus dynamique de l'ASEAN. L'économie de ce pays à revenu intermédiaire connait une croissance forte (7,6% en 2010) et les fondamentaux sont sains (dette soutenable, déficit budgétaire et inflation maîtrisés, réserves de change importantes)10(*) (Loungani, Prakash, & Mishra S, (2014)).

Après avoir beaucoup souffert de la crise asiatique de 1997-1998, la Thaïlande a été durement frappée par la crise financière et économique mondiale de 2008, notamment en raison de l'ouverture très large de son économie. Sa croissance s'est contractée de 2,3 % en 2009. Elle n'est toutefois restée que deux trimestres en récession. La bonne gestion des finances publiques et la poursuite des investissements étrangers ont contribué à la reprise. La croissance a atteint 7,5% en 201011(*) (Hirst P. et Thompson G, ( 1999)).

Dans les économies avancées la bourse est aujourd'hui un maillon indispensable dans le financement des entreprises et un placement de plus en plus fréquent pour les particuliers. Cette évolution bien que présente dans les économies à revenu intermédiaires du Sud reste très marginale dans l'ensemble PED. En raison de leur intégration financière limitée avec les marchés mondiaux, la plupart des pays africains n'ont pas été directement touchés par la crise financière mondiale. Avec l'avantage du recul, il pourrait être tentant de conclure que cette faible intégration financière était une bonne chose, et qu'il serait dans l'intérêt de l'Afrique de ne pas chercher à l'augmenter. Or, pour accroître son taux de croissance économique et faire reculer la pauvreté, il est indispensable que le continent développe ses systèmes financiers et les intègre au reste du monde. De ces constats théoriques et faits de l'actualité financière récente découle notre problématique.

* 3Pour élaborer des indices pertinents, il faut déterminer si un pays est un marché émergent en mettant en rapport la nature et la sophistication de son marché boursier avec le degré de développement de son économie. Standard & Poor's, qui a repris en 2000 les indices financiers des marchés émergents de la Société financière internationale (SFI), a récemment qualifié de «marchés frontières» les pays dont les marchés sont plus petits et moins liquides que ceux des économies émergentes plus avancées. Ce vocable aurait pu s'appliquer à la plupart des marchés émergents des années 80.

* 4https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2008/09/pdf/nellor.pdf

* 5 https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2008/09/pdf/nellor.pdf

* 6 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ Indonésie /présentation-de-l'- Indonésie /

* 7 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ Malaisie /présentation-de-la- Malaisie /

* 8IPO = Initial Public Offering (Entrée en bourse),

* 9Marion Le Texier  ( www.lepetitjournal.com/kuala-lumpur.html) Lundi 30 juillet 2012

* 10 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ Philippine/présentation-des- Philippines/

* 11 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/thailande/presentation-de-la-thailande/

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon