2.4.8. Les thérapeutes
ou agents thérapeutes Luba.
Les thérapeutes luba sont connus sous un terme
générique de nganga/banganga (guérisseurs), on
retrouve parmi eux les bena-mbuku(devins), les bilumbu
(divinatrices), le bena mikendi ou mua mulopo (mediums), et
les vieux sages ou chamans.
L'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.)
citée par Mbonyinkebe (1987, p. 214) reconnait et définit le
guérisseur ou le tradipraticien (le nganga africain) comme
« une personne qui est reconnue par la collectivité dans
laquelle elle vit comme compétente pour dispenser des soins de
santé, grâce à l'emploi des substances
végétales, animales ou minérales et d'autres
méthodes basées sur le fondement socioculturel et religieux aussi
bien que sur les connaissances, comportements et croyances liées au
bien-être physique, mental et social ainsi qu'à l'étiologie
des maladies et invalidités».
Notons que cette définition bien que ne couvrant pas
toutes les dimensions du thérapeute luba ou africain, elle donne une
ouverture d'esprit quant à ce qu'il est censé faire. Celui-ci ne
s'occupe pas que de la santé au sens strict. Comme le dit si bien
Singleton (1997, p. 4), «Ce que nous appelons de la médecine ne
couvre pas l'essentiel de ses activités. Le nganga, entre
autres, faisait la pluie et le beau temps, remédiait au manque de gibier
ou augmentait les récoltes, empêchait le vol et garantissait le
succès des entreprises. Et même - dato non concesso -
s'il fonctionnait médicalement à ses heures, cette fonction
faisait de toute façon partie intégrante d'un Tout qui la
transformait en tout autre chose que de la biomédecine
primitive».
En bref, le nganga est un allié principal de
la vie. Autrement dit, l'objet que définit l'O.M.S. et que nous traitons
dans ce travail, à savoir, l'art de guérir, n'est qu'une
dimension de l'activité du nganga. Il comprend la
prévention, le traitement, la guérison des maladies et la
réhabilitation du patient dans son groupe social. La médecine des
nganga concerne également le domaine plus large où la
maladie, la vie et la mort sont perçues comme un jeu commun entre les
forces du bien et du mal, l'individu et la société, les vivants
et les morts (Cfr Panu Mbendele, 2005).
Ces thérapeutes le sont devenus soit par initiation ou
intronisation à ce pouvoir par les ancêtres à travers la
lignée de succession héréditaire, soit par cession.
a. Les devins/divinatrices.
Dans la culture luba, les devins sont des personnes
initiées à l'art de prophétie et de lecture des
écrans psychiques des leurs clients afin de découvrir les
problèmes qui les tourmentent, mais aussi de prédire l'avenir ou
les événements futurs. Le devin se sert des cartes, des
mibela (des petites coquilles de mer) qu'il jette et interprète
leurs positions. D'autres devins utilisent l'eau dans un bassin ou le miroir
pour visionner les personnes méchantes derrières les envoutements
qui les troublent. Les divinatrices (bilumbu) jouent pratiquement le
même rôle, à la seule différence que les
bilumbu se badigeonnent de caolins blancs, de la chaux ou de l'argile
blanche et utilisent les carapaces d'escargots remplies de lupemba.
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