1.7. Les conséquences de l'eutrophisation sur la
chaîne trophique
L'enrichissement du milieu augmente le métabolisme et
la productivité des macrophytes et du phytoplancton. Des algues
prolifèrent. L'équilibre écologique est bouleversé
en raison de la déstabilisation des chaînes alimentaires, plus
précisément l'équilibre entre producteurs et consommateurs
est rompu. Cela se traduit par l'appauvrissement de la diversité
spécifique (Dupré, 2002). Par manque de photosynthèse et
d'oxygène, les biodiversité animale et végétale
meurent (Trinquier, 2009).
1.8. Facteurs de contrôle de l'eutrophisation
1.8.1. Les nutriments
Les nutriments sont nécessaires au métabolisme
des végétaux, organismes autotrophes capables de transformer la
matière minérale en matière organique. Si la croissance
des végétaux n'est pas limitée par un autre
élément (lumière par exemple) ; ce qui n'est pas le cas au
Bénin où la température moyenne est de 25°C. Un
accroissement de la quantité de
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Evaluation de la chaîne trophique d'une aire marine
protégée en relation avec sa physico-chimie : cas
de Gbèzoumè dans la commune de Ouidah.
nutriments apportée dans le milieu pourra leur
permettre de se développer davantage. Ainsi en milieu aquatique,
l'augmentation des apports de matière organique et surtout d'azote et/ou
de phosphore est souvent tenue pour responsable des phénomènes de
proliférations des plantes aquatiques. Le phosphore est souvent
considéré comme facteur limitant en eau douce (Smith et
al., 1999), cependant le rôle de l'azote ne doit pas être
sous-estimé. Les plans d'eau en zone tropicale apportent plus des
charges nutritives (Parinet, 2004).
1.8.1.1. Azote
L'azote apporté au milieu provient de trois sources
principales.
a) Rejets domestiques : l'azote est presque en totalité
sous la forme d'azote organique
(urée, acide urique, créatinine) et d'azote
ammoniacal (N - NH ~). L'urée et les acides aminés
s'hydrolysent rapidement pour donner de l'ammonium. De ce fait, selon le temps
de séjour dans le réseau d'assainissement, l'azote organique sera
plus ou moins ammonifié. Aussi bien que l'on considère le rejet
de 13 à 15g d'azote (NTK) par habitant et par jour soit composé
pour 2/3 de formes organiques (Aminot et al., 1990), la proportion
moyenne des deux composants du NTK obtenue sur six eaux résiduaires
urbaines s'établit à 70% de NH~ ~ et 30% de N organique, les
composés oxydés (NO + NO ~) n'atteignant pas 1%.
b) Rejets industriels : selon l'activité industrielle,
les concentrations d'azote dans le rejet sont très variables. Les
industries les moins polluantes, telles que la fabrication de pâte
à papier produisent des concentrations de 5 à 20mg/L de NTK.
c) Rejets diffus issus du lessivage des sols enrichis en
engrais azotés : les apports d'azote d'origine agricole dus aux eaux de
surface varient de façon considérable d'une région
à une autre, en relation avec la pédologie, l'hydrographie, le
climat, les pratiques culturales, la nature des récoltes et la plus ou
moins bonne maîtrise des agriculteurs de l'emploi des divers engrais
(Mama, 2010).
1.8.1.2. Phosphore
On distingue deux formes principales du phosphore :
a) les phosphates (sous forme HPO~~~ ou
H2PO~ ~ dans les eaux naturelles) correspondent à la fraction de
phosphore qui se trouve sous forme minérale dissoute,
b) le phosphore total (PT) résulte de l'analyse d'eaux
non filtrées. Cette fraction rassemble le phosphore organique et
minéral, dissous et particulaire.
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Evaluation de la chaîne trophique d'une aire marine
protégée en relation avec sa physico-chimie : cas
de Gbèzoumè dans la commune de Ouidah.
La majorité des apports de phosphore provient de
sources ponctuelles : rejets urbains ou industriels, déjections animales
provenant d'élevages traditionnels ou industriels. Les rejets
domestiques sont moins importants que dans le cas de l'azote : on
considère qu'un habitant produit journellement entre 3 et 4 g de
phosphore total (PT) dont une moitié provient des excréta et
l'autre de l'utilisation de produits détergents à base de
polyphosphates. Le fait que les apports diffus de cet élément par
lessivage des sols soient minoritaires s'explique par la faible
solubilité du phosphore présent dans les sols et
particulièrement des formes minérales constituées, par des
phosphates de fer et d'aluminium (Mama, 2010).
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