B) PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
1) La questions de recherche
Quel est l'apport de la Francophonie dans la médiation
de la crise en Côte d'Ivoire? C'est autour de cette question que notre
recherche sera construite. Il s'agit de s'interroger à la lumière
de ses textes et instruments, du rôle joué par la Francophonie
dans la médiation en Côte d'Ivoire.
2) La revue de la Littérature
C'est véritablement à partir de la
Déclaration de Bamako sur « l'état de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone » et de la Déclaration de Saint Boniface sur
« la prévention des conflits et la sécurité
humaine » que la Francophonie s'est dotée d'un cadre
règlementaire et normatifpour la gestion des conflits. Outre ce fait
récent, notre recherche, a permis de découvrir l'existence
d'écrits sur la médiation de la francophonie, dont nous
présentons succinctement quelques travaux dans le cadre de notre
mémoire.
Premièrement l'ouvrage, « Médiation et
facilitation dans l'espace francophone : Théorie et Pratique »
de Jean-Pierre Vettovaglia. Un ouvrage riche par la quantité
d'informations et le nombre d'experts ayant contribué à sa
réalisation mais aussi par la qualité des intervenants
(médiateurs, chercheurs et hauts représentants du
secrétaire général de la francophonie). Cet ouvrage vise
à faire connaître les réflexions ainsi que les
expériences de médiation dans l'espace francophone, en combinant
théorie et pratique. Il a l'avantage de présenter de nombreux cas
de médiations de l'OIF dans les conflits en Afriquefrancophone ces
dernières décennies. D'abord dans une approche théorique,
l'ouvrage présente le concept historique de la médiation et fait
un rapprochement aux conflits contemporains. Ensuite, les outils mis en place
par l'Organisation Internationale de la Francophonie, en matière de
médiation/facilitation sont développés. Concernant la
crise ivoirienne, les actions initiées par l'OIFsont largement
développées sans toutefois analyser les faits et présenter
leurs limites.
« Une histoire de la Francophonie (1970 à
2010) » de ChristianVALANTIN. Cet ouvrage nous
retracel'évolution de la francophonie, de l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique (ACCT)en passant parle virage politique que
l'organisation prend lors du sommet de Hanoï, (Vietnam), de 1997.En somme,
les grands faits qui ont jalonné l'institution jusqu'à 2010y sont
abordés. Les crises qui ont secoué les pays membres de l'OIF
pendant cette période sont présentées succinctement sans
donner les détails des actions menées dans les différents
pays. Ce livre montre que l'OIF a pris la mesure des nombreuses menaces
à la paix dans ses Etats membres et a, de ce fait, entrepris un certain
nombre d'actions pour atténuerles risques ou régler les conflits
ouverts. Elle s'est donc dotée des textes normatifs qui lui permettent
d'intervenir pacifiquement dans les cas de violation plus ou moins graves de la
démocratie et de non-respect des droits de l'Homme.
L'article deJean- Louis ATANGANA AMOUGOUsur « la
Francophonie et la résolution des conflits en Afrique » a retenu
aussi notre attention. Les actions menées par la Francophonie en faveur
de la résolution des conflits en Afrique sont abordées. L'auteur
explique que le passage de la dimension culturelle à celle politique de
la Francophonie est dû à l'avènement de nouveaux
défis tels que la promotion de la démocratie, l'état de
droit et la résolution des conflits. Pour ce faire, la Francophonie a
entamé une réforme institutionnelle afin d'assurer pleinement ses
nouvelles missions stratégiques dévolues aux organisations
internationales. Elle va ainsi, en collaboration avec l'Organisation des
Nations Unies (ONU), l'Union Africaine (UA) et l'Union Européenne (UE),
mener plusieurs actions dans le sens de résolution des conflits. Cet
article a le mérite d'analyser la Francophonie et la résolution
des conflits en Afrique francophone, mais comme dans l'ouvrage
précédent n'étudie pas un cas précis, ce que notre
étude s'engage à faire.
Depuis quelques années, les étudiants en Master
et en thèse de Doctorat ont décidé d'enrichir par leurs
travaux de recherche, la médiation francophone.Dans ce sens, le
mémoire de master 2, présenté par Rodrigue TASSE MOTSOU,
« Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique
francophone: le cas de Madagascar » est intéressant.Car, il a
le mérite de traiter un cas particulier. Il a essayé de montrer
comment la Francophonie, se fondant sur son dispositif normatif et
institutionnel, est intervenue dans la crise malgache aux côtés
des organisations régionale et sous régionale. Mais les actions
et les stratégies élaborées sont jugées
insuffisantes. Ce mémoire a le mérite d'apporter un jugement de
valeur sur l'action de l'OIF, mais les insuffisances relevées portent
sur l'inefficacité des actions et les moyens limités de
l'organisation. Il mais ne fait pas mention des conflits
d'intérêts entre médiateurs qui peuvent naitre dans une
médiation.
Ensuite, il y a les travaux de la thèse de Amévi
AGBOBLY ATAYI sur « L'organisation internationale de la francophonie
en matière de prévention, de gestion et de règlement des
crises et conflits en Afrique subsaharienne francophone : cas de la
République démocratique du Congo, du Tchad, de la Côte
d'Ivoire et du Togo ». A travers cette thèse, l'auteur montre
que le nombre et l'intensité des conflits et crises qui secouent
l'Afrique subsaharienne francophone, sont une préoccupation pour la
francophonie, parce qu'ils touchent les pays membres et sont souvent cause de
profonde violation des droits de l'Homme. Donc il tente d'apprécier le
rôle joué par l'OIF dans la prévention, la gestion des
conflits et le maintien de la paix dans les 4 paysConcernant la Côte
d'Ivoire, il décrit simplement les actions posées par la
Francophonie.
Enfin, la thèse de Evariste Toldé BEELNDOUM
NGARLEM, sur « La francophonie et la résolution des conflits :
réflexion sur la notion de tiers ». Partant d'exemples dans
des pays qui ont connu des situations de conflits, il montre que l'Organisation
Internationale de la Francophonie, dans l'accomplissement de ses fonctions de
tiers, joue un rôle de facilitateur neutre et impartial. Pour atteindre
son objectif, la Francophonie utilise plusieurs moyens officiels et/ou
officieux par lesquels elle contribue au règlement pacifique des
différends dans ses pays membres.
Pour notre part, notre étude dont le champ
d'investigation est la Côte d'Ivoire, vise à analyser les actions
menées par la Francophonie seule et dans un cadre multilatérale.
Par ailleurs, le contexte de la médiation internationale qui suscite
l'intervention de plusieurs tiers de nature différentes peut impacter
négativement sur le résultat de la médiation. Toutefois,
notre étude montrera que la Francophonie dispose des
spécificités qui font d'elle un acteur incontournable dans la
médiation.
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