La francophonie et la médiation dans la crise ivoirienne de 2002 à 2010.( Télécharger le fichier original )par Sika Gautier ADOMON Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 2014 |
B) Consolidation des notions de démocratie, de solidarité et de sécurité humaine« La démocratie est une aspiration légitime des peuples africains même si elle demeure, ici comme ailleurs une quête permanente155(*) ». Depuis la Déclaration de Bamako, la Francophonie a fait de la démocratie le pivot de son action. Elle proclame que « Francophonie et démocratie sont indissociables » et fait de « l'engagement démocratique une priorité qui doit se traduire par des propositions et desréalisations concrètes ». Véritable cadre d'expression des libertés, cette démocratie à la « francophonie » ne doit pas se limiter comme le mentionne le chapitre 4 sur les engagements concrets à l'existence formelle d'institutions, à la tenue d'élections qui ne sont « libres, fiables et transparentes » que de noms et « une vie politique apaisée » lorsque toute manifestation ou contestation est étouffée. Son effectivité dépend de l'émergence d'une culture démocratique, c'est-à-dire l'appropriation des valeurs démocratiques de tolérance et de dialogue par les citoyens, mais en premier lieu par les autorités du pays. C'est en cela que la Francophonie doit jouer son rôle en dénonçant sans faux fuyant les manquements à la démocratie et à l'état de droit grâce à l'appui de son réseau et des instituts de recherche et d'études dans les pays. Comme nous le mentionnions, l'un des objectifs de la Francophonie inscrit dans sa Charte est « d'aider à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits156(*) ». Dans l'optique de préserver et de gérer les conflits et crises, il est nécessaire de comprendre leurs origines et s'attaquer à leurs causes profondes. Or, à l'analyse des conflits qui minent l'espace francophone, les causes tirent leur source dans la mauvaise gouvernance politique et économique. Outre, le déficit de culture démocratique, la mauvaise gestion des affaires publiques, le népotisme, la corruption, la gestion clanique des affaires publiques et la mauvaise redistribution des ressources ou richesses, sont le lot quotidien des pays francophones d'Afrique. En déclarant « que la prévention des crises et des conflits repose aussi sur la sécurité de l'individu, la satisfaction de ses besoins vitaux, notamment ceux de vivre en paix, le respect de tous ses droits, y compris le droit au développement, toutes exigences conditionnées par l'existence d'un Etat de droit démocratique157(*) » la Francophonie a opté pour une approche globale. Elle doit donc mener des actions de prévention non seulement au niveau politique lié à la démocratie mais surtout dans le domaine de la gestion de la chose publique cause de multiples conflits. La présence massive de pays africains dans le groupe des pays les moins avancés doit être une de ses préoccupations. Elle doit s'engager dans une large acceptation du développement et mettre l'accent sur l'aspect de politique économique de ces pays car les pays pauvres et fragiles sont le sanctuaire des conflits. La francophonie doit veiller à renforcer son mécanisme de prévention de conflits pour le rendre plus efficace et opérationnel. Cela passe d'abord par le renforcement des capacités en ressources de la structure en charge de la collecte des informations. Elle doit étendre son réseau d'information en se référant plus aux centres d'études. Ensuite, l'OIF doit songer à consolider la démocratie, qui ne doit plus être perçu seulement sous son aspect politique mais aussi sous celui de la gestion de la chose publique. * 155 Op.cit,p 82 * 156 Charte rénovée de 2005, article 1 * 157 idem |
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