La francophonie et la médiation dans la crise ivoirienne de 2002 à 2010.( Télécharger le fichier original )par Sika Gautier ADOMON Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 2014 |
B) Une proximité culturelle et linguistique avec les zones de criseDepuis la fin de la guerre, les pays africains au sud du Sahara, en particulier ceux de l'espace francophone sont confrontés à des conflits et crises internes. République démocratique du Congo, Congo-Brazzaville, Burundi, Rwanda, Mauritanie, Togo, Madagascar, Côte d'Ivoire, République Centrafricaine, Tchad et la liste est bien longue. Devant une telle situation, la Francophonie qui s'est forgée autour de la solidarité, du dialogue, de la liberté et de la diversité, a le devoir de contribuer, à l'instar des autres organisations, à la résolution des conflits. C'est pourquoi, la médiation occupe une place de choix dans son dispositif institutionnel et normatif, consacré par les Déclarations de Bamako et de Saint Boniface. Dans l'une, la facilitation apparaît « comme le moyen le plus approprié et le plus immédiat pour faire face à une situation de crise »142(*) et l'autre insiste sur « la diplomatie préventive »143(*), « la nécessité de prévenir l'éclatement des crises »144(*) et sur la médiation. Mais la particularité de la médiation francophone est qu'elle est marquée par une proximité culturelle et une appartenance linguistique commune. En effet, les médiateurs francophones ou les envoyés spéciaux chargés de jouer les facilitateurs participent le plus souvent à une culture commune. Leur proximité culturelle et linguistique leur facilite les contacts et les échanges sur le terrain de la médiation. Cela a été le cas dans la crise ivoirienne avec la nomination de Lassana Kouyaté de la Guinée, comme Représentant du Secrétaire général. Ces médiateurs partagent soit la même aire géographique soit les « mêmes problématiques de l'état de droit, des élections ainsi que des droits de l'homme ». Enfin, « la proximité linguistique permet une réelle familiarité et celle-ci crée souvent la solidarité.145(*) » Nous retenons de ce paragraphe que la Francophonie ne se présente pas comme une organisation d'Etats, mais elle fédère toutes les énergies et tous les mouvements de la société pour mener son action. Cette démarche est aussi adoptée dans son mécanisme de résolution de conflits. En effet, dans son mécanisme de prévention et d'alerte précoce, la Francophonie s'appuie sur des réseaux d'information variés et divers auxquels participent des organisations internationales, régionales et non gouvernementales, mais aussi sur des réseaux institutionnels. Cet assemblage de structures étatiques et de mouvements de la société civile pour la collecte des informations devrait permettre à l'organisation d'avoir plusieurs sources d'information et améliorer son système d'alerte précoce. De plus, sa médiation est marquée du sceau de la proximité culturelle et de l'appartenance linguistique commune. Ce qui facilite le contact et les échanges sur le terrain de la médiation. * 142 Joseph Maïla, « Ya -t-il une spécificité de la médiation francophone » p 343 * 143 Voir Déclaration de saint boniface * 144idem * 145 Jacques Legendre dans « les entretiens de la francophonie 2001-2003 : pistes pour aller de l'avant » Alpharès, Paris,2004, p87 |
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