_
ACADÉMIE DIPLOMATIQUE DU VIETNAM
|
UNIVERSITÉ JEAN MOULIN LYON 3
|
Master 2 Droit et science politique/Mention Science
politique
Relations internationales
Spécialité : Francophonie et
Mondialisation
Parcours : recherche
Année universitaire : 2014-2015
La Francophonie et la médiation dans la crise
ivoirienne
de 2002 à 2010
Présenté par :
ADOMON Sika Gautier
Sous la direction de : M.
Frédéric RAMEL,
Professeur des Universités
de science politique, IEP de Paris
Hanoï, Juillet 2015.
REMERCIEMENTS
Au moment où nous achevons la rédaction de notre
mémoire de Master 2 Sciences Politiques/Relations Internationales
parcours Francophonie et Mondialisation, nos remerciements vont à
l'endroit de tous ceux qui ont contribué à sa
réalisation.
Particulièrement à :
Monsieur Frédéric RAMEL, Professeur des
Universités, d'avoir accepté de diriger notre
mémoire ;
Monsieur DO DUC Thanh, co-responsable du programme, pour son
encadrement et ses conseils durant notre formation et séjour à
Hanoï ;
Madame PHAN-LABAYS Thi Hoai Trang, Maître de
conférences associé, Université Jean Moulin de Lyon 3, qui
nous a donné l'opportunité de participer à cette
formation ;
Monsieur NGUYEN Khanh Toan, pour ses conseils ;
Tous nos professeurs de l'Académie Diplomatique du
Vietnam et de l'Université Jean Moulin de Lyon3 ;
A tous mes collègues de la 6è promotion du
Master 2 Sciences Politiques/Relations Internationales parcours Francophonie et
Mondialisation.
J'exprime également ma
reconnaissance :
Au bureau de l'AUF Asie-Pacifique, pour avoir facilité
notre séjour à Hanoï ;
A l'Organisation Internationale de la Francophonie et
particulièrement à Monsieur SAIDOU Kane de la
Délégation à la Démocratie, à la Paix et aux
Droits de l'Homme (DDPDH) ;
A Madame NGUYEN Thi Thu Le, bibliothécaire à
l'Académie Diplomatique du Vietnam pour sa disponibilité lors de
notre recherche.
RESUME
Organisation à vocation culturelle et technique, la
Francophonie a su faire progressivement sa mutation pour devenir un acteur
privilégié de la scène internationale. Dans un contexte
post guerre froide, ce changement vise à répondre aux nouveaux
défis des membres de l'Organisation. En effet, face aux conflits
internes et aux difficultés d'amorcer le processus démocratique
dans l'espace francophone, particulièrement en Afrique, l'OIF s'est
donnée pour mission d'accompagner les processus démocratiques et
contribuer à la résolution des conflits. Ainsi, elle s'est
dotée d'instruments et de mécanismes lui permettant d'être
impliquée dans la prévention, la gestion et la résolution
des conflits. C'est ainsi, que la Francophonie participe aux côtés
d'autres organisations dans le règlement des conflits dans l'espace
francophone.
Les mots clés du mémoire :
Afrique francophone/ Crise /Démocratie /Droits de l'Homme /Etat de droit
/Facilitation /Francophonie /Médiation /Prévention/
Résolution de conflits.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACCT : Agence de Coopération
Culturelle et Technique
AIF : Agence Intergouvernementale de la
Francophonie
AIMF : Association Internationale des
Maires francophones
APF : Assemblée Parlementaire de
la Francophonie
APO : Accord Politique de Ouagadougou
AUF : Agence universitaire de la
Francophonie
CEA : Comité d'Evaluation et
d'Accompagnement
CEDEAO : Communauté
économiques des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEN-SAD : Communauté des Etats
Sahélo-sahariens
CMF : Conférence
Ministérielle de la Francophonie
CPC : Cadre Permanent de Concertation
CPF : Conseil Permanent de la
Francophonie
DDHD : Délégation aux
droits de l'Homme et à la Démocratie
DDHDP : Délégation
à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l'Homme
FPI : Front Populaire ivoirien
GTI : Groupe International de Travail
OCI : Organe Consultatif
International
OIF : Organisation Internationale de la
Francophonie
ONU : Organisation des Nations Unies
OMP : Opérations de Maintien de
la Paix
ONUCI : Opération des Nations
Unies pour la Côte d'Ivoire
MJP : Mouvement pour la Justice et la
Paix
MPCI : Mouvement Patriotique de
Côte d'Ivoire
MPIGO : Mouvement Patriotique du Grand
Ouest
MFA : Mouvement des Forces d'Avenir
PDCI-RDA : Parti Démocratique de
Côte d'Ivoire -Rassemblement Démocratique Africain
PIT : Parti Ivoirien des Travailleurs
RDR : Rassemblement des
Républicains
SDN : Société Des
Nations
UA : Union Africaine
UDCY : Union pour la Démocratie
et la Citoyenneté
UDPCI : Union pour la Démocratie
et la Paix en Côte d'Ivoire
UE : Union européenne
UEMOA : Union Economique
Monétaire Ouest Africaine
SADC : Communauté de
Développement d'Afrique Australe
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
2
RESUME
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
4
SOMMAIRE
6
INTRODUCTION GENERALE
8
PARTIE I : LA FRANCOPHONIE, UN
ACTEUR DE RESOLUTION DE CONFLITS
24
INTRODUCTION
25
CHAPITRE I : LA MISE EN PLACE DU
DISPOSITIF INSTITUTIONNEL
27
SECTION I : LA FRANCOPHONIE POLITIQUE
27
SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE ET
NORMATIF DE LA MEDIATION FRANCOPHONE
32
CHAPITRE II : L'INTERVENTION DE LA
FRANCOPHONIE DANS LA MEDIATION IVOIRIENNE
39
SECTION I : LES EFFORTS DEPLOYES PAR L'OIF
40
SECTION II : LA CONTRIBUTION DE L'OIF POUR LE
RETOUR A LA PAIX EN COLLABORATION AVEC LES ORGANISATIONS
46
CONCLUSION
52
PARTIE II : LES LIMITES ET LES
PERSPECTIVES DE LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE
54
INTRODUCTION
55
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DE LA
MEDIATION DE L'OIF DANS LA CRISE IVOIRIENNE
57
SECTION I : LES LIMITES RESULTANT DES ACTIONS
DE L'OIF
57
SECTION II : LES AUTRES FACTEURS POUVANT
AFFECTER LA MEDIATION
64
CHAPITRE IV : LES PERSPECTIVES POUR LA
MEDIATION FRANCOPHONE
71
SECTION I : LA SPECIFICITE DE LA
FRANCOPHONIE
71
SECTION II : LES APPROCHES POUR UNE MEILLEURE
RESOLUTION DE CONFLITS
76
CONCLUSION
81
CONCLUSION GENERALE
83
SOURCES
87
BIBLIOGRAPHIE
88
ANNEXES
97
LISTE DES CARTES
117
LISTE DES TAB LEAUX
117
LISTE DES DOCUMENTS
117
TABLE DES MATIERES
118
INTRODUCTION GENERALE
L'introduction générale du présent
mémoire portant sur « La Francophonie et la
médiation dans la crise ivoirienne de 2002 à
2010 » s'articulera autour de 4 grands paragraphes.
D'abord, le contexte général dans lequel
s'inscrit notre sujet, qui nous permettra de le présenter, de
définir les concepts abordés par notre travail et d'exposer les
intérêts que revêt notre sujet.
Ensuite, la problématique de recherche, où nous
nous efforcerons, outre la formulation de notre question de recherche, de faire
unerevue, non exhaustif, de la littératureen rapport avec notre sujet,
avant de proposer nos hypothèses de recherche.
Par la suite, nous exposerons notre méthode de travail,
en décrivant d'une part nos sources et données utilisées
pour notre étude, et d'autre part notre démarche au regard des
théories des relations internationales que nous avons choisies.
Nous achèverons cette introduction par la
présentation du plan de notre mémoire.
A) CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
Les relations entre Etats ont été de tout temps
marquées par les concepts de paix et de guerre. Face aux ravages
causés par la seconde guerre mondiale (1939-1945), l'idée de la
création d'une organisation capable d'imposer la paix voit le jour,
après l'expérience peu concluante de la Société des
Nations (SDN).
Cette idée est concrétisée en 1945 par la
mise sur pied de l'Organisation des Nations Unies (ONU), dont la Charte, non
seulement interdit le recours à la guerre,mais aussi, le recours
à la force de manière générale.Cependant, les
relations entre les Etats vont continuer àêtre dominées par
de nombreux conflits.
Ainsi, de « 1945 à 1975, plusieurs types de
conflits sont dénombrés, dont 17 conflits interétatiques
et 35 intra-étatiques. (...) Sur la période allant de 1975
à 2000, 14 conflits intra-étatiques contre 08
interétatiques1(*) »sont enregistrés.
« Sur le continent africain, c'est une vingtaine de
conflits de toute nature, entre 1990 et 2009, qui est enregistrée, avec
le décompte macabre de milliers de morts et de handicapés, trois
millions de réfugiés et onze millions de
déplacés2(*) ».Notons que ces violencess'étaient
accentuées dans un contexte de guerre froide entre les Blocs Est-Ouest
et d'immobilisme de l'ONU.
1) Le thème de l'étude
L'espoir né de la fin de la guerre froide sera vite
anéanti par la persistance des conflits intra-étatiques,
particulièrement en Afrique.L'Afrique subsaharienne, en particulier
l'Afrique francophone, ne fait pas bonne figure. Elle « est
déchirée par des calamités, des conflits internes,
interétatiques, l'instabilité de ses régimes politiques
(Mali, Guinée Conakry, Côte d'Ivoire, RCA, Madagascar...), des
coups d'Etat, des génocides, des crises politiques, des
guérillas, la lutte pour le contrôle et l'exploitation des
ressources naturelles, la corruption, la fragilité des institutions ...
entrainant dans cette partie de la planète de nombreux
réfugiés3(*).»
La façon de traiter ces conflits a beaucoup
évolué et l'utilisation de la force militaire se fait de plus en
plus rare, dans un contexte de relation post guerre-froide. Notre étude
abordera un volet de la question d'où le thème de notre
mémoire est en liaison avecla résolution des
conflits.
2) Le choix du sujet
En effet, la fin de la guerre froide a été
marquée sur le continent africain par l'émergence de conflits
internes, dont l'enjeu pour la plupart est la course au pouvoir. Dansce nouveau
contexte mondial, l'ONU n'intervient plus seule dans les règlements des
conflits. D'autres organisations internationales, régionales et sous
régionales ont inscrit des modes pacifiques de gestion des conflits dans
leurs textes. Ainsi, faisant sienne la nouvelle configuration mondiale et face
aux nombreux conflits qui minent ses membres, l'Organisation Internationale de
la Francophonie (OIF) ne se limitera plus uniquement à
l'élaboration d'une politique de promotion linguistique, de
coopération technique et culturelle ou de coordination des
réseaux francophones. Elle prend à son compte, les nouveaux
défis qui s'imposent à ses membres tels que la démocratie,
l'état de droit, les droits de l'Homme et la sécurité
humaine. Elle se dote ainsi de textes (Charte, Déclarations de Bamako et
de Saint Boniface), lui permettant d'agir comme acteur dans la
résolution des conflits. Par ailleurs, la médiation
internationale actuelle ne se fait plus par un tiers unique. Elle s'organise
dans un environnement multilatéral car les pays en conflit appartiennent
à plusieurs organisations et la plupart de ces organisations ont en leur
sein des mécanismes de règlement des conflits.C'est donc pour
comprendre le rôle joué par l'OIF et son apport dans la
résolution de la crise ivoirienne que notre mémoire, se propose
comme sujet :La Francophonie et la médiation dans la crise
ivoirienne de 2002 à 2010.
3) La délimitation du sujet
Ainsi, présenté, notre sujet se délimite
dans un cadre spatial et temporel.Concernant le cadre spatial, notre
étude concerne la République de Côte d'Ivoire4(*). Pays d'Afrique de l'Ouest,
d'une superficie de 322.462 Km2, la Côte d'Ivoire est limitée au
nord par le Burkina-Faso et le Mali, à l'Ouest par la Guinée et
le Libéria, à l'Est par le Ghana et au Sud par l'océan
Atlantique. Elle est l'un despays fondateur de la Francophonie, depuis la
naissance de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) en
1970. Quant à la temporalité de notre étude, elle part du
19 septembre 2002, date du début de la rébellion, à
octobre 2010, avant les élections censées mettre fin à la
crise.
Figure 1 : Présentation de la
Côte d'Ivoire
Source : Division géographie
de la direction des archives
Ministère des Affaire Etrangères
(France)
4) La définition des concepts
Notre recherche s'articule autour des concepts fondamentaux
suivants : F(f)rancophonie, Crise, Conflit, Résolution des
conflits, médiation et facilitation,.
F(f)rancophonie: Selon Xavier Deniau5(*),4 principaux sens peuvent
être attribués, au mot « francophonie ».
Un sens linguistique qui désigne « celui
qui parle la langue française ou personne parlant
français ». Un sens géographique, qui
« englobe les territoires des peuples qui, à travers le monde,
ont pour langue (maternelle, seconde, officielle, courante, administrative ou
encore de culture) le français ». Il attribue aussiun
sens spirituel à la francophonie, le « sentiment
d'appartenance à une même communauté, créant ainsi
une solidarité venant du partage de valeurs communes à l'ensemble
des francophones ». Enfin, un sens institutionnel,
qui « désigne les institutions qui oeuvrent dans le cadre de
la Francophonie institutionnelle telles que définies par la Charte de la
Francophonie adoptée par les Etats et les gouvernements
membres ».D'autres définitions ont été
données, faisant la distinction entre la francophonie avec
« f » minuscule et la Francophonie avec
« F » majuscule. Ainsi, pour madame Trang-Phan6(*) :
- « La francophonie avec
« f » minuscule désigne l'ensemble des
locuteurs, des groupes de locuteurs et des peuples qui utilisent le
français à des degrés divers. Le français est,
selon le cas, langue maternelle, langue seconde, langue de communication,
langue de travail ou de culture ».
- « La francophonie avec
« F » majuscule désigne le regroupement sur
une base politique des Etats et gouvernements membres de l'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF) ».
Dans le cadre de notre étude, c'est la «
Francophonie» institutionnelle qui sera examinée. La Francophonie
ou l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), est une association
d'Etats établie sur la base d'une Charte, dotée d'organes
permanents chargés de la réalisation de la coopération et
de l'interdépendance en son sein.
Crise : Empruntée du latin
médical crisis, «
crise, phase
grave d'une maladie », et issu du grec krisis, décision,
jugement. La crise peut se définir comme un événement
social ou personnel qui se caractérise par un paroxysme des souffrances,
des contradictions ou des incertitudes, pouvant produire des
explosions de violence ou de
révolte.Elle
est utilisée dans tous les domaines et dans presque toutes les sciences
humaines: crise cardiaque, crise de désespoir, crise économique,
crise politique, crise institutionnelle, etc.Selon Julien freud, « la
crise désigne un processus lent et soudain qui rompt avec la situation
jusqu'alors connue et reconnue, en ce sens qu'une partie de la population
n'adhère plus aux règles et aux institutions habituelles, du fait
qu'il y a souvent émergence d'une potentialité et d'un style
nouveau qui troublent les consciences»7(*).
Dans le contexte des relations entre les Etats ou à
l'intérieur des Etats, la notion de crise peut se définir comme
une « situation d'instabilité dans un pays, susceptible de
s'étendre à ses voisins et de menacer leurs propres
intérêts. Ou un problème souvent interne d'origine qui
devient un problème international ».8(*)
Conflit : Cette notion est complexe à
définir à cause de la diversité des approches. Pour sa
part Thierry Tardy, l'a défini comme « une opposition entre
individus, groupes ou Etats sur des idées, valeurs, biens
matériels ou positions de pouvoir. Le conflit sous-entend l'idée
d'interaction entre acteurs dont les positions sont antagonistes et de
changement dans leurs rapports de force. Il n'implique pas, par
définition une relation violente, mais sous-entend le plus souvent
l'idée d'intention hostile dont la traduction en action violente fait
partie des hypothèses d'évolution ou de sortie de conflit9(*) ».
Dans le cas de notre étude, les concepts de crise et
de conflit seront utilisés pour qualifier la situation en Côte
d'Ivoire. Démarré le 19 septembre 2002 par un conflit
armé, des pourparlers vont permettre aux parties de signer un cessez-le
feu le 17 octobre 2002, apaisant momentanément la tension. Le pays va
replonger dans une situation d'instabilité, que nous qualifierons de
crise,ponctuée par des conflits.
Résolution des conflits : la
résolution des conflits peut se définir « comme
étant la recherche de voies pacifiques pour apaiser un conflit. Une
Organisation efficace requiert de meilleures conditions de pronostic et une
plus grande volonté politique ainsi que de la compétence. Cette
compétence englobe le fait d'être familier avec la dynamique des
conflits et avec les possibilités et les limites d'un large
éventail d'instruments destinés au règlement des conflits
et crises. Le concept de résolution, comme celui de règlement,
« selon la terminologie du droit international, s'entend d'abord comme
l'application des règles d'ordre administratif ou technique
préétablies. Ensuite, il réfère
particulièrement à l'opération consistant à mettre
fin à une situation litigieuse ou qui peut le devenir, à
résoudre un différend, un litige. Ainsi le concept
résolution requiert de trouver une solution nette ou à
transformer la situation conflictuelle en une situation pacifique. Celle-ci
doit être négociée afin qu'elle soit acceptable par les
parties en conflit ». La résolution de conflits s'entend ici comme
étant « l'application non coercitive de méthodes de
négociation et de médiation, par des tiers partis, en vue de
désamorcer l'antagonisme entre adversaires et de favoriser entre eux une
cessation durable de la violence »10(*).
Médiation :Dans sa
définition étymologique, la médiation vient du latin
mediare qui signifie « s'interposer », « être au
milieu ». La médiation, même si elle a montré son
utilité dans le règlement de conflit ces dernières
années, aucune définition n'est donnéedans les
mécanismes des organisations. La médiation fait
référence à « toute action entreprise par un acteur
qui, n'étant pas directement impliqué dans la crise, est
désigné afin de réduire ou de mettre un terme aux
obstacles entravant la négociation et faciliter ainsi la conclusion de
la crise elle-même11(*).» Pour Jacques Faget, c'est un « processus
consensuel de gestion des conflits dans lequel un tiers impartial,
indépendant et sans pouvoir décisionnel, tente, à travers
l'organisation d'échanges entre les personnes ou les institutions, de
les aider, soit à améliorer ou établir une relation, soit
à régler un conflit12(*). »Quant à Abdoulaye Bamba, il
définit la médiation comme « un mode de règlement des
litiges consistant, pour les parties en désaccord parfois
appelées « médiées », à choisir ou faire
désigner un tiers appelé médiateur dont la mission est
d'aider les parties soit à prévenir un conflit soit à le
résoudre13(*)
».
De manière unanime, la définition de la
médiation renvoie à l'idée d'une tierce partie,
désignée et acceptée et qui s'interpose entre les parties
belligérantes afin de faciliter la négociation ou les aider
à parvenir volontairement à un accord de paix sans davantage
recourir à la force ou à l'autorité d'une solution de
droit.
La facilitation :la Déclaration
de Bamako14(*) de
l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) est l'un des rares
textes internationaux qui a prévu expressément, la facilitation
comme mode de règlement pacifique des conflits. Selon les textes de
l'OIF, la facilitation se présente comme une démarche tant
préventive que réactive afin que la situation ne se
dégrade pas plus, ou, surtout qu'elle connaisse un règlement
pacifique. Quant à sa distinction avec la médiation, il est admis
que la facilitation se limite à établir le dialogue entre les
parties en conflit, sans faire des propositions tandis que la médiation,
fait des propositions. Dans sa démarche de prévention et de
résolution des conflits, l'OIF allie une diplomatie de facilitation et
de médiation car sa médiation se situe « le plus
souvent, en amont, au moment où naissent les conflits mais
également en soutien et en support des transitions
démocratiques15(*). »
5) L'Intérêt du sujet
Cette étude présente un certain nombre
d'intérêts justifiant le crédit à accorder à
la présente recherche. Ainsi, la présente étude fait
ressortir deux intérêts majeurs.
L'intérêt scientifique :
C'est un sujet qui ambitionne d'enrichir les recherches sur la médiation
des crises en particulier dans l'espace francophone. En effet, contrairement
à la majorité des travaux qui, dans leur analyse sur la
médiation ont une vision globale comme l'ouvrage de Jean- Pierre
VETTOVAGLIA sur « médiation et facilitation dans l'espace
francophone : théorie et pratique », celle-ci se veut
plus précise, car elle porte sur un cas spécifique. Ensuite, il y
a la démarche adoptée. Les travaux de recherche sur la
médiation de l'OIF soumis à notre sagacité n'ont pas
encore abordé sous l'angle des enjeux et conflits
d'intérêts qui peuvent survenir entre les différents
médiateurs. La Francophonie intervenant le plus souvent en compagnie
d'autres organisations régionales ou sous régionales, cet enjeu
peut nécessairement apparaître. Ce mémoire est donc les
prémices d'une réflexion à mener sur la nature de relation
qui peut être développée ou à envisager lors des
interventions de l'OIF dans la résolution des conflits dans l'espace
francophone à côté d'autres organisations.
L'intérêt pratique: Au regard
des calamités et des conflits multiformes que traverse l'espace
francophone, nos travaux pourraient constituer un document de travail à
la disposition des praticiens de la médiation. Ils pourront par exemple
permettre non seulement à la Francophonie, mais aussi aux autres
organisations internationales à vocation universelle, régionales
ou sous- régionales à mieux appréhender les
spécificités des conflits en Afrique afin de participer de
manière objective à leur résolution.
B) PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
1) La questions de recherche
Quel est l'apport de la Francophonie dans la médiation
de la crise en Côte d'Ivoire? C'est autour de cette question que notre
recherche sera construite. Il s'agit de s'interroger à la lumière
de ses textes et instruments, du rôle joué par la Francophonie
dans la médiation en Côte d'Ivoire.
2) La revue de la Littérature
C'est véritablement à partir de la
Déclaration de Bamako sur « l'état de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone » et de la Déclaration de Saint Boniface sur
« la prévention des conflits et la sécurité
humaine » que la Francophonie s'est dotée d'un cadre
règlementaire et normatifpour la gestion des conflits. Outre ce fait
récent, notre recherche, a permis de découvrir l'existence
d'écrits sur la médiation de la francophonie, dont nous
présentons succinctement quelques travaux dans le cadre de notre
mémoire.
Premièrement l'ouvrage, « Médiation et
facilitation dans l'espace francophone : Théorie et Pratique »
de Jean-Pierre Vettovaglia. Un ouvrage riche par la quantité
d'informations et le nombre d'experts ayant contribué à sa
réalisation mais aussi par la qualité des intervenants
(médiateurs, chercheurs et hauts représentants du
secrétaire général de la francophonie). Cet ouvrage vise
à faire connaître les réflexions ainsi que les
expériences de médiation dans l'espace francophone, en combinant
théorie et pratique. Il a l'avantage de présenter de nombreux cas
de médiations de l'OIF dans les conflits en Afriquefrancophone ces
dernières décennies. D'abord dans une approche théorique,
l'ouvrage présente le concept historique de la médiation et fait
un rapprochement aux conflits contemporains. Ensuite, les outils mis en place
par l'Organisation Internationale de la Francophonie, en matière de
médiation/facilitation sont développés. Concernant la
crise ivoirienne, les actions initiées par l'OIFsont largement
développées sans toutefois analyser les faits et présenter
leurs limites.
« Une histoire de la Francophonie (1970 à
2010) » de ChristianVALANTIN. Cet ouvrage nous
retracel'évolution de la francophonie, de l'Agence de Coopération
Culturelle et Technique (ACCT)en passant parle virage politique que
l'organisation prend lors du sommet de Hanoï, (Vietnam), de 1997.En somme,
les grands faits qui ont jalonné l'institution jusqu'à 2010y sont
abordés. Les crises qui ont secoué les pays membres de l'OIF
pendant cette période sont présentées succinctement sans
donner les détails des actions menées dans les différents
pays. Ce livre montre que l'OIF a pris la mesure des nombreuses menaces
à la paix dans ses Etats membres et a, de ce fait, entrepris un certain
nombre d'actions pour atténuerles risques ou régler les conflits
ouverts. Elle s'est donc dotée des textes normatifs qui lui permettent
d'intervenir pacifiquement dans les cas de violation plus ou moins graves de la
démocratie et de non-respect des droits de l'Homme.
L'article deJean- Louis ATANGANA AMOUGOUsur « la
Francophonie et la résolution des conflits en Afrique » a retenu
aussi notre attention. Les actions menées par la Francophonie en faveur
de la résolution des conflits en Afrique sont abordées. L'auteur
explique que le passage de la dimension culturelle à celle politique de
la Francophonie est dû à l'avènement de nouveaux
défis tels que la promotion de la démocratie, l'état de
droit et la résolution des conflits. Pour ce faire, la Francophonie a
entamé une réforme institutionnelle afin d'assurer pleinement ses
nouvelles missions stratégiques dévolues aux organisations
internationales. Elle va ainsi, en collaboration avec l'Organisation des
Nations Unies (ONU), l'Union Africaine (UA) et l'Union Européenne (UE),
mener plusieurs actions dans le sens de résolution des conflits. Cet
article a le mérite d'analyser la Francophonie et la résolution
des conflits en Afrique francophone, mais comme dans l'ouvrage
précédent n'étudie pas un cas précis, ce que notre
étude s'engage à faire.
Depuis quelques années, les étudiants en Master
et en thèse de Doctorat ont décidé d'enrichir par leurs
travaux de recherche, la médiation francophone.Dans ce sens, le
mémoire de master 2, présenté par Rodrigue TASSE MOTSOU,
« Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique
francophone: le cas de Madagascar » est intéressant.Car, il a
le mérite de traiter un cas particulier. Il a essayé de montrer
comment la Francophonie, se fondant sur son dispositif normatif et
institutionnel, est intervenue dans la crise malgache aux côtés
des organisations régionale et sous régionale. Mais les actions
et les stratégies élaborées sont jugées
insuffisantes. Ce mémoire a le mérite d'apporter un jugement de
valeur sur l'action de l'OIF, mais les insuffisances relevées portent
sur l'inefficacité des actions et les moyens limités de
l'organisation. Il mais ne fait pas mention des conflits
d'intérêts entre médiateurs qui peuvent naitre dans une
médiation.
Ensuite, il y a les travaux de la thèse de Amévi
AGBOBLY ATAYI sur « L'organisation internationale de la francophonie
en matière de prévention, de gestion et de règlement des
crises et conflits en Afrique subsaharienne francophone : cas de la
République démocratique du Congo, du Tchad, de la Côte
d'Ivoire et du Togo ». A travers cette thèse, l'auteur montre
que le nombre et l'intensité des conflits et crises qui secouent
l'Afrique subsaharienne francophone, sont une préoccupation pour la
francophonie, parce qu'ils touchent les pays membres et sont souvent cause de
profonde violation des droits de l'Homme. Donc il tente d'apprécier le
rôle joué par l'OIF dans la prévention, la gestion des
conflits et le maintien de la paix dans les 4 paysConcernant la Côte
d'Ivoire, il décrit simplement les actions posées par la
Francophonie.
Enfin, la thèse de Evariste Toldé BEELNDOUM
NGARLEM, sur « La francophonie et la résolution des conflits :
réflexion sur la notion de tiers ». Partant d'exemples dans
des pays qui ont connu des situations de conflits, il montre que l'Organisation
Internationale de la Francophonie, dans l'accomplissement de ses fonctions de
tiers, joue un rôle de facilitateur neutre et impartial. Pour atteindre
son objectif, la Francophonie utilise plusieurs moyens officiels et/ou
officieux par lesquels elle contribue au règlement pacifique des
différends dans ses pays membres.
Pour notre part, notre étude dont le champ
d'investigation est la Côte d'Ivoire, vise à analyser les actions
menées par la Francophonie seule et dans un cadre multilatérale.
Par ailleurs, le contexte de la médiation internationale qui suscite
l'intervention de plusieurs tiers de nature différentes peut impacter
négativement sur le résultat de la médiation. Toutefois,
notre étude montrera que la Francophonie dispose des
spécificités qui font d'elle un acteur incontournable dans la
médiation.
3) Les hypothèses de recherche
Pour cette étude, nous formulons ces réponses
provisoires qui pourront être infirmées ou confirmées au
terme de notre analyse des faits à notre disposition. Aussi disons- nous
que :
· La Francophonie a agi dans la crise ivoirienne au
regard de ses mécanismes et instruments de résolution des
conflits.
· Elle a pris peu d'initiatives, conformément
à son rôle de second dans la résolution de la crise. Mais
son action a été contrariée par sondysfonctionnementet par
le contexte de la médiation.
· Toutefois, sa politique en faveur de la
médiation doit être maintenue, à cause de sa
particularité mais en engageant une réforme de son
mécanisme qui tienne compte de l'évaluation globale du contexte
des conflits en Afrique francophone au sud du Sahara.
C) METHODE DE TRAVAIL
1) Source et la recherche documentaire
Les données de notre étude proviennent de
sources primaires (documents officiels) et de recherche documentaire
(bibliothèque et internet). Nous présenterons nos sources avant
d'entamer la démarche utilisée pour répondre à
notre question centrale.
Les documents officiels concernent la Charte de la
Francophonie et les Déclarations de Bamako et de Saint Boniface,
l'Accord politique de Ouagadougou, les actes du Symposium international de
Bamako +5et les communiqués du conseil permanent de la francophonie, les
rapports du comité consultatif de l'OIF sur la crise ivoirienne.
La recherche documentaireest relative à la quête
de l'information en bibliothèque ou en ligne pour améliorer notre
compréhension sur la résolution des conflits et
particulièrement, la médiation de la Francophonie. Dans ce sens,
l'ouvrage « Médiation et facilitation dans l'espace
francophone: Théorie et Pratique » nous a été
d'une grande utilité ainsi que les actes de la retraite sur la
médiation francophone du 15 au 17 février 2007 à
Genève.
2) La démarche méthodologique
Notre démarche consistera à montrer que l'OIF a
opéré une mutation pour devenir un acteur des relations
internationales. Organisation à vocation culturelle, cette
évolution de la Francophonie vers la dimension politique s'est
effectuée à partir du Sommet de Hanoï et s'est
renforcée avec la Déclaration de Bamako sur « la
démocratie, l'état de droit et les droits de l'Homme »,
et la Déclaration de Saint Boniface sur « la prévention
des conflits et la sécurité humaine ». L'OIF se dote
ainsi de normes et de valeurs qui encadrent son action. Cette volonté de
changement est le fruit d'actions concertées des deux francophonies
(avec f et F), tirant ainsi sa source de la théorie
institutionnaliste.En effet, « une organisation intergouvernementale
s'institutionnalise quand elle se renforce à travers des textes, dispose
de ressources fonctionnelles et incarne quelque chose de plus que les Etats
pris individuellement16(*) ».Pour Stéphane Roussel, le terme
« institution ici désigne des règles ou des normes
permanentes, formelles ou informelles qui prescrivent des comportements aux
acteurs, encadrent leurs activités et conditionnent leurs attentes ou
leurs calculs. Elles sont généralement, mais pas exclusivement,
le produit de la volonté des acteurs, et ceux-ci se plient aux
contraintes qu'elles imposent en toute conscience17(*) ». Partant de cette
définition, nous pouvons affirmer à la suite de David
Morin18(*) que
« la Francophonie constitue donc l'institutionnalisation de la
francophonie (sans majuscule), au sens où l'OIF constitue une
communauté culturo-politique institutionnalisée des
sociétés « ayant le français en partage ».
Ainsi, à travers les Déclarations de Bamako et
de saint Boniface, la Francophonie apparaît comme un acteur de
résolution des conflits, disposant de principes et de mécanismes
de prévention et de réaction.Dansson rôle d'acteur
politico-sécuritaire, la Francophonie intervient à
différents moments d'une crise. Elle accompagne les états
membres,à travers des mesures structurelles, dans l'amélioration
de l'état de droit et la démocratie. A l'éclatement d'une
crise, la Francophonie envoie des missions auprès des autorités
et des protagonistes. Cette mission vise à rétablir les
conditions de dialogue entre les parties afin de trouver une solution
consensuelle.La Francophonie fait aussi de la consolidation de la paix,
à travers l'accompagnement des processus électoraux et
l'observation électorale. Toutefois, elle peut prononcer des mesures
coercitives à l'endroit d'un état membre, lorsqu'il y a rupture
de démocratie et violations massives des droits de l'homme. Par contre,
la Francophonie n'intervient pas dans les opérations de maintien de la
paix, mais elle encourage les états membres à envoyer des
contingents.
Notre étude se situe dans le cadre des actions de
prévention et de réaction de l'OIF, et les actions qu'elle a pu
mener en rapport avec la médiation et la consolidation de la paix.
Concernant la médiation, nous avons indiqué, que
le contexte mondial favorise plusieurs tiers dans l'intervention d'un conflit
en vue de trouver une solution. De plus en plus, nous assistons à la
mise en place des groupes de contact ou des mécanismes de suivi des
accords. Cette technique qui a l'avantage de réunir tous les
intervenants, peut être source de conflit quand les intérêts
des médiateurs sont divergents. Car, certains médiateurs peuvent
se servir du conflit pour accroitre leur influence.
Notre analyse s'est basée sur l'étude de Milena
DIECKHOFF19(*)
« la médiation internationale dans la résolution des
conflits : un regard théorique ». Elle analyse la
médiation sous l'angle des théories des relations
internationales. Au regard de la théorie réaliste, elle est
perçue comme un moyen d'exercice du pouvoir, car la médiation
envisage le conflit comme inhérent aux relations internationales. Dans
son approche du Hard realism, Louis Kriesberg20(*), voit dans l'intervention du tiers dans les
résolutions des conflits comme un fait des grandes puissances. En outre,
le contexte actuel favorise l'intervention d'une multitude d'acteurs, de nature
très différente. En effet, « la liste des médiateurs
potentiels dans les crises et les conflits internationaux est vaste : un
État, un groupe d'États, des organisations gouvernementales
internationales, des organismes privés transnationaux, des individus
privés, ou n'importe quelle combinaison entre ces acteurs21(*) ». Cette profusion
de médiateurs diverses est de nature à créer une
concurrence entre eux. Mais « une puissance moyenne ou d'une
organisation internationale, interviendra uniquement pour promouvoir ses
propres intérêts dans la résolution du conflit22(*) ». Quant aux
interventions des organisations
internationales,régionales« leurs motivations devraient
êtrede promouvoir des valeurs universelles et au premier chef la
paix »23(*).
L'intervention de la Francophonie dans la médiation de
la crise ivoirienne, si elle vise à promouvoir ses valeurs de paix, de
diversité culturelle, de partage et de dialogue, elle est perçue
comme un fait des grandes puissances, au vue de sa structure de financement.
En conclusion, notre travail vise à montrer que l'OIF a
su faire sa transformation.D'organisation à vocation culturelle, elle
s'est imposée sur la scène internationale comme un acteur
politique majeur. A cette dimension politique, s'associe une fonction
sécuritaire, de recherche de la paix, depuis la Déclaration de
Bamako, renforcée par celle de Saint Boniface. Ainsi, elle est
fondée à intervenir dans le règlement des conflits qui
éclatent au sein de ses états membres. Mais, cette intervention,
à côté d'autres acteurs peut être source de conflit,
à cause des intérêts divergents des médiateurs. En
outre, l'action de la Francophonie peut être perçue comme celle
des grandes puissances.
3) Difficultéset les limites à notre
étude
Cette étude s'est réalisée avec quelques
difficultés et comporte des limites. D'abord, l'éloignement du
cadre de l'étude ; la Côte d'Ivoire, et de l'objet de
l'étude ; l'OIF dont le siège est situé à
Paris, pourrait constituer la première difficulté. Mais le
développement des technologies de l'information et de la communication a
permis sans doute d'atténuer cette difficulté
géographique. Toutefois, l'éloignement demeure un facteur
à prendre en compte dans ce travail. Ensuite, la disponibilité
des données. A part l'ouvrage de Jean Pierre VETTOVOGLIA, peu
d'études et de recherches sont consacrées la médiation de
la Francophonie, à cela s'ajoute l'insuffisance d'ouvrages dans le
centre de documentation relatifs au thème choisi.
Concernant les limites, nous évoquerons l'absence
d'entrevue avec des personnes ressources. Toutes nos tentatives sont
restées sans suite.En effet, nous sommes rentrés en contact avec
le siège de la Francophonie, par téléphone et internet
afin d'obtenir des entretiens mais sans succès. Nous avons envoyé
un questionnaire à la Délégation à la paix,
à la démocratie et aux droits de l'homme (DDPDH). Mais, hormis
les documents officiels mis à notre disposition, la réponse au
questionnaire nous n'est pas parvenue, jusqu'au moment de la rédaction
du présent rapport.Au demeurant, ces insuffisances n'enlèvent
rien à l'intérêt de notre sujet et à la
démarche adoptée pour répondre à nos questions de
recherche. Sans doute elles auraient pu contribuer à enrichir cette
recherche, mais c'est aussi cela le charme de toute recherche et travail
intellectuel.
D) PLAN
Notre mémoire s'articule en deux grandes
partiescontenant chacune deux chapitres.
La première partie concerne la présentation de
la Francophonie comme un acteur de résolution des conflits. Elle vise
à identifier le cadre institutionnel qui fonde l'intervention de la
francophonie dans le règlement des conflits et voir son rôle dans
la médiation en Côte d'Ivoire.Ainsi, cette partie traitera dans un
premier chapitre,des étapes de la mise en place du dispositif
institutionnel en matière de résolution de conflits. Et, dans un
second chapitre, le rôle joué par l'OIF dans la médiation
ivoirienne.
La deuxième partie abordera, dans un chapitre les
limites des actions de l'OIF dans la médiation ivoirienne, mais aussi
dans un cadre global. Dans l'autre chapitre, les perspectives de la
médiation francophone seront analysées. Il s'agit de montrer ce
qui fait la spécificité de l'organisation et de proposer
quelques pistes d'aménagement de son dispositif.
PARTIE I : LA
FRANCOPHONIE, UN ACTEUR DE RESOLUTIONDE CONFLITS
INTRODUCTION
Le septième Sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement
de la Francophonie qui s'est déroulé du 14 au 16 novembre 1997,
à Hanoï (Vietnam), constitue le véritable tournant de la
Francophonie institutionnelle. Organisation culturelle, basée sur la
défense de la langue française, la Francophonie va
progressivement intégrer les relations internationales. Ainsi, elle va
orienter son action sur les notions de démocratie, de
développement, de sécurité, des droits de l'Homme et de
paix. Ces réformes, visant à faire d'elle, un acteur majeur de la
scène internationale, vont être confirmées en 2000, avec la
Déclaration de Bamako24(*). Outre, des principes émis par la
Déclaration, elle contient des normes et des valeurs qui s'imposent
à tous les membres de la Francophonie. Notamment sur la consolidation de
l'Etat de droit, la tenue d'élections libres, fiables et transparentes,
une vie politique apaisée et la promotion d'une culture
démocratique et le plein respect des droits de l'Homme. Ainsi, la
Francophonie va se donner les moyens et les instruments pour pouvoir faire face
aux défis présents dans son espace, particulièrement dans
la résolution des conflits. D'où l'adoption en 2006 d'une
Déclaration25(*)
sur la prévention des conflits et la sécurité humaine. En
effet, face aux nombreux conflits qui secouent l'espace francophone,
particulièrement en Afrique subsaharienne, l'Organisation Internationale
de la Francophonie (OIF) va déployer une panoplie d'actions en vue de
prévenir et/ou atténuer les crises. Ainsi, elle va intervenir
à différents moments des crises. « Le principal
rôle de l'OIF en matière de résolution de conflits est,
dès lors, de l'ordre de la médiation lors d'un conflit violent
et, en temps de paix négative, de la réflexion
stratégique, de la diffusion de normes et de la prise d'action en faveur
de la prévention et de la consolidation de la paix entre ses membres et
vis-à-vis de tierces parties26(*) ». D'où, sa présence sur le
théâtre de conflits qui minent ses membres, à la recherche
de stabilité, comme le cas de la Côte d'Ivoire.
Cette première partie de notre étude se
présente en deux chapitres.Le chapitre 1 est consacré à la
mise en place du dispositif institutionnel en matière de
règlement de crise. Il abordera la Francophonie politique (section1) et
le cadre normatif de la médiation de l'organisation (section 2).Le
chapitre 2, quant à lui, abordera les actions menées par l'OIF
(section 1) et sa contribution en collaboration avec les autres organisations
pour le retour de la paix en Côte d'Ivoire (section 2).
CHAPITRE I : LA MISE EN
PLACE DU DISPOSITIF INSTITUTIONNEL
EN MATIERE DE RESOLUTION
DES CONFLITS
Ce chapitre sera traité en deux sections : Les
grandes étapes de la Francophonie politique (section 1) et le cadre
normatif et institutionnel en faveur de la médiation francophone
(section 2).
SECTION I : LA FRANCOPHONIE
POLITIQUE
Cette section
est divisée en deux paragraphes. Le premier paragraphe sera
consacré aux fondements de la médiation de la Francophonie et le
second paragraphe traitera de l'affirmation de la dimension politique.
PARAGRAPHE I: LES FONDEMENTS DE
LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE
A- De la coopération
culturelle à l'appui au processus de démocratisation
La Francophonie politique est née du projet fondateur
conçu par le Président Léopold Sédar
SENGHOR27(*),
qui, « dès l'origine, avait conçu le
rassemblement des pays utilisant la langue française sur le
modèle d'un « Commonwealth à la française »
destiné à institutionnaliser la concertation et la
solidarité entre eux, que ce soit en matière politique,
économique ou linguistique, afin d'en faire une force spécifique
et novatrice de mobilisation au sein de la communauté
internationale28(*) ».
La naissance de l'Agence de Coopération Culturelle et
Technique (ACCT), « fondée sur le partage de la langue
française et des valeurs universelles de solidarité et de
dialogue entre les peuples29(*) » n'avait aucune ambition politique mais
plutôt un caractère essentiellement technique et culturel. Car la
Convention de Niamey lui confiait la tâche de favoriser entre ses membres
« une coopération multilatérale dans les domaines
ressortissant à l'éducation, à la culture, aux sciences et
aux techniques, et par là, au rapprochement des peuples30(*) ». Progressivement,
l'organisation va placer au coeur de son action, la démocratie et
l'état de droit. Joseph Maila écrit à ce propos
qu'«avec le début de la pratique des sommets en 1986, la
création d'un Secrétariat Général en 1997, à
Hanoi, et le renforcement des pouvoirs du Secrétaire
Général à Antananarivo en 2005, la Francophonie s'est
donné les moyens d'une ambition politique certaine. (...) D'organisation
de coopération intergouvernementale, la Francophonie a progressivement
basculé dans une pratique politique décisive pour son
avenir.»31(*) Les
Sommets vont servir de tribune à la Francophonie pour faire entendre sa
voix sur la scène internationale et pour élaborer les
stratégies sur les enjeux majeurs communs à tous les membres,
comme le programme de coopération multilatérale en matière
juridique et judiciaire inauguré à Dakar (Sénégal)
en 1989 et l'engagement des membres à contribuer à la paix
internationale, notamment par l'appui aux missions de médiation, de
conciliation et de consolidation de la paix dans le monde francophone. Cette
approche intervient dans un contexte de fin du monde bipolaire et du retour au
pluralisme dans la gestion de l'Etat en Afrique. La Francophonie s'est
engagée à accompagner le processus de démocratisation qui
s'est amorcé dans les pays africains à travers les
conférences nationales. Cet accompagnement concerne « la tenue
des consultations électorales pluralistes, la mise en place des
Institutions de l'Etat de droit, judiciaires, mais aussi celles de
contrôle, de régulation et de médiation, la promotion et la
défense des droits de l'Homme, l'émergence d'une
société civile citoyenne32(*) ».
Ce cheminement montre bien l'évolution de l'ACCT, vers
une organisation intergouvernementale basée sur des
considérations de politiques nationales et internationales. Ainsi,
à partir du Sommet de Cotonou en 1995, les chefs d'Etats et de
gouvernements des pays ayant le français en partage, ont exprimé
sans aucune ambigüité, l'ambition politique francophone par
l'accompagnement des processus de démocratisation en cours, dans les
pays africains francophones depuis 1990.
B- Les premiers pas de la
Francophonie dans la médiation
L'année 1990 marque le début du processus de
démocratisation du paysage politique africain. Cet élan de
changement sera accompagné de violences dans la plupart des pays
francophones africains. En effet, les élections pluralistes seront
entachées par de graves dysfonctionnements des institutions issues des
régimes à parti unique. « Le phénomène de
contestation des élections, issu de la courte expérience
démocratique des Etats africains francophones, a poussé
l'Organisation à s'engager dans des médiations en vue de
résoudre de nombreux conflits et crises survenus dans l'espace
francophone33(*) ». La Francophonie va entamer, dès
lors, ses premières médiations. En avril 1995, au Burundi, puis
au Niger en 1996, la Francophonie a dépêché une mission
d'accompagnement du retour à la légalité
constitutionnelle. Enfin, et à l'occasion de l'observation soutenue des
différentes élections, législatives et
présidentielles, du premier semestre 1997, au Mali. Sans oublier, le cas
du Togo qui, à l'issue des élections contestées, en
août 1993, va voir sa coopération suspendue avec l'Union
Européenne
Ces missions d'observation ont joué, comme dans la
plupart des cas, un rôle non négligeable dans la recherche ou le
maintien du dialogue entre les parties et les structures impliquées dans
ces processus. Ainsi, s'appuyant sur les mécanismes adoptés
lors du Sommet de Dakar, la Francophonie a fait ses premiers pas dans le
règlement de conflits qui ont éclaté au sein de ses
membres, principalement en Afrique subsaharienne.
PARAGRAPHE II : L'AFFIRMATION DE LA DIMENSION POLITIQUE
A- L'institutionnalisation des
sommets de chefs d'Etat et de gouvernement
La Francophonie s'est progressivement muée en adoptant
des concepts politiques tels que la démocratie et l'état de
droit. Ce changement politique va s'accélérer avec la fin de la
guerre froide et l'apparition de nouveaux défis chez ses membres. Ainsi,
elle s'engage dans les règlements de conflits avec les premières
médiations. Mais cette mutation a été possible grâce
à la tenue du premier Sommet. « La tenue du premier Sommet de
la Francophonie, dénommé officiellement Sommet des pays ayant en
commun l'usage du français, à Versailles et Paris du 17 au 19
février 1986, constitue donc un événement
considérable pour la Francophonie34(*) », qui lui donne sa dimension politique.
Ainsi, la Francophonie « ne se limite plus à
l'élaboration de politique de promotion linguistique, de
coopération technique ou de coordination des réseaux
francophones35(*) », elle devient un acteur majeur des
relations internationales. « D'organisation de coopération
intergouvernementale, la Francophonie a progressivement basculé dans une
pratique politique décisive pour son avenir36(*) ». Ainsi,
à partir de 1986, la Francophonie va adopter des résolutions
touchant la politique internationale. A titre d'exemples, le sommet de
Québec du 2 au 4 septembre 1987 a adopté « des
résolutions sur des sujets brûlants de la politique internationale
tels que le Tchad, le Liban, Le Moyen Orient, Haïti, la guerre Iran-Irak,
l'Afrique du sud, l'environnement ou la situation économique
mondiale37(*) ».
A Dakar, les chefs d'état et de gouvernement condamnent et adoptent des
résolutions sur « l'apartheid en Afrique du sud, le droit
à l'indépendance de la Namibie, la situation au Liban, le cessez
le feu entre l'Iran et l'Irak et l'utilisation du français dans les
organisations internationales ». Au sommet de Chaillot en novembre
1991, des résolutions sur la sécurité internationale, le
conflit israélo-palestinien, Haïti, la Centrafrique, le Liban, mais
surtout l'adoption de grandes orientations de la coopération
multilatérale : démocratie, droits de l'Homme,
sécurité, développement et solidarité Nord-Sud, ont
été prises.
Comme nous pouvons le constater, ces Sommets ont servi de
cadre à la Francophonie pour faire entendre la voix francophone sur la
scène internationale, mais aussi pour procéder à une
transformation en profondeur de la Francophonie.
B- Du virage politique
d'Hanoï à la Charte rénovée
Outre les Sommets qui ont contribué à la
construction de la Francophonie institutionnelle, il y a incontestablement les
modifications profondes apportées lors du Sommet de Hanoï (14-16
novembre 1997). Car c'est là que la francophonie politique a
été dotée d'institutions et qu'a été
élu son premier Secrétaire général pour un mandat
de 4 ans. En effet, le Sommet d'Hanoï est « marqué par
l'adoption d'une nouvelle Charte par amendement de la Charte de l'ACCT du 20
mars 197038(*) ».
Cette étape marque le « véritablement
tournant de la Francophonie institutionnelle39(*) ». Ainsi, plusieurs changements
interviennent. Notamment, la création des institutions et des
opérateurs40(*), la
conférence des Chefs d'état et de gouvernement est appelée
Sommet et devient l'instance suprême de la Francophonie. Un poste de
Secrétaire général est créé et l'article 7
définit ses fonctions. Celui-ci est à la fois le
« porte-parole politique et représentant officiel de la
Francophonie au niveau international » et le responsable principal de
l'animation de la coopération multilatérale francophone. Par
ailleurs, l'instauration et le développement de la démocratie, la
prévention des conflits et le soutien à l'Etat de droit et aux
droits de l'Homme sont fixés comme objectifs prioritaires de
l'organisation. Et le Secrétaire général a pleins pouvoirs
d'agir en cas de situation conflictuelle. Comme le précise l'article 7
de la Charte, « en cas d'urgence, le Secrétaire
général saisit le Conseil Permanent et, compte tenu de la
gravité des événements, le Président de la
Conférence ministérielle, des situations de crises et de conflits
dans lesquelles les membres peuvent être ou sont impliqués. Il
propose les mesures spécifiques pour leur prévention,
éventuellement en collaboration avec d'autres Organisations
internationales41(*)
». Par ailleurs, il dispose d'autres pouvoirs comme l'envoi de missions
exploratoires et l'envoi de missions d'observation d'élections. De
même, le Plan d'action adopté par le même Sommet, en son
article 4, donnait la possibilité au Secrétaire
général, de « développer les initiatives politiques
susceptibles de contribuer au règlement pacifique des conflits en cours,
par le canal des Opérateurs directs et reconnus des Sommets et autres
acteurs de la Francophonie », en lui demandant « d'intensifier la
coopération avec les Organismes régionaux et internationaux
oeuvrant notamment dans le domaine des droits de l'Homme » et en lui
confiant « la mission de contribuer, en tant que de besoin, par
l'entremise des instruments de l'Agence mis à sa disposition, à
cet effet, à la consolidation de l'Etat de droit et du processus
démocratique ». De son côté, l'ACCT change de nom et
devient l'Agence de la Francophonie, avant d'être renommée Agence
intergouvernementale de la Francophonie (AIF) en 1998 et c'est à ce
Sommet que le premier Secrétaire Général est élu,
en la personne de l'Egyptien BOUTROS Boutros-Ghali.
En conclusion, à partir d'Hanoï, la Francophonie
dispose maintenant de tous les instruments pour agir. Elle s'est dotée
d'un nouvel ordre institutionnel, et a une personne d'envergure internationale
pour porter sa voix. Celui-ci dispose aussi de pouvoirs pour agir dans les
situations de crise dans lesquelles les membres peuvent être ou sont
impliquées.
La réforme institutionnelle engagée au Sommet
d'Hanoi, va être renforcée à l'issue des travaux de la
conférence ministérielle d'Antananarivo (Madagascar), de novembre
2005, à travers une retouche apportée à la Charte
adoptée en 1997. Cette nouvelle charte va mettre un terme à la
dyarchie institutionnelle autour du partage des responsabilités entre le
Secrétaire Général de l'Organisation et l'Administrateur
Général de l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie
(AIF). Dans le domaine de résolution des conflits, l'innovation
apportée est à l'article 1 de la nouvelle Charte. En effet, dans
sa méthode de règlement, de gestion des crises et des conflits,
la Francophonie associe désormais la démarche de
prévention. Ainsi, l'article 7 du texte d'Antananarivo précise
que « le Secrétaire général se tient
informé en permanence de l'état des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone.
En cas d'urgence, le Secrétaire général saisit le Conseil
permanent et, compte tenu de la gravité des événements, le
président de la Conférence ministérielle, des situations
de crise ou de conflit dans lesquelles des membres peuvent être ou sont
impliqués. Il propose les mesures spécifiques pour leur
prévention, leur gestion et leur règlement, éventuellement
en collaboration avec d'autres organisations internationales42(*) ».
« Cette mutation
institutionnelle d'envergure se relèvera un puissant adjuvant pour
décupler et faciliter les interventions de l'organisation, en
particulier dans le secteur politique en général et plus
précisément dans celui afférent aux initiatives de
paix43(*) ».
SECTION II : LE CADRE
REGLEMENTAIRE ET NORMATIFDE LA MEDIATION FRANCOPHONE
Cette section
vise à présenter le cadre règlementaire de l'intervention
de la Francophonie. Elle se présente en deux paragraphes. Le premier
paragraphe présente les deux documents qui font références
à l'intervention de l'OIF en matière de médiation. Dans le
second paragraphe, nous présenterons les autres acteurs intervenant dans
la résolution des conflits pour la Francophonie.
PARAGRAPHE I : LA
FRANCOPHONIE AU SERVICE DE LA DEMOCRATIE DE LA PAIX ET LA SECURITE HUMAINE
A- La Déclaration de Bamako
sur les pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés
La Charte de Hanoï (1997), puis celle de Antananarivo
(2005) ont permis à la Francophonie de disposer d'un cadre
légitime et global pour la prévention des conflits. Mais l'action
significative de l'OIF face aux défis émergents
générés pour la plupart par les crises internes s'incarne
principalement par l'adoption des Déclarations de Bamako et Saint
Boniface. « La Déclaration de Bamako adoptée le 3
novembre 2000, qui a trait aux causes profondes des conflits notamment les
élections, les coups d'état et les droits de l'homme44(*) » est la première
étape de l'engagement de la Francophonie dans la résolution des
conflits.
En effet, réunis à un symposium, les
participants ( les Gouvernements, les Représentants de
l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie et des opérateurs,
les réseaux institutionnels, la société civile, les
chercheurs et universitaires, les militants et responsables des partis
politiques de tout l'espace francophone) après avoir dressé un
bilan contrasté sur une décennie de transition
démocratique, ont adopté une déclaration dite
« Déclaration de Bamako » proclamant que
« Démocratie et Francophonie sont indissociables »
et qu'« il ne saurait y avoir d'approfondissement du projet
francophone sans une progression constante vers la démocratie et son
incarnation dans les faits »45(*). L'adoption de ce texte est un tournant dans
l'histoire de la Francophonie car la langue française n'est plus le seul
critère d'adhésion à la communauté francophone, il
y a aussi la démocratie. En effet, les conflits, les coups
d'état, les élections sur fond de crise sont « des
questions fondamentales, notamment pour l'Afrique, tant elles ont
constitué des obstacles à l'épanouissement de la
démocratie et de la bonne gouvernance dans le continent46(*) ». La
Déclaration de Bamako constitue désormais l'instrument normatif
et de référence de toutes les actions de la Francophonie dans le
domaine de la promotion et la sauvegarde de la démocratie et des droits
de l'homme. Elle est structurée en 5 chapitres47(*), à savoir : les
constats (chapitre 1), les principes communs de la démocratie et des
droits de l'Homme (chapitre2), les principes singuliers auxquels elle attache
une importance particulière (chapitre3), les engagements concrets et
consensuels souscrits par les Etats et les Gouvernements (chapitre 4), et enfin
le mécanisme de suivi desdits engagements (chapitre5). Concernant le
mécanisme de suivi, il met le Secrétaire général au
coeur du dispositif des engagements pris avec une étendue des
interventions possibles. Ainsi, il « se tient informé en
permanence de la situation de la démocratie, des droits et
libertés dans l'espace francophone ». Il fait « une
évaluation permanente des pratiques de la démocratie, des droits
et libertés » à des fins de définir les mesures
les plus appropriées en la matière, d'apporter « aux
Etats et gouvernements qui le souhaitent l'assistance nécessaire en ces
domaines » et de « contribuer à la mise en place
d'un système d'alerte précoce » (5.1). Mais
« face à une crise de la démocratie ou en cas de
violations graves des droits de l'homme » les instances de la
Francophonie doivent être saisies « de la question afin de
prendre toute initiative destinée à prévenir leur
aggravation et à contribuer à un règlement »
(5.2) Au titre des initiatives, le Secrétaire général peut
procéder à l'envoi d'un facilitateur, des observateurs
judiciaires en accord avec le Conseil Permanent de la Francophonie et le pays
concerné. Et, « en cas de rupture de la démocratie ou
de violations massives des droits de l'homme », il saisit le
Président de la Conférence ministérielle de l'OIF et met
la question à l'ordre du jour du CPF et peut envoyer sur place une
mission d'information et de contacts. Le CPF se réunit en urgence en
session extraordinaire et c'est à ce niveau que sont prises des
décisions et mesures. Outre les actions de facilitation et
médiation, la Francophone peut prendre des
sanctions « allant jusqu'à la suspension du membre
concerné de l'appartenance à l'organisation
francophone »48(*).
Outre le Secrétaire général, la
Conférence ministérielle (CMF) et le Conseil permanent de la
Francophonie (CPF) sont impliqués à divers degrés dans la
mise en oeuvre des procédures de suivi.
B- La Déclaration de Saint
Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité
humaine
La Déclaration de Saint-Boniface, adoptée le 14
mai 2006 confirme la volonté politique des chefs d'Etat et de
gouvernement « d'agir et d'exercer pleinement leur responsabilité,
de prévenir l'éclatement des crises et des conflits [...] de
limiter leur propagation, de faciliter leur règlement pacifique et
hâter le retour à une situation de paix durable par la mise en
oeuvre des dispositions librement consenties au titre de la Déclaration
de Bamako et des instruments internationaux auxquels les Etats sont
parties49(*) ». Donc,
la Déclaration de Saint-Boniface vient compléter et confirmer la
volonté de la Francophonie de s'investir pleinement dans la gestion de
crise, tout en prenant « en compte les problèmes de
développement économique et social mais surtout les causes
structurelles et immédiates des conflits50(*) ». Elle contribue aux mutations
observées au sein de la Communauté internationale, en
s'appropriant la notion de sécurité humaine. En effet, elle
élargie l'action de la Francophonie en faveur de la paix et appuie les
dispositions du cadre stratégique décennal de la Francophonie,
adopté lors du Sommet de Ouagadougou, en novembre 2004 que
« les Etats sont responsables de la protection des populations sur
leur territoire ». Par ailleurs, elle rappelle aux Etats membres leur
pleine adhésion au principe d'intervention coercitive,
« lorsqu'un Etat n'est pas en mesure ou n'est pas disposé
à exercer ses responsabilités, ou qu'il est lui-même
responsable de violations massives des droits de l'Homme et du droit
international humanitaire ou de la sécurité, la communauté
internationale a la responsabilité de réagir pour protéger
les populations qui en sont victimes, en conformité avec les normes du
droit international, selon un mandat précis et explicite du conseil de
sécurité des Nations Unies et sous son
égide ».51(*) A travers donc cette Déclaration, la
Francophonie dispose d'un instrument lui permettant « de jouer
pleinement son rôle spécifique dans l'observation, l'alerte
précoce, la diplomatie préventive, la gestion des crises,
l'accompagnement des transitions et la consolidation de la paix et, ce, dans le
cadre d'une coopération systématique et rationnalisée avec
les Organisations internationales et régionales52(*)
».L'approche nouvelle pour la résolution des crises est
celle de la complémentarité et l'OIF s'est inscrite dans cette
voie avec les autres acteurs poursuivant les mêmes objectifs dans ce
domaine. Ainsi, la Déclaration de Saint Boniface vient renforcer les
actes de Bamako+5 qui invitait l'OIF à conjuguer de façon plus
étroite « ses initiatives avec celles des institutions
internationales, tant universelles que régionales et poursuivant les
mêmes objectifs, qui ont, une fois encore témoigné,
à l'occasion de ce symposium, de leur entière
disponibilité. Cette coopération mérite de porter aussi
bien, devant l'émergence de principes et de concepts nouveaux, tels que
ceux de la responsabilité de protéger et de l'obligation de non
indifférence, sur le renforcement des procédures d'information et
de concertation mutuelles, comme les réunions périodiques de haut
niveau entre l'ONU et les organisations régionales s'y emploient, que
sur la mise en oeuvre d'actions conjointes. »53(*)
La mise en place de la Déclaration de Bamakoet celle de
Saint Boniface sont venues renforcer le dispositif d'observation et de
réaction en matière de prévention des crises et des
conflits, déjà énoncé dans la Charte de Hanoï
et confirmé par celle rénovée. Ainsi,avec les 4
engagements de la Déclaration de Bamako, « la consolidation de
l'Etat de droit », « la tenue d'élections libres,
fiables et transparentes », « une vie politique
apaisée » et « la promotion d'une culture
démocratique intériorisée et le plein respect des droits
de l'Homme » enrichis par la Déclaration de Saint Boniface,
montrent que l'OIF s'est adaptée aux nouvelles dynamiques en
matière de prévention des conflits.
PARAGRAPHE II : LES AUTRES
ACTEURS DE LA RESOLUTION DES CONFLITS
A- La
Délégation à la Démocratie, à la Paix et aux
Droits de l'Homme
Depuis l'adoption des Déclarations de Bamako (2000) et
de Saint Boniface (2006), la Francophonie a acquis une nouvelle dimension
politique. A cet effet, l'OIF s'engage selon les engagements pris par le
Sommet, pour le respect des droits de l'Homme, l'enracinement de la
démocratie et la consolidation de la paix. Mais la mise en oeuvre de ces
engagements implique un système d'alerte précoce, la
prévention des conflits et l'appui aux processus de sortie de crise et
de transition. Comme, nous l'avons souligné, ces textes donnent une
prépondérance d'actions au Secrétaire
général qui agit en étroite collaboration avec le CPF ou
en consultation du Président de la CMF. Mais dans sa mission de
prévention, le Secrétaire général s'appuie sur la
Délégation à la Démocratie, à la Paix et aux
Droits de l'Homme (DDHD). En effet, la première responsabilité de
l'OIF est de « tenir informé en permanence de la situation de
la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone, en s'appuyant notamment sur la Délégation à
la Démocratie et aux Droits de l'Homme, chargée de l'observation
du respect de la démocratie et des droits de l'Homme dans les pays
membres de la Francophonie »(5.1). « Afin de collecter le
maximum d'informations, la DDHD, devenue la délégation aux droits
de l'Homme, à la démocratie et à la Paix (DDHDP)
après fusion avec la Délégation générale
à la coopération juridique et judiciaire en 2005, s'appuie sur un
réseau d'informations constitué de structures institutionnelles
et d'organisations internationales non gouvernementales54(*) ». Cette collecte
d'informations permet la production « de rapports périodiques
qui permettent d'évaluer l'état de la démocratie dans les
différents pays francophones et de fonder des recommandations transmises
au Secrétaire général de la Francophonie aux
Etats55(*) ».
Mais, notons que parallèlement à cette structure, le
Secrétaire général recueille des informations
auprès de « l'Assemblée parlementaire de la
Francophonie (APF), les opérateurs directs et les
délégations permanentes de l'OIF ». Ainsi, le
mécanisme de prévention des conflits de l'OIF est basé sur
des institutions politiques et des organes d'appui efficients qui
« confèrent à l'OIF des capacités de diplomatie
préventive (médiation, facilitation, information,
observation)56(*) ».
Pour l'heure, la plupart des actions d'alerte précoce
et de mécanismes de réaction sont menées par la DDHDP qui
bien qu'ayant « connu depuis 2003 un accroissement non
négligeable de ses effectifs57(*) » arrive difficilement à couvrir
toutes les zones de conflits car « les différentes
tâches y afférentes à la préparation et à la
mise en oeuvre des missions de médiation ou de facilitation sont
très exigeantes et lourdes et sont dans la plupart des cas
assumées par les mêmes personnes affectées aux autres
actions relatives aux domaines de la paix, de la démocratie et des
droits de l'Homme58(*) ».
B- Un réseau
d'experts francophones
En plus de son réseau institutionnel et de la
Délégation aux droits de l'Homme, à la démocratie
et à la Paix, l'OIF va s'appuyer sur un vivier d'experts et de hautes
personnalités pour des missions ponctuelles d'observation, d'information
et de facilitation lors des situations de crises et de conflits dans l'espace
francophone. En effet, la Francophonie poursuit ses actions en matière
de prévention des conflits en s'appuyant sur une expertise politique et
technique de haut niveau. Dans son rapport 2010-2012, le Secrétaire
général d'alors, ABDOU Diouf indique que l'OIF s'appuie
« sur les engagements souscrits par les États et gouvernements
francophones dans les Déclarations de Bamako et de
Saint-Boniface59(*) » pour développer « une
approche intégrée en matière de prévention,
d'accompagnement des crises et des processus de transition, et de consolidation
de la paix. Cette démarche, qui se nourrit des expériences
menées sur le terrain depuis plus de vingt ans, vise avant tout à
enraciner durablement la démocratie et à faire émerger des
pratiques garantissant la stabilisation structurelle des pays francophones, en
particulier ceux marqués par la conflictualité60(*) ». L'OIF s'est donc
constituée un vaste réseau de compétence où se
trouvent des anciens présidents, anciens premiers ministres,
ambassadeurs, chercheurs, représentant de la société
civile, chefs des partis politiques de la majorité et de l'opposition,
des représentants des médias, des parlementaires, des
institutions juridiques. Leur proximité culturelle et linguistique
facilite les contacts et les échanges sur le terrain de la
médiation. Ainsi, plusieurs hautes personnalités vont servir de
facilitateurs ou médiateurs en tant que Représentants ou
Envoyés Spéciaux du Secrétaire général pour
apaiser les tensions dans différents conflits. A titre illustratif, nous
pouvons citer Emile Derlin Zinsou, ancien Président du Benin
(1968-1969), Pierre Buyoya, ancien Président du Burundi (de 1987
à 1993 et de 1996 à 2003), Idé Oumarou, ancien Ministre
des Affaires Etrangères du Niger (83-85) et ancien Secrétaire
Général de l'OUA (85-89), et bien d'autres encore. Cela a
été le cas dans la crise ivoirienne avec la nomination de Lassana
Kouyaté de la Guinée, comme Représentant du
Secrétaire général.
Après avoir réussi son passage d'organisation
culturelle à celle de politique, l'OIF s'est engagée dans une
transformation institutionnelle pour donner forme à son ambition.
Adoption d'une nouvelle Charte, création d'un poste de Secrétaire
général, porte-parole politique de l'organisation sur la
scène internationale et mise en place des institutions et
opérateurs, sont en autres les changements institutionnels importants
intervenus dans la structure de la Francophonie. Ainsi, elle se positionne
comme un acteur de la scène internationale, à côté
des autres organisations. Par ailleurs, face aux défis nouveaux qui se
sont imposés à ses membres, particulièrement, ceux
d'Afrique subsaharienne, tels que la démocratie, l'état de droit,
la prévention et la résolution des conflits, la Francophonie va
se doter de textes majeurs (Déclarations de Bamako et de Saint Boniface)
qui lui confèrent la légitimité d'agir dans les conflits
qui impliquent ses membres, à travers la facilitation ou la
médiation. Son action dans la prévention et le règlement
des crises sera bâtie autour du Secrétaire général
et des autres institutions (CPF et CMF), en cas de rupture de démocratie
et de violations graves des droits de l'Homme. Dans le cadre préventif,
le Secrétaire général va s'appuyer sur les réseaux
institutionnels de la Francophonie, mais principalement sur la DDHDP qui va se
charger de collecter les informations sur l'état de la
démocratie, des droits de l'Homme et de l'état de droit, pour le
système d'alerte précoce. Enfin, le Secrétaire
général s'appuie sur un vivier de personnes ressources
expérimentées et ayant l'expérience de la vie politique
africaine, en cas de crise et pour aider les parties en conflits à
rechercher une solution consensuelle.
CHAPITRE II : L'INTERVENTION
DE LA FRANCOPHONIE DANS LAMEDIATION IVOIRIENNE
Avant d'aborder l'intervention de la Francophonie dans la
médiation ivoirienne, nous allons faire un bref rappel du contexte de la
crise née en Côte d'Ivoire et qui a suscité l'intervention
des organisations internationale, régionale, sous régionale et de
l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de bien d'autres pays
dont la France.
Colonie française depuis 1893, la Côte d'ivoire a
acquis son indépendance le 7 août 1960. Longtemps
considérée comme la locomotive de la sous-région ouest
africaine à cause de son rayonnement économique, sa
stabilité politique et à la renommée internationale de son
premier Président, Félix Houphouët Boigny61(*), la Côte d'Ivoire va
basculer dans l'instabilité à la mort de ce dernier, le 7
décembre 1993. Le pays va vivre un cycle de crises successives dont
l'aboutissement est le premier coup d'état de l'histoire de la
Côte d'Ivoire, le 24 décembre 1999. Le pays connaîtra donc
une période d'instabilité jusqu'à l'élection
présidentielle d'octobre 2000. C'est dans ce contexte que le nouveau
pouvoir, dirigé par le Président Laurent GBAGBO sera
confronté à une autre tentative de coup d'état, le 19
septembre 2002 qui s'est muée en rébellion. Le pays est donc
divisé en deux zones (cf figure 2 : carte de la Côte d'Ivoire
en annexe), une zone gouvernementale tenue par les forces restées
fidèles au gouvernement et une zone sous contrôle des rebelles
(MPCI, MPIGO, MPJ)62(*).
A son retour d'une visite d'Etat qu'il effectuait en Italie,
au moment de l'attaque, le Président de la République Gbagbo
Laurent, sollicita une réunion d'urgence de la communauté
économiques des états de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), la
principale organisation sous régionale de l'Afrique de l'Ouest, pour
trouver une solution pacifique à la crise. Ainsi, plusieurs
médiations furent menées depuis 2002 afin de trouver un
règlement pacifique au conflit ivoirien63(*).
C'est dans ce contexte que l'OIF a pris part au processus de
résolution de la crise en intégrant ou soutenant les
différentes médiations. Nous allons donc montrer, à
travers ce chapitre, les efforts déployés par l'OIF dans la
médiation de la crise ivoirienne (Section 1), et présenter sa
contribution au retour à la paix en collaboration avec les autres
partenaires internationaux (Section 2).
SECTION I : LES EFFORTS
DEPLOYES PAR L'OIF
Cette section abordera les initiatives prises par le
Secrétaire général, en application de la
Déclaration de Bamako (paragraphe 1) et les actions menées en vue
de consolider le processus de paix (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : EN
APPLICATION DE LA DECLARATION DE BAMAKO
A-Les actions politiques et
diplomatiques du secrétaire général
Comme l'ont voulu les Chefs d'état et de gouvernement,
le Secrétaire général de la Francophonie est placé
au coeur du dispositif de la mise en oeuvre des actions en cas de crise. Ainsi,
il dispose des prérogatives, pour « prendre toute initiative
destinée à prévenir leur aggravation et à
contribuer à un règlement64(*) », comme la proposition d'envoi de
facilitateur. Ainsi, ce fondant sur ce principe, dès le 7
décembre 2002, le Secrétaire général BOUTROS
Boutros Ghali a convoqué une première réunion du
comité ad hoc restreint de l'OIF afin de permettre à la
Francophonie d'examiner la situation de la Côte d'Ivoire. Il a donc
décidé de nommer M. Lansana KOUYATE, comme envoyé
spécial afin « de contribuer à la recherche de
solutions consensuelles entre les parties65(*) ». Le choix de ce diplomate, est
motivé par son « expérience passée à la
tête de la CEDEAO (...) et sa connaissance des responsables et acteurs
politiques de la sous-région de l'Afrique de l'ouest »66(*). Ce dernier sera
confirmé dans ses fonctions, et nommé en avril 2003 comme
Représentant spécial pour la Côte d'Ivoire, dès la
prise de fonction du Président ABDOU Diouf à la tête du
Secrétariat Général de l'OIF. Ainsi, un Bureau de
représentation de l'OIF sera ouvert à Abidjan afin
« d'affirmer la présence au jour le jour de l'OIF sur le
terrain et ainsi de consolider sa contribution »67(*). A l'initiative du
Secrétaire général, des travaux de réflexions sont
menés. D'une part, un groupe de travail sur la Côte d'Ivoire, a
examiné les domaines pouvant bénéficier d'un soutien
efficace de l'OIF en janvier 2003 et d'autre part, la deuxième
réunion du comité ad hoc consultatif restreint, a formulé
un avis sur les initiatives à proposer aux instances de l'OIF, en
décembre 2003. Par ailleurs, le Secrétaire général
à maintenir un contact régulier avec les plus hautes
autorités nationales ainsi qu'avec les acteurs politiques et sociaux du
pays, afin de trouver des solutions pratiques aux blocages constatés.
D'abord son entretien avec Seydou Diarra, Premier ministre, le 1er
août 2003 où il a réitéré le soutien de l'OIF
pour la mise en oeuvre de l'Accord de Linas-Marcoussis, notamment la
réforme des textes fondamentaux, du renforcement des capacités
des Institutions, de la culture de la paix, des élections et des
médias. Ensuite, au cours d'une visite officielle en octobre 2003, en
Côte d'Ivoire, le Secrétaire général a
échangé avec tous les protagonistes de la crise ainsi que les
partenaires nationaux et internationaux. Enfin, il n'a pas manqué
d'exprimer sa préoccupation lors de la dégradation du climat
socio-politique et en appelé au calme et à la retenue des
acteurs68(*).
Ainsi, conformément aux pouvoirs que lui
confèrent la Charte et la Déclaration de Bamako, le
Secrétaire général a agi pour marquer d'une part la
présence de la Francophonie en cas de situation de crise dans un pays
membre et d'autre part pour aider les parties à trouver une solution
consensuelle et acceptées. Au nombre de ces actions, nous pouvons
énumérer d'abord la convocation du comité ad hoc et la
réunion de la conférence ministérielle et celle du groupe
de contact afin d'examen la situation de la Côte d'Ivoire et ensuite les
actions diplomatiques telle que l'envoi d'un envoyé spécial
nommé plus tard représentant spécial du secrétaire
général, la création d'une représentation de l'OIF
à Abidjan et le contact permanent avec les belligérants et tous
les acteurs de la vie socio-politique afin de trouver une solution pacifique
à la crise qui a secoué le pays.
B- La contribution de
l'Organisation Internationale de la Francophonie
A la suite du Secrétaire général qui
réunissait dès le 7 décembre le comité ad hoc pour
examiner la situation en Côte d'Ivoire née de la tentative de coup
d'état, du 19 septembre 2002, la Conférence ministérielle
de la Francophonie (CMF) va lui emboîter le pas. En effet, lors de
sa 18ème session, la CMF va adopter une résolution
« dans laquelle la Francophonie exprimait sa forte
préoccupation face à la dégradation de la situation,
(..)le refus de tout coup de force visant à renverser l'ordre
constitutionnel démocratique69(*) ». La position de cette instance vient
rappeler l'un des principes qui fonde la Francophonie depuis l'adoption de la
Déclaration de Bamako. Ainsi, au chapitre 3.5, l'organisation proclame
« que, pour préserver la Démocratie, la Francophonie
condamne les coups d'état et toute prise de pouvoir par la violence, les
armes ou quelque autre moyen illégal ». Par ailleurs, la CMF
n'a pas manqué de condamner « les violences et les atteintes
graves et massives aux droits de l'Homme »70(*) et a appelé
« l'ensemble des forces politiques ivoiriennes à conduire un
dialogue politique véritable, et en appui aux efforts de la CEDEAO,
demandait l'arrêt des combats »71(*). Par cette résolution, la Francophonie
affirmait son aversion à la rupture de la démocratie, par des
coups d'état, mais aussi aux violations des droits de l'Homme. Mais,
elle inscrivait son action dans le cadre d'un règlement pacifique des
différends en appui avec de la CEDEAO.
Outre son appui à la CEDEAO, l'Organisation a
participé aux rencontres et discussions en vue de trouver une solution
pacifique à la crise. D'abord, à Paris, où le
Secrétaire général a « répondu
positivement à l'invitation adressée à l'OIF d'être
associée, en tant qu'observateur, aux négociations entre les
parties ivoiriennes qui ont abouti à la signature, le 23 janvier 2003,
de l'Accord de Linas-Marcoussis, en se faisant représenter à
cette occasion par Lansana Kouyaté et le Délégué
aux droits de l'Homme et à la démocratie72(*) ». Ensuite, au
Sommet des chefs d'Etat, à Kleber, le 25 janvier 2003 où le
Secrétaire général s'est engagé à
« accompagner pleinement le processus de
réconciliation »73(*). Ces accords signés entre la classe politique
et les mouvements rebelles réaffirment « la
nécessité de préserver l'intégrité
territoriale de la Côte d'ivoire, le respect de ses institutions et la
restauration de l'autorité de l'Etat et le principe de l'accession au
pouvoir et de son exercice de façon démocratique74(*) ». Deux dispositions
particulières seront prises pour l'application de ces accords que
sont la mise en place d'un gouvernement de réconciliation nationale
et la préparation des échéances électorales aux
fins d'avoir des élections crédibles et transparentes. Notons que
sur la période 2002 à 2010, sur les 5 Sommets des Chefs d'Etats
et de Gouvernements tenus, le cas de la crise en Côte d'Ivoire
était inscrit à l'ordre du jour de 4 Sommets. Ainsi, la
Francophonie suivait l'évolution de la situation afin d'apporter sa
contribution. Après la condamnation de la tentative de coup
d'état et son accord pour le dialogue engagé par la CEDEAO, en
2002, les Chefs d'Etats et de Gouvernement, réunis à Ouagadougou
en 2004 ont adopté une résolution pour réaffirmer leur
« attachement à la relance du processus de
réconciliation en Côte d'Ivoire75(*) ». En outre, à la faveur de la
signature de l'Accord Politique de Ouagadougou76(*) (APO) en 2007 tout en saluant l'évolution
positive de la situation, la Francophonie s'est engagée à
« oeuvrer de concert avec les acteurs nationaux, l'ONU et les
partenaires régionaux en vue de la tenue en Côte d'Ivoire,
conformément à l'accord politique de Ouagadougou,
d'élections libres, fiables et transparentes, qui constituent un
élément essentiel du processus de consolidation de la paix au
niveau national77(*) ». Au Sommet de Montreux en 2010, une
résolution a porté sur les situations de crise, de sortie de
crise et de consolidation de la paix dans l'espace francophone. Concernant la
Côte d'Ivoire, le Sommet a salué « les avancées
réalisées dans la conduite du processus électoral en
Côte d'Ivoiredans le respect de l'Accord Politique de Ouagadougou et de
ses accords complémentaires »
Ce paragraphe vient montrer l'intérêt que l'OIF
accorde à son rôle d'acteur de résolution de conflit. Outre
l'activisme de son Secrétaire général qui a tenu a
marqué de sa présence auprès des protagonistes de la crise
ivoirienne et sa participation, à travers son représentant
spécial, à la recherche de solution, les instances de la
Francophonie, ont joué leur partition. Que ce soit la Conférence
ministérielle ou le Sommet, les différentes résolutions et
déclarations ont sans doute contribué à mobiliser la
communauté internationale au chevet de la Côte d'Ivoire et
apporter un appui aux actions sur le terrain.
PARAGRAPHE II : LES
ACTIONS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX ET DES
INSTITUTIONS
Comme nous l'avions indiqué
précédemment, les textes de l'Organisation Internationale de la
Francophonie lui confère deux démarches principales dans la
résolution des crises ; la prévention et la consolidation de
la paix. Au niveau de la prévention, notre étude s'est
focalisée sur les mesures opérationnelles menées par l'OIF
à travers les différentes missions envoyées en Côte
d'Ivoire. Quant à la consolidation de la paix, l'autre volet de l'action
de l'OIF, notre étude va aborder uniquement l'aspect politique,
c'est-à-dire l'accompagnement des états membres pour la
préparation des élections et le soutien aux institutions.
A- Un appui au secteur des
médias
S'appropriant des recommandations du groupe de travail des
intellectuels du 24 janvier 2003, l'OIF a orienté son action dans les
domaines des « médias, de l'élaboration des textes
fondamentaux et la mise en place des institutions, des aspects sociaux de la
reconstruction et sécurité interne et régionale, diffusion
de la culture de la paix et des droits de l'Homme »78(*). Au niveau des médias
deux missions de l'OIF ont été dépêchées
à Abidjan dans le but d'établir un état des lieux et
d'identifier les besoins dans ce secteur en vue d'assurer une meilleure
contribution au processus de paix. Ainsi, « du 15 au 21 juin 2003,
une mission d'information et de contacts a été
dépêchée à Abidjan79(*) » a dressé, un état des
lieux. « C'est à l'issue de cette mission que la Francophonie
a pu, (...), envoyer une mission d'assistance juridique pour apporter de
l'expertise dans l'élaboration des textes relatifs au nouveau paysage
médiatique80(*) ». Enfin, pour ce secteur l'OIF a
apporté une subvention aux journaux ivoiriens et soutenu l'organisation
à Abidjan, du 3 au 5 mai 2006, d'un colloque sur le thème des
médias dans les processus électoraux.
B- Des actions en faveur de
la consolidation des institutions
Dans ce domaine, les actions de la Francophonie ont
visé particulièrement la préparation des élections
présidentielles et législatives, et cela conformément
à l'engagement de la Déclaration de Bamako sur « la
tenue d'élections libres, fiables et transparentes ». En
effet, « dans la perspective de la tenue des élections
présidentielles prévues en 2005, considérées comme
l'un des objectifs majeurs de l'accord de Linas-Marcoussis, le
Secrétaire général a également
dépêché en Côte d'Ivoire deux missions exploratoires
en matière électorale81(*) ». Ces missions ont permis d'établir
avec la Commission électorale « un diagnostic
et des recommandations, y compris quant à la modification des textes en
vigueur pour répondre aux engagements pris à
Marcoussis ». La première mission exploratoire s'est
déroulée du 21 septembre au 24 octobre 2003, et la seconde
menée conjointement avec l'ONU, a évalué le contexte et
l'état de la préparation des élections prévues en
2005, du 2 janvier au 3 février 2004. « Par cette initiative
majeure, destinée à inscrire l'implication de la Francophonie
dans la durée d'une part, et à l'ancrer au plus près des
réalités du contexte ivoirien, d'autre part, la Francophonie
s'est dotée d'un instrument de veille et de suivi permanents, offrant
ainsi un cadre propice à l'intense activité de facilitation
déployée entre toutes les parties par le Représentant
spécial »82(*). « La Francophonie a toutefois poursuivi
ses efforts pour que des progrès se réalisent dans les
différents domaines d'application de l'Accord, considérant qu'il
constitue toujours le seul cadre valable de sortie de crise, à la
condition que toutes les parties ivoiriennes impliquées acceptent de
prendre leur part de sa mise en oeuvre »83(*). Ces différentes
actions, ainsi que l'appui à la 2e réunion (août 2003), de
la conférence des intellectuels, ont bénéficié du
soutien de la Représentation spéciale de l'OIF, dirigée
par Lansana Kouyaté, Représentant spécial du
Secrétaire général et membre du Comité
international de suivi des Accords de Linas-Marcoussis. Comme, nous pouvons le
voir, la Francophonie a inscrit de plus en plus son action dans un cadre
concerté, voire intégré, avec l'ensemble des autres
partenaires internationaux et régionaux, mais aussi l'identification de
plus en plus poussée des modalités spécifiques et
diversifiées de sa contribution. Dans ce sens, et en soutien aux
initiatives développées par les acteurs nationaux, la
Francophonie a, cas par cas, mobilisé son expertisepropre ainsi que
celle des partenaires francophones, dans les domaines, notamment, de
l'élaboration des textes fondamentaux, du renforcement des
capacités des Institutions, et de la préparation des
échéances électorales prévues au terme de le
processus de sortie de crise. Cette démarche s'inscrit dans la
volonté exprimée lors de Bamako+5 et repris par la
Déclaration de Saint Boniface, d'avoir « une
coopération systématique et rationnalisée avec les
organisations internationales et régionales »84(*) d'où le rôle
secondaire joué par l'OIF dans la mise en oeuvre du partage des
tâches car « ses actions sont toujours en lien avec les acteurs
de la région »85(*), mais aussi en harmonie avec l'Organisation des
Nations Unies.
En conclusion, l'un des volets des actions de l'Organisation
internationale de la Francophonie dans sa stratégie de retour à
la paix est de soutenir le renforcement de l'effectivité des
institutions instaurées dans les secteurs de la gouvernance
démocratique et des médias, ainsi que, de veiller à
l'appropriation, par les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, des
normes et engagements internationaux et francophones. Dans le cas de la sortie
de crise en Côte d'Ivoire, l'OIF a orienté son action en direction
des médias et des institutions en charge des élections.
SECTION II : LA CONTRIBUTION
DE L'OIF POUR LE RETOUR A LA PAIX EN COLLABORATION AVEC LES ORGANISATIONS86(*)
La crise ivoirienne a mobilisé de nombreuses
initiatives régionales et internationales en vue d'un retour rapide
à la paix. Ainsi, se fondant sur sa philosophie et sa démarche,
l'Organisation a apporté son expertise soit au sein du comité
international de suivi de l'accord de Linas Marcoussis puis du Groupe
International de Travail (GTI), soit en appuyant les actions de
médiation de la CEDEAO. Dans cette section, nous aborderons la recherche
de la paix en appui aux actions des organisations internationales et sous
régionales (paragraphe 1) et la participation de l'OIF aux
mécanismes de suivi des accords (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : RECHERCHE
DE LA PAIX EN APPUI AUX ACTIONS DES ORGANISATIONS
A- L'OIF en soutien aux
organisations régionales et sous régionales
En tant qu'organisation sous régionale, la CEDEAO a
engagé aux premières de la tentative de coup d'état, les
toutes premières négociations. Ainsi, le 29 septembre 2002, un
sommet extraordinaire va se tenir à Accra (Accra I). Ce sommet a
décidé de la création d'un « Groupe de contact »
pour une médiation entre le gouvernement ivoirien et les mutins, et le
chef de l'État togolais, GNASSIGBE Eyadema fut choisi comme le
coordinateur du « groupe de contact » de la CEDEAO. Les efforts de
médiation de G. Eyadema ont commencé à porter leurs
fruits, puisque le 17 octobre 2002, il obtint avec « le Groupe de contact
» la signature du cessez-le-feu, et le 30 octobre débutèrent
à Lomé les premières négociations directes entre
les deux protagonistes ivoiriens. Au nom de la Francophonie, le
Secrétaire général va dépêcher l'Ambassadeur
Lassana Kouyaté auprès des parties et facilitateurs en tant que
son Représentant spécial et la Conférence
Ministérielle de la Francophonie va s'engager à
« appuyer les médiations régionales et africaines, en
particulier celles de la CEDEAO »87(*). Après l'intermède de la CEDEAO et les
difficultés rencontrées dans l'application de Marcoussis (voir au
point suivant), le dossier ivoirien va atterrir à la table de l'Union
Africaine, avec comme médiateur, le président sud-africain THABO
Mbeki. Deux accords seront signés Pretoria I et II. A
l'échéance de la période de douze mois fixée dans
le cadre de l'accord de Pretoria, sans que des élections ne se tiennent
et, suivant une démarche dont le scénario est identique à
celui de 2005, la CEDEAO transmet le 6 octobre, à l'Union Africaine, des
nouvelles recommandations issues de la réunion d'Abuja. Lors de la
64ème réunion du Conseil de Paix et de sécurité du
17 octobre 2006 à Addis-Abeba, se fondant sur ces recommandations, l'UA
a décidé des mesures parmi lesquelles « l'ouverture
d'une période de transition n'excédant pas douze mois... ».
Elle a décidé également que « le Président
Laurent Gbagbo demeure Chef de l'Etat jusqu'à la fin de la
période de transition » ; que « dans l'accomplissement de sa
mission, le gouvernement peut, en toutes matières, prendre, en conseil
des Ministres, des décisions par ordonnances ou décrets lois
». Cette décision a été confirmée par la
résolution 1721 du Conseil de sécurité, adoptée le
1er novembre 2006. Pour sa part, l'OIF a apporté sa touche à
travers les réunions mensuelles du groupe de travail international et
les rencontres formelles et informelles avec les protagonistes, à
travers son Représentant spécial présent sur place dans la
capitale économique, Abidjan.
B- Observateur aux
négociations de Linas Marcoussis
« A l'invitation du Président
français, Jacques Chirac, une table ronde des forces politiques
ivoiriennes s'est tenue à Linas-Marcoussis du 15 au 23 janvier 2003,
l'OIF y était invitée en qualité d'observateur et
était représentée par l'Ambassadeur Lansana
Kouyaté. »88(*) Ces négociations faisaient suite à
l'échec du dialogue inter-ivoirien, entrepris sous l'égide la
CEDEAO, à Lomé au Togo. Ces accords, une fois signés, vont
être adoubés par l'ONU et resteront le cadre de toutes les autres
négociations jusqu'à mars 2007, avec la signature d'un autre
accord dit « accord politique de Ouagadougou ». Pour
garantir l'exécution des accords de Linas Marcoussis, les parties ont
recommandé la mise en place d'un comité de suivi composé
de représentants d'Etats et d'organisations internationales :
l'Union Européenne, Union Africaine, CEDEAO, ONU, OIF, Banque mondiale,
FMI, pays du G8 et la France. L'Ambassadeur Lansana Kouyaté
représentait la Francophonie au sein de ce comité international
de suivi de l'accord de Linas Marcoussis. Un autre sommet va réunir les
Chefs d'état de la CEDEAO, de la France, de l'Union Africaine, du
Secrétaire général de l'ONU, de l'OIF et de plusieurs pays
européens afin de donner une onction internationale aux accords de Linas
Marcoussis. Le Président Abdou Diouf, qui a participé à ce
sommet à Paris les 25 et 26 janvier 2003, a réaffirmé
l'engagement de la Francophonie à accompagner la Côte d'ivoire et
les parties à toutes les étapes de la mise en oeuvre de ce
consensus.
PARAGRAPHE 2 :
PARTICIPATION DE LA FRANCOPHONIE AU MECANISME DE SUIVI DES ACCORDS
A- Du Comité
international de suivi des Accords de Linas Marcoussis au Groupe de travail
international
La mise en oeuvre des accords signés par les parties
ivoiriennes a été l'objet de beaucoup de couacs et
d'interprétations. Et cela malgré la mise en place de plusieurs
mécanismes de suivi des accords, Groupe de contact de la CEDEAO,
Comité international de suivi des accords de Linas Marcoussis, Groupe
International de travail (GTI). Dans le cadre de l'accord de Linas Marcoussis,
le comité était composé de représentants d'Etats et
d'organisations internationales : l'Union Européenne, Union
Africaine, CEDEAO, ONU, OIF, Banque mondiale, FMI, pays du G8 et la France. Il
avait pour but de garantir l'exécution des accords. Ainsi, face au
blocage, le comité a suggéré la négociation et la
signature d'autres accords spécifiques visant principalement les
difficultés constatées. Ainsi, des accords complémentaires
seront signés dans la capitale ghanéenne. L'Accord d'Accra II du
7 mars 2003, pour la formation d'un gouvernement de réconciliation
nationale, et l'Accord d'Accra III du 30 juillet 2004 pour l'élaboration
des lois prévues par l'Accord de Linas Marcoussis et leur mise en oeuvre
sans délai. Mais les divergences portant sur les modalités
d'éligibilité et sur le désarmement, vont conduire
d'autres accords, cette fois ci à Pretoria, en Afrique du sud.
L'évolution de la situation et du processus en Côte d'Ivoire,
ainsi que des difficultés internes au Comité International de
suivi, ont conduit à la modification de cette structure, qui
après les accords d'Accra II et de Pretoria, s'est muée en Groupe
International de Travail (GIT). Cette nouvelle structure, mise en place dans le
cadre de la Décision du Conseil de paix et de sécurité de
l'UA, sur la base des propositions formulées par la réunion des
chefs d'Etat de la CEDEAO, entérinée par la résolution
1633 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et vise à
« assister le gouvernement dans la mise en oeuvre de son programme et aux
fins de consolider et de renforcer les mécanismes de suivi existants
». Le GIT est composé comme suit ; Benin, Ghana, Guinée,
Niger, Nigeria, Afrique du Sud, France, Royaume Uni, Etats- unis, Nations
Unies, Union Africaine, CEDEAO, Union Européenne, Banque Mondiale et
FMI, et naturellement l'OIF89(*) ».
B- L'OIF membre des organes
de suivi de l'APO
La signature de l'accord politique de Ouagadougou, le 4 mars
2007, entre le Président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, et
le chef des Forces Nouvelles90(*), Guillaume Soro, a été salué par
la communauté internationale, et en particulier par la Francophonie. Son
Secrétaire général, Abdou Diouf, a salué
« l'initiative majeure prise par ces derniers en vue d'instaurer un
dialogue direct inter-ivoirien91(*) » et a félicité le
Président du Faso « pour son action déterminante dans
le processus de médiation92(*) ». Dans un communiqué de presse, il
a retracé les efforts constants de la Communauté internationale,
y compris de la Francophonie dans la recherche de la paix et de la
réconciliation en Côte d'Ivoire. Comme les autres accords
signés, celui a été suivi par la communauté
internationale à travers l'Organe Consultatif International (OCI)
crée à cet effet, puis du Comité d'Evaluation et
d'Accompagnement (CEA). La Francophonie va siéger en tant qu'observateur
puis en tant que membre dans ces organes. Par ailleurs, en vue de maintenir
cette dynamique de paix, « des contacts étroits sont maintenus
par le Secrétaire Général Abdou Diouf avec le
Président du Faso, son représentant en Côte d'Ivoire, le
Ministre Boureima Badini, le représentant, dans ce pays, du
Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Choi, ainsi
qu'avec le Président de la République de la Côte d'Ivoire,
Laurent Gbagbo et les principaux responsables des Forces politiques ivoiriennes
et les représentants de la communauté internationale, notamment
à l'occasion de la visite qu'il effectue en juin 2009 en Côte
d'Ivoire93(*) ».
La participation de l'OIF à des groupes internationaux
de contacts constitue une autre forme rénovée de l'accompagnement
des dynamiques actuelles de règlement et de sortie de crise, par la
médiation ou la facilitation. Ces différents groupes (GTI, OCI,
CEA) dans le cadre de la crise ivoirienne rassemblent « les parties
ivoiriennes et les membres de la communauté internationale
désireux de soutenir, financièrement, techniquement et
politiquement le processus de réconciliation initié par les
Accords de Marcoussis94(*) ». Le comité d'évaluation et
d'accompagnement de l'accord politique de Ouagadougou « a
été convoqué très régulièrement par
le Facilitateur à Ouagadougou, jusqu'en juillet 2008, période
à partir de laquelle la date des élections ayant
été maintes fois reportée, les efforts du Facilitateur se
focaliseront alors plutôt sur le consensus à faire
prospérer entre les acteurs ivoiriens eux-mêmes au sein du Cadre
permanent de concertation (CPC)95(*) ».
CONCLUSION
Au terme de la première partie de notre travail, nous
pouvons que la Francophonie a su s'imposer progressivement comme un acteur
incontournable et privilégié dans les relations internationales.
Mais que de chemins parcourus ! Depuis le 20 mars 1970. D'une organisation
intergouvernementale fondée sur le partage de la langue française
et des valeurs universelles de solidarité et de dialogue entre les
peuples, la Francophonie va faire émerger sa voix dans les relations
internationales, à partir de 1986 où elle tient son premier
Sommet de Chef d'Etats et de Gouvernements. Ainsi de l'ACCT (1970), puis l'AIF
(1995) et finalement l'OIF(2005), en passant par Hanoï en 1997, elle va
affirmer sa dimension politique. Avec la Déclaration de Bamako (2000),
la Francophonie se dote d'un premier cadre normatif et de pouvoirs
institutionnels dans les domaines de la démocratie et des droits de
l'homme. Elle fixe la prévention et le règlement des conflits
parmi son champ d'action, par l'entremise d'instruments tels que l'alerte
précoce, la médiation et la coopération régionale
et internationale en cas de crise ou de violation grave des droits de la
personne. La conférence de Saint-Boniface (2006) confirme le tournant
politico-sécuritaire de l'OIF, amorcé depuis plus d'une
décennie, en réaffirmant sa volonté de s'investir
pleinement dans la gestion de crise, de manière à «
prévenir l'éclatement des crises et des conflits dans l'espace
francophone, limiter leur propagation, faciliter leur règlement
pacifique et hâter le retour à une situation de paix durable
». Ce cheminement emprunté par la Francophonie entre dans la
théorie institutionnaliste des relations internationales.
Ainsi, fort de ses instruments et de son cadre
règlementaire, la Francophonie va s'engager dans le domaine de la
résolution des conflits à l'intérieur de plusieurs de ces
membres, particulièrement en Afrique subsaharienne, depuis 1992, avec
les premières missions d'observations d'élection. De ce qui
précède, nous pouvons affirmer que la Francophonie, devant les
besoins de ses membres et dans un contexte international, a su faire sa
transformation en se donnant des normes et des principes.
Se fondant donc sur ces nouvelles fonctions, elle est
intervenue en Côte d'Ivoire, comme elle l'a déjà fait en
Madagascar, au Togo, en République Démocratique du Congo, au
Tchad...Dans le cas de la Côte d'Ivoire, comme présenté
dans le deuxième chapitre, l'OIF a déployé une panoplie
d'actions, allant de l'envoi d'un facilitateur pour contribuer à la
recherche de solutions consensuelles, au soutien des médiations de la
CEDEAO et de l'UA, et aux actions de consolidation de la paix, par le soutien
aux médias, et à l'appui à la commission chargée
des élections. Sans toutefois oublier le contact permanent que le
Secrétaire général a eu avec les acteurs politiques
ivoiriens, la société civile, les religieux et autres partenaires
afin de partager sa vision, recueillir les avis et encourager les acteurs
lorsque le processus de réconciliation était sur une pente
satisfaisante.
En définitive, cette première partie vient
confirmer notre hypothèse selon laquelle la Francophonie a agi dans la
crise ivoirienne au regard de ses instruments de résolution des
conflits. Mais conformément à ses textes, elle est restée
dans un rôle de second, prenant peu d'initiatives.
Malgré ces actions encourageantes, la médiation
de la Francophonie, comme toute médiation, seule ou en association, peut
être l'objet d'obstacles pouvant contrarier son action. Dans la seconde
partie de notre mémoire, nous allons présenter les limites des
actions de l`OIF puis les perspectives de la médiation/facilitation de
la Francophonie.
PARTIE II : LES LIMITES ET
LES PERSPECTIVES DE LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE
INTRODUCTION
Depuis 2000, la Francophonie a mené plusieurs
actions « dans le cadre de l'application du dispositif normatif
et opérationnel de la Déclaration de Bamako,
particulièrement des actions de facilitation/médiation96(*) ». Cette
détermination se traduit soit par la prise et le maintien de contacts
avec les Hauts Représentants des Etats, soit par l'envoi
d'émissaires par le Secrétaire général de la
Francophonie. Mais, elle se manifeste aussi à travers la
coopération étroite que l'OIF a, avec les organisations. D'abord
l'ONU et ensuite les organisations régionales et sous régionales
avec lesquelles, elle développe une relation de collaboration et de
complémentarité d'action. Malgré, cette volonté
affichée de contribuer efficacement à la résolution des
conflits dans son espace, les missions de médiation de la Francophonie,
peuvent souvent être confrontées à des blocages. Ces
blocages sont dus au décalage entre les objectifs et les
capacités concrètes de l'organisation et par
l'impossibilité de l'OIF d'être sur tous les fronts.
En outre, d'autres obstacles peuvent se dresser devant la
volonté d'actions de l'organisation. En effet, dans le contexte actuel
où une médiation internationale peut être entreprise par
une multitude d'acteurs, de nature très différente, les
intérêts divergents peuvent apparaitre entre les
médiateurs. En effet, « un médiateur peut intervenir
soit pour promouvoir ses propres intérêts dans la
résolution du conflit, soit chercher à utiliser le conflit pour
accroître son propre prestige ou son influence97(*) ». L'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF), dont le répertoire d'actions en
matière de médiation/facilitation et de sécurité
humaine, s'est enrichi, a donné vie à plusieurs missions bien
avant les Déclarations de Bamako et de Saint Boniface. Seulement, comme
le souligne Mohamed El Hacen Ould Lebatt « les médiations et
facilitations sont des mécanismes nécessairement à
géométrie variable. La raison réside dans leur nature
informelle, rebelle aux définitions et clichés
préétablis. Ils sont difficilement réductibles aux
catégories dogmatiquement fixées par la théorie du droit
et de la science politique98(*) ». Pour lui donc, les écueils que le
médiateur ou facilitateur rencontre dans l'accomplissement de sa mission
sont l'expression de sa déconcertante diversité.
Dans la pratique de cet exercice, la Francophonie n'est pas
exemptée de ces difficultés décrites. Mais, en tant
qu'acteur dans la résolution des conflits, l'organisation à
vocation culturelle, à une démarche particulière dans la
gestion des conflits. Ce qui lui confère une spécificité
et fait qu`elle diffère des autres organisations. Dans cette
deuxième partie de notre travail, il s'agit de relever d'abord, au
regard de son dispositif en matière de gestion de crise, les limites et
les faiblesses de son action dans la crise ivoirienne (chapitre 3). Ensuite,
nous allons essayer de montrer les éléments qui singularisent la
médiation de la francophonie et procéder à des
propositions afin d'amélioration son dispositif (chapitre 4).
CHAPITRE III : LES
INSUFFISANCES DE LA MEDIATION DE L'OIF DANS LA CRISE IVOIRIENNE
Dans ce chapitre nous allons montrer les limites
résultantes des actions de l'OIF dans la médiation de la crise
ivoirienne (Section I), et les autres facteurs pouvant affectés la
médiation (Section II).
SECTION I : LES LIMITES
RESULTANT DES ACTIONS DE L'OIF
Cette section abordera les limites au regard de la
Déclaration de Bamako (Paragraphe I) et les moyens d'actions
limités de la Francophonie (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : AU REGARD
DE LA DECLARATION DE BAMAKO
A) Difficile mise en place
du mécanisme de prévention et de réaction
Comme nous l'avions indiqué dans les chapitres
précédents, la Francophonie s'est dotée d'instruments et
de normes qui font d'elle, un acteur majeur de la scène internationale,
particulièrement dans la résolution des conflits. En effet, l'OIF
dispose au regard de la Déclaration de Bamako et de sa Charte d`une
panoplie de méthode lui permettant de prévenir et de
réagir face à toute crise. Ainsi, concernant la
prévention, le chapitre 5.1 stipule que « le Secrétaire
général se tient informé en permanence de la situation de
la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone ».Pour ce faire, « une évaluation
permanente des pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés dans l'espace francophone sera conduite, à des fins de
prévention, dans le cadre de l'Organisation internationale de la
Francophonie, sur la base des principes constitutifs énoncés
précédemment. » La crise survenue en 2002 en Côte
d'Ivoire a révélé la difficulté dans la mise en
oeuvre du mécanisme de prévention. En effet, l'éclatement
de la crise indique « le retard de la francophonie à
réagir en Côte d'ivoire, alors que l'objectif assigné est
précisément de prévenir les conflits, son absence
d'anticipation et d'initiative peut lui être reprochée99(*) ».D'où, la
nécessité pour « le mécanisme d'urgence
prévu par la déclaration de Bamako doit (de) trouver une
meilleure application100(*) ». En effet, depuis 1993, la Côte
d'Ivoire est en proie à une instabilité politique dont le premier
pic a été atteint le 24 décembre 1999 par un coup
d'état militaire, faisant entrer le pays dans une zone de turbulence. La
Francophonie a bien suivi cette crise car dès le 26 décembre
1999, elle « a condamné la prise du pouvoir par la force et
appelé les autorités de fait, à oeuvrer à un retour
de la Côte d'Ivoire à l'ordre constitutionnel et
démocratique101(*) ». Outre, l'absence d'anticipation, la
réaction tardive de l'OIF dans la crise qui a secoué la
Côte d'Ivoire pourrait conduire à se demander comment se fait
l'évaluation permanente des pratiques de la démocratie, des
droits et des libertés et quand faut-il réagir lors de
l'éclatement d'une crise ? En effet, la Déclaration de Bamako
évoque une réaction urgente lors de l'apparition d'une crise. Ce
mécanisme sera mis en exécution 3 mois plus tard. Selon le
Chapitre 5.2 de la Déclaration de Bamako, « face à une
crise de la démocratie », les instances de la Francophonie
doivent prendre toute initiative pour contribuer à un règlement.
L'article 3 indique la célérité avec laquelle les mesures
doivent être prises « le Secrétaire
général saisit immédiatement le Président de la
Conférence ministérielle de la Francophonie à des fins de
consultation ; la question fait l'objet d'une inscription immédiate et
automatique à l'ordre du jour du CPF, qui peut être
convoqué d'urgence en session extraordinaire ». L'analyse de
ce passage met en exergue les termes suivant :
« immédiatement », « inscription
immédiate » et « urgence » pour donner un
rythme à l'action de la Francophonie et lui permettre d'intervenir
rapidement dès l'éclatement d'une crise. Mais qu'en est-il de la
réaction de l'OIF sur la crise en Côte d'Ivoire ? La crise en
Côte d'Ivoire a démarré dans la nuit du 18 au 19 septembre
2002, et le 17 octobre, la CEDEAO a pu obtenir des belligérants un
accord de cessation des hostilités. C'est 3 mois plus tard que la
première réunion du comité ad hoc restreint de l'OIF va se
tenir pour examiner la situation en Côte d'Ivoire. C'est le 7
décembre 2002 que s'est tenue « la première
réunion du comité ad hoc restreint de l'OIF afin de permettre
à la Francophonie d'examiner la situation en Côte
d'Ivoire102(*)» en
déphasage avec les caractères « d'urgence »
et « d'immédiateté ».
B) Le non renouvellement du
mandat du Représentant du Secrétaire général de
l'OIF
Les dissensions au sein de l'OIF nées de la
création du Bureau du Représentant spécial du
Secrétaire général à Abidjan ainsi que la
nomination de Lansana Kouyaté au poste de Premier Ministre de consensus
en Guinée en février 2007, n'ont pas favorisé la poursuite
de la mission de l'Envoyé spécial : « le Bureau
sera fermé103(*) ». Pourtant, « les initiatives
et les mécanismesrelatifs au règlement des crises et des conflits
(qui) sont appelés à se déployer dès leurs
premières manifestations, et aussi longtemps que nécessaire, en
raison du caractère non linéaire des processus de paix104(*). » En effet, l'une
des premières actions posées par le Secrétaire
général de la Francophonie dans la crise est la nomination
de l'Ambassadeur Lansana Kouyaté, comme envoyé
spécial pour sa connaissance des responsables et acteurs politiques de
la sous-région d'Afrique de l'ouest. Celui-ci sera confirmé dans
ses fonctions par le successeur de Boutros Boutros Ghali et même un
Bureau de représentation sera ouvert et dont la charge lui sera
confiée, en avril 2003. Monsieur Kouyaté, exercera, de 2003
jusqu'à 2007, où seront signés les accords de Ouaga,
à la fois les fonctions de représentant permanent de l'OIF au
sein du comité de suivi des accords de Marcoussis du 23 janvier 2003,
transformé en Groupe de travail international d'accompagnement du
processus de transition, et de Chef du Bureau de l'OIF à Abidjan.
Malgré le travail remarquable accompli et ses actions qui ont permis
à la Francophonie d'être visible aux côtés des autres
organisations, « l'expérience du Bureau ne sera pas
rééditée en raison des controverses suscitées au
sein de l'organisation autour de l'opportunité105(*)» .Cette situation qui
pourrait jouer sur la crédibilité de l'organisation
vis-à-vis de ses partenaires dans la gestion de conflits pose en
réalité le problème de moyens financiers que l'OIF accorde
à ce volet de son action.
En définitif, la crise survenue en Côte d'Ivoire
a montré dans la pratique, les limites du mécanisme de
prévention d'une part et le manque de réaction rapide de la
Francophonie en cas d'urgence. En effet, en adoptant la Déclaration de
Bamako, les participants ont fait le constat d'un nombre important de conflits
en Afrique d'où la nécessité de prévenir leur
résurgence et en cas de crise « de prendre toute initiative
destinée à prévenir leur aggravation et à
contribuer à un règlement106(*)».
PARAGRAPHE II : DES MOYENS
D'ACTION LIMITES EN FAVEUR DE LA MEDIATION
A) Les contraintes de
ressources financières et humaines
Une médiation nécessite beaucoup de ressources
tant humaines que financières. Cette contrainte a été
à maintes reprises soulevée lors des rencontres organisées
par l'OIF. « La faiblesse des moyens financiers constitue un des
obstacles de l'OIF quant à la réalisation de ses objectifs. Au
regard des enjeux, le financement attribué à la
coopération multilatérale francophone est insuffisant,(...), la
mise en place au sein de l'organisation du dispositif en ressources humaines,
administratives, financières et techniques, requises pour permettre la
réalisation de ces nouvelles missions, ne se fera pas sans mal,
l'institution n'étant pas préparée aux exigences induites
dans ce domaine107(*) ». En effet, le financement de la
coopération multilatérale francophone se fait au travers du fonds
multilatéral unique (FMU) mis en place au Sommet de Dakar. Ce fonds
« recueille directement les contributions et les ventile vers l'OIF
et les opérateurs spécialisés108(*) ». L'insuffisance
du fonds est l'une des critiques portées sur le financement de la
Francophonie. A titre d'exemple, le budget annuel de la Francophonie en 2007
était de 79,3 millions d'euros109(*), dont 63,5%110(*) impartis à la mise en oeuvre des programmes
de l'OIF. Les dépenses du programme « Démocratie et
droits de l'homme » étaient de l'ordre de 24,3%111(*). De même, selon, le
rapport sur la retraite de la médiation de la Francophonie
organisée du 15 au 17 février 2007, « l'OIF dispose
dans son programme budgétaire de quelque 1,6 million d'euros
annuellement pour couvrir la programmation relative à la
prévention des crises ainsi qu'au règlement des crises et des
conflits. De façon plus détaillée, ce montant couvre les
activités politiques et diplomatiques du Secrétaire
général, le coût de la représentation sur le terrain
de l'OIF en Côte d'Ivoire (0,5 million) ainsi que la stratégie
francophone en matière de paix et de sécurité
humaine112(*) ». Ici, c'est la modicité du budget
alloué à la prévention des crises qui est mise en
évidence, particulièrement les fonds liés à la
médiation de la crise ivoirienne. Car une médiation
nécessite l'envoi de plusieurs missions d'information, d'observation et
d'évaluation. Celle de la Côte d'Ivoire n'a pas
dérogé à cette règle et plusieurs capitales
(Lomé, Accra, Paris Pretoria, Libreville Ouagadougou) ont accueilli des
négociations longues et à répétition. La
conséquence est que « les limites aux activités du
Secrétaire général sont vite atteintes comme est
rapidement atteinte la crédibilité de l'OIF lorsque ses
partenaires, le cas échéant, réalisent la modicité
de ses moyens. Comment être efficace dans l'accompagnement d'un
processus, comment assurer une présence valable et un suivi
sérieux sans un bureau sur place113(*). Outre les finances, les ressources humaines
demeurent très restreinte au regard de l'ampleur et de la
diversification des tâches couvrant l'ensemble des secteurs
déclinés dans les déclarations de Bamako et de Saint
Boniface. « Bien que la Délégation à la paix,
à la démocratie et aux droits de l'Homme ait connu depuis 2003 un
accroissement non négligeable de ses effectifs, les différentes
tâches afférentes à la préparation et à la
mise en oeuvre des missions de médiation ou de facilitation sont
très exigeantes et lourdes.Elles sont dans la plupart des cas
assumées par les mêmes personnes affectées aux autres
actions relatives aux domaines de la paix, de la démocratie et des
droits de l'Homme114(*) ». Cette situation influence à la
fois la capacité de l'Organisation à accorder un suivi
suffisamment attentif à tous les processus.
En somme, les moyens ( financiers et humains) dont dispose
l'Organisation pour mener à bien de façon globale les
tâches dans le domaine de la paix, de la démocratie et des droits
de l'Homme, constituent à l'évidence un des principaux points de
distorsion entre les ambitions affichées et les réalités
de mise en oeuvre. En effet, l'existence de ressources
adéquates pour appuyer l'intervention augmente les chances de
réussite et la fermeture de la Représentation du Bureau de l'OIF
met en exergue la modicité des moyens de l'OIF pour conduire sa
médiation et cela peut jouer sur sa crédibilité
vis-à-vis de ses partenaires. Mais ce problème n'est-il pas la
conséquence du désintérêt des Etats membres à
l'action politique de la Francophonie ? En effet, bien qu'ayant
adopté la transformation de la Francophonie en acteur dans la
résolution des conflits, les moyens financiers ou les contributions ne
sont pas venus renforcer l'ambition de l'Organisation. En outre, les Etats
préfèrent se tourner vers les organisations régionales,
sous régionales, voir même l'ONU, lors de l'apparition d'une crise
bien souvent l'OIF est ignorée, d'où le manque d'appropriation
des actions par les Etats membres.
B) un manque
d'appropriation des actions de la Francophonie par les Etats membres
Le manque d'appropriation sera analysé à travers
le défaut de cotisation et le manque d'adhésion des états
aux actions de la Francophonie. Concernant le financement de la Francophonie,
il convient d'indiquer « qu'il n'est pas mobilisé à
temps115(*) »
mais que « cette situation est la traduction de l'absence de
volonté politique des états membres : ils ont accepté
que le groupe de pression culturel et linguistique se transforme en une
institution intergouvernementale dotée des fonctions politiques, mais
ils répugnent à la doter de budget adéquat116(*) ». En se
référant à l'année 2008, « il est
frappant de constater que six Etats ou gouvernements, membres de plein droit
(communauté française de Belgique, Canada, Canada-Québec,
France, Grèce et Suisse) contribuent à plus de 93% (soit
30.808.206,51 euros) aux contributions statutaires de l'OIF117(*) », le reste
était à la charge des autres Etats membres de l'organisation. Ce
déséquilibre entraine un déficit de
légitimité pour chacun des autres pays de l'organisation pour
peser sur les décisions. En outre, « la Francophonie a
été marquée par le passé, par des
difficultés financières majeures, en grande partie liées
au fait que, pendant de nombreuses années, près d'un tiers des
membres de la Francophonie n'avaient pas versé leurs contributions
volontaires au budget de l'OIF, les arriérés ayant ainsi atteint
un montant total cumulé d'environ 11 millions d'euros. Cet important
manque à gagner a longtemps déséquilibré le budget
de l'organisation118(*) ». Si la faiblesse des moyens financiers
constitue un des obstacles de l'OIF quant à la réalisation de ses
objectifs, le fait que la France soit le principal bailleur de fonds de la
Francophonie, constitue aussi une autre entrave à l'action qui peut
être mal interprétée ( nous y reviendrons dans le
paragraphe suivant). En plus du volet financier, le manque d'adhésion
des états membres aux actions politiques est un réel
problème. Une médiation francophone ne sera consolidée que
dans un contexte d'adhésion des Etats membres bien plus fort
qu'aujourd'hui. Ainsi, le renforcement de la médiation francophone passe
d'abord par la conviction des Etats membres que l'OIF dispose pour ce faire
d'atouts crédibles. Car l'envoi d'un facilitateur ou d'une mission est
soumis à l'accord préalable de l'Etat concerné et des
parties. « L'acceptation préalable du processus de
facilitation par les autorités du pays concerné constitue une
condition du succès de toute action. Le facilitateur est choisi par le
Secrétaire général après consultation du
Président de la Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes119(*) ». Les Etats doivent reconnaitre la
plus-value de la Francophonie en faveur de la paix et solliciter son soutien
pour une paix durable. Car, les états n'ont pas le réflexe de se
tourner vers la Francophonie dès les premières heures de la
crise. Dans le cas de la crise ivoirienne , à l'issue des
échanges que nous avons eu avec la Délégation à la
Démocratie, à la paix et aux Droits de l'Homme, la Francophonie a
été associée aux négociations inter ivoiriennes,
initiées à la suite des événements de septembre
2002, qui ont abouti à la signature de l'Accord de
Linas-Marcoussis.
Au terme de cette première section, nous pouvons
affirmer que l'action de l'OIF dans la crise ivoirienne a relevé
quelques faiblesses de la médiation de la Francophonie. Le premier
reproche formulé est à l'endroit de la mise en oeuvre du
mécanisme de prévention. En effet, la Francophonie a
manqué d'anticipation pour éviter que la crise éclate. Ce
second reproche concerne la réaction jugée tardive des
institutions de la Francophonie avant de réunir le comité ad hoc
et produire la déclaration qui fait foi dans ce cas de la position de la
Francophonie. Mais ces difficultés ne sont-elles pas inhérentes
au fonctionnement de la structure et aux ambitions qu'elle s'est
fixée ? En effet, comment réussir une telle mission si
l'organisation ne dispose pas de moyens pour assurer sa présence
permanente et efficace ? La fermeture de la Représentation du
Bureau de l'OIF a mis en exergue d'une part la modicité des moyens de
l'OIF pour conduire sa médiation et a eu nécessairement un impact
sur sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires, d'autre
part elle a relevé le manque d'appropriation des actions politiques de
l'Organisation.
SECTION II : LES AUTRES
FACTEURS POUVANT AFFECTER LA MEDIATION
Dans les chapitres précédents, nous avons
indiqué que la médiation de la crise ivoirienne a connu
l'intervention d'une multitude d'acteurs, de natures différentes. Notre
approche dans cette partie, consiste à montrer que cette situation peut
être source de conflit. Car, l'intervention de plusieurs tiers peut
constituer une variable affectant la médiation. D'une part à
cause de la concurrence entre les médiateurs que cela peut engendrer et
d'autre part, à cause de ce que certains médiateurs
interviendront uniquement pour promouvoir leurs propres intérêts
dans la résolution du conflit. Dans ce contexte, le rôle
d'accompagnement de la Francophonie peut paraitre inefficace et jouer sur la
visibilité de son action. Cette section sera abordée en deux
paragraphes. L'insuffisance de la stratégie de l'OIF (Paragraphe I) et
la médiation, un enjeu de puissance et d'influence (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I :
L'INSUFISANCE DE LA STRATEGIE DE LA FRANCOPHONIE
A) OIF, comme un acteur
observateur du processus
Dans sa démarche de gestion des conflits et crises, la
Francophonie privilégie la coopération avec les autres
institutions internationales et régionales. Dans ses mécanismes
de recours à la médiation, il est indiqué que la
Francophonie travaille « en coopération avec d'autres
institutions internationales au sein des médiations dites
« multipartites » ou dans le cadre de groupes de travail et
de contacts internationaux afin d'accompagner des transitions vers la
démocratie ou en matière de consolidation de la paix120(*) ». Cette
démarche a été favorisée dans la médiation
de la crise ivoirienne où l'OIF a siégé aux
côtés d'autres organisations dans les différents
mécanismes de suivi des accords. Mais,
« l'institutionnalisation différente de cette
multiplicité d'acteurs est en même temps un défi et une
chance. Les perceptions divergentes de la nature du conflit et des bonnes voies
de résolution, compliquent parfois la compréhension et la
collaboration entre les différents niveaux de
médiation »121(*). Pour l'OIF, elle peut être un cadre de
marginalisation. En effet, la modicité de ses ressources joue sur sa
crédibilité car une médiation, c'est plusieurs rencontres,
des négociations interminables, des déplacements. Or, l'OIF ne
dispose pas de moyens par rapport aux autres organisations telles que l'ONU,
l'UE et l'UA pour y faire face dans le cas d'une longue crise comme celle de la
Côte d'Ivoire.
Mais encore, l'OIF est restée beaucoup plus
observatrice dans la crise ivoirienne comparativement aux Comores ou au Togo.
En effet, l'OIF apparait dans la médiation de la crise ivoirienne lors
de la table ronde de Paris entre les parties ivoiriennes en tant
qu'observateur. Elle va jouer ce rôle d'observateur durant tout le
processus, même en intégrant les mécanismes de suivi des
accords.
Alors, quels sont les effets de ces missions, lorsque
l'Organisation Internationale de la Francophonie se trouve en interaction avec
d'autres acteurs ?
B) Absence de
démarche francophone face aux blocages
Depuis le déclenchement de la crise ivoirienne,
plusieurs médiations ont été menées sans grands
succès. La CEDEAO a effectué de nombreuses médiations qui
ont permis de surmonter ponctuellement les multiples blocages du processus de
paix. La médiation assurée par l'UA, sous l'égide du
Président sud-africain Thabo Mbeki, n'a pas été plus
fructueuse. Sans oublier celle menée par la France en janvier 2003. Ces
nombreuses initiatives ont abouti à la signature entre les forces
politiques ivoiriennes de divers accords politiques, sans toutefois aboutir
à la paix souhaitée. « La difficulté de l'Accord
de Linas Marcoussis de 2003 à être appliqué par le pouvoir
ivoirien s'inscrit dans cette logique. En proposant et en obtenant
l'attribution du portefeuille de la Défense aux mouvements rebelles sans
concertation avec l'armée ivoirienne, la France a davantage donné
l'impression de légitimer la rébellion tout en
délégitimant le Président en exercice122(*) ». Malgré
ce blocage, l'OIF, à l'image des autres organisations, va continuer
à demander dans ses déclarations l'application de ces accords,
ceci en déphasage avec l'esprit d'une médiation, et même
organiser une réflexion sur les dits accords. Elle n'a pas pris
d'initiatives face aux nombreux blocagesafin d'affirmer sa particularité
comme acteur de résolution des conflits. « C'est finalement la
signature de l'Accord politique de Ouagadougou (APO), le 4 mars 2007, entre les
deux belligérants, sous la facilitation du président de Faso,
Blaise Compaoré, qui va constituer le début d'une
véritable amorce de paix depuis la tentative de coup d'Etat
avortée de septembre 2002123(*) ». En définitif,
« après des années d'errements, marquées par de
nombreuses tentatives infructueuses des Nations Unies et des médiations
d'Etats et d'organisations régionales afin de résoudre cette
crise, l'espoir d'une relance du processus politique d'une sortie de crise
durable a enfin resurgi124(*) ».
PARAGRAPHE II : LA
MEDIATION, UN ENJEU DE PUISSANCE ET D'INFLUENCE
Ce paragraphe va traiter de l'intervention multiple, source de
conflit (A) et l'influence de l'ancienne métropole dans la
médiation (B).
A) Une intervention
multiple, source de conflit
La crise en Côte d'Ivoire a vu la mobilisation de
plusieurs organisations pour la résoudre. D'abord les Nations
Unies(ONU), en application de la Charte de l'Organisation qui lui
confère la légitimité nécessaire pour intervenir
dans des situations de crises et conflits. Ensuite, les organisations
régionales, l'Union Africaine (UA) et la Communauté des
états de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Et enfin, l'Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF) sans oublier les représentants
des pays et autres institutions qui composaient tous les organes et
mécanismes de suivi des accords. Tous ces tiers intervenaient à
des degrés divers dans la médiation ivoirienne. Loin d'être
un avantage, « la multiplication des acteurs peut être de nature
à paralyser la résolution de la crise, voire de l'attiser, dans
la mesure où chacune des entités a des approches
différentes pour le règlement du conflit, et intervient avec ses
propres méthodes »125(*).
C'est ainsi, que la crise a connu 4 médiations
entreprises successivement par le Togo, la France, le Ghana puis l'Afrique du
Sud avec autant de signatures de divers accords politiques, notamment ceux de
Lomé, de Linas Marcoussis, d'Accra I, II et III, de Pretoria I et II,
sans grand succès. Il est évident que la multiplicité et
la diversité des initiatives de médiation dans un même
conflit posent la question cruciale de leur coordination ou harmonisation.
En outre, cette situation est aussi source de
compétition parfois entre les médiateurs. Elle peut donc
constituer un enjeu du conflit et entrainer des rivalités
néfastes et improductives pour la paix. En effet, des questions de
leadership, de positionnement et parfois même de règlements de
comptes, sont apparus au beau milieu des négociations, lors de la crise
en Côte d'Ivoire. Dans sa thèse, madame BALDE Hassatou, relate un
peu les rivalités que peut engendrer une médiation. Dès
l'éclatement de la crise, la CEDEAO a désigné un groupe de
contact dirigé par Feu le président togolais Gnassingbé
Eyadema pour entamer les négociations. Ce groupe a pu obtenir le 17
octobre la signature du cessez-le-feu, « et le 30 octobre
débutèrent à Lomé les premières
négociations directes entre les deux protagonistes ivoiriens. Toutefois,
le choix de G. Eyadema et ses premiers succès n'étaient pas du
goût de tout le monde, en particulier du président
sénégalais. En effet, A. Wade, en sa qualité de
président en exercice de la CEDEAO, n'avait guère
apprécié d'être écarté du Groupe de contact.
Soupçonnant un éventuel sabotage de sa part, toutes les parties
impliquées dans la crise ivoirienne adoptèrent une
déclaration qui appuyait les efforts du médiateur togolais. Six
jours après cette déclaration, le 18 décembre, le
président Wade, toujours en sa qualité du président en
exercice de la CEDEAO, organisa un sommet extraordinaire des chefs
d'État et de gouvernement à Dakar pour discuter de la crise
ivoirienne126(*)».
Réunion à laquelle, la majorité des chefs d'État de
la sous-région refusèrent d'y participer.
Autre constat de la médiation dans la crise ivoirienne.
Elle était assurée par des chefs d'état. Au nombre de ces
médiateurs, nous pouvons énumérer ; au nom de la
CEDEAO (Jhon Kufor, Eyadema, Wade, Blaise) ou de l'UA (Thabo Mbeki, Obasanjo,
Sassou), et des initiatives des présidents Maliens (Toumani
Touré) et Gabonais (Feu Oumar Bongo). Le problème est que
Ces Chefs d'états utilisent la médiation pour
renforcer leur influence au niveau du continent et de l'Organisation.
Enfin, comme nous pouvons le constater, la crise ivoirienne,
à travers les différentes interventions extérieures, a
montré les limites des interventions multiples, eu égard au
problème de leadership.Le Chef de l'Etat a décidé
d'engager directement les négociations avec les rebelles en 2007,
appelé dialogue inter-ivoirien d'où fut conclu l'accord politique
de Ouagadougou.
B) L'influence de
l'ancienne métropole dans la médiation
L'influence de la France dans la médiation ivoirienne
peut apparaître à la lumière de plusieurs faits. Mais dans
le cas de notre étude, cette question sera analysée sous l'angle
du rôle prépondérant qu'elle peut jouer sur la Francophonie
en tant que grand contributeur et grande puissance.
En rappel, aux paragraphes précédents, nous
avons souligné les difficultés de financement que rencontre
l'institution. D'abord, du défaut de cotisation de ses membres dont
« les arriérés de cotisation s'élevaient fin
2005 à 11 millions d'euros127(*) ». Ensuite, la modicité du budget
de la Francophonie, principalement les dépenses allouées au
programme « démocratie et droits » qui était
de 24,3% en 2007128(*).
Enfin, le déséquilibre de la contribution des membres. En effet,
pour l'année 2008 « plus de 93% (soit 30.808.206,51 euros) des
contributions statutaires de l'OIF129(*) » étaient assurés par 6
Etats ou gouvernements(communauté française de Belgique, Canada,
Canada-Québec, France, Grèce et Suisse). Cette situation
rejaillie négativement sur l'activité de l'OIF en ce sens qu'elle
joue sur la crédibilité de l'organisation vis-à-vis de ses
partenaires dans la gestion de conflits et que le déséquilibre de
contributions entraine un déficit de légitimité pour
chacun des autres pays de l'organisation pour peser sur les décisions.
En effet, il est reproché au financement de la Francophonie
« qu'il est insuffisant et compliqué, qu'il n'est pas
multilatéral, qu'il n'est pas mobilisé à temps ou qu'il ne
sert pas la Francophonie, mais les intérêts de ceux qui baillent
les fonds130(*) ». Et ceux qui baillent les fonds sont les
6 Etats ou gouvernements précédemment cités. Mais
particulièrement la France, comme l'indique le tableau suivant.
Tableau 2 : Pourcentage de la contribution
française aux budgets 2006-2008
(en million d'euros)
|
2006
|
2007
|
2008
|
Total des contributions statutairesdes membres( de plein
droit, associés et observateurs)
|
31.928.788,30
|
32.727.008,01
|
32.932.883,62
|
Contribution de la France
|
11.763.991,37
|
12058.091,15
|
12.389.481,69
|
Pourcentage*
|
36,84%
|
36,84%
|
37,62%
|
*Calcul effectué = (Contribution de la
France/Total des contribution) x 100
Source : Informations tirées dans PHAN (Trang)
et al, Francophonie et mondialisation, Tome 1 :Histoire et
institutions : des origines à nos jours. Editions : Belin
2011, Paris, p.235
Ce tableau présente la part de la contribution de la
France au budget de la Francophonie sur la période 2006-2008. Elle
s'élève à plus de 36% soit le tiers du total des
contributions de l'ensemble des membres (plein droit (52), associés (2)
et observateurs (13)) et 40,21% de la contribution des 6 Etats ou gouvernement
qui baillent. Concernant les activités de l'OIF, en 2008, la part de la
France était de 39,0%131(*). Naturellement, certains observateurs
« voient en l'action de la Francophonie dans la crise, une sorte
d'expression de la volonté française132(*) ». Cela vient
confirmer l'approche du Hard realism133(*) qui« voit dans l'intervention du tiers
dans les résolutions des conflits comme un fait des grandes
puissances » et quant au structuraliste, « la
médiation internationale est un moyen pour le médiateur
d'affirmer sa domination en imposant une issue particulière au
conflit134(*) ».Aussi, cette prépondérance
de la France est-elle marquée par le fait qu'elle réussit
à imposer aux partis politiques un accord de paix, à travers les
négociations de Linas Marcoussis. En effet, après l'échec
des médiations de la CEDEAO, la France a décidé de prendre
les choses en main et convoquer les partis politiques (FPI, PDCI, RDR, UDPCI,
PIT, UDCY et MFA135(*))
et les mouvements rebelles (MJP, MPCI et MPIGO)à une négociation
à huis clos « qui s'est terminée, au centre
Kléber, par l'imposition d'une solution politique proprement
inapplicable136(*) ».
Nous retenons de ce paragraphe que la médiation n'est
pas une démarche aisée en plus si elle intervient dans un
contexte international où plusieurs médiateurs sont
appelés à jouer un rôle. Dans le cadre de notre
étude, la multiplicité et la diversité des initiatives de
médiation et les accords de paix signés n'ont pas favorisé
le retour rapide à la paix. Mieux, elles posent plutôt la question
cruciale de la coordination ou harmonisation des intervenants, et elles sont
parfois source de compétition entre les médiateurs qui vont
vouloir tirer profit de leur intervention. Dans ce contexte de jeu
d'intérêt, l'intervention de la Francophonie est vue comme le fait
de la grande puissance, la France. Car la France est de loin le premier
contributeur des activités de l'organisation et l'action de l'OIF est
ordonnée par elle, comme pour paraphraser un acteur politique ivoirien
« la main qui donne, ordonne ».
CHAPITREIV : LES PERSPECTIVES
POUR LA MEDIATION FRANCOPHONE
Après avoir décrit l'apport de la Francophonie
dans la médiation ivoirienne et présenté les limites et
les obstacles, ce chapitre, nous permet de présenter les perspectives
pour la médiation francophone. En effet, malgré les
difficultés, somme toute inhérente à toute organisation,
la résolution des conflits par la francophonie a encore de beaux jours
devant elle, en particulier, son aspect médiation- facilitation,
à cause de sa particularité. Aussi, ce chapitre sera-t-il
consacré à présenter la spécificité de la
médiation francophone (section 1), et émettre quelques pistes de
propositions qui pourraient permettre à l'organisation
d'améliorer sa médiation, à travers les approches pour une
meilleure résolution de conflit (section 2).
SECTION I : LA SPECIFICITE DE
LA FRANCOPHONIE
Cette section est consacrée à présenter
d'une part les atouts de la démarche de la francophonie (paragraphe 1)
et d'autre part le principe de la médiation-facilitation adoptée
pour la résolution des conflits (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LES ATOUTS
DE LA DEMARCHE FRANCOPHONE
A) La Francophonie, acteur
de la société internationale
La notion de société internationale fait
fréquemment allusion « à l'organisation des relations
interétatiques autour d'institutions et de normes que les États
partagent et qui limitent leurs comportements137(*) ». Cette pensée estreprise et
développée par les tenants de l'École anglaise pour
lesquels le maintien de la stabilité de l'ordre international imposerait
aux acteurs de respecter certaines règles ou principes et constituerait
ainsi un intérêt commun aux États, ce qui fait
référence à une « société
d'États138(*) ». Mais d'autres auteurs, comme Raymond
Aron139(*), donnent une
vision plus large au concept de « société
internationale » ou « société
mondiale » qui incluraient sans les distinguer le système
interétatique, le système économique, les échanges
et mouvements transnationaux entre sociétés civiles et
institutions internationales. C'est dans cette démarche que se situe la
Francophonie, qui associe « les états et les mouvements
sociaux qui partagent les mêmes représentations collectives et les
mêmes normes »140(*).C'est donc, cette synergie d'actions entre les
acteurs traditionnels du système international et les mouvements
sociaux, quia permis à la Francophonie de se doter de la
Déclaration de Bamako. En effet, la rédaction de ce texte, qui
est un tournant dans l'histoire de la Francophonie, a rassemblé
« des ministres, des chefs de délégations des Etats et
de gouvernements de pays ayant le français en partage, ainsi que des
représentants de la société civile »141(*). En outre, la
coopération entre les différents acteurs est maintenue pour le
respect des engagements pris par les Etats. Selon le chapitre 5 de la
Déclaration de Bamako, le secrétaire général se
tient informé de l'état de la démocratie dans les Etats
membres par les services de la délégation à la
démocratie, à la paix et aux droits de l'homme. Cette
délégation dresse un bilan au secrétaire
général, gère le système d'alerte précoce et
les observations des élections, et alerte le secrétaire
général qui décide par la suite d'enclencher une action
politique. Dans son fonctionnement, elle s'appuie sur des réseaux
d'information auxquels participent des organisations internationales,
régionales et non gouvernementales, mais aussi sur des réseaux
institutionnels et de compétences, ce qui constitue une
originalité de l'OIF.
B) Une proximité
culturelle et linguistique avec les zones de crise
Depuis la fin de la guerre, les pays africains au sud du
Sahara, en particulier ceux de l'espace francophone sont confrontés
à des conflits et crises internes. République démocratique
du Congo, Congo-Brazzaville, Burundi, Rwanda, Mauritanie, Togo, Madagascar,
Côte d'Ivoire, République Centrafricaine, Tchad et la liste est
bien longue. Devant une telle situation, la Francophonie qui s'est
forgée autour de la solidarité, du dialogue, de la liberté
et de la diversité, a le devoir de contribuer, à l'instar des
autres organisations, à la résolution des conflits. C'est
pourquoi, la médiation occupe une place de choix dans son dispositif
institutionnel et normatif, consacré par les Déclarations de
Bamako et de Saint Boniface. Dans l'une, la facilitation apparaît
« comme le moyen le plus approprié et le plus immédiat
pour faire face à une situation de crise »142(*) et l'autre insiste sur
« la diplomatie préventive »143(*), « la
nécessité de prévenir l'éclatement des
crises »144(*)
et sur la médiation. Mais la particularité de la médiation
francophone est qu'elle est marquée par une proximité culturelle
et une appartenance linguistique commune. En effet, les médiateurs
francophones ou les envoyés spéciaux chargés de jouer les
facilitateurs participent le plus souvent à une culture commune. Leur
proximité culturelle et linguistique leur facilite les contacts et les
échanges sur le terrain de la médiation. Cela a été
le cas dans la crise ivoirienne avec la nomination de Lassana Kouyaté de
la Guinée, comme Représentant du Secrétaire
général. Ces médiateurs partagent soit la même aire
géographique soit les « mêmes problématiques de
l'état de droit, des élections ainsi que des droits de
l'homme ». Enfin, « la proximité linguistique permet
une réelle familiarité et celle-ci crée souvent la
solidarité.145(*) »
Nous retenons de ce paragraphe que la Francophonie ne se
présente pas comme une organisation d'Etats, mais elle
fédère toutes les énergies et tous les mouvements de la
société pour mener son action. Cette démarche est aussi
adoptée dans son mécanisme de résolution de conflits. En
effet, dans son mécanisme de prévention et d'alerte
précoce, la Francophonie s'appuie sur des réseaux d'information
variés et divers auxquels participent des organisations internationales,
régionales et non gouvernementales, mais aussi sur des réseaux
institutionnels. Cet assemblage de structures étatiques et de mouvements
de la société civile pour la collecte des informations devrait
permettre à l'organisation d'avoir plusieurs sources d'information et
améliorer son système d'alerte précoce. De plus, sa
médiation est marquée du sceau de la proximité culturelle
et de l'appartenance linguistique commune. Ce qui facilite le contact et les
échanges sur le terrain de la médiation.
PARAGRAPHE II : UNE
MEDIATION FACILITATION POUR LA RESOLUTION DE CONFLITS
A) Une primauté
à la facilitation
La médiation de la francophonie ne s'impose pas. Elle
est librement acceptée et à la demande des parties. En effet,
lors de l'éclatement d'une crise, le Secrétaire
général dans sa démarche recherche une solution
consensuelle dont la réussite est conditionnée par l'acceptation
des parties en conflit. C'est ce qui est énoncé dans le chapitre
5.2 de la Déclaration de Bamako, le Secrétaire
général peut « procéder à l'envoi d'un
facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions
consensuelles. L'acceptation préalable du processus de facilitation par
les autorités du pays concerné constitue une condition du
succès de toute action. Le facilitateur est choisi par le
Secrétaire général après consultation du
Président de la Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes ». Comme nous le voyons bien la
médiation de la francophonie « ne s'impose pas, elle n'est
pas« commandée par « en haut » comme dans
certains cas où une diplomatie de médiation couvre purement et
simplement une négociation autoritaire où les formes de la
médiation sont, en apparence respectées146(*). » Car, la
médiation de la Francophonie « facilite ». Comme
l'indique DEREUMAUX « la facilitation exercée par la
Francophonie se définit plus précisément comme l'art de
guider des responsables politiques ou des gouvernements, à l'aide de
processus précis vers des objectifs convenus. Elle encourage en quelque
sorte la participation, l'appropriation du problème ou de l'objectif et
contribue à la réactivité de toutes les personnes
impliquées dans le processus147(*) ». Elle associe toutes les
sensibilités et les composantes de la société à la
recherche de solutions. En outre, en tant qu'organisation qui promeut la
diversité culturelle à tous les niveaux, la démarche de
la francophonie est « particulièrement attachée au
respect de la diversité culturelle et de l'aménagement des
identités148(*) ».
B) Un pool de
médiateurs expérimentés
Lors du Sommet de Beyrouth en 2002, le Secrétaire
général d'alors, monsieur ABDOU Diouf avait pris l'engagement de
ne négliger aucune ressource pour la prévention et le
règlement des conflits. C'est ainsi, qu'il va s'appuyer sur un
vivier d'experts et de hautes personnalités qui constituent aujourd'hui
pour l'OIF un pool de médiateurs expérimentés. Ces
personnalités ont l'avantage d'avoir presque tous pratiqués le
terrain politique à travers de hautes charges politiques qu'elles ont
occupées par le passé, notamment en Afrique. Cette
démarche, qui se nourrit des expériences menées sur le
terrain depuis plus de vingt ans, vise avant tout à enraciner
durablement la démocratie et à faire émerger des pratiques
garantissant la stabilisation structurelle des pays francophones, en
particulier ceux marqués par la conflictualité. Dans ce sens,
plusieurs hautes personnalités ont été envoyées en
tant que Représentants ou Envoyés Spéciaux du
Secrétaire général la décennie passée pour
apaiser les tensions dans différents conflits. Ces envoyés ont
l'avantage de la connaissance de la région et de la politique et
généralement des différents acteurs politiques du pays. A
titre illustratif, nous pouvons citer Emile Derlin Zinsou, ancien
Président du Benin (1968-1969), Pierre Buyoya, ancien Président
du Burundi (de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003), Idé
Oumarou, ancien Ministre des Affaires Etrangères du Niger (83-85) et
ancien Secrétaire Général de l'OUA (85-89), et bien
d'autres encore. Elle s'est donc constituée un vaste réseau de
compétences où se trouvent d`anciens présidents, anciens
premiers ministres, ambassadeurs, chercheurs, représentants de la
société civile, chefs des partis politiques de la majorité
et de l'opposition, des représentants des médias, des
parlementaires, des institutions juridiques, des régulateurs de
médias. « Ces compétences sont susceptibles d'apporter
leur aide pour des approches médiatrices et reconstructives. C'est
là un atout unique149(*) ». En outre, la Francophonie fournit son
expertise, son expérience mais également son soutien financier
à une activité qu'elle souhaite promouvoir et
développer.
Nous retenons de ce paragraphe que la médiation de la
francophonie ne s'impose pas. Elle vise plutôt à encourager la
participation et l'appropriation du problème par toutes les personnes
impliquées. Mais en plus, cette médiation de la francophonie est
l'affaire de personnalités expérimentées qui ont une
connaissance de la sociologie politique des zones de conflits.
SECTION II : LES APPROCHES
POUR UNE MEILLEURE RESOLUTION DE CONFLITS
Quinze (15) ans après la Déclaration de Bamako,
suivie des actes de Bamako+5 et de la Déclaration de Saint Boniface en
2006, l'Afrique subsaharienne francophone est malheureusement toujours
confrontée à la récurrence de conflits internes, à
l'interruption de processus démocratiques, à des violations
graves et atteintes aux droits de l'Homme, au manque de culture
démocratique des acteurs politiques et de la population. Ce tableau
triste vient conforter le rôle que doit continuer de jouer la
Francophonie comme acteur de résolution de conflits tout en apportant un
réaménagement sur certains aspects de son mécanisme de
prévention et de gestion de crises. Cette section, loin d'apporter une
réponse globale, est consacrée, au regard de notre étude,
à la formulation de quelques suggestions en vue d'améliorer les
actions de la Francophonie dans son approche de résolution de conflits.
Dans un premier paragraphe, nous allons évoquer le renforcement du
mécanisme de prévention et dans le second, une participation plus
active dans la résolution des conflits.
PARAGRAPHE I :
RENFORCEMENT DU MECANISME DE PREVENTION
A) Consolidation du
système d'alerte précoce
Une politique de prévention de conflits et crises
politiques nécessite, un meilleur système d'alerte précoce
capable d'identifier les foyers de tension latents et susceptibles de
dégénérer en conflit. Si l'Afrique francophone est en
proie à une résurgence des crises, c'est sans doute, le
système d'alerte précoce qui est défaillant. La
Francophonie doit oeuvrer à la consolidation de ses capacités de
veille et renforcer le système d'alerte précoce. Et le premier
renforcement part de la structure en charge du système d'alerte
précoce, la DDHDP. En effet, dans le Chapitre 5.1 « Le
Secrétaire général se tient informé en permanence
de la situation de la démocratie des droits et des libertés dans
l'espace francophone, en s'appuyant notamment sur la Délégation
à la Démocratie et aux Droits de l'Homme ». Pourtant,
cette structure n'est pas assez dotée en ressources humaines et
financières face à l'ampleur de ses tâches. Si la
délégation à la paix, à la démocratie et aux
droits de l'Homme a également connu depuis 2003, un accroissement non
négligeable de ses effectifs, la configuration de l'équipe
actuelle quoique très engagée et professionnelle, demeure
très restreinte.
C'est d'ailleurs l'une des difficultés que rencontrent
généralement les missions francophones dans les crises
politiques. A ceci il faut ajouter les moyens limités qui sont
affectés aux missions. Bien que l'OIF soit structurée en
réseaux comprenant les Etats et gouvernements, mais aussi la
société civile, la Délégation doit davantage
travailler avec la société civile « sous ses formes les
plus variées150(*) » afin de déceler « les
tensions naissantes, les crises émergentes ou les conflits en
gestation151(*) ». En effet, de l'avis de l'ancien
Secrétaire général de l'OIF, il faut « recevoir
le plus tôt possible, la meilleure information sur les zones de tension
de façon à mettre en oeuvre les politiques anticipatrices
permettant d'éviter l'escalade152(*) ». Il importe pour l'organisation de
promouvoir avec ses partenaires l'analyse systématique et
l'échange d'informations, l'harmonisation des indicateurs et instruments
de mesure des situations et le partage d'expérience. Elle doit par
ailleurs encourager la formation en collaboration avec les universités
et d'autres organismes de formation, ainsi que des rechercheset études
portant sur la prévention des conflits dans l'espace francophone.
Le second
aspect que la Francophonie doit prendre en compte dans son défi de
prévention des conflits est incontestablement la nature même de
ces conflits. En effet, plusieurs écrits ont indiqués, que ce
soit en République Démocratique du Congo, en Centrafrique, ou en
Côte d'Ivoire, que « ces conflits sont le plus souvent conduits
non pas par des armées régulières, mais par des bandes
plus ou moins organisées et plus ou moins
contrôlées » et le plus souvent avec le soutien des pays
frontaliers. Cette nouvelle approche des conflits doit être prise en
compte par l'OIF et qui pour y faire face peut avoir un état-major afin
de s'informer des mouvements de ces bandes qui se recrutent un peu partout en
Afrique. L'action préventive doit s'inscrire sur le long terme, si
possible en s'attaquant aux causes structurelles des conflits
(socio-économiques, politiques, institutionnels...) afin de fonder une
véritable paix durable dans l'espace francophone.
Dans son mémoire, TASSE Rodrigue avait proposé
la redéfinition du « fonctionnement du Conseil Permanent de la
Francophonie (CPF) pour rendre le conseil plus réactif et plus
engagé dans les situations de crise153(*) », ce que nous trouvons pertinent, mais
avec la possibilité aussi d'être saisi par les partis politiques
et la société civile, puisqu'elle reconnait « leur
rôle d'acteurs d'une vie politique équilibrée154(*) »
B) Consolidation des
notions de démocratie, de solidarité et de sécurité
humaine
« La démocratie est une aspiration
légitime des peuples africains même si elle demeure, ici comme
ailleurs une quête permanente155(*) ». Depuis la Déclaration de Bamako,
la Francophonie a fait de la démocratie le pivot de son action. Elle
proclame que « Francophonie et démocratie sont
indissociables » et fait de « l'engagement
démocratique une priorité qui doit se traduire par des
propositions et desréalisations concrètes ».
Véritable cadre d'expression des libertés, cette
démocratie à la « francophonie » ne doit pas
se limiter comme le mentionne le chapitre 4 sur les engagements concrets
à l'existence formelle d'institutions, à la tenue
d'élections qui ne sont « libres, fiables et
transparentes » que de noms et « une vie politique
apaisée » lorsque toute manifestation ou contestation est
étouffée. Son effectivité dépend de
l'émergence d'une culture démocratique, c'est-à-dire
l'appropriation des valeurs démocratiques de tolérance et de
dialogue par les citoyens, mais en premier lieu par les autorités du
pays. C'est en cela que la Francophonie doit jouer son rôle en
dénonçant sans faux fuyant les manquements à la
démocratie et à l'état de droit grâce à
l'appui de son réseau et des instituts de recherche et d'études
dans les pays. Comme nous le mentionnions, l'un des objectifs de la
Francophonie inscrit dans sa Charte est « d'aider à la
prévention, à la gestion et au règlement des
conflits156(*) ». Dans l'optique de préserver et
de gérer les conflits et crises, il est nécessaire de comprendre
leurs origines et s'attaquer à leurs causes profondes. Or, à
l'analyse des conflits qui minent l'espace francophone, les causes tirent leur
source dans la mauvaise gouvernance politique et économique. Outre, le
déficit de culture démocratique, la mauvaise gestion des affaires
publiques, le népotisme, la corruption, la gestion clanique des affaires
publiques et la mauvaise redistribution des ressources ou richesses, sont le
lot quotidien des pays francophones d'Afrique. En déclarant
« que la prévention des crises et des conflits repose aussi
sur la sécurité de l'individu, la satisfaction de ses besoins
vitaux, notamment ceux de vivre en paix, le respect de tous ses droits, y
compris le droit au développement, toutes exigences conditionnées
par l'existence d'un Etat de droit démocratique157(*) » la Francophonie
a opté pour une approche globale. Elle doit donc mener des actions de
prévention non seulement au niveau politique lié à la
démocratie mais surtout dans le domaine de la gestion de la chose
publique cause de multiples conflits. La présence massive de pays
africains dans le groupe des pays les moins avancés doit être une
de ses préoccupations. Elle doit s'engager dans une large acceptation du
développement et mettre l'accent sur l'aspect de politique
économique de ces pays car les pays pauvres et fragiles sont le
sanctuaire des conflits.
La francophonie doit veiller à renforcer son
mécanisme de prévention de conflits pour le rendre plus efficace
et opérationnel. Cela passe d'abord par le renforcement des
capacités en ressources de la structure en charge de la collecte des
informations. Elle doit étendre son réseau d'information en se
référant plus aux centres d'études. Ensuite, l'OIF doit
songer à consolider la démocratie, qui ne doit plus être
perçu seulement sous son aspect politique mais aussi sous celui de la
gestion de la chose publique.
PARAGRAPHE II :
PARTICIPATION PLUS ACTIVE DANS LA RESOLUTION DE CONFLITS
A) Amélioration de
la coopération avec les autres organisations
La prévention et la résolution des conflits sont
inclues dans le mode de fonctionnement de plusieurs organisations. De l'ONU
à l'UA en passant par les organisations sous régionales (CEDEAO,
SADC, CEN-SAD), toutes participent à la recherche de la paix en cas de
crise dans un état membre. Ainsi, les pays se retrouvent être
membres de plusieurs organisations intervenant dans le règlement
pacifique des conflits, particulièrement par la médiation. Dans
ce contexte, le principe de coopération prôné par l'OIF
avec les autres organisations est la meilleure approche. Car très vite
les conflits directs entre protagonistes peuvent « se doubler d'un
conflit indirect entre les médiateurs158(*) » comme ça souvent
été le cas dans la crise ivoirienne.Ainsi, l'intervention de
l'OIF « ne doit en aucun cas chevaucher les actions entreprises par
d'autres organisations, dès lors qu'elles sont déjà
engagées dans un processus de médiation159(*) », mais dans une
démarche complémentaire. De ce fait, l'OIF doit amener les Etats
et les gouvernements à s'approprier de son mécanisme de
prévention et de gestion de conflit, surtout en publiant ces actions de
médiations et de facilitation auprès de la société
civile et des autres organisations et en définissant clairement son
cadre d'intervention et de coopération.
B) Une politique de sanctions élargie et plus
coercitive
Face à l'ampleur des conflits, aux violations des
droits de l'Homme et en l'absence de l'état de droit, l'OIF doit
élargir sa politique de sanctions à d'autres domaines et acteurs
et les rendre plus coercitives. En effet, la démocratie ne doit pas se
résumer seulement en l'existence formelle d'institutions, mais plus en
la pratique de la démocratie. Donc, la rupture de la démocratie
prônée par l'organisation ne doit pas s'entendre uniquement par un
coup d'état. Quelle est la réaction de l'OIF devant un pouvoir
qui brime son opposition et où les leaders sont
emprisonnés ? En effet, La plupart des pays d'Afrique membre de
l'OIF sont confrontés à des élections tronquées, au
musèlement de la presse et de l'opposition et à un
harcèlement des défenseurs de droits de l'homme. Face à
cette situation, l'OIF doit porter un regard attentif sur la pratique de la
démocratie et pouvoir sanctionner les états ou gouvernements qui
ne respectent pas leurs engagements.
Quant aux conflits en Afrique francophone, plusieurs
écrits ont dénoncé l'implication de certains pays voisins.
L'OIF doit intégrer cette situation dans sa démarche et appeler
publiquement les pays francophones à ne pas participer à la
déstabilisation de leurs voisins. D'où la nécessité
de la création d'un état-major au sein de son système
d'alerte précoce et la multiplication des études sur les conflits
par les centres et instituts de recherche. En outre, pour la
crédibilité de son action, l'OIF doit publier la pratique des
droits de l'Homme dans son espace et prendre des sanctions contre les
« mauvais élèves ».
Dans sa démarche de résolution de conflit, l'OIF
doit avoir une participation plus active en renforçant ses
mécanismes déjà mis en place. Celle-ci doit consister
d'une part en une amélioration de sa coopération avec ses
partenaires en définissant clairement son cadre d'intervention et de
coopération. Mais aussi, elle doit convaincre les Etats et les
gouvernements à s'approprier de son mécanisme de
prévention et de gestion de conflit.
CONCLUSION
En intervenant dans la médiation en Côte
d'Ivoire, l'OIF a déployé sa batterie d'actions contenue de la
Déclaration de Bamako et dans sa Charte. Certes, l'organisation
n'était pas à sa première mission de paix, mais
l'étude de cette crise a permis de déceler quelques failles dans
son action dues, à la mise en oeuvre de son mécanisme de
prévention et de réaction, à son organisation interne et
au contexte de médiation multiple, synonyme de jeu
d'intérêts divergents.
En effet, l'éclatement de la crise en Côte
d'Ivoire en septembre 2002 peut être considéré comme un
échec de son mécanisme d'alerte et de prévention. Avec
l'adoption de la Déclaration de Bamako, l'OIF disposait d'une panoplie
d'instruments lui permettant de prévenir toute crise. Pourtant, depuis
1993, la Côte d'Ivoire est entrée dans une zone de crises à
répétition dont le pic a été atteint avec le
premier coup d'état de 1999. Les élections de 2000
sensées, ramener la paix et la tranquillité ont contribué
à exacerber les clivages et les tensions. L'OIF a suivi de près
cette situation antérieure, puisqu'elle a condamné le coup
d'état de 1999, exiger le retour à l'ordre constitutionnel et
dépêcher « une mission d'information et de consultation
conduite par le président Emile-Derlin Zinsou160(*) ».
Donc l'OIF a manqué d'anticipation et d'initiative dans
la prévention d'un conflit latent su de tous. Mais aussi, elle a
accusé un long délai avant de réagir. Malgré la
volonté affichée par le Secrétaire général,
la médiation a été confrontée au sempiternel manque
de moyens financiers, mais aussi de ressources humaines pour faire face
à cette impérieuse et longue mission de médiation.
Le financement des activités de la médiation de
l'OIF est un problème crucial et qui soulève souvent des
polémiques. D'une part la modicité de ces moyens joue sur sa
crédibilité vis-à-vis des autres organisations. D'autre
part, le fait de recourir ou d'avoir un principal bailleur de fonds est sujet
à des interprétations selon lesquelles la Francophonie sert
« les intérêts de ceux qui baillent les fonds161(*) » ou
« la main qui donne, ordonne ». Mais il faut le reconnaitre
cet apport de la France vient compenser le défaut de cotisation de
plusieurs membres et permet à la Francophonie de se hisser comme un
acteur incontournable dans les relations internationales. Toutefois, il
convient d'indiquer que les conflits de leadership et les jeux d'influence des
médiateurs ont contribué à rendre peu visible l'action de
médiation de la francophonie dans la crise ivoirienne et cela est aussi
favorisée par son choix d'intervenir en
complémentarité.
Au vu de ce qui précède, nous pouvons affirmer
à la suite de notre hypothèse que l'action de la francophonie a
été quelque peu contrariée par son dysfonctionnementmais
aussi par le contexte de la médiation qui a étouffé son
action.
Pourtant, l'OIF a sa place dans la médiation et doit
l'affirmer, à cause de sa particularité.Pour ce faire, elle doit
engager une réforme de son mécanisme en tenant compte de
l'évaluation globale du contexte des conflits en Afrique francophone au
sud du Sahara.
Organisation culturelle à dimension politique, elle a
une démarche qui allie la société civile et les Etats
à ses prises de décisions. La Francophonie connait mieux la
sociologie des peuples dont les pays sont en crise, du fait de son avantage
culturel et linguistique et de son réseau de médiateurs
expérimentés dont elle dispose. La francophonie doit poursuivre
son oeuvre parce que sa médiation ne vise pas à imposer une
solution comme le font plusieurs organisations, mais elle
« facilite » prend en compte toutes les sensibilités
et laisse le choix aux parties de trouver une solution consensuelle. Toutefois,
elle gagnerait à entamer une réforme, un
réaménagement de son dispositif pour l'adapter à la
nouvelle nature des conflits et tirer leçons de ses expériences
passées, en renforçant son mécanisme de prévention
et de suivi et en s'affirmant de manière plus active dans la recherche
de la paix aux côtés des autres organisations et dans son
imposition des sanctions.
CONCLUSION GENERALE
A l'issue de notre travail, nous pouvons indiquer que la crise
qui a secoué la Côte d'Ivoire de 2002 à 2010 a
mobilisé la communauté internationale au chevet du pays. Que ce
soit l'organisation universelle (ONU), régionale (UA), sous
régionale (CEDEAO) et géoculturelle (OIF), chacune selon ses
mécanismes et méthodes, a joué sa partition dans la
médiation de la crise ivoirienne.Mais, particulièrement quel a
été l'apport de la Francophonie dans cette
médiation ? Car notre démarche vise à répondre
à cette interrogation.
La fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin ont
marqué considérablement l'histoire des relations internationales.
En Afrique, ces faits ont coïncidé avec les processus de
démocratisation entachés de violence et une montée en
puissance des guerres et conflits intra étatiques. Plusieurs facteurs
sont mis en cause dans ces conflits, allant des conditions
socio-économiques des pays, à la mauvaise répartition des
richesses, à la confiscation du pouvoir et au manque de culture
démocratique. L'Afrique francophone n'est pas épargnée par
ce lot de conflits qui plombent son développement.
Cette situation ne peut laisser indifférente la
communauté internationale qui a pris des mesures depuis la fin de la
seconde guerre mondiale pour résoudre les conflits. « Ces
mesures ont évolué au cours des dernières années,
tant en ce qui concerne les concepts, la méthodologie et les moyens, que
les modalités de la coopération internationale sur ce
terrain162(*) ».
En dépit du caractère complexe des conflits
survenus dans l'espace francophone depuis les années 1990, la
méthode la plus utilisée est celle du règlement pacifique
par la médiation et dans un cadre de coopération.
L'OIF, qui a décidé d'accompagner ses membres
dans les processus de démocratisation, s'est imposée au fil des
années, comme un acteur majeur de résolution des
conflits.Organisation à vocation technique et culturelle, la
Francophonie a exprimé sans aucune ambigüité son ambition
politique. Elle a donc accompagné les processus de
démocratisation dans les pays africains francophones depuis 1990, et
plus tard,elle s'est dotée d'un système institutionnel permettant
de répondre à leurs besoins.
Depuis lors, l'organisation est sollicitée pour
participer à la résolution des conflits qui éclatent chez
ces membres. Les Déclarations de Bamako et de Saint Boniface sont venues
renforcer son mécanisme, et placent le règlement des conflits et
la consolidation de la paix au centre des préoccupations de la
Francophonie depuis 2000. En effet, la multiplication des crises a rendu
nécessaire le développement et l'adaptation aux nouvelles
contingences des dispositifs de prévention et de médiation.Ainsi,
l'OIF joue différents rôles dans la résolution des conflits
en utilisant plusieurs moyens.
En intervenant dans la médiation de la crise
ivoirienne, la Francophonie a su apporter sa contribution faite de diplomatie
douce et d'appui à la consolidation des institutions. Cela s'est
manifesté d'abord par une déclaration des instances condamnant la
tentative de coup d'état et par l'envoi d'un envoyé
spécial, nommé plus tard Représentant spécial du
Secrétaire général. A cela, il convient d'ajouter les
visites du Secrétaire général aux protagonistes et
à tous les acteurs de la crise ivoirienne. Ensuite, l'OIF a
apporté son soutien au renforcement des institutions de la gouvernance
démocratique et aux médias et sollicité une appropriation,
par les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, des normes et
engagements internationaux et francophones. Ces missions de la Francophonie
visent donc à entretenir le contact permanent avec les
belligérants et tous les acteurs de la vie socio-politique afin de
trouver une solution pacifique et consensuelle qui garantit les droits de
l'Homme et une vie politique apaisée. En outre, elle a
siégé au sein des comités internationaux de suivi mis en
place lors des différents accords de paix signés.
Toutefois, notre étude a permis de relever les
difficultés rencontrées dans la médiation de la
Francophonie. D'abord, dans la pratique de son mécanisme
(prévention/réaction) et du déphasage qui existe entre ses
ambitions et ses moyens. En effet, la modicité des moyens
alloués à ce programme « paix, démocratie et
droits de l'Homme » et le manque d'appropriation de ces actions par
ces états membres jouent sur la crédibilité de l'OIF vis
à vis de ses partenaires. Ensuite, dans le cadre de coopération
et de partage d'expériences, où plusieurs médiateurs sont
appelés à jouer un rôle. Car, la multiplicité et la
diversité des initiatives posent plutôt la question cruciale de la
coordination ou harmonisation des intervenants, et elles sont parfois source de
compétition entre les médiateurs qui vont vouloir tirer profit de
leur intervention.
Au regard de notre étude, nous pouvons affirmer que
l'apport dela Francophonie dans la médiation de la crise ivoirienne
reste marginale et mitigée. Son apport n'a pas été
à la hauteur des espoirs quant à la prévention et au
règlement des conflits, et l'action de l'OIF est souvent tributaire de
son secrétaire général.
En dépit de ces insuffisances, la médiation de
la Francophonie a encore de beaux jours devant elle, dans son espace. Car loin
d'imposer des solutions comme pour la plupart des organisations, l'OIF facilite
aux côtés de protagonistes, la recherche de solutions
consensuelles. Toutefois, tirant les leçons des expériences des
crises et conflits, l'OIF doit être à mesure de procéder
à des réformes de son mécanisme de prévention et de
suivi pour une meilleure application sur le terrain et surtout en l'adaptant
à la nouvelle nature des conflits. En effet, l'étude de plusieurs
cas de conflits dans l'espace francophone indique leur nature
transfrontalière. L'OIF doit prendrecompte l'environnement des conflits
dans son espace en créant un état-major de liaison, comme l'a
souligné Babacar Gaye, ancien chef d'état-major du
Sénégal. Une autre voie que la Francophonie doit explorer est
celle d'associer des expertises des autres pays membres de l'organisation hors
des zones de conflits.Car de tout temps, son approche est de privilégier
des personnalités proches des zones de conflits, surtout africaine.
Quant à son mécanisme de prévention de
conflits, elle doit veiller à le rendre plus efficace et
opérationnel. Cela passe par le renforcement des capacités en
ressources de la structure en charge de la collecte des informations. Mais
aussi, l'OIF doit étendre son réseau d'information en se
référant plus au centre d'études. En outre, l'OIF doit
songer à une définition plus claire des concepts
déclenchant son action, surtout au niveau de la rupture de
démocratie. Elle ne doit pas limiter cette rupture au seul coup
d'état, mais doit se pencher sur la pratique de la démocratie et
la gestion de la chose publique, souvent à la base des coups
d'état.
Pour conclure, nous nous interrogeons pourquoi l'OIF ne se
positionne pas comme une puissance d'influence dans sa fonction
sécurité, à l'image de son rôle joué pour
l'adoption de la résolution sur la diversité culturelle. Car,
quelle approche de prévention et de gestion de conflits la Francophonie
doit-elle adopter à l'heure des guerres asymétriques?
SOURCES
DOCUMENTS DE L'OIF
1) Chartes de Hanoï et de Antananarivo
2) Communiqué de presse de l'oif, Paris, le 29 mars
2004 CP/SG/JT/408/04
3) Communiqué de presse -Paris, le 2 avril 2004,
CP/SG/JT/409/04,
4) Conférence ministérielle de la Francophonie
18e session - Lausanne,
les 12 et 13 décembre 2002
5) Conférence ministérielle de la Francophonie
20e session - Ouagadougou,
le 24 novembre 2004
6) Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000 sur le
bilan des pratiques de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace francophone
7) Déclaration de Saint Boniface du 14 mai 2006 sur la
prévention des conflits
et la sécurité humaine
8) Réunion du Comité ad hoc consultatif
restreint sur la Côte d'Ivoire
Paris, 17 décembre 2002
9) Résolution sur la Côte d'Ivoire, du 26 au 27
novembre 2004,
au Sommet de Ouagadougou
AUTRE DOCUMENT
Accord politique Ouagadougou, du 04 mars 2007
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
ABDOU Diouf, Passion francophone, discours et
interventions 2003-2010, Bruxelles, Bruylant, 2010, 308 p.
ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations,
Paris, Calmann-Lévy, 1984, 103 p
BEAUD Michel, L'art de la thèse : Comment
préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse
de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du
Net, Paris, La Découverte, Collection : Grands repères,
2006, 202 p.
BIYOGUE-BI-NTOUGOU Jean Delors, Les politiques africaines de
paix et de sécurité, Paris, L'Harmattan, 2010, 210 p.
BOUTROS Broutos-Ghali, Secrétaire général
de l'OIF, Emanciper la francophonie, Paris, L'Harmattan, 2002, 292
p.
DAVID Charles-Philippe, La guerre et la paix : Approches
contemporaines de la sécurité et de la stratégie,
Paris, Presses de Sciences Po, Collection, Les Manuels de Sciences Po, 2006,
464 p.
DEREUMAUX René-Maurice, L'organisation
internationale de la Francophonie, l'institution internationale au 21è
siècle, Paris, L'Harmattan, 2008, 155 p.
DEVIN Guillaume, Faire la paix : la part des
institutions internationales, Paris, Presses de Sciences politiques,
Références 2009, 272 p.
FWELEY Diangitukwa, Méthodologie du mémoire
et de la thèse, l'art d'écrire un travail de recherche,
Paris, Presses Académiques Francophones, Collections du savoir, 2012,
156 p.
GUILLAUME-HOFNUNG Michèle, La médiation,
Paris,Presses Universitaires de France, 2009, 128 p.
HAERI Paul, De la guerre à la paix, Pacification et
stabilisation post-conflit, Stratégies et doctrines, Paris,
Economica, 2008, 269 p.
BULL Hedley, The anarchical society : A study of
order in word politics, New York, Columbia university press, 2012, 368
p.
LIEGEOIS Michel, Maintien de la paix et diplomatie
coercitive, l'organisation des Nations Unies à l'épreuve des
conflits de l'après-guerre froide, Bruxelles, Emile Bruylant, 2003,
236p.
MARRET Jean-Luc, La fabrication de la paix,
Paris,Ellipses market, Collections Perspectives Stratégiques, 2001,
158 p.
TARDY Thierry, Gestion de crise, maintien et consolidation
de la paix, Acteurs, activités et défis. Paris, De Boeck
Supérieur, Crisis 2009, 286 p.
VALANTIN Christian, Une histoire de la Francophonie
(1970-2010), Paris, Belin, 2010,260p.
SOPPELSA (Jacques), Les sept défis capitaux du
nouvel ordre mondial, Géopolitique du monde contemporain,
Paris, A2C médias, La Société des
idées, 2009, 188 p.
Ouvrages collectifs
BADIE Bertrand et DEVIN Guillaume, le
multilatéralisme, nouvelles formes de l'action internationale,
Paris, La découverte, 2007, 204 p.
BADJI Mamadou et al, Francophonie et les relations
internationales : Géopolitique de la Francophonie, Paris,
Editions des archives contemporaines, 2009, 98 p.
BARRAT Jacques et MOISEI Claudia, Géopolitique de la
Francophonie. Un nouveau souffle ? Paris, La Documentation
française, Les études de la documentation française, 2004,
160 p.
BERCOVITCH Jacob.& RUBIN, J. Z., eds., 1992.Mediation
in international relations: Multiple approaches to conflict management.
Basingstoke: Macmillan; New York: St. Martin's Press.
CHATTON Pierre-François et MAZURYK BAPST Joanna, le
défi francophone, Bruxelles, Emile Bruylant, 1991, 157 p.
GUILLOU Michel et PHAN Thi Hoai Trang, La Francophonie sous
l'angle des théories des Relations internationales, Paris, Iframond,
2008.
GUILLOU Michel et ali, Les entretiens de la francophonie
2001-2003, pistes pour aller de l'avant, Paris, Alpharès, 2004
PHAN Trang et GUILLOU Michel, Francophonie et
mondialisation, Tome 1 :Histoire et institutions : des
origines à nos jours. Paris, Belin 2011, Paris, 471 p.
PHAN Trang, GUILLOU Michel et DUREZ Aymeric, Francophonie
et mondialisation, Tome 2 : Les grandes dates de la construction de la
Francophonie institutionnelle. Paris, Belin 2012, 160 p.
VETTOVAGLIA Jean-Pierre (dir.), Médiation et
facilitation dans l'espace francophone: Théorie et Pratique, Tome
1, Bruxelles, Bruylant, 2010, 911 p.
Chapitres d'ouvrage collectifs
DESOUCHES Christine « Médiation et
Francophonie : principes, démarche et pratique » in
Jean-Pierre VETTOVAGLIA (dir.) Médiation et facilitation dans
l'espace francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Bruxelles,
Bruylant, 2010, p.279-328.
KRIESBERG (Louis) «The growth of the Conflict Resolution
Field», in Chester A. CROCKER et alii, Turbulent peace: The Challenges
of Managing International Conflict, Washington: United States Institute of
Peace Press, 2001, p. 407-426.
LAKHDAR Brahimi et AHMED Salman, « Les sept
péchés capitaux de la médiation », in
Jean-Pierre VETTOVAGLIA (dir.) Médiation et facilitation dans
l'espace francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Bruxelles,
Bruylant, 2010, p. 114-132,
MAILA Joseph « Y a-t-il une
spécificité de la médiation en
Francophonie ? » in Jean-Pierre VETTOVAGLIA (dir.)
Médiation et facilitation dans l'espace francophone: Théorie
et Pratique, Tome 1, Bruxelles, Bruylant, 2010, p.342-346
NTOLE Kazadi, La médiation de la Francophonie en
Côte d'Ivoire (2002-2007), dans Jean-Pierre Vettovaglia (dir.),
Médiation et facilitation dans l'espace francophone, vol. 1,
Bruxelles, Bruylant, 2010, p. 427-437,
TENENBAUM (Charles), « La médiation des
organisations intergouvernementales » in DEVIN Guillaume, Faire
la paix : la part des institutions internationales, Paris, Presses de
Sciences politiques, Référence, 2009, p. 101-131.
ZAKANE Vincent, Les médiations du Burkina
Faso, dans Jean-Pierre Vettovaglia (dir.), Médiation et
facilitation dans l'espace francophone, vol. 1, Bruxelles, Bruylant, 2010,
p. 69-72, Bruxelles
ZARTMAN (William), La politique étrangère et
le règlement des conflits in Frédéric CHARILLON
(dir.), Politique étrangère : Nouveaux regards, Edition:
Presses de Sciences Po, 2002, pp. 275-299, Paris.
Articles de périodique
AZAM Jean-Paul, « Une théorie
institutionnaliste de la prévention des conflits appliquée au cas
nigérian », Revue française d'économie.
Volume 23 N°3, 2009. p. 181-211.
http://www.persee.fr/web/revues,
consulté le 24 mars 1954 ko
BAMBA Abdoulaye, « L'africanisation du
règlement des conflits : mythe ou réalité ? Le cas des
médiations africaines en Afrique de l'Ouest francophone
(2000-2010) », Perspectives Internationales, n° 3,
janvier-juin 2013, p. 70-88
BANEGAS Richard et RUTH Marshall-Fratani, « Côte
d'Ivoire, un conflit régional ? », Politique africaine
2003/1 (N° 89), p.5-11.
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2003,
consulté le 23/05/2015, 108 ko
BERCOVITCH (Jacob), «Mediation Success or
Failure: A Search for the Elusive Criteria», Cardozo Journal of
Conflict Resolution, Vol. 7, 2006, p. 289-302
DAVID Ambrosetti et YVES Buchet de Neuilly, « Les
organisations internationales au coeur des crises », Cultures
& Conflits n°75 automne 2009, p.7-14,
http://conflits.revues.org/17680,
consulté le 12 février 2015,190 ko
MACLEOD Alex, MASSON Isabelle et MORIN David, «
Identité nationale, sécurité et la théorie des
relations internationales », Études internationales, vol.
35, n° 1, 2004, p. 7-24,
http://id.erudit.org/iderudit/008445ar,
consulté le 10 mai 2015, 186 ko
ERO Comfort, MARSHALL Anne et MARCHAL Roland, « L'ouest
de la Côte d'Ivoire : un conflit libérien ? », Politique
africaine, 2003/1 N° 89, p. 88-101.
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2003.
131ko, consulté le 23/05/2015
ERSU Laurent, « La crise ivoirienne, une intrigue franco-
française », Politique Africaine, N° 107, p
85 - 104.
FAGET Jacques « Les métamorphoses du travail
de paix : État des travaux sur la médiation dans les conflits
politiques violents », Revue française de science
politique, Vol. 58, N°2, avril 2008, p. 309-333
HANDY Simon P.Alain et CHARLES Toussaint, « L'Accord
politique de Ouagadougou. Vers une sortie de crise pérenne en Côte
d'Ivoire ? », AFRI 2008, Volume IX, 23 juillet 2008, Centre
Thucydide
KLEIBOER (Marieke), «Understanding Success and Failure of
International Mediation», The Journal of Conflict Resolution,
Vol. 40, No. 2, June 1996, p. 360-389.
MAILA Joseph, « La notion de crise en Francophonie :
entre dispositif normatif et traitement politique », La Revue
Internationale des Mondes francophones. N°2 Printemps-Eté
2010, p 17
MASSIE Justin et MORIN David, « Francophonie et
opérations de paix. Vers une appropriation
géoculturelle », Etudes internationales, vol.42,
n°3, 2011 p.313-336,
http://id.erudit.org/iderudit/1006220ar,
consulté le 08 janvier 2015, 427ko.
RAMEL Frédéric,
«Task-sharing and peace operations: the role of the Organisation
internationale la Francophonie «International Peacekeeping,
19/3/2012, p. 301-315
ROUSSEL Stéphane, « l'insertion de la
coopération et des institutions internationales dans la logique de
l'anarchie, GLOBE, revue de recherche et d'études universitaires en
sciences politiques, n°5 Hiver 1995, p.51-94
SADA Hugo, « L'OIF, nouvel outil de
prévention des conflits, Un dispositif en faveur de la gestion et de la
prévention des conflits en plein développement »,
Revue Internationale et Stratégique, N°78, p 101, Automne
2008.
SMITH Stephen, « La politique d'engagement de la France
à l'épreuve de la Côte d'Ivoire », Politique
africaine, 2003/1 (N° 89), p.112-126.
http://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2003
., consulté le 23/05/2015, 139ko.
THERIEN Jean-Philippe, « Co-operation and Conflict
in la Francophonie », International Journal, vol. 48,
no 3, 1993, p. 492-526.
YORO (Koné), « Vers un Système d'Alerte
Précoce adapté », Revue internationale et
stratégique 2008/3 (n° 71), p. 117-119.
http://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2008-3-page-117.htm,
consulté le 10 juin 2015,130ko
Rapports et autre documents
BALDE Hassatou, « Les mécanismes de
préventions, de gestion et de règlement des conflits des
organisations africaines », Actualités et Droit international,
août 2001,www.ridi.org/adi, consulté 08 janvier 2015, 42ko
DIECKHOFF Milena, « La médiation internationale
dans la résolution des conflits : un regard théorique" Fiche
n° 6 de l'IRSEM, janvier 2011,
http://www.irsem.defense.gouv.fr/
consulté le 6 janvier 2015, 14 p., 706 ko
Directives des Nations Unies pour une médiation
efficace, « Renforcement du rôle de la médiation dans le
règlement pacifique des différends et la prévention et le
règlement des conflits » (A/66/811, 25 juin 2012),
www.peacemaker.un.org,
consulté le 06 avril 2015,555ko
DÉVÉRIN Yveline, « Crise ivoirienne:
du bon usage de la médiation »,
http://www.pambazuka.org/fr/category/features/35125,
consulté le 22 mars 2015, 141ko
DJEBBI Sihem, « Les complexes régionaux de
sécurité» Fiche de l'Irsem n° 5, mai 2010,
http://www.irsem.defense.gouv.fr/, consulté le 12 février 2015
Francophonie : agir pour prévenir. Rapport du
panel d'experts de haut niveau sur la problématique du passage de
l'alerte précoce à la réaction rapide. Paris, le 3
septembre 2010,
www.francophonie.org,
téléchargé le 12 janvier 2015, 389 ko
GUIBLA Charles Joseph, Rôle de la francophonie dans
la promotion de la paix en Afrique, Ecole Nationale d'Administration et de
Magistrature - Rapport de stage 2011
GRAMIZZI Claudio : « La paix s'éloigne de
Côte d'Ivoire », Note d'analyse, Groupe de recherche
et d'information sur la paix et la sécurité [GRIP], 10 novembre
2004, http://www.grip.org/bdg/g4554.html
HEWANE SEREQUEBERHAN, « La politique de la France
à l'égard des conflits en Afrique depuis 2002, une politique
à tâtons », Centre Thucydide de l'Université
Panthéon-Assas (Paris II, France)
L'avenir des OMP dans l'espace francophone :
« Les pays francophones et le maintien de la paix : défis
politiques et opérationnels », Compte-rendu du 4ème et
dernier séminaire du cycle. New York, 10-11 octobre 2013,
www.francophonie.org,
téléchargé le 06 janvier 2015, 310 Ko.
LIÉGEOIS Michel « Le rôle des
organisations régionales dans le maintien de la paix et de la
sécurité Internationales, Éléments pour une
approche comparative », 4ème Congrès des Associations
francophones de Science politique, Bruxelles, 20-22 avril 2011
ORGANISATION Internationale de la Francophonie, Rapport du
Secrétaire général de la Francophonie,
« l'action politique et diplomatique » 2010-2012,
www.francophonie.org,
consulté le 05 février 2015, 14966 ko
MAERTENS Lucile, « Les opérations de maintien de
la paix de l'ONU : doctrine et pratiques en constante évolution »
Fiche de l'Irsem n°30, Mai 2013, p.12
www.defense.gouv.fr/irsem
téléchargé le 12 février 2015
Médiation internationale, actes de la deuxième
retraite organisée par l'organisation internationale de la Francophonie
CENTRE DE POLITIQUE DE SÉCURITÉ DE GENÈVE 21-22 NOVEMBRE
2012
RAMEL Frédéric « Penser la profondeur
stratégique francophone » dans Francophonie et Profondeur
stratégique,www.defense.gouv.fr/irsem, Etudes de l'irsem, 2013,
n° 26, p.9 téléchargé le 12 février
2015.
Retraite sur la médiation de la francophonie :
synthèse, conclusion et recommandations. Génève, 15-17
février 2007,
www.francophonie.org,
téléchargé le 11 janvier 2015, 331 ko
TARDY Thierry, « Crises et conflits internationaux,
l'intervention dans les années quatre-vingt-dix : réflexions
autour d'un concept évolutif »,AFRI
www.afri-ct.org/IMG/pdf/tardy,
téléchargé 08 janvier 2015, 172ko
VETTOVAGLIA Jean-Pierre, « Prévention des
conflits africains », exposé le 28/02/2014 à l'2IF
(ex-IFRAMOND),
www.francophonie.org,
téléchargé le 08 janvier 2015, 240 Ko
Audio et vidéo
DEVIN (Guillaume) « un seul monde :
l'évolution de la coopération » publié aux
éditions du CNRS, écouté le 06 avril 2015 sur
www.youtube.com/watch,
9mn.
Thèses et Mémoires
https://catalogue.univ-lyon3.fr
AGBOBLY-ATAYI (Amévi) : L'organisation
internationale de la francophonie en matière de prévention, de
gestion et de règlement des crises et conflits en Afrique subsaharienne
francophone : cas de la république démocratique du Congo, du
Tchad, de la Côte d'Ivoire et du Togo, Thèse de doctorat, Sciences
politiques, Ecole doctorale de droit, Lyon 3, 2011, 572 p.
NGARLEM
(Evariste): La francophonie et la résolution des conflits :
réflexion sur la notion de tiers, Thèse de doctorat, Sciences
politiques, Ecole doctorale de droit, Lyon 3, 2012, 396 p.
TASSE (Rodrigue) : Francophonie et médiation des crises
politiques en Afrique francophone: le cas de Madagascar, Mémoire de
Master II en Science politique option Relations Internationales. Institut des
Relations Internationales du Cameroun et en cotutelle avec l'Université
Jean Moulin de Lyon 3, 2012, 120.p
Hassatou BALDE, « La coordination entre l'ONU et les
Organisations régionales africaines dans la gestion de la Paix
», janvier 2005, Thèse pour l'obtention du grade de docteur de
l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en Droit international
public et Européen, T. 1, p. 509,
www.ridi.org/adi/200108
SITOGRAPHIE
http://www.persee.fr
http://www.cairn.info
conflits.revues.org
http://id.erudit.org
www.ridi.org/adi
www.irsem.defense.gouv.fr
www.francophonie.org
www.grip.org
www.defense.gouv.fr
ANNEXES
ANNEXE I : CARTE ET TABLEAUX
Figure 2 : Division du pays en zones
gouvernementale et rebelles
Tableau 1 : Budget global de la Francophonie
et de ses opérateurs (en million d'euros)
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
OIF
|
75,6
|
76,5
|
83,1
|
83,4
|
83,4
|
79,3
|
84,8
|
AUF
|
32,2
|
48,4
|
49,9
|
41
|
41
|
40,5
|
40,0
|
AIMF
|
2,8
|
4,1
|
4,9
|
5
|
6
|
7
|
7,4*
|
Université
Senghor
|
2,2
|
2,5
|
2,7
|
2,2
|
2,4
|
2,2
|
2,5
|
TV5
|
85,1
|
82,2
|
83,5
|
88,7
|
91
|
89,8
|
92,6
|
TOTAL
|
197,9
|
213,7
|
227,1
|
220,3
|
223,8
|
218,8
|
227,3
|
*L'Association internationale des Maires francophones
reçoit, outre des financements du FMU à hauteur de 4.4 millions
d'euros, 3 millions d'euros complémentaires venant des villes membres et
d'autres bailleurs de fonds dont l'Union européenne
Sources : Rapports du
secrétaire général de la Francophonie ; projets de
loi de finances françaises (Sénat) ; sites officiels de
l'OIF et des opérateurs directs, dans PHAN (Trang) et al,
Francophonie et mondialisation, Tome 1 :Histoire et
institutions : des origines à nos jours. Editions : Belin
2011, Paris, p.237
Tableau 3 : Pourcentage des contributions
françaises aux budgets 2008 de l'OIF et des
opérateurs directs (en million
d'euros).
Opérateurs directs
|
OIF
|
AUF
|
TV5 MONDE
|
AIMF
|
Université Senghor
|
Total Francophonie
|
Total budget
|
84,8
|
40,0
|
92,6
|
7,4
|
2,5
|
227,3
|
Contributions de la France
|
33,1
|
30,90
|
69,7
|
3,6
|
1,6
|
138,9
|
Pourcentage
|
39,0%
|
77,2%
|
75,3%
|
48,6%
|
64%
|
61,1%
|
Sources : Duvernois (Louis), Projet
de loi de finances pour 2010. Aide publique au
développement-Francophonie, Senat, 2009, Avis n°104
(2009-2010) ; sites officiels de l'OIF et des opérateurs directs,
dans PHAN (Trang) et al, Francophonie et mondialisation, Tome
1 :Histoire et institutions : des origines à nos jours.
Editions : Belin 2011, Paris, p.239
ANNEXE II :CHRONOLOGIE DE LA CRISE ET DES
MEDIATIONS
CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS EN COTE D'IVOIRE DE 2002 A
2010
Extrait du site :
http://www.defense.gouv.fr/operations
2002
19 septembre : tentative de coup
d'état à Abidjan. Bouaké et Korhogo passent sous
contrôle des rebelles.
22 septembre : lancement de
l'opération Licorne pour assurer la sécurité des
ressortissants étrangers dont 2 300 sont évacués de la
zone de confrontation. Le dispositif français est constitué
à partir du 43ème BIMa stationné à Abidjan et
renforcé.
29 septembre : la Communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) décide de
l'envoi d'une force de paix.
17 octobre : le président Laurent
Gbagbo signe un accord de cessation des hostilités avec le Mouvement
patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) de Guillaume Soro et demande à
la France d'assurer le contrôle du cessez le feu.
22 octobre : Licorne est renforcée
pour le contrôle du cessez-le-feu.
28 novembre : 2 nouveaux mouvements
rebelles - le Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest (MPIGO) et le
Mouvement pour la justice et la paix (MJP) - s'emparent de Man et Danané
dans l'Ouest du pays.
28 décembre : arrivée de
renforts français.
2003
3 janvier : début du déploiement
de la Mission de la CEDEAO en Côte d'Ivoire (MICECI).
24 janvier : signature des accords de
Linas-Marcoussis, qui prévoient le maintien au pouvoir du
Président Gbagbo et un gouvernement de réconciliation national
ouvert aux mouvements rebelles réunis au sein du mouvement des Forces
Nouvelles (FN).
4 février : résolution 1464 du
CSNU autorisant la CEDEAO et les forces françaises à assurer la
protection des civils menacés en soutien des accords de Marcoussis.
3 mai : mise en place de la zone de
confiance conformément aux accords de Linas-Marcoussis.
13 mai : résolution 1479
créant la mission des Nations Unies en Côte d'Ivoire (MINUCI).
25 août : 2 militaires de la force
Licorne sont tués lors d'une patrouille au lac Kossou.
2004
27 février : résolution 1528
décidant la création de l'opération des Nations Unies en
Côte d'Ivoire (ONUCI) en remplacement de la MINUCI et désignant
Licorne comme force en soutien de l'ONUCI.
25 mars : répression violente d'une
manifestation des marcoussistes, ouverture d'une enquête de l'ONU, les FN
et partis d'opposition se retirent du gouvernement.
4 avril : début du
déploiement de l'ONUCI qui doit compter plus de 6 000 hommes.
15 octobre : échec du processus de
désarmement, les FAFN exigent d'abord l'adoption des réformes
politiques.
4 novembre : les FANCI bombardent les
principales villes tenues par les FAFN.
6 novembre : un SU 25 bombarde un cantonnement
du GTIA français à Bouaké, 9 militaires français
sont tués et 31 blessés. Evacuation de 6 000 ressortissants.
Renforcement temporaire des effectifs de Licorne (+ 500 militaires) qui
atteignent 5 000 hommes.
15 novembre : résolution 1572
instaurant l'embargo des armes sur la Côte d'Ivoire.
2005
février: évolution de Licorne,
fermeture du GTIA Nord (Korhogo), les effectifs sont ramenés à 4
000 militaires.
6 avril : signature de l'accord de Pretoria qui
complète ceux de Marcoussis.
27 août : début du
démantèlement des milices progouvernementales.
8 novembre : première réunion
ministérielle du Groupe de Travail International (GTI) mandaté
par le CSNU pour suivre le processus de paix ivoirien.
2006
15 janvier : le GTI estime que le mandat
des députés qui a expiré n'a pas à être
prolongé. Violentes manifestations du 16 au 20 janvier des Jeunes
patriotes contre l'ONU. L'ONUCI réplique à une attaque à
Guiglo et Douakoué, tuant 5 assaillants, et quitte ces postes.
6 février : renforcement temporaire
de l'ONUCI avec une compagnie de la MINUL (Libéria).
mars-avril : redéploiement de
l'ONUCI dans l'Ouest du pays.
9 juin : résolution 1682
décidant le renfort de l'ONUCI (+ 1 025 hommes).
juin: les effectifs de Licorne sont
ramenés à 3 500 hommes avec un dispositif inchangé (3
GTIA).
juillet : lancement des audiences
foraines.
3 août : les FN suspendent leur
participation au dialogue militaire sur le DDR.
5 septembre : réunion à
Yamoussoukro des principaux responsables politiques ivoiriens, qui s'engagent
à poursuivre le dialogue.
20 septembre : réunion sur la crise
ivoirienne en marge de la 61ème Assemblée générale
des Nations Unies. Le report des élections, qui devaient avoir lieu
avant fin octobre, est confirmé.
2007
4 mars : signature de l'Accord politique de
Ouagadougou (APO) par Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.
mars : en coordination avec l'ONUCI,
ajustement de Licorne, fermeture du GTIA Est et renforcement du GTIA Centre.
Les effectifs sont ramenés à 2 900.
29 mars : Guillaume Soro est nommé
Premier ministre conformément à l'APO.
16 avril : démantèlement de
la zone de confiance, remplacée par une ligne verte avec des postes de
contrôle de l'ONUCI.
29 juin : attentat contre l'avion de Guillaume
Soro à Bouaké.
30 juillet : cérémonie des
Flammes de la paix à Bouaké, 1ère visite de Laurent Gbagbo
en zone FN.
août : Licorne renforce sa
capacité de force de réaction rapide en redéployant le
DetAir de Lomé (Togo) à Abidjan. Les moyens terrestres les plus
lourds sont désengagés, effectifs ramenés à 2 400
hommes.
25 septembre : reprise des audiences
foraines.
7 décembre : annonce de la
réorganisation du dispositif ONUCI suivant l'évolution favorable
de la situation sécuritaire, avec une réduction de ses emprises
de 44 à 24.
24 décembre : relance du processus
de désarmement des ex-combattants.
2008
15 janvier : résolution 1795 confiant au
Représentant spécial du secrétaire général
en Côte d'Ivoire, la certification du processus électoral.
janvier : Licorne ajuste ses effectifs
à la situation sécuritaire, concentre ses moyens sur 2 emprises.
Effectifs ramenés à 1800 hommes.
30 juillet : démantèlement du
dernier poste d'observation de l'ONUCI sur la ligne verte.
15 septembre : lancement des
opérations d'identification et de recensement électoral.
2009
12 janvier : le secrétaire
général de l'ONU recommande, dans son rapport trimestriel, la
réduction des effectifs de l'ONUCI de l'ordre d'un bataillon.
28 janvier : le parlement français
vote la prolongation de l'intervention française en Côte
d'Ivoire.
Eté : fin de la réorganisation de
la force Licorne : les effectifs sont passés à 900 hommes
déployés sur le camp de Port-Bouët.
2010
29 septembre : le CSNU adopte la
résolution 1942 autorisant le renforcement de l'ONUCI en vu des
élections.
31 octobre : 1er tour des élections
présidentielles ivoiriennes.
24 novembre : le CSNU adopte la
résolution 1951 autorisant la prolongation des renforcements et le
déploiement de moyens complémentaires en vu du 2nd tour des
élections.
28 novembre : 2nd tour des élections
présidentielles ivoiriennes.
2 décembre : la force Licorne
commence à participer aux patrouilles de l'ONUCI dans Abidjan, les
mesures de vigilance sont renforcées.
20 décembre : le CSNU adopte la
résolution 1962 qui exhorte au respect des résultats des
élections remportées par M. Ouattara et prolonge le mandat des
forces impartiales jusqu'au 30 juin 2011.
CHRONOLOGIE DES MEDIATIONS DANS LA CRISE
IVOIRIENNE
29 septembre 2002 : Sommet de la CEDEAO
à Accra (Accra I) : création d'un groupe contact
présidé par le Président Togolais Gnassingbé
Eyadéma
17
octobre : Signature d'un cessez-le-feu entre
le MPCI et l'armée ivoirienne sous l'égide du groupe de contact
de la CEDEAO
30 octobre 2002 : Début des
négociations à Lomé entre le gouvernement ivoirien et les
rebelles. L'OIF envoi l'ambassadeur Lansana Kouyaté, comme facilitateur
auprès des parties
Décembre 2002 : Echec des
négociations de Lomé
Du 15 au 23 janvier 2003 : A l'invitation
de la France, les partis politiques ivoiriens et les mouvements rebelles se
retrouvent à Linas-Marcoussis (Paris) pour des négociations, pour
aboutir à l'accord de Linas Marcoussis. L'OIF participe aux
négociations en tant que observateur.
25 au 26 janvier 2003 : Plusieurs Chefs
d'état se réunissent à Kléber, en présence
du secrétaire général de l'ONU, Kofi Anan et de celui de
l'OIF, Abdou Diouf afin de donner une onction internationale à l'accord
de Linas Marcoussis.
7 mars 2003 : les chefs d'État
africains de la
CEDEAO, réunis
à
Accra (
Ghana) parviennent à
faire signer aux représentants des différents partis de
Côte d'Ivoire et au président Gbagbo, les
Accords d'Accra
II sur la formation du gouvernement de réconciliation nationale
Les 29 et 30 juillet 2003 : les chefs
d'État africains de la
CEDEAO, réunis
à
Accra (
Ghana), parviennent à
faire signer aux représentants des différents partis de
Côte d'Ivoire et au président Gbagbo, les
Accords d'Accra
III. Ils reprennent les mesures des Accords de Marcoussis, et fixent un
calendrier de désarmement des milices paramilitaires et des rebelles.
Novembre 2004 : L'UA nomme Thabo
Mbéki, président de l'Afrique du sud, comme médiateur
6 avril 2005 : Signature de l'Accord de
Pretoria I
Juin 2005 : Accord de Pretoria II
Juillet 2005 : Thabo Mbéki annonce
la fin de sa médiation et demande à l'ONU de prendre le relais
Décembre 2006 : Le chef de
l'état ivoirien dans son adresse à la nation de fin
d'année annonce un dialogue direct avec les rebelles ivoiriens sous la
facilitation de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso
Janvier-Mars 2007 : Négociations
à Ouagadougou entre les représentants du Chef de l'Etat et les
Forces Nouvelles (rebelles)
4 mars 2007 : Signature de l'Accord
politique de Ouagadougou
ANNEXE III : DOCUMENTS DE
L'OIF
DECLARATION DE BAMAKO
Nous, Ministres et Chefs de délégation
des Etats et gouvernements des paysayant le français en partage,
réunis à Bamako pour le Symposium Internationalsur le bilan des
pratiques de la démocratie, des droits et des libertés
dansl'espace francophone ;
Nous fondant sur les dispositions de la
Charte de la Francophonie, qui consacrentcomme objectifs prioritaires l'aide
à l'instauration et au développement de la démocratie, la
prévention des conflits et le soutien à l'Etat de droit et aux
droits de l'Homme ;
Rappelant l'attachement de la Francophonie
à la Déclaration universelle des droits de l'Homme et aux Chartes
régionales, ainsi que les engagements des Sommets de Dakar (1989), de
Chaillot (1991), de Maurice (1993), de Cotonou (1995), de Hanoi
(1997) et de Moncton (1999) ;
Inscrivant notre action dans le cadre de la
Décennie des Nations Unies pour l'éducation aux Droits de l'Homme
(1995-2004) ;
Considérant l'action d'accompagnement
des processus démocratiques menée par la Francophonie ces dix
dernières années ;
Soucieux de progresser vers la
démocratie par le développement économique et social et
une juste répartition des ressources nationales pour un accès
égal à l'éducation, à la formation, à la
santé et à l'emploi ;
Souhaitant répondre à
l'objectif fixé au Sommet de Moncton, de tenir un Symposium
International sur le bilan des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone,
pour approfondir la concertation et la coopération en faveur de l'Etatde
droit et de la culture démocratique, et d'engager ainsi une étape
nouvelle dans le dialogue des Etats et gouvernements des pays ayant le
français en partage, pour mieux faire ressortir les axes principaux tant
de leur expérience récente que de leur spécificité
;
1- Constatons
· que le bilan des pratiques de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace francophone, au cours de ces
dix dernières années, comporte des acquis indéniables :
consécration constitutionnelle des droits de l'Homme, mise en place des
Institutions de la démocratie et de l'Etat de droit, existence de
contre-pouvoirs, progrès dans l'instauration du multipartisme dans
nombre de pays francophones et dans la tenue d'élections libres, fiables
et transparentes, contribution de l'opposition au fonctionnement de la
démocratie, promotion de la démocratie locale par la
décentralisation ;
· que ce bilan présente, aussi, des
insuffisances et des échecs : récurrence de conflits,
interruption de processus démocratiques, génocide et massacres,
violations graves des droits de l'Homme, persistance de comportements freinant
le développement d'une culture démocratique, manque
d'indépendance de certaines institutions et contraintes de nature
économique, financière et sociale, suscitant la
désaffection du citoyen à l'égard du fait
démocratique ;
2- Confirmons notre adhésion aux principes
fondamentaux suivants :
1. La démocratie, système de valeurs
universelles, est fondée sur la reconnaissance du caractère
inaliénable de la dignité et de l'égale valeur de tous les
êtres humains ; chacun a le droit d'influer sur la vie sociale,
professionnelle et politique et de bénéficier du droit au
développement ;
2. L'Etat de droit qui implique la soumission de l'ensemble
des institutions à la loi, la séparation des pouvoirs, le libre
exercice des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, ainsi que
l'égalité devant la loi des citoyens, femmes et hommes,
représentent autant d'éléments constitutifs du
régime démocratique ;
3. La démocratie exige, en particulier, la tenue,
à intervalles réguliers, d'élections libres, fiables et
transparentes, fondées sur le respect et l'exercice, sans aucun
empêchement ni aucune discrimination, du droit à la liberté
et à l'intégrité physique de tout électeur et de
tout candidat, du droit à la liberté d'opinion et d'expression,
notamment par voie de presse et autre moyen de communication, de la
liberté de réunion et de manifestation, et de la liberté
d'association ;
4. La démocratie est incompatible avec toute
modification substantielle du régime électoralintroduite de
façon arbitraire ou subreptice, un délai raisonnable devant
toujours séparer l'adoption de la modification de son entrée en
vigueur ;
5. La démocratie suppose l'existence de partis
politiques égaux en droits, libres de s'organiser et de s'exprimer, pour
autant que leur programme et leurs actions ne remettent pas en cause les
valeurs fondamentales de la démocratie et des droits de l'Homme. Ainsi,
la démocratie va de pair avec le multipartisme. Elle doit assurer
à l'opposition un statut clairement défini, exclusif de tout
ostracisme163(*);
6. La démocratie requiert la pratique du dialogue
à tous les niveaux aussi bien entre les citoyens, entre les partenaires
sociaux, entre les partis politiques, qu'entre l'État et la
société civile. La démocratie implique la participation
des citoyens à la vie politique et leur permet d'exercer leur droit de
contrôle ;
3- Proclamons
1. que Francophonie et démocratie sont indissociables :
il ne saurait y avoir d'approfondissement du projet francophone sans une
progression constante vers la démocratie et son incarnation dans les
faits ; c'est pourquoi la Francophonie fait de l'engagement démocratique
une priorité qui doit se traduire par des propositions et des
réalisations concrètes ;
2. que, pour la Francophonie, il n'y a pas de mode
d'organisation unique de la démocratie et que, dans le respect des
principes universels, les formes d'expression de la démocratie doivent
s'inscrire dans les réalités et spécificités
historiques, culturelles et sociales de chaque peuple ;
3. que la démocratie, cadre politique de l'Etat de
droit et de la protection des droits de l'Homme, est le régime qui
favorise le mieux la stabilité à long terme et la
sécurité juridique ; par le climat de liberté qu'elle
suscite, la démocratie crée aussi les conditions d'une
mobilisation librement acceptée par la population pour le
développement ; la démocratie et le développement sont
indissociables : ce sont là les facteurs d'une paix durable ;
4. que la démocratie, pour les citoyens - y compris,
parmi eux, les plus pauvres et les plus défavorisés - se juge,
avant tout, à l'aune du respect scrupuleux et de la pleine jouissance de
tous leurs droits, civils et politiques, économiques, sociaux et
culturels, assortis de mécanismes de garanties. Il s'agit là de
conditions essentielles à leur adhésion aux institutions et
à leur motivation à devenir des acteurs à part
entière de la vie politique et sociale ;
5. que, pour préserver la Démocratie, la
Francophonie condamne les coups d'Etat et toute autre prise de pouvoir par la
violence, les armes ou quelque autre moyen illégal ;
6 que, pour consolider la démocratie, l'action de la
Francophonie doit reposer sur une coopération internationale qui
s'inspire des pratiques et des expériences positives de chaque Etat et
gouvernement membre ;
7. que les principes démocratiques, dans toutes leurs
dimensions, politique, économique, sociale, culturelle et juridique,
doivent également imprégner les relations internationales ;
4- Prenons les engagements suivants :
A. Pour la consolidation de l'Etat de
droit
1. Renforcer les capacités des institutions de l'Etat
de droit, classiques ou nouvelles, et oeuvrer en vue de les faire
bénéficier de toute l'indépendance nécessaire
à l'exercice impartial de leur mission ;
2. Encourager le renouveau de l'institution parlementaire, en
facilitant matériellement le travail des élus, en veillant au
respect de leurs immunités et en favorisant leur formation ;
3. Assurer l'indépendance de la magistrature, la
liberté du Barreau et la promotion d'une justice efficace et accessible,
garante de l'Etat de droit, conformément à la Déclaration
etau Plan d'action décennal du Caire adoptés par la IIIème
Conférence des Ministres francophones de la justice ;
4. Mettre en oeuvre le principe de transparence comme
règle de fonctionnement des institutions ;
5. Généraliser et accroître la
portée du contrôle, par des instances impartiales, sur tous les
organes et institutions, ainsi que sur tous les établissements, publics
ou privés, maniant des fonds publics ;
6. Soutenir l'action des institutions mises en place dans le
cadre de l'intégration et de la coopération régionales, de
manière à faire émerger, à ce niveau, une
conscience citoyenne tournée vers le développement, le
progrès et la solidarité ;
B. Pour la tenue d'élections libres, fiables et
transparentes
7. S'attacher au renforcement des capacités nationales
de l'ensemble des acteurs et des structures impliqués dans le processus
électoral, en mettant l'accent sur l'établissement d'un
état-civil et de listes électorales fiables ;
8. S'assurer que l'organisation des élections, depuis
les opérations préparatoires et la campagne électorale
jusqu'au dépouillement des votes et à la proclamation des
résultats, y inclus, le cas échéant, le contentieux,
s'effectue dans une transparence totale et relève de la
compétence d'organes crédibles dont l'indépendance est
reconnue par tous ;
9. Garantir la pleine participation des citoyens au scrutin,
ainsi que le traitement égal des candidats tout au long des
opérations électorales ;
10. Impliquer l'ensemble des partis politiques
légalement constitués, tant de la majorité que de
l'opposition, à toutes les étapes du processus électoral,
dans le respect des principes démocratiques consacrés par les
textes fondamentaux et les institutions, et leur permettre de
bénéficier de financements du budget de l'Etat ;
11. Prendre les mesures nécessaires pour s'orienter
vers un financement national, sur fonds public, des élections ;
12. Se soumettre aux résultats d'élections
libres, fiables et transparentes ;
C. Pour une vie politique apaisée
13. Faire en sorte que les textes fondamentaux
régissant la vie démocratique résultent d'un large
consensus national, tout en étant conformes aux normes internationales,
et soient l'objet d'une adaptation et d'une évaluation
régulières ;
14. Faire participer tous les partis politiques, tant de
l'opposition que de la majorité, à la vie politique nationale,
régionale et locale, conformément à la
légalité, de manière à
régler pacifiquement les conflits d'intérêts ;
15. Favoriser la participation des citoyens à la vie
publique en progressant dans la mise en place d'une démocratie locale,
condition essentielle de l'approfondissement de la démocratie ;
16. Prévenir, et le cas échéant
régler de manière pacifique, les contentieux et les tensions
entre groupes politiques et sociaux, en recherchant tout mécanisme et
dispositif appropriés, comme l'aménagement d'un statut pour les
anciens hauts dirigeants, sans préjudice de leur responsabilité
pénale selon les normes nationales et internationales ;
17. Reconnaître la place et faciliter l'implication
constante de la société civile, y compris les ONG, les
médias, les autorités morales traditionnelles, pour leur
permettre d'exercer, dans l'intérêt collectif, leur rôle
d'acteurs d'une vie politique équilibrée ;
18. Veiller au respect effectif de la liberté de la
presse et assurer l'accès équitable des différentes forces
politiques aux médias publics et privés, écrits et
audiovisuels, selon un mode de régulation conforme aux principes
démocratiques ;
D. Pour la promotion d'une culture démocratique
intériorisée et le plein respect des droits de
l'Homme
19. Développer l'esprit de tolérance et
promouvoir la culture démocratique dans toutes ses dimensions, afin de
sensibiliser, par l'éducation et la formation, les responsables publics,
l'ensemble des acteurs de la vie politique et tous les citoyens aux exigences
éthiques de la démocratie et des droits de l'Homme ;
20. Favoriser, à cet effet, l'émergence de
nouveaux partenariats entre initiatives publiques et privées, mobilisant
tous les acteurs engagés pour la démocratie et les droits de
l'Homme ;
21. Ratifier les principaux instruments internationaux et
régionaux relatifs aux droits de l'Homme, honorer et parfaire les
engagements ainsi contractés, s'assurer de leur pleine mise en oeuvre et
former tous ceux qui sont chargés de leur application effective ;
22. Adopter en particulier, afin de lutter contre
l'impunité, toutes les mesures permettant de poursuivre et sanctionner
les auteurs de violations graves des droits de l'Homme, telles que
prévues par plusieurs instruments juridiques internationaux et
régionaux, dont le Statut de Rome portant création d'une Cour
Pénale Internationale ; appeler à sa ratification rapide par le
plus grand nombre ;
23. Créer, généraliser et renforcer les
institutions nationales, consultatives ou non, de promotion des droits de
l'Homme et soutenir la création dans les administrations nationales de
structures consacrées aux droits de l'Homme, ainsi que l'action des
défenseurs des droits de l'Homme ;
24. Prendre les mesures appropriées afin d'accorder le
bénéfice aux membres des groupes minoritaires, qu'ils soient
ethniques, philosophiques, religieux ou linguistiques, de la liberté de
pratiquer ou non une religion, du droit de parler leur langue et d'avoir une
vie culturelle propre ;
25. Veiller au respect de la dignité des personnes
immigrées et à l'application des dispositions pertinentes
contenues dans les instruments internationaux les concernant.
A ces fins, et dans un souci de partenariat
rénové, nous entendons :
· Intensifier la coopération entre l'OIF et
les organisations internationales et régionales, développer la
concertation en vue de la démocratisation des relations internationales,
et soutenir, dans ce cadre, les initiatives qui visent à promouvoir la
démocratie ;
· Renforcer le mécanisme de concertation et de
dialogue permanents avec les OING reconnues par la Francophonie,
particulièrement avec celles qui poursuivent les mêmes objectifs
dans les domaines de la démocratie et des droits de l'Homme ;
5- Décidons de recommander la mise en oeuvre
des procédures ci-après pour le suivi des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
:
1. Le Secrétaire général se tient
informé en permanence de la situation de la démocratie, des
droits et des libertés dans l'espace francophone, en s'appuyant
notamment sur la Délégation à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme, chargée de l'observation du respect de la
démocratie et des droits de l'Homme dans les pays membres de la
Francophonie ; Une évaluation permanente des pratiques de la
démocratie, des droits et des libertés dans l'espace francophone
sera conduite, à des fins de prévention, dans le cadre de
l'Organisation internationale de la Francophonie, sur la base des principes
constitutifs énoncés précédemment. Cette
évaluation doit permettre :
· de définir les mesures les plus
appropriées en matière d'appui à l'enracinement de la
démocratie, des droits et des libertés,
· d'apporter aux Etats et gouvernements qui le
souhaitent l'assistance nécessaire en ces domaines,
· de contribuer à la mise en place d'un
système d'alerte précoce ;
2. Face à une crise de la démocratie ou en cas
de violations graves des droits de l'Homme, les instances de la Francophonie se
saisissent, conformément aux dispositions de la Charte, de la question
afin de prendre toute initiative destinée à prévenir leur
aggravation et à contribuer à un règlement. A cet effet,
le Secrétaire général propose des mesures
spécifiques:
· il peut procéder à l'envoi d'un
facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions
consensuelles. L'acceptation préalable du processus de facilitation par
les autorités du pays concerné constitue une condition du
succès de toute action. Le facilitateur est choisi par le
Secrétaire général après consultation du
Président de la Conférence ministérielle, en accord avec
l'ensemble des protagonistes. La facilitation s'effectue en liaison
étroite avec le CPF ;
· il peut décider, dans le cas de
procès suscitant la préoccupation de la communauté
francophone, de l'envoi, en accord avec le CPF, d'observateurs judiciaires dans
un pays en accord avec celui-ci.
3. En cas de rupture de la démocratie ou de violations
massives des droits de l'Homme164(*), les actions suivantes sont mises en oeuvre : Le
Secrétaire général saisit immédiatement le
Président de la Conférence ministérielle de la
Francophonie à des fins de consultation ;
La question fait l'objet d'une inscription immédiate et
automatique à l'ordre du jour du CPF, qui peut être
convoqué d'urgence en session extraordinaire, et, le cas
échéant :
· confirme la rupture de la démocratie ou
l'existence de violations massives des droits de l'Homme,
· les condamne publiquement,
· exige le rétablissement de l'ordre
constitutionnel ou l'arrêt immédiat de ces violations,
Le CPF signifie sa décision aux parties
concernées.
Le Secrétaire général se met en rapport
avec les autorités de fait. Il peut envoyer sur place une mission
d'information et de contacts. Le rapport établi dans les plus brefs
délais par cette mission est communiqué aux autorités
nationales pour commentaires. Le rapport de la mission, ainsi que les
commentaires des autorités nationales, sont soumis au CPF, pour toute
suite jugée pertinente.Le CPF peut prendre certaines des mesures
suivantes :
· refus de soutenir les candidatures
présentées par le pays concerné, à des postes
électifs au sein d'organisations internationales,
· refus de la tenue de manifestations ou
conférences de la Francophonie dans le pays concerné,
· recommandations en matière d'octroi de visas
aux autorités de fait du pays concerné et réduction des
contacts intergouvernementaux,
· suspension de la participation des
représentants du pays concerné aux réunions des
instances,
· suspension de la coopération
multilatérale francophone, à l'exception des programmes qui
bénéficient directement aux populations civiles et de ceux qui
peuvent concourir au rétablissement de la démocratie,
· proposition de suspension du pays concerné
de la Francophonie. En cas de coup d'Etat militaire contre un régime
issu d'élections démocratiques, la suspension est
décidée.Lorsque des dispositions sont prises en vue de restaurer
l'ordre constitutionnel ou de faire cesser les violations massives des droits
de l'Homme, le CPF se prononce sur le processus de retour au fonctionnement
régulier des institutions, assorti de garanties pour le respect des
droits de l'Homme et des libertés fondamentales. Il détermine les
mesures d'accompagnement de ce processus par la Francophonie en partenariat
avec d'autres organisations internationales et régionales.Si besoin est,
le CPF saisit la Conférence ministérielle de la Francophonie par
le canal de sonPrésident.La question de la rupture de la
démocratie ou des violations massives des droits de l'Homme dans un pays
et des mesures prises, reste inscrite à l'ordre du jour du CPF aussi
longtemps que subsistent cette rupture ou ces violations165(*).
*
* *
Nous, Ministres et chefs de délégation
des Etats et gouvernements des pays ayant le français en
partage,
Adoptons la présente Déclaration ;
Demandons au Secrétaire général de
l'Organisation internationale de la Francophonie d'en assurer la mise en oeuvre
;
Transmettons, à l'intention des Chefs d'Etat et de
gouvernement, en vue de leur 9ème Sommet à Beyrouth, le projet
de Programme d'action ci-joint en annexe.
Bamako, le 3 novembre 2000
Réunion du Comité ad hoc consultatif
restreint
sur la Côte d'Ivoire
(Paris, mardi le 17 décembre 2002,
17h00)
Rapport
Le Comité ad hoc consultatif restreint sur la
Côte d'Ivoire s'est réuni le mardi 17 décembre 2002 de 17h
à 18h30, sous la présidence de Monsieur Boutros Boutros-Ghali,
Secrétaire général de l'OIF en présence de 23
représentants des Etats et gouvernements membres de la Francophonie. La
liste des participants est jointe en annexe à ce rapport.
En introduction, le Secrétaire
général de la Francophonie a rappelé que la
Conférence ministérielle de la Francophonie tenue à
Lausanne les 12 et 13 décembre 2002, a adopté une
résolution sur la situation en Côte d'Ivoire et demandé que
se réunisse dans les meilleurs délais le Comité ad hoc
consultatif restreint prévu en application du dispositif de la
Déclaration de Bamako. C'est dans ce cadre qu'il a convoqué cette
réunion ouverte à tous les Représentants personnels afin
de déterminer plus concrètement les actions à mener.
Prenant la parole, le Représentant personnel du
Président de la Côte d'Ivoire auprès du CPF a
salué l'initiative prise par le Secrétaire général
de convoquer rapidement le Comité ad hoc et remercié les
participants à la réunion. Il déclare que les
autorités de la Côte d'Ivoire sont disposées à
examiner les recommandations allant dans le sens d'un règlement
pacifique et politique de la crise.
Le Représentant personnel du Premier Ministre
du Canada auprès du CPF, après avoir
réitéré la profonde préoccupation de son pays face
à la crise politique et humanitaire que connaît la Côte
d'Ivoire, estime que l'OIF, se fondant sur le paragraphe de la
résolution de Lausanne invitant « les gouvernements, les ONG
et la société civile à fournir l'assistance urgente, en
particulier humanitaire que requiert la situation », peut d'ores et
déjà envisager des actions concrètes, notamment dans le
domaine humanitaire. Il demande davantage d'informations sur les
résultats des efforts déployés dans le cadre de la CEDEAO.
Il fait diffuser aux participants le communiqué de son gouvernement par
lequel celui-ci apporte notamment son soutien à la demande d'une
enquête internationale suite à la découverte de fosses
communes en Côte d'Ivoire.
Le Représentant de la France partage
les préoccupations exprimées sur la situation en Côte
d'Ivoire et fait état de l'engagement de son pays aux côtés
des autorités légitimes selon trois axes : soutien à
la CEDEAO dans l'application des décisions prises dans ce cadre ;
appui au processus de négociation politique engagé à
Lomé qui pourra se poursuivre à Paris avec la participation des
partis politiques, de la société civile, ainsi que des chefs
traditionnels et religieux ; enfin, dénonciation des exactions et
violations des droits des l'Homme et l'appui à la demande d'une
enquête internationale sur ces exaction. Enfin, le représentant de
la France lance un appel aux membres de l'OIF pour qu'ils apportent leur
contribution au dispositif d'appui renforcé décidé par le
gouvernement français en attendant la mise en place de la force de la
CEDEAO.
Citant des sources journalistiques, le
Représentant personnel du Président du Niger
auprès du CPF a fourni quelques données chiffrées sur la
situation en Côte d'Ivoire et les besoins qui en découlent :
pour les 3,9 millions de personnes affectées par la crise actuelle, l'on
estime à 15 millions de dollars la contribution qui serait
nécessaire dans les 3 mois à venir ; il faudrait 5,1
millions de dollars pour la prise en charge de 1260 soldats dans le cadre de la
force de la CEDEAO. Ces données peuvent permettre à l'OIF, ainsi
qu'aux Etats et gouvernements de déterminer le secteur et le niveau de
leur contribution.
Pour le représentant du
Canada-Québec, chaque Etat et gouvernement membre de l'OIF doit
identifier les actions qu'il souhaite mener seul ou dans le cadre de
l'Organisation. Le Comité ad hoc devrait aussi permettre de
préciser plus globalement le rôle de l'OIF dans cette crise.
La Représentante personnelle du
Président du Mali, après avoir remercié la France
et le Canada pour leurs contributions, a exprimé sa vive
inquiétude face à la perspective durable de la crise en
Côte d'Ivoire et invité les autorités ivoiriennes à
déployer les efforts nécessaires en vue d'un règlement
politique de cette crise.
Tout en prenant acte de l'appel lancé par la
représentante du Mali à l'endroit des autorités
ivoiriennes, le Représentant de la Côte d'Ivoire
déclare que si son pays détenait tous les ressorts de la crise,
celle-ci serait réglée. Divers enjeux ont rendu complexe la
situation de sorte que toute perspective de solution est conditionnée
à l'arrêt des hostilités. C'est dans ce sens qu'il lance un
appel à tous les Etats et gouvernements membres de l'OIF afin qu'ils
puissent contribuer à la fin de la crise.
Le Représentant du Burkina Faso pense
que l'OIF devrait être représentée à la
réunion prévue à Dakar le 18 décembre afin de
collecter les informations nécessaires.
La représentante de la Tunisie estime
que l'OIF doit porter son effort dans le domaine de l'assistance humanitaire.
En revanche, elle ne considère pas prioritaire la demande
d'enquête internationale.
Mme Christine Desouches, Délégué
aux droits de l'Homme et à la démocratie pense que l'OIF
peut rapidement engager des contacts avec les ONG opérant dans le
domaine humanitaire et avec le Haut Commissariat aux droits de l'Homme pour
préciser les actions entreprises et la contribution envisagée de
la Francophonie.
Le Représentant du Canada rappelle que
la Croix Rouge, ainsi que le Programme alimentaire mondial interviennent
déjà en Côte d'Ivoire. Compte tenu de ses moyens
limités, l'intervention de l'OIF ne peut être conçu qu'en
termes d'appui aux initiatives qui se développent. Il suggère que
les missions diplomatiques sur le terrain puissent collecter les informations
et les transmettre à l'OIF qui pourra ainsi mieux cerner la situation
avant de décider des actions appropriées. Les nouvelles ambitions
de l'OIF impliquent des moyens dont l'Organisation ne dispose pas pour le
moment.
Le représentant de la Suisse a
demandé que la Francophonie rappelle, dans cette situation, la
primauté du droit et veille à l'application des protocoles et
conventions en matière des droits de l'Homme. Dans cet esprit, l'appui
de l'OIF doit aller en priorité à la société
civile.
Synthèse du Secrétaire
général
Faisant la synthèse des échanges, le
Secrétaire général retient le consensus suivant sur
l'action que l'OIF pourrait entreprendre :
· Les actions doivent toutes s'inscrire dans une
perspective d'appui à d'autres initiatives.
· Dans le domaine de l'assistance humanitaire, l'appui
doit être accordé, en priorité, à la Croix Rouge, au
PAM et à d'autres ONG compétentes.
· L'OIF devrait établir le contact avec le Haut
Commissariat aux droits de l'Homme dans le cadre de l'enquête
internationale sur les exactions et violations des droits de l'Homme,
conçue comme un acte de prévention.
· L'Envoyé spécial de l'OIF doit continuer
son travail sur le terrain auprès des médiateurs et dans le cadre
des négociations en cours. Les missions diplomatiques sur le terrain
peuvent alimenter l'OIF en informations.
· Sur le plan politique, l'OIF doit poursuivre son appui
à la CEDEAO.
· L'OIF apportera son soutien technique et financier en
vue de l'organisation d'une réunion, à Cotonou, des intellectuels
sur la question. Cette réunion pourrait s'inscrire dans le cadre de la
réunion élargie annoncée à Paris dans les semaines
qui viennent.
· L'OIF doit exprimer son soutien à l'action
conduite par la France afin d'arrêter les hostilités.
· Le Comité ad hoc consultatif restreint sur la
Côte d'ivoire peut se réunir à nouveau en fonction de
l'actualité pour évaluer les informations et les actions
appropriées.
Le Comité ayant exprimé son accord sur cette
synthèse, le Secrétaire général remercie les
participants et lève la séance.
- Communiqué de presse -
Paris, le 29 mars 2004
CP/SG/JT/408/04
Abdou Diouf appelle tous les Ivoiriens
à un sursaut national pour mettre fin à
la violence et rétablir la paix et la démocratie
Abdou Diouf, Secrétaire général de
l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), estime que la logique
de violence qui s'est de nouveau installée en Côte d'Ivoire depuis
les événements du 25 mars dernier compromet les espoirs de paix
auxquels aspire la population ivoirienne, et menace le processus de
réconciliation dans lequel se sont engagées les autorités
ivoiriennes ainsi que l'ensemble des forces politiques du pays et la
communauté internationale.
L'OIF condamne avec force les violences qui se sont
exercées le 25 mars et les exactions inacceptables qui ont
été dénoncées à la suite de ces
manifestations. Elle exprime sa très sérieuse
préoccupation concernant les informations relatives à
l'implication dans ces exactions d'éléments civils
irrégulièrement armés aux côtés des Forces de
Défense et de Sécurité. Cette situation constitue une
violation caractérisée des droits de l'Homme et des
libertés.
L'OIF exige que toute la lumière soit faite dans les
meilleurs délais sur ces agissements.
L'OIF, dans ces conditions, soutient la proposition de la
création immédiate d'une Commission internationale
d'enquête indépendante, à laquelle elle compte être
partie prenante, qui devra être dotée de tous les moyens
d'investigation nécessaires, et qui devra être assurée de
la totale coopération des autorités civiles et militaires
ivoiriennes ainsi que de tous les acteurs concernés en Côte
d'Ivoire.
Le Secrétaire général de l'OIF
réitère aujourd'hui son appel pressant au calme et au respect
absolu de la sécurité des personnes et des biens, des droits de
l'Homme et des libertés. Il demande à toutes les forces
politiques en présence, à tous les responsables du pays, à
toute la population ivoirienne de prendre conscience de l'ampleur des risques
qui pèsent sur leur pays, et d'agir enfin dans l'intérêt
supérieur de la Côte d'Ivoire. Le retour à la paix,
à la démocratie et au respect des droits de l'Homme exige
à présent des sacrifices et un dépassement de toutes les
considérations personnelles et partisanes.
La Communauté internationale et tous les partenaires de
la Côte d'Ivoire doivent dans ce contexte renouveler leurs efforts pour
aider activement le pays à rétablir la sécurité
pour tous et la stabilité nécessaire à la reconstruction
d'une vie politique apaisée et d'un développement
économique profitable à tous.
Abdou Diouf rappelle sa disponibilité personnelle et
celle de l'OIF pour mettre en oeuvre toutes les actions allant dans le sens
d'un sursaut national et international en faveur de la paix en Côte
d'Ivoire.
- Communiqué de presse -
Paris, le 6 mars 2007 ? CP/SG/JT/488/07
Abdou Diouf demande le plein respect
de l'accord politique de Ouagadougou
Suite à la signature de l'accord politique de
Ouagadougou, le 4 mars, entre le Président de la Côte d'Ivoire,
Laurent Gbagbo, et le chef des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, Abdou Diouf,
Secrétaire général de la Francophonie, tient à
saluer l'initiative majeure prise par ces derniers en vue d'instaurer un
dialogue direct inter-ivoirien. Il félicite Blaise Compaore,
Président du Faso et Président en exercice de la
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), pour
son action déterminante dans le processus de médiation.
Le Secrétaire général appelle les
signataires et l'ensemble des acteurs impliqués à se mobiliser
pleinement en vue du respect de l'accord conclu dimanche et de l'application
intégrale des dispositions prévues aux fins de la tenue, dans les
meilleurs délais, d'élections libres, fiables et
transparentes.
Le consensus ainsi acté est de nature, en effet,
à imprimer un élan décisif à la dynamique globale
de recherche de la paix et de la réconciliation en Côte d'Ivoire
qui a bénéficié du soutien constant de la
Communauté internationale, y compris de la Francophonie qui demeure
attentive à l'évolution de la situation.
LISTE DES CARTES
Figure 1 : Carte de la Côte d'Ivoire
Figure 2 : Division dela Côte d'Ivoire en zones
gouvernementale et rebelles
LISTE DES TAB LEAUX
Tableau 1 : Budget global de la Francophonie et de ses
opérateurs directs
Tableau 2 : Pourcentage de la contribution
française aux budgets 2006-2008
Tableau 3 : Pourcentage des contributions
françaises aux budgets 2008 de l'OIF et des opérateurs directs
LISTE DES DOCUMENTS
1) Chronologie de la crise ivoirienne de 2002 à 2010
2) Chronologie des médiations de 2002 à 2007
3) Déclaration de Bamako
4) Rapport du comité ad hoc consultatif restreint sur la
Côte d'Ivoire
5) Communiqué de presse de l'OIF du 29 mars 2004
6) Communiqué de presse de l'OIF du 6 mars 2007
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
2
RESUME
3
ABREVIATIONS
4
SOMMAIRE
6
INTRODUCTION GENERALE
8
PARTIE I LA FRANCOPHONIE : UN
ACTEUR DE RESOLUTION DE CONFLITS
24
INTRODUCTION
25
CHAPITRE I : LA MISE EN PLACE DU
DISPOSITIF INSTITUTIONNEL
27
SECTION I : LA FRANCOPHONIE POLITIQUE
27
PARAGRAPHE I: LES FONDEMENTS DE LA MEDIATION DE LA
FRANCOPHONIE
27
A- De la coopération culturelle à
l'appui au processus de démocratisation
27
B- Les premiers pas de la Francophonie dans la
médiation
28
PARAGRAPHE II : L'AFFIRMATION DE LA DIMENSION
POLITIQUE
29
A- L'institutionnalisation des sommets de chefs
d'Etat et de gouvernement
29
B- Du virage politique d'Hanoï à la
Charte rénovée
30
SECTION II : LE CADRE REGLEMENTAIRE ET
NORMATIF DE LA MEDIATION FRANCOPHONE
32
PARAGRAPHE I : LA FRANCOPHONIE AU SERVICE DE
LA DEMOCRATIE DE LA PAIX ET LA SECURITE HUMAINE
33
A- La Déclaration de Bamako sur les
pratiques de la démocratie, des droits et des libertés
33
B- La
Déclaration de Saint Boniface sur la prévention des conflits et
la sécurité humaine
34
PARAGRAPHE 2 : LES AUTRES ACTEURS DE LA
RESOLUTION DES CONFLITS
36
A- La Délégation à la
Démocratie, à la Paix et aux Droits de l'Homme
36
B- Un réseau d'experts
francophones
37
CHAPITRE II : L'INTERVENTION DE LA
FRANCOPHONIE DANS LA MEDIATION IVOIRIENNE
39
SECTION I : LES EFFORTS DEPLOYES PAR L'OIF
40
PARAGRAPHE I : EN APPLICATION DE LA
DECLARATION DE BAMAKO
40
A-Les actions politiques et diplomatiques
du secrétaire général
40
B- La contribution de l'Organisation
Internationale de la Francophonie
42
PARAGRAPHE II : LES ACTIONS POUR LA
CONSOLIDATION DE LA PAIX ET DES INSTITUTIONS
44
A- Un appui au secteur des
médias
44
B- Des actions en faveur de la
consolidation des institutions
45
SECTION II : LA CONTRIBUTION DE L'OIF AU
RETOUR A LA PAIX EN COLLABORATION AVEC LES ORGANISATIONS
46
PARAGRAPHE I : RECHERCHE DE LA PAIX EN APPUI
AUX ACTIONS DES ORGANISATIONS
47
A- L'OIF en soutien aux organisations
régionales et sous régionales
47
B- Observateur aux négociations de
Linas Marcoussis
48
PARAGRAPHE 2 : PARTICIPATION DE LA
FRANCOPHONIE AU MECANISME DE SUIVI DES ACCORDS
49
A- Du Comité international de suivi
des Accords de Linas Marcoussis au Groupe de travail international
49
B- L'OIF membre des organes de suivi de
l'APO
50
CONCLUSION PARTIE I
52
PARTIE II : LES LIMITES ET LES
PERSPECTIVES DE LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE
54
INTRODUCTION PARTIE II
55
CHAPITRE III : LES INSUFFISANCES DE LA
MEDIATION DE L'OIF DANS LA CRISE IVOIRIENNE
57
SECTION I : LES LIMITES RESULTANT DES ACTIONS
DE L'OIF
57
PARAGRAPHE I : AU REGARD DE LA DECLARATION DE
BAMAKO
57
A) Difficile mise en place du
mécanisme de prévention et de réaction
57
B) Le non renouvellement du mandat du
Représentant du Secrétaire général de
l'OIF
59
PARAGRAPHE II : DES MOYENS D'ACTION LIMITES EN
FAVEUR DE LA MEDIATION
60
A) Les contraintes de ressources
financières et humaines
60
B) un manque d'appropriation des actions de
la Francophonie par les Etats membres
62
SECTION II : LES AUTRES FACTEURS D'INFLUENCE
DE LA MEDIATION
64
PARAGRAPHE I : L'INSUFISANCE DE LA STRATEGIE
DE LA FRANCOPHONIE
64
A) OIF, comme un acteur observateur du
processus
64
B) Absence de démarche francophone
face aux blocages
65
PARAGRAPHE II : LA MEDIATION, UN ENJEU DE
PUISSANCE ET D'INFLUENCE
66
A) Une intervention multiple, source de
conflit
66
B) L'influence de l'ancienne métropole dans
la médiation
68
CHAPITRE IV : LES PERSPECTIVES POUR LA
MEDIATION FRANCOPHONE
71
SECTION I : LA SPECIFICITE DE LA
FRANCOPHONIE
71
PARAGRAPHE I : LES ATOUTS DE LA DEMARCHE
FRANCOPHONE
71
A) La Francophonie, acteur de la
société internationale
71
B) Une proximité culturelle et
linguistique avec les zones de crise
72
PARAGRAPHE II : UNE MEDIATION FACILITATION
POUR LA RESOLUTION DE CONFLITS
74
A) Une primauté à la
facilitation
74
B) Un pool de médiateurs
expérimentés
75
SECTION II : LES APPROCHES POUR UNE MEILLEURE
RESOLUTION DE CONFLIT
76
PARAGRAPHE I : RENFORCEMENT DU MECANISME DE
PREVENTION
76
A) Consolidation du système d'alerte
précoce
76
B) Consolidation des notions de
démocratie, de solidarité et de sécurité
humaine
78
PARAGRAPHE II : PARTICIPATION PLUS ACTIVE DANS
LA RESOLUTION DE CONFLITS
79
A) Amélioration de la coopération
avec les autres organisations
79
CONCLUSION PARTIE II
81
CONCLUSION GENERALE
83
SOURCES
87
BIBLIOGRAPHIE
88
ANNEXES
97
LISTE DES CARTES
117
LISTE DES TAB LEAUX
117
LISTE DES DOCUMENTS
117
TABLE DES MATIERES
118
* 1 Jacques SOPPELSA, Les
sept défis capitaux du nouvel ordre mondial, Géopolitique du
monde contemporain. A2C médias, 2009. p 28
* 2Charles Joseph GUIBLA,
Rôle de la francophonie dans la promotion de la paix en Afrique,
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Rapport de
stage 2011
* 3 RodrigueTASSE,
Francophonie et médiation des crises politiques en Afrique
francophone: le cas de Madagascar, Mémoire de Master II en Science
politique option Relations Internationales. Institut des Relations
Internationales du Cameroun et en cotutelle avec l'Université Jean
Moulin de Lyon 3, 2012
* 4 Voir la carte, figure 1
* 5Xavier DENIAU, La
francophonie, Paris, PUF,Coll. « Que sais-je ?», 2001
(5èédition), p.15
* 6Trang PHAN-LABAYS et Michel
Guillou, Francophonie et mondialisation, Tome 1 :Histoire et
institutions : des origines à nos jours. Editions : Belin
2011, Paris, p.17
* 7ibid, p.18
* 8 François DAVID, Note
de cours 2015, Francophonie et les crises internationales
* 9Thierry TARDY, Gestion de
crise, maintien et consolidation de la paix, Acteurs, activités et
défis. Editions : De Boeck, 2009.
* 10 Evariste
NGARLEM
: La francophonie et la résolution des conflits : réflexion
sur la notion de tiers, Thèse de doctorat, Lyon 3, 2012, p.22
* 11 Oran R. Young,
Intermediaries: Third Parties in International Crises, Princeton: Princeton
University, Press, 1967.
* 12 FAGET (Jacques)
« Les métamorphoses du travail de paix : État des
travaux sur la médiation dans les conflits politiques
violents », Revue française de science politique, Vol. 58,
N°2, avril 2008, p. 311
* 13BAMBA, Abdoulaye.
L'africanisation du règlement des conflits : mythe ou
réalité ? Le cas des médiations africaines en Afrique de
l'Ouest francophone (2000-2010). Perspectives Internationales, n° 3,
janvier-juin 2013, p. 72
* 14Déclaration de
Bamako à l'issue du Symposium International sur le bilan des pratiques
de la démocratie, des droits et des libertés dans l'espace
francophone ;
* 15Christine
DESOUCHES, Retraite sur la médiation de la
Francophonie, 15 au 17 février 2007 à Génève.
* 16 Frédéric
RAMEL, Note de cours de Francophonie et Relations internationales, 2014-2015
* 17 Stéphane
ROUSSEL, « l'insertion de la coopération et des institutions
internationales dans la logique de l'anarchie », GLOBE, revue de
recherche et d'études universitaires en sciences politiques, n°5
Hiver 1995,p.51
* 18 MASSIE Justin et MORIN
David, « Francophonie et opérations de paix. Vers une
appropriation géoculturelle », Etudes
internationales, vol.42, n°3, 2011 p.315.
* 19 DIECKHOFF Milena, « La
médiation internationale dans la résolution des conflits : un
regard théorique" Fiche n° 6 de l'IRSEM, janvier 2011,
http://www.irsem.defense.gouv.fr/
consulté le 6 janvier 2015, 14 p., 706 ko
* 20KRIESBERG (Louis) «The
growth of the Conflict Resolution Field», in Chester A. CROCKER et alii,
Turbulent peace: The Challenges of Managing International Conflict,
Washington: United States Institute of Peace Press, 2001, p. 407-426
* 21idem
* 22 Touval SAADIA et al dans
« la médiation internationale dans la résolution des
conflits : un regard théorique » de Milena DIECKHOFF
* 23 Jonathan Wilkenfield et al
dans « la médiation internationale dans la résolution
des conflits : un regard théorique » de Milena
DIECKHOFF
* 24 Déclaration de
Bamako du 3 novembre 2000 sur le bilan des pratiques de la démocratie,
des droits et des libertés dans l'espace francophone (cf annexe)
* 25Op,cit, Phan-Trang, p.350 (
Déclaration de Saint Boniface)
* 26 JosephMaila « La
notion de crise en Francophonie : entre dispositif normatif et traitement
politique », in La Revue Internationale des Mondes
francophones. N°2 Printemps -ETE 2010, p 17
* 27 Léopold
Sédar Senghor, premier Président de la République du
Sénégal de 1960 à 1981
* 28 Christine DESOUCHES
« Médiation et Francophonie : principes, démarche
et pratique » dans Médiation et facilitation dans l'espace
francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Editions : Bruylant,
2010, Bruxelles, p277
* 29 Trang PHAN, Michel
GUILLOU et Aymeric DUREZ, Francophonie et mondialisation, Tome 2 : Les
grandes dates de la construction de la Francophonie institutionnelle.
Editions : Belin 2011, Paris p33
* 30 Article 1 de la Charte de
l'Agence de coopération culturelle et technique du 20 mars 1970
* 31 Maila Joseph, « La
notion de crise en Francophonie : entre dispositif normatif et traitement
politique », in La Revue Internationale des Mondes
francophones. N°2 Printemps -ETE 2010, p 17
* 32 Idem p279
* 33idem
* 34Op,cit. p 47
* 35idem
* 36Ibid, p 17
* 37 Op.cit,p 367-370
* 38PHAN (Trang) et alii,
Francophonie et mondialisation, Tome 2 : Les grandes dates de la
construction de la Francophonie institutionnelle. Editions : Belin
2011, Paris, p.81
* 39idem
* 40 Ch Charte de Hanoï,
article 2
* 41 Alinéa 2 article 7
de la Charte de la Francophonie
* 42 Cf Charte
rénovée d'Antananarivo
* 43 Op.cit Christine
DESOUCHE, p 299
* 44YORO (Koné), «
Vers un Système d'Alerte Précoce adapté », Revue
internationale et stratégique 2008/3 (n° 71), p.118.
* 45 Article 3.1 de la
Déclaration de Bamako
* 46idem
* 47 Cf la Déclaration
de Bamako en annexe
* 48 Chapitre 5.3 de la
déclaration de Bamako
* 49 Ibid, p118
* 50ibid, p 118
* 51 Actes de la 10è
conférence des chefs d'états et de gouvernement des pays ayant le
français en partage, p72
* 52Op.cit,p.350
* 53 Acte final du symposium
international portant sur les pratiques de la démocraties, des droits et
des libertés dans l'espace francophone, Bamako+5, dans PHAN (Trang) et
alii, Francophonie et mondialisation, Tome 2 : Les grandes dates de la
construction de la Francophonie institutionnelle. Editions : Belin
2011, Paris, p 88
* 54 Op.cit, Mme Trang (PHAN)
et alii, « Francophonie et Mondialisation », tome 2, p88
* 55 Idem,p 88
* 56 Koné YORO, «
Vers un Système d'Alerte Précoce adapté », Revue
internationale et stratégique 2008/3 (n° 71), p.119.
* 57 Rodrigue (TASSE),
« Francophonie et médiation des crises politiques en
Afrique : le cas de Madagascar » Mémoire de Master 2,
2012, Institut des relations internationales du Cameroun, P56
* 58idem
* 59 Rapport du
Secrétaire général de la Francophonie « L'action
politique et diplomatique » p.66
* 60idem
* 61 Premier Président
de la République de Côte d'Ivoire (1960-1993)
* 62 MPCI : Mouvement
Patriotique de Côte d'Ivoire, MPIGO : Mouvement Patriotique des
Ivoiriens du Grand Ouest, MJP : Mouvement Patriotique pour la Justice
* 63 Voir annexe :
chronologie de la crise ivoirienne de 2002 à 2010
* 64 Chapitre 5.2 de la
Déclaration de Bamako
* 65idem
* 66 Kazadi NTOLE, La
médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007) »,
dans Médiation et facilitation dans l'espace francophone, vol. 1,
Bruylant, 2010, p. 430, Bruxelles
* 67idem
* 68cf communiqué du
29 mars 2004 en annexe
* 69 Ibid,p.430
* 70idem
* 71idem
* 72 Rapport du
Secrétaire général de la
Francophonie, « l'action politique et diplomatique »,
P.9
* 73idem
* 74accord politique de
Ouagadougou
* 75 Résolution du
sommet de Ouagadougou en annexe
* 76 Accord de paix
signé le 04 mars 2007, entre le gouvernement et la rébellion
à l'issue d'un dialogue direct avec pour facilitateur le
Président du Faso, Blaise Compaoré.
* 77 Communiqué de
presse de l'OIF sur l'APO
* 78 Kazadi NTOLE, La
médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007)
», dans Médiation et facilitation dans l'espace
francophone, vol. 1, Bruylant, 2010, Bruxelles, p. 432,
* 79 Idem, p436
* 80 Ibid, p436
* 81 Rapport du
Secrétaire général sur les actions de l'OIF 2010-2012,
www.francophonie.org, p.10
* 82idem
* 83Ibid, p10
* 84Trang PHAN et alii,
Francophonie et mondialisation, Tome 2 : Les grandes dates de la
construction de la Francophonie institutionnelle. Editions : Belin
2011, Paris, p.90
* 85 Note de cours
Frédéric de RAMEL « Francophonie et les relations
internationales »,2015
* 86 Voir annexe chronologie
des médiations dans la crise ivoirienne
* 87CMF du 18 au 19
décembre 2002 à Lausanne ,www.francophonie.org
* 88 Kazadi NTOLE, La
médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007)
», dans Médiation et facilitation dans l'espace
francophone, vol. 1, Bruylant, 2010, Bruxelles, p.430
* 89Ibid,p.433
* 90 Appellation du
regroupement des forces rebelles : MPCI, MJP et MPIGO
* 91 Communiqué de
presse de l'OIF sur l'APO, www.francophonie.org
* 92 Communiqué de
presse de l'OIF sur l'APO
* 93 Christine DESOUCHES
« Médiation et Francophonie :principes, démarche
et pratique » dans Médiation et facilitation dans l'espace
francophone, vol. 1, Bruylant, 2010, Bruxelles, p.317
* 94idem
* 95 Ibid,p.316
* 96 Jean-Pierre VETTOVAGLIA et
alii, Médiation et facilitation dans l'espace francophone:
Théorie et Pratique, Tome 1, Editions : Bruylant, 2010, Bruxelles,
p302
* 97 Millena DIECKHOFF
« la médiation internationale dans la résolution des
conflits : un regard théorique », fichen°6 de
l'IRSEM, p.7
* 98 Mohamed El Hacen Ould
Lebatt, « Médiation ou facilitation : la
récurrence funeste » dans Médiation et facilitation
dans l'espace francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Editions :
Bruylant, 2010, Bruxelles, p162
* 99MamadouBADJI et alii,
Francophonie et les relations internationales : Géopolitique de la
Francophonie. Edition : des archives contemporaines, 2009, Paris.
* 100idem
* 101KazadiNTOLE La
médiation de la Francophonie en Côte d'Ivoire (2002-2007) »,
dans Médiation et facilitation dans l'espace francophone, vol. 1,
Bruylant, 2010, Bruxelles, p.426
* 102idemp.430
* 103ChristineDESOUCHES
« Médiation et Francophonie : principes, démarche
et pratique » dansMédiation et facilitation dans l'espace
francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Editions : Bruylant,
2010, Bruxelles, p.308
* 104Christian VALANTIN, La
Francophonie ou le dialogue pour la paix, p.174
* 105idem,p.308
* 106 Chapitre 5.2 de la
déclaration de Bamako
* 107 Ibid, Christine DESOUCHE
p.290
* 108Trang PHAN et al,
Francophonie et mondialisation, Tome 1 :Histoire et
institutions : des origines à nos jours. Editions : Belin
2011, Paris p.232
* 109 Cf tableau 1 du budget
de la Francophonie et de ses opérateurs (annexe)
* 110 Op.cit,p.238
* 111idem
* 112 Retraite sur la
médiation de la francophonie : synthèse, conclusion et
recommandations. Génève, 15-17 février 2007,
www.francophonie.org, p 16
* 113idem
* 114TASSE (Rodrigue) : Francophonie et
médiation des crises politiques en Afrique francophone: le cas de
Madagascar, Mémoire de Master II en Science politique option Relations
Internationales. Institut des Relations Internationales du Cameroun et en
cotutelle avec l'Université Jean Moulin de Lyon 3, 2012, p56
* 115 Op,cit,p.233
* 116Mamadou BADJI et alii,
Francophonie et les relations internationales : Géopolitique de
la Francophonie. Edition : des archives contemporaines, 2009, Paris,
* 117 Op,cit,p236
* 118 Mémoire TASSE
Rodrigue, P 57
* 119 Chapitre 5.2 de la
Déclaration de Bamako
* 120Joseph (MAILA)
« Y a-t-il une spécificité de la médiation en
Francophonie ? » dans Médiation et facilitation dans
l'espace francophone: Théorie et Pratique, Tome 1, Editions :
Bruylant, 2010, Bruxelles, p345
* 121 Ibid p 337
* 122 Laurent (ERSU), «
La crise ivoirienne, une intrigue franco- française », in
Politique Africaine, N° 107, pp 85 - 104.
* 123 Simon P (HANDY) et
al, l'accord politique de ouagadougou « vers une sortie de crise
pérenne en côte d'ivoire » p 653-667
* 124idem
* 125Hassatou BALDE, «
La coordination entre l'ONU et les Organisations régionales
africaines dans la
gestion de la Paix », janvier 2005, Thèse
pour l'obtention du grade de docteur de l'Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne en Droit international public et Européen, T.
1, p. 509
* 126idem
* 127Op,cit,p236
* 128Op,cit,p236
* 129 Op,cit,p236
* 130Op,cit,p233
* 131 Cf tableau 3 en
annexe
* 132 Rodrigue MATSE, p.58
* 133 Millena DIECKHOFF
« la médiation internationale dans la résolution des
conflits : un regard théorique », fichen°6 de
l'IRSEM, p.7
* 134idem
* 135 FPI (Front populaire
ivoire), PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire), RDR
(Rassemblement des républicains),UDPCI (Union pour la démocratie
et la Paix en Côte d'Ivoire), PIT (Parti des travailleurs ivoiriens),UDCY
(Union pour la démocratie et la citoyenneté) MFA (Mouvement des
forces d'avenir)
* 136Stephen SMITH,
« la politique d'engagement de la France à l'épreuve de
la Côte d'Ivoire » dans la Politique Africaine, 2003/1
n°89, p112-126
* 137MESZAROS (Thomas)
« Système contre société. Deux concepts
antithétiques ? Quand la « nouvelle vague » de
l'École anglaise défie l'idée de société
internationale » Études internationales,
Volume 39, numéro 3, septembre
2008, p. 411-431,
http://www.erudit.org/revue/ei/2008/v39/n3/019307ar.html)
* 138Hedley BULL, The
Anarchical Society. A Study of Order in International Relations, op.
cit., p. 13.
* 139Raymond ARON, Paix et
guerre entre les nations, 8e éd., Paris, Calmann-Lévy, 1984,
p. 103.
* 140 Frédéric
RAMEL, Note de cours, Master 2 2014-2015, Francophonie et relations
internationales,
* 141Trang (PHAN) et alii, Francophonie et
mondialisation, Tome 2 : Les grandes dates de la construction de la
Francophonie institutionnelle. Editions : Belin 2011, Paris, p 87
* 142 Joseph Maïla,
« Ya -t-il une spécificité de la médiation
francophone » p 343
* 143 Voir Déclaration
de saint boniface
* 144idem
* 145 Jacques Legendre dans
« les entretiens de la francophonie 2001-2003 : pistes pour
aller de l'avant » Alpharès, Paris,2004, p87
* 146 Joseph Maïla,
« Ya -t-il une spécificité de la médiation
francophone » p 343
* 147 René-Maurice
DEREUMAUX, « l'organisation internationale de la Francophonie,
l'institution internationale au 21èsiècle » ,
L'Harmattan, Paris,2008, p82
* 148idem
* 149 Ibid, p.343
* 150 Boutros-Ghali, SG de
l'OIF Emanciper la francophonie, L'Harmattan, Paris 2002, p111
* 151 idem
* 152 Ibid, p.111
* 153 Op, cit,70
* 154 Déclaration de
Bamako
* 155 Op.cit,p 82
* 156 Charte
rénovée de 2005, article 1
* 157 idem
* 158 ibid, p 111
* 159Ibid,p 111
* 160 Ntole KAZADI, p428
* 161 Op,cit,p.233
* 162 Op, cit,p.299
* 163Réserve du Vietnam
et du Laos sur l'article 2 (5) - Motif : la démocratie et le
multipartisme sont deux notions différentes et ne peuvent s'identifier.
La démocratie est une finalité alors que le multipartisme n'est
qu'un chemin. Le chemin pour y parvenir décidé par chaque pays
doit être défini par son peuple en fonction de ses
spécificités culturelles, historiques, économiques et
sociales
* 164Interprétation de
la Tunisie : par « rupture de la démocratie », entendre «
coup d'Etat » par « violations massives des droits de l'Homme »,
entendre « génocide ».
* 165Réserve du
Vietnam et du Laos sur l'article 5 (3)