II) LES ASPECTS CONJONCTURELS
DE LA CRISE
A) La
baisse du pouvoir d'achat des producteurs
Le prix d'achat d'un kilogramme de cacao au producteur a
été très stable pendant 30 ans, autour de 750-800 FCFA/kg.
Suite à la chute des cours, ce prix va baisser de 25%, pour être
diminué de moitié en 90/91. Par ailleurs, les incertitudes
liées à la libéralisation de la filière ont aussi
contribué à la baisse du prix d'achat. Malgré cette
situation, la production a connu une hausse mais dans des proportions moindres
par rapport aux années fastes. En outre, les conditions climatiques
jouent aussi un rôle déterminant dans la fixation des prix. Quand
elles sont favorables à une bonne récolte, les prix baissent,
alors qu'en période d'extrême humidité ou de
sécheresse, les prix augmentent. La baisse du prix d'achat du kilogramme
de cacao aux producteurs va obliger ceux ci à s'orienter vers d'autres
cultures de rente, particulièrement l'hévéa. Au moment
où le cacao s'achetait à 250FCFA le Kilogramme, celui de
l'hévéa était à 1000 FCFA.
L'hévéaculture est un secteur en plein essor avec une production
de 163 000T en 2005, 179 000 T en 2006 (Ministère de l'agriculture).
Elle occupe le 3ème rang des produits d'exportation en Côte
d'Ivoire avec un revenu global à l'exportation de 106 milliards FCFA en
2005. La Cote d'Ivoire se situe au 1er rang des producteurs africains de
caoutchouc naturel devant le Liberia, et au 8eme rang mondial. Notons que ces
abandons sont observés généralement chez les planteurs de
l'Est et du Centre-ouest, les anciennes boucles de cacao. En effet, environ 15
% des planteurs de l'ancienne « boucle du cacao » ont
abandonné une plantation de cacao, au Centre-ouest, ce sont 10,34 % des
paysans (Maxime Tano). Par ailleurs, les litiges fonciers sont aussi à
la base de l'abandon des plantations de cacao.
B) Les conflits fonciers
La crise économique de 1980 a provoqué la perte
d'emploi de plusieurs jeunes en milieu urbain. L'Etat a mis en place une
politique du retour à la terre pour trouver une solution au
chômage des jeunes citadins. Mais ce retour n'a pas été
facile, car la plupart des parents ont cédé aux étrangers
et/ou allogènes des parcelles que ces derniers ont exploité.
Cette situation a engendré des conflits mettant à mal
l'activité cacaoyère dans les zones concernées.
Le motif principal des conflits relève de la
rareté des terres fertiles. En effet, les différents mouvements
migratoires qui se sont opérés dans les zones de production ont
entraîné des pressions fortes sur les terres disponibles. Ainsi,
en 1974, le taux net de migration s'établissait à 3,5 % dans la
région du Sud-Ouest (Colette Vallat, 1979). En plus des migrants
économiques, des milliers de réfugiés libériens,
fuyant la guerre civile dans leur pays à la fin de la décennie
1980, se sont installés dans cette région faisant d'elle l'une
des régions ayant une proportion élevée d'étrangers
(42,8 %). La plupart des migrants se sont engagés dans l'activité
cacaoyère d'abord en tant que manoeuvre agricole, avant de créer
des années plus tard, leurs propres exploitations.
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