SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP : Afrique Caraïbe Pacifique
ANADER : Agence Nationale de Développement Rural
ANDEFOR : Agence nationale pour le développement des
forêts rurales
APE : Accord de Partenariat Economique
ARCC : Autorité de Régulation du Café
et du Cacao
BCC : Bourse du Café Cacao
CAF (prix) : Coût, Assurance, Fret
CAISTAB : Caisse de Stabilisation et de Soutien des prix des
produits Agricoles
CIRAD : Centre de Recherche Agronomique pour le
Développement
CNAPROCC : Cercle National des Producteurs de
Café-Cacao
CNRA : Centre National de Recherche Agronomique
DUS : Droit Unique de Sortie
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FDPCC : Fonds de Développement et de Promotion des
activités des Producteurs de Café et
de Cacao
FGCC : Fonds de Garantie des Coopératives
Café-Cacao
FIRCA : Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le
Conseil Agricoles
FN : Forces Nouvelles
FRC : Fonds de Régulation et de Contrôle
Ha : Hectare
ICCO : Organisation internationale du Café et du
Cacao
Kg : Kilogramme
PASA : Programme d'Ajustement Structurel du secteur
Agricole
PIB : Produit Intérieur Brut
OIT : Organisation Internationale de Travail
OTA : Ochratoxine A
RGPH : Recensement Général de la Population et
de l'Habitat
SODEFOR : Société pour le Développement
Forestier
UE : Union Européenne
SOMMAIRE
INTRODUCTION
GENERALE............................................................4
PREMIERE PARTIE : FILIERE CACAO : SUCCES ET
CRISES ..............10
Chapitre 1 : Les déterminants de
l'essor du cacao.................................11
Section 1 : Le rôle
joué par les autorités ........................................12
Section 2 : L'apport du cacao dans
l'économie ivoirienne ......................15
Chapitre 2 : Les facteurs de la crise du
cacao .......................................24
Section 1 : Les causes de la chute
de la production ................................24
Section 2 : Les facteurs socio
économiques..........................................28
CONCLUSION
PARTIELLE................................................................32
DEUXIEME PARTIE: LES DEFIS DE LA PRODUCTION DU CACAO
........33
Chapitre 1 : La valorisation du travail du
producteur ............................34
Section 1 : Une agriculture
intensive................................................34
Section 2 : Une prise en compte de
l'environnement social ....................39
Chapitre 2 : Un Système de
commercialisation
amélioré...........................43
Section 1: Organisation des
producteurs.............................................. 43
Section 2: La promotion de la
qualité................................................. 45
CONCLUSION GENERALE
...............................................................48
ANNEXES........................................................................................49
LISTE DES
TABLEAUX......................................................................52
LISTE DES
PHOTOS..........................................................................52
BIBLIOGRAPHIE..............................................................................53
TABLE DE
MATIERES.....................................................................57
INTRODUCTION GENERALE
Plusieurs pays en développement tirent leurs ressources
essentiellement des recettes d'exportation d'un petit nombre de produits
agricoles de base, parfois d'un seul. Cette concentration rend ces pays
très vulnérables aux aléas du marché ou aux
conditions climatiques 1(*).
Selon les statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation
et l'Agriculture (FAO), pas moins de 43 pays en développement
dépendent d'un seul produit, représentant plus de 20% des
recettes totales des exportations de marchandises.
La Côte d'Ivoire, pays d'Afrique subsaharienne
n'échappe, malheureusement pas à cette situation. Pays
essentiellement agricole, la Côte d'Ivoire produit et exporte des
cultures de rente dont les principaux sont le Cacao, le Café, le palmier
à huile, l'hévéa, la Banane et le Coton2(*). Depuis l'indépendance
jusqu'à nos jours, l'économie nationale du pays a toujours
reposé sur l'agriculture. En effet, le secteur agricole contribue
à hauteur de 22% de la formation du PIB (Produit Intérieur Brut)
et constitue la source de revenus de 2/3 des ménages et procure environ
75% des recettes d'exportation non pétrolières, (PND 2012-2015).
Pour son développement économique, les autorités ont
opté pour une politique de libéralisme avec comme secteur
prioritaire le secteur agricole .Ce choix est motivé par plusieurs
facteurs, notamment la situation géographique, la
végétation et l'orientation politique du pays, adoptée au
lendemain de l'indépendance.
Située en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire
occupe une superficie de 322 462 Km2. Elle a une frontière commune
à l'Est avec le Ghana, au Nord, le Burkina Faso et le Mali, et à
l'Ouest, la Guinée et le Libéria. Au sud, la Côte d'Ivoire
possède une façade maritime de 550 km de côte ouverte sur
l'océan Atlantique dans lequel se jettent quatre principaux fleuves qui
irriguent le territoire national selon les superficies de plan d'eau suivantes:
le Comoé (57.300 km² des 78.000) ; le Bandama (100% des 99.700
km²) ; le Sassandra (67.000 km² des 75.000) ; et le Cavally (16.000
km² des 30.000)3(*).
Par ailleurs la Volta noire irrigue le territoire sur 12.500 km², le Niger
22.600 km². Plusieurs bassins intérieurs situés au sud du
pays irriguent le territoire sur 47.600 km² de la zone
côtière. Le couvert forestier estimé à 16 millions
d'hectares dans les années 60, est évalué à 3,3
millions d'hectares5(*).
A son accession à l'indépendance, le 7
août 1960, la Côte d'Ivoire a fait le choix du libéralisme
économique et fait de l'agriculture, le pilier fondamental de son
développement. Ainsi, les autorités ont mis en place une
politique de prix rémunérateurs et attractifs qui incitait
à la production, et elles ont poursuit la politique de migration de main
d'oeuvre de l'époque coloniale pour favoriser l'expansion des
exploitations agricoles, notamment celle du binôme café cacao.
Le modèle de développement adopté par la
Côte d'Ivoire était donc caractérisé par son
extraversion et sa dépendance par rapport à la main d'oeuvre. Il
était basé sur l'exploitation des ressources naturelles,
c'est-à-dire sur le défrichement massif et ininterrompu de
forêts par des exploitants migrants, ivoiriens ou non, et pratiquant une
agriculture extensive6(*).
Ainsi, de 1960 à 1980, l'économie ivoirienne a
enregistré une croissance moyenne de 7 % par an, en termes réels
sans apparition de déséquilibres majeurs. Cette performance a
été induite par un environnement extérieur favorable
c'est-à-dire la forte hausse des cours mondiaux du café et du
cacao et par le choix d'options fondamentales telles que l'ouverture sur
l'extérieur et l'appartenance à la zone franc.7(*) Malgré un effort de
diversification des spéculations agricoles, la Côte d'Ivoire reste
toujours dépendante du café et du cacao qui représentent
une part importante des recettes d'exportation. En 1997, le binôme
café-cacao a fourni environ 17 % du Produit Intérieur Brut (PIB)
et 38,6 % des recettes d'exportation (KOUADIO Jean Marie, « et
alii »)
Le cacao, objet de notre étude, a largement tiré
profit de ces facteurs, puisque du cinquième rang mondial au lendemain
de l'indépendance, avec une production annuelle de 200 000 milles
tonne par an, la Côte d'Ivoire est devenue depuis 1977, le premier
producteur mondial avec plus d'un million de tonne par an8(*). De 2011 à 2012, les
productions cacaoyères étaient respectivement de 1,511 million de
tonne et 1,410 million tonne, soit environ 35% de la production
mondiale9(*). La Côte
d'Ivoire a continué de maintenir son rang de premier producteur
malgré une décennie de crise socio politique et militaire (2002
à 2011).
Par ailleurs, au début des années 80,
l'économie ivoirienne est secouée par une crise majeure du
secteur du cacao, due essentiellement à la rareté des facteurs de
production, à la prolifération des ravageurs de cultures,
à l'apparition d'une nouvelle maladie du cacaoyer (le swollen shoot),
à la dégradation des conditions climatiques ( baisse de la
pluviométrie) et de commercialisation, aux conflits fonciers ainsi
qu'à la baisse des prix aux producteurs (TANO M). Ainsi, la crise
cacaoyère a affecté les fondements sociaux, environnementaux,
économiques et politiques de l'économie ivoirienne.
François Ruf, dans son livre, « Booms et
crises du cacao, 1995 » énonce qu' « un
pays qui a profité 15 ou 20 ans plus tôt de la flambée du
cours international, doit s'attaquer aux difficultés techniques
(liées au vieillissement des vergers et à l'épuisement de
la forêt) et sociales (vieillissement des planteurs et conflits fonciers)
et aux difficultés économiques et politiques de l'effondrement
des cours ».
Pour sa part M. Maxime TANO fait le constat suivant :
« Les plants de cacao commencent à produire après 4
ou 5 ans, avec des rendements maximums entre 10 et 15 ans de vie, et des
rendements déclinants après 15 à 20 ans. Cependant, les
nouveaux hybrides de cacao ont tendance à porter des fruits plus
tôt, sachant qu'ils vieillissent plus vite. Actuellement, les plantations
ivoiriennes vieillissent et exigent l'apport d'engrais afin de maintenir des
rendements élevés, augmentant ainsi les coûts de
production. Par ailleurs, les jeunes plantations requièrent des
traitements chimiques réguliers pour se protéger contre la
maladie du foreur de cabosse (ou pourriture brune) et les
ravageurs ».
Selon les observations empiriques et les statistiques
disponibles, de l'Organisation Internationale du Café et du Cacao
(ICCO), « la demande mondiale de cacao est susceptible
d'augmenter de 30 % au cours des dix prochaines années, créant un
déficit de production de 1 million de tonnes d'ici 2020, la Côte
d'Ivoire est mal placée pour capitaliser sur cette croissance de la
demande ». En effet, le Ghana, longtemps leader mondial, a
entamé une chute longue de sa production à partir du milieu des
années 60, malgré la bonne tenue des cours sur le marché
mondial. Cette chute de la production ghanéenne est due au
vieillissement des vergers, à l'épuisement de la forêt,
à la maladie du swollen shoot et à la chute de sa monnaie, le
cedi. Parallèlement, la Côte d'Ivoire en a profité pour lui
ravir cette place, à partir de 1977.10(*)
Les mêmes causes produisant les mêmes effets
(toute chose étant égal à par ailleurs), une chute de la
production ivoirienne à la longue n'est pas à exclure. Car, la
plupart des cacaoyers en Côte d'Ivoire sont âgés et
présentent une productivité déclinante. La dernière
grande vague d'investissement dans le renouvellement du stock d'arbres remonte
au début des années 1980.
Face à cette situation, la Côte d'Ivoire
peut-elle maintenir son niveau de production et son rang mondial dans les
années à venir ?
Cette interrogation revêt d'un caractère
fondamental en ce sens que la cacaoculture occupe une place
prépondérante dans l'économie du pays. En effet, au niveau
national, l'économie cacaoyère fournit environ 40 % de recettes
d'exportation, et contribue pour 10 % à la formation du Produit
Intérieur Brut (PIB). Au plan social, ce sont environ 600.000 chefs
d'exploitation qui animent l'appareil de production, faisant vivre environ
6.000.000 de personnes des revenus du cacao11(*).
La combinaison de ces deux constats, guide le pays dans sa
quête permanente d'une production cacaoyère durable, surtout dans
le contexte d'une économie mondiale de plus en plus
libéralisée et concurrentielle. D'où l'importance de notre
thème de mémoire « Les défis de la
production durable du cacao en Côte d'Ivoire ».
Autrement dit, devant la montée en puissance des autres pays
producteurs de cacao (Ghana et Indonésie) et la crainte de voir sa
production chutée, à quelles conditions, (de production,
redistribution de revenus aux producteurs et de commercialisation), le cacao
pourra-t-il continuer à participer au rayonnement économique de
la Côte d'Ivoire ?
Répondre à cette interrogation amène
à mieux appréhender la notion de
« défi ». Selon la définition adoptée
par l'académie française en 1986, un défi est un
« obstacle ou ensemble d'obstacles qu'il faut franchir
pour atteindre un certain objectif ».
Cette définition permet une meilleure
compréhension de la problématique ainsi posée. Car, pour
que le cacao continue de participer au rayonnement économique de la
Côte d'Ivoire, plusieurs défis s'imposent au secteur qu'il va
falloir franchir. Notamment avoir une production de meilleure qualité,
accorder un prix rémunérateur aux producteurs, garantir une
stabilité sociale et politique et réduire la dépendance
du pays vis-à-vis de l'extérieur. Ces défis renvoient donc
à la notion de développement durable. Le Développement
Durable, se définit, selon le rapport « notre avenir à tous
» de Madame Harlem Brundtland, « comme étant un
développement qui répond aux besoins du présent, sans pour
autant compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs »12(*). Le développement durable est
présenté comme une rupture, plus ou moins nette, avec d'autres
modes de développement qui ont conduit, et mènent encore,
à des dégâts sociaux et écologiques
préoccupants, tant à l'échelle mondiale, que locale. Pour
être durable, le développement doit réunir trois
éléments majeurs : l'équité, la préservation
de l'environnement et l'efficacité économique, auxquels
s'ajoutent la culture et la bonne gouvernance. Cette notion rapportée
à la production du cacao, dans le cadre de notre mémoire,
signifie « avoir un cacao de meilleure qualité, qui
respecte l'environnement et la biodiversité et qui accorde une grande
attention aux conditions de travail et de rémunération des
agriculteurs » (Maxime TANO).
Dans ce contexte de forte dépendance agricole, de
diversification des cultures, d'information non parfaite et de
libéralisation de la filière, le développement durable des
cultures pérennes, notamment le cacao, apparaît comme un point
crucial pour la survie de l'Etat et de toutes parties impliquées.
De ce point de vue, l'Etat de Côte d'Ivoire, les firmes
internationales, les exportateurs et les industriels ne peuvent rester
insensibles quant aux contraintes qui pourraient remettre en cause la
pérennité du cacao et menacer la survie des producteurs.
A ce stade, le résultat de notre mémoire est de
contribuer de façon modeste au débat sur les étapes et
conditions d'un « cacao durable » en Côte
d'Ivoire.
La première partie de notre travail vise à faire
un état des lieux du succès de la production du cacao en
Côte d'Ivoire jusqu'à son déclin dans les années 80
et sa situation actuelle. Elle aborde dans un premier chapitre : les
déterminants de l'évolution de la cacaoculture et dans un second
chapitre ; les facteurs qui ont conduit à la crise du cacao sans
oublier la décennie de crise traversée par la Côte
d'Ivoire.
La deuxième partie identifie les étapes à
franchir si le pays veut atteindre une production durable du cacao. Dans le
premier chapitre les étapes d'ordre environnemental et social sont
évoquées et dans le deuxième chapitre, les facteurs
économiques et politiques.
PARTIE I /FILIERE
CACAO : SUCCES ET CRISES
Après la période glorieuse des années
1970, le secteur café cacao est rentré en crise du fait de la
chute des cours des matières premières intervenue dans les
années 1980. Cette crise a mis en évidence les limites de notre
modèle de développement agricole et partant l'option du
modèle économique de la Côte d'Ivoire. Malgré les
efforts des autorités et l'appui des bailleurs de fonds, l'agriculture
ivoirienne, et la filière cacao en particulier, est restée
dépendante de l'extérieur et les techniques culturales, à
l'état traditionnel. Outre la chute des cours du cacao sur le
marché mondial, la production du cacao est confrontée aux crises
sociales et politiques survenues dans le pays ces dernières
années.
Cette partie expose dans un premier chapitre les facteurs qui
ont favorisé le développement de la cacaoculture en Côte
d'Ivoire, et indique l'importance du cacao dans l'économie du pays. Dans
le deuxième chapitre, les facteurs de crises qui ont affecté la
production du cacao sont identifiés.
CHAPITRE I: LES DETERMINANTS
DE L'EVOLUTION DE LA CACAOCULTURE
Ce chapitre situe la production du cacao dans son contexte
historique et économique. Il présente à coté du
rôle joué par l'administration coloniale dans l'implantation de la
culture du cacao en Côte d'Ivoire, les facteurs déterminants de
son essor. Il aborde également le rôle et la place du cacao dans
l'économie nationale, à travers la politique commercialisation du
cacao et son impact sur le miracle ivoirien.
SECTION I : LE ROLE
JOUE PAR LES AUTORITES
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le
premier paragraphe aborde de manière succincte l'histoire de
l'introduction du cacao en Côte d'Ivoire et l'action jouée par
l'administration coloniale. Le second paragraphe, quant à lui, il montre
les facteurs déterminants de l'expansion de l'économie de
plantation cacaoyère.
I) L'ACTION DES AUTORITÉS
COLONIALES ET IVOIRIENNES
A)
L'ADMINISTRATION COLONIALE ET L'ESSOR DE LA CACAOCULTURE
Le cacao a été introduit pour la première
fois en 1888 par les Français Arthur Verdier et Amédée De
Brétignières à Aboisso, au sud-est de la
Côte-d'Ivoire. Au départ, cette culture n'a pas rencontré
l'adhésion des populations locales, parce qu'imposée par
l'administration. Il faut attendre quelques années pour voir les
pouvoirs desserrer leur étreinte et offrir enfin des prix incitatifs
pour favoriser l'adoption de cette culture (FREUD Ellen, et alii, dans les
champs du cacao, p 22-23).
C'est donc par la monétarisation de l'économie
et la politique de migration que la métropole a réussi une
véritable révolution dans la production du cacao. En effet, les
autorités coloniales ont imposé des lois qui obligeaient la
population indigène soit à travailler dans les plantations des
colons ou de l'administration coloniale, soit à payer les impôts
non en nature mais en argent.
B) LA
VOLONTÉ POLITIQUE DES AUTORITÉS NATIONALES
A l'indépendance du pays, les autorités ont fait
le choix d'un libéralisme économique basé sur
l'agriculture. Elle s'est manifestée sur le terrain par de nombreuses
réalisations permettant d'atteindre l'autosuffisance alimentaire et le
développement d'une agriculture d'exportation dont les produits
principaux sont le café et le cacao.
Mais pour atteindre ce niveau de développement de
l'agriculture, les autorités ont poursuivi la politique d'ouverture et
de migration entamée depuis la colonisation. La Côte d'Ivoire va
connaitre au moins quatre grandes vagues de migrations entre les années
1950 et 1990, représentant à chaque fois un déplacement
partiel de la production (voir carte 1, représentant les zones de
production)13(*). La zone
de production, en 40 ans s'est déplacée d'Est à l'Ouest.
Aujourd'hui, la zone de production se situe au sud-ouest et au centre-ouest.
Figure 1 : Les zones de production du cacao et autres
produits agricoles en Côte d'Ivoire
Source : www.fao.org
Par ailleurs, l'Etat parti va apporter son soutien aux
migrants ivoiriens et non ivoiriens à travers le discours tenu par le
président Houphouët en 1963, « le Gouvernement et le
Parti-Etat décident de reconnaître à tout citoyen ivoirien
d'origine ou d'adoption, qui met une parcelle de terre en valeur quelle qu'en
soit l'étendue, le droit de jouissance à titre définitif
et transmissible à ses héritiers. » Autrement dit, la
terre appartient à celui qui la met en valeur, pour justifier le
désir de faire de la Côte d'ivoire une économie de grande
plantation à travers la mise en valeur des massifs forestiers du grand
Ouest.
II) LES FACTEURS
DÉTERMINANTS DE L'ESSOR DE LA PRODUCTION DU CACAO
A) LES FACTEURS LIÉS
À LA PRODUCTION AGRICOLE
La Côte d'Ivoire dispose dans sa partie sud, d'un climat
humide, chaud et régulier favorable au développement de cet arbre
délicat, les températures moyennes annuelles varient de 24
à 32 °C (Kouamé et al., 2007). Cette
végétation avantageuse sera appuyée par la politique de
vulgarisation des cultures de rente. L'Etat a crée un organisme
étatique : l'Agence Nationale d'Appui au Développement Rural
(ANADER), pour l'encadrement des paysans, notamment en termes de techniques de
production et d'utilisation d'intrants, et une Société
d'État d'assistance technique pour la modernisation de l'agriculture en
Côte d'Ivoire (Satmaci)14(*).
Dans les années 70, la Banque Nationale pour le
Développement Agricole (BNDA) est créée pour financer le
secteur agricole. Malheureusement, les énormes déficits
accumulés par cette structure étatique ont conduit à sa
dissolution dans les années 1980.
Par ailleurs, dès 1971, le cacao devient prioritaire
sur le plan de la politique agricole. L'Etat reçoit d'importants
financements internationaux (Banque mondiale, Fonds européen) qui
permettent la mise en route d'un programme d'extension cacaoyère. Il
fournit gratuitement aux planteurs un matériel végétal
performant et son accompagnement (sachet plastique), il accorde, durant les
quatre années d'attente d'entrée en production ;
un« prêt extension cacaoyère », qui leur
permet de financer les investissements.
B) UNE VOLONTÉ POLITIQUE
AFFICHÉE POUR LE CACAO ET LE CAFÉ
Afin d'encourager la production et assurer le
désenclavement des zones de production, l'Etat a mis en place une
politique de prix incitatif, à travers la création d'une caisse
de stabilisation. En septembre 1955, deux Caisses sont créées en
Côte d'Ivoire, une pour le café et l'autre pour le cacao. En
février 1962, ces deux caisses sont fusionnées pour donner
naissance à une « Caisse de stabilisation des prix du café
et du cacao ».En avril 1964, cette caisse devient une
société d'Etat dénommée Caisse de Stabilisation et
de Soutien des Prix des Produits Agricoles (CSSPPA ou CAISTAB).
La CAISTAB, outil de politique agricole pour l'Etat de
Côte d'Ivoire, était une structure de régulation dont
l'objectif était de stabiliser les prix de manière à
réduire les risques de revenus liés aux marchés
internationaux (Source FIRCA15(*)).
En outre, la politique d'aménagement du territoire a
favorisé les extensions cacaoyères : la construction d'un
pont sur le fleuve Sassandra et la création du port de San Pedro ouvrent
le Sud-Ouest, quasiment vide de population, aux défrichements.
L'ensemble de ces mesures aboutit à faire de la
Côte d'Ivoire le premier producteur mondial : elle dépasse le
Ghana à partir de l'année 197716(*). Le fossé ne cessera de s'agrandir, à
la fois avec la chute continue de la production ghanéenne, qui passe en
dessous de la barre des 200 000 tonne, et la croissance exponentielle de
la récolte ivoirienne, qui atteint les 800 000 tonnes à la
fin des années 80 (FREUD Ellen et alii).
SECTION II :
L'APPORT DU CACAO DANS L'ECONOMIE NATIONALE
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le
premier paragraphe aborde la production et le système de
commercialisation du cacao. Le second paragraphe, quant à lui, montre
l'importance de l'économie cacaoyère dans l'économie
nationale du pays.
I) LA PRODUCTION ET LE
SYSTÈME DE COMMERCIALISATION DU CACAO
A) Les données de la
production du cacao
La production ivoirienne a connu une croissance de 625% en 30
ans, sur la période 1970-2000. Elle a atteignant un volume record de 1,5
million de tonne pour la campagne 2010/11. Malgré cette performance, le
secteur du cacao reste marqué par un niveau de transformation
très faible au niveau local. Mais, le taux de transformation du cacao
reste inférieur à 1,5 % de la production et les niveaux de
productivités des exploitations demeurent bas.
Les rendements sont faibles : 300 à 450 kg/ha contre un
potentiel de 2000 à 2500 kg/ha pour le matériel
végétal actuellement diffusé par la recherche17(*).
1) La période allant
de 1970 à 2000
Cette période correspond à deux étapes de
la production cacaoyère en Côte d'Ivoire. De 1970 à 1990 et
de 1990 à 2000 (voir tableau 1).
1970-1990 : elle correspond à
l'envolée des cours mondiaux du cacao et la forte implication de l'Etat
dans le circuit de production du cacao ; aide aux producteurs,
création de la BNDA. La Caistab18(*), née depuis 1964, était présente
à tous les stades de la commercialisation, depuis la collecte
jusqu'à l'exportation. De 175 000 tonnes en 1970, la production de
cacao connait une hausse de 23,9% en 1975 pour atteindre 230 000 tonnes.
En 15 ans, le pays triple sa production, 555 100 tonnes en 1985. Depuis
1977, le pays occupe le rang de premier producteur mondial.
1990 à 2000 : elle correspond aux
premières reformes du secteur pour aboutir à la dissolution de la
caistab, par décret du 20 janvier 1998. En lieu et place, une nouvelle
structure dénommée « Nouvelle Caistab » a
été mise en place en 1999 avec pour objectif d'établir une
concurrence plus équilibrée et plus efficace entre les acteurs du
marché. La côte d'Ivoire connait une production record de
807 500 tonnes, soit une hausse de 31,25% en 1990. Malgré la
conjoncture économique de l'époque, la production est en hausse,
mais elle est proportionnellement en baisse par rapport aux années
précédentes ; 27,9% en 1995 et 13,84% en 2000 (voir
graphique 1 en annexe). Le tableau 1 indique la progression de
la production de cacao, avec un bond en 1985 et un ralentissement de entre 1995
et 2000.
Tableau 1 : Evolution de la production du cacao
de 1970 à 2000
Années
|
1970
|
1975
|
1980
|
1985
|
1990
|
1995
|
2000
|
Production
en tonne
|
175 000
|
230 000
|
320 000
|
555 100
|
807 500
|
1 120 000
|
1 300 000
|
Sources : 1970 à 1980 :
Ministère du Plan, Etude de M KOFFI Koffi Paul « Le
défi du développement en Côte d'Ivoire, L'Harmattan, 2008 /
De 1985 à 2000 : Source FAO : évolution de la
filière café cacao
2) La production de la
décennie 2000
A partir de 2001, la Filière Café Cacao
connaît de nouveau une réorganisation. Au plan institutionnel, la
nouvelle réforme a conduit à la suppression de la nouvelle Caisse
de Stabilisation et à la mise en place d'un nouveau dispositif de
contrôle répondant aux souhaits de l'Etat et de ses partenaires.
L'objectif qui a guidé la suppression de la nouvelle CAISTAB
était de procéder au retrait de l'Etat afin de confier la gestion
de la filière aux producteurs. Cette réforme devait permettre
aux planteurs de bénéficier, le cas échéant, des
hausses de cours sur les marchés internationaux.
Sur la période 2001-2012, le pays maintient sa
production à plus d'un million de tonne. De 2001 à 2004, la
progression n'est pas significative à cause d'une part de la situation
politique (1999 coup d'état, et tentative de coup d'état en 2002)
et de la nouvelle reforme de la filière entamée en 2001. Mais en
2006, le pays connait une production record avec 1,406 million de tonne, soit
40% de la production mondiale19(*) (voir tableau 2, en annexe).
3) Les pays producteurs
concurrents
Depuis 1960, la production mondiale de cacao a
été multipliée par 3 passant de 1,2 à 3,6 millions
de tonnes. Cette croissance a été entrecoupée de chocs
résultant de politiques d'ajustements structurels, de l'apparition de
ravageurs et de maladies et de mouvements spéculatifs qui affectent la
production. Une cinquantaine de pays de la zone intertropicale cultivent la
fève de cacao ; trois d'entre eux dominent la production mondiale : la
Côte d'Ivoire (39 %), le Ghana (21 %) et l'Indonésie (13
%)20(*).
La production ouest-africaine est dominée par la
Côte d'Ivoire (1,3 million de tonnes en 2005) et le Ghana (600 000
tonnes) qui produisent près de 60 % du cacao mondial. Le Nigeria (175
000 tonnes) et le Cameroun (166 000 tonnes) disposent d'un bassin de production
commun. Ces quatre pays figurent parmi les cinq premiers pays producteurs
mondiaux. En Asie, l'Indonésie affiche une production importante, entre
450 000 tonnes (2010/11) et 500 000 tonnes (2011/12). Même si, dans les
années 1990, le Brésil était par un grand producteur de
cacao, les épidémies ont dévasté sa production ;
toutefois, la production brésilienne est aujourd'hui en hausse.
BA)La politique de
commercialisation du cacao ivoirien
1)La Caisse de
stabilisation des prix du café et du cacao
Pendant les années 1960 et 1970, les ressources
générées par l'exportation des fèves de cacao et
gérées par la CAISTAB ont directement contribué au
développement d'infrastructures et à l'effort d'industrialisation
du pays. La crise des années 80 marquée par la chute de plus de
40% des cours du cacao inverse le résultat du solde commercial, qui
était excédentaire dans les années antérieures. Par
ailleurs, ce système était miné par plusieurs maux comme
entre autres : la multiplication des contrôles du stade
bord-champ ; la corruption et l'augmentation du volume de la dette de la
caisse vis-à-vis des exportateurs et banquiers. Pour échapper
à tout défaut de paiement, la Côte d'Ivoire cède aux
contraintes de l'ajustement structurel.
2) La libéralisation
de la filière
L'ajustement du secteur agricole est matérialisé
dès 1989 par la mise en oeuvre du Programme d'Appui aux Services
Agricoles (PASA). Il associe à la fois des mesures de rationalisation
institutionnelles, économiques et fiscales de diversification de la
production et de la protection naturelle. Ce programme visait, entre autres,
à restaurer la capacité du secteur agricole à assurer la
relance de l'ensemble de l'économie tout en créant les conditions
endogènes d'un retrait graduel de l'Etat de la production et de la
commercialisation.
La Caisse de stabilisation a été dissoute par
décret du 20 janvier 1998. En lieu et place, une nouvelle structure
dénommée « Nouvelle Caistab » a été mise
en place en 1999 avec pour objectif d'établir une concurrence plus
équilibrée et plus efficace entre les acteurs du marché.
Le capital social de cette nouvelle structure est reparti entre
différents acteurs : producteurs (33%), exportateurs (20%), Etat (25%),
banques et établissement financiers (8%), acheteurs (6%). Le rôle
de la nouvelle caistab se limite à la collecte d'informations et de
statistiques ainsi qu'à l'enregistrement des contrats de vente aux
exportateurs et des droits fiscaux. Elle participe à la
négociation des accords et arrangements internationaux, veille sur la
promotion de la qualité et du label Côte d'Ivoire. Enfin, elle est
chargée de la formation des opérateurs de la filière
(comptabilité notamment) et de la gestion d'un fonds mutuel café
cacao.
A partir de 2001, la Filière Café Cacao
connaît de nouveau une réorganisation. Au plan institutionnel, la
nouvelle réforme a conduit à la suppression de la nouvelle Caisse
de Stabilisation et à la mise en place d'un nouveau dispositif de
contrôle répondant aux souhaits de l'Etat et de ses partenaires.
L'objectif qui a guidé la suppression de la nouvelle CAISTAB
était de procéder au retrait de l'Etat afin de confier la gestion
de la filière aux producteurs. Cette réforme devait permettre aux
planteurs de bénéficier, le cas échéant, des
hausses de cours sur les marchés internationaux. Cette
libéralisation s'est également traduite par la mise en place d'un
mécanisme de recouvrement fiscal simplifié (Droit Unique de
Sortie ou DUS). Le nouveau dispositif issu de la réforme est
constitué de cinq structures : l'Autorité de Régulation du
Café et du Cacao (ARCC), la Bourse du Café et du Cacao(BCC), le
Fonds de Développement et de Promotion des activités des
Producteurs de Café et de Cacao(FDPCC), le Fonds de Garantie des
Coopératives Café-Cacao (FGCC), le Fonds de Régulation et
de Contrôle(FRC) (source FIRCA).
L'ambiguïté née de la multiplicité
des structures, tant au niveau des statuts qu'au niveau des interventions n'a
pas favorisé la transparence dans la gestion des flux financiers du
secteur. Un nouveau cadre verra la jour en 2007, le Comité technique de
Pilotage et de Suivi de la Réforme de la Filière Café
Cacao, avec pour mission principale de mettre en place une stratégie
globale intégrant la production, la recherche, la commercialisation, le
financement et l'industrialisation en vue d'améliorer et de
sécuriser d'une part, les revenus des acteurs en général
et des producteurs en particulier et d'autre part, de pérenniser et de
rendre viable la filière (Ministère de l'agriculture). Ce
comité sera remplacé par le Comité de Gestion de la
Filière Café Cacao(CGFCC). Ce Comité est chargé de
la supervision, de la coordination et de la direction des activités de
gestion de la Filière Café Cacao et rend compte au Comité
Interministériel des Matières Premières. Pour assurer la
représentativité des producteurs dans la gestion de la
filière, il a été créé outre le
Comité de Gestion de la filière, un Conseil National des
Sages(CNS) composé de producteurs de café et de cacao.
3) Le Conseil de
café cacao
Une nouvelle reforme est entreprise en 2011et vise à
« renforcer la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion
des ressources ainsi que le développement d'une économie
cacaoyère et caféière durable à travers la
réorganisation de la production et l'amélioration de la
productivité » (Conseil de café cacao). La
réforme entreprise s'est matérialisée par la
création du Conseil de Régulation, de Stabilisation et de
Développement de la Filière Café Cacao,
dénommé Conseil du Café-Cacao. Par ailleurs, un
Comité de suivi de la mise en oeuvre de la réforme a
été créé en janvier 2012. Il est chargé de
veiller à l'application des textes juridiques fondateurs de la
réforme. Les effets de cette nouvelle reforme ne sont pas encore
perceptible, vu que le pays sort d'une décennie de crise et d'une guerre
au cours de la période 2010/2011.
I) L'IMPACT DE
L'ÉCONOMIE CACAOYÈRE SUR L'ÉCONOMIE NATIONALE
A) Le poids de
l'économie cacaoyère
1) Les recettes issues du
cacao et des produits d'exportations
« En 2005, les recettes douanières de la
Côte d'Ivoire ont chuté de 57,7 milliards de F CFA, à 638,7
milliards »21(*), selon le directeur général des douanes
à l'époque, Gnamien Konan, cette moins-value provient
essentiellement d'une baisse de 74 000 tonnes des exportations de cacao. Cette
déclaration montre l'importance du cacao dans l'économie
ivoirienne. En effet, sur le plan macro économique national, le niveau
de production atteint fait que l'économie cacaoyère fournit
environ 40 % de recettes d'exportation, et contribue pour 10 % à la
formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Au plan social, ce sont
environ 600.000 chefs d'exploitation qui animent l'appareil de production,
faisant ainsi vivre environ 6.000.000 de personnes des revenus du
cacao22(*).
La situation du commerce extérieur de la période
2000 à 2005, présentée sur le tableau 3, l'indique si
bien. Sur la période considérée, le solde commercial est
positif23(*). On remarque
une augmentation régulière des exportations de 2000 à
2005, même si en 2003 on a assisté à une
légère baisse (-6,70 %). Les importations connaissent une hausse
de 75 % de 2000 à 2005 avec un léger fléchissement en
2002. Le solde commercial positif est dû essentiellement à la
hausse des recettes issues du cacao (fèves et transformés). Le
tableau 4 (en annexe) montre bien que les recettes du cacao comptent pour plus
de la moitié des recettes des principaux produits exportés. La
baisse des recettes d'exportations en 2003 est la résultante de la forte
baisse des recettes issues du cacao.
Par ailleurs, dans son étude « Dynamique
des recettes du café et du cacao en Côte
d'Ivoire », Loesse Jacques ESSO,
montre les recettes engrangées par les exportations de
fèves de cacao. « La valeur des exportations de
fèves de cacao a atteint le chiffre de 743,338 milliards de FCFA en
2006. La valeur des exportations de cacao transformé a atteint 296,664
milliards en 2004 et 319,782 milliards de FCFA en 2006 et le droit unique de
sortie sur le cacao était de 306,809 milliards de FCFA en
2004 ».
Tableau 3 : Les principaux produits exportés
de 2000 à 2005
Principaux produits exportés en milliards de FCFA
|
|
|
|
|
|
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Café
|
182,3
|
76,3
|
51,1
|
17,8
|
49,2
|
36,7
|
Ananas
|
33,4
|
33,2
|
30,2
|
11,8
|
28,2
|
25
|
Bois
|
197
|
204,3
|
177,3
|
49,3
|
160
|
63,1
|
Cacao fèves
|
137,9
|
221
|
377
|
143,5
|
850,1
|
777,9
|
Cacao transformé
|
601,1
|
739,4
|
1229,8
|
587,6
|
296,7
|
309,5
|
Caoutchouc
|
55,9
|
52,3
|
61,8
|
22,4
|
87,8
|
0,1
|
Conserve de thon
|
85,2
|
73,8
|
94,7
|
29
|
81,1
|
51
|
Coton en masse
|
105
|
91,8
|
93,4
|
45,9
|
87,8
|
0,1
|
Huile de palme
|
25,2
|
26,3
|
24,7
|
7,5
|
37,2
|
36,2
|
Produits pétroliers
|
473,5
|
355,5
|
330,9
|
81,8
|
16,7
|
3,2
|
Source : Ministère du commerce, la Côte
d'Ivoire en Chiffre de la DGTCP
2)
La hausse des cours mondiaux et le miracle économique
Comme il vient d'être démontré, le cacao
joue un rôle primordial dans l'économie nationale. C'est tout
naturellement que la hausse des prix des produits d'exportations et
particulièrement, du cacao, au début des années 1960 et
pendant les années 1975-1978, a eu un impact positif sur
l'économie nationale. « Le produit intérieur brut
s'accroît alors de plus de 7 % par an en moyenne. L'État engrange
alors des plus-values considérables sur la période 1974-1980,
qu'il consacre à de très importants programmes d'investissement.
Le montant des investissements publics triple entre 1974 et
1978. Les demandes publique et privée s'en trouvent fortement
stimulées, entraînant dans leur sillage les investissements
privés, qui augmentent à un rythme annuel de 20 %. Le PIB global,
pendant cette période, s'accroît de 9 % par an. La Côte
d'Ivoire bascule dans la catégorie des Pays à Revenu
Intermédiaire (PRI), avec un PIB par habitant qui atteint 2237 $ en
1978 ». C'est le deuxième pays d'Afrique noire après le
Gabon. On a alors parlé de « miracle de l'économie
ivoirienne ». La «manne cacaoyère» produit deux effets
simultanés. D'une part, elle enclenche un phénomène de
désépargne au profit, notamment, d'une hausse de la consommation
de biens importés, hausse qui a pour effet immédiat
d'accroître le déficit extérieur. D'autre part, les gros
programmes d'investissements publics débloqués par les ressources
du cacao accroissent les dépenses publiques dans des proportions
spectaculaires : 42,4 % du PIB en 1978 contre moins de 30 % dans les
années 1960 (Loesse Jacques,2009).
AB) La chute des cours du
cacao
1) Le déclin de
l'économie à partir des années 80
La dépendance de la Côte d'Ivoire vis à
vis des cours mondiaux du cacao est 1'un des facteurs qui vont
précipiter le pays dans une crise profonde qui durera de 1980 à
1993. Entre 1978 et 1986, les cours du cacao chutent de 40 %. En 1981, selon
les chiffres de la Banque Mondiale, les dépenses publiques
d'investissement ont dépassé de 40 % celles inscrites au
Programme d'Investissement Public pour les cinq années
précédentes. Le résultat est immédiat : le pays
connaît en 1980 sa première crise de paiements extérieurs.
Le déficit de la balance des paiements atteint 18 % du PIB, le service
de la dette approche les 40 % du PIB et les avoirs extérieurs nets de la
Banque Centrale sont quasiment réduits à néant.
Après quinze années de «miracle», l'économie
ivoirienne montre ses faiblesses due à sa forte dépendance des
recettes d'exportations des produits agricoles, notamment le cacao.
2) La
dévaluation du FCFA
La crise s'accentue en 1989 et le prix du cacao est
tombé à moins de 25% de sa valeur de 1978. Avec un déficit
public de 16,5% du PIB, l'Etat est à court de liquidités. Le
PIB par habitant poursuit sa chute et passe sous la barre des 1.000 $ en 1993.
L'investissement atteint son plus bas niveau , à seulement 3% du PIB en
1993. Surtout, les mesures de libéralisation rencontrent de fortes
résistances. La Côte d'Ivoire connaît une forte crise
sociale avec la grève des étudiants, des enseignants et des
fonctionnaires. C'est dans ces conditions qu'intervient la dévaluation
en janvier 1994. Elle marque le début d'un nouveau cycle de croissance
pour la Côte d'Ivoire. « En résumé, on peut
affirmer que l'économie ivoirienne, souffre structurellement de deux
maux : elle est trop étatisée ce qui a pour effet de voir
l'activité plonger sitôt que les comptes publics se
dégradent. Elle est trop dépendante des exportations du
café et du cacao , ce qui la met à la merci des retournements de
tendance des cours mondiaux » (Loesse Jacques).
CHAPITRE II : LES
FACTEURS DE LA CRISE DU CACAO
Ce chapitre montre les causes structurelles et sociales de la
baisse de la production du cacao en Côte d'Ivoire. Il décrit d'une
part les causes structurelles dues au vieillissement du verger, au mode de
culture traditionnelle et à la réduction des parcelles et les
facteurs socio économiques de la baisse, notamment la chute des cours
mondiaux et la faiblesse des unités de transformation d'autre part.
SECTION I : LES CAUSES
DE LA CHUTE DE LA PRODUCTION DU CACAO
Cette section est divisée en deux
paragraphes. Le premier paragraphe évoque les défaillances
structurelles comme les principales raisons de la chute de la production du
cacao. En effet, le manque d'entretien du verger va occasionner son
vieillissement et l'apparition de maladies. Le second paragraphe, quant
à lui, aborde les aspects conjoncturels de la crise.
I) LES DÉFAILLANCES
D'ORDRE STRUCTUREL
A) Un mode de culture
traditionnel
L'expansion des champs de cacao s'est fait depuis
l'indépendance par la destruction abusive du couvert forestier. En
effet, selon les statistiques du ministère de la forêt, les
plantations de cacao et de café ont contribué à 25% au
déboisement des forêts, réduisant fortement les espaces
culturales. Par ailleurs, plus de 60 % des plantations de cacao, ont
été créées par un défrichement de
forêt (TANO Maxime).
Malgré son rang de premier producteur mondial de cacao,
le mode d'exploitation agricole est demeuré de type familial et non
mécanisé. Les outils utilisés par les paysans sont
demeurés identiques à ceux de 1960, c'est-à-dire la
machette, la hache et la daba. La famille reste la principale source de main
d'oeuvre, environ 94 % des producteurs ont eu recours à une main
d'oeuvre familiale non payante constituée de l'épouse du
producteur, des enfants et des autres membres de la famille qui travaillent
dans les exploitations comme aides familiaux (Tano Maxime). Parfois, le
métayage est la technique utilisée pour palier ou faire face
à la cherté de main d'oeuvre. C'est un mode d'exploitation dans
lequel l'emprunteur, le métayer, exploite une partie ou la
totalité de la plantation moyennant une part de la récolte. Dans
la zone de l'Est, 48,79 % des producteurs pratiquent le métayage. Au
Sud-ouest, 37,28 % des planteurs ont confié une cacaoyère
à un métayer (Kouadio Tano, 1987).
B) Le déplacement de
la zone de production
Située au Sud-Est de la Côte d'Ivoire, entre 1950
et 1960, la zone de forte production de cacao (boucle du cacao) va se
déplacer pour se retrouver actuellement à l'Ouest et au sud-Ouest
du pays. Mais entre 1970-1980, la boucle du cacao était dans la
région du Centre-Ouest. Ce phénomène observé aussi
au Ghana dans les années 1970-1980 (François RUF) est, la
conséquence du mouvement des planteurs à la recherche de
nouvelles forêts. Ce processus correspond à la prise en compte par
les planteurs du vieillissement de la première plantation, de la baisse
des rendements et des revenus. L'histoire de la production cacaoyère a
ainsi fonctionné. François Ruf (booms et crises du cacao) et
Freud Ellen et alii (les champs de cacao), décrivent très bien
cette situation. Au début du 20éme siècle,
l'Amérique du sud fournissait les 2/3 de la production mondiale. Cette
hégémonie sera inversée dans les années 60 par le
continent africain, avec une production mondiale de 75%. A l'échelle
d'un pays, ce phénomène était déjà
remarquable en 1961 avec le Ghana qui supplantait le Brésil, premier
producteur mondial de cacao. Depuis 1977, la Côte d'Ivoire lui a ravi
cette place de leader mondial avec 40 % des parts de marché. De
même, la Malaisie qui représentait jusqu'en 1985 le premier
producteur de cacao du continent asiatique, a été
supplantée par l'Indonésie en 1990 avec une part de marché
estimée à 17 % de la production mondiale. L'autre
conséquence de la chute des prix du cacao est le traitement
irrégulier des champs de cacao. Par exemple, le nombre de pompages
recommandés pour une exploitation cacaoyère de 4 hectares est de
4. Ce traitement doit s'effectuer en décembre, janvier, juillet et
août (KOUADIO JM et alii). La prolifération des maladies (swollen
shot24(*), pourriture
brune des cabosses) a conduit beaucoup de producteurs à l'abandon leurs
cacaoyers. Deux facteurs fondamentaux permettent d'expliquer la propagation des
maladies dans les plantations. Il s'agit du vieillissement des vergers et de
l'insuffisance de pesticides et de fertilisants pour le traitement dans les
délais indiqués, des plantations.
II) LES ASPECTS CONJONCTURELS
DE LA CRISE
A) La
baisse du pouvoir d'achat des producteurs
Le prix d'achat d'un kilogramme de cacao au producteur a
été très stable pendant 30 ans, autour de 750-800 FCFA/kg.
Suite à la chute des cours, ce prix va baisser de 25%, pour être
diminué de moitié en 90/91. Par ailleurs, les incertitudes
liées à la libéralisation de la filière ont aussi
contribué à la baisse du prix d'achat. Malgré cette
situation, la production a connu une hausse mais dans des proportions moindres
par rapport aux années fastes. En outre, les conditions climatiques
jouent aussi un rôle déterminant dans la fixation des prix. Quand
elles sont favorables à une bonne récolte, les prix baissent,
alors qu'en période d'extrême humidité ou de
sécheresse, les prix augmentent. La baisse du prix d'achat du kilogramme
de cacao aux producteurs va obliger ceux ci à s'orienter vers d'autres
cultures de rente, particulièrement l'hévéa. Au moment
où le cacao s'achetait à 250FCFA le Kilogramme, celui de
l'hévéa était à 1000 FCFA.
L'hévéaculture est un secteur en plein essor avec une production
de 163 000T en 2005, 179 000 T en 2006 (Ministère de l'agriculture).
Elle occupe le 3ème rang des produits d'exportation en Côte
d'Ivoire avec un revenu global à l'exportation de 106 milliards FCFA en
2005. La Cote d'Ivoire se situe au 1er rang des producteurs africains de
caoutchouc naturel devant le Liberia, et au 8eme rang mondial. Notons que ces
abandons sont observés généralement chez les planteurs de
l'Est et du Centre-ouest, les anciennes boucles de cacao. En effet, environ 15
% des planteurs de l'ancienne « boucle du cacao » ont
abandonné une plantation de cacao, au Centre-ouest, ce sont 10,34 % des
paysans (Maxime Tano). Par ailleurs, les litiges fonciers sont aussi à
la base de l'abandon des plantations de cacao.
B) Les conflits fonciers
La crise économique de 1980 a provoqué la perte
d'emploi de plusieurs jeunes en milieu urbain. L'Etat a mis en place une
politique du retour à la terre pour trouver une solution au
chômage des jeunes citadins. Mais ce retour n'a pas été
facile, car la plupart des parents ont cédé aux étrangers
et/ou allogènes des parcelles que ces derniers ont exploité.
Cette situation a engendré des conflits mettant à mal
l'activité cacaoyère dans les zones concernées.
Le motif principal des conflits relève de la
rareté des terres fertiles. En effet, les différents mouvements
migratoires qui se sont opérés dans les zones de production ont
entraîné des pressions fortes sur les terres disponibles. Ainsi,
en 1974, le taux net de migration s'établissait à 3,5 % dans la
région du Sud-Ouest (Colette Vallat, 1979). En plus des migrants
économiques, des milliers de réfugiés libériens,
fuyant la guerre civile dans leur pays à la fin de la décennie
1980, se sont installés dans cette région faisant d'elle l'une
des régions ayant une proportion élevée d'étrangers
(42,8 %). La plupart des migrants se sont engagés dans l'activité
cacaoyère d'abord en tant que manoeuvre agricole, avant de créer
des années plus tard, leurs propres exploitations.
SECTION II : LES
FACTEURS SOCIO ECONOMIQUES
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le premier
paragraphe évoque la chute des cours mondiaux, à la basse de la
baisse de la production. Le second paragraphe, quant à lui, aborde les
aspects socio-politique ayant contribué à cette chute.
I) LA CHUTE DES COURS MONDIAUX
DU CACAO
A)
La dépendance vis-à-vis des facteurs extérieurs
1) Des prix internationaux
très instables
Le cacao est négocié sur deux bourses mondiales
: la London's Euronext.liffe en livres britanniques et la bourse des contrats
à terme de New York en dollars américains. Les prix mondiaux sont
souvent très volatils, sujets à la spéculation. En
novembre 2000, à la bourse de New-York, les prix ont ainsi atteint leur
niveau le plus bas depuis 27 ans (714 $/tonne) alors qu'au mois de mars 2011
ils se sont envolés, atteignant leur plus haut cours en 32 ans (3 775
$/tonne). Depuis 2000/2001, les prix du cacao ont augmenté de 86 % en
termes réels, mais les coûts des intrants ont également
progressé de manière substantielle. A la date du 14 juin 2014, la
tonne de cacao était à 1936,67 livres sterling à la bourse
de London et 3058,67 dollars à New York (soit un prix oscillant
entre 1.529.335 FCFA et 1.642.810 FCFA)25(*) tandis qu'en Côte d'Ivoire le prix minimum
garanti aux producteurs est de 750 FCFA26(*).
2) Les conditions
climatiques et politiques
La Côte d'Ivoire étant le plus important
producteur de cacao, les conditions climatiques et l'instabilité
politique du pays ont un impact énorme sur l'industrie mondiale. En 2000
par exemple, les bonnes conditions climatiques du pays ont contribué
à l'abondance de l'offre et à la constitution d'importants stocks
entraînant une chute vertigineuse des prix qui se sont établis
à 714 dollars la tonne. Deux ans plus tard, une tentative de coup
d'état contre le président ivoirien entraina une guerre civile.
La peur des ruptures d'approvisionnement en cacao provoqua alors une hausse des
prix atteignant 2 335 dollars la tonne, le plus haut cours en 16 ans. En
2010, la contestation du résultat des élections
présidentielles entraîna le pays dans une nouvelle guerre civile,
laissant derrière elle des milliers de morts et une économie en
ruine. Les inquiétudes concernant la satisfaction de la demande mondiale
ont été amplifiées par l'embargo sur les exportations qui
a retenu près d'un demi-million de tonne de cacao dans les ports du
pays. Ces événements ont entraîné une nouvelle
hausse du cours du cacao atteignant 3 775 dollars la tonne, son plus
haut niveau en 32 ans.
B) La
mauvaise gestion de la filière
La flambée des prix du cacao n'a pas
bénéficié aux producteurs. Selon la Banque Mondiale (2006)
le nombre de pauvres a augmenté en Côte d'Ivoire entre 1995 et
2006, passant de 33,5% à 43,2%. La majorité des pauvres en
Côte d'Ivoire sont des ruraux qui tirent l'essentiel de leurs revenus de
la production de cultures vivrières ou de rente 27(*). En 2008, le taux de
pauvreté était de 48,5% (PND 2012-2015) avec un fort taux en
milieu rural. Les données sur la pauvreté ne permettent pas
d'appréhender la situation des producteurs de cacao par rapport à
l'ensemble des producteurs de culture de rente. Néanmoins, l'importance
de la pauvreté parmi les producteurs en général peut
amener à considérer que près de la moitié des
producteurs de cacao sont en situation précaire. La situation
décrite montre bien que le « miracle économique
ivoirien » issu du boom des recettes du cacao n'a pas
été bénéfique aux producteurs. La gestion des
recettes publiques a été loin d'être transparente. Avec
l'explosion des prix du cacao en 1976-1977, les dépenses de
l'État ont augmenté. Encouragés par l'abondance des
revenus générés par le cacao, le gouvernement et la
CAISTAB se sont adonnés à des pratiques corrompues et
patrimoniales (Global witness).
Depuis la libéralisation, les producteurs de cacao
n'ont de cesse de se plaindre des prix bas qu'ils perçoivent pour leur
cacao. Ils contestent également le faible niveau de financement des
coopératives accordé par les institutions de la filière
cacao et le manque de sacs brousse et de pesticides, qui sont censés
être fournis par le FDPCC28(*). Les producteurs se
plaignent fréquemment du manque de soutien financier et technique
accordé par l'État et qui affecte la quantité et la
qualité de la production de cacao.
Un fait marquant de la filière est l'absence
d'entreprise nationale dans la transformation des fèves de cacao. Seules
25% des fèves du cacao sont broyées localement par quatre
sociétés et exportées dans sa quasi-totalement. Ce sont
CEMOI COTE D'IVOIRE (65 000 t), filiale française de CEMOI France,
MICAO (100 000 t), filiale du groupe américain CARGILL UNICAO (85 000
t), société du groupe hollandais ADM SACO (100 000 t),
rattachée au groupe suisse BARRY CALLEBAUT29(*).
Ce paragraphe montre bien qu'à part la production des
fèves de cacao du bord champ au port, la Côte d'Ivoire n'est pas
présente aux étapes ayant plus de valeur ajoutée.
II) LES FACTEURS
SOCIO-POLITIQUES
A) La crise politique de
2002 à 2011
La crise socio politique qui a secoué la Côte
d'Ivoire, à côté des arguments politiques, a des
motivations économiques. Les violences les plus meurtrières se
sont déroulées dans les zones de production de cacao,
particulièrement à l'ouest du pays, où est cultivée
la plupart du cacao ivoirien30(*). En décembre 1998, les questions de
l'identité et de l'accès aux ressources ont abouti à la
mise en vigueur d'une nouvelle loi foncière réservant la
propriété des terres aux Ivoiriens. Lorsque l'économie
ivoirienne est entrée dans une période de crise pendant les
années 1980, la concurrence autour de la propriété des
terres et des recettes issues du cacao s'est intensifiée.
Par ailleurs, les ressources issues du cacao ont servi pour le
financement de la guerre et cela, une fois de plus au détriment du
producteur. Dans son rapport « cacao et le conflit
ivoirien », l'Organisation non Gouvernementale Global Witness,
écrit ceci « les institutions nationales de la
filière cacao de la Côte d'Ivoire, avec l'assentiment de la plus
importante organisation professionnelle d'exportateurs, ont contribué
directement à l'effort de guerre en fournissant au gouvernement de
l'argent, des véhicules et des armes à partir des fonds
dégagés des prélèvements parafiscaux sur le
cacao ». Concernant les forces rebelles, l'ONG estime que
« le cacao est une source de revenus substantielle pour les
FN31(*), (..) que depuis
2004, elles ont dégagé en moyenne environ 15,1 milliards de CFA
(30 millions de dollars US) par an de ce commerce ».
B) Les
facteurs sociaux
Le phénomène de travail des enfants dans les
plantations de cacao devient de plus en plus inquiétant. En 2011, une
étude entreprise par l'Université de Tulane avait
révélé que près de 1,8 million d'enfants
travaillaient dans les secteurs du cacao de la Côte d'Ivoire et du Ghana,
souvent non rémunérés. Le problème qu'il pose est
que cette situation est en déphasage avec les conventions de
l'organisation internationale du travail (OIT) signées par la Côte
d'Ivoire. Par ailleurs, une étude établit que le travail des
enfants relève de la pratique sociale de la vie quotidienne dans le
milieu rural32(*).
La migration urbaine des jeunes des villages vers la capitale
et les grandes villes du pays (Abidjan ou San Pedro) à la recherche
d'emplois, n'est pas un phénomène nouveau. En effet, cet
évènement, observé pendant les années de gloire du
pays avait amené l'Etat à prôner le retour à la
terre, lors de la crise économique qui a frappé le pays. Mais, ce
mouvement qui est relativement récent est dû à la crise
politique, aux conflits fonciers observés dans les zones
forestières et à la rareté des terres à mettre en
valeur. Ce phénomène compromet la survie de la production
cacaoyère au niveau de la relève car la majorité des
paysans sont âgés.
CONCLUSION PARTIELLE
Dès son accession à l'indépendance, la
Côte d'Ivoire fait le choix d'une économie libérale,
basée sur l'exportation des produits de rente, notamment du café
et du cacao. Grâce à son ouverture et sa politique agricole, elle
va connaitre une croissance exceptionnelle et devenir le
« poumon » économique de l'Afrique de l'ouest.
Appelé « miracle ivoirien », cette situation a
permis à la Côte d'Ivoire de se lancer dans la construction
d'édifices et d'infrastructures routières modernes qui faisait sa
fierté.
Mais son modèle économique va montrer sa
fragilité avec la crise des années 80. En effet, sa
dépendance vis-à-vis des recettes d'exportation (café et
cacao) dont les prix sont très volatiles sur le marché mondial
d'une part, et la mauvaise gestion des ressources publiques par les
autorités ivoiriennes d'alors d'autre part, ont mis fin au rêve
ivoirien et contraint le pays à s'endetter lourdement. La reprise de la
croissance due à l'effet conjuguée de la hausse des cours et de
la dévaluation du franc CFA, en 1994, ne va rien changé. Le pays
demeure vulnérable et entre dans une crise économique et sociale,
qui se double en troubles sociaux et politiques. Au niveau de l'agriculture, la
crise va consacrer la fin du soutien de l'Etat aux producteurs, à
travers la libéralisation de la filière cacao.
Nonobstant la crise, le pays continue d'occuper le rang de
premier producteur mondial de cacao, avec plus d'un million de tonne. Mais
cette situation, loin d'être reluisante, crée des doutes sur
l'avenir du cacao. En effet, le vieillissement du verger et des producteurs,
la rareté des sols fertilisants, l'apparition de la maladie du swollen
shoot, le travail des enfants dans les plantations de cacao et les conditions
de vie des producteurs, auxquels s'ajoutent les conflits fonciers et
l'instabilité politique du pays, nuisent gravement à une
production durable du cacao. Dans ces conditions, la Côte d'Ivoire
peut-elle s'engager sur la voie d'une production de qualité et moins
dépendante des influences extérieures ? La deuxième
partie de notre mémoire va apporter une ébauche de solution.
PARTIE II :
LES DEFIS D'UNE PRODUCTION
DURABLE DU CACAO
« Ensemble pour une économie
cacaoyère durable »33(*) c'est autour de ce thème que les acteurs de la
filière cacao ont planché durant cinq jours à Abidjan.
Premier producteur mondial de cacao, la Côte d'Ivoire a accordé un
intérêt particulier à cette rencontre de tous les acteurs
du secteur. Car, malgré la bonne santé apparente, le secteur est
confronté à des difficultés énormes compromettant
son avenir. Après avoir fait un large tour d'horizon sur les carences
qui minent la filière, dans la première partie, cette
deuxième partie va identifier les étapes pouvant faire sortir les
producteurs de la pauvreté et d'améliorer leur niveau de vie. Le
chapitre premier présente comment le travail du producteur peut
être valorisé et le deuxième chapitre aborde les conditions
de l'amélioration de la commercialisation du cacao.
CHAPITRE I : LES
ETAPES DE LA VALORISATION DU TRAVAIL
DU PRODUCTEUR DE CACAO
Ce chapitre présente les étapes de la production
durable du cacao selon son aspect environnemental et social. Il présente
dans la section 1, la démarche d'une agriculture intensive qui respect
l'environnement et la biodiversité par la pratique des techniques
agronomiques et la reconstitution du couvert forestier ivoirien. Il aborde
également la prise en compte de l'environnement social du producteur,
à travers la section 2, par l'accroissement de ces ressources et
l'amélioration de son niveau de vie.
SECTION I : UNE
AGRICULTURE INTENSIVE
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le
premier paragraphe aborde les techniques agronomiques utilisées pour
avoir une meilleure production sans détruire la forêt ; la
régénération des vergers et l'utilisation rationnelle des
engrais. Le second paragraphe, quant à lui, aborde la reconstitution du
couvert forestier par la lutte contre les maladies du verger et le
reboisement.
I) LA PRATIQUE
DES TECHNIQUES AGRONOMIQUES
A) La
régénération des vergers
A contrario d'une agriculture extensive qui utilise plus de
surfaces cultivées, l'agriculture intensive vise à utiliser peu
d'espace et produit plus, à travers des techniques qui ne compromettent
pas l'environnement et la biodiversité. Des études menées
et en expérimentation34(*) montre bien que « les cacaoyers les
plus anciens ne sont plus capables de produire autant. Plutôt que de les
remplacer par de nouvelles variétés, aux qualités
aromatiques moins riches, les cacaoculteurs de la filière durable
donnent une seconde vie à ces arbres chargés d'histoire, à
travers les techniques agronomiques ancestrales : la greffe et la bouture.
Pas besoin de replanter ou d'agrandir les plantations, grâce aux
greffons, les bons cacaoyers produisent en plus grande quantité, un
cacao d'excellence ». Par ailleurs, le CNRA35(*), propose d'autres
méthodes qui ne nécessitent pas l'augmentation de l'aire
cultivée ; la réhabilitation (la remise en état d'un
verger en dégradation) et la replantation (renouvellement d'un verger
dégradé).
Cette méthode contraste avec les techniques
utilisées jusqu'alors. En effet, l'exploitation des champs de cacao en
Côte d'Ivoire demeure encore caractérisée par des
techniques extensives sur défriches forestières occasionnant la
baisse de la fertilité des sols. Il en résulte de faibles
rendements des exploitations agricoles (500 kg/ha pour le cacao) par rapport
aux potentiels affichés par la recherche (2 à 3 tonnes à
l'hectare pour le cacao)36(*). Le tableau 5 indique clairement l'utilisation
abusive de l'espace forestier en Côte d'ivoire. En effet, de 250 000
ha de surfaces plantées en 1961, la surface plantée est
passée à 4 000 000 ha, soit une croissance de plus de
93% en 43 ans.
Tableau 5. Evolution des surfaces plantées en
cacaoyers
en Afrique de l'Ouest entre 1960
et 2004
Pays
|
Surface plantée
en 1961 en ha
|
Surface plantée
en 2004 en ha
|
Cameroun
|
300 000
|
460 000
|
Côte d'Ivoire
|
250 000
|
4 000 000
|
Ghana
|
1 680 000
|
1 800 000
|
Libéria
|
2500
|
9000
|
Nigeria
|
700 000
|
800 000
|
Sierra Leone
|
10 000
|
32 000
|
Togo
|
30 000
|
60 000
|
TOTAL
|
2 960 500
|
7 1 6 1 000
|
Source : FAOStat, ICCO et estimations CIRAD
d'après enquêtes (2003-2005)
B) L'utilisation
rationnelle des engrais et autres produits chimiques
Si la Côte d'Ivoire veut conserver son rang de premier
producteur mondial, la seule issue est l'intensification en vue de
l'amélioration de la fertilité des sols et l'application
d'itinéraires techniques performants. Cela pourra éviter dans les
années à venir, le déplacement de la zone de production
et par conséquent la poursuite de la dégradation du couvert
forestier. Elles ne pourront être mises en oeuvre que dans le respect des
contextes socioéconomiques et de l'environnement. En effet, une
utilisation abusive des pesticides et autres peuvent avoir des résultats
néfastes sur l'environnement (ANADER)37(*). Ces adaptations nécessiteront l'acquisition
de nouvelles connaissances en matière de gestion de l'agro-forêt,
et en matière d'utilisation raisonnée des pesticides et des
engrais sols. Le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et Conseil
Agricoles (FIRCA) a élaboré un guide de formation pour la
régénération des vergers cacaoyers.
II) LA RECONSTITUTION DU
COUVERT FORESTIER
A) La lutte contre les
maladies de verger
La lutte contre le swollen shoot (maladie incurable) du
cacaoyer est un travail de longue haleine puisqu'il n'existe, pour le moment,
aucun produit chimique permettant de guérir les cacaoyers atteints par
la maladie (voir photo 1)38(*). Il s'agit d'une lutte essentiellement
préventive basée sur trois composantes : l'arrachage des
cacaoyers malades ; la replantation avec des variétés
tolérantes et l'application des bonnes pratiques culturales. Le principe
de cette lutte est de préserver les cacaoyers sains de la contamination
par le virus, en éliminant constamment dans leur voisinage, toutes les
sources de contamination.
La photo 1 montre une plantation atteint par
la maladie du swollen shoot, le producteur ivoirien l'appelle le
«sida» du cacaoyer. Cette comparaison met en évidence le
caractère pernicieux de cette maladie, qui provoque la chute drastique
des rendements et la dégradation désastreuse du verger.
Photo 1 : Attaque avancée de la maladie du
swollen shoot dans une cacaoyère : destruction
totale de la frondaison, suite à la chute des feuilles
et au dessèchement progressif des branches.
( Source : CNRA, guide de la lutte contre le Swollen
shoot)
Photo 2 : Cochenilles sur
cabosse de cacaoyer
La photo 2 montre des cochenilles, un champignon tout aussi
dévastateur qui attaque le cacaoyer au niveau des blessures
occasionnées par les cochenilles. Ce champignon microscopique de la
famille des Phytophthora, plus proche d'ailleurs
génétiquement des algues brunes que des champignons, constitue un
autre ennemi mortel du cacaoyer difficile à éradiquer à
l'aide de fongicides traditionnels. Ce champignon a également la
malencontreuse idée de s'attaquer aux fruits du cacaoyer, ce qui
signifie qu'avant sa mort certaine en quelques années à cause de
l'infection virale, le cacaoyer ne produit plus que quelques fruits et le
fermier ne doit plus sa survie qu'aux efforts constants et gigantesques
B) Le
reboisement
En 1990, les espaces protégés (forêts
classées et parcs nationaux) représentaient 2,75 millions
d'hectares en zone forestière, soit 8,5 % du territoire national.
Environ 30 % de cette surface a été défriché et
transformé en plantation de culture de rente (Éric Léonard
et Jonas Ibo, 1994). Dans la région du Sud-Ouest, 2 millions d'hectares
de forêt soit 80 % de la surface totale ont été
défrichés en 20 ans. C'est le cas de la réserve
forestière de Taï, dans laquelle les producteurs ont ouvert
d'importantes exploitations avant d'être chassés. La description
de cette situation montre la nécessité de la politique de
reboisement. Une initiative multi-partite impliquant des agences
gouvernementales, des bailleurs de fonds officiels, des ONG et des entreprises
privées a été lancée pour protéger le parc
national de Taï dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire. Les
producteurs de cacao reçoivent une formation en matière de
production de cacao durable, tandis que Barry Callebaut (en coopération
avec Rainforest Alliance) crée des pépinières pour des
arbres d'ombrage indigènes et des plants de cacao, lance un programme de
plantation et promeut de bonnes pratiques agricoles. En effet, pour contrer
l'avancée du désert le gouvernement ivoirien
à créer en juillet 2008 une Agence nationale pour le
développement des forêts rurales (ANDEFOR). La Côte d'Ivoire
dispose de six millions d'hectares de forêts classées
gérées par la société pour le développement
forestier (SODEFOR), créée en 1966. Les 25 millions hectares du
domaine forestier rural du pays qui abrite les parcs de Taï et de la
Comoë, deux écosystèmes importants de la sous région
ouest-africaine, se dégradent considérablement du fait des
activités humaines.
SECTION II :
UNE PRISE EN COMPTE DE L'ENVIRONNEMENT
SOCIAL DU PRODUCTEUR
Cette section se subdivise en deux paragraphes. Le premier
paragraphe parle de l'accroissement des ressources du producteur par la
formation à la bonne pratique agricole et la diversification des sources
de son revenu. Le second paragraphe concerne l'amélioration du niveau de
vie du producteur par la facilitation à lui accorder pour accéder
aux crédits et aux intrants et ainsi qu' aux services sociaux de
base.
I) ACCROITRE LES RESSOURCES DU
PRODUCTEUR
A) La formation à la
bonne pratique agricole
La formation des producteurs participe à
l'amélioration de leurs revenus. Barry Callebaut, (de même que le
groupe CEMOI)39(*) a pris
l'engagement de créer une chaîne d'approvisionnement de cacao
durable à travers son programme de durabilité « Cocoa
Horizons », le groupe montre ainsi la nécessité de
former les planteurs aux bonnes pratiques agricoles afin d'augmenter la
productivité des récoltes et les revenus des
planteurs40(*).Cette formation s'étend aussi
à l'utilisation des intrants et au contrôle de qualité. Un
cacao est de qualité lorsque la fève est bien
séchée et fermentée. Les dispositions actuelles est de
réduire le taux d'humidité des fèves de Côte
d'Ivoire de 14% à 8%.
Par ailleurs, la fixation d'un niveau de contamination de
l'OTA41(*) dans les
fèves de cacao à l'exportation relève des dispositions
légales et réglementaires prises tant au niveau international
(FAO, 2003) que par des organisations régionales telle que l'Union
Européenne (UE). Elles visent à protéger les consommateurs
des effets néfastes des contaminants chimiques, notamment l'OTA. Ainsi,
pour des exigences de sécurité alimentaire, l'UE a proposé
de fixer le taux maximal pour la contamination par l'OTA des fèves de
cacao à 2ug/kg (2 microgramme par kilo).
Une étude42(*) portant sur 300 échantillons de fèves
de cacao prélevées sur les ports d'Abidjan, dans le Sud ivoirien
et de San-Pedro au Sud-Ouest, a révélé que la teneur en
OTA de 33 échantillons est supérieure à 2ug/kg, ce qui
représente 11 % de la production, soit une probabilité de rejet
de 9,5 % en ne tenant compte que des fèves de grade I et II13
(Dembelé et al, 2009). La production moyenne de cacao étant
estimée à 1.400.000 tonnes, le rejet de l'ordre de 9,5 %
engendrerait pour l'Etat ivoirien, une perte financière de l'ordre de
118.300.000.000 Fcfa, soit 180.347.187,39 euros avec un prix moyen CAF
fixé en 2006 à 845 Fcfa/kg (1.28 euro).
B) Diversification des
sources de revenu
Généralement la culture de cacao est
associée à d'autres cultures, elles aussi dépendantes du
marché international. Dans les zones de production, le cacao est
pratiqué avec le café et les cultures vivrières
« En moyenne, 83,09 % et 61,01% des ménages ont
affirmé tirer un revenu respectivement de la vente du cacao et de celle
du café » (TANO Maxime). Les produits vivriers qui sont
généralement associés au café et au cacao ont
constitué une source de revenu pour 53,86 % des paysans. Quant à
l'hévéa et le palmier à huile, leurs apports sont encore
insignifiants (respectivement à 1,82 % et 3,33 %) dans le revenu des
paysans. La contribution des différentes cultures au revenu des
producteurs laisse apparaître que le cacao (et le café dans un
degré moindre) constitue une source importante de revenu.
Par ailleurs, vu l'âge moyen des producteurs, une
politique incitative pour le retour des jeunes auprès des parents
permettra d'assurer la relève dans la production et d'augmenter le
revenu.
En 2012, le Conseil interprofessionnel du cacao et du
café (CICC) a lancé son programme New Generation visant à
fournir une formation et un soutien financier aux jeunes cultivateurs de
cacao.
II) AMÉLIORER LE NIVEAU
DE VIE DU PRODUCTEUR
A) Facilité
l'accès aux intrants et aux crédits
L'accès insuffisant des planteurs au financement de
l'achat de pesticides et de fertilisants et pour l'acquisition des pratiques
susceptibles d'améliorer le rendement est un frein à
l'amélioration de leur niveau de vie. Paradoxalement, la Côte
d'Ivoire, premier producteur de cacao n'apporte plus de subvention aux
producteurs depuis plus de 20 ans mais aux multinationales.
« Alors que les paysans ivoiriens vivent dans une extrême
pauvreté, il n'est pas acceptable que quelques riches multinationales
bénéficient depuis 20 ans de subventions financières de
l'Etat ivoirien, atteignant chaque année à peu près 40
milliards de F CFA », a expliqué Koné Mamadou
porte-parole des producteurs regroupés au sein du Cercle National des
Producteurs de Café-Cacao (CNAPROCC)43(*).
Aujourd'hui, l'accès au crédit et au
marché d'intrants figure au nombre des difficultés auxquelles
font face les paysans. Aussi, durant l'année 2001, 53,28 % des paysans
n'ont pas acheté ou reçu d'intrants agricoles. Quant aux
crédits, le taux est faible et atteint à peine 10%.
B) Améliorer
l'accès aux services sociaux de base
Outre la formation des planteurs, Cocoa Horizons a des
programmes communautaires visant à améliorer l'accès
à une éducation primaire pour des enfants de planteurs ivoiriens,
ghanéens, camerounais et brésiliens. En outre, des
programmes proposent une éducation au cacao, contribuent aux
infrastructures éducatives, aux efforts d'alphabétisation, aux
connaissances de la vie et à la formation professionnelle.
L'accès à l'éducation primaire des enfants des planteurs
contribue à éliminer le travail des enfants dans les champs de
cacao.
Aujourd'hui, tous les partenaires de la filière sont
engagés dans la lutte contre le travail des enfants. Mais la situation
est plus complexe qu'elle se présente. Car relier l'accès au
marché à l'élimination du travail des enfants ne suffit
pas pour s'attaquer aux causes sous-jacentes du problème, qui
réside dans les niveaux de pauvreté des producteurs44(*).
C'est pourquoi certains membres du Parlement européen,
ont interpellé les entreprises occidentales pour qu'elles veillent
à ce que les agriculteurs obtiennent un revenu « décent
et prévisible pour leur cacao ».
Cocoa Horizons s'attaque aussi aux besoins sanitaires
élémentaires des planteurs vivant dans des régions
cacaoyères éloignées. Pour l'accès à l'eau
potable, Barry Callebaut travaille avec ses coopératives partenaires et
les communautés elles-mêmes.
CHAPITRE II :
AMELIORER LE SYSTEME DE COMMERCIALISATION
Ce chapitre situe les défis de la production du cacao
par l'amélioration du système de commercialisation. Il
présente dans la section 1, l'organisation des producteurs qui s'entend
par la transparence du marché qui permet de réduire les
contraintes socio économiques et améliorer l'information sur le
marché. La section 2 aborde l'approvisionnement du marché par la
réalisation d'infrastructures routières et la mise en place d'une
coopérative des producteurs.
SECTION I :
ORGANISER LES PRODUCTEURS
Cette section est divisée en deux paragraphes. Le
premier paragraphe aborde les contraintes socio-économiques et
l'amélioration de l'information du marché. Le second paragraphe,
quant à lui, il montre les facteurs déterminants pour
accéder facilement au marché.
I) LA TRANSPARENCE DU
MARCHÉ
A) Réduire les
contraintes socio-économiques
Le manque de moyens financiers est la contrainte majeure du
producteur. Il s'agit d'un problème lié à la faiblesse des
rendements et au cycle de production du cacao qui est annuel. En effet, le
producteur perçoit la totalité de son revenu annuel sur 4
à 5 mois et doit la dépenser sur l'année, ce qui lui pose
un problème de gestion d'un revenu qui n'est d'ailleurs pas suffisant
pour faire face à ses nombreuses charges. C'est probablement cette
contrainte de gestion qui l'emmène à diversifier ses productions.
Par exemple l'introduction du palmier à huile pour lequel le revenu est
mensuel.
Par ailleurs, il apparaît que le producteur n'ait pas
accès au crédit pouvant lui permettre de faire de nouveaux
investissements soit en nouvelles plantations, soit en intrants destinés
à améliorer son rendement.
B) Améliorer
l'information sur le marché
Le manque de vulgarisation et d'information sur les
marchés est la deuxième contrainte importante. En effet, la
vulgarisation par les services étatiques est la seule à permettre
une augmentation des rendements à condition que les producteurs
eux-mêmes s'engagent à suivre les techniques recommandées.
Pour cela, les contraintes financières et de main d'oeuvre doivent
être desserrées.
II) Faciliter
l'approvisionnement du marché
A) Développer les
infrastructures routières
A ce niveau l'état de dégradation des pistes
rend parfois difficile l'écoulement des produits. Pendant la saison des
pluies, les pistes deviennent impraticables et les paysans se voient obliger de
laisser leurs produits dans les plantations. L'Etat ainsi que les autres
intervenants dans la filière doivent coordonner leurs actions pour que
les producteurs puissent faire sortir facilement leurs récoltes.
B) Constituer une
organisation
L'organisation des paysans fait référence
à des organisations de type coopératif ou syndical pouvant
contribuer à défendre les prix et donner des informations
agronomiques. Par ailleurs, cette organisation doit contribuer à
réduire les intermédiaires de la filière qui participent
à réduire le revenu des producteurs.
SECTION II :
PROMOUVOIR LA QUALITE
Cette section aborde dans le premier paragraphe, le
système de contrôle qui vise à promouvoir la qualité
du cacao ivoirien et à établir un partenariat avec le Ghana pour
mettre fin à la contrebande qui se déroule dans les deux pays et
impacte les ressources des pays respectifs. Le second paragraphe aborde les
perspectives dans une démarche de transformation locale des produits et
surtout faire de la Côte d'Ivoire, outre un pays producteur, mais un
consommateur.
I) DÉVELOPPER UN
SYSTÈME DE CONTRÔLE
A) Promouvoir le label
Cacao de Côte d'Ivoire
Dans le cadre de la nouvelle réforme de la
filière cacao, le conseil de gestion du cacao a décidé de
mener le combat pour l'amélioration de la qualité du cacao de
Côte d'Ivoire. Ainsi, à l'ouverture de la campagne de
commercialisation 2012/13, le conseil a durci les normes de qualité
appliquées au cacao afin d'essayer de renforcer la position de
marché de la Côte d'Ivoire. Le taux de moisissure maximum
autorisé a été établi à 4 % et le taux
d'humidité maximum à 8 % (fixés à 8 % et 12 %
respectivement lors de la campagne 2011/12). Les fèves avec des taux
d'humidité dépassant 9 % ont été
rejetées.
B) Etablir un partenariat
Côte d'Ivoire/ Ghana
La concurrence entre les pays producteurs de cacao surtout
d'Afrique de l'ouest fait qu'aucune stratégie commune n'est mise en
place. Toutefois, une collaboration plus étroite donnerait davantage de
transparence au secteur et réduirait la contrebande. En effet, compte
tenu des frontières poreuses, des producteurs, en fonction du prix
d'achat pratiqué dans l'un ou l'autre payé, traversent la
frontière pour vendre leurs produits. La crise politique en Côte
d'Ivoire a renforcé et ouvert de nouvelles routes de contrebande vers le
Ghana en provenance de villes de l'ouest du pays telles que Daloa, Gagnoa et
Bouaflé, au coeur de la ceinture ivoirienne de production du cacao. Mais
surtout, ces routes pourraient subir une inversion des flux commerciaux si des
différences de prix importantes entre les deux pays venaient à
apparaître, en favorisant les ventes de cacao en Côte
d'Ivoire45(*). Face
à cette situation une coordination politique plus étroite entre
les gouvernements du Ghana et de la Côte d'Ivoire est nécessaire.
II) PERSPECTIVES
A) Augmenter les
capacités de broyages
Depuis l'indépendance, la Côte d'Ivoire a eu pour
vocation d'exporter la totalité de cacao produit, mais la crise a
amené, les autorités à changé de vision. Mais
toujours, la priorité est accordée à l'exportation des
produits bruts. En effet, les premières usines de transformation de
cacao avaient été implantées en Côte d'Ivoire dans
le but de traiter les fèves « hors standard », non
exportables. Mais cette donne a changé depuis 10 ans, « la
capacité d'usinage a connu une relative augmentation et a conduit les
transformateurs ivoiriens à traiter également les fèves
exportables. Au cours de la campagne 2005/200646(*), la Côte
d'Ivoire a transformé 23,86% de sa production de
fèves de cacao (soit 336 000 tonne). Aujourd'hui, cette
transformation atteint 35% de la production et le pays ambition de transformer
sur place 50% de sa production.
B) Devenir un pays
consommateur
« Les défis majeurs auxquels nous sommes
confrontés sont ceux de la consommation, qui appelle une transformation
durable, elle-même, fondée sur une production durable du cacao.
L'adaptation continue des produits aux exigences du consommateur des
marchés dits matures et l'offre de nouveaux produits apporteront un
début de solution au défi de la consommation durable. Ce
défi ne sera relevé que lorsque la base des populations
consommatrices des produits issus du cacao, aura été
élargie de façon effective et durable
L'avenir démographique du monde se situe donc chez
ceux qui ne consomment pas encore suffisamment de produits issus du cacao. Je
veux parler des pays émergents en général, et surtout, de
l'Afrique qui assure 70% de l'offre mondiale. C'est pourquoi, je souhaite que
cette conférence, propose des pistes en vue de créer la dynamique
d'un élargissement de la base des consommateurs.
L'accroissement de la demande mondiale de cacao sera la
résultante de la stimulation de l'utilisation des produits industriels
pour satisfaire des besoins alimentaires, cosmétiques et
paramédicaux »47(*).
Ce discours montre tout l'intérêt qu'à la
Côte d'Ivoire à devenir un pays consommateur de cacao.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude sur
« les défis de la production durable du cacao en
Côte d'Ivoire », il semble opportun de synthétiser les
faits saillants qui se dégagent de notre cheminement.
Le cacao a été introduit dans le paysage
économique ivoirien depuis l'ère coloniale et est devenu la
première matière d'exportations du pays grâce à
l'apport d'une main d'oeuvre venue de l'actuel Burkina Faso et des zones non
forestières du pays.
Malgré le mode de culture qui est resté
traditionnel, la Côte d'Ivoire a réussi, par l'effet
conjugué de la volonté politique et de sa
végétation propice à cette culture, à surclasser le
Ghana, dès 1977. En effet, avec une production annuelle de 200 000
tonne par an, au début de l'indépendance, la Côte d'Ivoire
est devenue depuis 1977, le premier producteur mondial avec plus d'un million
de tonne par an.
Les ressources issues de l'exportation de cacao ont permis au
pays de prendre son envol économique et de réaliser de grands
travaux d'infrastructures. Mais cette embellie apparente ne résistera
pas à la crise des années 80. En effet, la chute des cours des
matières premières corrélée à la mauvaise
gestion des ressources des années « fastes » a
plongé la Côte d'Ivoire dans une crise sans
précédente.
Cette situation va contribuer à la
déstructuration du secteur cacao, par la baisse du prix d'achat aux
producteurs et par le désengagement de l'Etat, surtout au niveau des
subventions d'entretien. Alors apparaissent des maux qui vont mettre à
mal le secteur ; le vieillissement du verger, les conflits fonciers,
la rareté des sols fertilisants, l'apparition de la maladie du swollen
shoot. En plus, le phénomène de travail des enfants dans les
plantations de cacao et les conditions de vie des producteurs, auquel s'ajoute
l'instabilité politique du pays, vont nuire gravement à l'avenir
du cacao.
Dans la perspective d'une baisse de la production face une
demande de consommation de plus en plus croissante, avec l'arrivée des
pays émergents, la notion de « durable » va
s'associer avec le cacao. Aussi, comment peut-on satisfaire la demande de
consommation si les producteurs ne trouvent plus intérêt à
produire ? C'est-à-dire les producteurs de cacao peuvent-ils vendre
leur produit à des prix équitables, qui garantissent leur niveau
de vie et en intégrant la protection de l'environnement dans leur
système de culture ?
Cette production durable ne pourra être possible que si
le producteur est valorisé par son travail (environnement social et
conditions de vie améliorées) et que la nouvelle reforme de la
filière entamée lui offre plus de sécurité quant
à la fixation des prix. Mais dans la perspective d'une économie
forte n'est-il nécessaire pour le pays de mécaniser son
agriculture et de rendre le cacao moins dépendant des
désidératas et des fluctuations du marché
mondial ?
ANNEXE
Figure 1 : Evolution de la production de cacao en
Côte d'Ivoire de 1970 à 2000
Source : Graphique obtenu à partir des
données de la FAO du tableau 1
Tableau 2 : Evolution de la production du cacao
pendant la phase de libéralisation
Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Production
|
1200
|
1218
|
1367
|
1368
|
1275
|
1406
|
1292
|
1382
|
Années
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Production
|
1223
|
1242
|
1511
|
1476
|
Source : ICCO dans le bulletin d'information du
FIRCA, n°10 du premier trimestre 2013 « évolution de la
filière cacao de la caisse de stabilisation à nos
jours »48(*)
Tableau 4 : la part de la recette de cacao par
rapport à la recette totale
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
TOTAL des exportations en milliards de FCFA
|
1896,5
|
1873,9
|
2470,9
|
996,6
|
1694,8
|
1302,8
|
Total cacao
|
739
|
960,4
|
1606,8
|
731,1
|
1146,8
|
1087,4
|
% recettes d'exportation
|
38,96
|
51,25
|
65,02
|
73,35
|
67,66
|
83,46
|
Source: Ministère du commerce de la Côte
d'Ivoire
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1: Evolution de la production de cacao de 1970 à
2000
TABLEAU 2 : Evolution de la production de cacao pendant la
phase de libéralisation
TABLEAU 3 : Les principaux produits exportés de 2000
à 2005
TABLEAU 4 : La part de la recette de cacao par rapport
à la recette totale
TABLEAU 5 : Evolution des surfaces plantées en
cacaoyers en Afrique de l'ouest
entre 1960 et 2004
LISTE DES PHOTOS
PHOTO 1 : Attaque avancée de la maladie du swollen
shoot
PHOTO 2 : Cochenilles sur cabosse de cacaoyer
LISTE DE CARTE
CARTE 1 : Répartition de la production de
cacao par zone
BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages
HANAK (Ellen) et alii, Les champs du
cacao : un défi de compétitivité Afrique-Asie,
édition KARTHALA-CIRAD, 2000
RUF (François) Booms et crises du
cacao, les vertiges de l'or brun, Ministère de la coopération,
CIRAD-SAR et KARTHALA,1995. P13-33 et P 199 et 222
GRO (Harlem) et al., Notre avenir
à tous, Montréal, Editions du Fleuve,1988
BRUNEL (Sylvie) Le Développement
durable, Que sais-je ? PUF, mars 2005.
BATTINO (Léo) Les
méfaits du libéralisme sur les marchés agricoles, deux cas
exemplaires : le cacao et le café, L'Harmattan, juillet 2008
Autres publications
« Rapport national sur l'Etat et le Devenir de la
Population en Cote d'ivoire 2006: Population et
développement : défis et perspectives »,
Ministère d'Etat, Ministère du Plan et du
Développement
« Les conditions du développement durable de
la Côte d'Ivoire 2010 », Ministère d'Etat,
Ministère du Plan et du Développement, (Bureau National de la
Prospective)
« Le Plan de Développement National (PND)
2012-2015) », Ministère d'état,
Ministère du Plan et du Développement,
« Stratégie de Relance du
Développement et de Réduction de la Pauvreté »,
janvier 2009 Ministère du Plan et du Développement,
« Plan directeur Forestier
1988-2015 » Ministère des Eaux et Forêts,
décembre 1988.
« Le développement durable et la
Mondialisation : le rôle de la francophonie »,
thèse de doctorat soutenue le 20 décembre 2010 par Nar GUEYE
« Dynamique des recettes du café et
du cacao en Côte d'Ivoire », Loesse Jacques
ESSO, Cellule d'Analyse de Politiques Economiques du
CIRES (CAPEC), Juillet 2009
« Production et Offre du Cacao et du
Café en Côte d'Ivoire », Rapport
d'enquête, KOUADIO J.M, KEHO Y., MOSSO R.A, TOUTOU K. G., NKAMLEU G. B.
and GOCKOWSKI J. Abidjan, Octobre 2002
« crise cacaoyère et
stratégies des producteurs de la sous préfecture de Méadji
au sud ouest ivoirien », Thèse de Doctorat soutenue
par M Maxime Tano Assi, le 03/04/2012, à l'université de
Toulouse
« La boucle du cacao en Côte-d'Ivoire
: Une situation migratoire inversée », Yapi AFFOU et
Kouadio TANO, 1987
« Guide de la lutte contre la maladie de
swollen shoot du cacaoyer en Côte d'ivoire », FIRCA,
CGFCC, CNRA, édition 2011
« Le Cacao et le Conflit Ivoirien. Chocolat
chaud : Comment le cacao a alimenté le conflit en Côte
d'Ivoire », un Rapport de GLOBAL WITNESS, juin 2007
Impact des conflits et des menaces sécuritaires sur le
développement en Afrique : Contribution sur l impact des
conflits et des menaces sécuritaires sur le développement en
Afrique, Par le Dr DON MELLO Ahoua, Colloque régional du 4 au 5 avril
2014, Cotonou-Bénin
Déclaration d'Abidjan sur la conférence mondiale
sur le cacao, 19 - 23 novembre 2012 à Abidjan (Côte d'Ivoire)
COMMUNIQUE DE PRESSE/ Barry Callebaut - Rapport de
développement durable 2012/13
SITOGRAPHIE
www.firca.ci Bulletin d'information du
FIRCA, n°01/septembre 2007
www.atlas-ouestafrique.org
www.fairtradeatwork.be
« le cacao et le commerce équitable »
www.ico.org
http://agriculteurivoirien.org/cacao.html
: La boucle du cacao
www.cemoi.fr; Leçon du
Chocolat : découvrir le cacao durable, édition gourmande
www.inra.fr; Agriculture et
Développement Durable, enjeux et questions de recherche, INRA INSTITUT
DE RECHERCHE AGRONOMIQUE,
www.agritrade.cta.int Notes
de synthèse, octobre 2012 ; « Secteur du
cacao » et « les réformes du secteur du cacao en
Côte d'Ivoire, 2011-2012 »
TABLES DES MATIERES
SIGLES ET ABREVIATIONS
1
SOMMAIRE
3
PARTIE I /FILIERE CACAO : SUCCES ET
CRISES
10
CHAPITRE I: LES DETERMINANTS DE L'EVOLUTION
DE LA CACAOCULTURE
11
SECTION I : LE ROLE JOUE PAR LES AUTORITES
11
I) L'action des autorités coloniales
et ivoiriennes
11
A) L'administration coloniale et l'essor de
la cacaoculture
11
B) La volonté politique des
autorités nationales
12
II) Les facteurs déterminants de l'essor de
la production du cacao
13
A) Les facteurs liés à la
production agricole
13
B) Une volonté politique
affichée pour le cacao et le café
14
SECTION II : L'APPORT DU CACAO DANS L'ECONOMIE
NATIONALE
15
I) La production et le système de
commercialisation du cacao
15
A) Les données de la production du
cacao
15
1) La période allant de 1970 à
2000
15
2) La production de la décennie 2000
17
3) Les pays producteurs concurrents
17
A)La politique de commercialisation du
cacao ivoirien
18
1)La Caisse de stabilisation des prix du
café et du cacao
18
2) La libéralisation de la
filière
18
3) Le Conseil de café cacao
19
I) L'impact de l'économie cacaoyère
sur l'économie nationale
20
A) Le poids de l'économie
cacaoyère
20
1) Les recettes issues du cacao et des produits
d'exportations
20
2) La hausse des cours mondiaux et le
miracle économique
22
A) La chute des cours du cacao
22
1) Le déclin de l'économie à
partir des années 80
22
2) La dévaluation du
FCFA
23
CHAPITRE II : LES FACTEURS DE LA CRISE
DU CACAO
23
SECTION I : LES CAUSES DE LA CHUTE DE LA
PRODUCTION DU CACAO
24
I) Les défaillances d'ordre structurel
24
A) Un mode de culture traditionnel
24
B) Le déplacement de la zone de
production
24
II) Les aspects conjoncturels de la crise
25
A) La baisse du pouvoir d'achat des
producteurs
25
B) Les conflits fonciers
26
SECTION II : LES FACTEURS SOCIO
ECONOMIQUES
26
I) La chute des cours mondiaux du cacao
27
A) La dépendance vis-à-vis
des facteurs extérieurs
27
1) Des prix internationaux très
instables
27
2) Les conditions climatiques et politiques
27
B) La mauvaise gestion de la
filière
28
II) Les facteurs socio-politiques
29
A) La crise politique de 2002 à
2011
29
B) Les facteurs sociaux
30
CONCLUSION PARTIELLE
31
PARTIE II :
32
LES DEFIS D'UNE PRODUCTION
32
DURABLE DU CACAO
32
CHAPITRE I : LES ETAPES DE LA
VALORISATION DU TRAVAIL
33
DU PRODUCTEUR DE CACAO
33
SECTION I : Une agriculture intensive
33
I) La pratique des techniques agronomiques
34
A) La régénération des
vergers
34
B) L'utilisation rationnelle des engrais et
autres produits chimiques
35
II) La reconstitution du couvert forestier
35
A) La lutte contre les maladies de
verger
35
B) Le reboisement
38
SECTION II : UNE PRISE EN COMPTE DE
L'ENVIRONNEMENT
38
SOCIAL DU PRODUCTEUR
38
I) Accroitre les ressources du producteur
39
A) La formation à la bonne pratique
agricole
39
B) Diversification des sources de
revenu
40
II) Améliorer le niveau de vie du
producteur
40
A) Facilité l'accès aux
intrants et aux crédits
40
B) Améliorer l'accès aux
services sociaux de base
41
CHAPITRE II : AMELIORER LE SYSTEME DE
COMMERCIALISATION
42
SECTION I : ORGANISER LES PRODUCTEURS
42
I) La transparence du marché
42
A) Réduire les contraintes
socio-économiques
42
B) Améliorer l'information sur le
marché
43
II) Faciliter l'approvisionnement du
marché
43
A) Développer les infrastructures
routières
43
B) Constituer une organisation
43
SECTION II : PROMOUVOIR LA QUALITE
43
I) Développer un système de
contrôle
44
A) Promouvoir le label Cacao de Côte
d'Ivoire
44
B) Etablir un partenariat Côte
d'Ivoire/ Ghana
44
II) PERSPECTIVES
45
A) Augmenter les capacités de
broyages
45
B) Devenir un pays
consommateur
45
CONCLUSION GENERALE
47
ANNEXE
49
LISTE DES TABLEAUX
51
LISTE DES PHOTOS
51
BIBLIOGRAPHIE
52
* 1 FAO « situation
des marchés des produits agricoles, 2004 »
http://www.fao.org/docrep/007/y5419f/y5419f04.htm,
page consultée le 02/06/14
* 2 PND (Plan National de
Développement 2012-2015, de la Côte
d'Ivoire) « Diagnostic politique, économique, social et
culturel, page 40 », Ministère d'état, Ministère
du Plan et du Développement
* 34 INS (Institut National de
la Statistique, RGPH 1998)
* 5 Rapport national sur
la diversité biologique de Côte d'Ivoire, Février
1998 Ministère de l'environnement et de la forêt,
1998.
* 6 TANO (Maxime) thèse
de doctorat, « crise cacaoyère et stratégies
des producteurs de la S/P de Méagui, sud-ouest
ivoirien »Université de Toulouse 2,30 avril 2012
* 7 KOUADIO (Jean Marie)
« et alii » Rapport d'enquête,
« production et offre du cacao et café en Côte
d'Ivoire », Octobre 2002
* 8 RUF (François)
« Booms et crises du cacao », les vertiges de l'or brun,
édition KARTHALA, Paris, 1995, p 459
* 9 AGRITRADE,
« les réformes du secteur du cacao en Côte d'Ivoire,
2011-2012 », Notes de synthèse, mises à jour octobre
2012 sur
www.agritrade.cta.int, page
consultée le 30/05/14
* 10 HANAK Ellen « et
alii » « les champs du cacao : un défi de
compétitivité Afrique-Asie » éditions
KARTHALA, 2000, P 207
* 11 Rapport sur l'état
et le devenir de la population en Côte d'Ivoire, REPCI 2006,
Ministère d'état, Ministère du Plan et du
Développement
* 12 Rapport de la
Commission mondiale sur l'environnement et le développement des Nations
Unies, publié en 1987
* 13 RUF François
« Booms et crises du cacao », édition KARTHALA
1995,P 201
* 14 Satmaci :
Société d'État d'assistance technique pour la
modernisation de l'agriculture en Côte d'Ivoire
* 15 Fonds Interprofessionnels
pour la Recherche et les Conseils Agricoles
* 16 Ellen Freud et alii,
« les champs du cacao : un défi de
compétitivité Afrique-Asie
* 17 FIRCA ( évolution
de la filière café cacao : de la caisse stabilisation
à nos jours)
* 18 Caisse de stabilisation
des prix des produits agricoles
* 19 ICCO
* 20 Atlas de
l'intégration régionale,www.atlas-ouestafrique.org
* 21 Frat-Mat, (organe
gouvernemental de la république de Côte d'Ivoire) 25 mars 2005,
* 22 PND, tome2
* 23 DGTCP,
www.tresor.gov.ci
* 24 Voir description de la
maladie en annexe
* 25
www.icco.org, consulté le 14
juin 2014
* 26
www.conseilcafecacao.ci,
consulté le 14 juin 2014
* 27 Yannick P.E Gnamian,
« Libéralisation et pauvreté : le cas des
producteurs de cacao en Côte d'Ivoire », Université de
Québec, Mémoire, mars 2008
* 28 FDPCC : Fonds de
Développement et de Promotion de la filière Café Cacao
* 29
www.fairtradeatwork.be
« le cacao et le commerce équitable »,
consulté le 14 juin 2014
* 30 Le Cacao et le Conflit
Ivoirien. Chocolat chaud : Comment le cacao a alimenté le conflit
en Côte d'Ivoire, un Rapport de GLOBAL WITNESS, juin 2007
* 31 FN :
Forces Nouvelles
* 32 BUONO
Clarisse, « le travail des enfants dans les exploitations de
cacao en Côte d'Ivoire », DeBoeck Supérieur, 2013
* 33 Thème de la
conférence mondiale sur le cacao tenue à Abidjan du 19 au 23
novembre 2012 (voir la declaration en annexe)
* 34
www.cemoi.fr; Leçon du
Chocolat : découvrir le cacao durable, édition gourmande
* 35 CNRA centre national de
recherche agronomique
* 36 KOUADIO JM et alii,
rapport d'enquête sur la production et offre du cacao en Côte
d'Ivoire, octobre 2002
* 37 ANADER agence nationale de
développement rural
* 38 Guide de lutte contre la
maladie du swollen shoot en Côte d'Ivoire, août 2011
* 39 Chocolatier
français
* 40 Communiqué de
presse Barry Callebaut - Rapport de développement durable 2012/13
* 41 L'ochratoxine A (OTA)
est une substance toxique produite par des champignons qui se
développent dans les vergers. Elle s'attaque aux cabosses et affecte le
rendement de l'exploitation.
* 42 KOUADIO J M et alii,
octobre 2002
* 43 Conférence de
presse de CNAPROCC, le lundi 28 mai à la maison de la presse
d'Abidjan.
* 44 Clarisse Buono, cacao et
le commerce équitable, De Boeck Supérieur, 2013 (
www.fairtradeatwork.be)
* 45 www.agritrade.cta:int
* 46
www.CCC.CI (chambre de commerce et
d'industrie de Côte d'Ivoire)
* 47 Discours du Chef de l'Etat
Ivoirien, Alassane D. Ouattara, lors de la conférence mondiale sur le
cacao, du 19 au 23 novembre 2012, à Abidjan
* 48
www.firca.ci, consulté le 09
juin 2014
|