SECTION 2. CADRE THÉORIQUE
La théorie est une construction servant à
expliquer des phénomènes. Elle constituée par un ensemble
des propositions interdépendantes exprimées dans un langage
habituel et obéissant à des déductions. Ces propositions
sont souvent abstraites, elles servent à former des hypothèses
vérifiables et démontrables voir mesurables.
La théorie est donc considérée comme
valide si les effets prévisibles sont confirmés par l'observation
et l'expérimentation.42
Pour notre étude nous avons trouvé important de
prendre la théorie des usages et gratifications dans mesure où
notre travail porte sur un moyen de communication de masse qu'est la presse en
ligne.
1. LES USAGES ET GRATIFICATIONS
Le modèle des usages et gratifications est le
résultat d'une amalgamation du fonctionnalisme donc les effets des
médias et de la psychologie donc usages des médias et auditoire
actif. L'émergence du modèle des usages et gratifications est
attribuable aux études sur les gratifications liées aux
émissions de radio des années 40 avec notamment les les
recherches sur les motifs des auditeurs de musique classique à la radio
ce qui motivait les gens à écouter la radio.
Mais c'est Elihu Katz en 1959 qui a amalgamé les
études des effets sur l'auditoire et la culture populaire et qui lui a
donné le nom de modèle des « usages et gratifications
». Selon lui, les pionniers de la recherche en communication
s'étaient surtout attardés aux effets des communications de masse
sur les opinions, les attitudes ainsi que les actions qu'elles pouvaient
engendrer ont décrit le modèle de recherche des usages et
gratifications comme étant une « tentative d'expliquer un
phénomène en interrogeant un individu sur la façon dont il
utilise les communications, au lieu d'autres ressources dans son environnement,
afin de satisfaire ses besoins et atteindre ses objectifs »
Ce modèle a comme objectif de déterminer le
rôle que jouent les principaux médias de communication
(télévision, radio, journaux, livres et cinéma) dans la
satisfaction de certains besoins des individus, ainsi que leur importance.
Selon ce modèle, l'auditoire est actif
42 KAMATE M, notes de cours d'information et
communication, G 2SIC 2010-2011 UOM, inédit.
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par rapport aux médias plutôt que passif.
C'est-à-dire que l'auditoire procède à la sélection
des médias et de leurs contenus en fonction des besoins qu'elle veut
combler. 43
Les premières études avaient comme objectif de
décrire les motivations des individus lorsqu'ils font usage des
médias. Ces études se démarquaient de celles qui les
avaient précédées parce que ces dernières se
concentraient surtout sur les effets des médias et l'émetteur du
message plutôt que sur le récepteur et ses motivations. Le
modèle des usages et gratifications a l'avantage d'être
axiomatique, c'est-à- dire qu'il procède par déduction
logique. « Il est aussi possible de l'utiliser au sein d'une grande
variété de situations de communication médiatisée
»).
Toujours selon Lin, « la force des usages et
gratifications est de permettre à un chercheur de procéder
à l'étude des communications à travers les besoins et les
motivations psychologiques, les canaux de communication, le contenu de la
communication et des gratifications psychologiques dans un contexte particulier
ou interculturel ».
Depuis son émergence, le modèle des usages et
gratifications est devenue une base importante des théories de la
communication. Selon Katz, Blumler & Gurevitch (1974), les quatre
interprétations fonctionnelles des médias ont d'abord
été développées par Lasswell en 1948 d'un point de
vue macrosociologique et revu en 1960 par Wright au niveau macro et
microsociologique. Ces interprétations indiquaient que les médias
ont des fonctions de surveillance, de corrélation, de divertissement et
de transmission culturelle pour la société en
général, sur le plan individuel et les sous-groupes de la
société.
Selon Katz, Blumler & Gurevitch (1974), ces quatre
interprétations ne représentaient pas adéquatement
l'ensemble des fonctions des médias. McQuail, Blumler et Brown (1972),
ont donc développé les quatre catégories suivantes:
distraction (changer la routine, se changer les idées, ne pas penser aux
des problèmes et pour l'évacuation des tensions); relations
sociales (pour remplacer les relations amicales et pour socialiser);
identification personnelle (pour développer et maintenir une
identité, l'exploration de la réalité et le renforcement
des valeurs); et la surveillance (voyeurisme).
43 ELIHU KATZ, La recherche en
communication
Depuis Lazarsfeld, 1973 consulté le 10 aout
2015à 19h40'
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27 En raison de la variété de fonctions
liées à l'usage des médias, ont regroupé les
fonctions proposées précédemment sur le plan des besoins
individuels « un individu utilise les communications de masse pour se
connecter (parfois se déconnecter) à travers des relations
instrumentales, affectives ou d'intégration avec d'autres
(soi-même, famille, amis, nation, etc.) ». Ce regroupement tente
d'expliquer les différents aspects liés au besoin d'être
« connecté ». Katz, Blumler & Gurevitch (1974), ont
trouvé qu'il y avait une « tendance » empirique en ce qui
concerne la préférence pour l'utilisation de différents
médias selon les types de connexions. Par exemple, les livres et le
cinéma sont associés aux besoins d'accomplissement de soi. Ils
permettent à un individu de connecter avec lui-même. Les journaux,
la radio et la télévision connectent davantage les individus avec
la société (Katz, Blumler & Gurevitch, 1974). Katz, Blumler
& Gurevitch (1974), se sont également penchés sur les
études effectuées sur les sources de gratifications des
médias. Celles-ci ont permis d'identifier trois sources : le contenu des
médias, l'exposition aux médias, l'influence du contexte social
sur l'exposition aux médias. Chaque média semble offrir une
combinaison unique de contenu caractéristique. La
télévision par exemple offre comme contenu des
téléséries, des films et des bulletins de nouvelles.
Chaque média offre également des attributs typiques. Les journaux
par exemple sont un média imprimé tandisque, la radio et la
télévision sont des médias diffusés. Enfin, chaque
média présente des situations d'exposition typique. Par exemple,
le contexte social a une influence sur l'exposition aux médias. Une
personne qui n'aurait pas d'appareil pouvant se connecter à Internet de
la maison serait moins exposée à Internet qu'une personne qui y
aurait 28 accès de chez elles suggèrent également que les
facteurs sociaux peuvent avoir une influence sur l'apparition de besoins
liés aux médias dans les cinq cas suivants: 1. « La
situation sociale produit des tensions et des conflits qui sont
atténués par la consommation des médias 2. La situation
sociale engendre une prise de conscience des problèmes qui exigent de
l'attention, la recherche d'informations par rapport aux problèmes peut
être comblée par les médias 3. La situation sociale
réduit les occasions de satisfaire certains besoins. Les médias
agissent en tant que service complémentaire, supplémentaire ou
comme un substitut 4. La situation sociale impose certaines valeurs. Celles-ci
s'affirment et se renforcent par la consommation de ressources
médiatiques.
La situation sociale offre un champ de connaissance des
attentes de familiarité avec des ressources médiatiques qui
doivent être suivies afin de soutenir l'adhésion aux regroupements
sociaux (Atkins, 1972) ». Les sources extérieures peuvent
également avoir une influence sur l'apparition de besoins liés
aux médias. Katz, Gurevitch et Haas (1973), dans
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leur étude sur « les usages des médias de
masse pour les choses importantes », ont observé que certains
besoins étaient mieux comblés par des sources extérieures
de satisfaction des besoins. Par exemple, les amis, les vacances, les
congrès et le travail ont été identifiés comme
étant des sources plus 29 importantes de gratification que les
médias de masse. Les chercheurs ont observé que les amis
étaient une source plus importante de gratification personnelle et
répondaient mieux aux besoins de divertissement. Selon McQuail, Blumler
& Brown (1972), Severin & Tankard (1992), et Courbet et Fourquet
(2003), le modèle des usages et gratifications peut s'exprimer par les
cinq postulats suivants: 1. L'auditoire des médias est conçu
comme un corps social actif qui sélectionne dans la multitude des
messages de la communication de masse ceux qui vont satisfaire les besoins et
objectifs de ses membres. 2. Dans le processus de communication de masse,
l'initiative de lier le choix du canal médiatique à la
satisfaction d'un besoin particulier revient aux membres de l'auditoire. 3. Les
médias concourent avec d'autres ressources externes sur le marché
des stimuli et des offres, à la satisfaction de besoins des individus.
Ainsi, ils ne sont plus que l'une des ressources nécessaires (parmi tant
d'autres) à la production du lien social 4. Pour comprendre la
communication de masse, il est impératif d'étudier en
priorité les motivations des récepteurs, les traits gratifiants
des contenus des messages, les satisfactions et les expériences des
membres de l'auditoire. 5. L'auto-appréciation de ses
compétences, l'interaction sociale (famille, voisinage...),
l'émotion l'évasion, mais aussi le développement
éducatif sont les principales gratifications recherchées par les
récepteurs. 30 L'approche fonctionnaliste dont fait partie le
modèle des usages et gratifications ne remet pas totalement en cause le
paradigme des effets, mais elle l'élargit en reconnaissant au
récepteur un contre-pouvoir qui lui est propre, balisé par des
« besoins », des « attentes », des « utilisations
» et des « gratifications ». Nous avons adopté la
théorie des usages et gratifications dans cette recherche. Selon Raine
Internet « est un média sur mesure pour les usages et
gratifications parce qu'il offre aux internautes une multitude de choix afin
qu'ils puissent combler leurs besoins, engendrer l'instantanéité
et l'interaction entre les utilisateurs ». Cette théorie se
prête bien à l'étude d'Internet (Ruggerio, 2000) en raison
de la nature interactive d'Internet et du fait que les usages et gratifications
sont basés sur le choix que fait l'auditoire.
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