§2. La situation politique dans le monde pendant la
guerre
froide
2.1 LE BLOC SOCIALISTE
La guerre froide s'amplifie à partir de 1949. La
division de l'Allemagne qui apparaît inévitable et le soutien
apporté par les Occidentaux au renouveau économique de
l'Allemagne de l'Ouest amène Staline à faire le blocus de Berlin,
d'avril 1948 à mai 1949. La première épreuve de force
entre les deux Grands s'achève par la victoire des Américains qui
réussissent à organiser un pont aérien pour sauver la
ville de l'asphyxie2.
Peu après, en septembre 1949, les Soviétiques
font exploser leur première bombe atomique et les communistes s'emparent
du pouvoir en Chine. La Chine signe une alliance avec l'URSS, mais les
États-Unis refusent de reconnaître le nouveau régime
chinois. Le développement économique du Japon, alors sous le
contrôle des Américains, est accéléré afin de
contrer l'avancée du communisme en Asie, qui devient le nouveau lieu
d'affrontement des deux blocs.
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays d'Europe
libérés par l'armée soviétique (l'Armée
rouge) forment ce que l'on appelle le bloc soviétique. Ce bloc
rassemble, derrière l'URSS, la Tchécoslovaquie, la Pologne, la
Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et l'Allemagne de l'Est (la RDA). Ces pays se
réunissent au sein du pacte de Varsovie, une alliance militaire
signée en 19553.
1 Roosens, C., Les Relations internationales de 1815 à
nos jours, Tome II, Bruxelles, éd. Academia Bruylant, 2000, p.
245
2 Roosens , C., op.cit., p.250
3 « Gouvernement de l'Union soviétique
(Études des Pays publiées par le Congrès des
États-Unis) » sur www. Country tudies Series by Federal
Research Division of the Library of the Congress. U.S.
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La Yougoslavie et l'Albanie sont également des
États
communistes mais ils se sont dégagés de la tutelle
soviétique1.
La défaite de l'Allemagne au centre de l'Europe,
l'effondrement de la France et l'affaiblissement du Royaume-Uni à son
extrémité occidentale créent, au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, une rupture des équilibres traditionnels sur le
continent. En dépit des immenses destructions qu'elle a subies, l'Union
soviétique manifeste désormais une écrasante
suprématie. Ayant gagné 600 000 km2 en Europe, elle
dispose, à l'été de 1946, d'une armée de 100
divisions, soit 4 millions d'hommes, et de 6 000 avions, tandis que les
Anglo-Saxons procèdent à la démobilisation rapide de leurs
forces et à la reconversion des industries de guerre2.
La division du monde en deux blocs dominés par les
États-Unis d'une part et l'URSS de l'autre, se voit également
remise en cause par un nombre croissant de pays.
Du côté communiste, les Soviétiques sont
affaiblis par la rupture des relations sino-soviétiques qui intervient
au lendemain de la crise des fusées de Cuba. Opposé à la
doctrine de la coexistence pacifique, les Chinois contestent ainsi le
rôle dirigeant des communistes soviétiques et tentent de
constituer une alternative au sein du camp socialiste. De même la
contestation atteint l'Europe de l'Est comme en Pologne et plus encore en
Tchécoslovaquie, où en 1968, les forces du pacte de Varsovie
interviennent pour réprimer le Printemps de Prague3.
Enfin la décolonisation voit l'émergence de
nombreux États indépendants, qui refusent la division du monde en
deux blocs. Né politiquement avec la conférence de Bandung en
1955, le tiers-monde s'efforce de s'organiser sous l'impulsion notamment de
l'Inde de Nehru et de
1 Idem
2 Fontaine, A., Histoire de la guerre froide. I. De la
révolution d'Octobre à la guerre de Corée, Paris,
éd. Points Histoire, 1983, p. 8
3 Idem, p.15
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la Yougoslavie de Tito en un mouvement non-aligné qui
voit le jour en 1961 à la conférence de Belgrade1.
La seconde moitié des années soixante-dix est
marquée par un brusque regain de tension. L'expansionnisme
soviétique connaît en effet un renouveau. Il se manifeste en
Afrique avec le soutien à de nombreux régimes (Angola,
Mozambique, Éthiopie) et des accords de coopération, en Asie avec
l'appui de son allié vietnamien qui envahit le Cambodge, et enfin en
Amérique centrale par l'appui apporté aux sandinistes du
Nicaragua et aux guérillas au Salvador et au Guatemala2.
Mais deux événements principalement sont
à l'origine de cette nouvelle période de tension : le
déclenchement de la « bataille des euromissiles » et
l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique.
En déployant des missiles SS 20 à partir de
1976, l'Union soviétique rompt l'équilibre des forces en Europe ;
le 12 décembre 1979, les pays de l'OTAN décident de
développer des programmes de missiles équivalents, les Pershing.
Les premiers Pershing sont installés en 1983, malgré un important
mouvement pacifiste en Europe de l'Ouest. En réponse à
l'intervention soviétique en Afghanistan, le 24 décembre 1979,
les États-Unis adoptent une série de mesures de rétorsion
: les ventes de céréales à l'URSS sont suspendues, les
accords SALT II ne sont pas soumis à la ratification du Congrès
et les Américains boycottent les jeux Olympiques de Moscou, en
19803.
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