Les stratégies de développement des entités territoriales décentralisées du sud-Kivu. Cas de la chefferie de Kaziba en territoire de Walungu.( Télécharger le fichier original )par Esaïe MURHOMULUME KALALIZI Université Officielle de Bukavu - Graduat 2014 |
III. PROBLEMATIQUELe développement définit par Dieudonné Chirishungu6(*) est le processus d'amélioration de la qualité et quantité d'une catégorie de biens matériels, notamment les biens manufacturés et de haute technologie dont dispose une population. La vie de la population des chefferies n'a rien de commun avec celle des villes et commune. De nos jours, la littérature sur le développement a montré que la rationalité conceptuelle de ce terme est battue en brèche : les auteurs se rangent presque toujours dans un camp qui reflète le mieux leurs préoccupations souvent idéologiques. Depuis les années 1950, une vision économiste et/ou humanitariste affronte une autre qui se voulait alternative. Pour l'essentiel, nous pouvons dire que le développement pour nos entités locales devrait être perçu comme un processus volontariste d'amélioration de la production des biens de consommation courante ayant pour but l'accroissement du pouvoir d'achat et des conditions de vie de chaque citoyen. Il s'agit des conditions adéquates d'existence humaine (habitation convenable, alimentation nutritive, hygiénique et équilibrée, installations sanitaires assainies, infrastructures de communication praticables, habillement commode, degré élevé de participation politique et de conscience du pouvoir,...). Cette appréhension pratique et dynamique du développement met en évidence le fait que le service territorial a l'obligation de s'occuper de tous les problèmes qui se posent au niveau des entités locales. En ce qui concerne la RDC, il est important de souligner le fait que l'incapacité de la bourgeoisie nationale de résoudre des problèmes vitaux de son environnement, pour des raisons multiples (extraversion des structures économiques, fraude fiscale, esprit de cueillette, corruption,...) met l'Etat et les entités locales décentralisées devant l'obligation de prendre en main le relèvement des conditions de vie de leurs citoyens. Selon Hérvé Lubunga Mwindulwa7(*), pour soulever les problèmes du développement d'un pays et de ses Entités Territoriales Décentralisées, il ne suffit pas d'analyser les seuls facteurs économiques. En effet, la science politique, la sociologie, le droit exercent également une profonde influence sur les possibilités de développement. En République Démocratique Congo, comme dans les entités territoriales décentralisées, un flou perpétuel entoure la compréhension des phénomènes politiques, sociaux et juridiques, de même que la notion de l'Etat, de la société civile, de la société politique, de la Démocratie, de la Décentralisation, du Développement, etc. La Décentralisation en République démocratique du Congo est confrontée à plusieurs problèmes qui sont soit d'ordre politique, financier, économique, social et moral. Pour ces problèmes nous pouvons citer notamment, en premier lieu, le découpage territorial qui exige des moyens matériels et financiers. Mais notre problème ne se situe vraiment pas à ce niveau car la décentralisation est déjà consacrée et effective, notre problème est celui du développement influencé par la décentralisation actuelle. La R.D.C est confrontée à plusieurs autres problèmes tels que l'égoïsme de dirigeants politiques, la corruption( la R.D.C classée à la 6e position, selon Transparency International, parmi les pays les plus corrompus du Monde), pratiquement institutionnalisée dans le secteur public, les détournements des deniers publics à grande échelle, l'impunité totale, le tribalisme comme stratégie politique pour certains hommes d'Etat, le trafic d'influence, l'insécurité, le clientélisme, la mauvaise gestion, l'incapacité des certaines autorités locales, le manque des compréhensions et des ressources pour opérer une réelle mutation dans le mode de livraison et de fonctionnement des services de proximité, l'ignorance du rôle de la société civile dans le développement local. Toutes ces pratiques freinent le développement des entités territoriales décentralisées en R.D.C. En effet, la consolidation de la classe hégémonique reste aléatoire, son nombre relativement petit et concentré dans les villes, son assiette économique fragile et dépendante des structures du capitalisme périphérique : rongée par des contradictions, elle se complaît dans la consommation ostentatoire et accuse des carences dans la production effective des biens collectifs et des services publics. Cependant, les carences et l'impuissance des initiatives privées ne peuvent recommander l'omniprésence de l'Etat ou sa toute-puissance faisant recours à des méthodes d'action autoritaires et répressives comme sous la colonisation belge. Le développement est un phénomène polymorphe et concerne l'homme dans tous ses attributs, c'est-à-dire tout homme et tous les hommes pour la satisfaction de tous les besoins humains, économiques, politiques, culturels, sociaux et moraux. A l'instar d'une plantule qui pousse des entrailles du sol local avant la photosynthèse, le développement économique et social souscrit au prescrit des facteurs endogènes comme facteurs clefs de développement. Certes, l'environnement externe a aussi un rôle important. C'est ce qu'en économie nous appelons les externalités. La chefferie de Kaziba est une Entité Territoriale Décentralisée. Une entité décentralisée est une personne morale de droit public qui bénéficie par rapport à l'Etat d'une certaine autonomie pour l'exercice de ses pouvoirs. Lorsqu'une entité est dite décentralisée, elle se voit reconnaitre pour certaines affaires qui lui sont propres, le droit de s'administrer elle-même en disposant d'une certaine autonomie tout en restant soumise au contrôle de tutelle du pouvoir central. (Article 3 de la constitution de 2006). Telle est définie la loi organique no 08/01 du 07 octobre 2008 portant composition, organisation et fonctionnement des entités territoriales décentralisée et leurs rapports avec l'Etat et les provinces, en son article 67, la chefferie est définie comme un ensemble généralement homogène de communautés traditionnelles organisées sur base de la coutume et ayant à sa tête un chef désigné par la coutume, reconnu et investi par les Pouvoirs Publics. Elle est administrée conformément aux dispositions de la présente loi et la coutume pour autant que celle-ci ne soit contraire ni aux lois ni aux édits ni à l'ordre publics et y compris les bonnes moeurs. Plusieurs problèmes de développement touchent la chefferie de Kaziba entre autres, la difficulté d'accès à une instruction de qualité, la recrudescence de la malnutrition, la difficulté d'accéder aux soins de santé.... C'est suite à ces multiples problèmes observés que nous avons orienté notre recherche autour de la question ci-dessous : Quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour développer les ETD en général et la chefferie de Kaziba en particulier ? * 6 Chirishungu Chiza, Organisation politico-administrative et développement, Kinshasa, PUZ, 1989, p17 * 7 Hervé Lubunga Mwindulwa, Impact de la décentralisation territoriale sur développement en RDC, UOB - Licence en droit public, (Bac+5), 2007, p 2 |
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