S'agissant des modalités de leur politique
monétaire, les néo-libéraux proposent une
régulation automatique de l'émission de la monnaie. Il s'agit
d'adopter une règle monétaire visant à faire
croître, de façon régulière, la quantité de
monnaie à un rythme fixé d'avance. L'objectif précis et
permanent est : la croissance de la masse monétaire, à un
taux fixe, en correspondance avec l'augmentation du P.N.B., quelle que soit la
conjoncture.
« Cette thérapeutique monétaire
est, d'après les monétaristes, la seule thérapeutique
saine et valable pour permettre le financement d'une croissance soutenue de la
production, dans la stabilité des prix, dans un monde d'ignorance
économique présumée ainsi que de faiblesse et
d'irrationalité humaines ».
Pour les monétaristes, l'offre de monnaie est
fixée par la Banque Centrale. Elle ne répond pas à un
besoin de financement, mais à une demande de thésaurisation.
Quant à la demande de monnaie, elle est exprimée en termes
réels, pour répondre au besoin d'encaisse réelle, forme
sous laquelle peut être détenue la richesse, concurremment aux
actifs financiers et aux actifs réels.
La transmission de la politique monétaire sur
l'activité et les prix se réalise de la manière
suivante :
« Si la quantité nominale de la monnaie
offerte par la Banque Centrale est supérieure à la
quantité réelle demandée, les agents s'en déferont
en faisant des placements financiers ou en consommant. Ces dépenses
provoqueront, selon le degré d'utilisation des capacités de
production, un accroissement de l'activité suivi d'une augmentation des
prix. Ce qu'il est important de retenir c'est que la quantité de monnaie
offerte détermine le revenu et les prix ».
C'est la raison pour laquelle les néo-libéraux
recommandent qu'il soit fixé, par les Banques Centrales, un objectif
quantitatif de monnaie, correspondant à un taux de croissance de la
masse monétaire, en tenant compte de la croissance en volume de la
production. D'où la nécessité de la recherche d'un taux
adéquat de liquidité de l'économie.
Selon cette école : « seule une
politique monétaire stable, organisée dans une optique à
long terme, éloignée des préoccupations temporaires,
c'est-à-dire seule une politique monétaire automatique est
susceptible de juguler la stagflation ».
Pour bien saisir le bien-fondé de cette politique
monétaire, il faut avoir à l'esprit que les monétaristes
ont la foi dans les mécanismes du marché. Ils croient dans la
stabilité de la dynamique interne du capitalisme. Pour eux,
l'économie de marché est marquée par une tendance
naturelle à l'équilibre de plein emploi.
Les forces perturbatrices sont assez rapidement
résorbées et la production est sujette à un rythme de
croissance à long terme tout en connaissant de façon
passagère quelques fluctuations. Don Patinkin parle des
« miracles de la main invisible qui sont infinis ».
Les néo-libéraux considèrent les
interventions de l'Etat, tout particulièrement, dans les actions de
politique monétaire, comme la source majeure d'instabilité du
cycle économique. Pour eux, le rôle de l'Etat devait se limiter
pour l'essentiel à maintenir en bon état de fonctionnement les
mécanismes de l'économie de marché.
Pour M. Friedman : « le principe de base
étant que les marchés concurrentiels sont les mieux à
même de transmuer la somme des intérêts personnels en
utilités collectives ». C'est pourquoi des compléments
à la régulation monétaire s'avère
nécessaires dont la restauration de la concurrence des marchés et
des prix, la neutralité budgétaire, la rénovation du
système monétaire international.
Sur le plan de finance internationale, M. Friedman
préconise un régime de change flexible, dans lequel le change
(comme tout prix) doit pouvoir se fixer librement à son niveau
d'équilibre. Pour cela, il se fonde sur deux hypothèses :
- « la stabilité de la demande de
monnaie, car les écarts entre la monnaie détenue et la monnaie
désirée se résorbent par des ajustements de
prix ;
- la parité des pouvoirs d'achat qui stipule qu'en
changes flexibles, les variations de parité effacent les
différentiels d'inflation. Les changes flottants accordent donc à
la politique monétaire un degré de liberté
supplémentaire, puisque les déficits (ou excédents) de
balance des paiements se résorbent automatiquement par les mouvements de
parité des monnaies, la création monétaire ne
dépendant ainsi que du seul crédit
intérieur ».
C'est aux Etats-Unis que les théories
monétaristes ont été appliquées par
l'Administration Nixon. Elles ont connu des résultats mitigés.
Essentiellement, parce qu'il était appliqué une politique
monétaire restrictive à une situation d'inflation d'origine des
coûts. Au lieu de stabiliser les prix, la stricte limitation de la masse
monétaire a plutôt entraîné le ralentissement de
l'activité économique.
L'équilibre entre masse monétaire, prix et
production ne pouvait se rétablir que par un plafonnement de cette
dernière variable (la production). En réalité, ce n'est
pas l'efficacité de la limite de l'expansion de la masse
monétaire qui est mise en cause, mais le fait que les
néo-libéraux en font l'unique moyen de lutte contre l'inflation.
Cette situation provient de ce que les monétaristes
affirment que l'inflation trouve toujours son origine dans une émission
monétaire excessive. Donc pour eux, l'inflation est toujours d'origine
monétaire. Ils ne considèrent donc pas le phénomène
d'inflation des coûts.
Dans l'optique monétaire, la responsabilité
d'un déficit de la balance des paiements incombe à un
excès d'émissions monétaires dans le pays
considéré.
Dans les années 1970, cette thèse a
été remise en cause par l'apparition des déficits de
balance des paiements des pays en développement qui n'étaient pas
dus à une inflation intérieure d'origine monétaire, mais
à des chocs externes tels que : le gonflement du service de la
dette suite à la hausse des taux d'intérêt, le
renchérissement du prix du pétrole.
La détérioration des termes de l'échange
contredit également cette thèse. L'approche monétaire
explique les déséquilibres dans la balance des paiements par les
politiques monétaires laxistes. Mais la conjoncture exceptionnelle de
deux ruptures (le choc pétrolier et l'euphorie des marchés
financiers de la fin des années 1970) contribue à
l'impopularité de cette école.
Somme toute, la thérapeutique monétaire
proposée par FRIEDMAN obéit à la logique
ci-après :
Les effets de la politique monétaire sont trop
lents et trop complexes, pour qu'on puisse en changer tous les six mois :
le « stop and go » monétaire est
absurde ;
à partir du moment où la politique
monétaire est stable, elle doit se concentrer sur un seul
objectif : réguler la croissance de la masse monétaire pour
maîtriser l'inflation.