1.3.2. Les retards de mise en
oeuvre de la politique budgétaire
L'efficacité d'une politique budgétaire ne
dépend pas seulement que de l'intensité du processus de
multiplication, mais aussi de la rapidité avec laquelle elle est mise en
oeuvre. Car, entre le moment où l'action est jugée
nécessaire voire décidée et celui où ses effets
sont exercés sur le niveau de la production, par exemple, il
s'écoule souvent un délai qui peut se décomposer en trois
phases distinctes :
Le retard interne est
« le délai qui s'écoule entre le moment où il
devient nécessaire d'agir et celui où la décision
d'intervenir est prise ». Imputable aux décideurs de la
politique économique, ce type de retard se subdivise en deux
éléments : le retard de perception et le retard
administratif.
Retard de perception, parce qu'il faut du temps pour
rassembler les données chiffrées ou non (indices de prix et de
production, évolution du chômage et du commerce extérieur)
et les analyser afin de préparer les éléments
nécessitant les décisions à prendre. Les gouvernements qui
font usage des modèles prévisionnels ont la possibilité de
réduire considérablement ce retard.
Retard administratif, à cause du temps
souvent nécessaire pour prendre la décision, aussitôt que
les responsables ont perçu la nécessité et
l'opportunité d'intervenir. Les décisions qui requièrent
l'autorisation du Parlement doivent passer par les débats parlementaires
(Sous-commissions, Commissions, Plénières). La situation peut
davantage se compliquer lorsque le gouvernement ne dispose pas d'une
majorité parlementaire. Il faudrait aussi signaler que les discussions
peuvent s'avérer très longues au sein du gouvernement surtout
s'il s'agit d'un gouvernement de coalition.
Le retard intermédiaire peut
se définir comme « le délai qui sépare la prise
des décisions du moment où celles-ci font sentir leurs effets sur
les variables propres à influencer le comportement des agents
économiques (variables intermédiaires) ».
La décision visant à réduire la pression
fiscale ne deviendra effective pour les ménages que lorsqu'ils auront
perçu leur rémunération à la fin du mois.
S'agissant des dépenses publiques d'investissement, par exemple, le tout
dépendra de la rapidité des passations de commandes par le
gouvernement.
Le retard externe ne relève
pas de la volonté des décideurs de la politique
économique. Il doit être interprété comme
étant « le temps qui s'écoule entre la fin du
délai précédent et le moment où les effets des
mesures prises se font sentir sur les variables-objectifs de la politique
économique : le niveau de la production et de l'emploi, le rythme
de la hausse des prix ».
En cas de réduction de pression fiscale, par exemple,
les ménages peuvent ne pas accroître directement leur niveau de
consommation, la préférence allant à l'épargne. Une
ponction fiscale peut ne pas se traduire par une baisse de consommation
instantanée, les ménages étant déterminés
à maintenir leur niveau de consommation.
Le même comportement pourrait être observé
dans le chef des entreprises de production dont la réaction face
à la variation de la demande dépendra de plusieurs facteurs dont
l'état des stocks de produits finis ou de matières
premières, l'échelle des prix, l'origine des approvisionnements,
etc.
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