1.2- La justification du choix du sujet
Tout le monde le reconnaît, le milieu carcéral
n'est pas un milieu facile à vivre, comme l'attestent certains
écrits. En effet, Ibrahim Thioub (1999) souligne les conditions
déplorables des détenus pendant la période coloniale. Une
situation qui n'a malheureusement guère changé, comme le
démontre Kouamé Kouakou Antoine (2002) dans son oeuvre où
il décrit l'impact de l'environnement sur la
5
santé des détenus. La Une du numéro 10650
de Fraternité Matin du 26 avril 2000 intitulée `'33 prisons
civiles en Côte d'Ivoire, des conditions de vie plus humaines»,
montre que la vie n'y est pas rose.
En milieu carcéral sévit un ensemble de
pathologies qui rendent la vie du détenu très pénible.
Parmi ces pathologies, figurent en bonne place les infections cutanées.
La prise en charge de l'ensemble de ces différentes pathologies est
assurée par les services de santé pénitentiaire.
Dans les centres pénitenciers ivoiriens, les infections
cutanées sont parmi les pathologies les plus récurrentes. Par
exemple, à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca),
selon une étude menée auprès de 170 détenus par
Koukougnon épouse Goprou Brigitte (2002), les dermatoses
représentent 31% des pathologies les plus répandues
derrière le paludisme avec 54%. Quant à Kouamé Kouakou
Antoine (2002), chez les 144 détenus qui déclarent avoir
été malade des 170 enquêtés, il y a 18.24% de cas de
dermatoses contre 31.76% de cas de paludisme. Cette recrudescence des
infections cutanées est mise en évidence par OhouochiAnin Serge
(2000) quand il écrit « les détenus sont pour la plupart
couverts de plaies purulentes, de gales, de teignes, de dermatoses et
dégagent des odeurs nauséabondes.»
Dans une première enquête que nous avions
réalisée auprès des détenus du camp pénal de
Bouaké du 14 au 19 décembre 2014 relative aux pathologies qu'ils
ont rencontrées depuis la réouverture du camp en décembre
2013, 308 détenus déclarent avoir une infection de la peau sur
les 508 détenus qui ont participé à
l'enquête1. Ce chiffre montre que cette infection fait partie
des plus fréquentes. Malgré les actions de sensibilisation qui
sont menées pour l'amélioration de l'hygiène
générale du détenu et de son environnement, ces
1 Cette enquête a été
initiée afin de confirmer nos observations. Elle fait suite aux
observations des travailleurs sociaux du camp pénal. Elle s'est
déroulée du 14 au 19 décembre 2014. C'est après
cette enquête que nous avions décidé de mener cette
étude sur les pathologies cutanées en milieu carcéral.
Elle repose essentiellement sur le ressenti des détenus.
6
pathologies demeurent. Il y a lieu donc de procéder
à une éducation à la santé des détenus afin
de leur assurer une prise en charge effective des infections
cutanées.
Si la santé est essentielle à la vie de tout
être humain, elle l'est davantage pour ceux qui sont en détention.
La situation du détenu doit retenir l'attention de tous.
Le choix de ce thème est tout simple. Il se veut une
réflexion2 sur la prise en charge sanitaire des
détenus ivoiriens et de façon spécifique les moyens
utilisés présentement pour soigner les pathologies
cutanées, mais aussi les méthodes mises en oeuvre pour les
traiter durablement.
|