IV.4. L'approche justifiant la corrélation entre
l'explosion démographique et les risques naturels
Tout environnement humain produit ou amplifie le risque. Dans
bien de cas, par analyse systémique, l'explosion démographique ne
peut être dissocié des risques naturels particulièrement
des aléas morpho-hydrologiques.
Calberac (2005), précise que
« le risque 0 n'existe pas »8, dans la mesure
où toute agglomération produit volontairement ou involontairement
le risque, qui influence à son tour l'évolution du peuplement.
Quelque soit le type d'environnement urbain, le risque est présent et
fait partie des systèmes multiformes dans lesquels il est la cause des
interactions de facteurs géographiques complexes, aussi variés
que la topographie, la nature des aléas, la répartition de la
population et de l'habitat ou des activités humaines.
Capo (2006), dont les travaux portait sur
l'urbanisation et les risques naturels dans la ville de Cotonou au Benin,
précise qu'il y a une corrélation entre la croissance urbaine
accélère, anarchique et la récurrence des risques naturels
dans cette métropole économique. De ce fait, il argumente que
l'incivisme urbain qui se caractérise par le non-respect des plans
d'aménagement, des zones « non aedificandi » et la
mauvaise gestion des déchets urbains, sont à l'origine des
risques d'inondations récurrentes dans cette zone littorale du Benin.
Tchotsoua (2007), dans son article,
présente de façon générale l'ensemble des risques
morpho-hydrologiques qui affectent la ville de Yaoundé. A ce propos il
considère la croissance démographique de la population et
l'extension spatiale des quartiers comme étant des facteurs à
l'origine de l'exposition des populations aux risques. De plus il
présente aussi le système foncier dans la ville de Yaoundé
comme étant un facteur expliquant l'exposition accrue des populations
aux risques naturels. En 20079, 10.345 habitations des
quartiers spontanés étaient exposées aux risques
morpho-hydrologiques (glissements de terrain, inondations, coulées
boueuses et ravinement, etc.) contre environ 4667 des quartiers mixtes et 315
des quartiers bien
8 Calberac Y. 2005, A propos du livre «
Géographie critiques des risques »publié le
21/07/2005 in http : //www.café-geo-net/article.php3.id-article-703
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lotis. Nul doute que ces chiffres ont largement
augmenté au regard de la croissance urbaine de plus en plus
poussée et de l'extension des quartiers spontanés.
Fekoua (2010), dans son mémoire :
« Anthropisation et risques environnementaux sur les collines de
Yaoundé », souligne également la forte anthropisation
des versants des sommets de la ville de Yaoundé par une kyrielle
d'activité humaines (à l'instar des carrières de pierres,
de l'agriculture, la recherche du bois de chauffe, l'extension de l'habitat
spontanée) comme étant prépondérant dans la
construction des risques particulièrement celui de glissement de
terrain. Ce postulat corrobore déjà les précisions de
Tchotsoua (2007), Capo (2006) et Calberac (2005) sur
l'incidence de la croissance démographique sur la construction des
risques en milieu urbain.
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