CONCLUSION PARTIELLE
Au total, le constat qui se dégage de notre analyse,
précise que les interventions humaines apparaissent comme étant
l'élément amplificateur ou favorisant la survenance rapide des
risques de glissements de terrain et d'inondations. De ce fait, l'ensemble des
stratégies visant à réduire l'exposition aux risques
suscités dans la zone d'étude englobent : la proscription
des opérations de terrassement ou de déblai sur les talus sans
études géotechniques préalables afin de préciser le
coefficient de stabilité de ces talus, le reboisement des talus
clairsemés, la limitation des construction sur des sites à fortes
pentes pour ce qui est des glissements de terrain ; la
limitation des déversements des ordures dans les lits des cours d'eau,
la construction des réseaux de drainage des eaux pluviales,
l'interdiction de l'occupation du lit majeur des rivières et de cours
d'eau, etc, pour ce qui est des inondations.
Néanmoins, la gestion et la prévention des
risques supposent une réelle anticipation et une cartographie
efficiente. Face à la récurrence des sinistres
hydro-morphologiques et particulièrement inondations dans la zone
d'étude, l'approche cartographique, reste une solution de taille dans le
politique de gestion et de prévention des risques de glissements de
terrain et d'inondations.
En somme de cette séquence, il convient de s'apercevoir
de la nécessité d'élaborer au niveau de la
municipalité, du plan de zonage (qui incorpore les données
cadastrales, topographiques, hydrologiques, anthropiques, etc.) afin de
déterminer les espaces réservés aux lotissements et ceux
proscrits aux aménagements du fait de leur fort potentiel à
risque.
À côté de ce zonage dont le but est de
réduire l'exposition aux risques, le plan de gestion et de
prévention des risques pour toute la préfecture du Mfoundi serait
également d'un grand apport pour la prévention des risques dans
la ville de Yaoundé.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde58.png)
CONCLUSION GENERALE
126
Au terme de ce travail de recherche, il convient à
juste titre de rappeler que l'objectif principal de notre étude
était d'identifier, faire ressortir les facteurs qui expliquent
l'exposition aux risques morpho-hydrologiques dans les secteurs
d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi et dresser une cartographie de cette
exposition.
De ce fait pour parvenir à la vérification de
nos hypothèses spécifiques de recherche, nous avons fondé
notre méthodologie sur deux principales démarches. La
première est la méthode empirico-inductive, axée
sur des observations directes particulièrement de notre vécu
quotidien à proximité de la zone d'étude. La seconde
approche est la méthode SIG-télédétection,
qui était axée sur la construction et l'utilisation d'une base de
données géoreférencées de la zone à
l'étude. Cette approche nous a permis de rendre compte par des analyses
croisées des disparités de vulnérabilité aux
risques d'inondation et de glissements de terrain dans la zone.
Pour mener à bien nos analyses, nous nous sommes
d'abord appuyés sur la théorie générale des
systèmes, qui préconise la considération des
problématiques géographiques sous le prisme d'un regard
systémique, c'est-à-dire de prendre tout problème sous
forme de système constitué de plusieurs composantes qui
participent à son fonctionnement. Cette théorie du point de vue
pratique, nous a permis au cours de notre recherche, d'appréhender les
différentes instances politique, juridique, économique et humain
qui participent à la construction des risques dans notre zone
d'étude. Cela signifie concrètement que dans les secteurs
d'Akok-Ndoué, Mvog-Betsi, plusieurs dimensions sont à l'origine
de la construction des risques d'inondation et de glissements de terrain :
la dimension politique à travers l'absence de
matérialisation du domaine public de l'Etat, hostile à la
construction (pentes abruptes de versants et bas-fonds), la passivité de
l'autorité communale ; la dimension juridique
par l'ambigüité du système foncier ;
la dimension socio-économique
caractérisée par la pauvreté qui limite les
possibilités de lotissements sur des sites appropriées ou
même de viabilisation de ces derniers.
Dans le même temps, l'utilisation des SIG comme outil
d'aide à la décision, nous a permis de cartographier les risques
d'inondation et de glissements de terrain au travers de la combinaison des
données géoreférencées multisources. Cela nous a
permis d'évaluer les degrés de vulnérabilité des
populations de la zone d'étude aux risques d'inondation et de
glissements de terrain.
Cette évaluation nous a permis d'observer:
127
? Les sites à potentiel-risque faible
(SPRF) correspondant aux surfaces situées au-delà
de 50 m du lit du cours d'eau et des espaces dont le degré de pentes est
faible (0-10°), donc potentiellement propices aux
aménagements humains ;
? Les sites à potentiel-risque
médian (SPRM) correspondant aux sites situés entre
20-40m du lit des cours d'eau et de sites dont la pente est moyenne
(10-25°) qui peuvent être humanisés sous réserve des
études géotechniques et pédologiques spécifiques
;
? Les sites à potentiel-risque
élevé (SPRE) qui concernent les zones situés
à proximité du lit du cours (0-20 m du lit des cours d'eau) et
des sites de pentes élevé (25-45°). Ceux-ci
sont donc impropres aux aménagements humains à l'exception des
aménagements qui tiennent compte de ce risque.
Aussi, le laxisme, l'absence des données dans le temps
et dans l'espace, l'absence d'observatoire urbain de gestion des risques et le
défaut de réelle coordination des efforts de prévention,
de gestion des risques, constituent le ventre-mou de la gestion et de la
prévention des risques urbains particulièrement dans la zone.
À côté de cela, il faut également
souligner l'absence d'implication de l'autorité
décentralisée (dans ce cas de figure, la commune d'arrondissement
de Yaoundé VIe) à l'exemple du modèle
français, dans la gestion et la prévention des risques dans la
commune. La loi N° 2004/003 du 21 avril 2004
régissant l'urbanisme au Cameroun est assez explicite
respectivement en ses articles 34 alinéa 1, 39 alinéa 1,
43 alinéa 1 et 46 alinéa 1 : « L'initiative de
l'élaboration d'un Plan Directeur d'Urbanisme20 appartient au
Maire de la commune ou à un groupement de communes concernées
» ; « L'initiative de l'élaboration d'un Plan
d'Occupation des Sols21 appartient au Maire.. » ; «
L'initiative de l'élaboration d'un Plan de Secteur22
appartient au Maire» ; « L'initiative de
l'élaboration d'un Plan Sommaire
20 Le Plan Directeur d'Urbanisme est un
document qui fixe les orientations; fondamentales de l'aménagement d'un
territoire urbain, la destination 'générale des sols et la
programmation des équipements. Les documents graphiques du plan
Directeur d'Urbanisme sont élaborés à une échelle
comprise entre 1/20 000e et 1/25 000e
21 Le Plan d'occupation
des sols est un document qui fixe l'affectation des sols et les
règles qui la régissent pour le moyen terme (10 à 15 ans).
Les documents graphiques du plan d'occupation des sols sont
élaborés à une échelle comprise entre 1/5 000e et
1/10000e.
22 Le Plan de Secteur
est un document qui, pour une partie d'agglomération,
précise de façon détaillée l'organisation et les
modalités techniques d'occupation du sol, les équipements et les
emplacements réservés. Les documents graphiques du Plan de
Secteur sont élaborés à une échelle comprise entre
1/500e et 1/1000e.
128
d'Urbanisme23 appartient au Maire».
Ceci dans l'optique de montrer toute l'implication que la commune devrait avoir
dans la gestion de son espace urbain. Or sur le terrain, il n'en est rien. Le
désordre dans la planification urbaine (car ce sont les populations qui
construisent sans règles particulières cet environnement),
continue d'augmenter la vulnérabilité des populations de cette
commune aux risques.
De même suivant la Loi n° 2004/018 du
22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux
communes, des compétences particulières sont
transférées aux communes à l'instar de la gestion
de l'environnement et des ressources naturelles ainsi que la
planification, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme et de
l'habitat (l'élaboration de plans communaux d'action pour
l'environnement ; l'élaboration des plans d'occupation des sols, des
documents d'urbanisme, d'aménagement concerté, de
rénovation urbaine et de remembrement ; l'aménagement et la
viabilisation des espaces habitables ; la délivrance des certificats
d'urbanisme, des autorisations de lotir, des permis d'implanter, des permis de
construire et de démolir...). Face à ce constat à qui
devrait-on imputer la planification anarchique qui accroit la
vulnérabilité des populations aux risques?
Toutefois, face à la recrudescence des risques
hydro-morphologiques dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi et
à la vulnérabilité de plus en plus croissante, l'urgence
se trouve dans la recherche des solutions efficaces et durables susceptibles de
garantir une faible exposition à ces risques et à fournir
à cette population urbaine, un cadre de vie sain et viable.
La cartographie actualisée, la sensibilisation sur
l'incivisme, la matérialisation du domaine de l'État, le zonage,
l'élaboration des plans de gestion et de prévention des risques,
la réalisation des études géotechniques sur la
susceptibilité des terrains aux constructions, la mise en place d'un
observatoire des risques urbains dans la ville susceptible de fournir des
données précises et précieuses en temps réel sur le
potentiel risque des espaces anthropisés, constituent un ensemble de
mesures, à même de réduire la vulnérabilité
des populations d'Akok-Ndoué, Mvog-Betsi et Etoug-Ebé en
particulier et de la ville de Yaoundé en général aux
risques morpho-hydrologiques.
23 Le Plan Sommaire d'Urbanisme
est un document qui fixe l'affectation des sols. Il édicte de
façon sommaire, pour chacune d'entre elles, les règles,
restrictions et servitudes particulières d'utilisation du sol. Les
documents graphiques du Plan Sommaire d'Urbanisme sont élaborés
à une échelle comprise entre 1/5 000e et 1/10 000e. C'est un
document de planification simplifié qui est élaboré par
les communes en l'absence de Plan d'Occupation des Sols.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde59.png)
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