V. STRATÉGIES DE GESTION ET DE
PRÉVENTION DES RISQUES DANS LA ZONE D'ÉTUDE
Un adage populaire dit que : «
gérer, c'est
prévoir, prévoir
c'est savoir et savoir
c'est mesurer ». Cette
prévention passe par l'anticipation. Ceci pour
préciser l'importance significative que la prévention jouerait
dans la gestion des risques. Cette gestion passe inéluctablement par la
mesure. Cette mesure quant à elle s'effectue par la modélisation
des scénarios et la production des données
géoreférencées. Dans cet ultime section de notre travail,
il sera en effet question de s'appuyer sur l'état des lieux de la
gestion et de la prévention des risques dans la zone, pour proposer des
stratégies visant à prévenir les risques
étudiés afin les gérer de façon efficace et
efficiente. Cette séquence débouchera sur la proposition de
multiples
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solutions à l'instar du zonage susceptible de
réduire l'exposition des secteurs Akok-Ndoué et Mvog-Betsi aux
risques hydro-morphologiques tels que les glissements de terrain, les chutes de
blocs et les inondations.
V.1. STRATÉGIES DE PRÉVENTION DES RISQUES DE
GLISSEMENT DE TERRAIN ET DE CHUTES DE BLOCS
Les glissements de terrain constituent dans la pratique des
phénomènes naturels dont les manifestations résultent
généralement de la combinaison des facteurs aggravants ou
déclencheurs, la présence des zones d'érosion par exemple,
l'inclinaison des pentes, les propriétés géologiques et
géotechniques des sols, les conditions d'eau souterraine, etc. Ces
événements surviennent dans la majeure partie des cas au cours
des saisons de pluies, lorsque la pression hydraulique de l'eau est critique
pour la stabilité des talus. La fréquence de ces
événements peut être augmentée par les
épisodes météorologiques extrêmes.
D'un autre point de vue, une bonne partie des glissements de
terrain est liée à des interventions humaines sur des talus,
fragilisant des zones déjà susceptibles à ce
phénomène. Cela signifie que les stratégies visant
à réduire la prédisposition des différents secteurs
de Mvog-Betsi et d'Akok-Ndoué, doivent s'attaquer aux interventions
humaines inappropriées. Signifiant ainsi que toutes les interventions
humaines pouvant compromettre l'équilibre d'un talus ou d'un versant
pentu doivent être évitées. Il s'agit principalement de :
surcharge au sommet des talus, des opérations de déblai
ou d'excavation à la base des talus ou déboisement des versants
et des talus.
V.1.1. Éviter les surcharges au sommet des
talus et sur les versants pentus
Les surcharges des versants ou des sommets des talus par la
construction des remblais, l'entreposage de matériaux tels que les
pierres de construction, la terre d'excavation, peuvent nuire à la
stabilité des versants ou des talus. Dans la mesure où ce poids
supplémentaire peut ainsi modifier dans la pratique l'équilibre
du talus ou du versant et ainsi déclencher à court ou à
long terme les glissements de terrain. Or en théorie, un remblai
augmente l'inclinaison de la pente ; ce qui augmente les risques de survenance
des glissements de terrain en particulier si un épisode orageux se
produit avec une forte intensité et ou une intensité faible mais
avec une durée importante. La photo 7, présente
des surcharges au sommet d'un talus et sur un versant pentu respectivement dans
les quartiers Mvog-Betsi (Mewoulou) et Akok-Ndoué (Akok-Ndoué
II).
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![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde53.png)
Photo 7: Surcharges au sommet d'un talus et
sur d'un versant pentu (Cliché Fofack Mujia, Août
2012)
Sur la photo 7, on s'aperçoit des
différentes surcharges liées aux implantations humaines sur les
talus et les versants pentus : on observe des habitations au sommet d'un talus
au quartier Mvog-Betsi dont la base a été considérablement
victime de déblai et d'excavation de matériaux (pierres pour la
construction) ; Ces actions agissent comme des facteurs aggravants du risque de
glissements de terrain.
En effet, les surcharges des talus et des versants sont
monnaie courante dans les secteurs d'Akok-Ndoué et de Mvog-Betsi. Ce
type d'interventions humaines réalisées sans consultations
géotechniques préalables, est de nature à interagir en
tant que facteurs aggravants ou à être à l'origine des
glissements de terrain à court ou long terme. Le poids additionnel
induit par la densification des habitations sur les versants pentus et sur les
talus ou le stockage des matériaux excavés ou
déblayés tels que les pierres de construction, la terre
d'excavation au sommet des talus ou sur les versants à forte pente,
prédisposent les zones sous-jacentes à des risques d'occurrence
de glissements de terrain. Dans la mesure où le talus ou le versant
pentu en dehors du poids des matériaux colloïdaux qui le
constituent, doit également subir la pression physique (poids) de la
charge additionnelle ajoutée sur le talus ou le versant pentu.
Cela peut s'exprimer par : Où :
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Pmax = Pmc + Pam+G+p
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? Pmax est le poids total de charge
qu'un talus peut supporter tout en restant stable ; ? Pmc
est le poids de l'ensemble des matériaux colloïdaux
qui constituent le talus ;
? Pam est le poids additionnel
maximal pouvant être ajouté sur talus par les activités
humaines ;
? G étant la gravité sur
le versant ;
? P représentant la
plasticité du substrat (en rapport avec
l'homogénéité du matériau : roches dures,
plastiques, fluides ou meubles).
En supposant que la gravité dépende de la pente
topographique, le matériau en présence étant plastique, et
si Pam augmente rapidement sous l'influence des
actions humaines, la
susceptibilité de rupture du talus augmente
latéralement, induisant ainsi un glissement de terrain
A titre d'exemple si la Pmax d'un versant
est de 100m3 et que Pmc est de
75m3 ; cela signifie que Pam est
de 25m3. Si par contre sous le coup des
activités humaines d'entreposage de matériaux,
Pam est supérieur à 25m3 : ce talus est
susceptible de glisser car Pmax aurait
été dépassé.
Raison pour laquelle des actions de cette nature doivent
être proscrites au niveau des populations ou à plus forte raison
effectuées sous réserve d'études géotechniques (en
particulier sur la plasticité des matériaux) déterminant
la susceptibilité du secteur à aménager, à subir
l'addition des charges physique ou à supporter les travaux de
déblai ou de remblai, sans être victime de rupture pouvant
conduire à un glissement de terrain.
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