2.14.7. PRINCIPE DE PRECAUTION OU
PRINCIPE D'ATTENTION
Le principe de précaution se veut un outil de gestion
de l'incertitude en matière de risques. Son application découle
de l'identification d'un risque plausible sur la base d'indices concluants. Si
le principe de précaution donne plus de poids à la protection de
la santé dans la balance des intérêts, la réponse
doit être proportionnée en regard des autres
considérations, qu'elles soient socio-économiques, politiques,
techniques ou encore éthiques. Les mesures adoptées ont par
ailleurs un caractère provisoire et peuvent être
révisées en fonction de la progression des
connaissances145. Dans le cas des antennes-relais de
téléphonie mobile, ce principe ne s'applique pas car aucun indice
ne rend plausible l'existence d'un risque.
289
Or certaines décisions de justice sèment le
trouble dans les esprits en faisant d'un risque sanitaire hypothétique
et de l'angoisse qui en découle un préjudice, alliant ainsi le
principe de précaution et la notion de trouble du voisinage. C'est en
revanche le principe d'attention qu'appliquent les pouvoirs publics. Pour
répondre à l'inquiétude manifeste du public, ils
prônent notamment plus de transparence, d'information, de
déontologie et un discours public assumé : « Renforcer les
prérogatives des élus locaux en vue de permettre la planification
conjointe des installations dédiées à la
téléphonie mobile avec une plus grande concertation du public.
Tels que développés dans le paragraphe suivant, des exemples dans
cette voie peuvent être décrits ».
Les niveaux d'exposition acceptables pour la population
générale constituent un enjeu important. Si les expertises ne
mettent pas en exergue des raisons suffisantes pour réclamer la
révision des valeurs limites d'exposition établies par les
instances internationales, leur acceptabilité sociale s'est largement
dégradée depuis quelques années146. Pour
répondre aux inquiétudes de la population, certains États
ont choisi d'appliquer des valeurs limites d'exposition plus strictes, sur tout
leur territoire ou dans des lieux définis comme plus sensibles.
146Girard et al. 2009
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D'autres mesures de gestion spécifiques visant à
limiter les expositions, basées sur les connaissances scientifiques mais
aussi sur d'autres critères (inquiétude sociale, principe de
précaution...), ont également été adoptées
par certaines collectivités. La valeur limite de 0,6 V/m est souvent
citée, notamment par de nombreuses associations qui réclament sa
généralisation. Si cette valeur a été
proposée suite à une étude scientifique
réalisée en 1996, elle n'a aucun fondement scientifique, les
études ultérieures n'ayant pas confirmé les
résultats obtenus147.
Or ces disparités dans les seuils appliqués
contribuent à alimenter la confusion et l'inquiétude de la
population148.Le sentiment d'abaisser les seuils pourrait ainsi
provoquer une fuite en avant vers des réclamations toujours plus
radicales. En effet, si l'intérêt de la concertation entre les
différents acteurs et la prise en compte de l'ensemble de leurs
préoccupations est indéniable, il s'avère aussi essentiel
que les décisions prises soient clairement explicitées et la
communication autour de ces décisions bien
organisée149. Par ailleurs, il convient de vérifier
dans quelle mesure l'abaissement des seuils entraîneraient une diminution
réelle de l'exposition150. En effet, abaisser les seuils
implique notamment une diminution des puissances émises par les
antennes-relais, donc potentiellement une augmentation des puissances
émises par les téléphones mobiles pour se connecter au
réseau, d'où une augmentation de l'exposition de leurs
utilisateurs.
147Treiner, 2009 148Girard et al. (2009),
149OMS, 2004 150Afsset, 2009
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