2.11. CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES ET
SANTÉ
Tout conducteur électrique génère un
champ électrique dans son voisinage s'il est sous tension. Lorsqu'il est
le siège d'un courant électrique, ce conducteur
génère alors également un champ magnétique. Lorsque
ce courant est alternatif et que la fréquence d'alternance atteint une
certaine valeur, le conducteur génère alors également une
onde ou rayonnement électromagnétique (EM), devenant ainsi une
antenne émettrice.
L'onde EM est constituée par la combinaison des champs
électrique et magnétique dont l'alternance dans le temps assure
l'induction mutuelle et la propagation dans l'espace.
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A ce jour, si l'on considère les intensités
maximales de champs EM auxquelles la population générale est
exposée de façon usuelle ou même occasionnelle, on doit
retenir qu'à l'exception de certaines sources d'exposition dans les
fréquences dites « intermédiaires », il n'existe pas de
mécanisme d'interaction reconnu ou validé avec la santé ou
avec la physiologie humaine. Néanmoins, en raison de
l'omniprésence des champs EM et de la persistance de certaines
incertitudes, les études scientifiques sont toujours en cours afin de
mettre en évidence un éventuel impact de ces champs EM de faible
intensité sur la santé ou sur le bien-être. La
présente fiche fait le point sur les connaissances acquises et les
constats effectués à ce jour tout en pointant les zones d'ombre
persistantes. Une confusion est régulièrement faite entre les
ondes ou rayonnements EM dont il est question ici et le rayonnement dit «
ionisant ».
Ce dernier recouvre les plus hautes fréquences du
spectre électromagnétique (rayons UV de haute fréquence,
rayons X et gamma). Il est caractérisé par sa haute
énergie intrinsèque, dont découle
précisément son caractère ionisant. Les effets
délétères (cancérigènes en particulier) de
l'ionisation des atomes et molécules existent dès les plus
faibles intensités de ce rayonnement ionisant. Egalement, ces effets
s'accumulent avec le temps, de sorte qu'une exposition prolongée
à de faibles doses peut produire les mêmes effets qu'une
exposition plus brève à de plus fortes doses. Ceci n'est par
contre pas vrai pour ce qui concerne les champs et ondes EM dont il est
question ici.
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En effet, de par leur fréquence (inférieure
à celle des infrarouges), ceux-ci possèdent une énergie
intrinsèque très insuffisante que pour causer la moindre
ionisation. Pour ces champs EM, un seuil d'intensité existe en principe
pour chaque type d'effet considéré et il n'y a pas d'impact
cumulatif dans le temps pour l'exposition aux très faibles
intensités, telles que les intensités moyennes auxquelles tout un
chacun est exposé au quotidien dans un environnement urbain moderne, par
exemple.
Champs EM statiques : Les champs sont dits
« statiques » lorsqu'ils ne varient pas dans le temps. Ces champs
existent à proximité de toute installation fonctionnant en
courant continu. Le champ électrique statique ne pénètre
que peu ou pas l'organisme. De plus, il est fort atténué par tout
matériau interposé entre la source et le lieu d'exposition
considéré. Egalement, sa distribution dans l'espace est
très inhomogène, de sorte qu'il est très difficile et
aléatoire de quantifier l'exposition moyenne des personnes et des
populations.
A l'inverse du champ électrique, le champ
magnétique (CM) pénètre aisément l'organisme et
n'est que peu ou pas perturbé ou atténué par les
matériaux interposés. Sa distribution dans l'espace autour d'une
source
quelconque est donc assez homogène et
prédictible. C'est donc essentiellement le CM qui a été
retenu à ce jour dans les études qui se sont penchées sur
la question de l'impact éventuel des champs EM statiques sur la
santé. Les principales sources d'exposition aux CM statiques sont les
caténaires des transports électrifiés (trains, trams et
métros).
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A proximité immédiate (intérieur d'un
wagon), l'intensité d'exposition varie généralement entre
10 et 100 micro-teslas (ìT) environ, intensité qui est à
comparer avec celle du champ magnétique terrestre, de l'ordre de 50
ìT sous nos latitudes. Cette intensité décroit assez
rapidement avec l'éloignement aux caténaires. Une source plus
anecdotique pour la population générale est
l'électro-aimant des appareils de résonance magnétique
nucléaire (RMN) utilisés pour l'imagerie médicale, et dont
le CM atteint le plus souvent des intensités de l'ordre de 1,5 à
3 Teslas, soit plus de 20.000 fois supérieures à celle du champ
magnétique terrestre. On connaît divers effets des CM statiques
sur la matière. Mais aux intensités qui nous concernent, soit 100
ìT, ces CM ne peuvent exercer une action perceptible que sur les animaux
pourvus du sens de la magnéto réception. Les études
réalisées à ce jour sur les conséquences des CM
statiques sur la santé, n'ont investigué que les effets à
court terme.
A cet égard, des indications existent pour divers
effets, essentiellement de type neurosensoriel, accessoirement d'ordre
génétique, mais uniquement à partir d'intensités
typiques de celles utilisées dans le cadre de la RMN.Il y a lieu ici de
signaler que l'exposition au CM d'un appareil de RMN est toujours brève
et est motivée par une décision médicale qui tient compte
des avantages et inconvénients de toute procédure d'examen.
Ainsi, en remplaçant bien souvent le scanner, la technique de la RMN a
permis de diminuer fortement l'exposition médicale aux rayons X et
l'accroissement du risque relatif de cancer qui lui est
corrélé.
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2.11.1. CHAMPS ELECTRO-MAGNETIQUE D'EXTREMEMENT BASSE
FREQUENCE
On appelle « extrêmement basses » les
fréquences comprises entre 3 et 300 hertz (Hz). Les champs 50 Hz y sont
largement dominants et c'est donc essentiellement d'eux qu'il est question dans
ce chapitre. Ces champs 50 Hz sont générés par tout
conducteur ou appareil électrique en fonctionnement. Comme pour ce qui
concerne les champs statiques, et pour les mêmes raisons, seul le CM est
seul retenu à ce jour pour caractériser l'impact éventuel
sur la santé des champs EM en 50Hz. Les autres fréquences les
plus représentées dans la gamme des fréquences
extrêmement basse sont, notamment, le 16,7 Hz des voies ferrées.
Mais les données d'exposition à ces champs sont insuffisantes et
leur impact éventuel sur la santé n'a pas été
étudié à suffisance.
2.11.1.1. Les champs 50 Hz dans notre
environnement
Les CM 50 Hz existent à proximité de toute
ligne de transport ou de distribution d'électricité, de tout
poste de transformation, ainsi qu'à proximité de tout appareil
électrique en fonctionnement. Cette intensité
décroît assez rapidement avec l'éloignement à la
source, le plus souvent en fonction inverse du carré de la distance R
à la source (donc en 1/R2). Suivent ici avec les
intensités moyennes approximatives de CM 50 Hz dans quelques situations
exemplatives d'exposition telles que rencontrées en région
bruxelloise (la tension électrique est exprimée en kilovolts ou
kV) (4-10):
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· Bruit de fond résidentiel (à distance de
tout appareil électrique en fonctionnement) : 0,1 ìT
· Proximité (30 cm) de divers appareils
électriques en fonctionnement : 0,1 à 10 ìT
· Cabine de transformation 10-15kV/220-400V: 0,4-2,5
ìT à 2 m ; 0,2-2 ìT à 4 m
· Poste de transformation 330kV/10-15kV: > 1
ìT à 4m ; 0,5 ìT à 6 m
· Câble enterré à haute tension (150
kV) : 1 à 3,5 ìT à l'aplomb ; 0,2 ìT à
10m
· Ligne aérienne à haute tension (150 kV) : 1
ìT à l'aplomb ; 0,5 ìT à 30
m ;
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