2.7.2. Les effets de la pollution sonore
La pollution sonore peut entraîner une
détérioration des cils de l'organe de corti ce qui provoque une
surdité. Il n'existe aucune solution à cette surdité. Le
son est une vibration de l'air qui se propage, sa sensation peut être
agréable ou non (bruit) et parfois même gênante ou nocive.
Les nuisances sonores peuvent être liées aux transports (routiers,
ferroviaires, aériens...), au voisinage (entreprises, chantiers,
restaurants, discothèques...). En RDC, plus de deux millions de
personnes sont exposées de manière prolongée à des
nuisances sonores d'intensité supérieure à 85
décibels sur leur lieu de travail. Cette exposition peut entraîner
une surdité irréversible. Le bruit est lié à des
phénomènes physiques et à un phénomène
perceptif. En effet, le bruit est une combinaison de sons qui dépend de
la fréquence (exprimée en Hz), de l'intensité et de la
durée.
172
L'intensité nous permet de juger de la force d'un son,
son faible ou fort, tandis que la fréquence donne la sensation de grave
ou d'aigu. Pour pouvoir percevoir un son, il faut que sa durée soit
comprise entre 25 ms et 125 ms pour un individu dont le système auditif
fonctionne correctement. Le trafic routier est la principale source des
nuisances sonores suivie par les bruits de voisinage. Le bruit est
mesuré en décibels grâce aux niveaux sonores L :
L = 10 log I/IO (en dB) avec I0 =10-12 W/m2
Le décibel est une échelle de mesure
logarithmique en acoustique, c'est un terme sans dimension. Il est noté
dB. Il est intéressant de remarquer que :
80 dB + 80 dB = 83 dB 80 dB + 90 dB = 90 Db
Quelques repères en décibels :
? 15 décibels correspondent au bruit le plus faible qu'une
oreille puisse
percevoir ;
? 90 décibels correspondent au seuil de danger pour
l'oreille humaine
? 120 décibels correspondent au seuil de douleur pour
l'oreille ;
Pour évaluer le danger représenté par un
son pour l'oreille, il faut prendre en compte la durée d'exposition
ainsi que le niveau sonore (les niveaux sonores ne s'additionnent pas). De
plus, l'oreille n'a pas la même sensibilité pour toutes les
fréquences audibles.
173
Par exemple, un son de 50 dB et de fréquence 1000 Hz
produit une sensation auditive plus forte qu'un son de 50 dB à la
fréquence de 100 Hz. Pour tenir compte de cette particularité du
système auditif, on utilise des filtres qui pondèrent les niveaux
en fonction des fréquences. Plusieurs filtres sont utilisés, le
plus commun étant le filtre A. Le nouveau niveau tenant compte de cette
pondération est alors exprimé en dB (A). On obtient ainsi une
grandeur physiologique pour le niveau sonore, et non plus seulement une
grandeur physique. L'importance de cette pondération est
considérable.
En effet, des bruits de très basses fréquences,
qui peuvent atteindre plus de 140 dB dans un TGV entrant dans un tunnel, ne
semblent pas dangereux pour l'audition (ce qui ne signifie pas qu'ils sont sans
effet sur la santé). De même, les basses fréquences
émissent par la grosse caisse d'une batterie, qui traverse les murs,
perçu par les voisins des discothèques ne sont pas dangereuses
pour l'ouïe, malgré la gêne qu'il représente. Parmi
toutes les ondes acoustiques, seules certaines peuvent être
perçues par l'oreille : il s'agit des ondes dont la fréquence est
comprise entre 20 Hz et 20000 Hz. En dessous de 20 Hz on parle d'infrasons et
au-dessus de 20000 Hz on parle d'ultrasons. L'émission du bruit est
inhérente à l'activité humaine. Cependant, quand ces
nuisances sonores deviennent trop importantes et donc insupportables, la loi
civile et pénale permettent de mettre un terme ou de réduire les
bruits persistants.
174
Néanmoins, il existe des bruits incontournables tels
que les pleurs d'enfants, l'ouverture et la fermeture des portes, le
déchargement de colis... Les bruits de voisinages sont de
différents ordres. Le tapage nocturne est le fait de faire du bruit de
nuit en troublant la tranquillité d'autrui. Cette nuisance est passible
d'une contravention si la ou les personnes dérangées
réclament le calme et qu'il n'est pas rétabli. Les bruits
provenant de la circulation de véhicules sur la voie publique, les
discothèques, les chantiers etc. peuvent être soumis à un
arrêté provenant de la mairie pour faire cesser ou atténuer
le bruit. L'isolation du logement peut aussi parfois être en cause, il
faut donc vérifier les normes en rigueur et les faire appliquer.
Il existe également des nuisances liées aux
réseaux ferroviaire et aérien lorsque ces derniers sont à
proximité de zones habitables mais également pour les personnes
qui travaillent dans ces entreprises. La santé comprend selon la
définition donnée par l'organisation mondiale de la santé
(OMS) deux points : l'absence de maladie et d'infirmité et un
état complet du bien-être physique, mental et social ; Les
conséquences du bruit sont de deux types : auditives et non auditives.
Les premières consistent généralement en des
lésions auditives suite à l'exposition à des hauts niveaux
de bruit. Le risque de pertes auditives directes est
principalement lié à des activités de loisirs
(discothèques, tir, feux d'artifice) ou au travail (usines,
chantiers).
175
Les conséquences non auditives proviennent de tous les
autres bruits de l'environnement dont les niveaux et les temps d'expositions
sont plus faibles (circulation, bruits interne à l'habitation, bruits de
voisinage). Elles peuvent se manifester sous forme de troubles psychiques (ex:
stress), sociaux (ex: difficultés de communication) ou physiques (ex:
hypertension).Le fait d'être exposé de manière
répétée au bruit peut entraîner des maladies
mentales et physiologiques telles que : l'anxiété, le stress
émotionnel, la nervosité, les nausées, le mal de
tête, l'instabilité, l'impuissance sexuel, les sauts d'humeur, les
conflits sociaux. Et parfois même, les gens peuvent devenir
névrosé, psychotique et hystérique... Une étude a
montré que des enquêtes avaient été menées
dans différents pays auprès de personnes exposées au bruit
aéronautique.
Ces enquêtes avaient mis en évidence certains
effets extra-auditifs du bruit : troubles du sommeil, pathologies
cardiovasculaires, pathologies psychiatriques et répercussions
psychologiques... Autour de Roissy pourtant, aucune étude de grande
envergure n'a été réalisée. Seule une étude
préliminaire auprès de sept généralistes a
tenté en 1996-1997 d'évaluer les effets du stress environnemental
sur la santé. De plus, cette étude n'était pas
ciblée sur le bruit aérien, elle analysait également les
nuisances au travail et dans les transports. Quand les défenses de
l'organisme sont débordées par le stress, il se constitue une
maladie, un état pathologique franc, que de nombreuses enquêtes
internationales ont confirmés : dépression nerveuse, crise
d'angoisse, anxiété généralisée, repli sur
soi, isolement relationnel, sentiment d'impuissance, trouble du sommeil
176
(réveil nocturne, difficultés pour se
rendormir), perturbations du comportement individuel et du climat social,
irritabilité et instabilité émotionnelle, malaises divers
et une tension artérielle un peu élevée. Tout ceci peut
nécessiter un recours aux soins spécialisés et à
des hospitalisations psychiatriques. De plus, nous remarquons un taux de
suicide plus important chez les riverains des aéroports, un
accroissement des décès cardio-vasculaires au-delà d'un
certain âge et une atteinte des fonctions immunitaire avec infections
plus fréquente. Il est très important de souligner que chez les
enfants, de moins bons résultats scolaires et une instabilité
comportementale se font ressentir.
Afin de réduire ces nuisances sonores au quotidien, il
est nécessaire de prendre des mesures aussi bien sur le lieu de travail,
que dans les transports ou même chez soi. Pour cela, il existe des
protections individuelles (casques ou bouchons d'oreilles), un traitement
acoustique des locaux, un encoffrement des machines... De très
nombreuses associations ont été créées afin de
limiter les nuisances sonores quel que soit les lieux et/ou les circonstances
pour donner une meilleure qualité de vie à la population. La
réglementation actuelle peut être divisée en 4 grands
domaines : l'urbanisme et les constructions ; les sources mobiles (avion...) et
les sources fixes (engins...) ; les bruits au travail ; les bruits liés
au comportement (voisinage, les effets sur la santé...).
177
Il existe de nombreuses réglementations acoustiques
telles que pour les constructions et l'insonorisation des bâtiments. Dans
les pays européens par exemple, La réglementation pour
l'isolation des logements a commencé en 1955 juste après la
première guerre mondiale, ce n'était alors que des
recommandations telles que : « il faut une isolation acoustique suffisante
». Par la suite, l'arrêté du 14 juin 1969 en France, a
établi les règles et les seuils limites concernant l'acoustique
des constructions neuves. A partir de ce moment, il est fait une
différence entre les constructions neuves et anciennes. Cet
arrêté prend en compte 3 types de bruits dans le logement : les
bruits aériens (voisins, télévision...), les bruits
d'impacts (chaises, pas, portes...) et les bruits d'équipement (chasse
d'eau, ascenseurs...).
En ce qui concerne les bruits aériens, ils ne doivent
pas dépasser 51 dB (A), les bruits d'impacts doivent être
inférieurs à 70 dB (A) et les bruit d'équipement sont
limités à 30 dB (A) (collectif) et 35 dB(A) (individuels). D'une
manière générale, pour avoir un confort correct dans un
logement, la pièce principale ne doit pas dépasser 30 dB (A). En
1978, la réglementation a pris en compte l'isolation des façades
des bâtiments vis à vis des bruits routiers. Et c'est à
partir des années 1990 qu'une nouvelle réglementation des
logements c'est mise en place en fonction des directives de l'Europe. La
construction de bâtiments est soumise à une
réglementation40 qui fixe l'isolement acoustique minimale
à respecter contre les bruits extérieurs.
40Arrêté du 30 juin 1999
178
L'isolement acoustique minimal est de 30 dB contre les bruits
de l'espace extérieur pour les bâtiments d'habitation neuf. De
plus, il est imposé une quantité minimale de matériaux
absorbant dans les circulations communes intérieures (couloirs,
escaliers ...) afin de réduire la durée de
réverbération de ces locaux souvent bruyants41.
En ce qui concerne les nuisances sonores causées par
les véhicules et les matériels il existe des lois qui fixent des
limites. En effet, la loi bruit42 vise à sanctionner les
fabricants, importateurs, vendeurs ou utilisateurs de matériels ou
d'objets ayant un niveau sonore excessif et non conforme aux
réglementations en vigueurs. Ce texte de loi prend en compte le
matériel utilisé sur les chantiers, les appareils domestiques, de
jardinage, de bricolage... D'autre part, les matériels utilisés
dans les transports ferroviaires et aériens ainsi que les alarmes et les
dispositifs d'échappement des engins et véhicules (deux roues,
quatre roues et plus) font l'objet d'une réglementation
spécifique, hors du régime traditionnel institué par la
loi bruit. Ils sont couverts par une réglementation d'origine
européenne prévoyant des niveaux sonores admissibles. Pour ce qui
est du matériel militaire, de police et de secours, aucune
réglementation sur l'émission sonore n'est actuellement en
vigueur.
41protection des travailleurs contre le bruit :
décret n°88-405 du 21 avril 1998, titre I ; Réduction du
bruit des machines : décret n°92-767 du 29 juillet 1992 ;
Insonorisation des locaux de travail : décret n°88-930 du 20
septembre 1988 ;
42décret n° 95-79 du 23
janvier 1995
179
Le trafic routier est un ensemble de sources : voitures, 2
roues, poids-lourds... qui peut parfois atteindre 65 dB (A) et plus. En 1972,
une directive européenne est mise en oeuvre et permet de diminuer tous
les deux ou trois ans les niveaux sonores émis par les véhicules.
Les nouvelles routes construites doivent répondre à des normes :
elles ne doivent pas générer plus de 60 dB (A) le jour et 50
dB(A) la nuit. Il faut savoir que la recherche sur les nuisances sonores
n'aboutit généralement pas à quelque chose de suffisamment
concluant. En effet, les axes de recherches concernant les effets du bruit sur
la santé sont très nombreux mais très peu
développé à l'heure actuelle.
Nous savons pourtant qu'au-delà de 85 dB, les nuisances
sonores peuvent entraîner une surdité partielle ou totale, de
l'hypertension artérielle, des maladies cardio-vasculaires... De nos
jours, il y a beaucoup de bruits en tout genre dans notre quotidien : marteaux
piqueurs, moteurs de voitures, avions... Un des moyens que nous pourrions
utiliser pour limiter ses nuisances sonores serait le vide. En effet, le bruit
se propage jusqu'à nos oreilles par l'intermédiaire des
molécules qui nous entourent (air, eau...). Le but serait donc de
confiner la source du bruit dans une cloche sous vide. Il semble possible
d'isoler les moteurs des avions ou des voitures sans en gêner leur
fonctionnement ; les fusées fonctionnent bien dans l'espace là
où il n'y a que le vide.
180
Même s'il n'est pas possible de faire le vide total,
nous pourrions simplement diminuer le nombre de molécules et donc nous
diminuerions le bruit produit par les moteurs. Cette technique ne serait
utilisable que pour les moteurs électriques car les moteurs à
explosion ont besoin d'une source d'oxygène. La recherche
s'intéresse au paysage sonore urbain afin d'élaborer de nouvelles
conceptions de la ville et de ces bruits. En effet, les architectes travaillent
sur les formes que peuvent prendre les bâtiments pour atténuer les
bruits. Il faut également prendre en compte les matériaux
utilisés ainsi que la disposition des bâtiments les uns par
rapport aux autres. Actuellement, le « contrôle actif » est un
projet qui permet de contrecarrer le bruit par le bruit. Cette technique
récente est en train d'être tester et sera peut être
commercialisé dans le futur. Elle permet à l'heure actuelle de
diminuer les nuisances sonores de 13 à 15 dB (A) ce qui n'est pas
négligeable.
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