2.7. LES NUISANCES SONORES ET ELECTROMAGNETIQUES
Une nuisance est un élément de l'environnement
jugé néfaste pour la santé ou la qualité de la vie.
Une nuisance sonore est donc une "pollution" par le son, un son trop important,
qui gêne ou crée des dégâts. Les
éléments sonores qui polluent sont : la circulation, les
hurlements, la musique à plein volume, les sons trop violents, trop
forts, les armes, les pétards, les cloches, etc.
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Les nuisances sonores sont dénoncées par une
large majorité de nos concitoyens comme la première gêne
à laquelle ils sont confrontés quotidiennement. Malgré la
succession de rapports alarmants, cette pollution n'est pas encore prise en
compte par les pouvoirs publics à l'échelle qui devrait
être la sienne. Les champs électromagnétiques sont
constitués d'une onde électrique et d'une onde magnétique
qui se déplacent perpendiculairement ensemble à la vitesse de la
lumière soit 300 000 kilomètres par seconde. Une onde est
caractérisée par sa fréquence y et sa longueur d'onde A
grandeurs liées par l'expression :
A= c/v
Ou C est la célérité de l'onde dans le
milieu considéré, v la fréquence c'est-à-dire le
nombre d'oscillations de l'onde par seconde. Ainsi, plus la longueur d'onde du
rayonnement est élevée, plus sa fréquence est basse, et
inversement. Quels sont les effets sur la santé des champs et ondes
électromagnétiques ? Une interrogation préoccupante
compte-tenu de l'importance de la population concernée. Lignes à
haute tension, chauffage par induction, électrique, écrans de
visualisation (moniteurs et téléviseurs), fours à
micro-ondes, radars, radiotéléphones portables, ... envahissent
nos vies, le phénomène est planétaire.
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2.7.1. L'oreille et les effets de la pollution sonore
L'oreille comprend une partie visible, le pavillon et une
partie protégée à l'intérieur du rocher. Elle est
divisée en trois parties : l'oreille externe, l'oreille moyenne et
l'oreille interne. L'oreille externe a une fonction double pour l'audition et
le système auditif. En effet elle sert à la fois de protection et
de résonance. Elle s'étend du pavillon à la membrane du
tympan. Le pavillon est une formation fibrocartillagineuse de forme
tourmentée, recouverte d'un revêtement cutané et
disposée autour de l'orifice du conduit auditif externe, conduit sinueux
de structure fibrocartillagineuse dans son tiers externe et osseuse dans ses
deux tiers internes. Son extrémité est obturée par la
membrane du tympan.
Le pavillon de l'oreille reçoit et concentre les ondes
sonores, tout en diminuant le choc du au passage des ondes se propageant dans
l'air environnement et le corps humain à celui enclos dans le
système auditif. Ensuite les ondes reçut se propagent dans le
conduit auditif avec les propriétés des ondes rectilignes sur
deux à trois centimètres avant de rencontrer la membrane du
tympan. Le tympan se met alors en vibration sous l'effet des ondes
reçues. L'oreille moyenne a un double rôle puisqu'elle doit
protéger l'oreille interne et transformer les ondes provenant de
l'oreille externe (ondes aériennes) en ondes analysables par l'oreille
interne (ondes solidiennes). L'oreille moyenne ou caisse du tympan est une
cavité aérienne limitée au dehors par le tympan et en
dedans par l'oreille interne.
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Elle communique en avant avec le rhino-pharynx par la trompe
d'eustache (qui assure l'aération) et en arrière avec la
cavité mastoïdienne par un autre orifice, l'aditus. Elle renferme
les trois plus petits os de l'organisme : les osselets articulés
entre-deux et reliés aux deux extrémités de la
cavité par des ligaments ; ce sont, de dehors en dedans, le marteau,
l'enclume et l'étrier. Le marteau à la forme d'une massue dont le
manche est inclus dans l'épaisseur de la membrane tympanique et dont la
partie renflée s'articule avec l'enclume qui lui fait suite. Celle-ci
à la forme d'une molaire et présente un prolongement vertical
descendant qui s'articule avec l'étrier, osselet le plus léger
dont l'extrémité interne vient obstruer un petit orifice de
l'oreille interne la fenêtre ovale.
L'ensemble forme la chaîne des osselets qui, par le jeu
de ces articulations et deux de muscles annexes (le muscle du marteau et celui
de l'enclume), amplifie et transmet les vibrations du tympan aux structures de
l'oreille interne. L'oreille interne ou labyrinthe est située dans le
rocher. Elle comporte le labyrinthe osseux, coque rigide abritant le labyrinthe
membraneux qui contient les récepteurs sensoriels baignés par un
liquide l'endolymphe. On reconnaît deux partie distincte de l'oreille
interne : l'une, antérieure, la cochlée (ou limaçon) qui
est l'organe de l'ouïe ; l'autre, postérieure, le vestibule qui est
l'organe de l'équilibre. Située dans l'oreille interne (en bleu),
la cochlée, (en bleu), enroulée en spirale comme la coquille d'un
escargot, est responsable de l'audition. Elle contient le canal
cochléaire (rempli d'endolymphe), lui-même entouré des
rampes vestibulaire et tympanique (remplies de périlymphe).
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Les vibrations transmises par la chaîne des osselets (en
jaune) montent dans la rampe vestibulaire jusqu'au sommet et redescendent dans
la rampe tympanique, tout en se propageant dans le canal cochléaire. Les
cellules ciliées de l'organe de Corti transmettent les informations
sonores aux fibres nerveuses. La partie postérieure de l'oreille interne
(le vestibule et les trois canaux semi-circulaires) est responsable de
l'équilibration.
L'organe de corti : Les cellules
ciliées sont situées de part et d'autre du tunnel de Corti, dont
les parois sont constituées de deux rangées de cellules rigides,
« les Piliers de Corti », s'appuyant l'une à l'autre par leur
sommet. Entre les piliers de Corti, se trouve de la corti lymphe, dont la
composition ionique est voisine de celle de la périlymphe. Les cellules
ciliées sont disposées en rangées parallèles de la
base au sommet de la cochlée : une rangée de cellules
ciliées internes (C.C.I.), situées entre le modiulus et le tunnel
de Corti, et trois rangées de cellules ciliées externes (C.C.E.)
situées au-delà du tunnel de Corti (Ce dernier nombre varie selon
les espèces de 3 à 5). Les 4 rangées de cellules sont
régulièrement espacées, tous les 10 ìm, le long de
la membrane basilaire.
Dans chaque rangée, on compte environ 100 cellules
ciliées par mm, soit au total 3 500 cellules ciliées internes et
12 000 cellules ciliées externes. Il y a donc seulement 160000 cellules
ciliées dans la cochlée comparé aux 100 millions de
photorécepteurs dans l'oeil. De plus, les cellules
ciliées ne se renouvellent pas. L'organe de Corti est donc
très fragile. Toutes les agressions se cumulent au cours du temps,
pouvant déclencher une surdité de perception.
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Coupe transversale de l'organe de Corti: Dans
cette section transversale de la partie basale d'une cochlée de
mammifère, 1 CCI et 3 CCEs sont représentées de part et
d'autre du tunnel de Corti. La membrane tectoriale, flottant dans l'endolymphe
coiffe les stéréo cils des cellules ciliées. La CCI est
entourée de cellules de soutien, alors que la CCE solidement
ancrée sur la cellule de Deiters, a sa membrane latérale en
contact direct avec la corti colymphe (peu différente de la
périlymphe) qui remplit le tunnel de Corti et les espaces de Nuel. La
partie apicale des cellules ciliées, celle du pilier interne et des
autres cellules annexes comme les cellules de Hensen, forment la lame
réticulaire qui isole le compartiment endolymphatique. Les fibres
nerveuses gagnent ou quittent L'organe de Corti par l'habenula perforata au
travers de la membrane basilaire.
Les cellules ciliées internes, longues
de 35 mm, ont une forme d'amphore évasée, en U très ouvert
au pôle apical (10 mm). Elles reposent sur des cellules de soutien, les
cellules de Deiters qui entourent complètement leurs parois
latérales. Implantés au pôle apical de la plaque
cubiculaire, une centaine de stéréo cils sont alignés en 3
ou 4 rangées de taille croissante. Ils plongent en totalité dans
l'endolymphe. La présence de filaments d'actine dans les
stéréo cils assure leur rigidité. A leur base, 95 % des
neurones du ganglion auditif font synapse. Elle varie selon les espèces.
Le cochon d'inde et l'être humain qui entendent la même gamme de
fréquence ont des longueurs maximales identiques. Les chauves-souris qui
perçoivent les très hautes fréquences ont des CCE de
petites tailles
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Les cellules ciliées externes,
cylindriques, 6 cm de diamètre, ont une longueur passant de 25
cm au tour basal (Perception des Hautes Fréquences) à 55 au
3ème tour et 70 cm au tour apical (Perception des BF). A la base, la
cellule ciliée externe est courte, les stéréo cils les
plus longs sont fortement implantés dans la membrane tectoriale, la
cellule de Deiter (D) est courte et rigide (faisceau de microtubules) : un
couplage ferme est donc réalisé entre les membranes basilaire et
tectoriale et la contraction de la cellule ciliée externe peut modifier
la mécanique cochléaire. A l'apex, la cellule ciliée
externe est longue, simplement posée sur une cellule de Deiter peu
rigide et le couplage MB/MT est pratiquement inexistant.
Le corps cellulaire des CCE baigne dans la périlymphe.
Elles reposent fermement par leur base sur des cellules de soutien, les
cellules de Deiters (CD), qui forment un siège sans les entourer. Les
cellules de Deiters sont profondément ancrées dans la membrane
basilaire et sont solidaires des mouvements de celle-ci qu'elles
répercutent. Les cellules ciliées externes assurent donc
le couplage mécanique entre la membrane basilaire et la membrane
tectoriale. Les cellules de Deiters émettent, à leur
base, un fin prolongement qui s'élargit au niveau de l'apex des cellules
ciliées pour occuper les espaces intercellulaires et donc participer
à la formation de la lame réticulaire riche en myosine et
enactine. Il existe d'autres cellules de soutien ayant des fonctions
nutritives, les cellules de Hensen.
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Nous verrons que leurs membranes latérales sont libres
d'échange avec la périlymphe et leur structure, unique dans
l'organisme, permet aux CCE de se contracter avec des fréquences
égales à la fréquence de stimulation. A l'apex, les cils
des C.C.E., en trois rangées de taille croissante, dessinent un W. Les
plus longs vont directement s'ancrer dans la membrane tectoriale. Pliés
par la différence de pression hydraulique entre les RV et RT, la force
de cisaillement sur la membrane tectoriale sera à l'origine de
l'ouverture des canaux ioniques. Le pôle apical des cellules
ciliées internes et externes forme, avec les cellules de soutien, la
lame réticulaire qui assure la solidité entre les divers
éléments de l'organe de Corti ainsi que
l'étanchéité entre l'endolymphe et la corti lymphe.
La lame réticulaire est formée
d'éléments divers tels que l'apex des cellules ciliées,
l'expansion des piliers de Corti. Ces éléments étroitement
soudés par accolement de leurs membranes et de nombreux des mosomes
forment une barrière, séparant :
? l'endolymphe dans laquelle plonge les cils des cellules
ciliées de
? la périlymphe (corti lymphe) dans laquelle baigne le
reste de l'organe de Corti. La périlymphe provient de la rampe
tympanique, à travers certaines régions de la membrane basilaire,
et des perforations à l'extrémité de la lame osseuse
spirale (habenula perforata).
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? Les cils : Implantés dans la plaque
cuticulaire apicale ou lame réticulaire, les cils sont longs de 6
à 7 mm et forment un W pour les cellules ciliées externes. Les
cils des cellules ciliées internes sont plus petits, de 3 à 4 mm,
et forment un U. Les stéréo cils sont liés entre eux par
des liens transversaux et apicaux dont l'intégrité fonctionnelle
est primordiale. Le Kinocyl, présent avant la naissance, disparaît
ensuite mais son emplacement reste marqué à la base du W ou du U
par l'interruption de la plaque cuticulaire et la persistance de la racine
ciliaire (organe basal).
Dans la plaque cuticulaire, les filaments d'actine sont
associés à de la myosine. Ces protéines ne servent pas
uniquement à rigidifier le pôle apical des cellules mais elles
constituent un système contractile susceptible de modifier les
caractéristiques mécaniques de l'organe de Corti.
? La membrane tectoriale : Sur l'organe de
Corti, repose la membrane tectoriale, solidaire du limbe par son bord interne.
L'autre extrémité, libre, « suivra » les oscillations
de la membrane basilaire. Il s'agit d'un gel glycoprotéique
sécrété par les cellules du limbe. Sorte d'éponge
contenant un fort pourcentage d'eau, elle a une composition ionique voisine de
celle de l'endolymphe. Une mutation de sa protéine constitutive, la
tectonine est à l'origine d'une baisse de l'acuité auditive.
Willems (2000) a montré qu'elle inhibait la fonction de résonance
de l'organe de Corti.
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Les relations entre la membrane tectoriale et les cils des
cellules ciliées ne sont pas encore bien explicitées. Elles
présentent des variations d'une espèce à l'autre et dans
une même espèce, de la base du sommet de la cochlée.
L'extrémité des cils les plus longs, ceux des cellules
ciliées externes, est insérée dans la membrane tectoriale
où elle laisse des empreintes en creux parfaitement visibles. Pour les
cellules ciliées internes, il en va différemment, la liaison avec
la membrane tectoriale pouvant être chez les chauves-souris inexistante,
et, chez l'être humain réalisée indirectement, de
manière assez lâche par un système de filaments. Les CCI
seront activées secondairement à l'amplification active par les
CCE.
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