Ce mémoire est pour moi une première
expérience, qui m'a permis de d'avoir d'immenses connaissance sur le
plan économique ouest africain
Avant de le commencer j'avais beaucoup d'interrogations
personnelles concernant la situation économique et sociale des pays
d'Afrique de l'Ouest. Malgré toutes ces questions subjectives, j'ai
entamé ce mémoire avec un oeil extérieur afin de traiter
mon sujet avec objectivité. Mon implication directe s'est faite
inconsciemment car je pense faire partie de cette jeunesse africaine, qui est
la future relève du continent. C'est pour cela que vous remarquerez
à certains passages « un parti pris» et je compte sur votre
compréhension.
L'Afrique doit prendre conscience de ses potentialités
et se prendre en main car l'autonomie ne passera pas par l'aide des autres.
Notre vocation est de permettre donc à toute l'Afrique d'avoir des
ressources suffisantes pour être autonome.
Nous constatons de nos jours, qu'en effet, nous avons une
classe moyenne en pleine croissance dans les pays d'Afrique de l'Ouest et cela
est dû à une mondialisation du marché autant sur le plan du
travail que sur les échanges de marchandises. Ce phénomène
a, de par son empreinte, masqué les spécificités de chaque
pays, chaque territoire; ainsi nous sommes dans une logique de recherche de
« capital » sans limites et le constat est le suivant : le
marché est à la recherche de meilleures occasions pour faire du
profit. Beaucoup d'études, de recherches, de rapports sur le contexte
économique ouest-africain nous donnent l'impression que
l'économie africaine est assez bien portante au vu des taux de
croissance élevés ou encore du niveau moyen des populations. Mais
cela étant trop optimiste, il est avisé qu'une analyse pertinente
et pointilleuse soit faite pour avoir une idée claire de
l'évolution économique des pays d'Afrique de l'Ouest et pour cela
nous allons voir plusieurs aspects de la santé économique
ouest-africaine.
Le capitalisme est un système qui de nos jours est
mêlé et est sujet à d'immenses controverses. D'un auteur
à un autre on se retrouve face à des définitions
variées du même mot. Les notions générales qui
ressortent de ces définitions sont les suivantes : la
propriété privée du moyen de production, la liberté
économique, le salariat et l'accumulation du capital. Certains auteurs
tels que François Perroux considèrent que le capitalisme est un
phénomène purement économique (Le capitalisme, 1948,
Puf « Que sais-je ») et d'autres le considèrent comme un
phénomène économique s'accompagnant de
réalités sociales (K. Marx).
Nous définirons ce modèle économique
comme étant un système économique, politique et social
fondé sur la propriété privée des moyens de
production et d'échange, se caractérisant par la
recherche du profit, l'initiative individuelle
et la concurrence entre les entreprises. Cela dit, tous les penseurs
ne s'accordent pas sur l'importance des caractéristiques
précédemment citées, néanmoins la notion
d'accumulation du capital est présente dans toutes les
définitions. Le temps faisant son oeuvre, l'évolution du
capitalisme s'est traduite par un certain nombre de transformations notamment
dans les domaines économiques et sociaux.
Le capitalisme contemporain va donc se caractériser par
l'émergence de firmes multinationales (FMN). Le fait le plus marquant de
ce renouveau est la montée en puissance des marchés financiers du
fait du développement du capitalisme actionnarial au détriment du
capitalisme managérial. Les actionnaires retrouvent un pouvoir et leur
but est de réaliser le maximum de profit pour investir sur les
marchés financiers. Cela va d'ailleurs permettre de créer de la
croissance économique et donc d'engendrer un
pouvoir d'achat plus élevé, des salaires
revalorisés (mais cela reste à nuancer), une amélioration
des conditions de vie or en Afrique de l'Ouest cela ne concerne qu'une part
infime de la population.
Pour la bonne marche de leur économie, la plupart des
pays africains après la période coloniale ont eu besoin
d'importer des marchandises qu'ils ne peuvent pas produire en quantité
suffisante voire pas du tout. Ainsi ils importent des pays du Nord des
céréales de base et certains produits alimentaires (lait, viande,
etc.). Les pays de l'Afrique de l'Ouest sont de ce fait dans une
dépendance vis à vis de l'extérieur pour l'essentiel de
leur nourriture et celle-ci ne cesse de s'accroitre. Ce qui est désolant
dans cette situation de dépendance est la position de faiblesse des pays
ouest-africains qui acceptent l'implantation des firmes
multinationales1 (FMN), ces gigantesques entreprises
financières qui opèrent surtout dans les pays du tiers-monde dans
le but de les soumettre au modèle capitaliste. Au lieu que cela ait des
impacts positifs, il y a plutôt un déséquilibre total de
l'économie des pays en développement qui se traduit par quatre
caractéristiques2 communes à ces pays que nous avons
pu tirer de nos recherches :
· Pauvreté de masse dans les pays du tiers monde
· De fortes inégalités par rapport au pays du
Nord.
· Faible insertion dans le commerce international
· Insécurité environnementale, politique et
sanitaire
Ainsi, la croissance dans ces pays s'est accompagnée
de répartition inégalitaire des ressources. Nous partons de ces
constats pour affirmer que l'économie sociale et solidaire serait un
concept à adopter dans ces pays afin de guider la production des biens
et des services à partir des besoins de tous et non de
l'intérêt de quelques-uns. Le but est de mettre l'économie
au service du social, afin de réduire les inégalités
existantes. Cette nouvelle économie part sur les bases d'une
économie démocratique comme le montre le principe « une
personne = une voix» pour les prises de décisions au sein d'une
entreprise. Elle permet comme le souligne si bien Jean Louis Laville (promoteur
de l'ESS) de pallier les insuffisances de l'interventionnisme de l'Etat afin de
réduire le chômage de masse et surtout lutter contre les
défaillances du capitalisme.
1 Firme Multinationale: Entreprise qui contrôle
des filiales implantées dans plusieurs pays et qui a des
activités de production et non simplement de vente à
l'étranger. La notion de contrôle est définie, dans la
plupart des pays, comme un investissement direct étranger (IDE)
impliquant le contrôle direct d'au moins 10% des actions ordinaires ou
avec droit de vote. Exemples de firmes transnationales françaises:
Michelin, Nestlé, Renault...
2
http://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1995_num_50_6_5885
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 9
Un taux de démographie
inquiétant
D'un point de vue démographique un grand changement
est à venir. Nous pouvons constater, selon les différentes
études que la population de l'Afrique des pays membres de
l'AGIR3 passerait d'ici 2030 d'environ 300 millions à 455
millions d'habitants4. De ce fait, il faut dès maintenant
réfléchir sur la prise en charge de cette population par les
Etats car la part des jeunes en âge de travailler sera dominante. La
conséquence première liée à cette croissance
démographique est qu'il faut nourrir plus de personnes alors que la
production locale de base est insuffisante pour pallier ce
phénomène.
Nous sommes persuadée qu'il faut que l'agriculture
soit le levier pour y remédier. Heureusement, les pouvoirs publics et
les différentes populations s'en sont rendu compte et affirment
qu'aujourd'hui le secteur d'activité assurant la plus importante source
de revenu et de survie en Afrique de l'ouest est l'agriculture. Le défi
est de prévoir une transition agro-écologique en Afrique pour
reconvertir les paysans vers des pratiques plus respectueuses de
l'environnement.
Impact de l'agriculture
L'OCDE (Organisation de coopération et de
développement économique)5 estime qu'entre 50 et 80%
de la main d'oeuvre des pays africains disponible se livre à une
activité économique informelle et le secteur qui domine dans
cette économie est le secteur primaire (agriculture, élevage,
pêche).6 Malgré qu'une grande majorité de la
population des pays ouest-africains ait une activité agricole, du fait
qu'elle soit informelle, ces pays importent des produits qui sont en
concurrence directe avec les produits locaux comme la viande, les produits
laitiers, l'huile, les fruits et légumes, les produits
transformés ou encore les céréales. Mais, au regard de ce
manque d'autosuffisance, il est nécessaire d'importer en Afrique de
l'Ouest. Toutefois, il est possible de prévoir la réduction de
cette balance d'importation et mettre en place une stratégie pour
encourager et favoriser la production locale. Une fois une production
suffisante atteinte pour nourrir la population locale, ces pays pourront
prétendre à une balance d'échange commerciale
équilibrée.
Contrairement à ce que pourrait faire croire l'exode
rural, l'agriculture africaine reste la source de revenu d'une grande partie de
la population notamment rurale. Le problème se posant avec
acuité, la question est de savoir quelle stratégie adopter pour
produire de façon suffisante dans les années à venir sans
avoir recours à une production industrielle usant de moyens chimiques
détruisant nos sols et notre environnement. Nous vous invitons à
lire l'article de la Banque mondiale sur le Programme de
3
http://www.oecd.org/fr/sites/rpca/agir/
4
http://www.inter-reseaux.org/IMG/pdf/EnjeuxAgricultureAfrOuest_CE.pdf
5
http://www.mays-mouissi.com/2015/03/07/afrique-le-defi-de-la-valorisation-de-leconomie-informelle/
6
http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Coeditions/Entreprises%20informelles
%20Afrique%20de%20l'Ouest.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 10
productivité agricole en Afrique de l'Ouest qui met en
lumière la nécessité pour les pays africains de faire de
leur priorité l'agriculture pour permettre le développement
rural. (Cf. Annexe I)
Le niveau scolaire
Aujourd'hui nous avons en Afrique des personnes à
moitié scolarisées, scolarisées et aussi
diplômées de l'enseignement supérieur, mais malheureusement
il n'y a que peu d'emplois et les études sont peu ou pas
valorisées. Chaque année, des millions de jeunes Africains
arrivent sur le marché du travail avec des débouchés
très limités. Il est voire même impossible pour certains de
trouver un emploi, qu'ils proviennent des zones rurales, urbaines ou encore des
pays occidentaux (diaspora). Cependant, les Africains ont
réfléchi à des dispositifs qu'ils sont en train de mettre
en place pour faire face à ces différents enjeux. Selon le
directeur du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)7
basé à Paris, « Il faut agir dès maintenant pour
trouver des réponses aux problèmes de sécurité
alimentaire, d'urbanisation et de paix sociale posés dans un espace de
450 millions de personnes ». « Nous abordons les défis
posés en Afrique de l'Ouest dans le cadre de chantiers communs avec des
organisations comme la CEDEAO, l'UEMOA, le CILSS. Nous nous posons ensemble les
questions stratégiques. Nous apportons les éléments
d'analyse afin de mobiliser les Africains eux-- mêmes autour des
questions de développement ».
8
Sauf que de telles affirmations, datant de 2008,
publiées dans un article sur le site
www.afrik.com sont sur la table
encore 8 ans après et que l'Afrique de l'Ouest demeure toujours dans un
contexte économique, social et environnemental alarmant. Soyons tout de
même positive car malgré l'alarme qui sonne, il y a des
progrès et de nombreux chercheurs, économistes, sociologues,
agronomes, environnementalistes ont effectués des travaux suivant leur
domaine respectif afin de proposer des solutions meilleures. Mais
hélas...pas de miracle pour le moment.
Heureusement qu'il existait des solutions d'entraides
traditionnelles...
Les populations pauvres inventent chaque jour des moyens et
des stratégies pour survivre, la qualité de ces solutions
s'améliorant l'une après l'autre. Le plus important est qu'il y a
une solidarité traditionnelle entre habitants à travers des
échanges de produits au quotidien ou encore en cas
d'évènement heureux ou malheureux dans les zones rurales. Il y a
également ce phénomène de tontines d'entraide qui existe
depuis de longues années et qui se pratiquait à la base entre
femmes. Avec l'évolution sociale et économique, aujourd'hui, il y
a différents types de tontines. Nous avons aussi des groupements de
producteurs, de femmes ou encore des coopératives de paysans, des
petites organisations qui s'unissent
7 Les 18 pays africains couverts par le Club du Sahel
et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)
8
http://www.afrik.com/article13716.html
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 11
pour produire, vendre et générer des revenus
avec les moyens les plus basiques qui puissent exister. Il y a de ce fait
beaucoup d'organisations qui fleurissent mais dans l'informel. Cependant, ce
qui est positif et étonnant pour nous c'est que ces activités
répondent inconsciemment aux caractéristiques d'une
économie sociale et solidaire entrepreneuriale. Les plus visibles sont
les tontines, les systèmes informels financiers, les taxis-motos, les
petits commerçants, les vendeurs ambulants, les vendeurs de fruits ou
légumes dans les zones rurales au bord du goudron, les petits
marchés ruraux...
Un esprit d'entrepreneuriat embryonnaire
Connaissant bien la population en Afrique de l'Ouest, nous
savons que les personnes pauvres et défavorisées se battent bec
et ongles pour survivre. Soyons rassurés A les voir se démener
nous sommes bouche bée De ce fait, ne pensez-vous pas que
l'entrepreneuriat est un levier pour une création d'emploi?
Il faut souligner que l'Afrique n'ayant pas
véritablement « émergé» et le chemin
étant encore long pour y parvenir, le domaine de l'entrepreneuriat est
indubitablement un levier pour permettre à la jeunesse, aux femmes et
hommes de se prendre en main.
À en juger par la place qu'occupent de nos jours la
création et l'innovation dans nos sociétés contemporaines
africaines, l'entrepreneuriat est le moteur de l'économie nouvelle pour
garantir un développement qualitatif mais des défis se sont
avérés et il faut y faire face.
Les défis de l'entrepreneuriat en Afrique de
l'Ouest
Nous commencerons par noter que le concept d'entrepreneur
nous vient de l'économiste Schumpeter9. D'ailleurs en
économie, on utilise toujours l'expression d'entrepreneur
schumpetérien. Certes, plusieurs définitions existent mais nous
partons en premier de celle de Schumpeter: « L'entrepreneur
est un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont
l'énergie est suffisante pour bousculer la propension à la
routine et réaliser des innovations ». A celle-ci,
nous ajoutons celle de l'économiste français Jean-Baptiste
Say10 : « L'entrepreneur déplace les
ressources économiques de niveaux inférieurs, pour une
productivité et un rendement plus élevé.
». De par ces deux définitions nous pouvons tirer qu'entreprendre
c'est: se battre, faire preuve de créativité, de
volonté, d'ambition et de désir pour apporter des solutions
nouvelles. Et de cela en découle l'action entrepreneuriale qui
est de bâtir une idée et la concrétiser et l'acteur en sera
l'entrepreneur.
9 Joseph Alois Schumpeter est un économiste
autrichien, qui a vécu de 1883 à 1950.
10 Jean-Baptiste Say est considéré
comme le principal économiste classique français. Né en
1767, Il est connu pour avoir élaboré la « loi de Say »
(ou « loi des débouchés »).
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 12
Nos recherches11 conduisent à penser que
l'entrepreneuriat en Afrique de l'Ouest doit faire face à plusieurs
défis et nous avons identifié trois majeurs.
Le premier défi est le suivant : les entrepreneurs
locaux manquent d'accompagnement par des structures ou cadres adéquats
qui puissent leur permettre d'avoir un parcours efficace soit :
· Un accompagnement individualisé
· Des ateliers de formations (pour inculquer une rigueur
dans le travail)
· Un espace mutualisé de travail
Ces trois points sont importants car c'est un ensemble de
moyens qui permet de démystifier le concept de l'entrepreneuriat et
rendre la personne désireuse d'entreprendre plus confiante en la mettant
en face des réalités.
Ensuite le second défi est le suivant : les conditions
locales constituent une barrière pour les personnes entreprenantes,
notamment sur le plan administratif, logistique et en termes d'infrastructures
(transport, électricité) ...
Enfin le dernier défi concerne l'accès des
TPE/PME12 au financement. Il faut qu'une amélioration du
climat des affaires se produise, afin de renforcer les capacités de
financement de ces micro-entrepreneurs par le développement du secteur
financier (diversification des sources de financement) et principalement des
institutions de microfinance (IMF)13.
Ces trois défis illustrent les contraintes que
rencontrent les micro-entrepreneurs en Afrique de l'Ouest du fait d'une
scolarisation faible voire inexistante et aussi d'un manque d'accompagnement.
La preuve en est que ce samedi 13 août 2016 est née à
Conakry une plateforme dénommée « Agripreneur
»14. « Cette plateforme est une fédération
de jeunes entrepreneurs dans le domaine de l'agriculture qui se fixent comme
objectif non seulement de mutualiser les informations, les formations, les
moyens logistiques et financiers, mais également d'inciter de plus de
jeunes à se lancer dans le domaine de l'agriculture », a
expliqué M. Alpha Bacar Barry, initiateur de la plateforme et
entrepreneur en agriculture.
Il faut savoir que les petits entrepreneurs disposent de
fonds propres insuffisants et ne peuvent pas présenter des dossiers de
qualité bancable. Mais est-ce la faute de ces entrepreneurs? Non ! Car
malgré leur volonté de s'en sortir, ils n'ont pas les bases
techniques, ni intellectuelles suffisantes pour faire face à des
institutions de financement ou de microfinances et c'est en ce sens que les
organismes d'aide à la création d'entreprise doivent intervenir
ou d'autres initiatives comme « Agripreneur » doivent voir le
jour.
11 Article du journal la Nation «
Problématique de l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest; les trois
dédis des créateurs des PME/PMI)
12 TPE (Très petites entreprises) / PME
(Petites et Moyennes Entreprises)
13 Microfinance
14
http://guinee7.com/2016/08/16/plateforme-de-jeunes-entrepreneurs-agricoles-nee-a-conakry/
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 13
Notre sujet portant sur l'entrepreneuriat dans le secteur de
l'économie sociale et solidaire (ESS) comme facteur de
développement en Afrique de l'Ouest, nous allons à présent
rentrer dans le vif du sujet afin de comprendre « qu'est-ce
que l'ESS (Economie Sociale et Solidaire) et quelle place occupe-t-elle dans
l'économie ouest-africaine » ?
L'ESS naît de trois principes : l'auto gestion,
l'auto-détermination et la lutte contre l'exclusion. Ce sont Jean-Louis
Laville15 et Bernard Eme qui théorisent l'Economie Sociale et
Solidaire comme une économie démocratique et de proximité.
Dans l'ESS nous avons d'une part l'aspect social et d'autre part l'aspect
solidaire. Concernant l'économie sociale elle se définit par le
statut juridique des structures, quant à l'économie solidaire,
découlant de l'économie sociale, elle s'est plutôt
développée sur une base militante afin de remédier
à la crise économique et au chômage. Ce nouveau concept de
l'ESS vise à répondre à des besoins non satisfaits par le
système capitaliste en mettant l'accent sur la réduction des
inégalités16 et sur de nouveaux modes de
production17.
En quoi ce système est utile pour
l'Afrique de l'Ouest? Sur cette partie du continent,
l'échec du modèle du développement
néolibéral a permis aux Africains de réfléchir
à leur situation économique préoccupante et trouver des
solutions perspicaces. Les populations des zones rurales sont
confrontées à un taux de pauvreté élevé. De
par cette réalité, elles agissent depuis très longtemps
comme J.L Laville l'a énoncé : « à défaut
d'emploi, construisons notre activité» mais dans un secteur
informel. Ces populations entreprennent en produisant par l'artisanat et les
exploitations familiales. Ces organisations paysannes sont à la fois un
enjeu économique et politique dans ces pays dans la mesure où
l'agriculture est la principale source de création d'emplois dans les
pays ouest-africains et qu'elle emploie déjà 80% de la population
de ces pays.
Dans ce mémoire, nous émettons
l'hypothèse selon laquelle cette « nouvelle économie»
qui se traduit en termes d' « économie sociale et solidaire»
est un concept qui permettra à l'Afrique de s'affranchir des aides au
développement et de sortir de sa situation économique
désastreuse en faisant basculer le maximum de micro-entreprises du
secteur informel au formel pour une meilleure économie. En effet, il
faut mettre en lumière que les entreprises capitalistes ne créent
de l'emploi que pour une minorité des populations ouest-africaines car
une large partie de la population est dans le secteur informel. Cela
s'explique, bien évidemment, par la facilité d'entrée et
de sortie de ce secteur informel. Nous sommes tout de même réjouie
de constater qu'en Afrique de l'Ouest, il existe « près de 2
millions d'entreprises
15 Jean-Louis Laville est professeur au
Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris (cnam),
où il est titulaire de la Chaire « Économie Solidaire
». Il est également chercheur au Lise (Laboratoire
interdisciplinaire pour la sociologie économique, CNRS-cnam) et à
l'IFRIS (Institut Francilien Recherche Innovation Société
16 Lutte contre l'exclusion, création
d'emplois durables, valorisation d'un territoire...
17 Commerce équitable, insertion par
l'activité économique, circuits courts de distribution, etc.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 14
d'ESS dans les principaux centres urbains »18
qui visent à réconcilier le social et l'économie afin de
remettre l'homme au coeur de l'activité formelle.
Notre plan de travail est très simple. Nous aurons un
premier chapitre sur le cadre théorique, conceptuel et
méthodologique, un second sur la place de l'entrepreneuriat dans
l'économie ouest-africaine, un troisième sur les obstacles
à l'initiative entrepreneuriale dans le contexte ouest-africain et un
dernier chapitre sur comment renforcer la contribution de l'ESS dans le
développement des pays ouest-africains.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 15
18
http://www.lartes-ifan.org/pdf/ESS
en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf