UNIVERSITÉ DE LA MEDITERRANEE
FACULTÉ DE SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
DEPARTEMENT FORMATION CONTINUE
LE TUTORAT COMME MOYEN POUR TRANSMETTRE LA CULTURE
D'ENTREPRISE
Josiane MEYNIER
Sous la Direction de Nacira BIANCHI
MASTER RESSOURCES HUMAINES
SPÉCIALITÉ "GESTION DES RESSOURCES
HUMAINES ET DES COMPETENCES"
2010-2011
AVERTISSEMENT
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont celles
de l'auteur et ne sauraient engager le Directeur du mémoire ou
l'Université de la Méditerranée.
Ce travail de recherche est écrit de ma main. Tous les
emprunts à des travaux existants sont clairement encadrés par des
« », avec indication de la source en bas de page ou en
bibliographie.
Signature
REMERCIEMENTS
Je remercie Nacira Bianchi, ma Directrice de mémoire pour
ses qualités de "tuteur". Elle m'a guidée et accompagnée
dans le cheminement et "la naissance"1(*) de ce travail.
Je remercie la Direction de La Maison de Retraite ND de la
Ferrage pour m'avoir permis de réaliser ce travail au sein de
l'Etablissement.
Je remercie mes amies et collègues de travail qui m'ont
soutenue.
Je remercie toute l'équipe de La Ferrage pour leur
enthousiasme à participer aux entretiens.
Je remercie les personnes qui m'ont apporté leur appui
technique et informatique.
Résumé
Le changement structurel que va traverser un Etablissement
d'Hébergement pour personnes âgées dépendantes
(EHPAD) et la réorganisation de ses ressources humaines au travers de
l'évolution de sa masse salariale nous amène à nous
questionner sur la pérennité de son savoir-faire et la
conservation de sa culture d'entreprise (problématique).
L'objectif de ce mémoire de recherche est de
déterminer si le tutorat est un moyen approprié pour transmettre
la culture d'entreprise et les savoirs organisationnels aux salariés
nouvellement embauchés (hypothèse).
Notre hypothèse va prendre appui sur trois concepts dont
le plus récent, le tutorat en entreprise. Nous avons relié ce
dernier, d'une part, à la modélisation du processus de transfert
et d'apprentissage des savoirs organisationnels formalisée
principalement par C. Argyris et D.A Schön. D'autre part, la
théorie de la culture d'entreprise nous a servi de base, notamment les
travaux de M. Thévenet qui en a décrit les traits : l'histoire,
les valeurs, le métier, les rites et symboles, le projet
d'entreprise.
Pour valider notre hypothèse nous avons choisi d'effectuer
une enquête de terrain au sein de "La Maison de Retraite ND de la
Ferrage" dans laquelle une démarche de tutorat a été
récemment instaurée. Notre recherche sera basée sur des
entretiens auprès des salariés tuteurs et tutorés.
MOTS-CLES
Culture d'entreprise Transmission Apprentissage
Tutorat
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
QUESTIONNEMENT ET PROBLEMATIQUE 3
PARTIE 1- ECLAIRAGE THEORIQUE 5
CHAPITRE 1- LA TRANSMISSION DE LA CULTURE D'ENTREPRISE
ET DES SAVOIRS ORGANISATIONNELS 6
Section 1 - Le concept de culture d'entreprise 6
I/ THEORIE GENERALE 6
A/ De la "culture" à la culture d'entreprise 6
1. définition de M. Thévenet
2. définition d'E. Schein
B/ Les composantes de la culture d'entreprise 8
1. les composantes de la culture par catégories
2. les composantes selon le choix stratégique
II/ SPECIFICITE DE LA CULTURE D'ENTREPRISE DU SECTEUR DE
L'ECONOMIE SOCIALE 11
A/ Une culture inscrite dans son histoire 11
1. Quelques repères historiques et terminologiques
2. Une culture inscrite dans des valeurs "d'utilité
sociale"
B/ Le projet d'Etablissement 11
1. Une définition
2. Une finalité
III/ APPLICATION : LA CULTURE DE LA MAISON DE RETRAITE
N-D DE LA FERRAGE 12
A/ Diagnostic des composantes de sa culture 12
B/ Le projet d'Etablissement "vivre chez nous à la
Ferrage" 18
Section 2 - Le concept de transfert et d'apprentissage
des savoirs 19
I/ CONNAISSANCES ET SAVOIRS 19
A/ De la connaissance à la compétence 19
1. Les savoirs organisationnels
2. Le concept de compétence
B/ Distinction entre connaissances tacites et explicites 22
II/ LE CONCEPT DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES
23
A/ D'une conception linéaire à une conception
dynamique 23
B/ Les facteurs de réussite d'un transfert 24
III /LE PROCESSUS DE L'APPRENTISSAGE 25
A/ Un concept issu des sciences de l'éducation 25
1. Le processus de l'apprentissage vu par Piajet
2. De l'apprentissage individuel à l'apprentissage
collectif
B/ Un concept issu des sciences en gestion : les travaux
d'Argyris 27
1. L'apprentissage dans les organisations
2. De la théorie au terrain d'étude
CHAPITRE 2 - HYPOTHESE DE RECHERCHE : LE TUTORAT, MOYEN
DE TRANSMISSION DE LA CULTURE D'ENTREPRISE 29
Section 1 - Le concept de tutorat 29
A/ Définitions 30
1. De l'origine du mot tuteur à la perception des tuteurs
d'aujourd'hui
2. Ce qu'en pensent les auteurs
B/ Missions et intérêts du tutorat d'entreprise
33
1. Une fonction de socialisation et de transmission des
compétences
2. Les intérêts du tutorat
Section 2 - Les conditions de réussite du
tutorat 36
A/ Le choix du binôme 36
B/ Le tutorat, un projet d'entreprise 38
PARTIE 2 - ETUDE PRATIQUE 41
CHAPITRE 1 - PRESENTATION DU TERRAIN D'ETUDE 42
Section 1 - L'entreprise 42
I - PRESENTATION DU SECTEUR PERSONNES AGEES 42
II - LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES 43
Section 2 - Le contexte de la mise en place du tutorat
48
I - HISTORIQUE DE LA MISE EN PLACE 48
II - LE CONTEXTE ACTUEL ET LA FORMATION AU TUTORAT 49
CHAPITRE 2 - PRESENTATION DE LA METHODE DE
RECHERCHE
Section 1 - La méthode de recherche
utilisée 50
Section 2 - Elaboration de la grille d'entretien
51
CHAPITRE 3 - ANALYSE DES RESULTATS 55
Section 1 - Analyse des entretiens 55
I - PREMIERE ETAPE : RECCUEIL ET CLASSEMENT
THEMATIQUE DES DONNEES 55
II - DEUXIEME ETAPE : INTERPRETATION DES DONNEES
68
Section 2 - Synthèse des entretiens 76
I - VALIDATION DE L'HYPOTHESE 76
II - CONCLUSION ET PRECONISATIONS 78
BIBLIOGRAPHIE 79
ANNEXES
INTRODUCTION
Les perpétuelles mutations de l'environnement et les
contraintes économiques conduisent les entreprises à faire face
à de nombreux changements. Le secteur de l'économie sociale n'est
pas épargné notamment celui des personnes âgées.
Dans ce contexte il faut maintenir la performance ce qui
oblige les entreprises, y compris celles du secteur non marchand à se
démarquer. Qu'est-ce qui fait que cela marche dans une entreprise et pas
dans une autre ? Peut-on dire que ce qui est performant aujourd'hui le sera
encore demain ?
Ce qui différencie une structure de l'autre c'est son
identité et son caractère unique "sa culture d'entreprise". Ce
concept a connu un phénomène de mode mais reste une dimension
essentielle de l'entreprise. Elle exprime ses valeurs partagées, ses
pratiques et ses coutumes, son passé. Elle n'est pas le fruit du hasard,
mais résulte d'un long apprentissage lorsqu'elle a traversé les
épreuves et résolu les problèmes de la vie courante.
Le rôle de la culture d'entreprise dans un Etablissement
médico-social est de maintenir la cohésion du personnel et de le
motiver autour d'un projet social. La Maison de retraite Notre-Dame de la
Ferrage a construit son projet social autour du prendre soin de la personne
âgée. Elle a opté pour "la vieillesse dans tous ses
états" en adaptant sa prise en charge au besoin de chaque personne au
lieu de se spécialiser dans un type de pathologie.
Les personnes âgées sont extrêmement
fragiles et prendre soin de ces personnes demande aux professionnels de ces
structures, non seulement des compétences techniques et relationnelles
très spécifiques mais aussi des valeurs humaines
développées et une certaine vocation. Ainsi, la culture joue un
rôle important dans la gestion des ressources humaines et des
compétences, notamment dans le recrutement, la transmission des savoirs
organisationnels et l'intégration des nouveaux salariés.
Aujourd'hui nous assistons à un bouleversement
démographique de la population. Le nombre de personnes
âgées dépendantes va croître de 1 à 2% par an
d'ici à 2040. Les Etablissements d'Hébergement pour personnes
âgées dépendantes doivent s'adapter à cet
environnement en mutation, tout en restant à l'écoute de leurs
résidents. Il faut faire face à la maladie d'Alzheimer et des
troubles apparentés, à la réforme de la
réglementation initiée par la loi du 2 janvier 2002 (cf. annexe 1
- les grands points de cette loi), à la bientraitance, à la
concurrence des grands groupes qui se positionnent sur le marché. Compte
tenu du vieillissement de la population, la création de lits, notamment
par extension de structures existantes est une priorité pour les
pouvoirs publics. C'est pourquoi L'Etablissement N-D de la Ferrage s'est
engagé dans un projet d'extension. Le but de ce changement est de
pérenniser la structure reconnue pour sa prise en charge de
qualité, en spécialisant les personnels et en ayant plus de
souplesse en terme de Ressources humaines. Au point de vue budgétaire,
un certain nombre de frais fixes ne peuvent être lissés qu'avec un
nombre suffisant de lits. (économie d'échelle)Au-delà du
projet structurel, l'enjeu de l'Organisation est de conserver ses valeurs,
pérenniser sa façon de "prendre soin" de la personne
âgée de manière individualisée et de garder son
"caractère familial", malgré le doublement de la population
accueillie. Il s'agit aussi de faire en sorte que la restructuration soit
satisfaisante pour tous les acteurs de la maison de retraite. L'équipe
d'encadrement de l'Etablissement, dont nous faisons partie, se questionne :
quelle stratégie adopter ? Cette question appelle un
développement que nous allons vous présenter.
PROBLEMATIQUE ET QUESTIONNEMENT
I - LE CONTEXTE DU QUESTIONNEMENT :
L'appel à projet lancé par la DDASS du Vaucluse,
faisant état d'un important déficit en lits d'hébergement
pour personnes âgées dépendantes sur notre bassin de
vie2(*), par rapport
à la moyenne régionale et nationale, a décidé
l'Association N-D de la Ferrage - Maison de Retraite, à
présenter un projet d'extension. Ce dernier a été retenu
parmi tous les projets présentés sur le département.
Après l'annonce de cet évènement à
l'ensemble du personnel, il y a eu diverses manifestations d'inquiétude.
En effet, dans le cas d'un changement structurel de ce type, avec l'apport de
nouvelles activités, il y a inévitablement des bouleversements.
Une nouvelle organisation du travail crée chez les
salariés des interrogations et des remises en question, des craintes qui
peuvent entraîner des résistances au changement si elles ne sont
pas exprimées. Ces derniers ont peur que leurs habitudes, leur
façon de travailler, soient bousculées.
Avec la perspective d'un recrutement massif, la Direction a
tout de suite évoqué la problématique de la transmission
des valeurs, du savoir faire et savoir être, de la façon de
travailler et du maintien de la cohésion des professionnels autour du
projet d'Etablissement.
II - LE PROBLEME POSE
L'extension de la Maison de retraite s'inscrit dans un
contexte institutionnel spécifique qui prend appui sur
l'élargissement de l'offre de service, une réactualisation du
projet d'Etablissement et des moyens (humain, matériel, financier mis en
oeuvre)
Dans ce cadre, la réorganisation des ressources
humaines au travers de l'évolution de la masse salariale de
l'Etablissement est nécessaire et suppose des changements à court
terme concernant les modalités d'accueil des nouveaux effectifs ainsi
que leurs impacts sur l'organisation globale de l'activité.
L'intégration des nouveaux salariés est en ce
sens une priorité pour l'équipe dirigeante ; elle a pour
objectif de soutenir l'évolution du projet d'Etablissement, conserver
ses valeurs, accompagner le changement visé, tout en permettant à
chacun de mieux se situer dans un système organisationnel de
fonctionnement et de communication commun.
Il faut également guider et rassurer les professionnels
en poste, en repérant, professionnalisant et valorisant les pratiques
existantes.
Plus généralement, l'enjeu est la sauvegarde de
la culture professionnelle de l'Etablissement dans cette phase de changement.
Si la culture fait partie des dimensions essentielles d'une entreprise, la
Maison de retraite N-D de la Ferrage semble avoir une culture forte qui lui a
permis de faire face aux problèmes rencontrés jusque là.
La culture professionnelle peut se définir comme un
ensemble de savoirs, de savoir-faire, de normes et de règles que
partagent les individus issus d'un même groupe professionnel. Renaud
Sainsaulieu3(*) emploi
l'expression "culture métier" qui illustre bien les expériences
de travail et les difficultés que partagent l'équipe de La Maison
de retraite autour de l'accueil, l'accompagnement et le soin apportés
aux personnes âgées.
La Direction et les managers de cette organisation ont bien
compris que donner un document de 100 pages à lire à un nouveau
salarié, en espérant qu'il aura intégré la culture
et le projet d'Etablissement, n'est pas suffisant.
Il faudrait donc trouver un moyen pour permettre une
transmission efficace et rapide. Cela nous amène à cette
interrogation :
Comment transmettre la culture d'entreprise et les
savoirs organisationnels dans une phase de changement ?
Afin d'expliquer les variables de cette problématique,
l'étude des concepts "culture d'entreprise", "transfert et
apprentissage des savoirs" sera abordée dans la partie I de nos travaux.
Nous avons émis l'hypothèse que le tutorat
était un moyen approprié pour transmettre la culture d'entreprise
et les savoirs organisationnels. L'étude du concept de tutorat et
l'analyse d'une expérience de tutorat au sein de la Maison de Retraite
Notre-Dame de la Ferrage nous permettra dans la partie II de répondre
à notre question.
PARTIE 1 - ECLAIRAGE THEORIQUE
CHAPITRE 1 - LA TRANSMISSION DE LA CULTURE ET DES
SAVOIRS ORGANISATIONNELS
Section 1 - Le concept de culture d'entreprise
Mettre en évidence les points forts et les points
faibles d'une culture d'entreprise est un préalable à sa
transmission. Ainsi, cela nécessite d'en avoir la connaissance et d'en
dégager les traits.
Nous allons tout d'abord étudier l'origine, puis la
définition et enfin les composantes de la culture d'entreprise. Ainsi
nous pourrons utiliser cet apport théorique pour élaborer le
diagnostic de la culture d'une entreprise du secteur de l'économie
sociale.
I - THEORIE GENERALE
A/ De la "culture" à la culture d'entreprise
Dans la littérature, il n'existe pas moins de 160
définitions de la notion de culture. De nos lectures, nous retiendrons
la théorie énoncée par l'anthropologie : la
culture concerne les sociétés humaines et la vie humaine dans ces
sociétés, les comportements, les rites, le langage, qui
les différencient des autres groupes.
Le terme de culture d'entreprise est plus récent
puisqu'il est apparu dans les années 80, aux Etats-Unis. Cet engouement
soudain aurait plusieurs origines. Parmi elles, la fin du taylorisme et les
différentes mutations qu'a connu le travail. En effet, le modèle
du travail conceptualisé au 18e siècle (industrie)
était composé d'un ensemble d'opérations
élémentaires que l'on pouvait décrire, organiser et
imposer. Le travailleur n'utilisait pas son intelligence. Selon le concept de
Zarifian P.,4(*),
ce modèle est aujourd'hui profondément
déstabilisé. L'individu doit faire face à
l'événement. Il s'agit de résoudre les problèmes
engendrés par les imprévus et les aléas, comme par
exemple, satisfaire la demande d'un client ou d'un usager. Le travailleur doit
faire preuve d'initiative, de capacités intellectuelles et de
motivation. Les relations au sein de l'entreprise s'en trouvent
déstabilisées.
Le phénomène a
complètement modifié la façon de conduire et motiver le
personnel, d'où, la recherche de nouveaux outils de gestion des
ressources humaines, dont la culture d'entreprise fait partie.
Mais la culture ne se décrète pas et nul ne peut
contraindre l'individu à y adhérer. La culture est une
"construction" issue de l'expérience collective.
Parmi les nombreux auteurs qui se sont penchés sur le
concept de culture d'entreprise, M. Thévenet nous donne cette
définition : "la culture est un ensemble de
références ...partagées dans
l'organisation...construites tout au long de son histoire, en réponse
aux problèmes rencontrés dans l'entreprise".
En Effet, toute entreprise doit faire face à deux
catégories de problèmes permanents : s'adapter à son
environnement et intégrer les individus en son sein tout en maintenant
une solide cohésion interne. On considère que la culture
d'entreprise résulte d'un long processus d'apprentissage, et qu'elle se
construit en réponse à ces deux problématiques.
L'organisation va réagir à un stimulus lorsqu'elle va rencontrer
un problème. Les réponses efficaces seront
mémorisées pour former un ensemble de pratiques, de valeurs et de
principes qui les sous tendent. (extrait du cours de Nacira Bianchi
culture et changement)
La culture est au service du management des ressources
humaines. Facteur de performance et de motivation, elle permet de
concentrer les efforts du personnel vers un objectif commun. Elle favorise la
cohésion sociale : partager des valeurs et des rites renforce le
sentiment d'appartenance à un groupe.
« La culture est un mode de description de
l'organisation qui la distingue des autres. Elle est une façon de
penser et d'agir en commun. Elle donne du sens à l'action et devient un
ciment, un lien entre les différents éléments de la
Structure« (cours de Yves Nalbandian 2010)
Toutefois, la culture a ses limites. Selon M.
Thévenet5(*), il n'y
a pas de bonne ou mauvaise culture en soi. En revanche une culture forte peut
comporter des risques. Par exemple la fierté d'une identité
gagnante peut faire oublier l'environnement et la concurrence et empêcher
la nécessité d'une remise en question permanente. Dans ce cas
elle sera un frein au changement et à l'évolution.
Pour résumer et conclure sur cette notion, nous avons
repris la définition
d' E. Schein (cours Nacira Bianchi) « un
modèle d'assomption de base, qu'un groupe donné a
découvert, inventé et développé en apprenant
à faire face aux problèmes d'adaptation externe et
d'intégration interne, qui ont été suffisamment
éprouvés pour être considérés comme valides
et donc enseignés aux nouveaux membres comme étant la
manière juste de percevoir, de penser en relation avec ces
problèmes »
La notion de culture ayant été éclaircie,
il faut maintenant en dégager les traits.
B/ Les composantes de la culture d'entreprise
Pour éclairer cette notion de culture d'entreprise,
nous avons retenu l'analyse de deux auteurs qui ont distingué les
caractères de la culture. Le premier, M. Thévenet6(*) (audit de la culture
d'entreprise - 1986) a décrit 5 catégories d'indicateurs : les
fondateurs, l'histoire, le métier, les valeurs et les signes.
Le deuxième auteur, Reynolds7(*) a mis en évidence une
autre distinction des composantes de la culture, basée sur le choix de
stratégies opérées par l'Organisation.
1 - Les composantes de la culture par
catégorie
Les fondateurs
Ce sont eux qui ont laissé leur marque dans le
fonctionnement de l'entreprise et dans la façon de penser et d'agir. Ils
ont imprimé leur philosophie, croyances, valeurs fondamentales ainsi que
les règles de conduite qui en découlent. La plupart du temps ces
fondateurs sont issus d'un milieu particulier, par exemple social ou religieux
dans lequel ils se sont distingués (ont été visionnaires).
En principe, leurs collaborateurs et successeurs seront recrutés sur ces
mêmes bases. Ceci explique que leurs principes vont perdurer tout au long
de l'histoire de l'entreprise.
L'histoire
Il s'agit de l'histoire des hommes, de la structure, des
événements, des grandes dates qui sont retenus et partagés
par les acteurs de l'entreprise aujourd'hui. En effet, sans cesse vont
être rappelées, les décisions importantes et dans quel sens
les choix ont été faits, les actions réussies ou
ratées, les évolutions (ou révolutions quelquefois), les
changements, les politiques, les stratégies, les héros qui ont
marqué la mémoire. Prenons pour exemple les changements de
structure, de méthode de travail ou de mode de management.
A côte de l'historique, il y a une autre
caractéristique importante qui va faire la différence d'une
entreprise à l'autre, c'est le métier.
Le métier
On citera d'abord l'activité principale mais surtout le
savoir-faire, les compétences et l'expérience accumulée,
les stratégies adoptées : ce qui caractérise ce
métier, ce qui fait qu'il est original. Par exemple, la culture
soignante sera différente dans un hôpital ou dans une maison de
retraite.
On notera aussi l'image véhiculée par la
façon de faire ce métier, à l'intérieur comme
à l'extérieur de l'entreprise (fierté d'appartenance,
image de marque).
Les valeurs
Au point de vue étymologique, valeur vient du latin
"valor" qui signifie "ce qu'une personne est estimée pour son
mérite, ses qualités"
Les valeurs représentent des manières
d'être et d'agir qu'une personne ou une collectivité
reconnaît comme idéales.
Pour reprendre le point de vue de R. Barrett8(*) "les valeurs sont des
règles de vie. C'est croire profondément qu'une certaine
façon d'être, ou qu'un certain résultat sont
préférables à d'autre. Les valeurs sont illustrées
dans les comportements".
Aussi, comment les connaître ? Soit, elles sont
affichées dans des documents tels que, plaquette de présentation
ou d'accueil, charte, projet d'Etablissement. Soit, elles sont
véhiculées dans les discours, les règlements, les normes,
les procédures. Ou bien, elles se reconnaissent à travers les
pratiques, les routines, les comportements.
Dans tous les cas, il faut absolument qu'il y ait
cohérence entre les valeurs déclarées et les valeurs
opérationnelles, sinon le décalage entraînerait l'effet
inverse de celui escompté pour la motivation des hommes et leur
performance. Cela implique que les valeurs doivent être partagées
par tous. Selon Y. Nalbandian - cours de stratégie sociale 2010
"quand une personne entre dans une telle entreprise, pour se faire
accepter, il va falloir au moins, temporairement, gommer ses propres valeurs et
adopter celles du groupe".
Les signes et symboles
Les signes sont les choses qui pourront être
observées de l'extérieur et à l'intérieur de la
structure : le recrutement, les comportements (langage, tutoiement,
habillement) la communication, les relations, les réunions (portes
ouvertes, accueil des visiteurs, accueil téléphonique)
aménagement des locaux (couleurs, agencement) organisation du temps de
travail et horaires. (rapport entre temps de travail et temps privé)
Pour illustrer les symboles, nous citerons les pots et les
fêtes, la publicité des promotions et les systèmes de
récompenses. Dans certaines branches professionnelles
(médico-social) on reconnaîtrait la " bonne
santé " de l'entreprise en fonction des fêtes
organisées pour le personnel.
2 - Les composantes de la culture selon le choix de
stratégies
Nous présentons ci-après celles qui nous
paraissent les plus significatives :
- La sécurité plutôt que le risque :
c'est le conservatisme et la prudence contre la capacité à
changer, évoluer, remettre en cause.
- La prise en compte ou non de la personne humaine dans la
gestion du personnel et le management
- Le système de rétribution collective
plutôt qu'individuelle.
- La prise de décision individuelle plutôt que
collective.
- La planification des actions contre l'adaptation
permanente.
- La stabilité plutôt que l'innovation
- La coopération plutôt que la
compétition.
- Les procédures formalisées plutôt que
des procédures informelles
- Forte contre faible loyauté à
l'organisation.
Si nous avons à présent, une
représentation plus précise de la dimension de culture
d'entreprise, quelle appropriation pouvons-nous en faire dans l'observation
d'une entreprise ?
II - SPECIFICITE DE LA CULTURE D'ENTREPRISE DU
SECTEUR DE L'ECONOMIE SOCIALE
A / Une culture inscrite dans son histoire
Les entreprises du secteur de l'économie sociale ont
pour finalité l'utilité sociale qu'elles matérialisent par
le biais d'un projet social. La culture de ces entreprises est issue de
l'histoire et de leur "raison d'être".
1 - Quelques repères historiques et
terminologiques :
L'Economie sociale remonte à la révolution
industrielle suivie de la loi sur la liberté d'Association en 1901, puis
en 1947 pour la création des premières Coopératives et
Mutuelles. C'est en 1981 que l'expression est reconnue officiellement sous le
terme générique " d'économie sociale".
Au point de vue juridique, ce sont des groupements de
personnes qui se différencient des sociétés de capitaux et
du secteur public. L'économie sociale comprend les Associations, les
Fondations, les Coopératives et les Mutuelles. Aujourd'hui,
l'économie sociale c'est 500 000 établissements qui
emploient pas moins de 1.800.000 personnes.
2 - Une culture inscrite dans des valeurs
"d'utilité sociale" :
Les entreprises de l'économie sociale vendent des
services d'utilité sociale ou d'intérêt
général en prenant en compte un besoin identifié sur un
territoire.
Les principes qui les animent se définissent par
des valeurs fondamentales telles que la primauté de l'Homme sur le
capital et l'épanouissement de la personne humaine,
l'égalité entre les personnes dans les décisions, la
gestion démocratique et désintéressée, la
solidarité entre les membres du groupe.
Le projet social est un projet humaniste pour la
société puisqu'il définit les actions mises en oeuvre au
service de l'usager. Inscrit dans les statuts, le projet est
institutionnalisé. Pour les individus qui travaillent dans ce secteur,
cela implique d'adhérer à ces valeurs et au projet.
B / Le projet d'Etablissement
Dans les années 80, le concept de projet d'entreprise
était à la mode mais il a été vulgarisé et
dénaturé puis abandonné. Il revient aujourd'hui sous la
dénomination de "projet d'Etablissement".
1 - Une définition
Le projet d'Etablissement répond à ces 3
questions : qui sommes-nous, que faisons-nous, où voulons nous
aller ?
C'est un document écrit, un engagement pris par
l'Organisation qui tient compte du passé, des buts et des
compétences de celle-ci qui comprennent les pratiques professionnelles,
les savoirs faire, pourquoi les choses sont faites de cette manière.
Pour être crédible, tous les membres de
l'organisation doivent être partie prenante au projet qui doit
refléter la vision de tous et pas seulement celle des dirigeants. Ainsi,
l'élaboration du projet nécessite la participation des
équipes pluridisciplinaires et qu'elles aient au préalable une
bonne connaissance de leur culture. Il faut ensuite que les actions entreprises
soit en cohérence avec le projet. Ce n'est qu'à cette condition
qu'il sera un outil de motivation.
2 - Une finalité
Outre le fait d'être un levier de motivation pour le
personnel, le projet d'Etablissement donne du sens et de la
visibilité. Le projet va assurer la cohésion des équipes
autour d'un objectif clairement défini.
Par rapport à la culture, Le projet d'Etablissement est
un mode de structuration de l'entreprise et il pose un cadre de travail.
Pour illustrer notre partie théorique, il nous a paru
intéressant d'appliquer le concept à la culture de La Maison de
retraite. Pour ce faire, nous avons utilisé les outils que
préconise M. Thévenet pour faire un audit de la culture. Les
informations ont été collectées et classées dans
les 5 grilles par type de composante.
III - APPLICATION : LA CULTURE DE LA MAISON DE
RETRAITE NOTRE DAME DE LA FERRAGE
A / Diagnostic des composantes de la culture de la
Maison de Retraite Notre Dame de la ferrage
Pour faire le diagnostic de la culture de cette organisation,
nous avons recueilli les informations à l'aide de tout document existant
dans la structure mis à notre disposition (notamment le Projet
d'Etablissement). Nous avons également recoupé ses traits de
caractère avec divers témoignages. Toutefois, nous sommes bien
conscients qu'une telle recherche n'est jamais terminée et que certaines
informations retenues, bien que pertinentes, ne sont que des signes.
Le classement est élaboré de la façon
suivante :
1. grille fondateurs
2. grille histoire
3. grille métier
4. grille valeurs
5. grille signes - symboles
1.GRILLE FONDATEURS
|
Date des fondements
|
1884. Don du domaine par un particulier à une
congrégation de religieuses
1957. Création d'une Association loi 1901
|
Milieu social des fondateurs
|
Religieux - Catholique
|
Les choix initiaux des fondateurs
de l'Association
|
-Accueillir et soigner gratuitement les personnes indigentes de
la commune
-Venir en aide par tous moyens appropriés aux personnes
âgées. Assurer la pérennité de l'accueil des
personnes âgées dans la structure et transmettre les valeurs
éthiques et morales issues du passé religieux
|
Principes fondamentaux
|
Fraternité, simplicité, amour des plus pauvres, des
exclus, des personnes fragiles et un attachement particulier à la nature
et aux animaux
|
Gestion du personnel
|
Au commencement, ce sont les religieuses qui assurent la gestion
de l'hébergement de quelques pensionnaires. Les ressources
financières proviennent des soins infirmiers à domicile qu'elles
prodiguent aux habitants du village et des ressources des pensionnaires.
Gestion de type paternaliste par la directrice religieuse
|
2.GRILLE HISTOIRE
|
Les hommes :
- Les Présidents
Les Dirigeants :
|
4 Présidents se sont succédés depuis la
création de l'Association en 1957, ils sont présentés et
élus par le C.A.
· Le curé de la Paroisse
· 2 Médecins Général des Armées,
à la retraite
· Un Chef d'Entreprise à la Retraite
2 Directrices se sont succédées :
· Une religieuse franciscaine pendant 13 ans. Son action
marquante est d'avoir obtenu un agrément par la DASS en 1978 pour
pouvoir accueillir des personnes aux ressources modestes
· Une directrice laïque depuis 33 ans qui a
accédé au poste par mobilité interne
Ses actions marquantes sont le développement de la
structure et la médicalisation
|
Les structures
|
· La Direction devient laïque en 1987
· Extension de l'Etablissement en 1995 et en 2005
· Renforcement de l'équipe d'encadrement en 2007
|
Les grandes dates
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1989 Choix d'accueillir les personnes jusqu'au bout de la vie
et début de la médicalisation. Recrutement de personnel
médical
1992 Passage à l'informatique. Instauration de
l'écrit qui remplace la tradition orale.
1999 Passage aux 35h et augmentation des effectifs en 2002
2000 Elaboration du Projet d'Etablissement
Les "conflits sociaux" :
2001 Suite à une augmentation substantielle de personnel,
manque de manager = "crise de la porte fermée"
2004 Boycott des fêtes du personnel suite au licenciement
d'un salarié pour comportement contraire aux valeurs.
2002 Réforme de la tarification. Renforcement et
formalisation des procédures, des règles et des normes dans le
travail.
Augmentation du nombre de lits (50) en 2005
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L'environnement
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Loi 2002 rénovant l'action sociale et
médico-sociale
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3.GRILLE METIER
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Le métier perçu
Le métier apparent
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· A l'extérieur de façon
générale : vision assez négative basée sur l'image
des anciens hospices. Aujourd'hui, l'enjeu majeur pour ce métier est la
"bientraitance", la spécialisation et la professionnalisation des
personnels
· L'Etablissement jouit d'une bonne réputation pour
la qualité de la prise en charge des personnes accueillies. La
publicité se fait par "le bouche à oreille". La liste d'attente
pour avoir une place est toujours importante (+ de 6 mois)
Les deux pôles principaux :
· Hébergement : hôtellerie, restauration,
entretien
· Soin : assistance dans tous les actes de la vie ordinaire
et médicalisation
Fonctions type : agent hôtelier (formation initiale : BEP
sanitaire et social) et aide-soignante (diplôme DPAS)
Application de la C.C. du 31/10/51 qui était avantageuse
pour les salariés.
Recherche constante de l'amélioration du service.
Adhésion à des organismes professionnels et de réseaux
tels que CLIC, URIOPSS et FNAQPA
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Le métier lié à l'activité
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L'activité s'articule autour de 4 micro-projets :
l'accueil, l'animation et de la vie sociale, la vie quotidienne, la vie
spirituelle des personnes âgées accueillies. Le principe est que,
quel que soit le poste occupé, tout professionnel doit se sentir
concerné par ces thèmes
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Le métier lié aux savoirs faire
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Les salariés ont une zone d'autonomie qui leur permet, en
plus d'assurer les tâches prescrites, de trouver une résolution
aux problèmes du quotidien. Des "stafs" sont organisés
régulièrement pour leur permettre d'échanger,
réfléchir, trouver des solutions efficaces.
|
Le métier lié aux façons de faire
|
Tous les actes et tâches effectués autour et pour la
personne âgée sont guidés par le principe que tout
être humain est unique, est histoire, est projet et a le droit de
décider de sa vie.
Il y a aussi des règles liées au métier des
soins comme le secret professionnel, la déontologie, le respect de
l'intimité.
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4.GRILLE VALEURS
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Les valeurs déclarées
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Elles sont humanistes :
Emerveillement devant les ressources de tout être humain
Altruisme et tolérance
Liberté individuelle
Respect de la dignité
Ethique
Joie de vivre
Humour
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Les valeurs opérationnelles
|
Les valeurs humanistes envers les personnes âgées
correspondent aux valeurs déclarées.
Mais, le management ne peut pas être humaniste (mettre
l'homme au dessus-de tout) car il doit concilier intérêt de
l'homme avec intérêt de la structure. Le management est donc
adapté au projet d'entreprise (participatif) avec des valeurs telles que
:
· Responsabilisation de chacun, autonomie, confiance,
participation
· Esprit d'équipe, entraide, solidarité
· Transparence, explication des stratégies pour que
chacun comprenne ce qu'il fait
· Implication, professionnalisme
· Relations amicales, hiérarchie souple
· Conception de la personne humaine dans la gestion du
personnel
· Recrutement : les critères sont basés, en
premier lieu sur l'adéquation des valeurs de la personne avec celles de
l'Etablissement. Ensuite, sur la capacité à s'intégrer
dans l'équipe. Enfin, sur les compétences techniques liées
au poste
· Egalité dans la rémunération
· Pas de système de notation dans l'évaluation
des performances, coopération plutôt que compétition
|
Attitudes
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Pas d'attitude de concurrence envers les autres Etablissements
mais coopération, travail en réseau (ce qui est en concordance
avec les valeurs de l'économie sociale)
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5.GRILLE SIGNES SYMBOLES
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Signes vis-à-vis de l'extérieur
Comportements : habillement
Tutoiement,
Portes ouvertes
Architecture
Espace décoration
Gestion du temps
Réunions
|
Accueil chaleureux et personnalisé
Recrutement direct
- Tenue correcte exigée. Blouses et tenues rappelant
l'aspect institutionnel et médical sont interdites pour le personnel
- tutoiement entre salariés, mais interdit envers les
résidents
- oui, pour les managers
Volonté de casser le côté "Etablissement
standard et dépersonnalisé". Le nouveau bâtiment
créé en 2005 ressemble à un appartement (pas de longs
couloirs et aucune chambre ne ressemble à une autre)
Souhait de créer une ambiance "comme chez soi", gommer au
maximum les effets de la collectivité. Possibilité de donner son
avis, de choisir la couleur de son bureau, de son local pour le personnel, de
sa chambre pour les résidents.
Prise en compte de l'aménagement du temps privé
s'il ne va pas à l'encontre du temps de travail. Respect des horaires de
la part des salariés, aucun besoin de badgeuse
Beaucoup de réunions de travail formelles et informelles
(pause café)
|
Symboles :
rites
|
Rites religieux : existence d'une chapelle dans l'Etablissement
avec des offices réguliers, célébration des fêtes
traditionnelles pour les résidents.
Accueil des animaux
|
Pots fêtes
Comité d'entreprise,
Publicité des promotions
|
Pots de départ organisés par les D.P. Manque
d'adhésion aux fêtes du personnel organisées par la
direction.
Pas d'activités collectives proposées par le
comité d'entreprise
Pot pour les réussites de diplômes (à
l'initiative du salarié) dans le cadre de la formation continue
|
B - Le projet d'Etablissement "vivre chez nous à
la Ferrage"
Si le projet a été initié suite à
une exigence règlementaire9(*), il n'en demeure pas moins un guide de
référence pour tous les acteurs des professionnels aux
usagers.
Ce travail de longue haleine (enquête - réflexion
- rédaction) a été confié à un consultant
extérieur. Il est l'expression de la culture d'entreprise, du moins une
partie, puisqu'il formalise les fondements, l'histoire, le métier, les
valeurs, les signes à travers la mise à plat de l'existant. Il a
l'avantage d'avoir été élaboré et partagé
par tous les acteurs présents :
- Des groupes pluridisciplinaires représentant tous les
métiers exercés
- Un groupe de suivi composé de résidents, de
familles et d'intervenants extérieurs
- Un groupe de pilotage composé du Président et
des Cadres
Le résultat de ce projet représente les
engagements pris par l'Etablissement pour accomplir sa mission. Mais les
action ne sont pas figées car réévaluées tous les
cinq ans.
A la lecture des caratères de cette culture que l'on
peut maintenant qualifier de "culture métier", et de l'engagement pris,
on comprend plus aisément que les dirigents souhaitent la transmettre et
la péréniser et que sa mise en oeuvre soit une difficulté.
En effet tout ce qui sous entend les savoirs faire et la façon de faire
est difficile à exprimer sinon au travers des actes du quotidien. C'est
pourquoi la question du moyen de transmission devient un enjeu fondamental. Les
personnels les plus anciens qui ont assimilé la culture au fil du temps,
les personnes qui ont participé à la contruction du projet et qui
par conséquent connaissent bien cette culture, en sont
imprégnés et ce sont eux qui la portent, de façon
inconsciente parfois. Nous tenterons de savoir si cela est suffisant.
Section 2 - Le concept de transfert et apprentissage
des savoirs
En préliminaire, nous souhaitons apporter une
précision sur les termes de "transfert" et de "transmission" qui sont
utilisés dans la littérature. Ce sont des synonymes, toutefois
l'action de transférer s'utilise plutôt pour exprimer un
déplacement dans l'espace (d'un lieu à un autre ou d'un emploi
à un autre) tandis que transmettre se dit d'un déplacement de
chose entre des personnes (donner quelque chose que l'on a reçu à
quelqu'un).
Nous privilégierons le mot "transmission" car il
correspond à notre sujet mais nous utiliserons également le mot
"transfert" employé dans les modèles théoriques. Nous
considèrerons qu'il s'agit de la même action.
Le processus de transfert des savoirs et des connaissances
est complexe car il fait référence à un ensemble de
notions qu'il convient de distinguer : la connaissance, les savoirs, la
compétence.
I - CONNAISSANCES ET SAVOIRS
A / De la connaissance à la compétence
:
La langue anglaise ne fait pas de différence entre la
connaissance et le savoir. Elle emploie un seul mot "knowledge". En
français, le savoir désigne un ensemble de connaissance acquis
par les études. Cependant, dans le cadre de la carrière
professionnelle d'un individu d'aujourd'hui, avec la formation professionnelle
tout au long de la vie, savoirs et connaissances se confondent. Nous les avons
synthétisés dans le tableau suivant.
1. Les savoirs organisationnels :
Nous avons répertorié les différents
types de savoir dans le tableau ci-après :
Les différents types de savoirs dans le cadre du
travail
TYPE
|
FONCTION
|
MODE D'ACQUISITION
|
Savoir théorique
|
Comprendre, analyser,
interpréter
|
Education, formation initiale
lecture
|
Savoir reproduire
|
Pouvoir refaire un geste, redire un message sans le
transformer
|
Education, formation initiale ou continue,
expérience
|
Savoir faire
|
Savoir exécuter
savoir agir
|
Expérience professionnelle
|
Savoir être
|
Savoir se comporter, se conduire en bon professionnel
|
Education, expérience sociale et professionnelle
|
Savoir cognitif
|
Savoir traiter l'information, faire des déductions, des
raisonnements, anticiper
|
Education, formation initiale et continue, expérience
sociale et professionnelle
|
Tableau construit à partir de l'ouvrage de C. Benoit
- la boîte à outils du tuteur (2010)
Les connaissances organisationnelles selon Argyris et
Schön10(*) :
Lorsqu'un problème surgit dans le travail, les
individus vont chercher des solutions qui vont engendrer de nouvelles
connaissances individuelles. Pour devenir organisationnelles il faut qu'elles
soient enregistrées par l'organisation et accessibles à tous les
salariés, qu'elles deviennent des pratiques et des usages.
2. Le concept de compétence :
Un détour historique des modèles
théoriques de la compétence (cours d'Ewan Oiry - 2010) va nous
permettre de définir cette notion.
L'étymologie de ce mot est latine. "Competentia"
signifie se rencontrer au même point, répondre à,
s'accorder avec.
Les premiers chercheurs à la fin des années 60
se sont interrogés sur ce qui faisait que certains salariés
étaient plus performants que d'autres (psychologie
différentielle). Le sentiment de compétence pour le
salarié (White 1959) ou l'accumulation d'expériences positives
devient un trait de la personnalité. La compétence est alors
considérée comme individuelle.
En 1973, MacCelland (USA), précise cette
définition en identifiant cinq dimensions différentes : les
savoirs, les savoir-faire, les attitudes, les traits de la personnalité,
les motivations (au sens anglais, forces intérieures récurrentes
qui génèrent les comportements au travail). La compétence
est hétérogène.
Dans le prolongement des travaux de Piaget, (définition
cognitive) les linguistes (Chomsky, 1971) estiment que compétence ne
rime pas forcément avec performance et qu'il faut nécessairement
qu'il y ait un lien avec la situation contextuelle. Elle est «
indissociable de l'activité par laquelle elle se manifeste » (Le
Boterf, 1994). La compétence est contextualisée.
L'ergonomie cognitive s'empare à son tour de ce concept
et démontre que la compétence est dynamique. Il y a interactions
entre les différents types de savoirs (savoirs, savoir-faire pratiques,
raisonnement) qui créent de nouvelles compétences.
Pour conclure, nous avons retenu la définition de Le
Boterf "un individu agit avec compétence, lorsqu'il
sélectionne, mobilise et combine les ressources personnelles
(connaissances, savoir, savoirs-faire) nécessaires pour
répondre pertinemment à une situation professionnelle".
Toutefois, cette compétence ne pourra être
validée que lors de sa mise en oeuvre, lorsqu'elle sera
évaluée par le N+1 (ou le tuteur).
Une fois la compétence définie, ses
différentes dimensions sont à distinguer :
Selon Marie-Christine Combes11(*) la compétence individuelle peu se
déployer en compétence collective, dite organisationnelle :
"la production d'un bien ou d'un service est une activité
collective. Les individus sont tributaires de leurs collègues, des
outils à leur disposition, et plus largement de l'organisation.
Réciproquement chaque individu contribue au travail des autres, et
à l'activité collective"
Cet auteur distingue également les compétences
techniques des compétences relationnelles "la
logique d'apprentissage et de progression dans un métier collectif se
fait selon des « axes de développement des compétences"
: technique métier, technique outils, relation client,
coopération équipe".
Pour illustrer le développement qui
précède et le contenu de "la chose à transférer"
nous ferons référence aux 5 compétences clés de
l'emploi d'Agent hôtelier de la Maison de retraite N-D de la Ferrage (cf.
Annexe n°2) extraites du référentiel de compétences
effectué pour le cours d'E. OIRY selon le modèle théorique
de M-C. Combes.
Le transfert des connaissances que nous venons de
préciser nécessite de distinguer une autre dimension.
Nonaka12(*) a
identifié deux types de connaissances.
B / Distinction entre connaissances tacites et
connaissances explicites :
Les connaissances explicites, formalisées,
codifiées, peuvent être transmises par le langage ou la
description. Le plus souvent, elles sont écrites ou même
informatisées : règles, procédures. En
général, le moyen de transfert des savoirs explicites à
privilégier sera la communication écrite. La procédure
pour la distribution des médicaments, la description des
compétences sur d'une fiche de poste, le règlement
intérieur ou les dossiers de soins sont des exemples.
Tandis que les connaissances tacites, implicites ne sont pas
facilement exprimables. Elles concernent les savoirs faire transmis de bouche
à oreille, les actions du quotidien, les trucs, les ficelles, les tours
de main qui sont dans la tête des individus. Il y a également les
routines.
Selon Zarifian13(*) le modèle de la routine est incontournable
dans le travail car l'individu s'épuiserait s'il devait penser sans
arrêt à ce qu'il va faire. Ce besoin d'agir de façon
mécanique concerne aussi bien la gestuelle que le travail intellectuel.
Les routines reproduisent le passé et sont
transférées par analogies, métaphores et surtout par la
pratique et s'apprennent par la répétition et les habitudes.
En revanche les routines s'accommodent mal des situations
nouvelles et du concept d'événements et peuvent devenir
défensives. Certains salariés peuvent être bloqués
par ces routines tant leur façon de faire est gravée dans leurs
schèmes d'action (cf.supra Argyris C. - les routines
défensives)
Plus difficiles à transmettre, les connaissances
tacites reposent sur le savoir faire et la présence des personnes qui
les possèdent dans l'entreprise. Le moyen de transfert le plus
approprié sera la communication par un face à face, un travail en
binôme ou en équipe, une interaction informelle. C'est pourquoi,
les Organisations ont tendance à vouloir transformer ces connaissances
tacites en explicites, les écrire pour les transférer plus
facilement.
Le schéma ci-dessous illustre le processus :
Pour Nonaka et Takeuchi,14(*) "la clé pour acquérir une
connaissance tacite, c'est l'expérience". Il faut observer, imiter
pratiquer.
C'est pourquoi, dans le choix de l'outil de transfert qui
sera utilisé, il y a lieu de porter une attention particulière
à ces compétences tacites et de les repérer.
II - LE CONCEPT DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES
Afin de simplifier le concept, nous nous attarderons sur deux
conceptions.
A/ D'une conception linéaire à une
conception dynamique
La première, démontrée entre autres, par
Szulanski15(*) (1996),
assimile le transfert à une transmission de messages (flux) entre un
émetteur et un récepteur dans un contexte donné. Il
décrit quatre phases dans le transfert : l'initialisation, l'adaptation,
la mise en oeuvre et l'appropriation que nous avons explicité dans le
tableau suivant :
INITIALISATION
|
ADAPTATION
|
MISE EN OEUVRE
|
APPROPRIATION
|
Identification des éléments à
transmettre
|
Circulation vers le récepteur et modification en
fonction du contexte
|
Le récepteur utilise la connaissance reçue
|
Réussite de l'expérimentation du nouveau savoir
et enregistrment par l'Organisation
|
Cette théorie a été
élaborée dans le cadre de transfert de connaissances entre des
organisations nationales et internationales, d'un lieu à un autre
où une distance les sépare. Or, dans le cadre de notre
étude nous nous intéressons plutôt au transfert qui se
produit d'un individu à un autre, c'est pourquoi nous avons
étudié la deuxième conception.
En effet, Gherardi16(*) considère que la connaissance n'est pas une
chose stable emmagasinée dans l'esprit des individus mais "un
processus continu à travers lequel les pratiques émergent, se
développent, se transforment en routines et éventuellement
disparaissent". Pour le processus de transfert, il emploie le terme de
"translation" avec une idée de transformation, d'interaction entre les
individus qui échangent des informations et une prise en compte du
contexte historique et culturel.
Malgré ces divergences, les deux écoles se
rejoignent néammoins en ce qui concerne les freins et les leviers pour
la réussite du transfert.
B/ Les facteurs de réussite du transfert
La réussite du transfert dépend des
qualités de quatre éléments qui sont la source, le
contexte, les connaissances et le récepteur :
La source : c'est la personne qui a les connaissances
et compétences et qui transmet. Elle doit avoir certaines
qualités comme amabilité, conscience professionnelle, être
extravertie, avoir un esprit d'ouverture. Il faut qu'elle ait envie de
collaborer et d'échanger et qu'elle ait des aptitudes à
transmettre.
Le contexte : il s'agit des relations existantes dans
l'Organisation, les modes de communication, de collaboration, de
contrôle. Il faut par exemple une relation de confiance entre la source
et le récepteur et un fort sentiment d'identification au groupe pour que
le transfert soit efficace.
Les connaissances : comme nous l'avons vu plus haut, si
elles sont tacites, elles seront plus difficiles à transmettre. Il en va
de même pour les compétences complexes.
Le récepteur (la personne qui reçoit les
connaissances) : outre l'engagement, le goût de l'effort et la
motivation, le récepteur doit avoir une capacité d'absorption,
d'apprentissage dont nous allons développer le processus
ci-après.
III - LE PROCESSUS DE L'APPRENTISSAGE
Comment un individu peut il apprendre ?
A la base, il y a plusieurs théories de l'apprentissage
mais nous avons retenu la théorie cognitive, développée
par Piaget17(*)
A/ Un concept issu des sciences de l'éducation :
1. Le processus de l'apprentissage vu par
Piaget
Théoricien de la pédagogie et du
développement de l'intelligence, Piaget est un auteur connu pour ses
études sur le développement de l'enfant. Mais son objectif est
plus vaste car il s'agit de rendre compte du progrès en
général. Pour lui l'intelligence est une forme d'adaptation au
monde extérieur.
Ainsi, la pensée humaine se construit progressivement
lorsque l'individu entre en contact avec le monde. Chaque fois qu'il
perçoit un objet (ou une idée), il essaie de l'assimiler. Si
cette assimilation échoue alors commence un processus d'accommodation.
En d'autres termes l'assimilation est un mécanisme
consistant à intégrer une nouvelle situation à une
situation pour lesquels il existe déjà un schème. Le
schème est un ensemble organisé de mouvements (sucer, tirer,
pousser...) ou d'opérations (sérier, classer, mesurer...) dont
l'enfant dispose ou qu'il acquiert et développe par son interaction avec
le monde environnant.
Alors que l'accommodation est un mécanisme consistant
à modifier un schème existant afin de pouvoir intégrer une
nouvelle situation.
La continuité fait que les étapes d'ajustement
sont tellement proches les unes des autres que le mécanisme est
invisible.
L'accommodation est un ajustement des schèmes et est
complémentaire de l'assimilation.
Pour résumer :
Le processus d'assimilation caractérise
l'intégration d'une information et l'enrichissement des schémas
de pensée, sans les remettre en cause.
L'accommodation suppose un changement des
modèles mentaux et des connaissances déjà acquises afin
d'intégrer la nouvelle donnée.
La connaissance n'est pas un stock, une juxtaposition
élémentaire mais un ensemble structuré articulé.
Piaget parle de structuration de la connaissance ; il existe une
tendance à harmoniser nos connaissances. Lorsqu'il y a
incohérence on parle de dissonances cognitives ; la structuration
des connaissances permet d'utiliser nos connaissances, de les
réorganiser.
Par ailleurs l'individu est soumis (par l'expérience ou
par l'information donnée), à des connaissances nouvelles qui ne
sont pas toujours compatibles, cohérentes avec celles qu'il
possède déjà. Aussi la connaissance doit être
proche de celle que l'on possède déjà pour pouvoir se
l'approprier.
Le mécanisme d'apprentissage des enfants peut-il
être rapproché de celui des adultes ?
Il existe quelques différences à noter dans la
perspective de notre recherche, car les salariés apprenants sont des
adultes dans le sens où ils ont déjà acquis des
connaissances, des expériences, des habitudes, ils ont connu d'autres
cultures. Par exemple, une différence de motivation (liée
à l'obtention d'un emploi), de maturité (moins de souplesse
intellectuelle mais plus de capacité de réflexion).
Pour apprendre efficacement, l'adulte doit donc être
motivé, se sentir intégré dans l'équipe, il doit
pouvoir comprendre l'information qu'on lui transmet (jargon du métier,
le pourquoi on fait telle chose de cette façon, le sens de ce qu'il
apprend).
Ce que nous venons d'expliquer se situe dans le cadre d'un
apprentissage individuel. Que se passe-t-il au niveau de l'Entreprise ?
2. De l'apprentissage individuel à
l'apprentissage collectif
L'individu apprend tout au long de sa vie selon des
étapes : apprentissage familial, scolaire, social, professionnel. Tous
ces savoirs et savoir-faire acquis au fil des années sont en interaction
permanente pour donner un capital de connaissances fait de sa vision du monde,
sa compétence propre, ses savoirs d'expérience.
C'est à partir de ce capital personnel et de la
coopération des individus dans une équipe et dans l'organisation
que va se construire un savoir-faire commun. De quelle façon ?
B/ Un concept issu des sciences de gestion
1. L'apprentissage dans les organisations : ou comment
faciliter l'apprentissage en évitant les routines défensives
Argyris C.18(*) spécialiste en psychologie des Organisations,
avec le concours de Schôn D., a élaboré une thèse
basée sur deux types d'apprentissage : les salariés doivent
savoir non seulement résoudre les problèmes routiniers
liés à l'apprentissage en simple boucle, mais aussi agir
efficacement lorsqu'ils sont confrontés à des situations
difficiles, cela nécessite alors un apprentissage en double
boucle19(*).
Schéma tiré de l'ouvrage cité ci-dessus
Lorsqu'un individu détecte un dysfonctionnement et se
contente de le modifier, il s'agit d'un apprentissage en simple boucle. Ce
comportement s'appuie sur les répétitions et les routines et
permet une adéquation rapide des tâches, des règles et des
structures.
Lorsque l'individu corrige non seulement le dysfonctionnement
mais modifie aussi les valeurs directrices (valeurs, coutumes, routines,
normes, choix stratégiques) qui guident son action, l'apprentissage se
fait en double boucle. Ce comportement se produit grâce à
l'utilisation des connaissances.
Les auteurs s'appuient sur cette typologie pour
détecter et éviter les résistances (routines
défensives) qui font obstacle à l'apprentissage. Les routines
défensives représentent toutes les actions qui permettent
à un individu de ne pas se retrouver dans une situation embarrassante
mais qui ont pour conséquence non voulue, d'interdire la discussion et
la résolution des vrais problèmes.
On observe que le modèle d'Argyris (simple et double
boucle) rejoint le modèle de Piaget (assimilation et accommodation).
Ces modèles théoriques nous ont permis de
comprendre certaines choses qui vont nous être utiles pour notre
recherche.
2. De la théorie au terrain d'étude
- Le problème initial est un besoin de transmettre la
culture d'entreprise (données, informations, connaissances, savoirs,
savoir-faire, compétences, pratiques, valeurs) et par conséquent
une absorption rapide par les apprenants, compte tenu de la perspective du
recrutement massif.
- Nous savons maintenant que parmi ces éléments
de la culture, certains pourront être transmis facilement (explicites)
d'autres demanderont beaucoup plus d'attention et de moyens (humains, temps,
coût, stratégie, organisation, gestion) pour réussir.
- Nous avons vu que le transfert de connaissance n'est pas
seulement faire passer quelque chose d'un point à un autre. En effet,
c'est un processus dynamique avec une multitude d'interactions entre tous les
acteurs de l'organisation, qu'il faut faciliter. De nombreux facteurs qui
interfèrent dans la transmission et dans l'apprentissage méritent
une attention (source - contexte - récepteur...)
- La description du processus d'apprentissage nous a
montré que la connaissance à apprendre doit être compatible
avec celle que possède déjà le nouveau pour pouvoir se
l'approprier. La phase du recrutement et d'évaluation des
salariés pendant la période d'essai et la détection des
représentations et valeurs de la personne à ce moment
précis a donc une importance capitale pour assimiler ou accommoder les
connaissances qu'on va lui transmettre.
A partir de ces constats, la première question qui se
pose est quel est l'émetteur le plus approprié pour transmettre
les savoirs organisationnels ? Doit-il être extérieur à
l'entreprise, formateur, mentor, coach ? En outre, sous quelle forme peut-on
transmettre les valeurs, les normes, les routines de l'entreprise ? La
formation, les entretiens individuels ou collectifs, les conférences,
les réunions, les supports documentaires sont-ils des outils tous aussi
pertinents ?
CHAPITRE 2 - HYPOTHESE DE RECHERCHE :
LE TUTORAT, MOYEN DE TRANSMISSION DE LA CULTURE
D'ENTREPRISE
Il est possible que le moyen de transmission des savoirs pour
transmettre la culture soit le tutorat. Les avantages sont nombreux et tous les
acteurs semblent en retirer des bénéfices.
Cette démarche, déjà en place dans la
structure de notre terrain d'étude pour l'intégrer les nouveaux
salariés embauchés, n'a jamais fait l'objet d'une
évaluation. Il n'est pas du tout certain aujourd'hui que ce moyen soit
pertinent et favorise le transfert de la culture d'entreprise. Par ailleurs,
une entreprise doit nécessairement maîtriser ses processus et
évaluer ses effets en termes de valeur ajoutée.
C'est pourquoi nous allons vérifier si le tutorat
permet la transmission de la culture d'entreprise. Rappelons que sous ce
générique "transmettre la culture", les besoins identifiés
sont les suivants : informer, diffuser de nouvelles connaissances, sensibiliser
à d'autres valeurs culturelles, favoriser un changement de perception,
modifier une pratique professionnelle.
Par conséquent nous émettons l'hypothèse
que :
Le tutorat est un moyen approprié de
transmission de la culture d'entreprise
Pour assurer cette mission, nous allons étudier dans un
premier temps, le concept de tutorat (section 2.1) et dans un deuxième
temps, mener une enquête sur le terrain basée sur des entretiens
semi-directifs. (Partie 2)
Section 1 - Le concept de tutorat
La transmission du savoir-faire métier a toujours
existé. Transmettre aux futurs collègues des compétences
techniques et sociales est un phénomène très ancien qui
remonte au compagnonnage, dans le milieu artisanal. Le devoir du compagnon
était de transmettre ce qu'il a lui-même reçu.
Le développement de la formation par alternance dans
les années 80 a introduit l'apprentissage par le travail dans les
entreprises. Le travail est alors considéré comme un
élément clé de la transmission et de l'acquisition des
compétences. C'est la raison pour laquelle le tutorat se
développe. Favorisé par les lois sur la formation professionnelle
tout au long de la vie (20/09/2003), le tuteur permet de guider les stagiaires
dans leur apprentissage.
Aujourd'hui, ce tutorat revient en force avec la
réforme des retraites et la prolongation des carrières, pour
valoriser les seniors. Il est utilisé également dans le cadre du
départ massif des générations baby Boom, pour conserver
les compétences clés de l'entreprise et intégrer les
jeunes.
Le tutorat a fait l'objet de nombreuses recherches en sciences
de l'éducation (Barbier, 1996) qui ne sera pas développé
ici. Néanmoins, leurs modèles théoriques ont
inspiré les auteurs des sciences en gestion et il existe de multiples
définitions.
Si le tutorat actuellement en place dans la Maison de retraite
ND de la Ferrage, permet d'améliorer l'accueil et l'intégration
des nouveaux embauchés, il concerne principalement des salariés
recrutés en C.D.D. pour des remplacements temporaires. Dans cette
hypothèse, le but est de rendre la personne opérationnelle le
plus rapidement possible (intégration rapide). Cependant, dès
l'ouverture des nouvelles structures, un volume important de recrutement en
C.D.I aura lieu. L'enjeu devient différent. Dans cette perspective, le
tutorat devra permettre, non seulement d'intégrer les nouveaux, mais
aussi de pérenniser la culture ou du moins la maintenir.
Notre intérêt sera donc tourné vers le
tutorat dit "de socialisation et de transfert de compétences". Pour le
définir, il nous a paru nécessaire de faire un détour sur
l'origine du mot "tuteur", puisque c'est lui qui exerce le tutorat. L'interview
des tuteurs praticiens et celle des auteurs complètera notre
éclairage. Nous verrons ensuite comment fonctionne ce tutorat et les
avantages du dispositif. Pour terminer, les conditions de réussite du
tutorat seront analysées afin de faire une comparaison avec notre cas
pratique.
A/ Définitions
1. De l'origine du mot tuteur à la perception
des tuteurs d'aujourd'hui
"Tuteur" provient du latin "tutor" dérivé de
"tueor" qui veut dire regarder fixement, avoir l'oeil, surveiller,
protéger.
Le Larousse indique deux définitions :
- juridique, le tuteur est chargé de surveiller les
intérêts d'un mineur ou incapable majeur.
- botanique, c'est une perche, armature qui soutient une jeune
plante.
Quant à la législation française, seul le
code du travail précise le statut et les fonctions du tuteur qui est "le
maître d'apprentissage"(Formation des Apprentis): "personne
qualifiée pour diriger...personne qui enseigne...personne dont on est le
disciple et que l'on prend pour modèle".
Ce qu'en pensent les tuteurs
Nous avons souhaité recueillir en
pré-enquête, la définition personnelle et spontanée
de différents tuteurs qui pratiquent cette fonction. Nous avons
questionné des tuteurs d'horizons différents, éducation ou
entreprise. Tous sont tuteurs occasionnels en liaison avec leur profession.
Voici leur témoignage :
- Pour un professeur d'université, tuteur de
mémoire : "Le tutorat en ce qui me concerne se définit comme
une des formes de l'accompagnement. Celui-ci doit permettre à
l'étudiant d'élaborer sa réflexion selon des
modalités que le tuteur vient rappeler. Il est là pour faire en
sorte que le travail d'élaboration puisse se faire dans les conditions
de réalisation de la commande exigée. Le tuteur est donc
quelqu'un sur lequel l'étudiant peut prendre appui, quelqu'un qui aide
à la prise de distance et qui utilise l'évaluation formative en
vue d'une progression de l'étudiant".
- Pour une Assistante de Direction d'un foyer pour
handicapés, tutrice de qualification pour la formation en
alternance : " c'est accompagner, aider la personne pour
développer ses compétences"
- Pour un infirmier, tuteur d'intégration de
nouveaux professionnels : "le tuteur serait un "facilitateur", c'est le
premier mot qui me vient. Il doit permettre au tutoré de
s'intégrer au mieux, dans les meilleures conditions possibles et plus
rapidement qu'il ne le ferait sans son aide. Dans ce contexte facilité,
le tutoré pourra alors apporter sa spécificité et
contribuer à l'ensemble. Ce qui renvoi à une autre fonction pour
le tuteur : être en capacité de dégager des potentiels chez
le nouvel arrivant. Il doit être animé d'une volonté de
transmettre sans enfermer l'autre.
A partir de ces définitions, nous retenons les
actions d'accompagnement, d'aide, de soutien, d'appui, de surveillance,
d'évaluation, d'apprentissage, de développement de
compétences et de facilitateur. Si ces fonctions font bien partie
intégrante du rôle du tuteur, est-ce suffisant pour définir
le tutorat ?
2. Ce qu'en pensent les auteurs :
J.-M. Barbier20(*) reconnu dans l'enseignement et la formation, nous
donne cette définition du tutorat : « on tend à parler
de tutorat chaque fois que l'on constate auprès d'agents dont ce n'est
précisément pas la fonction principale, et pour une durée
qui est généralement limitée, la présence
d'activités qui contribuent directement à la survenance chez
d'autres agents de transformations identitaires correspondant au champ
même de cette fonction principale »
En effet, dans l'entreprise, le tutorat n'est pas un
métier ni une fonction à part entière. Le tuteur accomplit
sa mission tutorale tout en assurant sa mission professionnelle. Quelle que
soit sa qualification ou sa position hiérarchique, un salarié
peut être tuteur.
Le tutorat peut être improvisé. Quand un nouvel
acteur arrive dans son service par exemple, la personne
expérimentée va tout naturellement l'aider à
s'intégrer. Dans d'autres cas elle est instituée comme dans le
cadre de la formation en alternance. Enfin, elle peut effectuer cette mission
dans un cadre structuré par l'entreprise. Cette distinction de trois
types de tutorat : spontané, institué, organisé, nous
est donnée par Boru et Leborgne21(*). Par exemple, la Maison de Retraite ND de la Ferrage,
a connu successivement ces trois modalités dans l'histoire de son
tutorat. (cf. 2e Partie)
Ces derniers auteurs considèrent le tutorat comme
"un ensemble de moyens, en particulier humains, mobilisés par une
entreprise pour intégrer et former à partir de la situation de
travail". Ils insistent sur le fait que le tutorat n'est pas simplement
une relation entre le tuteur et le tutoré mais que l'organisation joue
aussi un rôle déterminant. En effet d'autres acteurs interviennent
comme par exemple "des personnes ressource" (relais dans le service) les chefs
de service (responsable du tutorat), la Direction.
Si le tutorat est d'abord une relation entre deux
personnes dans une situation formative : un professionnel et une personne
en apprentissage d'un métier dans son environnement, le tutorat
est aussi une fonction intégrée et organisée dans
l'entreprise, avec une notion de responsabilité partagée.
Au-delà de ces éléments de
définition, la notion de tutorat demande à être
complétée par une approche de ses différentes missions et
de ses intérêts.
B/ Missions et intérêts du tutorat
d'entreprise
Il y a différentes missions du tutorat en fonction de
la nature, la taille, le besoin ou la pratique de l'entreprise.
"il n'existe pas de tutorat type et pas davantage
de tuteur type" (Gérard22(*)).
Parmi les plus courantes on trouve le "tutorat de formation"
pour les stagiaires de la formations en alternance, " le tutorat
d'intégration" des nouveaux salariés, ou encore " tutorat de
transmission" intergénérationnel. (ou senior) Nous allons
développer le tutorat dans sa fonction de socialisation et de
transmission des compétences, plus proche de notre hypothèse de
recherche.
1 . Une fonction de socialisation et de transmission
des compétences :
Le concept de socialisation organisationnelle
développé par D. Lacaze s'inspire de la définition de
Schein "la socialisation est le processus d'apprentissage des "ficelles"
d'un emploi, d'endoctrinement et de formation, le processus par lequel un
individu reçoit un enseignement de ce qui est important dans les
organisations et dans les sous-unités".
Les objectifs de la socialisation d'un nouvel employé
sont principalement de lui faire connaître et comprendre l'entreprise,
favoriser son sentiment d'appartenance, susciter son adhésion, notamment
à la stratégie et à la culture. Rendre le tutoré
opérationnel, le former au métier, développer sa
performance au travail, fait partie de la finalité du tutorat. Au niveau
de l'Organisation, la socialisation renforce la cohésion du groupe,
développe la confiance, accroît l'attractivité,
réduit le turn-over de l'entreprise. Pour ce faire le tuteur doit
être en contact permanent avec le nouveau : « Plus une recrue
bénéficie de contacts fréquents avec un tuteur, plus elle
perçoit la culture de l'entreprise...» (Delobbe, Vandenberghe,
2001, p. 75)
La phase d'intégration est une étape
déterminante pour la socialisation. L'objectif poursuivi par le tuteur
doit toujours être la réussite du tutoré. Le tuteur exerce
cette responsabilité en réservant au salarié
embauché une qualité d'accueil, d'accompagnement dès le
premier jour de son arrivée.
Socialiser c'est aussi transférer des
compétences, opérationnelles et comportementales. En effet, il
s'agit d'une transmission d'expertise technique et organisationnelle à
travers l'exemplarité des savoirs faire du tuteur (cf. concept
compétences - référentiel Agent hôtelier).
L'apprentissage se fait par l'essai et l'erreur. (cf. concept Argyris "boucle
d'apprentissage") L'important est de comprendre la cause de l'erreur
("apprentissage en double boucle"). En pratique, le tuteur devra adopter une
stratégie afin que le tutoré "combine et mobilise" ses
ressources. (cf. définition de la compétence - Le Boterf)
En général, 6 étapes pédagogiques
doivent être observées (C. Benoît « la boîte
à outil du tuteur » 2010) : expliquer, montrer, faire-faire,
interagir, évaluer, réagir. Toutefois, pour assimiler, le
tutoré va traverser 4 phases (schéma ci-dessous : les 4 phases
de transfert)
1. Phase d'action
Le tutoré exécute reproduit agit en utilisant
les ressources disponibles
2.Phase d'explicita
tion
3. Phase de conceptualisation et de
modélisation
4. Phase de transfert
Regard sur la manière de gérer son
activité : le tuteur l'aide à analyser
Le tutoré comprend que la tâche apprise peut
être réutilisée dans des situations identiques
Il utilise l'expérience acquise dans d'autres
situations similaires ou différentes en s'accommodant
Schéma conçu par l'auteur à partir de
l'ouvrage "la boîte à outils du tuteur"
Il y a, bien sûr, interaction et échanges mutuels
entre tuteur et tutoré.
2. Les intérêts du tutorat :
Au travers de la définition et de la mission du
tutorat, nous pouvons commencer à entrevoir des pistes de
réponses à notre questionnement. Pour compléter nous
allons nous intéresser aux intérêts que le tutorat met en
jeu. (Christine Benoît « la boîte à outil du
tuteur » 2010)
Les avantages pour le tuteur :
Le tuteur est valorisé et reconnu. Il est perçu
différemment au sein de l'équipe. Il est reconnu pour son
professionnalisme, sa capacité à transmettre ses
compétences, à évaluer celles du tutoré. Il ne
subit pas le choix de la Direction du nouveau collaborateur, il est acteur de
ce choix.
Le tutorat permet au tuteur de se questionner sur ses propres
pratiques, valeurs et croyances, se situer ici et maintenant, se projeter dans
le futur et se préparer au changement.
Il s'enrichit de l'échange et de l'apport de
connaissances et d'autres expériences du nouveau salarié.
Les avantages pour le tutoré :
Le nouveau salarié bénéficie d'un
accompagnement personnalisé pour se confronter à la culture
existante, voir si elle lui convient, si les valeurs affichées sont en
adéquation avec ses croyances et les intégrer plus facilement. Il
permet de comprendre le métier, les comportements grâce à
un interlocuteur privilégié.
Il acquiert plus rapidement de l'autonomie. Il a un droit
à l'erreur. Il sait sur quoi il va être évalué.
les avantages pour l'entreprise :
Les avantages du tutorat se retrouvent à plusieurs
niveaux : sur le plan humain, on assiste à une valorisation des
pratiques existantes et des compétences globales de l'entreprise, la
professionnalisation des salariés en poste, la fidélisation des
entrants. Le climat dans l'entreprise est meilleur grâce au sens,
à la synergie et la dynamique instaurés par la démarche
tutorale.
Sur le plan qualitatif, le tutorat répond au besoin de
performance et de ne pas « perdre son âme ». Le
bénéfice est répercuté sur les usagers par une
continuité de la qualité du service rendu.
Sur le plan financier, cela améliore
l'efficacité, la polyvalence et réduit le coût du
turn-over. Il y a une diminution des risques d'erreurs et d'anomalies. La
gestion des ressources humaines est allégée.
Encore faut-t-il que le processus de tutorat réponde
à certaines conditions.
Section 2 - Les conditions de réussite du
tutorat
Plusieurs facteurs interviennent dans la
réussite du tutorat, le choix du tuteur (ou l'acceptation de sa
candidature par le Responsable) et la formalisation de la démarche
tutorale par l'entreprise. Les qualités de la personne tutorée
sont à prendre en compte également.
A/ Le Choix du binôme :
Il ne suffit pas de mettre en présence une personne
expérimentée avec une autre qui l'est moins pour que cela
fonctionne. Ainsi, repérer dans l'entreprise des salariés
susceptibles d'être tuteur n'est pas anodin.
En ce qui concerne les qualités du tuteur, un
classement en trois domaines de critères d'exigence est proposé :
le vouloir, le savoir, le pouvoir (ACTIF FORMATION - guidance et tutorat -
2007)
Le vouloir : la motivation pour assurer les
fonctions de tuteur est primordiale. Il est indispensable que
l'intéressé soit absolument volontaire pour
exercer une telle fonction. La fonction de tuteur demande du temps, de la
disponibilité, de la patience, de la persévérance. On ne
peut donc pas imposer de telles contraintes ni une telle charge à
n'importe qui.
Le savoir : la première ressource du
tuteur, c'est lui-même. Il doit avoir la connaissance de l'entreprise,
être compétent et même expert reconnu dans
son métier. Il sait analyser son poste. Ce critère est
certainement le plus facile à déterminer pour la
sélection du tuteur.
Le pouvoir : il doit avoir des
qualités personnelles dont certaines capacités
dans le domaine intellectuel, pédagogique, psychologique. C'est une
personne qui a le sens de la communication. Ouverte aux autres, à
l'expérience et à la nouveauté, c'est quelqu'un qui
inspire confiance. En fonction de son attitude, dans ses critiques ou
appréciations, les progrès seront gênés ou
favorisés. Le tuteur doit avoir également un caractère
stable et équilibré émotionnellement. Il a confiance en
lui et ne craint pas une remise en cause de son professionnalisme.
Il a le courage d'évaluer, de dire « non »,
« c'est pas bien ». Il sait faire face à la
résistance au changement qui a tendance à augmenter avec
l'âge.
Ces qualités sont plus rares à détenir,
plus difficiles à détecter, d'où l'utilité d'une
formation au tutorat.
En ce qui concerne les qualités du tutoré, une
première identification intervient en amont. La phase de recrutement
permet de détecter si la personne a des points de
référence dans ses savoirs passés en lien avec la culture,
si elle peut s'intégrer et apprendre, au besoin, en modifiant ses
représentations et en changeant de conception.
Ensuite, dans la phase d'intégration, le tuteur devra
adapter sa méthode pédagogique à la personnalité du
tutoré. En effet, chaque apprenant est unique et réagit
différemment en fonction de son système cognitif et de son
histoire. Par exemple, certaines personnalités sont impulsives, elles
agissent d'abord et réfléchissent ensuite alors que d'autres
contrôlent tout. Les unes sont prudentes, respectueuses des consignes,
ont peur de l'échec contrairement aux téméraires qui sont
rapidement autonomes et ont l'esprit d'initiative.
Outre ces traits de caractère, le tutoré devra
faire preuve de motivation, faire des efforts et s'engager dans la
démarche tutorale.
B/ Le tutorat, un projet d'entreprise :
Pour être un atout, le tutorat doit être une
volonté politique de l'Entreprise et s'intégrer dans sa gestion
des ressources humaines avec un processus précis et opérationnel.
Cela nécessite une réflexion en amont sur sa
nécessité, sa pertinence et ses objectifs. Tous les membres de
l'équipe, Direction, Responsables de services, doivent s'impliquer et
s'approprier le projet.
Organiser et réussir une démarche de tutorat
passe par les étapes suivantes :
- Informer :
Communiquer et créer un climat propice au
fonctionnement du tutorat est la première chose à mettre en
place. Pour cela, la Direction affiche sa volonté et informe l'ensemble
du personnel. Elle montre l'intérêt du tutorat pour tous les
acteurs et prévoit les moyens et le temps nécessaire pour
l'accomplissement de cette mission. L'élaboration d'une "charte du
tutorat" peut être un moyen de diffuser le message.
- Former :
La formation des tuteurs est indispensable car accompagner un
nouvel embauché ne s'improvise pas. L'objectif de la formation est de
permettre le repérage des éléments de la culture à
transmettre, cela demande une réflexion sur les pratiques de chacun :
connaissances, routines, compétences. Au préalable la Direction
doit avoir identifié les comportements souhaités, ce qui va
permettre aux futurs tuteurs de réfléchir et d'auto analyser
leurs propres comportements.
Un autre intérêt va être d'enseigner les
techniques de communication et la pédagogie à adapter en fonction
de la situation et du profil du tutoré. De même que comment passer
de la logique de production qui correspond à l'activité normale
qu'il faudra poursuivre, à une logique de formation. Par ailleurs, la
démarche tutorale doit être préparée et le tuteur
doit en connaître les principales étapes : organiser le parcours
du nouvel arrivant, l'accueillir, lui transmettre les valeurs,
l'intégrer dans le collectif de travail, préparer une
séquence de travail, expliquer et montrer le travail, faire
réaliser le travail sous contrôle, évaluer les acquis et la
progression, faire le bilan.
La question de la durée du tutorat se pose.
Jusqu'à quand peut-on être le tuteur d'une
personne ? Le but étant de rendre cette dernière
autonome le plus rapidement possible, la durée est variable. Il serait
intéressant dans l'étude de terrain de pouvoir préciser la
durée moyenne de ce dispositif.
- Encadrer
Pour accompagner le parcours du tutorat, le supérieur
hiérarchique remet une documentation sur l'entreprise. Une "boîte
à outil du tutorat" peut être créée qui
réunit un guide du parcours par étapes et documents utiles tels
que livret d'accueil, organigramme, protocoles, consignes de
sécurité, règlement intérieur, fiche de poste ou
référentiel de compétences, fiche d'évaluation.
Les managers créent également des conditions de
management favorables en allégeant la charge de travail du tuteur ou en
étant moins exigent sur le résultat ou la performance. Ils
supervisent l'ensemble du processus et jouent un rôle de conseil et de
soutien des tuteurs.
- Reconnaître
La reconnaissance des tuteurs est nécessaire pour
pouvoir les distinguer et les valoriser. Elle peut se faire sous plusieurs
formes. La plupart du temps elle est symbolique au travers du simple fait
d'avoir été choisi par l'entreprise et reconnu comme expert. Elle
peut être salariale, prime ou promotion et le temps supplémentaire
passé au tutorat peut être pris en compte. Certaines entreprises
remettent "un certificat de compétence ". Sans aller jusque là,
formaliser le tutorat par une sorte de contrat d'engagement entre toutes les
parties concernées, peut se montrer utile pour reconnaître la
Responsabilité qu'implique la fonction.
- Faire un bilan du dispositif
L'organisation se doit d'évaluer la démarche.
Cette dernière étape s'avère indispensable pour
déterminer si les objectifs fixés au départ sont atteints,
mesurer les écarts pour pouvoir les corriger, quels sont les freins et
les leviers.
Notre Deuxième partie consacrée à
l'étude pratique doit apporter une réponse à notre
hypothèse de départ. Pour nous servir de guide, le schéma
ci-dessous synthétise le concept du tutorat articulé avec les
apports des deux concepts précédents.
Schéma récapitulatif du tutorat
élaboré par l'auteur
RESERVOIR DE CONNAISSANCES
Culture d'entreprise et projet
d'Etablissement
- fondateurs, histoire, valeurs, métier
(compétences tacites/explicites, savoir-faire, savoir être)
- symboles rites
TRANSFERT
EMETTEUR = TUTEUR
Personnel expérimenté
Qualités :
- Bonne connaissance de la culture
- Compétences techniques et organisationnelles
reconnues.
- Envie de transmettre
- Pédagogie, caractère extraverti, facilité
de communication et d'écoute
RECEPTEUR
Le nouveau salarié
Qualités :
- Valeurs proches de celles de l'entreprise et du secteur
d'activité
- Intérêt pour apprendre
- Capacité à absorber les nouvelles
connaissances
- S'engager à coopérer, à partager
PARTIE 2 - ETUDE PRATIQUE
CHAPITRE 1 - PRESENTATION DU TERRAIN D'ETUDE
Section 1 - L'entreprise
La présentation de la Maison de retraite N-D de la
Ferrage a été abordée dans la première partie au
cours du diagnostic de sa culture. Nous allons maintenant vous présenter
succinctement le secteur des personnes âgées. Puis l'Etablissement
sera exploré dans sa fonction "Gestion de ses ressources humaines" au
sein desquelles nous allons intervenir, et plus particulièrement ses
caractéristiques qui sont en rapport avec notre recherche.
I - PRESENTATION DU SECTEUR PERSONNES AGEES
Ce secteur est partagé entre le domaine public et
privé, ce dernier étant divisé entre le secteur lucratif
et non lucratif.
Les Etablissements sont de tailles et d'orientations
variées :
- Unités de soins de longue durée,
- Aide à domicile,
- Services de soins infirmiers à domicile,
- Foyers logements,
- CANTOU GRANCHER_ 25/10/10 10:28
- Centres d'accueil de jour,
- Villages Retraite,
- Maisons de Retraite - EHPAD.
L'EHPAD, qui est la forme la plus répandue, peut
accueillir des personnes dépendantes parfois atteintes de la maladie
d'Alzheimer. La prise en charge de ces personnes nécessite un savoir
faire et savoir être particulier auxquels l'Etablissement ND de la
Ferrage est attaché. Les règles qui régissent leur
fonctionnement sont fixées par le code de l'action sociale et des
familles et il doit conclure avec l'Etat et le Conseil Général
une convention tripartite fixant pour une durée de 5 ans les objectifs
de qualité de prise en charge des résidents et ses moyens
financiers de fonctionnement. Il faut noter que les exigences des organismes de
tutelle en matière de qualité augmentent en même temps que
les restrictions budgétaires de l'Etat et des collectivités
locales. Il en résulte que les Etablissements doivent faire toujours
mieux avec moins de moyens financier et mener une gestion du personnel de plus
en plus serrée.
L'environnement :
La branche est en plein développement compte tenu de
l'allongement de la durée de vie et des maladies
dégénératives.
Au niveau national, de grands Groupes d'EHPAD se positionnent
sur le marché, avec des stratégies de croissance externe.
Au niveau régional, de nombreuses ouvertures de
structures d'accueil et d'extension d'Etablissements vont être
favorisées par le Plan Alzheimer 2008/2012. C'est dans le cadre de ce
plan que l'appel à projet a été lancé et que
l'extension de l'Etablissement a été autorisée.
Au niveau local, de nombreux Etablissements existent dans le
canton un autre Etablissement de même nature est implanté dans la
commune.
II - LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
L'effectif en personnel salarié est de 30 ETP
(équivalent temps plein) 40 à 50 personnes en effectif
réel. L'organigramme de l'établissement est joint en annexe
n°3.
La Gestion des Ressources Humaines est assurée par une
Directrice. Elle est assistée par quatre cadres :
- Un médecin coordonnateur,
- Une assistante RH, également responsable du service
cuisine et entretien,
- Une assistante de direction, également responsable du
service hôtelier,
- Une infirmière Référente, responsable
du service soignant.
- Un poste de psychologue a été
créé en début d'année. La personne recrutée
il y a trois mois, a bénéficié du tutorat et a fait partie
des personnes interrogées au cours de notre enquête.
Tous les métiers, quels qu'ils soient, productifs ou
fonctionnels, en contact direct ou pas avec le public accueilli, concourent au
bien être des personnes âgées.
Quelques incateurs sociaux de l'année
écoulée :
Nombre total de salariés employés sur
l'année (en personnes)
|
71
|
Nombre de personnes en C.D.I
|
39
|
Nombre de personnes en remplacement (CDD)
|
32
|
Nombre de Contrats aidés par l'Etat (CAE-CUI)
|
5
|
Arrêts maladie
|
14 (de 3 à 15 jours) + 1 longue maladie
|
Nombre de démissions
|
1
|
Ancienneté moyenne
|
11 ans
|
Il y a une forte proportion de femmes. La prédominance
du genre féminin s'explique par le métier.
pyramide des âges
Pyramide des anciennetés
Pyramides réalisées à partir de
données du logiciel de paie (cf. annexes 4 et 5)
Le recrutement
Le pré-recrutement est fait par l'Assistante R.H, les
entretiens d'embauche par la Directrice et le Responsable du service
concerné, sauf pour le recrutement des Cadres qui est du ressort du
Président. Les critères de recrutement sont basés tout
d'abord sur le diplôme exigé par la réglementation pour les
métiers du soin et dans la mesure du possible, sur l'adéquation
des valeurs et compétences du candidat par rapport à la culture
de l'entreprise.
La plupart des embauches s'effectuent dans le cadre de C.D.D
pour le remplacement des salariés en C.D.I absents et le renouvellement
des contrats aidés CUI tous les six mois.
Il n'y a pas beaucoup de turn-over, il se situe au niveau des
remplaçants. Les démissions sont rares (une en 2010), 3
licenciements en 27 ans (dont 2 aux prud'hommes) et 2 ruptures conventionnelles
depuis que la loi existe.
La dernière phase du recrutement qui est
l'intégration des nouveaux embauchés est réalisée
par le biais du tutorat.
Sur le marché de l'emploi, il y a une pénurie
d'aide-soignants diplômés et plus encore d'infirmiers D.E.. Les
agents hôteliers, sont recrutés sur la base d'un BEP sanitaire et
social ou DEAVS. (auxiliaire de vie sociale)
Le management
Le management, qui est du ressort des Responsables de service,
est plutôt de type participatif.
La communication est directe et facilitée par les
réunions d'équipe quotidiennes formelles et informelles.
- Pour les agents hôteliers 2 réunions formelles
par semaine, lundi et jeudi à 9h avec l'infirmière
référente pour discuter de tout ce qui touche à la prise
en charge des résidents. La responsable hôtellerie (organisation
du travail) n'y participe pas pour l'instant par manque de temps, elle
intervient ponctuellement en cas de besoin.
- Pour les soignants, un "staf" a lieu tous les jours
à 11h avec l'infirmière référente.
- 1 réunion par mois avec l'ensemble du personnel
animée par la directrice
- 1 Réunion hebdomadaire des cadres.
- Des pauses informelles sont tolérées au cours
de la journée (pause café, pause cigarette) qui permettent de
"souffler" par des échanges plus libres.
L'organisation du travail des équipes
:
Pour mieux appréhender le cadre de travail des
personnes interviewées, nous allons brosser un portrait de
l'organisation du travail dans les deux services concernés :
Hébergement/Hôtellerie et Soins qui sont le coeur du Métier
de cette entreprise. Nous ne parlerons pas du service Restauration qui n'a pas
pu faire partie de notre échantillon.
Il existe un référentiel de compétences
pour le métier d'agent hôtelier23(*) (cf. annexe 2).En revanche, le
référentiel de l'aide soignante, si spécifique en Maison
de retraite n'a pas encore été élaboré. En
règle générale, le support écrit utilisé
pour le tutorat est la fiche de poste.
L'Etablissement fonctionne 7 jours sur 7 et 24h sur 24h et les
horaires sont fait par roulement sur la quinzaine.
Pour les deux services, l'Etablissement est divisé en
cinq secteurs géographiques composé de dix chambres.
- Le service hôtelier est composé de cinq
"Responsables de secteur" affectés à un secteur. Par ailleurs, un
agent hôtelier appelé "le tournant" change chaque jour de secteur
car il a pour mission de remplacer les cinq responsables pendant leur jour de
repos hebdomadaire. La présence d'un agent hôtelier est
indispensable à partir de 7h30 du matin pour le service du petit
déjeuner en chambre, le midi et le soir pour le service des repas en
salle à manger, les week-end et jours fériés.
- Le service Soin, est organisé de façon
différente. Lorsque les aides soignantes prennent leur service du matin
pour effectuer la toilette des résidents, elles choisissent un secteur
et le notent sur une fiche prévue à cet effet. Cela leur permet
de connaître les habitudes de tous les résidents et de pouvoir
passer le relais à une collègue lorsque des prises en charges
sont très lourdes. Elles interviennent également pour le service
des repas en salle à manger. La présence, au minimum, d'une aide
soignante dans l'Etablissement est indispensable 24h sur 24h. Elles sont
encadrées par une infirmière.
Lorsqu'une nouvelle personne est embauchée, l'usage est
de la positionner "en double" sur un roulement, dans la mesure du possible sur
celui de la personne qu'elle va remplacer. Cela signifie qu'elle travaille en
binôme pour une durée qui varie de 1 à 2 jours (restriction
budgétaire oblige)
Section 2 - Le contexte de la mise en place du
tutorat
L'Etablissement a traversé différentes
évolutions marquantes que ce soit au niveau externe
(gérontologique, législative, politique, sociologique) ou interne
(réhabilitation, agrandissements, nouvelle technologie). Les personnes
qui y travaillent sont habituées aux changements. Toutefois le
changement prochain, l'extension en 2011 qui va doubler la capacité
d'accueil, est important et sans précédent dans l'histoire de la
Maison. Le projet de restructuration prévoit la création de 30
chambres supplémentaires, d'un accueil de jour de 10 places pour les
personnes atteintes de la maladie d'alzheimer et la création d'un PASA
(pôle d'activités et de soins adaptés) pour les personnes
âgées en grande difficulté.
L'ouverture du nouveau bâtiment est prévue pour
le 1° septembre 2011.
I - HISTORIQUE DE LA MISE EN PLACE
Pourquoi la Direction a décidé de mettre en
place le tutorat ?
L'origine de cette idée est apparue il y a une dizaine
d'années car certains salariés embauchés avaient du mal
à s'intégrer et surtout, à comprendre notre façon
de travailler. Cela avait des conséquences négatives : la
personne pouvait démissionner ou être exclue dès le
premier jour, complètement dépassée par la situation. Elle
pouvait être aussi confirmée dans son poste alors que le
Responsable n'avait pas pu vérifier son aptitude à l'occuper. Ce
dernier n'est pas au contact permanent des salariés. Bien qu'il demande
l'avis de son équipe qui a travaillé auprès du nouveau,
ces derniers, mêmes s'ils ont noté son incompétence,
n'osaient pas ou ne se sentaient pas investis de la responsabilité de le
dire.
Si la personne était recrutée, elle restait
constamment en décalage avec nos valeurs, rejetée par
l'équipe, répercutant une mauvaise ambiance et un mauvais service
pour l'usager. Il fallait attendre que le contrat de cette personne se termine
et lui dire qu'elle n'est pas compétente, sans qu'on puisse lui
expliquer objectivement pourquoi. Le plus souvent la personne était
frustrée, en colère, partait sur un échec.
Il est arrivé aussi qu'elle démissionne ne
pouvant pas supporter notre façon de travailler. On peut se demander
quelle image va-t-elle véhiculer à l'extérieur ?
Dans le secteur du handicap (CAT, IME) qui est dans la
même branche, il existait cette notion de
« référent » qui est la personne à
laquelle on peut se référer, qui peut guider. C'est à
partir de cette idée, dans un premier temps, qu'une fiche
d'évaluation a été élaborée par les cadres
et mise en place. Le salarié qui était le plus en contact avec le
nouveau était chargé de l'accueillir, l'aider, l'informer et
l'observer et rendre la fiche d'évaluation avant la fin de la
période d'essai. Mais ces personnes n'avaient pas toujours l'envie et
les qualités pour assurer cette mission.
II - LE CONTEXTE ACTUEL ET LA FORMATION AU TUTORAT
Le besoin de formaliser et de professionnaliser cette pratique
est venu avec le projet d'extension de l'Etablissement. La perspective d'un
recrutement important a conduit la Direction à imaginer un moyen de
transmettre notre façon de travailler pour pérenniser la
qualité de la prestation offerte aux résidents,
conformément au projet d'Etablissement.
Le projet de formation a été la première
étape de la démarche tutorale. La recherche d'organismes
proposant une telle formation adaptée à la situation n'a pas
été facile car dans la branche, le tutorat existait bien pour les
stagiaires de la formation en alternance mais pas pour les nouveaux
salariés. L'organisme ACTIF FORMATION a été retenu
(cf. le programme en annexe n°11). La Directrice a
sélectionné une équipe pluridisciplinaire de
salariés pressentis pour exercer la fonction de tuteur (les plus anciens
et expérimentés). Douze employés et cinq cadres ont suivi
la formation. L'outil construit ensemble appelé "guide du tutorat", est
un support écrit pour aider à la fois tuteur et tutoré
dans leur parcours. Le tutorat des
nouveaux salariés a été mis en place début 2010. Ce
dispositif vise à intégrer le plus rapidement possible les
salariés embauchés dans les meilleures conditions. Les tuteurs
ont aussi la responsabilité d'évaluer le tutoré pendant sa
période d'essai. Depuis le 1er mars 2011, une
rémunération pour le tuteur a été instituée
pour reconnaître cette mission : une prime sera versée
après chaque mission de tutorat accomplie (de l'accueil à
l'évaluation finale).
Aujourd'hui, le tutorat fonctionne mais personne n'est en
mesure de dire quel est son impact.
L'évaluer est nécessaire avant l'étape de
l'ouverture du nouvel Etablissement et le recrutement de nouvelles personnes en
C.D.I.
CHAPITRE 2 - PRESENTATION DE LA METHODE DE
RECHERCHE
Section 1 - La méthode de recherche
utilisée
Pour vérifier notre hypothèse nous devons
recueillir des données et des informations. Nous avons choisi d'utiliser
l'entretien semi directif car cette méthode d'investigation semble la
plus appropriée lorsqu'il s'agit de relations humaines. En effet,
l'entretien se pratique pour une approche qualitative (Blanchet24(*)).
Pour étudier la connaissance de la culture et comment
sont transférés les savoirs organisationnels par les tuteurs, ce
mode de communication facilite l'expression et l'interprétation des
logiques de pensée, des raisonnements, un vécu de pratiques, des
comportements. L'entretien semi-directif laisse une liberté de parole
aux interlocuteurs, mais elle est canalisée par des questions
afférentes au sujet d'étude.
Selon R. Quivy et L. Van Campenhoudt25(*), l'entretien permet
"l'analyse du sens que les acteurs donnent à leurs pratiques et aux
événements auxquels ils sont confrontés : leurs
systèmes de valeurs, leurs repères normatifs, leurs
interprétations de situations conflictuelles ou non, leurs lectures de
leurs propres expériences".
Les questionnaires (cf. annexe 7 et 8) ont été
bâtis à partir d'un tableau de synthèse qui reprend les
concepts, la problématique et les hypothèses.
Section 2 - Elaboration de la grille d'entretiens
Synthèse pour l'élaboration de la
grille
Les concepts utilisés
|
Les pré-requis pour l'Entreprise
|
La problématique et l'hypothèse
|
Objectifs
|
Moyens et outils, le tutorat, par le biais :
|
La culture d'entreprise et le Projet d'Etablissement
|
Diagnostic de la culture et diffusion par l'organisation.
Cohérence entre valeurs affichées et
pratiquées.
Diagnostic des emplois et des compétences (fiches de
poste, référentiels).
Existence pour les salariés d'une identité
professionnelle commune.
|
Pérenniser la culture.
Maintenir présentes dans les pratiques, les valeurs de
l'économie sociales et de l'Etablissement.
S'enrichir de l'expérience des autres.
Traverser une période de changement dans la
stabilité.
Faire coïncider les valeurs personnelles du nouvel
embauché avec celles de l'entreprise.
|
- du Tuteur, personne expérimentée, motivée
et reconnue, qui a la connaissance et les compétences pour transmettre
les valeurs
- de tous les acteurs de l'entreprise.
-de la Boîte à outils du tutorat composée de
tous les documents écrits d'information sur l'entreprise : charte,
projet d'Etablissement, livret d'accueil
|
La transmission des connaissances et des savoirs
tacites et explicites
|
Existence d'un émetteur expérimenté qui a la
connaissance et la volonté de transmettre.
Présence d'un récepteur qui a la capacité et
la motivation pour apprendre.
Nécessité d'un contexte favorable (style de
management).
|
Connaissance par les nouveaux salariés des données,
des informations, des règles. Adhésion aux valeurs.
Intégration rapide dans la communauté
professionnelle
|
-d'une relation personnelle et privilégiée.
- d'une méthode organisée de socialisation :
accueillir,
informer, former, expliquer, montrer, accompagner,
écouter, évaluer.
-d'un tuteur sélectionné et formé, qui
maîtrise la communication, la pédagogie et qui a des
capacités personnelles.
|
Synthèse pour l'élaboration de la grille
(suite)
|
|
La problématique et l'hypothèse
|
Les concepts utilisés
|
Les pré-requis pour l'entreprise
|
Objectifs
|
Moyens et outils, le tutorat, par le biais :
|
L'apprentissage des connaissances
|
Relation de confiance.
Coopération.
Capacité cognitive de l'apprenant.
|
Assimilation, accommodation.
Apprentissage en simple et double boucle.
Eviter les routines défensives.
|
- d'un tutoré motivé et engagé dans la
démarche collective.
- dont les valeurs personnelles sont proches de celles de
l'entreprise
|
La transmission des compétences
|
Compétences clés, routines reconnues et
validées.
Outil pour transmettre les compétences.
Bons comportements identifiés par la Direction
|
Autonomie des nouveaux le plus rapidement possible.
Gestion des résistances.
Création de nouvelles compétences.
|
- de temps de contacts permanents
- de référentiels de compétences.
- de situations diverses un peu similaires et quelque peu
différentes
- d'un collectif de travail.
|
Les grilles d'entretien du tuteur et du tutoré sont
composées de 6 questions principales complétées par des
questions de relance pour guider la personne sur les thèmes qui
pouvaient nous intéresser. Nous avons noté pour chaque question
les informations que nous comptons obtenir, afin de ne pas nous égarer
pendant l'entretien.
Chaque interview a été enregistrée et
retranscrite dans son intégralité. Préalablement à
chaque rencontre, le cadre et les conditions de l'entretien ont
été rappelées à la personne : le mémoire de
recherche du Master 2 RH, les raisons de l'enregistrement audio, l'anonymat, la
confidentialité des débats et la neutralité. Il est
précisé qu'il n'y avait pas de bonne ou de mauvaise
réponse mais que la sincérité des propos est attendue.
L'échantillon :
Le choix des personnes interviewées s'est porté
sur deux catégories qui sont les principaux acteurs du tutorat :
- d'une part, les tuteurs et qui ont suivi la formation au
tutorat. Ces derniers ont été sélectionnés avec des
profils différents en fonction de leur ancienneté, leur
qualification, leur niveau, ce qui devrait apporter des discours
différents qui viendront enrichir notre information.
- d'autre part, les bénéficiaires du tutorat,
les tutorés. Leur fonction et leur ancienneté est variable ainsi
que la nature de leur contrat de travail ; ce dernier critère peut
être un facteur d'influence pour leur adhésion et
intégration.
Pour ces deux types de salariés, nous avons
souhaité qu'ils soient tous dans la même situation,
c'est-à-dire faire partie de l'effectif au jour de l'entretien, pour ne
pas fausser les témoignages. Toutes sont des femmes, sachant que dans
l'Etablissement il y a un pourcentage d'hommes de 1%.
Le nombre de personnes interrogées dans les deux
catégories doit être équilibré (cours de
méthodologie S. Madonna). Nous n'avons pu désigner qu'un maximum
de cinq personnes tutorés. Cela s'explique car l'embauche de nouveaux
salariés s'effectue principalement dans le cadre de remplacements en
contrat à durée déterminée, et la plupart d'entre
eux ne font plus partie de l'effectif.
Par conséquent, cinq tuteurs et cinq tutorés
seront entendus.
Les entretiens se répartissent de la façon
suivante :
LES TUTEURS
|
ancienneté
|
Fonction
|
Tranche d'âge
|
Catégorie socio professionnelle
|
E.009
|
27 ans
|
Aide soignante diplômée
|
46/55
|
Employé
|
E.011
|
8 ans
|
Agent hôtelier
|
36/45
|
Employé
|
E.016
|
30 ans
|
Aide soignante diplômée
|
46/55
|
Employé
|
E.013
|
21 ans
|
Aide soignante diplômée
|
36/45
|
Employé
|
E.017
|
10 ans
|
Agent hôtelier
|
46/55
|
Employé
|
LES TUTORES
|
ancienneté
|
Fonction
|
Catégorie
socio prof
|
Tranche d'âge
|
Nature du contrat de travail
|
E.006
|
1 an et demi
|
Médecin coordonnateur
|
Cadre
|
46/55
|
CDD
|
E.007
|
11 mois
|
Agent hôtelier
|
Employé
|
36/45
|
CDD
|
E.008
|
11 mois
|
Agent hôtelier
|
Employé
|
46/55
|
CUI (contrat aidé)
|
E.011
|
1 an
|
Aide soignante non diplômée
|
Employé
|
26/35
|
CUI (contrat aidé)
|
E.015
|
4 mois
|
psychologue
|
Cadre
|
26/35
|
C.D.I.
|
Nous avons pensé que pour enrichir notre analyse, une
comparaison entre les résultats des entretiens des tuteurs et des
tutorés peut être intéressante. C'est pourquoi, notre
méthode a mis en parallèle pour chaque thème le point de
vue des tuteurs et des tutorès.
Les prises de contact :
Après avoir présenté la méthode
à l'équipe de Direction, il a été convenu
d'annoncer le projet d'évaluation du tutorat à l'ensemble du
personnel lors de la prochaine réunion mensuelle. Mais, cette
dernière ayant été repoussée nous avons
décidé d'organiser les rendez-vous lors des réunions qui
existent par service (cf. annexe 4 : le discours de présentation et le
récapitulatif des rendez-vous)
La plupart des personnes sollicitées ont répondu
oui spontanément. Mais des relances ont été
nécessaires pour obtenir des rendez-vous et s'adapter aux
disponibilités de chacun. La perspective du dictaphone a peut-être
aussi freiné le volontariat.
De la prise du premier rendez-vous à la fin des dix
entretiens il s'est écoulé trois semaines.
CHAPITRE 3 - ANALYSE DES RESULTATS
Section 1 - l'analyse des entretiens
(cf. annexe n° 9 et 10 -exemple d'entretien retranscrit
d'un "tuteur" et celui d'un "tutoré")
L'objectif de ce travail est de vérifier si les moyens
et outils mis en oeuvre par le biais du tutorat permettent de valider ou
invalider notre hypothèse principale "le tutorat est un mode
approprié de transmission de la culture d'entreprise et des savoirs
organisationnels".
La première étape de l'analyse a
été de dégager de cette proposition, 8
sous-hypothèses (apparaît en orange pour la clarté
synoptique) puis nous avons classé les verbatim (reproduction
fidèle des propos prononcés par les interviewés) des
tuteurs et des tutorés en fonction de ces items. Nous avons
également recueilli les propos concernant le temps d'intégration
sous un item ainsi que les freins et les leviers (cours de méthodologie
de Hind Gaigi).
Dans la deuxième étape nous avons
interprété les réponses.
I - PREMIERE ETAPE : RECCUEIL ET CLASSEMENT THEMATIQUE
DES DONNES
Entretien TUTEURS
|
1° sous hypothèse : le tuteur est une personne
expérimentée, reconnue
(le choix du tuteur) il maîtrise la
communication, la pédagogie et il a des capacités
personnelles.
|
E.009
|
A mon sens, je pense que c'est parce que cela fait longtemps
que je travaille dans la maison, j'ai beaucoup d'années
d'expérience dans la même fonction, je connais bien le
fonctionnement, et tout ce qu'on demande comme qualités pour travailler
ici que ce soit dans le travail ou la connaissance. On m'a demandé de
faire cette formation.
Qualités : il faut qu'il soit avant tout
tolérant, ne pas exiger que la personne soit efficace dans un premier
temps. Il faut aussi être disponible, ce n'est pas facile car on tutore
pendant qu'on travaille.
Il faut avoir un échange facile, mettre la personne
à l'aise.
|
E.011
|
Cela fait presque 10 ans que je suis là et je pense
avoir de l'expérience. Et par rapport à mon vécu de tous
les jours je suis plus à même de transmettre ce que j'ai
moi-même appris au fil des années. Quand j'ai commencé il
n'y avait pas de tutorat, on nous a expliqué le travail et on a appris
au fil des années.
Qualités : l'écoute, beaucoup de patience, ne
pas hésiter à répéter, être très
proche de la personne et lui laisser le temps, voir comment elle évolue
tout en expliquant.
|
E.013
|
Je pense que c'est par rapport à mon ancienneté,
cela fait longtemps que je suis dans la maison, je connais bien
l'Etablissement, le personnel, les résidents.
Qualités : la patience
|
E.016
|
Je pense que c'est parce que je suis dans la maison depuis
longtemps, que je suis quelqu'un de très bien (rires). C'est aussi une
question de confiance de la hiérarchie.
Qualités : il faut qu'il soit très patient, et
avenant
|
E.017
|
Parce qu'il y a longtemps que je suis ici. C'est
l'ancienneté.
Pour moi c'est normal qu'une ancienne montre à une
nouvelle.
Toutes les anciennes peuvent le faire.
Qualités : patient, il faut respecter, être
à l'écoute de l'autre
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
Elle a réussi à m'intégrer dans
l'équipe. Elle m'a laissée faire, elle ma guidée sans que
je voie que j'étais guidée.
Je n'ai pas commis d'erreurs puisqu'elle elle m'a
empêché de le faire.
Elle m'a beaucoup apporté sur la relation humaine.
|
E.008
|
C'est quelqu'un qui s'implique, pose des questions. Elle est
très présente, elle m'aiguille. Le tuteur aide, c'est elle "qui
vous fait le petit chemin".
|
E.007
|
c'était un peu ma confidente lorsqu'il y avait des
choses plus difficiles
|
E.010
|
Je trouve plus logique d'être tutoré par la
personne avec laquelle on est le plus souvent.
Mon tuteur m'impressionnait, j'étais moins à
l'aise avec elle qu'avec les autres.
|
E.015
|
Je n'ai pas investi le tutorat parce que ma tutrice
n'était pas là les jours ou je travaille. Je pense quelle aussi
se questionnait car elle n'avait pas l'habitude de tutorer.
|
Entretien TUTEURS
|
2° sous hypothèse : le tuteur est une personne
motivée (volontariat et intérêt personnel)
|
E.009
|
Oui, je suis volontaire.
|
E.011
|
C'est du souci, de la responsabilité, c'est du travail
en plus, mais quand on voit que la personne s'est intégrée, c'est
bien. Par contre si la personne s'en va, on a l'impression d'avoir
travaillé pour rien.
Je me suis sentie un peu obligée, par rapport à
mon ancienneté, et à la formation que j'ai suivie.
Mais avec l'expérience, cela va mieux.
|
E.012
|
Pas toujours volontaire, c'est arrivé qu'on me
l'impose. Récemment j'ai choisi de l'être. Maintenant, je me sens
libre de dire oui ou non.
|
E.016
|
Je l'ai fait avec plaisir. On le fait depuis de nombreuses
années. On l'a nommé tutorat mais on le faisait bien avant.
|
E.017
|
Oui. Je me dis cela fait partie de mon travail, de mon
rôle, mais cela prend beaucoup de temps, c'est long mais on doit le
faire.
|
TUTORES
|
Ils n'ont pas été interrogés sur cette
question
|
Entretien TUTEURS
|
3° sous hypothèse : le tuteur a la connaissance de
l'histoire, des valeurs, du métier et les transmet
|
E.009
|
Les valeurs sont assez communes au secteur d'activité,
comme dans l'Etablissement. C'est d'abord le respect de la personne, la
convivialité, l'intérêt qu'on porte aux résidents,
la patience, le savoir être, savoir-faire.
Ce sont les valeurs qu'on véhicule auprès de
tout le monde.
Notre façon de travailler, c'est le travail
d'équipe qu'on met en
avant : pour s'occuper d'une personne il y a toute une
équipe, il va falloir travailler avec toutes ces personnes.
Si on ne sait pas travailler en équipe, ce n'est pas
possible.
|
E.011
|
Oui en gros comment l'association s'est crée : je
ne me souviens pas du nom de la bienfaitrice, c'est une association loi 1901
à but non lucratif, pour les indigents du village,
C'était régi par les soeurs. L'histoire c'est
important, c'est le lien avec le passé.
Les valeurs sont humaines, les gens sont
écoutés, il y a un le respect de la personne, la communication,
savoir écouter les autres, aussi bien pour nous que pour la personne
âgée. C'est la différence si on travaille dans une grande
surface par exemple.
|
E.012
|
Je connais l'histoire qui remonte à longtemps, c'est un
don d'une personne puis progressivement ce sont des soeurs qui l'on eu au
départ. Après une Maison de retraite s'est installée, puis
il y a eu le projet d'Etablissement.
Les valeurs sont l'accueil de la personne et ce qui
l'entoure, les soins et le bien être de la personne.
|
E.016
|
Oui, bien sûr. Etant ici depuis longtemps, j'ai
participé au projet de vie, on l'a fait ensemble. La Ferrage c'est ma
maison secondaire.
|
E.017
|
J'en connais quelques unes : les valeurs de l'humain,
l'humour, la joie de vivre, la discussion avec les personnes, le respect,
l'intimité que je transmets au tutoré. J'ai participé au
projet d'Etablissement.
L'histoire je la connais.
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
Ce que j'ai retenu de l'histoire c'est l'origine de la Maison
avec la bienfaitrice qui a donné cette maison
La façon dont elle a été transmise aux
soeurs et puis aux laïques, les valeurs de respect qui devraient exister
dans toutes les Maisons de Retraite
La pratique était en concordance complètement
Ce qui m'a le plus frappé c'est la façon dont on
entend parler des résidents qui nous ont quittés lors de la
réunion mensuelle de tout le personnel, cette mémoire. L'absence
de blouses m'a surprise.
|
E.008
|
L'histoire, mon tuteur ne m'en a pas parlé. Je sais que
c'était une maison tenue par des soeurs, je ne sais pas comment c'est
devenu une maison de retraite.
Ce qui m'a marqué au niveau du comportement du
personnel c'est que tout le monde est complice, se donne la main, est
solidaire.
La tenue m'a choquée, une infirmière m'a
expliqué pourquoi, parce que la Maison de retraite ce n'est pas
l'hôpital.
|
E.006
|
Dès mon arrivée, on m'a expliqué
l'histoire, les valeurs, ce que l'institution attendait de moi.
Les valeurs c'est l'attente envers le résident, le
respect, l'intimité.
|
E.007
|
L'histoire, mon tuteur m'a dit que c'était tenu par
les soeurs avant. Les valeurs humanistes et un bon travail d'équipe.
Cela fait une grande famille. Ici le résident se croit chez lui, se sent
à l'aise. Ce qui est particulier c'est de ne pas porter de tenue.
D'être nous même auprès des résidents.
|
E.015
|
Elle m'a permis de voir la philosophie de la Maison de
retraite. En lisant le projet d'Etablissement, les valeurs et la
philosophie de l'Etablissement cela donne une idée, c'est un projet
humaniste. Cela se voit quand on travaille ici. C'était cohérent
avec ce que j'avais lu.
|
Entretien TUTEURS
|
4° sous hypothèse : tous les acteurs de
l'entreprise sont
partie-prenante du tutorat
|
E.009
|
Je me sens complètement soutenue. Je ne me suis jamais
sentie seule que ce soit avant ou après la formation. C'est quelque
chose qu'on fait en équipe.
Les premiers jours c'est le tuteur qui va montrer
l'Etablissement et après on est soutenu par les autres soignants et les
autres fonctions.
Ce n'est jamais individuel
Même si le tuteur c'est une personne, c'est un travail
d'équipe.
|
E.011
|
Je me sens soutenue car je peux demander de l'aide à
mes collègues quand il y a un souci
|
E.012
|
Tout le monde participe. Je ne suis pas tout le temps
là pour l'encadrer et après on fait des échanges entre
nous, ce sont plutôt des collègues.
L'infirmière référente est là si
on a un problème.
La Direction ? Oui, à la fin mais pas au moment ou
la personne est en double avec nous.
|
E.016
|
Je suis très soutenue et je veux être soutenue,
par toutes mes collègues de travail. J'intègre tout le monde.
Dans les soutiens il y a aussi l'infirmière référente, la
psychologue.
|
E.017
|
Oui par les autres agents hôteliers.
La responsable du service pour l'évaluation.
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
La Directrice m'a beaucoup aidée par sa sympathie et
son accueil
|
E.008
|
Oui, elle m'a montré d'autres personnes et moi je
demande aussi à d'autres collègues de travail plus anciennes pour
poser des questions, au cas où ma tutrice aurait oublié de me
dire quelque chose. Elle m'a présentée, m'a dit "les bureaux sont
à tel endroit, tu peux demander à telle ou telle personne".
|
E.006
|
J'ai eu à faire à tout le monde, la directrice,
le chef de service hôtelier, des soigants, la GRH. C'est le tuteur qui ma
montré qui était qui.
|
E.007
|
En fait j'ai eu plusieurs tuteurs.
On m'a expliqué le rôle des personnes de la
direction et pour quelles raisons on pouvait les déranger.
L'infirmière intervient pour les transmissions.
|
E.015
|
Le Médecin coordonnateur, l'infirmière
référente, et avec la directrice. Il y a les personnes
ressources. Au niveau de la hiérarchie, l'infirmière
référente, mais aussi la Responsable du service hôtelier
qui nous aide pour l'évaluation
|
Entretien TUTEURS
|
5° sous hypothèse : la formation des tuteurs et la
"Boîte à outils du tutorat" composée de tous les documents
écrits d'information sur l'entreprise, charte, projet d'Etablissement,
livret d'accueil, facilitent la transmission des savoirs organisationnels.
|
E.009
|
nous avons toujours encadré les nouveaux arrivants et
n'avions pas d'outils. Cela se faisait mais nous manquions de formation. Depuis
la formation, on a des trames. Avant, on regardait, on jetait des coups d'oeil.
Quand on nous l'a proposé, j'ai trouvé que
c'était un plus. Accueillir, autant le faire avec une réflexion.
Ce que j'ai appris en formation, c'est de ne pas mettre la personne en
difficulté. Mettre tout en oeuvre pour éviter cette
difficulté. Avant la formation ce n'était pas une notion que
j'avais. le projet écrit leur permet de voir qu'on ne fait pas cela
par hasard.
Lire les projets personnalisés de chacun, puis arriver
à discuter de ça. Voir déjà ce qui est
écrit.
|
E.011
|
Avant la formation, on doublait, on faisait l'impasse sur
beaucoup de choses. Sur le respect de la personne, on ne nous expliquait pas
tout ce qu'il y a dans le projet d'Etablissement qui est fastidieux à
lire.
|
E.012
|
La formation m'a aidée, le Guide aussi.
Dans un premier temps je lui demande de lire le projet
d'Etablissement
|
E.016
|
J'ai toujours accueilli, expliqué le fonctionnement
mais on a eu des outils pour le faire. Je vois la différence, on le
faisait sans le cadre, c'était "il a une bonne tête" donc
ça va aller.
Je pouvais me braquer sur un comportement, maintenant je
réfléchis un peu plus, j'explique les choses.
|
E.017
|
Je lui donne le dossier "guide du tutorat" le premier jour
dans la matinée.
il y a un compte rendu de l'histoire dans le petit livret du
tutorat, car nous pouvons oublier. Il est très bien fait ce livret, tout
est écrit au niveau des informations.
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
Le projet a été lu petit à petit
|
E.008
|
J'ai regardé, feuilleté les documents.
Je n'ai pas lu le projet d'Etablissement.
|
E.006
|
je l'ai lu, dans le projet d'Etablissement, un peu en
travers.
Les termes sont clairs, cela correspond à la
réalité
le dossier vert dans lequel tout est marqué
|
E.007
|
J'ai lu aussi le projet d'Etablissement. C'est bien
expliqué.
|
E.015
|
...en lisant le projet d'Etablissement...
Pas d'évaluation de faite pour l'instant. Non je n'ai
pas eu le guide de tutorat. Elle me l'a montré mais ne me l'a pas
remis.
|
Entretien TUTEURS
|
6° sous hypothèse : la transmission des
connaissances explicites et tacites nécessite
- une relation personnelle et privilégiée et des
contacts permanents,
- d'une méthode organisée de socialisation :
accueillir, informer, former, expliquer, montrer, accompagner, écouter,
évaluer.
|
E.009
|
les premiers temps les contacts sont permanents, en double en
principe 2 à 3 jours. Après il y a un relais.
Il faut trouver le créneau où il faut parler,
discuter.
La personne nous expose son vécu, son parcours.
C'est pourquoi on a organisé le parcours du
tutoré par demi-secteur pour pouvoir être à
proximité de son tuteur.
...avoir tout le temps l'exemple sous les yeux. Il faut
répéter et reprendre puis elles comprennent.
Je leur explique qu'ici on travaille autrement.
Du coup, elles réajustent.
|
E.011
|
On fait 2 chambre ou 3 ensemble et je montre bien comment je
procède, le protocole du nettoyage de la chambre et de la salle de bain
et après je la laisse faire et je lui demande si cela s'est bien
passé ou alors on fait une chambre à 2 ; pendant les 2 jours
où on est ensemble.
Tout en travaillant, je montre comment on doit faire. Le plus
facile à transmettre c'est tout ce qui est technique car la
personne doit faire pareil, c'est une routine. Pour le travail d'équipe,
cela dépend des personnes, c'est plus délicat.
Il y a trois évaluations en principe, je n'en ai fait
qu'une.
j'aime me sentir au même niveau que la personne, et cela
se passe bien.
|
E.016
|
je les veux près de moi. Je prends un secteur à
côté d'elles, je me sens mieux. En général je ne les
lâche pas, elles me suivent pendant un moment. Je suis près,
géographiquement ; les premiers jours on est ensemble pour qu'elles
m'observent.
quand on est tuteur de quelqu'un, on est tuteur à vie.
On nous a appris en formation, qu'il ne faut pas
évaluer tous les jours, pour qu'elles se sentent libres, qu'elles aient
le temps.
Le premier jour, ce temps je le prends pour visiter la maison,
quoi qu'il arrive.
|
E.017
|
On n'a pas le temps de faire l'entretien d'accueil. Je prends
dix minutes pour lui faire visiter la Maison et en même temps, je lui
explique et lui parle du respect de la personne âgée.
Le contact permanent n'existe que le premier jour,
après je ne l'ai plus vue.
Je fais une chambre et elle me regarde elle ne fait rien, et
tout en faisant, je lui explique, et après on fait une chambre ensemble.
Ensuite je la laisse faire les autres chambres.
L'évaluation, je l'ai faite deux mois après car
j'étais en congés.
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Entretien TUTORES
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E.006
|
En fait je suis en contact permanent avec ma tutrice car on
est dans le même bureau.
Elle est en train de m'apprendre mais elle ne sait pas qu'elle
me l'apprend.
C'est la gestion des résidents qui viennent dans le
bureau demander des choses délirantes. Cette façon de faire, de
détourner la conversation et de les ramener dans la chambre.
Pour les compétences relationnelles il faut voir faire
et bien assimiler
Les compétences humaines m'ont beaucoup
été données par mon tuteur et les compétences
techniques ont été acquises par ma formation.
Je le savais, ici j'ai appris à le faire, je pense que
je le faisais mal.
Oui, oui, oui, j'ai été
écoutée. Ce que j'ai instauré, c'est....
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E.008
|
Contacts pendant une semaine après elle m'a
lâchée, puis elle est revenue pour faire une évaluation.
Il faut se présenter, dire bonjour, taper à la
porte d'abord. Elle ne m'a pas expliqué pourquoi, pour elle c'est
naturel.
...mais si j'ai fait une faute quelque part je sais qu'on va
venir m'aider, on ne va pas me le reprocher.
J'ai montré aux autres comment s'organiser.
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E.006
|
mon tuteur était très présent avec
moi.
je suis arrivée j'étais en double avec elle, le
premier jour, le lendemain j'étais seule.
Chaque pause on discutait ensemble pour parler de ce que je
ressentais et cela a duré un bon mois.
c'est surtout l'accompagnement, c'est ce geste que j'ai
vraiment mis en place qui consiste, au lieu de faire, d'accompagner à
faire. Je suis plus dans l'attente et la patience. Aider la personne pour
qu'elle fasse.
Je l'ai vu faire, par une personne en particulier qui m'a
aidé à mieux comprendre
Elle m'a appris à écouter le résident,
"viens voir je vais te montrer la posture à avoir face à la
personne : ne pas lui parler de haut, se mettre à la même hauteur
qu'elle, à sa portée, on ne parle pas tout le temps, il faut
aussi écouter"
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E.007
|
Je n'ai été en double que les deux premiers
jours et après seule sur un secteur.
je n'étais pas tout le temps avec mon tuteur, souvent
c'était une autre Aide soignante. Mais cela n'a pas été
gênant pour mon apprentissage
On crée plus une affinité avec le contact.
Je devais être évaluée sur une personne de
mon choix, une toilette. Mon tuteur me regardait. Elle était dans la
salle de bain, puis le point sur l'évaluation a été fait
avec l'infirmière.
Oui j'ai été écoutée, j'ai pris quelques
initiatives
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E.015
|
Je suis arrivée le premier jour ma tutrice était
là pour me faire visiter l'Etablissement. Ce quelle m'a dit était
utile
Ma tutrice n'était pas là les autres jours ou je
travaille
Les contacts n'étaient pas nombreux mais ce
n'était pas ma demande non plus.
Pas d'évaluation de faite pour l'instant
je me suis sentie bien accueillie, écoutée.
j'ai pu apporter quelques petites réflexions
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Entretien TUTEURS
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7° sous hypothèse : pour apprendre, le
tutoré doit être motivé et engagé dans la
démarche collective.
Il doit avoir des valeurs personnelles proches de celles de
l'entreprise.
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E.009
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Ca dépend beaucoup aussi de la personnalité
J'ai eu une jeune qui n'avait pas d'expérience, elle
avait fait seulement des stages mais avait beaucoup de motivation.
Ca tient aussi à la personne : il y a des personnes qui
arrivent à communiquer, d'autres pas. Le tuteur aide à ce
niveau.
Je n'ai jamais vu de cas ou il y a un mauvais rapport,
même si chacune a son caractère.
L'âge ne joue pas toujours un rôle comme on
pourrait le croire, ce n'est pas une barrière, c'est surtout au niveau
de la longueur et de la teneur du vécu professionnel. Une personne qui
n'a jamais travaille dans un EHPAD, et une personne qui a un qui a un
vécu professionnel n'a pas la même attitude
Pour les plus jeunes, qui ont peu de connaissances, elles sont
en demande, on a plus une approche éducative.
Ce sont les valeurs qu'elles ont développé
proches des nôtres. Celles qui restent et qui re signent, pour 6 mois ou
des remplacements, je pense qu'elles ont des valeurs proches des nôtres.
Je pense que c'est difficile de s'adapter quand on n'a
pas les mêmes valeurs.
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E.011
|
On peut tomber sur des personnes qui sont plus dures à
comprendre mais cela ne m'est pas arrivé.
J'ai le sentiment que les personnes qui se présentent
ont déjà une petite vocation. Elles savent qu'on travaille
auprès de personnes âgées. Celles qui sont parties au bout
de 2 jours, c'était parce qu'il y a trop de travail, c'était trop
dur pour elles.
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E.012
|
Je le leur dit et quelquefois j'arrive à les faire
changer. D'autres s'en vont tout de suite.
Je pense qu'il faut qu'il arrive avec les mêmes valeurs,
sinon il ne peut pas s'adapter. J'ai un cas en tête qui avait les
mêmes valeurs, mais pas du tout le sens du travail d'équipe, elle
ne s'est pas adaptée.
Je pense qu'elle aurait pu s'adapter si elle n'avait pas eu si
peur.
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E.016
|
C'est difficile d'être tuteur de quelqu'un qui ne
correspond pas (impatience, exaspération) dans le comportement car cela
ne pourra pas coller.
Comme elle est bien ici, elle a fait l'effort de s'adapter.
Si le tutoré fait ce travail sans plaisir, cela se
voit, et cela ne pourra pas changer.
Il y a des gens qui peuvent passer un an ici, et qui ne seront
pas intégrés. Des gens dont la façon d'être ne
correspond pas (c'est personnel, je ne parle pas du travail mais quand il
s'agit de faire partie d'une équipe, il faut plaire à une
majorité, c'est extrêmement important pour rester)
Il y a des gens qui arrivent à se fondre, qui
s'adaptent
Il y en a qui font des efforts, d'autres pas. Cela ne se fait
pas tout seul
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E.017
|
C'est plus dur selon la personne à tutorer
La dernière avait les mêmes valeurs, elle s'est
vite adaptée. Celle qu'on n'a pas gardé n'avait pas les
mêmes valeurs.
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Entretien TUTORES
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E.006
|
Je viens du secteur libéral, je n'avais aucune
expérience en Maison de Retraite. Ma clientèle est
composée de gynécologie et pédiatrie.
je pense que j'avais peur des personnes âgées,
avant d'arriver ici
Et en l'espace de moins d'un mois je me suis prise au jeu et
je me suis engagée
En tant que médecin, on est formaté
J'ai des contrats de 3 mois, c'est très paralysant.
J'ai adhéré totalement, avec le regret de ne pas
y avoir pensé plus tôt. J'aurais bien aimé être comme
ça depuis le début. Pourquoi toutes les maisons de retraite ne
sont pas comme ça ? Pourquoi je n'avais pas ce rapport humain ? Je
devais l'avoir un petit peu.
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E.008
|
Par le passé, je travaillais dans le milieu hospitalier
et encore auparavant, chez un particulier.
Si on n'a pas compris, il vaut mieux demander dix fois que de
faire mal.
J'essaie d'apporter quelque chose, un plus. Si j'ai des
idées, je les donne.
Cela ne se fait pas tout seul. Aujourd'hui je vais encore
demander, je suis curieuse.
Je me suis fondue dans le moule
Cela a été facile car cela me correspondait.
J'ai du faire des efforts, mais c'est un réconfort
après
Il faut essayer de se mettre dans le moule. Soit on a envie,
sinon...
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E.006
|
Je viens du secteur médical, maison de retraite.
Le fait d'être en CDD ne m'a pas bloquée, j'ai
pris ma place, et je me suis dit on verra après. Je voulais travailler
et reprendre une vie sociale.
Je voulais me donner à fond dans quelque chose
Ce n'est pas naturel, il faut faire des efforts, il faut en
vouloir.
J'ai senti en arrivant que je ne serais plus la même,
avant, j'étais une boule d'énergie, j'aurais tout
révolutionné
Je me suis adaptée, car chaque Maison est
différente
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E.007
|
Avant, j'ai travaillé dans le commerce et pendant 3 ans
j'ai fait de la manutention dans une usine de conserves.
Etre en CAE ne m'a pas gêné pour
m'intégrer, je me suis donnée à fond car ça me
plaisait.
Cela correspondait à ce que j'étais, ce que je
voulais faire et je l'ai fait naturellement
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E.015
|
Avant c'était déjà dans une Maison de
Retraite.
Les personnes âgées c'est quelque chose qui
m'attirait
Cela me correspond. Après on a toujours besoin de
s'adapter.
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Entretien TUTEURS
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8e sous Hypothèse : la transmission des
compétences s'appuie sur
- un référentiel de compétences,
- de diverses situations de travail, proches les unes des
autres,
- d'un collectif de travail.
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009
|
Si c'est une Aide soignante diplômée, je pars du
principe qu'elle a les compétences techniques.
le savoir-faire passe bien, c'est le savoir-être qui est
plus difficile face à un résident âgé, en
difficulté, exigent, douloureux.
Les comportements (les observations à remonter) elles
le comprennent assez rapidement.
Il faut répéter et reprendre puis elles
comprennent d'où l'intérêt de lire le projet et tout ce
qu'a écrit l'Organisation.
Elles me voient faire, il y a le parlé, il faut les
deux.
...maintenir les habitudes des résidents, à ce
niveau il n'y a pas beaucoup d'informations écrites.
"j'ai testé ce que tu m'as dit, finalement cela se
passe mieux".
ce n'est pas "comme à la maison, la petite mamie qu'on
va câliner". C'est difficile à comprendre car elles ont
l'impression qu'elles font bien.
Ne pas les appeler par leur prénom. On ne les laisse
pas sur les fauteuils roulants, ce n'est pas confortable.
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E.011
|
Le plus faciles à transmettre c'est tout ce qui
est technique car la personne doit faire pareil, c'est une routine.
elles me voient faire avec les aides soignantes et pendant la
réunion avec l'infirmière référente : parler,
communiquer, dire ce qui ne va pas chez le résident.
Je regarde comment elle fait, se servir de tout le
matériel, et savoir se comporter avec la personne âgée.
J'en discute avec elle et avec la Responsable.
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E.012
|
Exemple, pour faire une toilette, en formation on nous dit de
commencer par le haut et une résidente veut qu'on commence par le bas.
On lui dit de respecter sa volonté et de laisser de côté ce
qu'elle a appris à l'école. Au niveau soin, normalement on ne
fait pas comme ça. Personne n'est surpris, on explique que la personne a
100 ans, qu'elle est frileuse.
Je ne l'ai pas tutoré dans les soins car je ne suis pas
apte, mais pour le fonctionnement habituel,
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E.016
|
Le plus dur c'est de connaître la personne, les
cinquante résidents et leurs habitudes. La façon dont on leur
fait la toilette, est-ce qu'elle marche ? Est-ce qu'on peut la laisser aux
toilettes et partir ?
Pour les compétences techniques, c'est plus facile. Le
comportement, on peut leur transmettre oralement, en parler mais c'est en
voyant faire qu'elles comprennent
C'est surtout dans le regard quelles ont au niveau
relationnel, comment je les manipule.
faire une toilette aussi vite ! une toilette c'est avant tout
une approche, un dialogue.
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E.017
|
Pour servir le petit déjeuner, il y a le goût du
résident qui est écrit, mais l'ordre du service
c'est-à-dire par qui commencer, je suis obligée de lui expliquer
car cela dépend de beaucoup de choses, du régime
diabétique, d'être à jeun.
Il y a les médicaments à surveiller, s'il en
manque, prévenir l'infirmière.
Il faut lui expliquer par exemple de ne pas parler fort, ne
pas faire de grands bruits, ne pas claquer la porte.
|
|
|
Entretien TUTORES
|
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E.006
|
Ne connaissant rien du métier, en partageant le bureau
en permanence avec ma tutrice les choses se sont faite toute seules.
Par exemple dans l'accueil du résident j'ai dit je ne
sais pas ou est ma place, j'ai regardé comment ça s'est
passé. On m'a simplement entourée. Elles m'ont laissé
intervenir
Manager une équipe en EHPAD, c'est une
compétence qui me manque
Cela me sert dans d'autres situations
J'apprends tout le temps des choses nouvelles, nouveaux
comportements.
|
E.008
|
Au niveau technique je savais déjà
C'est surtout dans l'organisation du travail, sur la plonge,
avec un seul geste, on a vu que j'étais très organisée
...elle ne m'a pas expliqué pourquoi, pour elle c'est
naturel
La distribution du petit déjeuner et la prise des
médicaments n'est jamais une routine car cela peut changer tout le
temps, il faut lire le protocole, il faut prendre le réflexe.
En cas de problème, si ce n'est pas de ma
compétence, j'appelle la personne compétente.
Les problèmes au quotidien on les résout toute
seule
C'est le dialogue qui a été
développé avec les personnes : j'étais timide, en retrait,
j'ai développé ma parole.
Il y a beaucoup de contacts entre tout le monde, pas de
différence entre le personnel, les cadres et la direction qui n'est pas
isolée dans son bureau
La façon de s'occuper de personnes âgées,
c'est différent de l'hôpital
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E.006
|
Pour les compétences techniques, elles sont revenues
tout de suite. Pour les comportements, j'ai beaucoup observé les gens
autour de moi pour faire comme il faut.
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E.007
|
Le rôle de l'aide soignante en maison de retraite est
différent de l'hôpital, il y a plus de contact avec le
résident.
A l'école c'était la technique qu'on apprend par
coeur mais dans le travail c'est autre chose, on les fait les choses
autrement.
il y a des discussions avec les résidents, même
s'il y a des routines comme faire une toilette, mettre le couvert
Quand il y a un imprévu, il y en a toujours car ce
travail n'est pas répétitif, c'est dur, heureusement il y a un
travail d'équipe et lorsqu'il y a un problème elles viennent
m'aider
Elle m'a appris à m'exprimer correctement :
j'étais plutôt familière alors qu'il faut être
professionnelle et ça je l'ai acquis.
...une personne très colérique, je n'arrivais
pas à l'aborder. Une Aide Soignante qui a de l'expérience y
arrive. C'est dans la façon de faire, de parler, elles ont une posture,
des phrases qui fonctionnent Après j'y suis arrivée, on y allait
à deux d'abord, il m'a fallu un certain temps, au bout de plusieurs
tentatives.
Il y a des différences d'une équipe à
l'autre : au début, je me suis sentie très à
l'écart, il n'y avait pas de solidarité, pas d'aide.
|
E.013
|
...le travail d'équipe... je ne les voie pas souvent
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Entretien TUTEURS
|
9ème sous hypothèse : le tutorat
réduit le temps d'intégration
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E.009
|
Pour une intégration totale, c'est à dire que le
tutoré soit pratiquement autonome cela varie en fonction de la
personne
En moyenne 15 jours il les faut.
Pour quelle s'adapte bien aux locaux au fonctionnement, il
faut 15 jours ; cela permet de voir toute l'équipe par roulement
différents
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E.011
|
au bout de 2 - 3 jours la personne est apte à
travailler toute seule
Un bon mois, pour voir si la personne est bien, avoir des
retours mais l'évaluation peut de faire sur plusieurs mois. En 15 jours
3 semaines ils doivent avoir tout intégré.
Dans mon dernier cas la personne est entrée le 15 et a
été évaluée le 26 (dix jours)
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E.012
|
R.A.S
|
E.016
|
On ne peut pas connaître 50 personnes au bout d'une
semaine.
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E.017
|
Sur une journée elle peut connaître tous les
résidents.
Il faut que le lendemain elle puisse travailler seule.
De temps en temps, elles reviennent me demander. Ma mission se
termine, quand elles ne viennent plus me demander.
De un à deux mois, cela dépend de la
personne.
En fait cela se fait rapidement, sinon elles ne restent
pas.
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
Ce que je peux dire, c'est qu'au bout de mon 1er
anniversaire je me sentais là depuis très longtemps
Au bout d'un an, c'est sûr, pas au bout de trois mois
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E.008
|
Intégrée, au bout d'un mois et demi, deux
mois
Je m'adresse encore à elle, je l'informe.
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E.006
|
Pour moi intégrée, c'est faire partie d'une
équipe avec qui je vais vers des projets
Il a fallu un bon mois, le temps de me repérer
vraiment.
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E.007
|
Au bout de 3 semaines je connaissais les résidents
Acquisition des compétences techniques : 15 jours
Compétences comportementales, le temps de
connaître les résidents et leurs habitudes : 1 mois.
le plus dur c'est de se rappeler des noms.
|
E.013
|
Au bout de 3 mois, je me sens assez bien
intégrée, en tout cas avec les Cadres, mais avec les A.S c'est
encore en train de se faire.
|
Entretien TUTEURS
|
10ème sous hypothèse : les conditions
de travail du tutorat sont favorables à son déroulement (les
freins et leviers)
|
E.009
|
Les inconvénients : si on pouvait faire les choses
tranquillement. Les tutorées se plaignent que le premier jour "elles ont
une tête comme ça". Quand il y a 50 résidents, c'est dur de
retenir les détails individuels de chaque personne. Ce n'est pas
à cause du tutorat.
Avantages: c'est un échange, c'est plaisant de montrer
comment on travaille, il y a un coté sympa d'être en position de
montrer ce que l'on fait auprès des gens ; cela me plait, et en
même temps, cela me repositionne, re-questionne. Pourquoi je fais
ça.
|
E.011
|
Les inconvénients, c'est la surcharge de travail et
répéter toujours les mêmes choses, c'est une charge
supplémentaire
Je n'ai pas eu de problème, à part le temps.
Mais on y arrive en s'organisant, on se voit à 11h à la pause.
Avantages : Se sentir valorisé
cela m'apporte de plus en plus confiance en moi.
le tutorat, je pense que c'est une bonne chose. Avant, on
allait dans tous les sens, on faisait des erreurs. Aujourd'hui, ils sont mieux
formés au départ et ils font moins d'erreurs.
|
E.012
|
L'inconvénient, c'est que la personne est toujours
derrière nous.
Le plus difficile est le manque de temps, dans la
journée, pour faire son travail. Avant le tutorat, on rencontrait le
même problème
Avantages : je ne vois pas trop pour le tuteur
Pas sur le coup mais à l'avenir c'est un avantage car
elle sait ce quelle a à faire. Au final, quelqu'un qui a les mêmes
façons de faire, les mêmes valeurs, c'est appréciable.
|
E.016
|
L'inconvénient c'est quand je tombe sur quelqu'un qui
travaille différemment. Le plus dur c'est de connaître la
personne, les cinquante résidents et leurs habitudes, c'est impossible
au bout d'une semaine.
Ce que je veux c'est du temps. C'est ce qui manque. Il
faudrait au moins pour l'accueil qu'on soit déchargé de notre
travail pour le faire correctement.
Avantages : cela crée des liens particuliers. Je ne
suis pas n'importe quel employé, je suis le "tuteur".
|
|
|
Entretien TUTORES
|
|
E.006
|
Les inconvénients : aucun
Avantages : je viens avec plaisir cela m'a beaucoup
apporté. J'aurai beaucoup appris. Mon rapport aux personnes
âgées a clairement changé et mes rapports aux maisons de
retraite en général ; mes compétences aussi
|
E.008
|
Les inconvénients : aucun
Avantages : c'est très bien. On n'est pas
isolée, esseulée en tant que nouvelle. Il y a toujours quelqu'un
qui est là pour tendre la main
|
E.006
|
Les inconvénients : aucun
Avantages : Je n'ai pas rencontré de
difficultés, je me suis bien adaptée, je pense que c'est
grâce au tutorat. C'est rassurant.
|
E.007
|
Les inconvénients : ce qui m'a gêné c'est
que j'étais plus souvent avec l'autre équipe qu'avec mon
tuteur
Avantages : quand je suis arrivée, j'ai
été épaulée. On ne nous laisse pas toute seule
|
II - DEUXIEME ETAPE : INTERPRETATION DES DONNEES
1er item : une des conditions de
réussite du tutorat réside dans le choix du tuteur. Il doit
être expérimenté, reconnu, et avoir des qualités
personnelles?
Il ressort de tous les entretiens des tuteurs que le choix a
été fait en fonction de leur ancienneté, leur
expérience dans le travail et leur connaissance de la structure. Sur les
5 tuteurs, tous ont globalement dit "cela fait longtemps que je travaille
dans la Maison".
Nous pouvons dire qu'il s'agit d'une reconnaissance de
l'Organisation, l'un des tuteurs ajoute que "c'est une question de
confiance de la hiérarchie"
Au sujet des qualités personnelles, les 5 tuteurs ont
répondu en premier lieu, "la patience" ;
4 ont évoqué les aptitudes pour la communication
"écoute, échange, avenant, mettre à l'aise,
répéter, expliquer". Une personne trouve qu'elle n'a pas
assez d'assurance ni les mots. Une autre pense être trop rude dans ses
paroles.
L'avis des tutorés sur ces questions ont
été recueillis au détour de la conversation. Selon 3
personnes, il apparaît que le tuteur est un guide "guidée,
aiguillée", il est motivé "il s'implique", il a des
qualités relationnelles "pose des questions, confident, relation
humaine". Les 2 autres déplorent le manque de présence du
tuteur, autre condition nécessaire au moment du choix.
Cette première condition de réussite du tutorat
est partiellement remplie.
2ème item : le tuteur est une
personne motivée (volontariat et intérêt personnel) qui
maîtrise la communication, la pédagogie et qui a des
capacités personnelles.
Nous observons que sur les 5 tuteurs qui disent être
volontaires, pour 2 d'entre eux, le volontariat semble véritable, la
mission est réalisée avec plaisir. Au regard de
l'hésitation des 3 autres personnes, nous nous posons la question d'un
"volontariat forcé" accomplit par devoir pour l'organisation, qui leur
apporte peu personnellement.
Cette deuxième condition n'est pas complètement
remplie. Malheureusement, il n'y a pas assez de candidats aujourd'hui qui ont
assez d'ancienneté et d'expérience, le choix est donc
limité.
3ème item : le tuteur a la
connaissance de l'histoire, des valeurs, du métier et les
transmet
Les tuteurs n'ont aucune hésitation pour parler de
l'histoire de la Maison. Les propos qui reviennent le plus souvent font
référence aux fondateurs, la généreuse bienfaitrice
et les religieuses. Le terme "soeurs" a été usité 2 fois
par les tuteurs, pour les 3 autres, cela est sous entendu car elles
travaillaient dans l'Etablissement à l'époque où la
Directrice était une soeur "l'histoire, je la connais". Les
tutorés ont dit 3 fois le mot "soeurs", aucune n'a
mentionné ne pas connaître l'histoire.
Nous en concluons que les tuteurs connaissent l'histoire et
peuvent la transmettre par le biais du tutorat.
Les valeurs sont abordées sans difficulté. En
effet, les tuteurs sont tous à même de les décrire.
L'expression "valeurs humaniste" est cité 2 fois chez les
tuteurs et les tutorés ; "respect de la personne" 2 fois
également. 2 personnes ne les nomment pas, l'une certainement par manque
de vocabulaire, l'autre parce que cela va de soi qu'elle les connaît,
cela transparaît dans son discours.
Il faut remarquer que 2 tutorés (cadres) ont
déclaré spontanément que les valeurs étaient en
cohérence avec la pratique.
En ce qui concerne le métier, aucune personne n'a
répondu dans le cadre de cette question. Nous considérons que le
terme n'était pas assez clair ou qu'il n'était pas opportun de la
poser la question à ce moment.
Un rite a marqué plusieurs tutorés, il s'agit de
l'interdiction de porter des blouses. Ce n'est pas étonnant car ces
personnes ont eu une expérience antérieure hospitalière.
On peut parler d'accommodation car elles ont mis un certain temps pour
l'accepter et changer leurs représentations.
4ème item : tous les acteurs de
l'entreprise sont partie-prenante du tutorat
Les tuteurs, à l'unanimité se sentent soutenus
dans cette fonction "ce n'est jamais individuel". Il apparaît
clairement qu'il s'agit d'un travail d'équipe. Les 5 ont cité
leurs collègues de travail comme premier soutien, 2 personnes ajoutent
l'infirmière référente et pour l'évaluation, un
tuteur se sent aidé par son Responsable. La Direction et la psychologue
apparaissent une fois.
Le point de vue des tutorés met aussi en
évidence que "tout le monde" participe au tutorat.
L'encadrement n'est pas présent au quotidien, mais intervient à
certains moments de la méthode organisée ou en cas de besoin de
l'un des acteurs "tu peux demander à telle ou telle
personne".
Ces déclarations impliquent que le tutorat revêt
certains caractères du projet d'entreprise tel que le soutien de
l'encadrement. Le poids de cette fonction supplémentaire est
amenuisé par le relais des collègues et le travail
d'équipe et permet d'assurer la continuité.
5ème item : la formation des
tuteurs et la "Boîte à outils du tutorat" composée de tous
les documents écrits d'information sur l'entreprise, charte, projet
d'Etablissement, livret d'accueil, facilitent la transmission des savoirs
organisationnels.
La formation au tutorat a apporté deux choses
importantes qui émergent dans les témoignages des tuteurs :
1°) un cadre rassurant pour professionnaliser la fonction. Ce travail ne
peut pas se faire "au feeling". 2°) un outil "le guide du tutorat" qui
semble en adéquation avec le besoin. En effet, plus il y a de supports
écrits, plus la tâche est facilitée. L'assimilation des
connaissances peut être étalée dans le temps.
Selon les réponses des tutorés, 4 personnes sur
5 ont été destinataires du dossier. Mis à part une
personne, tous ont lu le projet d'Etablissement, "petit à petit" ou "en
travers".
Nous pouvons dire que cette formation est une réussite
et concours à l'amélioration de la transmission des savoirs
organisationnels.
6ème item : la transmission des
connaissances explicites et tacites nécessite
- une relation personnelle et
privilégiée et des contacts permanents,
- d'une méthode organisée de
socialisation : accueillir, informer, former, expliquer, montrer, accompagner,
écouter, évaluer.
Les tuteurs affirment que le contact permanent existe, qu'il
est indispensable mais qu'il ne dure que quelques jours. Une majorité de
témoignages le situe dans une fourchette de 1 à 3 jours. Dans
cette courte période, beaucoup de choses vont se dérouler. La
phase d'accueil est la plus importante semble-il, c'est aussi la plus
délicate autant pour le tuteur que pour le tutoré. Une somme
d'informations et de connaissances sont à transmettre, explicites et
tacites "je montre bien comment je procède". Les verbes
montrer, expliquer, observer, répéter, parler discuter, souvent
utilisés, expriment la façon dont les tuteurs procèdent
pour transmettre leurs savoirs. L'écoute et l'ouverture à de
nouvelles idées font également partie de la méthode, mais
un seul tuteur en a fait état.
Lorsque les tuteurs parlent des relations avec le
tutoré, ils les décrivent comme étant plutôt une
relation d'égal à égal, ni amicale, ni distante, du moins
les premiers temps "au début, on se vouvoie et après on va se
tutoyer". L'aspect d'une relation privilégiée a
été évoqué "cela crée des liens
particuliers, je ne suis pas n'importe quel employé, je suis le tuteur".
Si les personnes se sentent à l'aise, elles auront plus de
facilités pour communiquer.
Si on compare avec le discours des tutorés, on
s'aperçoit que la période de contact permanent va d'une
journée jusqu'à une semaine. Les liens privilégiés
sont matérialisés par des rencontres quotidiennes pour discuter
qui peuvent se prolonger dans le temps jusqu'à un mois.
Dans ces moments, le tutoré peut apprendre, assimiler
car il a l'exemple sous les yeux "je l'ai vu faire, ce qui m'a aidé
à mieux comprendre". Il peut aussi avoir un droit à l'erreur
si une relation de confiance s'est instaurée "si j'ai fait une
faute, je sais qu'on ne va pas me le reprocher" "on crée plus une
affinité avec le contact".
Tous les tutorés ont déclaré avoir
bénéficié d'une écoute et ont pu apporter des
idées ou de nouvelles compétences au tuteur et à
l'Organisation.
7ème item : pour apprendre le
tutoré doit être motivé et engagé dans la
démarche collective
Il doit avoir des valeurs personnelles proches de
celles de l'entreprise
En préambule, il faut rappeler que les tutorés
interrogés sont des personnes qui ont été
confirmées par l'Organisation et sont supposées avoir
adhéré à la culture. Il n'est donc pas étonnant
qu'elles déclarent s'être engagées à fond, avoir
fait des efforts.
L'avis des tuteurs par contre est plus pertinent car il
concerne tous les cas de figure, des réussites aux échecs. Tous
ont pointé que le profil, la personnalité ou l'attitude du
nouveau interfère dans le processus d'apprentissage. Le manque
d'expérience peut être compensé par la motivation "il y
en a qui font des efforts, d'autres pas, cela ne se fait pas tout seul".
L'une avance que l'âge ne joue pas un rôle déterminant, mais
plutôt le vécu professionnel. Les traits de caractère comme
"l'impatience, l'exaspération" peuvent freiner l'apprentissage.
Pour certains tuteurs, c'est incompatible avec ce métier, pour d'autres,
cela augmente simplement la difficulté du tutorat. Un tuteur affirme que
le tutoré doit faire ce travail "avec plaisir".
Ces observations nous permettent de démontrer que,
premièrement, la motivation et l'engagement du nouveau sont
nécessaires pour apprendre, s'intégrer et adhérer à
la culture. Deuxièmement, le tutorat permet de repérer assez
rapidement si la personne a ces qualités, de tenter de les corriger ou
d'en faire retour à l'Organisation.
La majorité des tuteurs pensent que la proximité
des valeurs de la personne avec celles de l'Etablissement est un facteur de
succès pour l'adaptation et l'intégration, "celles qu'on n'a
pas gardé n'avaient pas les mêmes valeurs".
L'une soutient que "la façon d'être"
empêcherait plus souvent une intégration dans l'équipe,
alors que "la façon de faire" est plus facilement adaptable. Cette
réflexion nous renvoie au concept d'apprentissage en simple et double
boucle. En effet, nous constatons qu'il est plus difficile pour l'individu de
modifier les valeurs directrices qui guident son action que d'apprendre
à reproduire les routines.
Une autre remarque, en général les personnes qui
arrivent ont "déjà une petite vocation". Nous
interprétons cela comme une appréciation positive du filtre au
niveau du recrutement.
Notre première question posée aux tutorés
avait pour but de connaître la branche d'activité de leur
expérience antérieure pour vérifier si cela constitue un
frein à l'acquisition de la culture.
Quatre personnes sur cinq viennent du secteur médical
ou médico-social. Pour ces dernières, les valeurs humanistes
sont supputées être acquises. Ce n'est toutefois pas suffisant car
malgré ce, les 4 ont évoqué l'obligation de s'adapter aux
spécificités d'une Maison de retraite et à la culture de
l'Etablissement "j'ai dû faire des efforts", "en tant que
médecin, on est formaté". Même dans ce cas, ce n'est
donc pas gagné d'avance.
Le cas de la personne qui avait une expérience
professionnelle dans le secteur industriel et commercial soulève
également notre intérêt car elle s'est
intégrée parce que ses propres valeurs étaient en
cohérence avec celles pratiquées dans l'Etablissement "cela
correspondait à ce que j'étais".
Nous pouvons en conclure que l'expérience
antérieure de la personne embauchée n'est pas déterminante
pour son intégration et l'adhésion aux valeurs de l'entreprise.
En revanche, il est indispensable que ses valeurs intrinsèques soient
proches. Cet élément est difficilement décelable lors de
l'entretien d'embauche. Il est même parfois inconscient chez le
tutoré. Mais, le témoignage des tuteurs prouve que le tutorat
permet de le révéler assez tôt. Si les valeurs sont
radicalement différentes, soit c'est le tutoré qui s'en
aperçoit et quitte l'Etablissement, soit c'est le tuteur qui fera une
évaluation négative.
8ème item : la transmission des
compétences s'appuie sur
- un référentiel de
compétences, - de diverses situations de travail, proches les unes des
autres
- d'un collectif de travail.
Il ressort des entretiens que malgré la présence
de fiches de poste et de procédures sur lesquelles le travail est
prescrit, d'un référentiel de compétences qui fait
référence aux écarts entre travail prescrit et
réel, il existe les "routines". Il s'agit des habitudes, des
façons de procéder de la même manière, sans
référence à une règle écrite "il y a
des routines comme faire une toilette, mettre le couvert...". Ces
routines sont faciles à reproduire en regardant faire le tuteur
"le plus facile à transmettre c'est tout ce qui est
technique car la personne doit faire pareil, c'est une routine". Elles
sont toujours liées à une situation particulière de
travail et les professionnels expérimentés de la Maison de
retraite les réalisent spontanément, inconsciemment " elle
ne m'a pas expliqué pourquoi, pour elle c'est naturel".
L'existence de ces routines constitue tout le savoir-faire que
l'entreprise a accumulé en réajustant face aux problèmes
rencontrés et qu'elle souhaite pérenniser. Comment le nouveau
pourrait-il les connaître sans que quelqu'un lui montre ou explique ? Par
l'exemplarité et la reproduction des situations de travail, le tutorat
facilite la transmission de ces routines.
Offrir aux résidents le meilleur service est un travail
collectif. Comme le soutient M.C. Combes (cf. concept transfert), chaque
individu contribue au travail des autres. Des interviewés nous en
donnent leur vision et son intérêt "l'intérêt du
travail d'équipe c'est que le travail soit mieux fait et mieux
suivi... c'est travailler avec des gens différents qui ont des fonctions
différentes".
Nous avons tenté de savoir au cours de nos entretiens,
dans quelle mesure les compétences organisationnelles pouvaient se
transmettre et s'apprendre.
Sur les cinq tuteurs, 4 nous ont parlé du travail
collectif. Pour 2 tuteurs, le travail d'équipe fait partie des valeurs
fondamentales du métier qu'il faut transmettre en priorité "
c'est le travail d'équipe qu'on met en avant : pour s'occuper d'une
personne il y a toute une équipe, il va falloir travailler avec toutes
ces personnes". Sans cette compétence, la personne sera
rejetée " quand il s'agit de faire partie d'une équipe, il
faut plaire à une majorité, c'est extrêmement important
pour rester".
Pour un tuteur, l'apprentissage de ce savoir-faire
reste une difficulté "pour le travail d'équipe, cela
dépend des personnes, c'est plus délicat". Cet avis n'est
pas toujours partagé "cela on le transmet, et cela s'acquiert aussi,
ce n'est pas compliqué".
Le discours des tutorés sur cette question est un peu
différent. Pour eux, dès l'entrée, ils ont observé
que le travail d'équipe est matérialisé par les nombreuses
possibilités de réunion d'échange d'information, ou chacun
peut donner son avis et s'exprimer sur sa pratique, "il y a un dialogue
entre les différents membres de l'équipe et une réflexion
sur notre pratique". Tous en ont parlé "il y a beaucoup de
contacts entre tout le monde, pas de différence entre le personnel et
les cadres et la direction n'est pas isolée dans son bureau" ;
à condition que les horaires permettent d'y participer "
le travail d'équipe, je ne les vois pas souvent... je ne suis pas
là aux transmissions" ce qui est assez rare.
Il apparaît donc clairement qu'il existe un " collectif
de travail", et que sa pérennité passe par l'importance que le
tuteur va accorder à sa transmission et aux conditions d'organisation
que la structure a mis en place pour faciliter la coopération.
9ème item : le tutorat
réduit le temps d'intégration
Nous relevons un certain décalage entre la
réponse des tuteurs et celle des tutorés. Ces derniers
identifient un temps d'intégration plus long. Ils n'ont peut-être
pas la même définition de la notion d'intégration. Il
semblerait que pour les tuteurs, ce soit plutôt quand la personne a
acquis tous les savoirs organisationnels, lorsque l'évaluation est
objectivement concluante. Alors que pour les tutorés, c'est plus
subjectif, c'est un sentiment " c'est moi qui me sens
intégrée."
Pour les tuteurs la fourchette va de 15 jours à 2 mois
et pour les tutorés d'1 mois à plus de 3 mois.
En revanche, nous n'avons pas recueilli des
éléments fiables pour comparer avec le temps d'intégration
des nouveaux avant le tutorat.
Cette question de temps nous intéresse par rapport
à notre questionnement de départ : transposer la pratique
actuelle du tutorat concernant les remplaçants en CDD à la future
phase de changement et au tutorat de nouveaux personnels en CDI.
L'investissement en temps peut-il et doit-il être le même ?
10ème item : les conditions de
travail du tutorat sont favorables à son
déroulement
Il est évident que, sur ce point, la position des
tuteurs et des tutorés est diamétralement opposée. En
effet, les tuteurs évoquent spontanément et unanimement le manque
de temps. Tandis que les tutorés ne perçoivent aucun
inconvénient. Au contraire, ils ont trouvé le tutorat
"rassurant" ; "j'ai été épaulée"
;"c'est très bien. On n'est pas isolé".
En ce qui concerne les suggestions, les tuteurs proposent soit
un allongement du temps de "doublage" soit de pouvoir être
déchargé de ses tâches au moment de l'accueil du
nouveau.
En réfléchissant un peu, les tuteurs ont
réussi à citer quelques avantages qui sont au niveau personnel,
l'échange, la valorisation, la remise en question, avoir un
collègue de travail performant "...au final, quelqu'un qui a les
mêmes façons de faire, les mêmes valeurs, c'est
appréciable"; " ils font moins d'erreurs".
Section 2 - Synthèse des entretiens
La finalité de cette étude de terrain
était de répondre à notre hypothèse de
départ, le tutorat est un mode approprié de transmission de la
culture d'entreprise et des savoirs organisationnels. La méthode de
recherche que nous avons utilisée a permis aux personnes
interrogées de s'exprimer librement sans toutefois déborder du
sujet contenu dans le questionnaire.
Nous tenons à poser ici les limites de notre
enquête. Nous ne sommes pas des chercheurs et les conditions de ce
travail ne nous ont pas permis de réaliser une étude approfondie.
Ainsi, nous sommes conscients que le nombre de personnes interrogées est
insuffisant pour que ces résultats aient un caractère
scientifique. Par ailleurs, la position hiérarchique de
l'enquêteur dans l'entreprise a pu altérer les réponses des
personnes interrogées.
I - VALIDATION DE L'HYPOTHESE
L'éclairage théorique de notre première
partie nous a permis de faire une corrélation entre les concepts de
transmission de la culture d'entreprise et des savoirs organisationnels avec
les situations décrites dans la pratique de tutorat de la Maison de
Retraite. Nous avons vu que le concept de tutorat d'entreprise est
récent et qu'il y a très peu de références en la
matière. Toutefois, nous avons pu mettre en évidence un certain
nombre de caractères indispensables à la réussite de cette
démarche que nous avons comparé avec les observations issues de
nos entretiens. Nous sommes en mesure de formuler les conclusions
suivantes :
Sur l'évaluation des pré-requis pour
l'entreprise
Nos résultats confirment que les pré-requis que
nous avions posés pour l'entreprise sont présents. Les valeurs
affichées et le projet d'entreprise sont cohérents avec la
pratique et les tuteurs les connaissent bien. Le style de management est
adapté car il facilite la coopération.
Sur l'évaluation des outils
La première condition de réussite du tutorat
tenant au choix du tuteur est partiellement remplie. Si les tuteurs ont les
qualités personnelles requises nous avons pointé un certain
nombre de cas où il y avait une absence de contact permanent. La cause
est une impossibilité d'articuler leur planning de travail par manque de
Ressources humaines. Il est à noter que certains tuteurs s'en
accommodent en s'organisant, d'autres pas. Nous avons également un doute
sur le volontariat de tous les tuteurs. Mais nous pouvons avancer qu'ils se
sentent valorisés et reconnus par cette fonction. La question de la
reconnaissance par la rémunération n'a pas été
abordée par les tuteurs interrogées (il n'y avait pas de question
sur ce sujet).
La deuxième condition tenant au projet d'entreprise est
remplie. Les réponses recueillies nous autorisent à
énoncer que tous les acteurs de l'entreprise sont partie prenante du
tutorat. Ce qui nous a le plus frappé, c'est qu'il y a toujours des
relais qui pallient spontanément aux carences. Le tutorat est une
démarche dynamique. De plus, il est ressorti que la formation et la
boîte à outil du tutorat aident les tuteurs à se structurer
et mettre en pratique les différentes étapes. L'accueil du
premier jour, qui est l'étape la plus importante nécessiterait
une organisation différente. La dernière étape de
l'évaluation est considérée comme difficile pour certains
d'entre eux.
Sur l'évaluation du
transfert
Nous avons vu en pratique que certains savoirs comme
l'histoire ou les procédures, sont transmis facilement par des documents
écrits. En revanche, les valeurs, les compétences, les routines
et les savoirs organisationnels ne peuvent être transmis que lors des
contacts permanents, au travers des situations, des gestes, des comportements
et des explications du tuteur . Or, ce temps est de l'ordre de 2 à 3
jours. Pour les compétences techniques et les routines, c'est suffisant.
La personne sera apte à travailler toute seule. Mais pour certaines
valeurs, pour les compétences comportementales ou relationnelles, c'est
trop peu ; par exemple, la connaissance des habitudes de la personne
âgée, la coopération, le travail d'équipe, le
management.
Dans ces conditions de temps, le transfert n'est
réalisable que si le tutoré a déjà des valeurs
personnelles assez proches, une expérience antérieure similaire,
une réelle motivation, une capacité d'accommodation et
d'adaptation rapide. Ce profil est donc recherché au niveau de la phase
du recrutement mais pour certaines qualifications comme Infirmier(ère)
ou aide-soignant (e) qui sont des métiers en pénurie, le choix
reste limité.
Au regard des résultats de cette enquête et
malgré les freins que nous venons de citer nous soutenons que notre
hypothèse " le tutorat est un mode approprié de transmission de
la culture d'entreprise et des savoirs organisationnels" est validée.
Afin d'améliorer le système, pour la phase
d'extension de l'Etablissement, et le recrutement de personnel en C.D.I nous
avons recherché quelques pistes d'action.
II - CONCLUSION ET PRECONISATIONS
Nous proposons de maintenir pour les embauches en remplacement
de courte durée, une période de « doublage »
de 2 à 3 jours. Pour les CDI, il faudrait prévoir au moins une
semaine. Cela va paraître onéreux, mais nous pensons que le retour
sur investissement sera positif pour l'entreprise. N'oublions pas qu'il s'agit
d'une phase exceptionnelle qui va s'étaler sur une année mais qui
ne se reproduira pas. L'enjeu est la pérennité de notre
culture.
Pour la phase d'accueil qui est la plus importante, nous
suggérons de lancer une réflexion de groupe (pour chaque
métier) pour trouver une organisation adéquate. Il s'agirait de
décharger le tuteur de ses tâches, pour une heure ou deux, afin
qu'il puisse effectuer correctement le premier entretien, la visite des locaux
et la présentation des résidents.
Nous préconisons également de former de nouveaux
tuteurs. Nous avons repéré que le nombre actuel est
déjà insuffisant, a fortiori pour l'avenir. Cela pourrait se
faire en interne par l'Assistante R.H., déjà chargée de
mission pour coordonner le tutorat et qui, par le biais de la
réalisation de ce présent mémoire pourrait en avoir la
compétence. Un appel à candidature de tuteur serait lancé
avec lettre de motivation à l'appui, cela permettrait de garantir le
volontariat.
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BORU J.J., LEBORGNE C., (1992) vers l'entreprise
tutrice
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transférer la connaissance : de quoi parlons-nous?
http://plateforme.aessp.ch/
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http://www.unifr.ch/
L'enquête de terrain Inspiré de
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http://www.cermat.iae.univ-tours.fr
Article : le tutorat, outil d'accueil et d'intégration des
nouveaux collaborateurs - Hulin A. Citation de Lacaze D., de Gérard,
Delobbe et Vandenberghe
http://www.strategie-aims.com
Revue critique de la littérature sur le transfert des
compétences - citation de Ghérardi (2000)
http://www.ANACT.fr
Transfert des savoirs d'expérience
* 1 Socrate et la
Maïeutique ou l'art de faire accoucher les esprits serait une racine du
tutorat
* 2 « le bassin de vie
est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès à
la fois aux équipements et à l'emploi ».
Le shéma départemental du Vaucluse 2006/2010 a
identifié des zones dont le taux d'équipement est insuffisant.
Parmi celles-ci figure l'unité Territoriales du Sud Vaucluse qui dispose
de 115 lits pour 1000 personnes âgées de plus de 75 ans. Dans ce
secteur, le canton de Pertuis, dont dépend la commune de La Tour
d'Aigues, descend à un taux de 80.36
* 3 Sainsaulieu R., (1988) -
cours Nacira Bianchi
* 4 cours de M. Ewan Oiry -
Gestion par les compétences - (2010)
* 5 Thévenet M., (2010)
la culture d'entreprise - Que sais-je
* 6 Thévenet M., (1986)
audit de la culture d'entreprise
* 7 Reynolds (1986) dans un
article paru dans l'encyclopédie du management VUIBERT (1992)
* 8 Baret R., (2003)
libérer l'âme de l'entreprise
* 9 loi du 02-01-2002.
L'Etablissement est sous convention de la DASS et de la CPAM qui sont des
financeurs. A ce titre, l'Etablissement doit être en conformité
avec les règles prescrites par ces instances.
* 10 Argyris C. Schön A.,
(2002) apprentissage organisationnel
* 11 COMBES
M.C., - (2003) les démarches compétences dans les
entreprises
* 12 Nonaka (1994) cours Nacira
Bianchi
* 13 ZARIFIAN P., (2001)
le modèle de la compétence
* 14 Nonaka Et Takeuchi (1995)
cours Nacira Bianchi
* 15 Szulansky (1996) source
internet - carnet de recherche "transférer la connaissance : de quoi
parlons-nous ?
* 16 Ghérardi (2000)
source internet : revue critique de la littérature sur le transfert des
compétences
* 17 Piajet (1959) - extrait du
cours de Nacira Bianchi - conduite du changement
* 18 ARGYRIS C., (2003)
Savoir pour agir
* 19 Cet auteur part du
principe que l'apprentissage est le résultat de l'action. Dès
lors qu'un écart est observé entre les intentions et les
conséquences d'une action, il nomme cette situation "boucle
d'apprentissage".
* 20 BARBIER J.M., (1996) tutorat et fonction
tutorale
* 21 BORU J.J., LEBORGNE C., (1992) vers l'entreprise
tutrice
* 22 Citation de Gérard
- source internet - article de Hulin A. le tutorat, outil d'accueil et
d'intégration des nouveaux collaborateurs
* 23 Référentiel
issu d'un travail de recherche dans le cadre du cours d'Ewan Oiry - Master 2
(2010)
* 24 source internet : L'enquête de terrain -
Inspiré de Stéphane Beau et Florence Weber, Alain Blanchet et
Anne Gotman
* 25 source internet :
résumé du livre « Manuel de recherche en sciences
sociales » de Quivy et Campenhoudt - p.16 l'entretien
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