I.1.3. POLITIQUE ET STRATEGIES D'OCTROI DE CREDIT
I.1.3.1. Politique de crédit
Comme pour l'épargne, les produits
d'investissement des IMF demeurent limités. Les crédits
accordés sont des crédits à court terme qui ne peuvent
aucunement soutenir des prêts à rentabilité sur le moyen et
long terme. En d'autres mots, les IMF rencontrent des difficultés
à convertir les dépôts à court terme en
épargne durable. Le manque de ressources longues explique en grande
partie la faible capacité des IMF à répondre aux demandes
de crédit d'investissement de leurs clients.
S'il est vrai que la forte expansion des IMF a
longtemps reposé sur l'offre de produits de crédit «
classiques » (crédit court terme et accessoirement crédit
à moyen terme), il est aussi vrai que certaines évolutions
récentes ont mis en lumière la volonté des IMF à
diversifier leur clientèle, de segmenter le marché, de lancer de
nouveaux produits ou de recourir à la garantie bancaire.
1) Diversification de la clientèle et
segmentation du marché
La diversification des produits d'épargne et de
crédit observée dans les IMF va de pair avec la diversification
de la clientèle et la segmentation du marché. Pour
accroître la clientèle, les IMF qui, au débat, servaient
exclusivement les populations rurales (petits paysans, éleveurs, femmes
rurales, etc.), se sont mises à étendre leurs activités
dans les centres urbains afin de collecter plus d'épargne et de
renforcer leur capacité de prêts. Dans le même temps, les
IMF qui ciblaient principalement les
12 Gilles Bressy, Christian konkuyt, Economie
d'Entreprise, Dallos, paris, 2004, p335-337
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ménages urbains pauvres (petits producteurs du
secteur informel urbain, petits salariés, etc.) ont commencé
à intervenir en milieu rural.
Une autre tendance observée ces
dernières années est la segmentation du marché. Partant du
constat que les besoins des populations pauvres sont complexes et
hétérogènes, certaines IMF, pour mieux répondre aux
besoins de leurs clients, ont mis en oeuvre une stratégie basée
sur une segmentation de l'offre (crédits sociaux pour les plus pauvres,
crédits productifs pour les moins pauvres, crédit-hommes,
crédit-femmes, etc.).
2) Le lancement de nouveaux
produits
Comme pour l'épargne, un nombre croissant d'IF
ont pris conscience que leur efficacité dépend non seulement de
leur capacité à offrir des produits de crédit «
classiques N, mais aussi de leur capacité à lancer de nouveaux
produits afin de permettre à toutes les catégories de clients de
bénéficier pleinement de leurs institutions. Cette
stratégie se traduit par le renforcement de leur présence sur les
segments de marché tels que l'artisanat, l'habitat, les petites
entreprises.
D'autres Ifs portent une plus grande attention aux
créneaux porteurs dans lesquels ils ont une certaine expertise et des
avantages comparatifs évidents (par exemple les prêts de groupe
à des catégories spécifiques de la population cible, les
prêts agricoles, etc.) ou réforment leur politique de prêts
pour rendre les crédits encore plus compétitifs en
réduisant les délais.
Enfin, certaines IF ont développé une
activité de conseil et d'assistance auprès d'autres IF pour les
accompagner dans leur création ou dans leur renforcement. Avec
l'expansion du secteur de la microfinance comme nous allons le montrer dans le
chapitre deuxième de ce travail, cette expertise peut constituer
à terme, une source non négligeable de revenus.
3) Risques acceptés/risque
refusés
L'un des griefs portés par les petits
emprunteurs contre les IF est la prudence trop grande dans la gestion de
l'activité de crédit. Les IF cherchent avant tout à
minimiser les risques d'impayés et s'appuient donc sur un principe de
base : l'octroi d'un prêt est subordonné à l'obtention de
garanties matérielles ou immatérielles et/ou d'une caution. S'il
est indéniable qu'une politique de crédit prudente et
l'imposition de conditions de garantie sur les prêts permettent de
limiter les risques de non recouvrement, elles constituent aussi une contrainte
pour une partie des clients.
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Ces dernières années, certaines IMF
privilégient le mécanisme de la caution solidaire, tandis que
d'autres continuent à exiger de leurs clients la présentation de
garanties matérielles ou à base d'épargne ou ont
combiné les deux types de garantie.
4) La garantie bancaire
Une garantie est un bien de valeur (argent, bijoux,
terre, bétail, véhicule, machine, maison, etc.) qu'on peut
proposer en échange d'un prêt qu'on souhaite souscrire
auprès d'un particulier ou d'une institution financière. Elle
rassure le prêteur car elle lui offre la certitude qu'il pourra se
rembourser, en partie ou en totalité, si l'emprunteur ne peut pas le
faire.
Il existe également d'autres formes de
garanties : la caution solidaire et les fonds de garantie.
- La caution solidaire : certain
système de microfinance opte pour de crédit solidaire, la caution
solidaire est utilisée comme garantie pour les prêts
octroyés aux clients. Rappelons que par la caution solidaire, tous les
membres d'un groupe sont responsables (solidaires) du crédit qui a
été accordé à l'un des leurs. Si l'emprunteur ne
peut pas rembourser, les autres membres du groupe doivent le faire sinon, aucun
d'eux ne pourra plus obtenir de crédit d'IMF. Souvent les groupes de
caution solidaire créent une caisse de solidarité dans laquelle
chaque membre dépose un pourcentage du crédit reçu. Les
sommes ainsi récoltées permettent de faire face aux
remboursements du membre qui est en difficulté de
remboursement.
- Les fonds de garantie, il s'agit de fonds
créé soit par l'IF pour soutenir ses clients, soit par les
pouvoirs publics ou des organismes de développement pour aider l'IF
à accéder aux crédits auprès des organismes de
financement plus importants, soit par des IF pour se soutenir entre elles. Les
fonds de garantie peuvent être locaux ou internationaux.
- Les fonds de garantie locaux: Ils
comprennent les fonds créés par l'IF, les fonds internes de
garantie de l'Etat ou des organismes de développement et les fonds de
garantie inter-IMF. Le premier type de fonds de garantie local est un fonds mis
en place par l'IF sur propres ressources et/ou sur fonds extérieurs pour
soutenir ses clients. Quant au second type de garantie, il s'agit de l'Etat,
d'un bailleur de fonds ou d'un organisme de développement (ONG,
organisation paysanne, etc.) qui décide de bloquer une somme sur un
compte dans sa banque. Cette somme devient un fonds qui sert à garantir,
avec son accord, des prêts que la banque pourra
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consentir aux clients de l'IMF. Enfin, certaines IMF
peuvent se regrouper pour créer un fonds de garantie en faveur de leurs
clients. Elles couvrent ainsi en commun les risques qu'elles prennent
individuellement en prêtant de l'argent à ces clients.
- Les fonds de garantie internationaux : Ces
fonds sont généralement mis en place dans les banques des pays
développés par des organismes de financement internationaux. Ils
servent à garantir des emprunts que des IMF et des ONG travaillant dans
les pays en développement sollicitent auprès des banques de ces
pays. Les fonds de garantie internationaux fonctionnent
généralement de la façon suivante :
(1) une IMF a besoin d'argent pour mieux faire face
aux besoins de crédit de ses clients ou une organisation de
développement (ONG, organisation paysanne...) a besoin d'argent pour
financer un projet de développement ;
(2) elle négocie un accord de crédit
avec une banque locale, puis elle soumet son projet à une organisation
qui possède un fonds de garantie ;
(3) si le projet est retenu, l'organisme envoie une
lettre de garantie à la banque locale. Sur la fois de cette lettre,
cette banque accorde le prêt sollicité ;
L'utilité des fonds de garantie peut être
résumée en ces termes:
- les fonds de garantie permettent aux IMF/IF
d'accorder plus de facilités aux clients qui leur demandent des
crédits ;
- les fonds de garantie, les fonds de garantie
internationaux en particulier, ouvrent de grandes possibilités pour le
financement du développement ;
- ils permettent de mobiliser les capitaux des pays
développés sans qu'il ne soit nécessaire de les
transférer vers les pays en développement ; et
- Enfin, cet outil permet en outre de résoudre,
en partie, le problème de l'endettement énorme des pays en
développement et celui se surliquidité dont souffrent la plupart
des banques.
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