Introduction
La production de fruits et de légumes en Afrique est
affectée par différents ravageurs, parmi lesquels les mouches des
fruits (Diptera : Tephritidae) occupent une place importante. La famille des
Tephritidae comprend environ 4000 espèces dont 500 genres. Elle est l'un
des groupes les plus importants économiquement (Ekesi & Billah,
2010). Les femelles de ces mouches pondent leurs oeufs, par petits groupes,
sous l'épiderme des fruits-hôtes. Les larves se développent
dans la pulpe du fruit, puis le quittent en fin de développement
larvaire pour se transformer en pupe dans le sol, d'où leur nom de
« mouches des fruits » (Abanda, et al., 2008).
L'Afrique exporte chaque année 3,6 millions tonnes de
mangues avec les pays de la CEDEAO qui couvrent environ 38% de la
récolte totale des mangues du continent soit 1,2 million de tonnes en
2006 à presque 1,4 million de tonnes en 2010. En Afrique de l'Ouest, les
pertes dues aux mouches des fruits dépassent 50 % pour les cultivars
d'intérêt commercial à partir du milieu de la campagne
mangue depuis 2005, impliquant des pertes considérables de revenus pour
les planteurs (Vayssières, et al., 2014). Ces pertes sont dues
à plusieurs espèces de mouches des fruits, Ceratitis
cosyra (Walker), C. fasciventris (Bezzi), C. rosa
(Karsch), C. anonae, C. capitata Weid. et Bactrocera
invadens Drew Tsuruta et White (Diptera: Tephritidae), constituent la
contrainte majeure à la production de mangues en Afrique. Bactrocera
dorsalis, qui, après sa première découverte en 2003
au Kenya, s'est disséminée très rapidement dans plusieurs
pays d'Afrique de l'Est, d'Afrique Centrale, d'Afrique de l'Ouest et en Afrique
Australe (Drew, et al., 2005 ; Mwatawala, et al., 2004 ;
Quilici & Vayssières, 2010 ; Ndiaye, et al., 2012 ; Dimbi,
et al., 2013).
Depuis l'introduction de Bactrocera dorsalis (ex
invadens) au Sénégal, les pertes de production de mangues ont
été estimées de 40 à 80 % par endroit (DPV, 2004
(Dimbi, et al., 2013) . Selon l'Institut Sénégalais de Recherches
Agricoles (ISRA), B. dorsalis a pris une importance toute
particulière car son pic de population coïncide avec la
période de maturation des mangues (Juillet-Août).
Bactrocera dorsalis provoque des pertes de
récolte pouvant atteindre 40 à 60 % dans les Niayes et 70
à 80 % en Casamance. Ces pertes touchent les arboriculteurs mais
également tous les acteurs de la filière (négociateurs,
vendeurs, exportateurs, transformateurs) (ISRA, 2010) ; (Grechi, et
al., 2013).
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En Afrique de l'Ouest, Ceratitis capitata est une
mouche d'importance économique qui attaque surtout les agrumes et
d'autres fruits indigènes, cause des pertes de rendement à
répercussions économiques (Umeh, et al., 2008 ;
Maùsse & Bandeira, 2007).
En plus des pertes directes, les mouches des fruits sont des
organismes de quarantaine infligeant chaque année la destruction de
nombreuses expéditions de mangues en provenance de l'Afrique de l'Ouest
en destination de l'Europe. En France, entre 2007 et 2010, les interceptions de
cargaisons de mangues infestées par B. dorsalis sont les
suivantes : 19 interceptions en 2010 provenant du Cameroun et du Togo ; 39 en
2009 en provenance du Sénégal, du Mali, du Kenya, du Burkina
Faso, de la Côte d'Ivoire, du Togo et du Cameroun ; 18 en 2008 en
provenance du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Burkina Faso et
du Sénégal ; 1 en 2007 venant du Cameroun (De Meyer, et al.,
2010).
De nombreuses méthodes de luttes ont été
explorées: traitements aux pesticides chimiques, le traitement
localisé avec les attractifs, l'élimination des mâles, la
lutte biologique, le piégeage en masse. Au Sénégal, les
exploitations traitées à travers le piégeage des
mâles sont ré-infestées à partir des parcelles
voisines. De plus, au sein d'une parcelle infestée traitée, il
existe un très fort potentiel de recontamination à partir des
larves et pupes enfouies dans le sol (ISRA, 2010).
L'introduction récente de mesures strictes de
quarantaine et de limite maximale de résidus (LMR) par la plupart des
pays importateurs de fruits comme les Etats Unis, l'Union Européenne et
l'Australie, ont motivé la recherche et le développement
d'alternatives biologiques à la lutte chimique (Toledo, et al.,
2006) ; (Aboussaid, et al., 2009) ; (AGRHYMET, 2010) ; (Che Raghi, et
al., 2012) ; (Daniel, 2014).
Cette étude entre dans le cadre d'une contribution
à la gestion intégrée des mouches des fruits en Afrique de
l'Ouest en utilisant l'entomopathogène Metarhizium acridum
(Driver et Milner) J.F. Bischoff, Rehner et Humber, qui a fait ses preuves
dans le cadre de la lutte antiacridienne en Afrique, en Australie et en
Amérique du Sud, contre les adultes et le troisième stade
larvaire de la mouche orientale des fruits Bactrocera dorsalis
(Hendel) et de la mouche méditerranéenne des fruits
Ceratitis capitata (Wiedemann).
? Objectifs
a. Objectif Général
L'objectif général de cette étude est de
tester la possibilité pour le Metarhizium acridum (Green
Muscle®) à transmettre des épizooties sur les
populations de mouches des fruits (Diptera: Tephritidae) Bactrocera
dorsalis et de Ceratitis capitata.
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