Chapitre IV. Discussion
Le test de germination des spores de Metarhizium acridum
a montré que pour les conidies conservées au
congélateur 95,4 % sont viables contre 94,4 % pour celles
entreposées dans le magasin (Tableau 1.). Ces taux sont nettement
supérieurs au taux de spores viables recommandé qui est d'au
moins 85 % à l'emballage pour une bonne application (AGRHYMET, 2010).
Bien que le stock de Metarhizium acridum ait été
livré en Février 2012, les spores ont gardé leur
viabilité grâce à la conservation sous température
basse. Ceci confirme les résultats antérieurs montrant que la
température joue un rôle important dans la durée de
conservation des spores et leur viabilité. En effet, plus la
température de conservation des spores est basse (= 4 °C), plus
longtemps elles peuvent garder leurs pouvoirs infectieux (AGRHYMET, 2010) ;
(Mohomodou, 2013) ; (Manneh, 2013).
Le test de quantification du nombre moyen de conidies
collectées par une mouche, après un temps de séjour d'une,
de deux et de trois minutes dans les chambres d'auto-inoculation (Photos 32 et
33), a montré que quel que soit la dose plus le temps de séjours
s'allonge plus la quantité de spores collectées augmente (Tableau
2.). B. dorsalis collecte le double de la quantité de spores
collectée par C.capitata après un temps de séjour
de trois minutes dans la chambre d'auto-inoculation avec 0,3 g de spores. Les
résultats obtenus sont similaires à ceux trouvés avec
plusieurs isolats de Metarhizium anisopliae (ICIPE 20, ICIPE 62...)
(Awuor, 2010).
Les mouches, mâles et femelles, exposées
directement aux spores du champignon, meurent entre 5 et 6 jours pour les
populations de B. dorsalis et de C. capitata (Figures 9, 10
et 11). Il existe une différence hautement significative entre les
mouches exposées et les témoins (DF= 4, F= 265 p < 0,001). Les
mortalités dues aux spores du champignon ont été
confirmées par les résultats du test de sporulation (Tableau 3.).
Metarhizium acridum a un effet biocide sur les adultes de B.
dorsalis et de C. capitata comme constaté dans les travaux
antérieurs chez les acridiens (Mohamed & Diallo, 2007).
Trois doses décroissantes de Metarhizium acridum
(en partant de la dose de 0,3 g utilisée par Dimbi) ont
été testées chez les populations adultes de B.
dorsalis et de C. capitata. Il a été noté
une différence significative entre les 3 doses appliquées et le
témoin (DF= 16, F= 2,16, p = 0,013). L'effet n'a pas été
différent entre les doses 0,15 g et 0,075 g mais différent de la
plus forte dose (Figure 14) et les LT50 selon la dose le confirment (Tableau
4.). Awuor, en 2010, avait trouvé des résultats similaires chez
B. dorsalis.
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Les résultats de ce test nous prouvent
l'efficacité du Metarhizium acridum à de faibles doses
qui ont un impact économique pour l'utilisation de ce biopesticide
contre les mouches des fruits.
La transmission horizontale simple du Metarhizium acridum
est le transfert des spores entre des mouches mâles en contact
direct par auto-inoculation et les mouches femelles saines par contact ou par
accouplement. Il existe une différence significative de la survie des
individus dans le temps et selon l'espèce (DF= 11, F= 2,29, p = 0,009)
(Figure17.). Le Temps létal 50 % des mâles « donneurs »
est situé entre 2,4 et 2,5 jours et 5,9 à 6,7 jours pour les
mouches femelles « receveuses » (Tableau 5.). Les résultats
similaires ont été trouvés par Dimbi et al, 2013
chez C.capitata, C.cosyra et C.fasciventris (Dimbi,
et al., 2013) ; (Sookar, et al., 2014).
La transmission horizontale inverse répond au
même principe que la simple sauf qu'ici les mouches femelles sont les
« donneuses » et les mouches mâles les « receveurs »
(Figure 18.). Il n'existe pas de différences significatives entre la
survie des deux espèces en fonction du temps (DF= 11, F= 0,67, p =
0,768). Le temps létal de 50 % de mortalité LT50 compris entre
2,7 et 2,9 jours pour les mouches « donneuses » et 6,7 et 7,6 jours
chez les mouches « receveurs » (Tableau 6.). Les résultats des
tests de mycoses ne présentent pas de différences significatives
entre les deux espèces et pour les deux modes de transmission (Figure
19.). Des résultats similaires ont été trouvés par
Toledo en 2006 et par Dimbi en 2013.
Le test a montré que les mouches sont en mesure de
transmettre les spores à leurs congénères sains. La
mortalité totale des individus est obtenue entre 11 et 12 jours, ce qui
confirme les résultats de Dimbi (Dimbi, et al., 2013) qui a
trouvé une mortalité totale après 10 jours. Le test a
également montré que les mouches mâles étaient plus
efficaces dans le transfert de spores, probablement dû à leur plus
grande mobilité dans leurs recherches de partenaires sexuels (Tableaux 5
et 6.) (Sookar, et al., 2014).
Après les tests sur les adultes, les derniers stades
larvaires sont visés par l'utilisation de l'entomopathogène
Metarhizium acridum. Le champignon est mélangé avec du
sable afin de créer un environnement hostile pour les larves en
pré-pupaison et les pupes.
Comparé au témoin, les 5 doses testées
ont montré une différence significative (DF= 5, F= 3,74, p = 0,0
07) (Figure 11). Pour B. dorsalis l'effet de la dose 1,5 g est
différent de celui des doses 0,5 g, 0,3 g et 0;15 g. Cette
dernière dose n'est toutefois pas différente de la plus faible
dose (0,05 g). Les figures12 nous montrent le nombre moyen de pupes de de
C.capitata avortées en fonction de la dose. Il existe une
différence significative entre les 5 doses testées,
comparées au témoin (DF= 5, F= 3,74, p = 0,0 07). Le pourcentage
de pupes avortées varie pour les deux
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espèces de 40 à 80 % comparativement au
témoin pour lequel la variation est de l'ordre de 2 à 10 %.
Le test de Student-Newman-Keuls montre que la dose 0,3 g est
différente des doses 0,5 g et 0,3 g et que ces dernières sont
différentes des doses 0,15 g et 0,05 G (Figure 13).Des résultats
similaires ont été trouvé chez Bactrocera zonata
et Bactrocera cucurbitae à Maurice par Sookar et avec un
isolat de (Sookar , et al., 2010) et par Cossentine avec le Metarhizium
brunneum sur les larves pré-pupales de Rhagoletis indifferens
(Cossentine, et al., 2011)
Comparé au témoin, les résultats de ce
test sur les populations de larves pupales de B.dorsalis et de C.
capitata montrent que le Metarhizium acridum n'est pas seulement
efficace contre les populations adultes des mouches mais aussi sur leurs larves
en pupaison.
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