DEUXIEME PARTIE: ANALYSE CRITIQUE DE LA VIOLENCE
CONJUGALE À MADAGASCAR PLUS PARTICULIÈREMENT DANS LA VILLE
DE TOLIARA
Les enquêtes éclairent sur les facteurs de
risques de la violence conjugale dans la capitale du sud. Contrairement, aux
idées reçues, l'autonomie économique des femmes ne les
protège pas toujours contre les violences conjugales. Elle pourrait
même constituer un facteur de risque supplémentaire: «Les
conflits, et donc les violences, sont plus nombreux dans les couples où
la femme s'éloigne du modèle perçu comme idéal,
dans lequel l'épouse joue le rôle de mère au foyer,
consacrée à l'éducation de ses enfants et dépendant
financièrement de son mari».86
L'Etat malagasy a promulgué la loi du 25 janvier 1999
ainsi que la loi n° 2000-21 du 28 novembre 2000, portant Code pénal
qui punit sévèrement le proxénétisme, le viol, les
coups et les blessures sur les femmes. Cependant, les peines prévues par
les textes sont rarement et mollement appliquées et pas suffisamment
dissuasives pour éradiquer le phénomène. De plus, les
violences sont en recrudescence et l'impunité des auteurs pousse la
communauté à la justice populaire. Cette deuxième partie
se rapporte deux phénomènes d'influence sociale de la violence
conjugale puis sur des recommandations.
86 Plus rapporte Sciences au Sud - Le journal de
l'IRD - n° 67 - novembre/décembre 2012, à Madagascar
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
CHAPITRE I: LES PHÉNOMÈNES D'INFLUENCE
SOCIALE DE LA VIOLENCE CONJUGALE
À travers ce chapitre, l'accent est mis d'abord sur les
facteurs générateurs de la violence conjugale et d'autres causes,
ensuite, sur ses impacts. Enfin nous allons identifier les modalités de
poursuite.
Section I: LES FACTEURS GENERATEURS DE LA VIOLENCE
COJUGALE
La violence conjugale est un phénomène complexe,
plusieurs facteurs peuvent être évoqués pour expliquer ses
causes. Mais dans le cadre de notre travail, nous allons considérer ses
principaux facteurs. La violence conjugale a des racines sociales et des
historiques profonds; elle est la manifestation des rapports des forces
inégaux entre l'homme et la femme. Des nombreux experts croient
toutefois que la violence conjugale est liée aux
inégalités et au déséquilibre au sein de notre
société. De surcroit, il existe d'autres basés sur la loi
en vigueur, les lacunes dans la vie du couple, le laxisme de l'Etat et de la
tradition et d'autres causes qui se rencontrent fréquemment.
Paragraphe I: LES CAUSES FACE À LA
FONCTIONNALITÉ DE LA LOI
Plusieurs textes des lois sont entamés au niveau
international et surtout nationaux alors, c'est logique de prendre un
caractère de ce qui est applicable. L'adage que entendons
quotidiennement est «nul n'est censé ignorer la loi»;
toutefois les gens comme le couple subir l'inapplication des textes de loi
d'une part et l'ignorance de la loi en vigueur d'autre part.
A- L'inapplication de la loi
Elle est l'une des principales causes de la violence conjugale
à Madagascar. Cependant, outre ses lois nationales, notre pays a
été signé et ratifié nombreux traités et des
accords internationaux en matière des droits de l'homme et la femme en
particulier. En effet, dans notre pays, les lois réprimant la violence
conjugale manquent d'une réelle volonté politique dans leur
application. Dans la plupart des cas, les victimes ont honte de raconter ce qui
leur est arrivé et de se faire soigner; par contre, les lois condamnent
les violences au niveau du couple. Il est difficile pour les femmes de porter
plainte contre leur époux pour obtenir une réparation. De plus,
les lois et leur application comportent plusieurs failles car les responsables
de l'application de la loi comme le corps de la magistrature, de la police et
de la gendarmerie maquent des moyens humains, financiers et
matériels.
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
L'Etat Malagasy, malgré les textes nationaux et
internationaux qu'il dispose ne prend pas beaucoup des mesures pour faire
respecter les droits des femmes. Ainsi, ils ne sont pas bien appliqués,
souvent les poursuites judiciaires et les condamnations prononcées
contre les agresseurs sont des simulacres. Puis, les peines prévus par
les textes sont rarement et mollement appliquées.
Ils sont aussi peu sensibilisés et formés dans
certains domaines dont la violence à l'égard de la femme. Les
standards internationaux sur l'éthique de la profession de la
magistrature imposent aux membres de justice de se saisir d'office en cas
d'infractions relatives aux violences contre les femmes. Cela n'est pas encore
le cas à Madagascar.
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