Section II: LE DEROULEMENT STÉRÉOTYPE DE
LA VIOLENCE CONJUGALE
Nombre de réflexions relatives à maints
problèmes contemporains évoquent, parmi les mauvaises causes
qu'elles analysent, l'organisation patriarcale de notre société.
On est en effet pris de perplexité lorsqu'on s'interroge sur une
éventuelle diversité de choix culturel qui ferait apparaitre
à côté du patriarcat, une ou d'autres formes d'organisation
familiale et sociale. Ainsi que la région du Sud de l'île ait
enregistré un taux de violence conjugale plus élevé que le
reste de la province et celui-ci est en augmentation depuis 2012. Diverses
hypothèses ont été soulevées, notamment une
vulnérabilité des femmes au regard de certains facteurs
associées à la violence. Cela donc, ce déroulement a
commencé par l'histoire de la violence conjugale ainsi que nous
exprimons l'ampleur de cette dernière.
Paragraphe I: SURVOL HISTORIQUE DE LA VIOLENCE CONJUGALE
À MADAGASCAR
La violence conjugale à Madagascar comme dans beaucoup
d'autres pays, est un sujet sensible, tabou et méconnu. Personne ne peut
nier que de nombreuses femmes chez nous sont victimes de cette violence. Elle
est une des manifestations de l'enjeu spécifique que constitue encore le
contrôle du corps et de l'autonomie de femmes dans la
société Malagasy. La violence envers les femmes a longtemps
été considérée comme naturelle, normale et
inévitable. Nous nous permettons de dire qu'elle a été
tolérée au cours de l'histoire. Pourtant, elle est un
phénomène universel qu'elle n'épargne personne: aucune
société, aucune culture et elle touche en général
dans tout le groupe ethniques sans discrimination.
1- L'ignorance de la violence à Madagascar
La société Malagasy a souvent été
présentée comme une «société sans
violence».29 Tout particulièrement, le groupe des Merina
vivant dans la région d'Analamanga. Le principe de
«FIHAVANANA», c'est la règle sociale qui définit le
mode de relations entre les individus, impose notamment aux garçons de
«masquer ses sentiments, de maitriser ses émotions, ses pulsions
agressives».30 Le résultat est une cohésion
sociale admirable qui donne l'image d'une société Malagasy calme,
polie et non violente.31 Certains s'appuient sur ce fait pour
supposer que la violence en général et la violence conjugale en
particulier serait rare ou limitée à certaines populations
déviantes32 (les alcooliques, les malades etc....).
Malgré cela, l'apparente cohésion sociale ne
perdure que sous conditions de sanction faites aux personnes qui
s'écartaient du FIHAVANANA et qui voudraient exister par elle
mêmes; ces sanctions peuvent être d'une violence
extrême.33 Les relations entre les hommes et les femmes
n'échappent pas à cette règle, les rôles
dévolus à chacun des sexes, les normes et les valeurs
intégrées dès la plus petite enfance par les hommes et les
femmes instruisent un système de genre qui met les femmes en position
d'infériorité tant dans la sphère publique que dans la
sphère privée.34 Cette réalité vaut pour
toutes les régions de la grande île même si d'un groupe
socio-culturel ou socio-économique à l'autre les règles
qui régissent les relations entre les genres
différent.35 Or, tout écart à ces normes de
genre de la part des hommes ou des femmes, génère des conflits et
des violences entre époux.
2- La marche de la violence envers les femmes dans la vie
conjugale
Nous supposons alors qu'à Madagascar, comme en Afrique
plus généralement ou en Europe, l'espace conjugal est un lieu
où les violences envers les femmes sont très
nombreuses.36 À cette époque, la loi romaine autorise
le mari a tué sa femme si elle a commis l'adultère ou encore ce
dernier peut la corriger si elle boit du vin. Certes la femme romaine est
traditionnellement, c'est-à-dire selon la religion romaine, sous la
dépendance de son père (pater familias), puis de son mari. Au
moyen-âge, l'Etat comme l'Eglise confèrent encore au mari le droit
de battre sa femme; la période de la Renaissance n'apporte pas beaucoup
de
29 Beaujard, 1995
30 Beaujard 1995, p564
31 Alexandre, 2007
32 Rasoamananjara, 2009
33 Alexandre, 2007
34 UNDP, 2003
35 Fee, 2000
36 Jaspard, 2005/OMS, 2005
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
grands changements. L'homme est le maitre absolu qui peut
contrôler et châtier son épouse s'il le juge
nécessaire. Vu que à Madagascar, la loi no 96-009 du
09 Août 1996 régit le cas d'adultère, prévu par
l'article 324 du code pénal que le meurtre commis par l'époux sur
son épouse ainsi que sur la complice et inversement, à l' instant
où ils surprirent en flagrant délit dans la maison conjugale est
excusable.
En effet, la violence conjugale fait encore partie aujourd'hui
de la vie privée du couple, elle peut longtemps rester méconnue
ou non dévoilée. Cependant, dans le cadre historique de la
violence conjugale, nous allons considérer comme trois grands facteurs :
le système patriarcal, la tradition et l'Etat qui pour nous
résument cette historicité à Madagascar.
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