Communication et promotion des entités décentralisées au Burundi. Cas des communes Bisoro, Bukemba Gitanga et Rumonge.( Télécharger le fichier original )par Halidi RUYUMPU Université Lumière de Bujumbura - Licence en Sciences de la Communication; Option Communication pour le Développement 2011 |
3.3 Contraintes liées à la communication pour les entités décentraliséesLa communication pour les collectivités locales fait face à des contraintes de différentes nature parmi celles-ci nous pouvons porter notre intérêt sur les suivantes : des contraintes institutionnelles, socioculturelles et communicationnelles. 3.3.1. Contraintes institutionnellesDepuis le démarrage à proprement parler du processus de décentralisation au Burundi, à l'issue de l'Accord pour la Paix et la Réconciliation, il n'y a pas eu de lois spécifiques en rapport avec la communication pour les collectivités locales. Nous pouvons savoir que la loi spécifique abroge expressément celle générale (lex specialis abrogat leg generalis) d'une part et qu'elle a plus de considération en matière juridique d'autre part. En plus, aucune commune n'est dotée d'un service chargé de ce qui relève de la communication. Ici, on parlerait de porte-parole, de service chargé de presse ou de communication. Bref, cette activité quoique importante et délicate, est assurée soit par l'administrateur (de manière générale) soit par une personne autre qui est employée à la commune sans tenir compte de ses savoirs ou prérequis en la matière. Le gouvernement du Burundi n'a pas de contrat avec les médias pour la diffusion des émissions sur la décentralisation depuis le niveau central comme au niveau local. Et le peut d'émissions que le gouvernement est supposé accompagner sont confiées aux seuls médias publics, à savoir la RTNB et le Renouveau en Français et Ubumwe en langue nationale. L'autre difficulté est celle encourue par les médias, car, alors que l'opportunité se présente, ils se heurtent aux problèmes de choix des invités. Malheureusement, ce sont les hauts cadres qui présentent une réticence à l'invitation alors que c'est auprès d'eux que nous trouvons une parole crédible pour les auditeurs. Les actions de communication sont menées avec moins de rigueur. Le Directeur Général de la Décentralisation s'y exprime en ses termes : « Comme vous pouvez le voir vous-même, les actions de communication sont entreprises de manière hâtive sans passer au préalable par une préparation bien organisée. »49(*) 3.3.2 Contraintes socioculturelles« Avoir une communication apaisée avec la population est vraiment difficile, ça il faut l'avouer.» nous a affirmé toujours Monsieur NDIKUMANA. Dans la conception socioculturelle des Burundais, les échanges entre des personnes s'orientent et prennent des contours selon les rapports sociaux existants. Ces rapports sont dominés par les relations suivantes : Ø Uwanje qui veut dire le mien. C'est la personne chère à qui l'on tient beaucoup ; Ø Incuti ce sont les proches, des personnes avec lesquelles l'on est liées par un lien de parenté ; Ø Abagenzice sont les amis, les amis des relatifs et des amis ; Ø Ababanyice sont les voisins, les personnes de l'entourage ; Ø Murundi c'est l'inconnu, la personne avec qui l'on n'a pas de relation particulière ; Ø Umwansi c'est l'ennemi, la personne que l'on traite avec haine.50(*) Face à ces rapports entre personne (ici nous parlons des rapports sociaux) le contenu de la conversation change d'une personne à une autre. Les burundais ont tendance à donner une information qui n'en n'est pas une dès qu'ils sont en face d'une personne qualifiée de non confiante. Un autre défi qu'il ne faut pas ignorer est le manque d'habitudes de lecture. Comme le confirme le président du CC Giharo « il est incompatible de lier les habitudes de boire (de 18 heures à 22 heures) et l'envie de lire ! Et par ailleurs un journal, avec un air étonné, nous ne le lisons qu'une fois à Bujumbura, ou après que l'information ait perdu attrait à la lecture. S'il y avait des journaux intéressants, au niveau local, peut-être que nos consommations en alcool se verraient à la baisse. »51(*) * 49Propos recueillis lors d'une interview accordée au Directeur général de la décentralisation, Jean Marie NTIHIRAGEZA * 50 Propos recueillis lors de l'entretien avec l'Abbé NTABONA A. * 51 Propos recueillis lors des Ateliers communaux de 2009, 23 Octobre |
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