2/ Externalisation et notions connexes
Sur un plan théorique, le concept d'externalisation a
fait l'objet de nombreux travaux de recherche et les définitions
données sont nombreuses et variées (Masson-Franzil, 2005). Le
concept a été souvent évoqué comme synonyme
d'autres notions plus anciennes, comme la sous-traitance ou l'impartition, bien
que ces concepts recoupent des réalités différentes. Elle
est ainsi, souvent, confondue à la sous-traitance.
a/ Distinction entre externalisation et
sous-traitance
Il est nécessaire de distinguer entre externalisation
et sous-traitance, en effet pour matérialiser cette différence,
parfois peu perceptible nous allons citer quelques points de séparations
entre les deux opérations.
L'externalisation porte sur une activité qui faisait
partie du périmètre de gestion de l'entreprise alors que la
sous-traitance peut porter sur des tâches qui n'ont jamais auparavant
été gérées dans l'entreprise. Au niveau
stratégique, l`opération porte sur des activités
importantes pour l'entreprise et la relation entre le cédant et le
cessionnaire revêt la forme de coopération.
Cette distinction souligne deux grandes originalités de
la problématique de l'externalisation par rapport à celle de la
sous-traitance (qui est beaucoup plus générale) :
? Une fonction doit obligatoirement avoir fait partie de
l'entreprise pour prétendre pouvoir être externalisée.
? L'externalisation s'accompagne souvent d'un transfert
d'équipements et de personnel vers le prestataire.
Malgré le transfert d'hommes et de matériel,
l'outsourcing doit être distingué de la cession ou du
désinvestissement (Vollman et Brazas, 1995). On conçoit que
l'externalisation et la sous-traitance poursuivent le même objectif en
l'occurrence : la concentration sur le coeur de métier voir même
la réduction des coûts de production néanmoins
l'externalisation est une diligence plus innovante et révolutionnaire.
Cependant qu'en est-il de la différence entre externalisation et
l'impartition?
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Impact de l'externalisation logistique sur le couple
coût-délai dans les entreprises camerounaises
b/ Distinction entre externalisation et
impartition
Barreyre (1968) a abordé la question du «
faire ou faire faire » dès la fin des années 1960.
D'après Barreyre (1992) : « Il y a (ainsi) impartition
lorsqu'une entreprise, placée devant le choix du faire ou faire faire,
opte pour le second terme de l'alternative et délègue à
une firme partenaire une partie de son système global
d'activités. » L'approche de Barreyre (1968, 1992) se
distingue assez nettement de celle d'économistes comme Williamson
(1991). En effet, elle ne se limite pas à l'analyse de la sous-traitance
d'une partie de l'activité de production et intègre parfaitement
les activités de services. De plus, elle permet de raisonner au niveau
de l'entreprise tout entière et pas uniquement activité par
activité.
L'externalisation consiste à laisser un prestataire
reprendre des activités qui étaient réalisées en
interne ; il s'agit donc d'une forme de désintégration verticale
(Barthélémy et Chalaye, 2004). Elle s'en distingue donc de
plusieurs autres notions qui lui sont souvent associées.
c/ Distinction entre externalisation et autres notions
voisines
L'externalisation est souvent accompagner par une
réduction de la taille de l'entreprise. Il en résulte alors une
confusion fréquente avec le downsizing. Le downsizing consiste à
accroitre l'efficacité, la productivité et la
compétitivité d'une organisation en réduisant sa taille.
Il existe cependant une différence fondamentale entre downsizing et
externalisation. Le downsizing consiste à se débarrasser
définitivement de personnel ou d'équipements qui faisaient partie
de l'entreprise. Par ailleurs, une activité externalisée reste
nécessaire au bon fonctionnement de l'entreprise (Freeman et Cameron,
1993).
Malgré «... le transfert d'hommes et de
matériel...» (Lacity et Hirschheim, 1993), l'externalisation
doit être distinguée de la cession ou du désinvestissement
(Vollman et Brazas, 1995). En effet, même si une activité est
externalisée, elle reste nécessaire au bon fonctionnement de
l'entreprise. Les liens avec le prestataire doivent être très
étroits alors que dans le cas de la cession les liens avec
l'activité cédée sont irrémédiablement
coupés (Vollman et Brazas, 1995 ; Gottfredson et al., 2005).
L'externalisation doit être aussi distinguée de
reengineering. En effet, le reengineering consiste à améliorer
radicalement les performances de l'entreprise en refondant ses processus
créateurs de valeur et en éliminant les processus qui ne
créent pas de valeur. De ce fait, il représente une
démarche globale de restructuration qui peut s'accompagner de
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Impact de l'externalisation logistique sur le couple
coût-délai dans les entreprises camerounaises
l'externalisation des processus les moins créateurs de
valeur. Cependant, l'externalisation ne peut pas être assimilée au
reengineering, car les opérations d'externalisation peuvent avoir lieu
sans qu'une entreprise soit engagée dans une opération de
reengineering de ses processus.
De nos jours encore cette formule de réallocation
paraît intéressante pour plusieurs raisons. Ce qui semble se voir
dans le nombre des fonctions qui sont externalisées par les
entreprises.
C/ Formes d'externalisation et fonctions les plus
externalisées
L'externalisation connaît aujourd'hui une forte
croissance. L'externalisation connaît aujourd'hui un nouvel essor sous la
forme de l'externalisation « stratégique »,
c'est-à-dire l'externalisation d'activités critiques pour la
bonne marche de l'entreprise. Elle touche également un nombre de plus en
plus important d'activités.
1/ Formes ou options stratégiques
d'externalisation Barthelemy (2001) distinguait quatre grandes formes
d'externalisation :
L'externalisation de spécialité est
mise en oeuvre lorsque l'organisation estime ne pas disposer du savoir-faire
adéquat pour fabriquer un produit ou réaliser une prestation.
L'externalisation de capacité consiste
à faire appel à un sous-traitant lorsque l'entreprise est dans
l'incapacité de répondre à un flux de commandes dans les
délais impartis ; l'entreprise peut dès lors ajuster sa
capacité de production en fonction des pics de commandes.
L'externalisation de marché est
employée lorsqu'une entreprise confie à une autre entreprise
l'exécution d'un marché qu'elle a conclu avec un maître
d'ouvrage.
L'outsourcing en cascade ou en chaîne est le
cas de figure où le sous-traitant devient lui-même donneur
d'ordres.
Le recours à l'externalisation est une pratique
largement utilisée par les moyennes et les grandes entreprises
(Barthelemy, 2001). Initialement focalisées sur les fonctions à
faible valeur ajoutée, les politiques d'externalisation portent de plus
en plus sur des fonctions stratégiques (Quélin ,2002).
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Impact de l'externalisation logistique sur le couple
coût-délai dans les entreprises camerounaises
2/ Les fonctions les plus concernées par le
phénomène
Des nombreux travaux montrent à la fois l'ampleur et
l'évolution du phénomène de l'externalisation pour un
certain nombre d'activités de la chaîne de valeur (Quinn et
Hilmer, 1994 ; Barthelemy, 2001 ; Gottfredson et al., 2005). Leur
principal mérite est la mise en valeur des aspects dynamiques de
l'externalisation (Tifrani, 2012).
? Certaines activités sont externalisées depuis
très longtemps. Il s'agit essentiellement des services
généraux, de la paie, de la comptabilité ou de la
maintenance. Même si l'ampleur de l'externalisation varie selon les
activités, il s'agit aujourd'hui d'un phénomène bien
établi;
? les activités comme la logistique, l'informatique, la
Recherche et Développement, les télécommunications, le
service après-vente (SAV) ou les achats sont externalisées depuis
beaucoup moins longtemps. En revanche, leur externalisation est aujourd'hui en
plein essor.
En d'autres termes, il semble que l'externalisation touche des
activités de plus en plus proches du «coeur de métier»
des entreprises. Si dans un repère l'on conserve l'ancienneté du
phénomène de l'externalisation en abscisse et si l'on utilise la
proximité avec le «coeur de métier» en ordonnée
; on peut constater qu'aujourd'hui l'externalisation semble avoir
dépassé le cadre des activités périphériques
des entreprises pour s'étendre à des activités plus
proches de leur «coeur de métier». Si le mouvement est parti
d'activités comme les services généraux, la paie ou la
comptabilité, il s'étend à la logistique, aux entreprises
Rappelons que les activités peuvent être réparties en deux
systèmes d'information ou aux télécommunications. A un
degré moindre, il commence à toucher des activités comme
le SAV ou les achats. Il est intéressant de constater qu'une
évolution qualitative est également perceptible à
l'intérieur des activités.
Différents rapports Outsourcing Ernst & Young
(2010) et CEGOS 2011 (Jouanne ,2011) et catégorisent les
activités des entreprises selon le degré de recours à
l'externalisation. Ainsi, ces rapports classent les fonctions de l'entreprise
en 7 catégories.
Le graphique (figure 1) suivant nous
renseigne sur l'état des lieux de l'externalisation au sein des
entreprises ces dernières années :
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Impact de l'externalisation logistique sur le couple
coût-délai dans les entreprises camerounaises
Figure 1 : Etat des lieux de l'externalisation dans les
entreprises
Source: Ernst & Young (2010)
Ces rapports donnent d'intéressants résultats
concernant le degré d'externalisation de ces fonctions. Ces chiffres
viennent valider la cause première donnée par les entreprises
comme raison de recours à l'externalisation logistique, à savoir
se recentrer sur son activité et aller chercher ailleurs une
compétence que l'on ne possède pas, ou du moins que
jusqu'à présent l'on n'était pas capable de
réaliser en interne (Fimbel, 2003). En accord avec ces principes, on
voit ainsi que les fonctions les moins externalisées sont
l'administration et le marketing (communication incluse). C'est somme toute
logique puisqu'il s'agit du coeur d'activité de l'entreprise, les
activités où elle exprime son savoir-faire, apporte sa plus-value
à son offre de bien ou de service (Porter, 1985 ; Gottfredson et al.,
2005). La logistique, objet de notre attention, est externalisée par une
belle part des entreprises dans le monde (Paché, 1994 ; Clarcke, 1996 ;
Chapman, 1997).
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