5.5.3. Diagnostic du problème prioritaire
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Les feux de végétation constituent un
facteur clé de destruction des ressources forestières. Leur
passage détruit non seulement le couvert et le peuplement, mais aussi
progressivement le sol, la microfaune et la microflore.
Nos enquêtes sur le terrain ont
révélé que les causes de la mise à feu des
plantations sont nombreuses. Les conséquences actuelles et futures qui
en découleront le sont également. (Figure 8)
Plantations sans avenir
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Echec de conservation de
la biodiversité
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Disparition de la forêt
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Perte des avantages du système
de cogestion
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Feux Criminels de Végétation
Mécontentement de la population
Manque de Terres cultivables
Rareté de la main d'oeuvre locale
Manque de motivation pour la protection
Occupation des terres par l'ONAB
Destruction des plantations
privées
Pas de gardien, garde-feu
et sous-traitants autochtones
Retard de paiement des Garde-feu
Pâturage du gros bétail par les
Peulh
Manque d'équipement immédiat
de travail
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Causes du problème principal
Problème principal
Conséquences du problème
principal
Figure 8: Arbre à problème du
fonctionnement du secteur forestier d'Atchérigbé Source :
Djotan, 2015
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Dans une forêt classée, les populations
sont interdites de tous droits d'usage du sol forestier, de la flore et de la
faune (Akouehou, 2009). La forêt d'Atchérigbé a
été classée depuis 1942. L'absence d'actions
concrètes de protection, d'aménagement et d'utilisation du sol
forestier par l'Etat a favorisé l'installation des populations
riveraines dans cette forêt. En effet, ces populations ont
dégradé la forêt naturelle existante et y ont
installé des plantations de Teck et d'Anacarde.
La présence de plantations privées dans
le domaine classé menace dangereusement la gestion participative des
forêts (Koty, 2013). En vue de mettre en valeur la forêt
d'Atchérigbé et d'y produire du bois d'oeuvre, d'après nos
enquêtes, l'ONAB aurait détruit ces plantations privées
sans avertir les propriétaires. La population se voit dès lors
privée à la fois des terres cultivables et des revenus que
devraient leur procurer les plantations privées et les champs.
D'après les populations d'Atchérigbé, le manque de terres
cultivables pourrait entrainer un retard de développement
socio-économique puisque des étrangers ne voudront pas s'y
installer pour exercer des activités agricoles et contribuer à
l'économie locale. Elle réalise également que la
superficie réservée pour leur évacuation de la forêt
n'est pas suffisante d'autant plus que la population croît et le besoin
en terres s'accroit également. Aussi, les garde-feu, les gardiens et les
sous-traitants travaillant dans la forêt ne sont-ils pas des autochtones.
La destruction des plantations privées, le manque de terres cultivables
et le non recrutement de travailleurs issus de la localité par l'ONAB
rendent la population mécontente. Ainsi, elle n'adhère pas aux
activités de l'ONAB, n'opte pas pour la prospérité de ces
activités. Elle met alors feux aux plantations. Les peulh et les
chasseurs sont également soupçonnés pour ces feux, les uns
dans le but de nourrir leur bétail avec du bon fourrage, les autres
à la recherche de gibier.
Par ailleurs, le manque de motivation des garde-feu
à cause des retards de paiement de ce qui leur revient constitue aussi
une cause de la prolifération des feux. A cela s'ajoute, le manque
d'équipements immédiatement disponibles pour éteindre
efficacement les feux occasionnés.
Les feux de végétation entraineront
comme conséquence une destruction des plants. En effet, dans le jeune
âge, comme c'est le cas pour les plantations d'Atchérigbé,
les plantations sont plus vulnérables au feu. La destruction de certains
plants entrainera une faible productivité des plantations. Si les
plantations n'ont pas d'avenir, les investissements de l'ONAB seront
infructueux. L'objectif de départ étant de conserver les reliques
forestières ne
sera pas aussi atteint. Les personnes qui tirent des
avantages des activités du secteur se retrouveront au statut quo. En
somme, le Bénin perdra une zone classée et les villages riverains
perdront les avantages qu'ils auraient pu tirer de sa gestion
effective.
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