2) Causes de la situation actuelle
La faiblesse des revenus moyens des individus freine le
développement de l'assurance. Avant de payer des cotisations
d'assurance, il faut pouvoir manger, se loger, payer la scolarité des
enfants, etc. Pour les personnes démunies, l'assurance concerne la
catégorie des dépenses secondaires, réservées aux
privilégiés et personnes en capacité d'y souscrire.
La matière assurable provient majoritairement des
entreprises du secteur formel, souvent à capitaux étrangers qui
appliquent des méthodes de gestion valables ailleurs, notamment les
pratiques de délocalisation. Les entreprises publiques sont aussi le
plus souvent assurées, car, en cas de sinistre, elles n'ont pas toujours
l'assurance d'obtenir à temps de l'État, la dotation
budgétaire nécessaire aux reconstructions et réparations
exigées.
Un nombre important de sociétés d'assurance se
partage des marchés exigus caractérisés par la faiblesse
du chiffre d'affaire. La grande majorité des sociétés
veulent générer le profit sur les mêmes créneaux et
sur les assurances obligatoires, notamment l'automobile. A cela s'ajoute la
pratique de la sous-tarification, la concurrence déloyale du fait de
l'exercice de la profession par des acteurs, sans autorisation ou sans
agrément, qui nuisent à la bonne vitalité des
sociétés d'assurances. Une réflexion doit être tenue
concernant l'assainissement du marché, notamment, en ce qui concerne la
politique d'octroi et de contrôle des agréments.
Une autre cause de la faiblesse de l'assurance provient des
fraudes trop fréquentes liées aux assurances obligatoires. Par
exemple, dans le cas de l'assurance automobile, de nombreux automobilistes
circulent sans assurance ou munis d'une attestation d'assurance frauduleuse,
vendue par des salariés de sociétés d'assurances ou
d'intermédiaires malhonnêtes.
Un handicap supplémentaire au développement de
l'assurance réside dans le coût élevé des taxes sur
les cotisations d'assurance, auxquelles s'ajoutent des frais de contrôle
particulièrement pénalisants pour le rendement des assurances
vie. Ces prélèvements étatiques sont évidemment
à la charge des assurés et contribuent à alourdir le
coût des garanties vendues par les assureurs.
IIA - 22ème Promotion DESS-A
Mémoire de fin de formation Novembre 2016
« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 27
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Les produits d'assurance semblent encore rigides et non
adaptés aux réalités africaines, alors que les populations
locales qui recherchent davantage de simplicité et de
flexibilité. L'informel qui engrange pourtant d'énormes capitaux
n'est pas encore suffisamment pris en compte dans les méthodes
d'assurabilité. En effet, de nombreux prospects, pourtant liquides avec
des besoins réels, restent exclus du marketing des assurances en raison
du faible niveau de bancarisation de nombreux pays. De même, les canaux
de distributions ne prennent pas suffisamment en compte les
spécificités de la vente des produits de masse. La forte
présence des tontines et leur importance constituent un handicap majeur
pour les sociétés d'assurances.
L'offre de service et de prestation par les nouvelles
technologies est rare et peu efficiente, bien qu'il existe une classe moyenne
naissante, disponible et coutumière des NTIC. C'est ainsi que le pouvoir
de la téléphonie n'est pas suffisamment exploité,
même s'il très répandu dans toute l'Afrique.
L'usage des langues vernaculaires chez les populations
rurales, n'a pas encore été bien exploré dans la politique
de vente des produits d'assurance. Une autorisation du législateur
pourrait davantage motiver les rares compagnies d'assurances qui aspirent
à intégrer ces langues dans le marketing, la conception et la
rédaction du contrat d'assurance.
Beaucoup de sociétés n'ont pas atteint le seuil
de rentabilité optimal, c'est-à-dire le chiffre d'affaire et le
résultat net, à partir desquels l'activité de l'entreprise
et le profit tendent à être maximal. Il est donc difficile pour
ces sociétés de faire face à leurs engagements, notamment
les frais généraux et les sinistres. Dans le même temps, il
faut également investir dans la formation, l'innovation, l'étude
de marché, la qualité du service.
Le paiement de sinistres et la célérité
de la prestation constituent des gages de confiance et de professionnalisme
auxquels les compagnies d'assurance ne peuvent se dérober, au risque de
ternir leur réputation, leur image et celle de leur profession.
Cependant, on note parfois le retard, voire le refus volontaire des compagnies
d'assurance, par négligence ou en raison de difficultés de
trésorerie, de payer des sinistres, une fois l'étude du dossier
réalisée et son montant définitif fixé. Cela nuit
à la confiance accordée aux assureurs.
En outre une attention doit être portée sur la
gouvernance d'entreprises qui se décrit comme l'ensemble des processus,
lois et institutions influant la manière dont l'entreprise est
dirigée, administrée et contrôlée. Il s'agit
d'éviter la concentration excessive des pouvoirs en matière de
contrôle et de prise de décision sur un seul organe ou une seule
personne, de disposer d'un actionnariat technique de référence.
De plus, les Conseils d'administrations,
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développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 28
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les directions générales et les organes de
contrôles internes et externes doivent être amenés à
travailler en toute transparence et indépendance. Ils doivent maitriser
les changements techniques et les normes prudentielles relatifs à
l'activité et la bonne marche de l'entreprise.
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