3.5 DISCUSSION DES RESULTATS
En analysant ces résultats, nous constatons que le
secteur touristique à Bukavu et ses périphéries, accuse
des faiblesses et le manque d'appui financiers par l'Etat Congolais.
En outre les produits touristiques vendus (offre) ne sont pas
diversifiés puis que l'accent est mis surtout sur l'écotourisme
au PNKB.
Les résultats de l'étude montrent effectivement
beaucoup de faiblesses dans la politique de gestion du tourisme où
d'ailleurs, certains sites et attraits touristiques ont disparus suite
à la négligence des services étatiques.
Les
infrastructures touristiques sont mal entretenues et moins performantes pour
répondre à l'attente des visiteurs pour leur agrément.
Ainsi ni l'Etat ni les privés, aucune initiative de
valorisation des sites / attraits touristiques n'est en cours en vue de
stimuler la curiosité et l'affluence des visiteurs.
Malgré les atouts
géographiques, climatiques et culturels, Bukavu ne
bénéficie que d'une faible part du tourisme aussi bien en termes
d'arrivés des touristes que des recettes.
D'après nos résultats et nos enquêtes sur
le terrain, beaucoup d'handicaps continuent à entraver l'en vol de ce
secteur, entre autres :
1. L'Insuffisance d'informations fiables et pertinentes sur
les attraits et sites touristiques existants :
l'information n'est pas livrée à la population pour
s'approprier le tourisme.
Les différentes plaintes des enquêtés
attestent qu'ils n'existent pas assez des documents publiés, brochures,
dépliants ou même un site Internet propre au tourisme à
Bukavu où ils puiseraient beaucoup plus d'informations.
En plus les professionnels du secteur sont réticents
à communiquer les données, qui d'ailleurs sont vielles.
2. Le manque d'implication des privés : Au regard
des propositions recueillies, les opérateurs économiques locaux
n'investissent pas dans le tourisme.
Ceux qui ont des sites / attraits touristiques ne les mettent
pas en valeur et ne les exploitent pas à des fins touristiques.
De même les populations locales s'intéressent
moins au tourisme qu'elles estiment une affaire des blancs et des personnes
nanties.
Les privés affirment qu'il n'y a pas de politique
rassurante pour tout investisseur : la fiscalité
exagérée sur les produits importés et sur les facteurs de
production inciteraient leurs hésitations.
3. Une promotion touristique quasi inexistante :
l'enclavement de Bukavu devait inciter les acteurs du tourisme
à disposer des moyens pour promouvoir le tourisme.
L'Etat congolais n'entrevoit pas des mesures à travers
la révision de la fiscalité et de la privatisation du secteur.
Par exemple, exonérer les biens d'équipement pour la construction
des hôtels, des engins de transport en commun si bien que ces
matériels ne sont pas produits localement.
4. Un déficit infrastructurel :
Nous constatons d'après les résultats que les
infrastructures hôtelières sont insuffisantes et moins
équipées.
Aussi l'absence d'un aéroport international bloque
l'organisation de plusieurs destinations touristiques à
l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
Il existe pourtant des sites / attraits touristiques à
Bukavu qui sont à rénover ou à aménager.
Cependant, le secteur ne dispose pas des plans ou de
politique d'aménagement. Ce qui fait que le tourisme à Bukavu est
dans une phase embryonnaire (infrastructures sanitaires, aéroportuaires,
électriques, routières très faibles et
inadaptées).
A cela s'ajoute l'insalubrité qui rend l'accueil moins
chaleureux.
5. Un manque de diversification des produits
touristiques : A ce niveau , nos enquêtes
rapportent qu'à part la pratique de l'écotourisme au PNKB, aucune
autre forme de tourisme n'est initiée pour servir d'appoint à ce
tourisme vert.
Pourtant la vie culturelle à Bukavu est
ponctuée par une série d'objets d'arts,
d'événements nuptiaux, des théâtres radiophoniques,
des danses folkloriques et autres genres des manifestations pouvant faire
l'objet d'une curiosité touristique.
6. Concernant la qualité du personnel du tourisme, il
ressort de ces résultats que Bukavu n'a aucune institution pour la
formation et / ou le recyclage du personnel du secteur touristique et
hôtelier.
Le personnel d'encadrement a été formé
à l'extérieur de la province si bien que les agents en place ont
vieilli ou soit moins instruits à la matière.
7. L'Insécurité à l'Est de la
RDC ne favorise pas le développement touristique :
C'est d'ailleurs la grande préoccupation de tous les sujets
enquêtés qui voient mal quel touriste s'aventurerait dans une
région à haut risque où les médias nationales et
étrangères signalent des cas d'assassinats dans la ville de
Bukavu, l'existence des bandes armées à travers toute les
provinces de l'Est du pays.
8. La qualité d'accueil des visiteurs :
C'est parmi les points fustigés dans l'enquête.
En effet les postes frontaliers au Sud Kivu (Bukavu) sont
caractérisés par un désordre, qui parfois décourage
les visiteurs non habitués au genre de spectacle honteux
(rançonnement, taxes illégales ou sur taxation, corruption).
9. constant dégagé de cette
étude est qu'il existe des faiblesses des politiques institutionnelles
d'appui au tourisme : Ce secteur accuse
des contraintes d'ordre structurel liées à une mauvaise
gouvernance qui est caractérisée par l'insuffisance des moyens
alloués au tourisme.
En plus de l'instabilité politique dans le pays due aux
guerres de 1996 de l'AFDL, de 1998 à 2003 du RCD d'une part et d'autre
part, les remaniements réguliers des ministres de tutelle, font que cela
a contribué à un manque de coordination et de continuité
de la politique mise en oeuvre par les prédécesseurs.
Aujourd'hui le secteur a besoin d'une nouvelle impulsion
politique de gestion raisonnable qui puisse s'adapter aux enjeux du tourisme
moderne.
10. La dégradation de moeurs et de
l'environnement a plus attiré l'attention de nos
enquêtés interviewés. En effet, le non respect des normes
de construction relatives au code urbanistique et au code de l'environnement,
fait que la ville de Bukavu soit une poubelle où les érosions et
l'insalubrité font la loi.
En plus la spoliation des sites et / ou attraits
touristiques sont l'oeuvre d'un manque du patriotisme.
11. Le manque de collaboration entre les institutions du
secteur touristique et / ou de conservation de la nature : les
résultats montrent un manque de concertation entre les institutions du
secteur touristique.
Le constat en est que la Division provinciale du tourisme ne
se concerte pas régulièrement avec l'ICCN / PNKB. Aucune
information sur le flux des touristes reçus à Bukavu n'est
trouvable à la dite Division du tourisme.
Nous estimons qu'à titre d'informations, la
Division du tourisme serait à même de savoir les statistiques des
touristes, m^me ceux qui visitent le PNKB.
Eu égard à tout ce qui précède, le
tourisme à Bukavu et ses périphéries souffre de beaucoup
de maux qu'il faut guérir.
Les attraits touristiques existants sont moins connus du
public ; ils ne sont pas aménagés pour qu'il y ait plus des
visiteurs.
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