SECTION 2. ÉTAT DU
SYSTEME FINANCIER CONGOLAIS DANS L'APRES-SUN CITY (2003-2013)
Ce front particulier de « reconstruction »
de l'économie nationale a vu bouger ses lignes, entre 2003 et 2013. La
situation du départ a notamment enregistré des avancées
dont on ne saurait douter, sous quelque prétexte que ce soit.
D'abord, l'assainissement du secteur financier,
commencé une décennie plus tôt, avait
débouché, en 2002, sur une révision de la
législation dans un sens favorable à la concurrence dans le
secteur financier, à la réaffirmation de l'indépendance de
la Banque Centrale, et à un contrôle renforcé de cette
dernière sur les institutions financières et bancaires.
En particulier, il convient de relever la multiplication des
établissements financiers et bancaires, le chiffre de ceux-ci
étant passé d'une dizaine à plus d'une trentaine.
La multiplication des institutions bancaires et
financières est allée dans trois directions principales.
D'abord, le secteur s'est
« libéralisé », non en ouvrant à de
nouveaux investisseurs le modeste capital social de ses établissements
existants, mais en intégrant de nouveaux établissements venus de
plusieurs horizons géographiques. En effet, des capitaux libanais,
britanniques, indiens, pakistanais, sud-africains, nigérians,
camerounais, français, marocains, sénégalais... ont
créé de nouveaux établissements bancaires et financiers
dans le pays. Cette nouvelle vague a certes élargi le total bilantaire
du secteur bancaire et financier : par bonds successifs, elle l'a
porté d'environ 800 millions en 2003 à près de 4 milliards
en 2013. Mais, parallèlement, cette vague a aggravé
l'émiettement du capital social du secteur bancaire et financier :
la voilure financière des établissements, leurs installations et
leur marchés sont devenus plus modestes encore. Toutefois, le mode
d'approche des déposants et demandeurs de crédits a gagné
en souplesse, ouverture et courtoisie.
Ensuite, les Coopératives d'Épargne et de
Crédits (COOPEC), jusque-là créées et régies
par une loi sur les coopératives prise en 1956 et devenue caduque, ont
été admises à s'installer et à fonctionner comme
des institutions bancaires. C'est là une réelle avancée
pour ce sous-secteur, même si ces coopératives tardent à
reprendre du souffle, après les pillages des années 1990,
après plusieurs décennies d'étouffement sous une loi qui
ne leur aménageait aucune ouverture vers les crédits bancaires,
et face à des particuliers déposants en nombre réduit et
aux revenus en chute libre.
Enfin, un sous-secteur financier est apparu et n'en finit pas
d'exploser. Il s'agit des établissements de microfinances et de
transfert d'argent. Dans la capitale et dans plusieurs villes et
localités du pays, les tontines traditionnelles l'ont cédé
à ce type d'établissements nouveaux, plus anonymes et plus
professionnels en matière d'épargne et de crédit. Le
foisonnement de ces institutions a été facilité par
l'extension des plages sociales de misère dans les villes et dans le
monde rural, mais également par l'accroissement partout des besoins de
financement au niveau des millions d'activités de survie (dites
« informelles »). Cette innovation récente
constituerait une avancée décisive dans la lutte pour endiguer
l'extension des plages sociales de misère. Par contre, il serait quelque
peu osé d'y voir des arsenaux institutionnels appropriés à
la lutte pour « réduction de la
pauvreté ».
|