SECTION IIème : DE LA PROMOTION DE LA CROISSANCE
PRO PAUVRE
La croissance économique du pays ne suffit pas
forcement pour booster le développement d'un pays ; il nécessite
une fois de plus que cette croissance soit de ce fait ressentie par la
population à travers la théorie du panier de la
ménagère.
Si beaucoup dans la population commencent à
s'inquiéter de leur pouvoir d'achat qui serait en baisse et si les
médias se sont fait, très régulièrement, le relais
de ces inquiétudes, il faut bien reconnaître que peu se sont
posé la question de ce que pouvait devenir le pouvoir d'achat des plus
démunis. Or, quand la personne à revenu aisé voit diminuer
sa capacité à choisir les biens qu'il désire, le pauvre
doit, lui, restreindre la quantité et la qualité de ce qu'il va
pouvoir manger. 47
Pour palier à cette question, le Gouvernement doit
assurer une croissance pro pauvre ; c'est-à-dire, garantir une
croissance en faveur de pauvres aux fins d'assurer leur survie.
Depuis 1996, la République Démocratique du Congo
a été plongée dans une situation de guerres qui a
renforcé la situation désastreuse que traversait
déjà le pays sous le règne du président MOBUTU. Ces
guerres et la situation précaire qu'a vécu et vit le peuple
congolais ont eu et ont toujours une incidence négative sur sa vie
à tout point de vue.
Il convient de rappeler que la sécurité
alimentaire existe quand tous les peuples, à tous les temps, ont
l'accès physique, économique et social à une alimentation
qui soit suffisante.
Le gouvernement congolais a établi dans chaque province
de la RDC un Ministère de l'agriculture, pêche et élevage
pour assurer l'autosuffisance alimentaire sur toute l'étendue da
République. De ce fait, il sied de rappeler que, au cours de cette
section, nous allons démontrer par quels mécanismes l'on peut
réduire l'incidence de la pauvreté à travers la promotion
du secteur agricole (§1), du secteur de la pêche (§2) et celui
de l'élevage (3).
§1er : De la promotion du secteur agricole dans la
Tshopo
La République Démocratique du Congo dispose de
plus de 80 millions d'hectares de terres arables dont moins de 10 % sont
actuellement exploités. La diversité des climats, appuyée
par un important réseau hydrographique, permet de pratiquer une gamme
variée des spéculations agricoles ; mais de manière
paradoxale, la RDC enregistre, depuis plusieurs années, une forte
régression de ses performances agricoles au point de ne plus être
en mesure de répondre ou satisfaire la demande alimentaire
intérieure.
47 Maoti, Rochefort, Mesurer le pouvoir d'achat, La
Documentation française, Paris, 2008, p. 16.
A partir de 1999, la production de manioc, produit principal
de l'économie des ménages, a chuté de plus de 20 %
à cause de la pression des maladies et d'insectes
nuisibles.48
Pour promouvoir le secteur agricole dans notre pays, le
Gouvernement avait élaboré en 2009 une note de politique agricole
dont l'objectif global était de contribuer à la
réalisation de la sécurité alimentaire. Cet objectif
rejoignait les préoccupations du Gouvernement; car il était aussi
conforme au premier Objectif du Millénaire pour le Développement
(OMD). Il s'agirait de réduire de 50 % le nombre de personnes souffrant
de la malnutrition, déjà en 2015. En RDC, l'agriculture a
été retenue comme l'un des secteurs porteurs de croissance,
créateurs d'emploi et de lutte contre la pauvreté.
Le gouvernement provincial s'est proposé de redynamiser
la structure productive de la province à travers les objectifs
ci-après : (i) faciliter l'accès aux intrants et accroitre la
production, (ii) réduire la proportion de perte de produits due à
la conservation et au stockage, (iii) améliorer l'encadrement des
producteurs, (iv) améliorer les conditions de vie de la population
rurale.49
Partant de sa diversité climatique et
pédologique, la province de la Tshopo est favorable à la
production de nombreuses cultures vivrières. On y retrouve aussi le
manioc, l'igname, le riz, le mais, l'arachide, le niébé et la
banane plantain, mais aussi des cultures pérennes comme les palmiers
à huile, l'hévéa et le cacao.
De par nos convictions, nous constatons que pour mieux assurer
la promotion du secteur agricole dans la province de la Tshopo, le gouvernement
provincial doit répondre à quatre questions principales,
lesquelles sont : d'abord celle liée à la recherche agronomique
et à la formation des agriculteurs(A), celle liée à
l'allocation des intrants aux paysans (B), ensuite celle liée au
financement du secteur agricole (C), et enfin celle calle se rapportant
à l'aménagement des infrastructures routières (D).
A. Recherche agronomique et formation des
agriculteurs
L'Etat appuie la recherche agronomique en vue d'apporter des
réponses appropriées pouvant permettre au secteur
d'améliorer sa productivité et sa compétitivité. La
recherche agronomique est organisée dans des établissements
publics et organismes privés selon les conditions fixées par la
loi. Il a été crée en RDC un Institut National pour
l'Etude et la Recherche Agronomique. Cet institut avait, dans ses attributions,
l'administration de tous les établissements agricoles et l'organisation
des missions agronomiques. Il avait son siège à
Yangambi.50
48 République Démocratique du Congo,
Ministère de l'Agriculture, Pêche et Elevage, note de
politique agricole, avril 2009, p.4
49 République Démocratique du Congo,
Province Orientale, Programme d'action Prioritaire 2011-2015
50 LELO DI-MANKUNGU, cours de droit agricole et
forestier, G3, FD, UNIKIS, 2015-2016
La recherche agronomique permettra au gouvernement provincial
de se lancer à la découverte des nouvelles variétés
de semences en vue de garantir la meilleure production agricole.
Quant à la formation des agriculteurs, c'est un facteur
très important du développement agricole. Un plan est inefficace
parce qu'il n'a pas été bien conçu. Même si le plan
est bien conçu, mais il arrive souvent que sa réalisation soit
imparfaite faute de personnel capable et bien formé. A cet effet, le
gouvernement de la province de la Tshopo est appelé à former les
acteurs du secteur agricole sur la mise en oeuvre de nouvelles connaissances
semencières
La CTB, Agence Belge de développement joint ses efforts
à ceux de la communauté internationale pour lutter contre la
pauvreté dans le monde. Le projet PAIDECO TSHOPO est impliqué
dans cette dynamique en tant que composante de l'un des programmes de la CTB
mis en place en RDC, en l'occurrence le Programme d'appui aux initiatives de
développement communautaire (PAIDECO).
La formation dont les membres du CARG ont
bénéficié dans le District de la Tshopo visait un triple
objectif : i) Doter les membres des connaissances en rapport avec la
décentralisation de l'agriculture, ii) Vulgariser les expériences
vécues dans d'autres provinces de la RDC et iii) Vulgariser le nouveau
dispositif du CARG.51
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