I.1. Sur l'altérité comme
responsabilité.
De son époque, Sartre a voulu dépasser la
démocratie moderne parce qu'il l'a vécu ; mais nous ne pouvons
encore la dépasser, puisqu'elle n'est pas encore effectivement influente
malgré nos cinquante années d'installation. Néanmoins,
nous nous référons à cette suggestion, en vue de la
socialité tout à fait actuelle dont Sartre se souciait
déjà de son temps, un cas à nous et non pas à
Sartre ; d'où l'effet du mot « suggestion» ci-proposé,
puisqu'on sait que la démocratie s'excède et
s'abrège du peuple à l'État ou vis-vers-cela.
D'abord dans l'Être et le Néant, Sartre
explique que l'homme individuel, conçu comme un être absolument
libre, ne peut réussir à être libre puisque le pour-soi
nécessite toujours son honneur que lui-même ne pourrait aucunement
s'attribuer. Ensuite il continue dans ses Cahiers
qu'être libre, c'est être libre avec la communauté,
puisque la finitude comme infinité demande une morale.
C'est-à-dire que l'individu qui est fini est ontologiquement infini en
fait : c'est un « être ». Et il finit dans la Critique de
la raison dialectique par rencontrer une contradiction belliqueuse entre
l'individu et la société, renforcée par les lois et les
formes systématiques de « communauté ».
En cela, l'homme est d'abord et non a priori un
pour-soi : une liberté infinie qui se suffit à son être et
qui est donc fini. Sartre expose ce phénomène dans
l'Être et le Néant, laissant apparaître une
autoliberté infinie comme contingence totale. Mais aussi, la conscience
humaine perçoit inévitablement l'honneur qui conduit au devoir
pour aboutir à la morale. Cela signifie que la finitude de l'homme
constitue son existence, mais que l'existence est par conséquent le
monde, une possibilité de l'honneur. C'est à ce moment que
naît la quête d'une liberté essentielle, une liberté
au dépend du monde, une liberté morale. Ainsi, l'Être
et le Néant expose l'homme en trois termes principaux : la
liberté, la contingence, et la responsabilité (ou la
correspondance). Son existence est dans le monde, mais son essence est totale
et infinie : c'est la naissance de la responsabilité comme existence,
comme réalisation, comme une morale existentielle. Il s'agit alors d'un
appel au Pour-soi pour l'accomplissement de son être (sans
conditionnement systématique du bien et du mal), ou encore alors
104
un écartement de la mauvaise foi' ou du
masochisme : l'on parle souvent d'un salut individuel ou d'un projet
existentiel que le monde se chargera de déséquilibrer et
d'inhiber même.
En effet, les Cahiers nous laisse comprendre que la
responsabilité est le projet existentiel : à la fois une passion
humaine, une impossibilité du monde, le salut individuel, un
salut impossible dans le monde. Pourtant, le projet existentiel est un salut
universel, et donc une possibilité du salut individuel dans le monde :
une altérité sans aliénation qui abolit la dialectique
maso-sadisme ou sadomasochisme2. La responsabilité a donc
pour ainsi dire une historicité sociale et positive. De la
conquête de liberté naîtra la querelle de la
subjectivité qui contraindra la liberté existante à
reconnaître autrui pour demeurer. Ce phénomène concerne la
réalisation du pour-soi qui n'est qu'un être manquant se
complétant de son extérieur. On parle donc de la
responsabilisation du monde contre la fragilité de l'autre et même
monde. Cela signifie une conscientisation générale contre
l'inertie de l'homme dans un monde inerte. Il s'agit de la quête de la
liberté, une personnalisation qu'il ne faut pas confondre avec la
personnification, ni encore avec le personnalisme. Cette liberté est
alors une seconde mais la primordiale liberté bénéfique :
c'est-à-dire une liberté comme égalité
existentielle, entre humains. Le projet existentiel doit être alors pour
sa réussite, un projet comme structure originel de l'amour
authentique3. En d'autres termes, cette liberté est une
conversion de l'individu (l'être) au social (à l'humain ou
à l'Être) : c'est l'impératif On peut ainsi constater la
«reconnaissance» comme une révélation de l'Être,
une plénitude engagée, une paix, une joie,...le salut dans
l'être-là tout simplement, la possibilité de l'impossible
dans le monde.
En effet, au terme de la joie, du bonheur, de la
sécurité, de la paix,..., il ne s'agit plus que d'une
reconstruction pour Sartre. Mais pour nous donc, il n'est encore que d'une
construction contre la pauvreté, l'insécurité, ou tout
autre objectif préalable qui contribue désormais à la
survie de l'espèce humaine toute entière.
I.2. Sur le Groupe comme réalisation de la
Responsabilité. 1.2.1. Le Groupe et la société
actuelle :
La société actuelle est fondée sur
l'aliénation et le capitalisme social (tout est privé, même
la République) : toute praxis est inerte. Ceci n'est qu'un simple fait
du vécu, beaucoup plus que ce que Sartre écrit dans son marxisme
anthropologique.
Le Groupe est une société de
liberté, de respect, et de dignité ontologique. Au-delà de
la théorie, le Groupe est une déduction historique de la
dialectique sociale et humaine : il s'agit une communauté qui se fonde
sur l'unité, un ensemble, au-delà du commun des besoin et des
praxis individuelles, dans une intégration interne4 ou dans
une « communauté » qui fait du nombre une force, et non une
menace sociale : même projet, des fins communes, même
conquête, même praxis,...de la liberté de tous (et de la
communauté à l'humanité). Le Groupe est alors
l'émancipation de la « sérialité » sociale.
La multiplicité dans l'unité, et l'unité
dans la multiplicité,...telle est la libertés : une
objectivité de la praxis individuelle dans la praxis commune,
nécessitant une structure unitaire et égalitaire, visant
1 Cf. Cahiers pour une morale, Gallimard,
Paris, 1983, p. 490.
2/bid., p. 420.
3/bid., p.487, p. 524.
4 Cf. C.R.D, Gallimard,
1960, p. 384.
slbid., p.420.
105
donc une action individuellement libre « commune à
d'autres » et à tous. Mais pour qu'il y ait, objectivité ;
il faut qu'il y ait eu objet.
1.2.2. L'objet est la « reforme »
:
En un mot, l'objet du Groupe est la « réforme
». Cette réforme consiste d'abord à l'éradication des
maux sociaux (la sérialité et la réification humaines sur
leur relation et sur leur nature même...) ; ensuite à la «
metanoïa » ou à la conversion totale (il s'agit d'un
retour à la nature originel, à la praxis libre). Cela afm que
tout individu, sans altérer son prochain, soit titulaire de ses actions
selon ses propres fins dans une action d'un « Groupe-en-fusion
»l, vers un objectif commun qui sera le construit (ensemble).
Mais la résolution n'est pas systématique2 ; si bien
qu'elle attaque le système capitaliste, après avoir
expérimenté la socio-économique marxienne, comme
apogée de la réforme et ultime condition de sa restauration vers
une réciprocité « positive ». La liberté
réduite à une liberté économique n'est pas un
phénomène nouveau effectivement, c'est la prise de conscience qui
semble être nouvelle bien que partielle encore, enfuie sous la
mauvaise foi (fausse conscience, fausse religion, fausse culte, fausse
identité, faux projets, fausses résignations, faux espoirs,
etc.). Le véritable but est donc une socialisation de la
société : la restauration de la solidarité au coeur de la
société, seul pouvoir contre la solitude, contre l'avarice, et
contre l'égoïsme comme inhumanités communautaires, la
possibilité du vivre ensemble ou de la communauté sans
sélection de sacrifices humaines. La société choisit en
effet ses morts et ses patrons, la communauté ne pourrait le faire sans
se choisir elle-même immédiatement sa mort aussi. Il s'agit d'un
vivre ensemble pour une organisation naturelle, sans prostitution3,
et qui consiste à une réintériorisation de l'homme. Et
donc, qui consiste à la réintégration de celui qui se
maîtrise (de l'extérieur à l'intérieur, et
inversement) par ses ouvrages intellectuels et technologiques, au rang du
« non-machine » ou de l'être originel4 ; une
éradication du pratico-inerte.
Le pratico-inerte n'est en fait qu'une praxis qui se produit
elle-même, privant tout homme de sa liberté, de son projet, et de
sa fin en les déterminant des modes de production et de salaires, et
produisant ainsi la sérialité de l'homme. C'est-à-dire,
cette identité pratico-inerte des gens, rassemblé par leur
ouvrage, sans conscience d'auteur mais exécuteurs et acteurs quand
même de son inertie, tel un soldat condamné, par l'inertie des
choses qui n'ont ni conscience ni volonté (spectacle, internet, les
rues, et tous les cas où les gens se rassemble mais ne se rencontrent
même plus, aliénés par la rareté qui les rassemble
intensément). Cette praxis est donc un rassemblement sans unité
des hommes, orchestré par la rareté et orchestrant la solitude de
ces hommes (dans une simple multiplicité arithmétique) comme
unité extérieur de infini « autre à autres
», à fmalité d'exigence (ou de « contre-homme »),
et comme unité violente et passive. Ce phénomène est alors
à l'origine de la pauvreté, faute de manque productrice en ce que
la production est une exploitation naturelle. Il est à l'origine de
phénomènes sociopolitiques négatifs tels que
l'insécurité, l'homosexualité et genres,
l'anarchie5,...en cela que cette unité est par nature une
claustrophobie (une angoisse au vu de sa situation et de sa position qui
comporte certaines fermetés et certaines conditions). A l'origine
également de l'aliénation de soi pour l'autre ou bien du non
existence dans l'existence...en cela que cette solitude affecte la
1 II s'agit d'un groupement d'individu soulevé
par un danger qui leur est commun et qui les réunit activement.
2 Lénine comme Staline, Communisme et
Socialisme ont déjà essayé, avec une victoire totale mais
éphémère, d'appliquer ce concept. Ils n'ont accéder
qu'au part systématique en oubliant les valeurs du
metanoïa.
3 Sexué ou asexuée, il s'agit d'une
« praxis » sans fin pour soi mais perpétuellement pour autrui,
et est donc un acte sans projet, une action aliénante et fragilisante,
une « anti-praxis », une « action sans auteur », une «
praxis fantôme ».
4 Cf. C.R.D, Sur le besoin, l'activité,
et la déviation matérielle et totale de la praxis par «
l'exigence » de la technologie, pp.243-253.
5 A vrai dire, dès que l'État ne
parvient pas à assurer la liberté de son peuple, une anarchie
négative advient dans la Communauté ; mais dès que
l'État ne serait plus là, c'est la Communauté qui se
dissout dans l'anarchie naturelle et absolue. C'est-à-dire que dans les
deux cas, l'anarchie est l'assurance d'un désastre.
106
rubrique santé et développement avant tout autre
organisme. Et à l'origine de bon nombre de maux destructeurs,
fmalement.
Bref, la sérialité est une série
d'individus mystifiés par la rareté organisée et la
solitude : un groupe d'hommes sans conscience de sa réalité, une
masse sur lequel le patron s'appuie pour atteindre sa fm selon son projet
d'être, un « ensemble de matériel inerte ».
1.2.3. Une autre philosophie de conversion sociale
:
A la différence de diverses philosophies de conversion
sociale, Sartre a misé sur la protection de la paix : ces enjeux de
troubles sont les moteurs du Groupe existentiel, ils sont les « bios
» même de ceci.
Ce groupe est une étape métamorphique de la
collectivité qui naquit de la contingence de la sérialité
ou des critères unitaires de rassemblement : il s'agit certes
d'un scandale inattendu, éveillant ainsi une réaction (une
conscience) commune et totalitaire, conduisant la série vers une action
commune (un signe de mécontentement, généralement). Cette
« action » est donc une possibilité de la praxis commune, un
regroupement naturel et non pas intellectuel ou systématique ou
sériel. Ce phénomène est le fruit du danger commun, un
évènement mobilisateur du Groupe en formation, une profonde
pauvreté, une catastrophe naturelle, une crise matérielle
quelconque, ou autres dangers de mort menaçant les individus
communément ou « organiquement ».
Ce ne sera pas économe et tempérant mais les
plaintes vont quand même disparaitre et la démolition se
développera, voire même qu'elle s'intensifie instantanément
sans connaître une formation ; et anéantira alors toute forme de
menace sans procession, tendant vers un construit qui se fonde sur
l'annihilation des dangers communs. Puisque « le Groupe se constitue
à partir d'un besoin ou d'un danger commun et se définit par
l'objectif qui détermine sa praxis commune »l. Ce qui
est le cas abordant de Madagascar : « entre colère et espoir
»2, comme Aubussargues intitule ses
Chroniques de catastrophes annoncées (2007-2009) du 15
août 2009. Mais cela comme on vient de le dire, ne peut aller de soi.
Puisque rien que dans les cas de grèves ou de révolutions, la
réaction de l'« unité d'impuissance » devenu «
force massive, en pesanteur du nombre » est une «
contre-violence » sur la «praxis extérieur» qui va
également contrer par violence malgré tout retournement, et toute
impossibilité de vaincre sauf sureffectif démographique de la
faction militaire. Madagascar a vécu ce phénomène plus
d'une fois, mais si le regroupement s'achève toujours inachevé
jusque là, si le Groupe ne se fonde pas et ne se dissout pas, c'est que
la responsabilité correspondante n'a pas été
assumé. Il faut alors pour cela une conscience bien consciente pour son
aboutissement : une conscience générale qui totalise les
consciences. Mais quels genres d'étapes faut-il pour assumer le Groupe,
afin de maintenir la formation pour enfm avancer ?
1.2.4. La restructuration :
Tout d'abord, la restructuration est mise en avant :
un renouveau du principe d'unité sans structure de souveraineté
doit être établi. A cette restructuration s'ajoute un concept : le
« Tiers », un processus de mis en place des principes (une
contre-sérialité, une narco-rareté, un humanisme, etc.),
sans rubrique (que ce soit politique, économique, religieux, etc.). Il
s'agit d'une manifestation de la praxis libre de l'individu dans la praxis
commune d'où elle naquit, de la recherche et de la mise en place de
l'unité des individus membres du Groupe par des abolitions de
l'altérité qui se fonde sur un
1C.R.D, p.454.
2 Aubussargues, ENTRE COLERE ET ESPOIRS :
Chroniques de catastrophes annoncées (2007-2009).
107
lien contre-individualité, une relation interhumaine.
On peut aussi parler de la relation trois, trois étant l'ombre du
Groupe, son objectif : un Tiers contre-tiers comme possibilité du
Non-Être-Autre', «la propriété du Groupe et de
chacun» étant l'objectif commun, ou déterminée par
une extériorité totalisante qui comprend ma fin avec celle du
Groupe et nos praxis. En un mot, le Tiers est une souveraineté de la
liberté de tous et en uns, étant le régulateur entre le
commun et l'individuel en organisant la Praxis.
Mais cependant, le tiers ne peut se faire être sans
risque, d'où la fonction du « serment » : une balise contre le
retour à la sérialité, un contre-Apocalypse. L'Apocalypse
sartrien est, notons, le retour à la sérialité dès
lors l'absence de pressions matérielles ou dès lors une manque
d'objectifs. Le serment est alors une fidélité aux
membres, puisque la trahison est un danger, et aussi une conscience de la
passivité qu'il faudrait également inspecter. C'est alors un
dévoilement libre des conduites futures, suivies des objectifs comme
quoi, chaque liberté passe devant tous pour jurer sa
fidélité au Groupe et à l'unité : c'est un contrat
social qui ne prive pas les membres de leur liberté pour renvoyer
celle-ci à un Autre. C'est un engagement concret, un engagement absolu
(libre mais entier), la liberté se faisant «praxis commune pour
fonder la permanence du Groupe en produisant par elle-même et dans la
réciprocité méditée par sa propre inertie »,
un engagement fraternel, une communion « messianique », une
création de l'homme par l'homme.2
1.2.5. Le serment :
Le fait est que ce serment est une double violence : d'abord
la fraternité, et ensuite la « Terreur ». Ce sont deux
violences contradictoires de valeur. La première comme fait de jurer
l'avenir sur une même cause, et l'autre comme contre-violence
adressée au non conscient3entraînent le droit de tous,
en étant chacun membre du Groupe, sur chaque particulier comme un membre
de la communauté constituant le Groupe, et rapporte par là un
droit fraternel sur la praxis commune.
Ainsi, la transgression du serment donné est sous une
sentence prononcée et consentie par chacun des membres, et
exercée par le Groupe auquel on a juré fidélité par
une appartenance libre, et soumis notre propre liquidation (une exclusion libre
qui assure le retour, soit à la solitude, soit à la
sérialité, etc.). Il s'agit alors d'une évolution nouvelle
après la fragilité et la fraternité du Groupe. Il y a
d'abord ainsi, donc, un groupe en fusion, puis un Groupe assermenté ou
intériorisé qui doit être organisé pour s'assurer de
son évolution.
Le Groupe doit accéder à la distribution des
tâches platonicienne, sauf que cette distribution-ci sera cette fois
libre, réelle, et existentielle,4aboutissant à des
sous-groupe de praxis commune, menés vers le but par des meneurs par
aptitude et non pas par supériorité qui représentent les
Tiers. Chacun mène librement l'ensemble de ses activités de
construction, tout en réalisant l'objectif commun dans sa propre
réalisation (dans sa propre liberté, par sa propre
capacité particulière, avec son propre être de
conquérir son essence,...), afm de faire exister le Groupe
au-delà de la permanence qui dépassa la fusion. Bref, afin de
perpétuer l'action, l'existence, et la praxis (l'ensemble des
activités propres à son ouvrier, et qui tend ou renvoie vers
l'essence de son auteur). Cela demande évidemment une continuité
d'objectif, animateur et moteur du Groupe ; puis d'un tiers régulateur,
d'un organisme, d'une organisation continuelle... : ou en un mot une
dialectique « un-multiple », et donc une dialectique
assermentée, admise et correctement respectée.
1 Cf. C.R.D, p.398.
2 Cf. Hendrikus Rodrelio LAIALO, Th : Le Groupe :
pour un renouveau social, d'après Jean-Paul Sartre, pp.54-56.
3 Cf. C.R.D., pp. 450-455.
4/bid., pp.460-461.
108
Par là même, le pouvoir et l'autorité du
Groupe sont au service du Groupe et non pas des chefs ou des patrons. Ils sont
au même rang que chaque « individu-commun » : responsables et
égalitaires', et non pas particulièrement plus souverains que le
Groupe-même. Seule en fonction de la praxis commune et l'objectif commun,
l'hiérarchie ou la bureaucratie font effet, sous la souveraineté
des membres du Groupe que «l'idéalisme
épistémologique a nommée l'accord des esprits entre
eux »2. Cette situation fait du Chef un extérieur
objecteur-objectant-réifiable du Groupe, de la relation une
réciprocité positive, et de la conscience une unité :
c'est l'organisation d'une société existentielle.
1.2.6. L'inhumanité de l'homme est de sa
solitude :
Enfin, l'inhumanité de l'homme naît toujours de
la solitude existentielle : de l'être-là tout court, puisque la
rareté n'est plus que « organisée » lorsqu'elle est
ontologiquement organisatrice par contre. La rareté primitive ou
originelle organise en effet une solidarité des hommes dans la Nature,
face au danger du besoin qui ne laisse aucune abondance au vu de la dialectique
passé-futur.
D'où l'on reproche à la Science son
avancé socio-technologique, produisant des « être-là
» qui formeront la sérialité des hommes. A l'exemple de
l'internet, facebook fut en l'an 2000 le troisième pays du
monde, au taux de meurtres le plus faible, parlant 75 langues, estimant sans
les détails 1.547.202.240 activités effectuées par jour.
Ce grand épuisement ne cesse de croître et internet est
désormais un nouveau monde d'insécurité pour le monde
entier : tous n'y est personne, et tout acte y est imprévisible, etc.
D'où l'on reproche à l'Économie son développement,
conduisant à la rareté. A l'exemple de la Monnaie qui sert
d'outil ; un outil par lequel « un individu » pourrait s'approprier
la matérialité entière du monde et devenir par là
un Dieu de la Nature et de l'homme par conséquent. D'où l'on
reproche au Système son instauration, déterminant ainsi une
souveraineté barbare au-dessus des souverains. A l'exemple des
systèmes raciaux et coloniaux qui déterminent le commandement
d'un étranger sur une population déterminée
inférieure ou faible, et sur leurs « propriétés
» ou biens, malgré leur supériorité en dignité
et en mérite et leur force.
Et tant d'autres barbaries ignorante, maligne et inhumaine
foulent encore le monde. Des barbaries dont les évolutions de la morale
sartrienne prennent en cible, une morale qui aboutit au projet du Groupe,
structuré par la liberté, le serment, et la praxis pour une
égalité interhumaine. Un Groupe qui assure l'unité, la
liberté, et l'humanité du tous-en-un fraternel que la Terreur
d'être refoulé garde ; et qui dépasse alors toute forme de
carence démocratique qui caractérise les relations actuelles.
'Op.cit., p.521.
2 Hendrikus Rodrelio LAIALO, Th : Le Groupe : pour
un renouveau social, d'après Jean-Paul Sartre, p.59 ; Cf.
C.R.D, p.623.
109
II. Quelques idées additives
Après les quelques réflexions qu'on a
réalisé, nous proposons ici des sujets de réflexions
additives. C'est-à-dire que nos idées précédentes
ont certainement besoin d'autres points de vue pour compléter ou
suppléer nos acquis sartriens. Telle est la raison d'être de ce
prolongement seconde, en renfort à la dialectique existentielle
(Passé-Présent-Futur et
Intérieur-Extérieur),puisque seule la Dialectique permet
l'existence d'une praxis humaine, et que l'histoire est l'ensemble
dialectique des praxis comme totalité à considérer.
Totalité signifie en effet l'ensemble du tout, totalisé par un
totalisateur : et ici, c'est l'humanité pratique qui est la
totalité dont on cherche à totaliser. Voilà pourquoi, se
résigner au monde Sartre sans contribution ne peut donc suffire pour
avancer les problèmes humains et les résolutions possibles.
Certaines idées ont été sautées par Sartre
lui-même, d'autres ont besoin d'être approfondies, certaines autres
ont besoin d'être simplifiées, etc.
II.1. Épicurisme et responsabilité
Ces quelques idées ont été tirées
du livre Lettres et maximes d'Épicure' pour renforcer quelques
thèses soutenus dans les rédactions et qui exposent des faits,
mais qui vont se renforcer ici encore par des principes.
Sur l'altruisme, on peut soutenir : à travers la maxime
VII, la valeur de l'action et la grandeur du travail ; à travers la
maxime XIV, l'altruisme et la responsabilité par la résignation
pour éviter de se moyenner des autres hommes ; à travers la
maxime XVI, l'altruisme et le matérialisme comme sagesse essentielle
à la raison déstitutive de la fortune ; et à travers la
maxime XVII, l'altruisme et la justice au prix de la tranquillité.
Sur le bonheur, on peut soutenir : à travers une part
de la maxime I, que le bonheur n'existe pas là ; à travers une
part de la maxime IV, que la joie et la douleur coexistent autant que la paix
et le tourment ; à travers une part de la maxime V, la prudence,
l'honnêteté, et la justice comme conditions de paix ; et à
travers la maxime XII, l'immortalité et la intemporalité du
bonheur.
Sur le jugement, on peut soutenir : à travers la maxime
XXVII, que le corps et l'être ne se destitue pas pour se conserver ;
à travers la maxime XXIV, que la morale est l'assurance de bons
jugements ; et à travers une part de la maxime XXVIII, que la conduite
autant que les discours sont naturellement soi-même et doivent donc
correspondre à la seule fin naturelle.
Sur la nécessité, on peut soutenir : à
travers la maxime XXXI, que la valeur de la nécessité est le
bénéfice et non le dommage ; à travers la maxime XXXII,
que l'amitié est la suprême nécessité ; et la
réciprocité comme naturalité à travers la maxime
XXXIV.
Sur le droit, on peut soutenir : à travers la maxime
XXXV, la convention de ne pas se nuire comme humanité et fondement du
droit ; et à travers la maxime XXXVI, que le droit est
l'aliénation de l'individu par les traités.
Sur la justice, on peut soutenir : à travers la maxime
XL, que la justice est le fondement de la société qui est la
réciprocité ; et à travers la maxime XLI, la
corruptibilité de la loi sociale.
1 Épicure, Lettres et maximes,
traduction d'Octave Hamelin et Jean Salem, Éditions Nathan pour les
lettres, Librio/Flammarion, 2000.
110
Et enfm, sur la sécurité, on peut soutenir
à travers la maxime XLIV que l'austérité et la
fermeté amicale est la seule contingence de sécurité dans
le monde. Il s'agit d'une réciprocité construit sur la confiance
et sur un stoïcisme.
Le tout peut se résumer dans ce que l'homme est un
animal politique et ou social, par nature. Et cette nature assure ainsi donc sa
seule sécurité dans l'existence de l'autre sur qui il peut
s'appuyer en étant réciproquement un appui pour autrui. Alors le
Groupe sartrien ne pourrait aboutir tant qu'on n'admette pas la conviction de
Victor Hugo en ce que le racisme est comme la peste : elle doit
disparaître, et être guérie comme le cancer'. Et les
mortifications qui nous appauvrissent multiplement persisteront donc
subséquemment, puisque l'individualisme tout comme le racisme ne sont
qu'altérité du périlleux et perfide égoïsme.
Mais cela ne va pas de soi, tout du moins pour le cas présent :
l'humain est intimement lié à l'éducation, et ce,
n'est donc pas pour le moment seulement mais tout à fait totale.
II.2. Nécessité de l'éducation et
de la praxis religieuse
Lorsque Merleau-Ponty comme Simon Pierre-Henri admettent que
l'humanisme traditionnel a besoin de renouveau, ils se conversent ensemble sur
l'existence d'une nature que l'un appelle « lumière naturelle
», ce qui est de l'autre « nature rationnelle » chez l'homme. En
fait, ce qui est couramment épelé comme raison n'est autre que la
magnificence de ce qu'ils admirèrent secrètement en l'homme : la
conscience, « chance permanente de l'esprit ».2
D'autre part, Boutroux appelle aussi la conscience
réfléchie, la solution de l'antagonisme entre la loi (conscience
sociale) et la conscience (loi personnelle). La confrontation est en effet
matérielle, et nécessite donc une solution plus concrète
que la conscience en soi qui se diverse d'individus à autres, et la loi
sociale qui s'exige socialement. On appelle souvent à ce stade à
ce que l'on appelle « la Responsabilité », cette
réaction morale, situationnelle, et pleinement humaine. Ainsi comme
Leibniz le dit : « l'être parfait est celui qui contient le maximum
de réalité »3 . Cette conscience-ci est toute
autre de la conscience en soi, même qu'inséparable, aboutissant
ainsi à une conscience que l'on appelle « individuelle
».4
Néanmoins la conscience a toujours besoin
d'aiguisement, bien avant que la science ne prétende faciliter la vie.
Il est vrai que le monde semble transcender la conscience au lieu que ce soit
le contraire, mais tel que la conscience est la seule mesure du possible, elle
également la seule possibilité que l'homme puisse survivre pour
vivre contre toute erreur commise ou éventuelle, ou contre la suicide
massive et générale. Et également, cette conscience a
besoin de l'éducation, bien au-delà de tous les systèmes
positifs et des enseignements et formations. L'éducation doit en effet
viser avant tout la conscience, la capacité d'affirmer, de nier, de
sentir, de supporter ... raisonnablement et convenablement.
Faut-il s'en souvenir, s'en acquérir, et s'en trouver :
en ce qui est vrai demeure le faux et en ce qui est faux demeure la vrai, mais
le vrai est vrai et le faux et le faux si bien que le faux est vrai et le vrai
est faux quelque part en son existence. D'où la
nécessité de la conscience, et par conséquent, de la
liberté (au-delà des lois et des opinions qui ont leur
existence). On peut dire que le Héro est
1 Cf. Victor Hugo, Ctuvres complètes,
éd. Robert Laffont, 2002.
2 Cf. P.H. Simon, « L'Homme en procès
», inDe Montaigne à Broglie, pp. 487-488.
a « ens perfectum, ens realissimum ».
4 Cf. E. Boutroux, Revue de métaphysique
et de Morale, 1906 ; Cf. Stéphane Mallarmé, « Le
Tombeau d'Edgar Poe... », in De Montaigne à Broglie, pp.
420-424.
111
nécessairement faible face aux « faibles » et
fort face aux « forts », et il n'est fort que pour détruire le
« mal » mais ne peut cependant trop construire le « bien ».
Il est faible par son « âme », devant les plus démunis ;
et « fort » par sa volonté, face aux prétendus plus
forts... Seul le lâche en serait donc le plus malheureux, ne pouvant
devenir ni plus faible, ni plus fort, puisque le fort et le faible n'existe
dans cette réalité à trouver, à acquérir, et
à ne jamais oublier. Cela prouve que le monde est toujours
contradictoire, et que seule la conscience éduquée et
elle-même bien consciente y remédiera.
De cela, l'on cite, pour une praxis religieuse, Luther et
Godet. Luther pense que l'on ne doit pas considérer la personne selon
l'acte, mais plutôt l'acte selon la personne, puisque c'est aussi de la
personnalité que l'acte reçoit sa
souveraineté...1. Cette perspective laisse entrevoir un
constructivisme unitaire. D'autre part, voici les mots de Godet : «
Pourquoi le travail d'éducation dut devenir en même temps un
oeuvre de "rédemption" ; et pourquoi cette rédemption dut
nécessairement être accompagnée d'une oeuvre de
"révélation"... ? ». Et il ajoute : « Si l'homme, comme
être libre, devait concourir activement à sa propre
délivrance...par lui-même il n'eût pu le découvrir...
»2. Cela est pour dire que l'éducation consiste à
relier, telle que l'étymologie suppose de recueillir, de rassembler ou
de ramasser. Ou autrement cela signifie que la religion, c'est
l'éducation ; et que l'éducation qui cherche la vie et la
construction concerne la personne et non pas les choses. Ce qui n'est qu'une
vérité profusément oubliée, si bien qu'elle est le
remède à nos actuelles carences existentielles. L'analyse
synthétique ci-après reflétera cette
réalité.
II.3. Analyse et synthèse sur le
Groupe
Le Groupe comme résolution économique, sociale
et politique tel qu'on le sait déjà, n'est pas sans faille. C'est
dans ce sens qu'on essaye ici de soulever les idées lumineuses et les
failles du Groupe pour en fin suggérer quelques mesures
supplémentaires.
11.3.1. Les points forts du Groupe
Tout d'abord, le Groupe peut bien évidemment
réaliser le vivre ensemble, contre les mal-fonctionnements
répétitifs de l'État. Il faut en effet souligner que le
Groupe n'est pas un État mais une communauté : il n'est
constitué que deux éléments constitutionnels (le
sous-groupe comme régulation ou gouvernement, et les membres comme
population). Les lois se réduisent au serment, la politique se fonde sur
l'égalité de liberté comme absolution hiérarchique.
Et l'obéissance se doit alors au danger et aux objectifs, et à
aucun « autre ».
Le Groupe entraîne aussi l'engagement social dans la vie
politique. Cela se fait par le sous-groupe, pour et par le peuple réel
et donc contre l'action de l'État pour l'État
représentatif lui-même. Cet aspect peut aussi assurer une
effectivité économique pour l'ensemble de la
société. Chacun contribue à la réduction de la
pauvreté et de l'insécurité, par la praxis commune. Et
conséquemment, il entraîne une effectivité relationnelle au
sein de la communauté : une solidarité concrète, contre
toute abstraction dans l'État de droit.
L'on peut ainsi donc interpréter le Groupe comme
l'efficacité de la démocratie et de la souveraineté qui se
concrétisent, dirigées par la passivité individuelle vers
une activité générale assermentée (ou
responsabilisée). Ainsi, les Tiers auront pour devoir ultime dans les
sous-groupes,
1 Dr. Martin Luther, Ny katekisma na
foto-pianarana lehibe, IV, traduit de l'allemand classique par le
professeur J. Borgenvik et Mr RAZANADRAINIBE à partir du
grandcatéchisme édité par Weimarana (WA), livre 30, I,
Wittenberg, 1529, et du « Die Bekkentnisschriften der
evangelisch-lutherischen Kirche », Gottingen, 1952.
2 Fréderic Godet (1812-1900), La Bible
annotée, Introduction et présentation, La Bible.
112
l'entretien et l'orientation conscientiels
déontologiques et éthiques. Un atout fort est alors l'admission
de classes dominantes comme opposants, redirigeant les gouvernants vers leurs
objectifs en cas de déviation, en tant qu'ils sont au service de la
Souveraineté et non de leur intérêt personnel. Cette classe
atténuerait alors le pouvoir et l'autorité des Tiers, et
rappellerait également à la souveraineté son objectif.
Un autre plus grand avantage serait également qu'il y
aura une correspondance des politiques entreprises aux besoins du peuple et
à ses attentes : c'est-à-dire, entre les affaires publiques et
celles particulières. Il s'agit alors de contraintes d'attention
policière pour tous les adhérents du Groupe : une
responsabilité totale et totalisante de toute totalité à
totaliser. Cependant, quelques points restent soit vague, soit incomplet, soit
inachevé : c'est dans ce sens qu'on parle de "faille" dans
l'impossibilité de réaliser un Groupe fonctionnel et durable.
11.3.2. Les failles du Groupe
Tout d'abord au premier plan, l'on peut constater un oubli
ontologique de la part de Sartre, faute de concentration sur les
réflexions sociales et sur l'aliénation. C'est-à-dire que,
Sartre plaçait l'état individuel dans l'avant-groupe et
chronologiquement dans le milieu naturel au stade de l'homme primitif Cela
laisse une grande réflexion à entreprendre pour trouver comment
comprendre l'individu et sa liberté dans le Groupe.
D'autre part, pour Sartre il s'agit d'un fondement sur la
liberté du Groupe qui a déjà surpassé le statut
d'aliéné, et non sur un ensemble encore sériel et
réifié : il risque alors que vice de cercle y ait dans ce cas.
Puisqu'un Groupe de sériels réifiés ne peut aboutir
qu'à un chaos de mauvaise foi. Et un monde temps, on peut remarquer une
attaque vive mais peu approfondie, sur l'inaliénable capitalisme, au vu
de la rareté qui ne peut-être que modérée et
modifiée jusque-là. Ce problème revient à la
question posée par l'individu : l'égoïsme capitalistique
tente tout individu de «bon sens », à la manière d'une
nature humaine, à se démunir de toutes vertus dignitaires et
humaines qui conditionnent pourtant la paix. Et en cela, il y a dans le cadre
du Groupe un grand oubli sur la source formatrice de l'éthique et des
vertus qui fondent l'humanité sociale : c'est-à-dire, la morale
religieuse. Et par morale, l'on ne parle pas des vices que l'on reproche
à un Dieu jugé par les actes terrestres et inhumains, mais
plutôt des qualités exemplaires telles que l'inclusion, l'amour,
le respect, etc. L'on peut trouver et étudier ces qualités
ontologiques dans d'autres ouvrages sartriens ou ailleurs, l'effort à
investir serait de les transposer dans le Groupe à la limite de la
possibilité.
Et enfin donc, le Groupe comporte une sorte
d'atypicité systématique qui risque de permettre une
ambigiiité structurelle sur la loi et l'institution fondatrices:
anarchie ou institution, droit positif ou légitimité, etc. ?
C'est-à-dire qu'il peut y avoir une asymétrie partielle lors de
la transposition du Groupe dans l'État : les limites de
l'institutionnalité du Groupe par rapport à la carence
institutionnelle de l'État restent donc à reconsidérer
bien profondément et à redécouvrir. Il en faut une grande
prudence, puisqu'on ne peut pas dissoudre l'État tant que le Groupe
n'est pas encore édifié et pratique. Et c'est au vu de ces
quelques difficultés parties que l'on propose de réfléchir
sur d'autres idées sommaires.
11.3.3. Les mesures suggestives
Nous savons maintenant que le Groupe n'est pas impossible,
mais pour qu'il ait plus de possibilité de se réaliser, certaines
positions sont à mettre en oeuvre. En premier lieu, tout «
summum
113
bonum », tout « eu dzèn », ou
tout autre « vivre bien » quelconque doit admettre le
système capitaliste comme un obstacle de réalisation', soit pour
plus tôt, soit pour plus tard.
Axel Honneth et sa philosophie de la reconnaissance peut
contribuer à l'amélioration de ce Groupe d'égalité.
D'un autre côté, dans le marxisme de Luckas, le travail est le
propre de l'homme et est téléologiquement2 subjectif :
c'est le sujet qui impose la fin de son travail. Par contre, le capitalisme est
pour lui l'opium de la conscience en étant un rapport social sans
dignité humaine. Notons juste que le Groupe est le résultat d'un
marxisme anthropologique et philosophique, lorsque le marxisme est un humanisme
économique. Cela signifie que la réification, pour l'un comme
pour l'autre, est franchissable, à condition de se connaître et de
connaître, puisque la réification n'est pas un être des
ouvriers mais un état passif3. Dans ce sens, le concept de
« conscience de classe » est un reversement du capitalisme par toute
une classe, consciente de l'abus qu'elle subit, par la conscience de
soi-même d'abord, et par la lutte des classes à la fin. Cette
conscience tendant vers le « vivre bien » spécifie Luckas du
Groupe : elle est volontairement prise et non pas occasionnée dans une
situation. Cela ne signifie pas que la conscience est calculée, cela
signifie qu'elle est conscience et maîtrise : elle connaît les
limites lorsqu'elle décide d'agir et elle sait lorsqu'elle doit agir.
En même temps, outre la marchandisation industrielle de
l'homme, qui appelle aux violences de la révolution, d'autres
phénomènes socio-économiques rapportent l'homme à
l'ignorance des autres, du monde, et de lui-même. C'est cela la
réification honnethienne : une non-reconnaissance humaine, de soi
à autrui et vis vers cela. Et la solution serait, pour lui, la
reconnaissance pour une ré-existence subjective : il s'agit d'une
«bonté naturelle» comme
«dé-réification» et anamnèse.
C'est-à-dire, un appel volontaire du Passé ou de
l'origine : une renaissance du bonheur, sans «terreur de serment
» et sans violence « légitime » ou institutionnelle. Il
s'agit d'une philosophie fondée sur le respect, et peut donc amplifier
le Groupe à cet effet que « la bonté » naît de
cette capacité édifiant à recevoir la souffrance des
autres.
Se reconnaître alors n'est que se justifier et
socialement prospérer : autonomie, liberté, existence,
identité,... sont tributaires à cette situation. L'on tend dans
ce sens à une refondation culturelle d'un
épicurisme-stoïcien comme contraintes d'attention policière,
concevant la « rareté de distinction comme source de reconnaissance
mutuelle »4, fondé (dans le cas présent) sur la
résignation.
1 Cf. Gyorgy Luckas et Axel Honneth et leur
philosophie par rapport à celle sartrienne.
2 La téléologie est l'étude de la
finalité, la science des fins de l'homme (théorie de la justice,
du bonheur...).et par extension, c'est la doctrine qui selon Lalande
André « considère le monde comme un système de
rapports entre moyens et fins ». Certains parlent de
physico-théologie.
3 C'est-à-dire, soit dans le passé, soit
dans le futur, mais peu dans le présent. a Maurice Lagueux,
"Sartre et la «praxis» économique." (1972), p.17.
114
III. Postulat pour la non-inexistence.
L'on reproche souvent, malgré tout, à ces
passages de conviction d'être négatifs et funèbres : et
dans ce sens, cet existentialisme anéantit la plupart des gens. C'est
pour cette raison que l'on postule ce petit résumé de l'espoir
pour la non-inexistence : l'espoir que l'existence puisse être pour tous
; l'espoir que chacun prenne conscience de sa situation ; l'espoir que, tous
étant unis, l'Homme puisse se réaliser et jouir de son existence
sans s'annihiler par ses actions. Puisque le choix ne peut ne pas subsister :
l'être ou l'« en-soi » désignant les choses dans leur
spécificité, évoque les hommes là où le
néant ou le « pour-soi », c'est-à-dire le choix
désigne celui qui l'effectue. Tel est le seul espoir' dont l'homme
dispose : mais cet espoir implique trop de choses pour être
formulé par citation et énumération. D'où
L'Être et le Néant entreprend une philosophie historique
des réalités, de l'ontologie au phénomène. Cela
vexe bon nombres de personnes, mais il faut en admettre
certaines choses, et en réfléchir quelques autres pour
construire une pensée libre et objective.
En effet, le bonheur et la paix ne sont pas spatio-temporels
bien que peuvent exister, partiellement, dans ce monde. Il n'y a en effet que
la joie dans l'existence : un petit aperçu momentané du bonheur
ou bien une extension souvent abusive du plaisir. Ce désespoir est
l'origine de l'espoir que Sartre finit par admettre définitivement
après ses différentes années d'existence existentialiste.
Rien n'est absolument sain, mais pour espérer, l'âge de la raison
est dans l'effet plus que l'âge du recueil sans mémoire. Le «
maintenant » de l'espoir est en effet sous la Responsabilité du
préparatoire, car exister n'est autre que devenir soi-même, par
soi-même et pour soi-même. Et ce, à la limite d'une
totalité existentielle du dépassement de l'extérieur qui
est propre à chacun mais commun à tous : «l'être qui
est heureux et immortel n'a lui-même, ni ne cause à qui que ce
soit, aucune peine...de sorte que celui qui n'est ni prudent, ni honnête,
ni juste ne peut manquer d'être malheureux »2.
La première issue est donc « autrui » ; mais
pour cela, un autre aboutissement s'impose immédiatement : encore une
fois, l'éducation ce point sur lequel la conscience, et donc tout, se
construit. La culture d'altruisme est donc la refondation de l'homme conscient
de sa conscience, et par conséquent conscient du monde, de l'existence,
et de la vie. L'enseignement ou l'information et formation ne serait que trop
indispensable ensuite pour acquérir l'habileté matérielle
et à reconnaitre une conséquentialité ou une
correspondance afin de ne bousculer aucune responsabilité. Puisque d'une
erreur nait le malheur du monde, selon toute histoire vécue, même
celle postérieure. Cette voix mène ainsi de l'inexistence
à sa négation. Que Dieu existe ou non, autrui est là, et
l'existence ne se repose par sur le professionnalisme et sur la matière
seulement. C'est le lieu de retour à la conscience absolu où Dieu
rejoint l'ontologie, après avoir assumé ce qui n'est pas Dieu
mais l'homme. L'espoir ne se réalise que de cette manière :
s'assumer en tant qu'être-là, sans pour autant renoncer aux autres
parts de son être absolu ; et admettre sans abus les
réalités métaphysiques. N'est-ce pas l'espoir qui fait
vivre ?
1 Cf. L'existentialisme est un humanisme et
l'Être et le Néant.
2 Épicure, Lettres et maximes, maximes
I, a et IV, b.
115
Brève conclusion
Avant de conclure, soulignons que l'esprit avec lequel ce
travail a été initié concerne une première
production, comportant diverses réflexions, un sujet qui ne
s'épuise pas intrinsèquement, des vérifications
inspectrices. Cette partie-ci réalise finalement cet esprit. L'initial
d'un essai comporte effectivement la considération d'une recherche
continue, éprouvée, et libre dans l'ordre du jugement.
Cette partie mémorielle constitue donc un appel
à ouverture vers un approfondissement, plutôt qu'une
réflexion achevée. Elle demande à être l'objet d'un
tout autre sujet objectif qui se recueille tributairement de la question de la
Responsabilité. Néanmoins, si la Réflexion est
physiquement le changement directif d'une onde provoqué par la
présence d'un obstacle, cette rédaction dernière ouvre
notre essai vers une Réflexion.
Ces quelques appendices sont donc de nouvelles voies
de résolutions qui sortent de la tentative de projet
précédente. Et également, ils doivent assurer la
réalisation de cette tentative. Cela oblige donc à
reconnaître et à considérer que cette section est tout
aussi insuffisante qu'importante par rapport aux rédactions qui
constituaient le corps de ce Mémoire. Ses données
nécessitent par conséquent à être
creusées.
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