B. La situation
après les élections
En 2014, l'activité économique enregistre une
reprise timide qui devrait se poursuivre en 2015 et 2016 grâce à
l'amélioration de la situation sécuritaire et à la tenue
des élections présidentielles et législatives en 2015.
La mobilisation de la communauté internationale, suite
à l'élection de Catherine Samba-Panza à la tête de
l'État de la transition en janvier 2014, s'est traduite par le
déploiement des forces de sécurité des Nations Unies et la
reprise des appuis financiers extérieurs.
En dépit des améliorations relatives
enregistrées à Bangui et dans certaines localités, les
conditions sociales et humanitaires restent difficiles en raison de la
persistance de l'insécurité et du nombre élevé de
déplacés.
1. La crise politique
pénalise la croissance et affaiblit les infrastructures
La crise politique et sécuritaire a été
à l'origine de la sévère récession de 2013. La
croissance devrait rebondir en 2016 dans un contexte de reprise graduelle des
activités commerciales. L'activité devrait être
principalement portée par la production agricole, qui contribue à
plus de la moitié du PIB et emploie près de 75 % de la
population. La croissance de la production agricole devrait néanmoins
continuer à pâtir du manque de productivité, de
difficultés d'accès au financement et des perturbations
sécuritaires. Le secteur minier devrait également contribuer
à la reprise de l'activité suite à la levée
partielle en juin 2015, de l'embargo contre le pays. La suspension des
sanctions devrait permettre à la République centrafricaine de
commercialiser du diamant, tout en écoulant les stocks existants,
estimées à 70000 carats. Le secteur des transports routiers et
aériens reste très fortement dépendant de la
sécurisation des sites sensibles par les forces internationales
(aéroport, axe Bangui-Cameroun) tandis que la majorité des
entreprises ont vu leur appareil de production détruit. Seuls les
secteurs bancaire et sucrier devraient connaître, dans une certaine
mesure et à l'instar du commerce de proximité, une reprise de
leur activité.
La demande interne devrait demeurer atone compte tenu de
l'exil de près d'un quart de la population (1 million de personnes ont
quitté le pays et ne sont pas encore revenus). Malgré les aides
d'urgence octroyées par l'UE et le FMI, le pays peine toujours à
se redresser et les investissements devraient rester très volatils en
2016. L'inflation tend à diminuer mais devrait rester au-dessus des
3 % ciblés par la Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale. Cette légère baisse
devrait être imputée par de moindres pressions sur les prix
agricoles domestiques (en raison de l'accroissement de l'offre).
2. Des finances publiques tirées par l'aide
internationale
Dans un contexte de détérioration du solde
public (notamment chute des recettes budgétaires), le gouvernement de
transition devrait continuer de compter sur le financement externe, compte tenu
de sa capacité de financement réduite et de
l'insécurité persistante qui devraient toujours entraver la
collecte des recettes. L'UE est l'un des principaux bailleurs de fonds du pays,
ayant fourni un montant d'aide estimé à 360 millions de dollars
depuis que le conflit a éclaté en 2013 dont 10 millions
attribués aux aides humanitaires, 22 millions au fonds Bêkou
(fonds européen visant à coordonner l'aide) pour l'accompagnement
du redémarrage économique et social et 40 millions sous forme de
soutien budgétaire afin de combattre la violence en organisant les
élections de 2015-2016. Le déficit du compte courant s`est
aggravé en 2015 en raison de la baisse du cours du pétrole qui a
encouragé les importations. Il devrait commencer à se
résorber en 2016, en lien avec la levée partielle de l'embargo
sur les diamants centrafricains ; les exportations devraient ainsi sensiblement
progresser. Toutefois, la reprise devrait être progressive, et les
exportations de bois, de café et de coton (principales richesses
agricoles du pays) devraient continuer à pâtir, mais moins que les
années précédentes, de l'insécurité et des
perturbations qui touchent le secteur des transports et de la logistique.
3. Situation politique très instable et
détérioration significative du climat des affaires
Au pouvoir depuis janvier 2014, Mme Samba-Panza a dû
faire face à une situation politique instable. Le gouvernement de
transition a appelé à des élections présidentielles
et législatives le 30 décembre 2015, après des violences
qui ont repoussé la date des présidentielles initialement
prévues en octobre 2015. Selon le nouveau calendrier, un
référendum national portant sur un projet de Constitution a eu
lieu dans les semaines précédent le premier tour. Un
deuxième tour de scrutin devrait avoir lieu le 31 Janvier 2016. Les
premiers résultats partiels de l'élection présidentielle
ont confirmé l'avance de l'ancien Premier ministre Touadéra
devant une trentaine de candidats qui étaient en lice. Dans l'attente du
second tour, la Constitution autorise le gouvernement de transition à
rester en place jusqu'à ce que le gouvernement élu soit
installé.
Malgré un cessez-le-feu signé entre
chrétiens et musulmans, les combats n'ont jamais cessé. Les deux
courants comportent chacun des factions radicales indépendantes,
susceptibles d'entretenir la polarisation croissante du pays. Les nombreuses
destructions d'infrastructures et les pillages ont durement touché la
structure productive de l'économie. Dans ce contexte de guerre, le
climat des affaires devrait demeurer instable et tendu. Ainsi, selon les
indicateurs de la Banque mondiale, la République Centrafricaine serait
l'un des pays les moins bien classés en termes d'efficacité du
gouvernement, de qualité de la réglementation et de respect des
lois. L'instabilité politique et l'environnement des affaires le plus
dégradé de la région (corruption, difficulté pour
créer une entreprise) ne devrait pas être en mesure d'attirer des
investisseurs et aucune amélioration n'est anticipée à
court terme.
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