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Analyse du rôle de l'organisation des nations unies et de l'union africaine dans le règlement du conflit en république centrafricaine.

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par Hervé BONGISA
Université Protestante au Congo (UPC) - Licence 2016
  

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§2. De la FOMAC à la MISCA

La Force multinationale de l'Afrique centrale (FOMAC) est une force armée multinationale africaine, liée à la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale (CEEAC).167(*)

Cette force multinationale est notamment composée de soldats de l'armée de la République du Congo, du Tchad, du Gabon, du Cameroun, de la Guinée équatoriale et de l'Angola.

La FOMAC est notamment déployé en République centrafricaine dans le cadre de la MICOPAX. Le 19 décembre 2014, la force d'Afrique centrale en Centrafrique (Fomac), a passé officiellement le bâton à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), une force africaine d'environ 3 600 hommes. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit prêt à soutenir cette nouvelle force. Dans la résolution 2121, il s'était déclaré disposé «à envisager différentes options» et demandait à Ban Ki-moon de lui présenter les scénarios possibles.168(*)

Pour le secrétaire général de l'ONU, il y a urgence à tenter de régler la crise centrafricaine avant que celle-ci n'échappe à tout contrôle. La situation humanitaire continuant à s'aggraver, tout comme la situation des droits de l'homme. Des tensions entre musulmans et chrétiens apparaissaient.

« Un échec à agir maintenant de manière décisive pour briser le cycle de violences, stopper les violations des droits de l'Homme, et rétablir un niveau minimum de sécurité au travers du pays, écrit Ban Ki-moon, ne mettrait pas seulement un peu plus en danger la population de la République centrafricaine (RCA), elle rendrait également toute future intervention plus complexe et coûteuse. »

Une mission envoyée en RCA du 27 octobre au 8 novembre a travaillé sur les besoins de la force régionale déjà déployée, et les moyens d'assurer sa transformation en Misca.

Cette mission a recensé les difficultés logistiques, de l'alimentation en eau potable au paiement des soldes en passant par le transport de troupes, le soutien aérien, les systèmes de communication. Une aide en matière d'organisation, de coordination, a également été jugée nécessaire pour que la future Misca puisse mettre en application la totalité de son mandat.

Pour remédier à ces déficits, cinq options ont été envisagées par Ban Ki-moon.

La première, la plus modeste, avait consisté à faire appel à des aides bilatérales ou multilatérales pour permettre le bon fonctionnement de la Misca. Dans ce scénario, les Nations unies jouent un rôle limité. Elles se chargent notamment de mobiliser cette assistance, assurent une forme de coordination entre les Etats membres de l'ONU et l'Union africaine et fournissent un soutien à la Misca en matière de planification.

Dans la deuxième option Ban Ki-moon propose d'ajouter, à ces aides bilatérales et multilatérales, un soutien des Nations unies au travers de certains équipements ou d'assistance technique.169(*)

La 3e option a conduit l'ONU à s'engager un peu plus, notamment sur certains points jugés « critiques » pour le succès de la Misca : le transport aérien pour le déploiement et le transport de troupes, l'établissement de systèmes de communication, l'appui des spécialistes du Bureau des Nations unies en Centrafrique (Binuca), ... etc.

L'ONU envisage de déployer 6 000 casques bleus en Centrafrique

La 4e option était de nature à permettre la fourniture d'un « paquet de soutien logistique » à la Misca, à travers l'établissement d'une mission de soutien de l'ONU, sur le modèle de l'aide fournie à l'Amisom, la force africaine déployée en Somalie. Concrètement, l'ONU fournirait à la Misca l'équipement et les services qu'elle apporte habituellement à une opération de maintien de la paix, à l'exception du paiement des soldes et des remboursements liés à l'utilisation du matériel. Ce scénario peut permettre une transition progressive à une opération de maintien de la paix.

La 5e option, la plus ambitieuse, a consisté à transformer la Misca en opération de maintien de la paix des Nations unies. Cette force pourrait compter 6 000 militaires dans un premier temps. En cas de détérioration de la situation, les effectifs militaires pourraient être portés à 9 000 hommes. La composante de police pourrait, elle, compter 1 700 personnes.

  La CEEAC autorise l'emploi de la force pour désarmer les éléments armés en Centrafrique

Dans son rapport, Ban Ki-moon ne préconisait pas de manière explicite le choix d'une option ou d'une autre. Le secrétaire général des Nations unies cite, en revanche différents avis : l'Union africaine et la CEEAC sont prêts à soutenir une éventuelle transformation de la Misca en force de maintien de la paix, mais ne la souhaitent pas dans un futur immédiat.

Lors de sa 380ème réunion le 17 juin 2013, le CPS de l'UA a décidé de soutenir la mise en place d'une Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA). Cette décision est confirmée dans le Communiqué PSC/PR/COMM.2(CCCLXXXV) du Conseil le 19 juillet 2013 dans lequel les contours de la mission, qui doit englober les forces de la MICOPAX déjà présentes en Centrafrique, sont dessinés. Originellement forte d'un effectif de 3 500 personnels en uniforme (2 475 pour la composante militaire et 1 025 pour la composante de police), elle comprendra aussi 152 civils. L'Union africaine a toutefois donné mi-décembre son feu vert au renforcement des effectifs de la MISCA à hauteur de 6 000 hommes.

La Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) prend officiellement le relais de la Force d'Afrique centrale (la Fomac). Le transfert d'autorité entre la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC) et l'Union africaine (UA) a lieu ce jeudi, à Bangui.170(*)

L'accouchement a été long, mais le passage de témoin entre la Fomac et la Misca a bien lieu, jeudi 19 décembre, à Bangui. Pour l'occasion, une cérémonie présidée par le secrétaire général de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC), Ahmat All-Amy, et la représentante de l'Union africaine en RCA, Awa Amehd Yousouf, devait être organisée dans la matinée au camp Mpoko. L'ensemble des états-majors de la CEEAC et le l'UA doivent y assister.

Les effectifs de la Misca, qui sera appuyée par  les soldats français de l'opération Sangaris, sont aujourd'hui de plus de 4 500 hommes. L'ambition de l'Union africaine est d'atteindre les 6 000 soldats en février. L'équipe dirigeante est exclusivement composée de personnalités issues des pays de la sous-région. Le  général congolais Jean-Marie Michel Mokoko en sera le chef. Il assurera le rôle de représentant spécial de l'UA en RCA. Chef d'état-major des armées congolaises à la fin des années 1980, conseiller spécial auprès du chef de l'État Denis Sassou Nguesso, Mokoko est un bon connaisseur des opérations de paix.

C. Intenses négociations

Le général camerounais Martin Tumenta Chomu, diplômé de l'école militaire interarmées (Emia), assure quant à lui le commandement militaire. Natif du nord-ouest anglophone, il a été l'un des acteurs de la libération, en avril, de la famille française Moulin-Fournier, enlevée sur une route de l'extrême-nord du Cameroun par un groupe se revendiquant de Boko Haram. Enfin, pour diriger la composante police de la Misca, un Gabonais a été nommé : le colonel Patrice Ostangue Bengone.

Décidée en août, le transfert d'autorité entre les deux forces a été plusieurs fois retardé. La faute aux intenses négociations sur les postes principaux et la composition des effectifs de la nouvelle mission. Selon les textes de l'UA, le chef de la Misca n'aurait pas dû être un ressortissant de la CEEAC. Mais, frustrés de perdre le contrôle d'une entité qu'ils ont financé pendant plusieurs années, les chefs d'État d'Afrique centrale ont protesté avant d'obtenir gain de cause.171(*)

En tant que médiateur de la crise et principal financier de la Centrafrique, Sassou Nguesso a une voix prépondérante au sein de la région.

Restait à choisir entre les pays de la sous-région. Le Tchad s'est immédiatement positionné, mais s'est vite vu adresser une fin de non-recevoir. Pendant un temps, l'ancien président burundais Pierre Buyoya a tenu la corde. Représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, il avait l'avantage de bien connaître le pays. L'accord de l'intéressé n'a pas suffi à convaincre le président Sassou Nguesso, qui, en tant que médiateur de la crise (il est en outre pratiquement le seul à maintenir sous perfusion ce qui reste de l'administration centrafricaine et à financer le renforcement des troupes sur place), a voix prépondérante sur le sujet au sein de la région. D'où le choix du général Mokoko.

* 167 HATEM B-S, op.cit, p. 92

* 168 HATEM B-S, op.cit, p. 92.

* 169 HATEM B-S, op.cit, p. 92.

* 170 SHYAKA A et RUTEMBESA F, op.cit, p. 94

* 171 SHYAKA A et RUTEMBESA F, op.cit, p. 94.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille