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Les stratégies politico-économiques du football professionnel dépassent-elles celles des terrains ?

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par Victor PORCHER
Université Pantheon Assas Paris II - Master 2 Commerce et Management International 2016
  

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3.3 Quelles solutions sont envisageables ?

Dans cette troisième sous-partie, il convient d'apporter des solutions réalistes, applicables et durables afin de donner à l'Afrique les armes nécessaires pour y développer son football sur son territoire.

Pour ce faire, plusieurs organisations ont un rôle clef à jouer, notamment la plus haute instance du football mondiale, la FIFA.

Comme le rappelle l'instance, son objectif premier est de « renforcer les compétences et à professionnaliser les acteurs du football ». Pour autant, les actions de la FIFA ne visent pas seulement les acteurs directs du ballon rond tels que les formateurs, les directeurs techniques ou les arbitres mais visent aussi à la création de séminaires et de nouvelles formations pour tous les métiers en lien avec le football comme par exemple la presse écrite, les commentateurs sportifs ou les photographes. Il y a donc une volonté de supervision au-delà des simples frontières du football. Le premier objectif est d'améliorer efficacement la qualité de couverture des grands événements afin d'en donner un rayonnement planétaire.

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Enfin, la FIFA met un point d'honneur dans la transmission du savoir-faire et des connaissances au profit du football africain grâce à la mise en place en Afrique d'un centre international d'étude du sport (CIES).

Un programme mis en place par la FIFA en 1999 attire tout particulièrement notre attention. Il s'agit du projet « GOAL » qui vise essentiellement à développer le football dans les pays en voie de développement, dépourvus d'infrastructures et d'équipements. Le programme GOAL est décomposé de la manière suivante:

- Le premier objectif est d'assurer l'autonomie des fédérations nationales africaines puis d'apporter un soutien financier aux différentes associations. Depuis sa création, le programme a permis la création de 700 installations. Le projet fut élevé à 100 millions de franc suisses permettant de couvrir entre 80 et 120 projets de développement.

- La Fédération Internationale Football Association (FIFA) redistribue ses fonds aux ligues nationales pour y développer essentiellement :

? Les stades (rénovation et/ou construction).

? Les pelouses.

? Les centres de formations.

? Amélioration de la médecine sportive.

? Apporter une aide d'urgence aux associations touchées par des catastrophes

naturelles (séismes, tsunamis, sécheresses) ou humanitaires

De surcroît, un second programme fut développé à l'initiative de la FIFA. Il s'agit du projet nommé « Gagner en Afrique avec l'Afrique87 ». Mis en place en 2006, un fond de 70 millions de dollars ayant été débloqué par l'instance, afin de développer le football en Afrique. Ce budget pharaonique a permis entre autre de :

- Réaliser 52 terrains en gazon artificiel pour tous les membres de la Confédération Africaine de Football (CAF).

87 http://fr.fifa.com/mm/goalproject/WinAF_F.pdf

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- Professionnaliser en partie le football africain à l'aide des fonds financier redistribués aux ligues nationales.

- Soutenir le pays organisateur en 2010 de la Coupe du Monde : l'Afrique du Sud.

- D'offrir des formations de qualité en management sportif afin de préparer au mieux

les acteurs directs du football, grâce au centre international d'étude du sport (CIES).

- Mettre en place un réel programme de recherche et de sensibilisation dans le domaine

médical.

On peut donc considérer que la FIFA met un poing d'honneur quant à l'avenir de l'Afrique, qui de toute évidence ne peut s'auto-entretenir. En dépit de bonnes volontés, nous pouvons néanmoins apporter la critique suivante : Les actions menées par la FIFA peuvent paraître parfois obsolètes. A l'image du projet GOAL datant de 1999, il est certain que les problèmes en Afrique ont évolué. A titre d'exemple, aucun des deux programmes ne mentionne des solutions liées aux nombreux problèmes de corruption qui gangrènent le football africain (cf. Chapitre III partie III). Au même titre, les tensions religieuses et les problèmes de terrorisme dans plupart des pays qui composent l'Afrique, semblent être un enjeu majeur auquel il faut trouver de nouvelles solutions. Il est donc nécessaire que la FIFA réadapte ses programmes en prenant en compte ces nouveaux paramètres.

En dehors des multiples actions conduites par la FIFA, d'autres organismes se sont penchés sur la question afin de trouver des solutions en adéquation avec les maux dont souffre le continent africain.

L'étude menée en collaboration par l'agence Kurt Salmon et Euromed Management, intitulé « Finances & Perspectives » vise à émettre des propositions pour améliorer le football local.

Kurt Salmon est un cabinet de conseil visant à élaborer des stratégies et des solutions pertinentes. Membre du Management Consulting Group, le cabinet est spécialisé dans le conseil en management et stratégie des organisations. L'organisation opère aujourd'hui sur cinq continents.

Euromed Management est une grande école en management et entreprenariat. Elle est également un pôle de recherche dans les métiers en management des spectacles sportifs, des loisirs et des média.

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La contribution de ces deux organes pourrait permettre de régler beaucoup de problèmes et pallier de nombreuses carences.

Dans un premier temps, les travaux empiriques mettent en avant l'importance d'une organisation rigoureuse au sein des championnats africains. Cela passe par une cohérence dans l'organisation et la programmation des matchs. Le développement économique du continent passe inévitablement par la mise en place d'un calendrier à respecter rigoureusement. En effet, comme l'atteste Henri Stambouli, ex-entraineur de la sélection nationale du Togo, du Mali et de la Guinée, « en matière de gestion des calendriers des compétitions, il arrive trop souvent que les intérêts privés l'emportent sur l'intérêt général, ce qui nuit au développement des championnats locaux. » 88

Le second axe de réflexion et qui peut être considéré comme une solution au développement du football africain est le passage des clubs au professionnalisme. Pour ce faire, une importance capitale doit être accordée à la structuration des Ligues. Actuellement, le statut d'un joueur est très imprécis en Afrique, tout comme le marché des transferts des joueurs entre clubs. L'objectif via le programme « GOAL » et « Gagner en Afrique avec l'Afrique » vise à l'homogénéisation des structurations des ligues afin de passer de l'amateurisme au professionnalisme.

Les ligues professionnelles ont donc un rôle important à jouer dans le développement du football africain, notamment en mutualisant les activités des clubs. Comme le souligne les propos de Jean-Luc Gripond, président de SportVision et instructeur à la FIFA, « je crois aux vertus de la mutualisation sur tout ce qui touche le commercial, par exemple en matière de sponsoring au niveau d'une ligue ». Trouver de nouveaux partenariats afin de coopérer avec les clubs permettra sans nul doute le développement du football. La mutualisation peut être aussi au niveau de la communication avec la mise en place, par exemple, d'un site internet afin de diffuser l'image du club via le web et les réseaux sociaux.

Une autre solution retenue par les deux agences est de mettre en place une stratégie de « win-win » (gagnant-gagnant) grâce à une collaboration entre les clubs et les diffuseurs.

88 CHAUDEL Vincent et MALTESE Lionel, « Finance & perspectives », Football Professionnel, Juin 2010 p.57

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Le développement durable du football africain passe indubitablement par la création d'un partenariat entre les clubs et les diffuseurs TV, permettant de créer des revenus. Ces nouveaux profits pourront être ensuite réinvestis dans la formation des joueurs pour les conserver mais aussi dans le déploiement de nouvelles structures du club (infrastructures ou renouvellement de l'effectif par exemple).

Bien évidemment, les revenus football dépendant essentiellement des diffusions de droit TV (cf. Chapitre I, partie I). L'impact serait sans nul doute positif ce qui permettrait de booster les recettes de sponsoring et de publicité.

Pour qu'un partenariat soit conclu entre les clubs et les diffuseurs, il est nécessaire que ce dernier y voit aussi son propre intérêt. Cela signifie que les détenteurs des droits (clubs) doivent prouver leur professionnalisme et la bonne image de leur club. Comme le soutenait Gabriel Bartolini, directeur de l'agence de marketing African Football Factory, « un travail de pédagogie doit être réalisé pour expliquer aux parties prenantes que le succès d'un partenariat repose sur le détenteur de droits qui s'engage à faire un certain nombre d'opérations au profit de l'acquéreur de droits ».

Enfin le dernier axe de réflexion et non des moindres, concerne l'effort de chaque pays à investir dans de nouvelles infrastructures. Pour répondre à cette exigence, qui semble être le moteur du prochain décollage du football africain, il est important de l'analyser sous trois angles :

- Le premier enjeu est de convaincre les Etats à investir dans de nouvelles infrastructures. Le football étant une « religion » en Afrique, beaucoup de dirigeants souhaitent voir des résultats sur le court terme et se soucient peu d'investir dans de nouvelles infrastructures qui supposent des investissements sur le long terme. De toute évidence, ils semblent ne pas faire de lien entre résultats sportifs et les conditions nécessaires pour y parvenir. Or, « les bons outils font les bons ouvriers ». L'objectif est donc de convaincre l'opinion publique que seuls les investissements profonds seront facteurs de développement du football.

- Le second enjeu est de réadapter les stades construits lors des compétitions internationales. Beaucoup de stades, trop grands et mal conçus sont souvent

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inadéquats aux championnats nationaux. Leurs coûts d'entretien sont très chers et leurs positions géographiques, loin des villes, dissuadent les supporters à se déplacer aux stades pour y soutenir leur équipe.

- Enfin une dernière possibilité serait de mutualiser les stades et les équipements. Dans un constat général, beaucoup de clubs évoluent dans la même agglomération. Utiliser le même stade pour plusieurs équipes serait une solution économique et logistique.

Afin de procéder au développement d'un club, tous les acteurs du football doivent intervenir ensemble. C'est d'ailleurs un des rôles premier de la Confédération Africaine de Football (CAF) ou de la Fédération International Football Association (FIFA) qui ont un rôle majeur dans la professionnalisation des clubs africains. Les pouvoirs de ces deux instances permettraient de mettre en place des fonctions administratives et des statuts juridiques adaptés. Par le biais de l'imposition de « standards administratifs » au sein des clubs, cela poussera ces derniers à se professionnaliser. D'autre part, les clubs eux-mêmes ont un rôle primordial dans leurs propres réussites. En tout état de cause, chaque club doit imposer une rigoureuse politique marketing.

La politique marketing d'un club doit en premier lieu répondre à un objectif : créer et développer une fidélité au club via ses supporters. Ces derniers sont des moteurs de croissance indispensables. Considérés comme le douzième homme d'une équipe, les supporters génèrent beaucoup de profits pour les clubs tels que les recettes de billetteries et les ventes des droits de retransmission TV (cf. Chapitre I partie I).

A l'heure où la digitalisation est l'essence même de notre avenir, chaque club doit développer un outil internet intégrant les activités du club, les dernières infos sur l'équipe, un portail d'accès pour acheter des billets sur internet et même une boutique en ligne permettant d'acheter des produits dérivés. Le but est simple : promouvoir le club. Internet est donc un des outils les plus efficaces pour développer du marketing. Se résoudre à ne pas utiliser ces nouvelles technologies qui révolutionnent un peu plus chaque jour notre monde, serait certainement une grave erreur, tant les manques à gagner seraient importants pour le club. A ce jour le constat est on ne peut plus clair : le nombre de clubs ayant un site internet est très faible en Afrique. D'après la même étude menée par Kurt Salmon et Euromed Management89,

89 CHAUDEL Vincent et MALTESE Lionel, « Finance & perspectives », Football Professionnel, Juin 2010 p.67

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sur les 24 pays africains, seulement 27% des clubs disposaient d'un site internet. Force est de constater qu'un site internet assure des retombées positives pour un club. En effet, la corrélation semble forte puisque les championnats africains les plus développés sont ceux qui possèdent un site internet. Les clubs du championnat sud-africain, ayant investi massivement dans le e-marketing sont les plus attractifs du continent.

En définitive, le retard de développement du football africain n'est une surprise pour personne. Le continent peine à investir, miné par d'innombrables problèmes dont la famine, le sida, le faible indice de développement humain, le taux élevé de mortalité ou encore les maladies infantiles. Pour autant, les perspectives d'un avenir meilleur ne font pas l'ombre d'un doute. Le football africain est vécu avec une véritable ferveur. Toutefois, le branle-bas de combat que doivent mener les clubs et toutes les instances du football, ainsi que les Etat, doivent rendre le football africain compétitif et attractif. Grâce à l'appui de poids de « Football For Hope » mis en place à l'initiative de la FIFA, 93 programmes aident le football africain à se développer. Le chemin est encore long mais comme l'assure le secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon, lors d'une rencontre annuelle avec l'ex-président de la FIFA Monsieur Sepp Blatter, « le football est un sport tout en simplicité et en finesse. Il touche tout le monde, hommes et femmes, et se joue pratiquement partout. Qu'il s'agisse d'un événement sportif à grande échelle comme la coupe du monde de la FIFA ou d'un match de rue improvisé, le football a le pouvoir d'instiller la confiance, l'espoir et la fierté chez les personnes les moins favorisées, et d'encourager le travail en équipe ainsi que l'aide envers autrui ».

Ces paroles pleines de bons sens et d'humilité raisonnent comme un appel à un renouveau pour le continent africain dont les perspectives d'un avenir meilleur ne font nul doute.

Pour conclure ce chapitre on peut admettre que le football est également devenu un enjeu géostratégique très important. Nos dirigeants s'empressent d'utiliser ce sport pour diffuser leur propre modèle et jouir d'un rayonnement international. Les intérêts politiques et économiques ont-ils pris le pas sur le sport ? Le football est-il victime de son succès entrainant de nombreux vices ? Les hommes politiques utiliseraient-ils le football pour répandre un peu plus leur soif de domination ? Le football est-il le moyen le plus efficace de diffuser son idéologie et son modèle ? L'analyse succincte du Qatar et de la Chine nous pousse à croire que le football est un outil purement géopolitique.

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D'autre part, le football est devenu une forme de retranscription de la misère du monde. Le développement tardif de l'Afrique était l'exemple parfait. Le continent souffre toujours d'un manque d'investissement criant, ne lui laissant aucune chance de se développer. Pour autant, les opportunités de réussite en Afrique ne manquent pas. C'est pour cette raison que le football est devenu un enjeu géostratégique de poids, visant à développer durablement le continent. Au même titre que les aides humanitaires des grandes organisations mondiales tel que l'ONU, le football peut apporter sa pierre à l'édifice dans le développement de l'Afrique. S'armer de patience et d'espoir sont les maitres mots qui rendront ce que l'Afrique a toujours prétendue être : une terre du football.

L'analyse de cette dernière sous-partie avec l'instabilité générale qui y règne en Afrique, incite certains à profiter de cette situation pour enfreindre les règles et créer un véritable business.

En effet, depuis peu une véritable économie souterraine s'est développée autour du football. On note alors divers réseaux criminels. Corruption, trucages des matchs et esclavage moderne sont malheureusement affilié au monde du football.

L'objet de ce chapitre est de comprendre quelles sont les nouvelles pratiques dont le football se serait bien passé. Dans une première partie, nous retournerons en Afrique puis au Qatar pour analyser une pratique que l'on pourrait parfaitement l'assimiler à de l'esclavage moderne : la traite d'être humain.

Pour ce faire, nous analyserons dans un premier temps le destin tragique de ces jeunes talents africains, pour la plupart abandonnés par la société et influencés par des malfrats peu scrupuleux.

D'autre part, nous ferons le point sur les dessous de la prochaine Coupe du Monde 2022 au Qatar, qui exploite des immigrés venus pour la plupart d'Asie et dont les rêves d'un avenir meilleur sont détruits par ces entreprises qui les sous-exploitent.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille