Sommaire
REMERCIEMENTS 3
SOMMAIRE 5
INTRODUCTION 6
CHAPITRE I : LE FOOTBALL MODERNE EST-IL DEVENU UN
BUSINESS FLORISSANT ? 10
PARTIE I - ANALYSES ECONOMIQUES DES ACTIVITES DES CLUBS.
10
PARTIE II - JOUEURS ET CLUBS : LE RAPPORT
EMPLOYEUR-EMPLOYE PROCHE DU SCHEMA D'ENTREPRISE. 47
CHAPITRE II : LES NOUVEAUX ENJEUX DU FOOTBALL MONDIAL
61
PARTIE I - NOUVELLES STRATEGIES D'INFLUENCES DU QATAR OU
LE FOOTBALL N'EST PAS ROI. 61
PARTIE II - OBJECTIF 2050 : FAIRE DE LA CHINE UNE NATION
DU FOOTBALL 71
PARTIE III - ENTRE REVE ET DESARROI, QUEL EST L'AVENIR DU
FOOTBALL AFRICAIN ? 78
CHAPITRE III : COUPS FRANCS ET COUPS BAS : LES
CONTROVERSES DU FOOTBALL
MODERNE 91
PARTIE I - L'ESCLAVAGE MODERNE DANS LE FOOTBALL 91
PARTIE II - LE TRUCAGE DES MATCHS : LES NOUVELLES DERIVES
DU FOOTBALL MODERNE 104
CONCLUSION 113
TABLE DES MATIERES 116
BIBLIOGRAPHIE 117
6
Introduction
« Les peuples sans sport sont des peuples
tristes » La célèbre maxime byzantine nous
renseigne sur ce que peut représenter le sport pour l'être
humain.
Alors que le processus d'intégration des marchés
pousse l'homme à inventer de nouveaux concepts révolutionnaires,
aux dépens de ceux qui disparaissent, on peut considérer que le
sport est un phénomène universel qui existe depuis la nuit des
temps. Par nature, l'homme est un être disposant de facultés
motrices qui lui ont permis de s'adapter à son environnement. Courir,
nager, pour les besoins de la chasse et de la pêche, constituèrent
les premiers mouvements essentiels de l'homme qui dès le début,
lui ont permis d'assurer sa survie, et l'amélioration progressive de ses
conditions d'existence.
Mais très vite, l'homme a aussi compris que l'effort
physique pouvait devenir une forme de loisir. C'est la raison pour la laquelle
l'étymologie du mot « sport » trouve son origine de l'ancien
français qui fait référence au terme d'amusement et de
divertissement. Le « despote », comme on l'appelait autrefois,
procure à chacun d'entre nous des vertus telles que l'audace, le
dépassement de soi, mais également la sagesse, qui figurent parmi
les indéniables fils conducteurs de notre vie.
Le sport occupait ainsi une place privilégiée
dans le coeur des hommes. Les grands philosophes de l'Antiquité
s'accordaient à dire que l'activité physique participe à
la réussite éducative et spirituelle de l'homme. Le culte du
corps et de l'esprit permettaient de rendre l'homme plus fort.
De nos jours, et pour ces raisons, le sport continue d'occuper
une place importante dans nos sociétés modernes, constituant
à la fois un phénomène culturel et un moyen d'expression
d'appartenance identitaire. Un sport en particulier rassemble tous ces
critères que nous venons de mentionner. Il s'agit du football.
Alors que des recherches scientifiques prouvent que
l'ancêtre du football (le Tsu' Chu) aurait été
inventé par la dynastie des Han au IIIème
siècle av J-C, ce sport trouve néanmoins ses origines en
Grande-Bretagne grâce à la création de la toute
première instance dirigeante en
7
1863, la Football Association (FA). Véritable
succès dans les classes ouvrières anglaises, le football devient
officiellement professionnel à partir de 1885. Pour autant, son
apogée se fera qu'à partir des années 1960, lorsque les
premiers matchs ont pu être retransmis à la
télévision.
Comment expliquer le fait que le football puisse-t-il
être devenu l'un des sports les plus populaires au monde ? Quelle est la
particularité du football que les autres sports n'ont pas ?
D'innombrables réponses pourraient expliquer pourquoi ce sport procure
autant de ferveur.
Toutefois, un argument semble être l'explication la plus
plausible.
Le football rassemble de nombreux adeptes car il s'agit d'un
sport très simple. En effet, il ne requiert qu'une seule condition :
avoir un ballon ou quelque chose qui y ressemble... Pas besoin d'infrastructure
adéquat pour jouer. Une ruelle, un terrain vague, une cour de
récréation, le jardin de la maison familiale, il existe une
multitude de lieux, plus insolites les uns que les autres pour jouer au
football.
En dehors de l'aspect purement sportif, le football est aussi
un moment privilégié que l'on partage entre amis, permettant de
montrer l'étendue de ses talents et de s'échapper, l'espace d'une
partie souvent interminable, où seule la fatigue de l'ensemble des deux
équipes justifie la fin du match.
D'autre part, le football a la faculté de réunir
les peuples de différentes catégories sociales : Que l'on vienne
des Favelas gangrénées par les trafics de drogue de Rio de
Janeiro, ou d'un quartier aisé du centre de Londres, en passant par les
villages désertiques de l'Afrique Sub-Saharienne, le langage football
est toujours le même : solidarité en équipe, respect de
l'adversaire, et fair-play.
De surcroît, le football c'est aussi une histoire qui se
raconte de génération en génération, procurant
à chacun d'entre nous des émotions et des souvenirs qui feront
partie intégrante de notre vie.
La description on ne peut plus élogieuse du football
pourrait laisser à penser que ce sport ne peut être sujet à
de quelconques dérives. Or la réalité semble être
tout autre. En effet, le passage du football amateur au football professionnel,
l'émergence d'internet et de la
8
télévision, des moyens d'information et de
communication et bien entendu la prise de conscience que ce sport puisse se
transformer en un véritable business, marquent aujourd'hui
l'entrée dans une nouvelle ère dans la planète football.
De nos jours, le football est très certainement devenu un
véritable business où se mêlent argent, manipulations, et
stratégies géopolitiques.
Depuis une vingtaine d'années, le football fait couler
beaucoup d'encre et anime de nombreux débats dans nos médias.
Montants de transferts des joueurs professionnels à la
limite de l'indécence, soupçons de corruption au sein des plus
hautes instances mondiales, émergence du trafic de jeunes joueurs
africains, font les grands titres de l'actualité sportive, en
générant une image négative dont le football a bien du mal
à se défaire.
Une partie de l'opinion publique, pense désormais que
le football est entré dans une forme de fatalisme voire de perversion,
où le business aurait définitivement pris le pas sur le sport.
Ce contexte actuel nous amène ainsi à
réaliser une analyse approfondie afin de tenter de répondre
à une question : les stratégies politico-économiques du
football professionnel dépassent-elles celles des terrains ?
Afin d'appréhender au mieux cette problématique
générale, il convient de réaliser notre étude en
trois parties distinctes et complémentaires.
Tout d'abord, notre première approche vise à
analyser les principales activités financières des clubs en
dehors des terrains de football. Ce premier chapitre permettra de
vérifier si le football est réellement entré dans une
forme de sport business où seuls les gains financiers comptent. Cette
partie consistera donc en une analyse exclusivement économique.
Dans un second temps, nous étudierons le football en
tant qu'outil géostratégique. Pour ce faire, nous nous
concentrerons sur deux puissances mondiales, le Qatar et la Chine pour tenter
de comprendre en quoi le football est devenu un réel outil
géopolitique dont certains pays ne peuvent se passer aujourd'hui. Nous
verrons également que le football reflète les enjeux
9
actuels à l'image des maux de l'Afrique, qui peine
à trouver des investissements dans ce secteur.
Enfin, le dernier chapitre vise à observer les
nouvelles dérives du football moderne. Nous verrons en quoi la
capitalisation du football et ses enjeux géopolitiques sont responsables
de cette nouvelle forme de perversion qui pousse certains à des actes
répréhensibles.
Pour ce faire nous nous pencherons lors d'une première
partie, sur le cas du trafic des jeunes joueurs africains, influencés
par des réseaux de passeurs peu scrupuleux des sorts de ces enfants,
suivis d'une analyse de la préparation de la Coupe du Monde 2022 au
Qatar, qui prend parfois des allures que nous pourrions comparer à de
l'esclavage moderne. Enfin, l'analyse des trucages des matchs constituera notre
dernière partie.
10
Chapitre I : Le football moderne est-il devenu un
business florissant ?
Partie I - Analyses économiques des
activités des clubs.
1.1 Statuts juridiques des clubs et introductions en
bourse.
Le football est né en Angleterre au milieu du
19ème siècle. Exporté aux quatre coins du
monde, en partie grâce à l'histoire des colonisations, le football
était alors un sport à but non lucratif et régi par la loi
de 19011. Il deviendra professionnel en 1885 avec la fondation des
premiers clubs. La première ligue professionnelle apparaît aux
Etats-Unis en 1894.
Néanmoins, la ligue disparaît quelque temps
après sa création pour faillite financière. Le football
arrive en France dans les années 1870 et c'est en 1932 qu'apparaît
le premier championnat français. En 1963, le football connaît un
changement important avec l'apparition du Football Association (FA) regroupant
différents clubs. L'objectif premier de l'association était de
définir des règles communes.
En 1975, le football entre dans une nouvelle ère
puisqu'une nouvelle loi permet aux clubs professionnels de créer une
société d'économie mixte locale2 dite SEML.
Dès 1984, on observe déjà certains clubs
ayant dépassés un seuil financier les obligeant à
créer une nouvelle société adaptée aux revenus
qu'ils généraient. On parle alors de société
anonyme à objet sportif, SAOS ou encore de société
d'économie mixte sportive locale SEMSL.
Aujourd'hui, on admet une société sous trois formes
:
1- une société à responsabilité
limitée, comprenant qu'un associé (EUSRL)
2- une société anonyme à objet sportif,
SAOS
3- une société anonyme sportive
(SASP)3
1 «La loi du 1er Juillet 1901 et la
liberté d'association», association.gouv, 2011
2 La SEML permet de mixer l'actionnariat privée
et public.
3 La SASP peut rémunérer les dirigeants et
distribuer des dividendes aux actionnaires.
11
Les sociétés EUSRL et SAOS sont apparues avant
le statut juridique SASP. Cette dernière est fondée en 1999 et
ses caractéristiques se rapprochent très fortement des
sociétés anonymes dans la mesure où, les clubs qui en font
partie ont la possibilité de rémunérer les dirigeants avec
un accès au capital très libre. Les sociétés SASP
sont réputées plus flexibles que les deux
précédentes sociétés.
Qui plus est, le fonctionnement des sociétés
SASP est en faveur des entreprises qui cherchent à s'enrichir. On
comprend alors que les clubs se sont tournés un à un vers ce type
de structure juridique et pour cause, en prenant l'exemple de la Ligue 1 sur la
saison 2011-2012, on constate que tous les clubs ont le statut de SASP sauf
deux exceptions : l'AC Ajaccio et l'AJ Auxerre, respectivement sous le statut
EUSRL et SAOS.
Actuellement, la plupart des grands clubs sont détenus
par des investissements privés. Concernant les clubs français, il
convient d'accepter le fait que bon nombre d'entre eux, si ce n'est la
totalité, aient profité du changement de statut concernant les
associations sportives, pour attirer de nouveaux investisseurs
privés.
Concernant les autres statuts juridiques des championnats
majeurs en Europe, la plupart des clubs anglais ont le statut juridique de
société par action. Même si les clubs anglais furent les
précurseurs d'un système de fonctionnement similaire aux
entreprises commerciales, de nombreuses règles régissent le
football anglais afin d'éviter toute dérive. On peut citer
notamment la règle N°34, limitant le versement de dividendes
à 15% de la valeur faciale des actions.
L'Espagne n'échappe pas la règle. La loi de 1990
« Sociedad Anonima Deportiva » (SAD) tend à rapprocher les
clubs qui adhèrent à ce nouveau statut juridique, à un
mode de fonctionnement proche des entreprises commerciales.
Le voisin italien est soumis au statut juridique de «
Societa Per Azioni » (SPA). On observe ainsi que trois, des cinq grands
championnats majeurs européens se sont tous tournés vers le
statut de société par actions et ce, en l'espace d'une dizaine
d'années.
En revanche, le cas allemand est particulier. Son
évolution s'est faite plus tardivement que les précédents
puisque les premiers clubs allemands ne deviennent professionnels qu'à
partir de 1962.
12
En effet, l'Allemagne prônait un football amateur et
à but non lucratif. Ces raisons ont eu pour conséquence une
adaptation plus tardive pour les clubs, dans leurs droits de constituer des
sociétés par actions.
L'évolution des statuts juridiques de la plupart des
grands clubs européens en faveur des sociétés par actions
suppose une question subsidiaire. Qui sont les investisseurs privés et
quelles sont leurs motivations ?
Les entreprises ont eu un rôle majeur. La plupart des
clubs professionnels se sont développés dans les grandes villes
industrielles et même si les entreprises ne possédaient
juridiquement pas de clubs, elles en contrôlaient une partie. Exemple :
en 1929, le club de Sochaux Montbéliard est fondé par le
concessionnaire automobile français Peugeot. L'objectif premier
était de faire connaître l'entreprise à travers toute la
France. Officiellement pour distraire les salariés, officieusement pour
les empêcher de lancer des mouvements de contestation contre
l'entreprise.
Même exemple4, avec la compagnie
minière qui a pris le contrôle du RC Lens et de l'AS Saint-Etienne
avec Pierre Guichard, fils de Geoffroy Guichard et fondateur du groupe
Casino.
La popularité du mouvement ne s'arrête pas aux
seules frontières des entreprises classiques mais touche aussi le
secteur audiovisuel, très présent dans les années 90. De
nombreuses chaînes TV se sont retrouvées au capital de grands
clubs, à l'image de Canal + qui a investi dans le club du
Paris-Saint-Germain.
Le mythique club du Milan AC fut détenu par la
chaîne italienne Rai.
On peut encore citer l'investissement du groupe M6 dans le club
des Girondins de Bordeaux.
Néanmoins, on constate aujourd'hui que de nombreux
clubs ont tendances à être rachetés par de multiples
milliardaires.
Le magazine FORBES, publia un classement
révélant qu'en 2013, plus de 50 milliardaires possédaient
des parts dans des clubs de football. Cependant, penser que chaque milliardaire
dépense au sein de ces clubs des sommes astronomiques est une erreur.
Alors que la stratégie qatarie se tourne vers une stratégie
d'investissement massive, injectée directement dans le club du PSG, le
club de Rennes, lui aussi détenu par le milliardaire français
François Pinault
4 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel,
collection repère, 2014, p. 14
13
n'a que très peu investi dans son club qu'il
possède depuis 1998. Les stratégies peuvent donc être
différentes. Néanmoins, nous constaterons que le cas du
Paris-Saint-Germain est particulier puisque l'acquisition du club par le Qatar
Sport Investment (QSI) est en réalité une acquisition sur fond
souverain du Qatar (Qatar Investment Authority) (cf. Chapitre II partie I)
D'une constatation générale, on observe
malgré tout que les stratégies des milliardaires sont souvent
convergentes. En effet, en dépit d'un investissement de « loisir
» pour ces personnes fortunées, bon nombre d'entre elles y voient
un véritable enjeu, à la fois sur le plan sportif et
économique. C'est la raison pour laquelle, ces investisseurs
milliardaires peu regardants sur les sommes qu'ils dépensent,
n'hésitent pas à surpayer les indemnités de transfert des
joueurs « stars » et en leurs proposant des salaires exorbitants.
Notre développement permet de conclure de la
manière suivante : le football est définitivement entré
dans une nouvelle ère, notamment depuis que les clubs de football ont
acquis un statut quasiment identique aux entreprises classiques. L'objectif est
toujours le même : faire du profit.
De toute évidence, les stratégies
entrepreneuriales des clubs sont allées encore plus loin. En effet,
certains d'entre eux ont fait le choix de la cotation en bourse.
Historiquement, la première cotation boursière
d'un club de football professionnel a eu lieu en 1983. Il s'agissait alors du
club anglais de Tottenham. Pourquoi les clubs ont-ils commencé à
être cotés en bourse ?
Au-delà de l'aspect purement financier,
l'intérêt des clubs à être coté en bourse
était de contourner cette fameuse règle N°34, concernant les
redistributions des salaires et des dividendes des dirigeants.
Environ quarante clubs ont tenté l'expérience
pour les mêmes raisons juridiques surtout en Allemagne, au Danemark et en
Turquie.
C'est à l'aube des années 2000 que l'on constate
l'explosion des entrées en bourse des clubs de football. Cette
période correspond bien évidemment à «
l'euphorie financière et boursière ». On
dénombre près de 25 clubs anglais cotés en bourse alors
qu'à partir de la crise des « subprimes » de 2008 jusqu'en
2010, le nombre s'est réduit de 60% pour ne tomber plus
14
qu'à une dizaine de clubs. Le graphique
« nombre de clubs cotés en Bourse, janvier 1983
à septembre 2009 »5 traduit bien cette
tendance à la baisse depuis la crise mondiale.
Un club coté en bourse signifie-t-il qu'il gagnera plus
de matchs ? L'issue d'un match a-t-elle des conséquences sur le
marché boursier ? D'une part, les études sportives
réalisées par Baur et McKeating6 montrent que la
cotation en bourse d'un club de football ne signifie en rien de meilleurs
résultats sur le plan sportif. D'autre part, les études
récentes réalisées en 2009 par l'économiste
Palomino7 ont prouvé une corrélation évidente
entre les victoires d'une équipe et l'évolution positive de son
cours boursier. En revanche, un match perdu ou nul influence
négativement le cours.
Il est prouvé statistiquement dans le championnat
anglais, qu'une victoire est fréquemment suivie en moyenne d'une hausse
de l'action de 0,53% le jour suivant du match gagné. A contrario, une
défaite se traduit généralement par une baisse du cours de
l'action de 0,28% et -1,01% trois jours suivant la défaite.
L'étude montre également que les impacts boursiers sont plus
importants lors des matchs de fin de saison car il en va du statut du club de
football (relégation, promotion dans un championnat supérieur ou
qualification pour une compétition interclubs).
Une seconde étude menée par Edmans8,
montre que l'équipe nationale, vainqueur de la Coupe du Monde, aura un
impact significatif sur le cours boursier national. Dans le cas contraire, la
défaite lors de cette même compétition, engendre
négativement le moral des investisseurs ce
5 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel,
collection repères, 2014 P.21
6 BAUR D. & McKEATING C. Do football clubs benefit from
an IPO? International Journal of Sports Finance, 2011, vol. 6, n°1,
p. 40-59.
7 PALOMINO F. Information, investor sentiment, and stock
returns: the case of British soccer betting, Journal of Corporate
Finance, vol. 15, N°3, p. 368-387
8 EDMANS A. Sport sentiment and stock returns, Journal
of Finance, vol 62, p. 1967-1998
15
qui a pour conséquence une contraction significative de
l'indice boursier. Bien évidemment, l'impact est d'autant plus important
s'il s'agit d'un pays où la culture du football est très
forte.
L'introduction en bourse d'un club de football permet aussi
à ce dernier de détenir un nouveau financement de projet, souvent
pour des stades ou pour le recrutement de meilleurs joueurs.
Cependant, croire que ces projets de financement sont gages de
réussite serait une erreur. Le sport à une part d'incertitude non
négligeable et la qualité d'une équipe ou d'infrastructure
n'est pas le garant d'une réussite sportive.
Les clubs de football professionnel français ont la
possibilité d'être cotés en bourse depuis la loi du 11
octobre 2006. Pour autant, la loi prévoit que les clubs qui souhaitent
faire un appel public à l'épargne doivent présenter un
projet « d'acquisition d'actifs destinés à
renforcer leur stabilité et leur pérennité, tel que la
détention d'un droit réel sur les équipements sportifs
utilisés »9. En d'autres termes,
pour être coté en bourse il faut un projet d'acquisition d'un
stade. C'est en 2014, que deux clubs sont entrés en bourse. Il s'agit de
l'Olympique Lyonnais et du FC Istres. 94 millions d'euros ont été
déboursés par le club rhodanien pour financer le projet du stade
des lumières. Ceci, dans l'optique d'obtenir des revenus plus
réguliers et plus importants. Nous y reviendrons plus amplement dans une
prochaine partie.
En définitive, le football professionnel semble avoir
tourné la page du simple amateurisme. Le changement de statut juridique
des clubs, en quête de profit comme les plus grandes entreprises,
démontre une stratégie encore inconnue à ce jour dans le
football. Qui plus est, l'introduction en bourse de certains clubs n'est que le
reflet des nouvelles ambitions financières. L'argent semble avoir une
grande importance pour permettre à un club d'accéder à un
meilleur classement et d'accéder aux compétitions les plus
prestigieuses telles que la Champions League ou l'Europa League.
En effet, les compétitions continentales constituent un
bon moyen de faire valoir le prestige d'un club. Beaucoup de grands clubs comme
le Real de Madrid, La Juventus de Turin ou encore Arsenal, utilisent les
retombées des compétitions que nous venons de citer pour
accroître leurs côtes de popularité. La question que l'on
peut se poser est la suivante. Après
9 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel,
collection repères, 2014 P.26
16
notre première étude, nous avons
démontré que les ressources financières
générées par les clubs professionnels, permettaient
d'accéder plus facilement à ces tournois prestigieux. Peut-on
donc considérer que les compétitions interclubs sont-elles
accélératrices des inégalités entre ceux qui les
jouent et ceux qui n'y ont pas accès ?
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