Chapitre V : Discussion des résultats
V.1.Les effets des pentes
Sur le plateau, le profil du sol est plus ou moins
régulier avec des valeurs de pente comprises entre 0 et 8%. Sur les
versants les pentes sont plus importantes et supérieures à 10%.
Le versant du Djoué est le plus pentu avec des pentes dépassant
en plusieurs endroits 40%. Les versants du vallon de Kingouari ont des pentes
qui varient de 26 à 66%. Les versants de M'filou et de Kangoula sont les
moins pentus, avec des pentes inférieures à 28% de pente. Un peu
en amont du versant de la M'filou, les valeurs des pentes ne dépassent
pas généralement 20% (NGABAKA-KOUBANGO, 2003). Les ablations
superficielles sont conditionnées par la déclivité de la
pente et/ou la concentration des eaux lors du ruissellement. Par contre les
ablations profondes démarrent sur les zones plus pentues (pente
supérieure à 10%) et évoluent parfois en atteignant les
pentes faibles.
V.2. La dynamique de l'érosion hydrique et
les pertes en terre
V.2.1. Les ablations superficielles
En dehors des quelques cas d'ensablement de 16, 73 et 99 t/ha
respectivement sur les rues Mahoungou, Ngafoula et Mouhounou, les cas de
décapage ont occasionné des pertes de 44 à 350 t/ha et se
présentent comme ci-dessous :
? Le maximum de 350 t/ha sur A. Bitsindou est
enregistré essentiellement sur les 312 m du secteur convexe du profil de
cette avenue où les valeurs des pentes dépassent souvent 4%. Le
secteur concave de l'avenue A.Bitsindou où les profilomètres ont
révélé un faible décapage du sol, a
atténué les pertes sur l'ensemble de cette avenue.
? Les 294 t/ha de Mbanzanguéri sont lié la
grande distance sur laquelle les eaux sont collectées permettant ainsi
leur concentration.
? L'avenue R. Zacharie avec 270 t/ha est la
3ème en perte de terre malgré ses faibles pentes ne
dépassant pas 2%. Cela s'explique par l'éloignement des lignes de
crêtes vers le Nord sur les rues qui lui sont tributaires donc collectent
beaucoup d'eau.
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? L'avenue Mvouloungia est la 4ème en pertes
de terre (253 t/ha), parce qu'elle présente une dépression plus
importante que les deux autres avenues qui l'encadrent (entre Salabiakou et R.
Zacharie, les rues collectent beaucoup d'eaux et déversent dans
Mvouloungia).
? Les pertes de 252 t/ha sur la rue Mbankoua où dans la
majorité des cas les pentes ne dépassent pas 3%, s'expliquent par
le fait qu'elle reçoit les eaux de ruissellement collectées par
l'avenue Malonga.
? Les pertes de 240 t/ha sur Salabiakou, plus faibles que dans
les voiries précédentes, s'expliquent par le fait que celle-ci
présente une faible dépression, donc ne reçoit pas
beaucoup d'eaux des différentes rues qui la traversent.
? Les décapages de 91, 78 et 44 t/ha respectivement
pour les rues Maténsama, Ngouata et Kimpandzou pourraient s'expliquer
non pas seulement par les faibles pentes mais aussi par le fait que les eaux ne
sont pas collectées sur des distances importantes.
L'ensablement sur les rues Mahoungou, Ngafoula et Mouhounou
seraient des dépots provisoires de sable certainement en relation avec
l'interruption brusque et/ou progressive des pluies. Ces sables proviennent de
la zone de partage des eaux.
La longueur ou la distance sur laquelle les eaux sont
collectées dans les voiries est très significative : plus un
profilomètre est éloigné de la zone de partage des eaux,
plus les pertes en terre augmentent (remarque faite sur la majorité des
voiries). C'est à partir de 80m environ de longueur de collecte des eaux
que les pertes en terre sont considérables.
A Kingouari les zones à risques d'érosion non
viabilisées sont occupées par les populations qui y construisent
leurs habitations. Ces constructions humaines produisent d'importantes surfaces
imperméabilisées. Dans ces conditions, les sols deviennent peu
perméables et leurs surfaces génèrent des ruissellements
importants des eaux. L'énergie cinétique des gouttes de pluie au
contact du sol modifie la structure superficielle (liquéfaction de la
pellicule superficielle et disparition des macropores) et installe la pellicule
de battance peu perméable (ROOSE, 1981). Des puisards de stockage et
d'infiltration des eaux collectées des toitures ne sont pas
aménagés dans les parcelles lors des travaux de construction.
Toutes les eaux collectées sur les différentes surfaces
imperméables des parcelles sont déversées directement dans
les voiries dépourvues de caniveaux. C'est ce qui explique les pertes
totales en terre de 187,5 t/ha enregistrées en 6 mois de mesures dans
les 12 voiries de la zone où le suivi des profilomètres a
été réalisé.
A Kinshasa sur parcelles bâties et en sol nu et sableux,
VAN CAILLIE (1990) a quantifié 118,4 à 656 t/ha/an sur des pentes
de 2 à 11%. A Adiopodoumé, sur parcelles nues de 6% de pente,
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l'érosion augmente selon une fonction exponentielle
d'exposant 0,3 pour des longueurs de pente de 1 à 10m (VALENTIN, 1978
cité par ROOSE, 1981).
Au regard de ces résultats, concernant les ablations
superficielles de terre en milieu urbain, dont les voiries ne sont pas
aménagées, la distance sur laquelle les eaux sont
collectées est un élément déterminant qui compense
les effets peu apparents des pentes faibles (au plus 5%). En climat tropical
humide (Mayotte), SARRAILH et FERET (2005) ont mis en évidence du
2/12/03 au 11/03/04 des départs de 150 t/ha en pentes comprises entre 10
et 20% et 250 t/ha pour les pentes supérieures à 20% en milieu
naturel où les sols sont soit nus, soit sous culture de manioc. Ces
valeurs ne sont pas loin des pertes totales de 187,5 t/ha obtenues en 6 mois
seulement sur des pentes ne dépassant pas 5% en général
mais ici en milieu urbain.
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