Introduction
L'érosion est un ensemble des phénomènes
qui façonnent les formes du relief terrestre. Elle dépend des
interactions entre la topographie de la Terre, l'atmosphère,
l'hydrosphère (l'eau sous toutes ses formes) et la biosphère.
Elle comporte trois phases étroitement liées : l'ablation, le
transport et l'accumulation (Encarta, 2006).
Dans le cas de l'érosion hydrique, les eaux de pluie
s'infiltrent moins facilement si elles surviennent sous forme d'averses
brutales. L'impact des gouttes d'eau détache les particules du sol. Les
filets de ruissellement entraînent et poussent les minuscules particules,
la concentration des eaux accélère le transport de ces particules
et va en détacher d'autres et même de taille plus importante. Les
particules ainsi transportées sont déposées au niveau des
zones de dépression où se dirigent les eaux de ruissellement
(ROOSE, 1981 ; VIGUIER, 1991 ; LOUEMBE et TCHICAYA, 1993 ; GUILLOBEZ, 1990 ;
Encarta, 2006).
Aux mois d'octobre et novembre 2006, se sont produits
d'importants dégâts (écroulement de certaines maisons
entraînant des pertes en vies humaines, ravinement du cimetière
d'Itatolo jusqu'à emporter certains restes humains, ravinement des
voiries rendant certains lieux inaccessible et des inondations) à cause
de l'érosion hydrique. Le quartier 16A (Kingouari) à l'instar des
quartiers nord de la ville de Brazzaville est devenue un espace où le
phénomène d'érosion hydrique qui existait depuis
longtemps, a pris de l'ampleur ces dernières décennies (LOUEMBE
et NZILA, 2007). Ils s'y manifestent des déchaussements de racines des
arbres et de fondations des murs, des ravinements des voiries en terrains
pentus et des ensablements des dépressions. Certaines zones du quartier
sont devenues inaccessibles par véhicule. En 2006 deux garçons
d'une même famille trouvèrent la mort après l'effondrement
de leur habitation à la suite d'une forte pluie. Au rythme où le
phénomène évolue, si des dispositifs antiérosifs
efficaces ne sont pas mis en place, la situation qui est déjà
grave deviendra catastrophique.
De nombreux travaux de recherche ont porté sur ce
phénomène d'érosion hydrique à travers le monde. Il
en ressort qu'à l'état naturel, le sol est le plus souvent
protégé par le couvert végétal. Quand il pleut sur
une prairie ou sur une forêt, une partie des précipitations est
interceptée et s'évapore avant d'avoir atteint le sol.
L'écoulement le long des arbres et des tiges ralentit
l'arrivée
6
de la pluie au sol, amortissant souvent le choc des gouttes,
guidant l'eau vers le sous-sol (infiltration). Les végétaux et
leurs racines retiennent le sol et le protègent du ruissellement
(AUBREVILLE, 1959 ; ROOSE, 1981 ; Encarta, 2006).
La pluie et le ruissellement généré sont
les principales causes de l'érosion hydrique en zones intertropicales.
La topographie et l'intensité des activités entreprises par
l'homme régissent l'ampleur du phénomène et les
différents dégâts engendrés dans un milieu (ROOSE,
1981 et 1991 ; LOUEMBE et TCHICAYA, 1993 ; GUILLOBEZ, 1990 ; VIGUIER, 1991 ;
ROOSE et BARTHES, 2001 ; Encarta, 2006). Les études antérieures
ont montré que les sols sableux de Brazzaville sont très
perméables, mais leur faible teneur en limon et en matière
organique les rendent très vulnérables face à
l'agressivité des pluies (LOUEMBE et TCHICAYA, 1993 ; et MAYIMA, 2007).
Au quartier 16A, les études menées ont porté
essentiellement sur la description des phénomènes érosifs
; une estimation de la dynamique érosive par la quantification des
pertes en terre a été très peu abordée.
Dans ce travail, on tentera de montrer comment la pluie et le
ruissellement dégradent les sols et sont responsables des ablations de
terre, le déclenchement et l'évolution du phénomène
de l'érosion hydrique sont régis par d'autres conditions du
milieu et enfin quelles sont les quantités de terre perdues. Pour cela,
un suivi de l'évolution du microprofil des voiries, des levés
topographiques et un cubage des différents ravinements ont
été réalisé dans ce travail.
Les résultats de cette étude contribueront
à l'acquisition des données sur la dynamique de l'érosion
hydrique en milieu urbain, devant servir aux études ultérieures.
De cette étude, des informations ou recommandations judicieuses
nécessaires pouvant orienter le choix de stratégies
antiérosives, seront proposées pour des solutions adaptées
et durables.
Dans le cas des bassins versants du quartier 16A,
l'observation du site a conduit à formuler les hypothèses
suivantes :
- chaque saison de pluie, des quantités importantes de
terre des voiries sont arrachées et transportées par les eaux de
ruissellement contribuant davantage à la dégradation de celles-ci
;
- les pertes en terre par le ruissellement des eaux sur les
voiries augmentent certainement avec la pente et sa longueur.
7
Ce mémoire s'articule en cinq chapitres :
- un premier chapitre consacré à l'état
des connaissances ;
- un deuxième chapitre indiquant les
caractéristiques du milieu ;
- un troisième chapitre portant sur la
méthodologie adoptée ;
- un quatrième chapitre sur les manifestations du
phénomène dans la zone d'étude ;
- et un cinquième chapitre de discussion des
résultats.
8
|