Conclusion partielle
Malgré les efforts considérables fournis par la
population le phénomène d'érosion persiste dans les
années 1980. L'inquiétude face à la dégradation
alarmante des sols va amener l'Etat à s'impliquer résolument pour
renverser cette tendance. Mais il est à signaler que
l'aménagement des terres dans le terroir de Mogheur est une tache qui
doit prendre en compte plusieurs stratégies. C'est pourquoi tous les
ouvrages réalisés dans le cadre de la lutte antiérosive
favorisent le développement du couvert végétal. Ils
permettent sans doute la préservation de l'écosystème
à travers l'amélioration considérable de la
capacité de rétention des eaux de surface.
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Recommandations
La complexité du processus d'érosion des sols
est telle que plusieurs causes et effets sont liées
rétroactivement ce qui à priori ne permet pas de trouver des
solutions simples. Mais à coté de ce diagnostic quelques
perspectives optimistes existent. Il s'agit de :
? sensibiliser la population locale sur le comportement
à tenir vis-à-vis des ressources naturelles ;
? améliorer les méthodes de culture et
d'élevage pour éviter le surpâturage et la surexploitation
des terres ;
? reboiser les sols nus avec des espèces adaptables au
milieu et résistantes à la sécheresse ;
? mettre en défend pendant au moins trois (3) ans les
sites aménagés.
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CONCLUSION GENERALE
Il ressort de ce travail d'étude et de recherche que
l'érosion des sols est une réalité vécue par la
population du terroir de Mogheur. Il a également permis de bien
comprendre les impacts des mesures antiérosives de façon
générale et dans cette zone en particulier. Cependant une analyse
diachronique de l'occupation des sols de 1972- 1986 et 2000 montre qu'il y a un
déséquilibre réel entre les ressources naturelles et la
population locale. En plus cette analyse met en évidence les
modifications intervenues dans l'occupation des sols de 1972 à 2000.
Donc de 1972 à 1986 la végétation a
progressivement disparu pour faire place aux sols nus. En quinze (15) ans
1972-1986, 3228,37ha de steppe arbustive régulière et 93,31ha de
steppe arborée arbustive sont perdus. Toujours à la même
période les points d'eau ont presque disparu sauf dans les koris et plus
de 2438,24 ha de sols nus se sont ajoutés à ceux
déjà existant. La dynamique d'occupation des sols dans cette
partie du département de Tahoua s'est traduite par la diminution de la
végétation au profit des terres de cultures et des sols nus
à savoir les terrains rocheux et les surfaces de déflation entre
1972-1986. Cette situation de progression des sols nus sur les formations
végétales s'est généralisée au sahel. Une
étude réalisée par BOUBACAR Ichaou et al. (2007) dans la
commune rurale de Gabi (Maradi) a fait ressortir les pertes de la savane
arbustive plus ou moins arborée atteignant 20% sur une période de
trente et un (31) ans. BOUZOU I. (1988) indique lui aussi une situation
similaire dans les deux terroirs de Ticko et Bogojotou (Tillabéry).
Puisque dans son analyse il révèle que l'évolution de 1956
aux années (90) montre une tendance à la saturation et à
la dégradation. La synthèse entre les données issues de
l'analyse de l'occupation des sols, des observations, des enquêtes de
terrain et des entretiens avec les techniciens, aux renseignements tirés
des documents exploités, révèle une érosion
accélérée des sols de 1972 à 1986. Mais à
partir des années 1990 la tendance s'est inversée.
A la lumière des résultats obtenus on peut
conclure que les impacts des mesures antiérosives sont globalement
positifs. De 1986 à 2000 les sols nus ont considérablement
diminué passant, de 2438,24ha à 1574,13ha soit une
régression de 1,13% par an. Quant à la végétation,
elle connaît une amélioration dans cet intervalle de temps passant
de 232,09ha à 330,24ha, c'est à dire une augmentation de 0,12% en
moyenne chaque année. Cette dynamique a été efficacement
mise en évidence par l'interprétation des images satellitaires
qui montrent le rôle combien important du système d'information
géographique.
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L'état de lieu de l'érosion des sols confirme
que l'aménagement des terres est une tâche qui doit prendre en
compte plusieurs stratégies. Le retour du couvert herbacé, la
plantation des arbres, la stabilisation des points d'eau et koris, la pratique
des cultures sur des terres autrefois stériles traduisent une
amélioration de la qualité des sols et la réduction de
ruissellement. Il convient donc de rappeler que les résultats obtenus
justifient les hypothèses de départ. La majorité des
paysans ont compris la nécessité d'améliorer les
techniques traditionnelles mais aussi d'appliquer les mesures
vulgarisées par les projets.
En définitive il faut retenir que ces mesures
antiérosives sont d'un apport positif. Au vue de ce qui ressort de ces
résultats, il apparaît opportun de formuler des recommandations
capables d'améliorer les impacts de celles-ci dans le terroir de
Mogheur.
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