CONCLUSION DE LA PARTIE 2
Plusieurs études menées à des
années d'écart et sur différents continents « ont
montré des résultats impressionnants : sur le plan
économique, avec des impacts sur le niveau de revenu et la
capacité à épargner, sur le plan social, avec des effets
sur la scolarisation des enfants, l'accès aux soins ou
l'amélioration de l'habitat, grâce à l'impact
économique et dans certains cas grâce à des services
complémentaires proposés par les IMF»335. Ainsi,
le MC peut avoir « un impact sur la capacité des individus à
prendre en main leur propre situation. La possibilité d'emprunter et
d'investir, d'épargner, de travailler, a une valeur en soi : celle
d'élargir les options disponibles» 334 Or, depuis une
décennie, le développement du MC fait partie de la panoplie
d'instruments que préconisent la Banque mondiale, le Pnud ou encore le
BIT pour sortir les populations des pays en développement de la
pauvreté. Ces institutions internationales insistent sur l'ardente
obligation de favoriser l'accès au MC pour concrétiser le passage
d'une politique macro-économique d'aide au développement à
un ensemble d'initiatives individualistes « luttant contre la
pauvreté ».
Or, très récemment les banques classiques qui
repoussaient les pauvres loin de leurs bancs, s'y sont d'un coup
précipitées notamment devant l'immense potentialité de
développement du microcrédit. Ainsi, de nombreux organismes
bancaires ont développé des branches dédiées
à ces petits clients. Si on l'examine de près, on peut se rendre
compte que parfois ces prêts sont des crédits à la
consommation dissimulés. Aujourd'hui, le microcrédit, qui
était, à la base, le fruit d'organisations à but non
lucratif, se retrouve ainsi organisé dans certains cas par des
entreprises commerciales. Ce segment d'activités se révèle
très lucratif et si rentable : intérêts
élevés, cibles très larges (pauvres), remboursement quasi
garanti, etc. Son objectif indirect consiste à réduire la
pauvreté, mais les limites de telle démarche et ses
dérives sont réelles.
Divers acteurs de développement intègrent le MC
dans leurs agendas ; le « marché » commence également
à s'y intéresser à travers la vulgarisation336
de l'accès aux services financiers qui forme un objectif fortement
affiché du microcrédit. Dans ce contexte, les «
335 BOYÉ Sébastien et al. op. cit. p.93
336Isabelle Guérin, économiste, est
chargée de recherche à l'IRD et membre du LPED. Elle est
également responsable du programme « Labour, Finance and Social
Dynamics » à l'Institut Français de
Pondichéry.
Etudiant Chercheur : Brahim NAIII PFE _Master
Spécialisé Management du Développement Social 164
Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance
Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)
pauvres » ont besoin de plusieurs services financiers
(crédit, épargne, assurance, des services de transferts de fonds
pour les migrants,...) et pas uniquement de la dette.
Bien loin d'être l'unique résultat de l'action
associative, laquelle se développerait contre l'«État »
ou le « marché », le MC se présente comme le fruit
d'une dialectique permanente entre ces trois entités. Son
caractère novateur consiste « à joindre logique de profit,
logique administrée et logique de solidarité, prédisant
ainsi un renouvellement des formes d'action publique. L'enjeu consiste à
concilier mission « sociale » et mission « financière
». Il consiste également à trouver un équilibre entre
des dynamiques collectives issues de la société civile et des
politiques publiques aux objectifs parfois multiples » 337.
337Isabelle Guérin. op. cit.
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