Les espaces publics urbains sont organisés d'une
manière à mettre en relation différents acteurs : «
Tout espace urbain, qu'il soit réel ou idéal, est
caractérisé par une répartition des activités et
des hommes, une organisation de leurs relations » (Gilli
Frédéric, 2001). L'Homme, quand il occupe un espace, a tendance
à le spécialiser selon ses besoins et dans une logique bien
déterminée (Von Thünen 1826). L'analyse de la
problématique liée à m'occupation et de la gestion de la
voie publique dans les communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur a
permis de caractériser les différents occupants, les types
d'installation, les modalités de gestion de la voie ainsi que les
différents impacts des occupations sur la population. La voie publique,
en tant qu'espace publique, met en interaction différents acteurs au
niveau de la ville.
Notre première hypothèse de départ
stipule que « les caractéristiques des occupants
déterminent les modes d'occupation sur la voie publique ». Les
occupants sont majoritairement représentés par des hommes (71%)
et des jeunes (54% la tranche d'âge 16 - 30 ans). Les activités
qu'ils pratiquent sont variées avec des niveaux de revenus
majoritairement faibles. Les types d'installations vont des simples
étales aux constructions en dur. Mais au-delà de ces
caractéristiques, les différentes occupations s'effectuent soit
par rapport à l'activité exercée, soit les moyens dont
dispose l'occupant. En effet, les vendeurs de café ont des chariots, les
propriétaires de parking installent leurs containers et/ou construisent
des enclos en dur, parfois démontables. Notre première
hypothèse, à travers ces résultats, se confirme. En plus,
il ressort que les activités récréatives ne sont presque
pas présentes dans la zone.
La deuxième hypothèse de notre travail est la
suivante : « Les procédures d'autorisation se font plutôt
selon un standard défini par les acteurs de la commune selon la nature
domaniale du lieu ». Selon les normes, l'occupation de la voie
publique est précaire et révocable. La gestion de ces voies est
donc une compétence des compétences de la commune. Durant la
procédure pour l'octroi d'un permis d'occuper la voie, les services
techniques, à part la norme évoquant la précarité
de l'occupation, n'ont aucune autre règle sur laquelle ils doivent se
baser. Ainsi donc, après analyse des différentes
procédures dans les deux communes, l'hypothèse avancée se
confirme car, il n'existe pas encore des normes urbanistiques sur lesquelles
les agents peuvent se
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baser pour instruire une demande. Mais aussi toutes les
demandes sont traitées de la même manière, même si
les types d'installation peuvent être différents.
Quant à la troisième hypothèse, elle
affirme que « La perception que les populations ont de la voie
publique et de ses usages est relative au niveau de nuisance de ces derniers
sur leur cadre de vie ». Les occupations causent des nuisances et
impactent les habitants riverains (68%) et les piétons (74%). Les
riverains et les passants trouvent majoritairement ces occupations
inappropriées. Ils considèrent qu'elles encombrent, salissent et
à cause d'elles les passants courent des risques d'accident. De ce fait,
les populations trouvent qu'à ce niveau, la commune n'assure pas bien
son rôle et que les voies ne sont pas bien gérées.
L'exception en est qu'une majorité d'entre elles trouve que la commune
gère moyennement bien. Cette perception est liée à la
salubrité de la voie qui est plus ou moins entretenue par la commune.
Notre troisième hypothèse se confirme, mais il faut d'abord
prendre en compte certains paramètres.
Les problèmes liés à l'occupation de la
voie publique à Dakar sont nés avec la création de la
ville elle-même. C'étaient des occupations anarchiques ou
irrégulières qui arpentent les artères les plus
fréquentées au niveau de la ville. On pouvait distinguer les
mendiants, les tabliers, les vendeurs ambulants etc. Plus tard avec les
différentes crises qui ont touché le pays, Dakar est sous une
pression démographique. Cette vague de population pour s'adapter dans la
ville s'ajoute aux occupants de la rue et aggrave le
phénomène.
Les différentes communes ont donc pour combat
régulier la lutte contre ces occupants ambulants et anarchiques. Ils
encombrent les voies, salissent les passages et cause même des accidents
de circulation. Les tentatives de déguerpissement sont nombreuses, mais
le fléau ne cesse d'augmenter. Cependant, notre étude a
porté sur les occupants qui sont fixes. Des nouveaux types d'occupation
sont constatés au niveau des principales voies (VND) dans les communes
de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur. On compte parmi eux principalement les
parkings de vente de véhicules et des stations de lavage et de
nettoyage. Ces installations se multiplient en grand nombre sur ces
artères au dépend de l'esthétique urbain et des
préoccupations des populations concernées. Les communes, quant
à elles cherchent à bénéficier des taxes à
travers ces occupations et autorisent les installations qui sont pour les
passants et habitants
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riverains sources de nuisances. Et depuis la mise en oeuvre de
l'Acte 03, les communes profitent de nouvelles compétences qui leur ont
été transférées et autorisent des installations
à leur guise, en priorisant les ressources qu'elles peuvent en tirer.
Ainsi se résume la situation des occupations et la
gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et Mermoz
Sacré-Coeur. Les recommandations qui ont été
formulées peuvent contribuer dans la mise en place d'un cadre
idéale pour l'amélioration des conditions de tous les acteurs.
Elles ne sont certes exhaustives, mais apportent une solution à long
terme aux différents problèmes des deux communes.
En dehors des objectifs fixés par cette étude,
l'analyse des résultats ouvre la voie à d'autre recherche. Le
manque des activités de loisir remarqué dans ces zones, la place
du piéton dans le contexte actuel où la motorisation est remise
en question, etc. sont des thématiques actuelles faiblement
traitées dans cette étude. « La nature des
déplacements influence la nature des frontages, et
réciproquement. » (Nicolas Soulier, "Reconquérir
les rues" 2012, p.136). Une étude à une échelle multi
scalaire avec étude approfondie du phénomène contribuera
à la compréhension des dynamiques liées à
l'occupation de la voie publique.