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Problématiques de l'occupation et de la gestion de l'espace public dans les communes de Ouakam et de Mermoz sacré-cÅ“ur.

( Télécharger le fichier original )
par MOUSSA MAHAMAT MOUSSA DICKER
Ecole Supérieure dà¢â‚¬â„¢Economie Appliquée (ESEA_ex-ENEA / UCAD) - Ingénieur de Travaux en Aménagement et Gestion Urbaine 2016
  

Disponible en mode multipage

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Université Cheikh Anta Diop

 

Ecole Supérieure d'Economie Appliquée
(ESEA - ex_ENEA)

Département Aménagement du Territoire Environnement et
Gestion Urbaine (ATEGU)

Mémoire de fin d'étude

Pour l'obtention

d'Aménagement

Sujet : Problématiques

du Diplôme d'Ingénieur des travaux

du Territoire et de Gestion Urbaine

de l'occupation et de la gestion de dans les communes de Ouakam et de Mermoz

l'espace public Sacré-Coeur

Présenté par : MOUSSA MAHAMAT MOUSSA DICKER

Validé par le jury :

? M. Birahim NDIAYE (Président) ;

? Dr. Bara NIANG (membre);

? Dr. Ibrahima NDIAYE (Directeur de mémoire).

42e promotion

Année académique 2016 / 2017

 
 

Remerciements

Je rends Grâce à Allah pour tous Ses Bienfaits et particulièrement de m'avoir permis de passer quatre (04) excellentes années au sein de l'Ecole Supérieure d'Economie Appliquée.

Je remercie

avant tout mon encadreur Docteur Ibrahima NDIAYE pour sa disponibilité et ses conseils durant toute ma formation.

l'Administration de l'ESEA et tout le corps professoral avec tous mes sentiments de gratitude et de reconnaissance pour leur dévouement en vue d'assurer ma formation dans des meilleures conditions.

mes amis et camarades de la promotion, je pense à Djidda Youssouf Loukia, Youssouf Saleh Abdoulaye, Ousmane Djamal Ali , Sabre Hassan Hachim, Mara Mbaïdéo, Abdou Mahamat, Mahamat Aboubakar Hisseine, Ngoné FALL, Serge HADEOU, Hawa DIOP, Samira Issakha Abdoulaye, Emilia Marcelle FAGA, Mamadou CISSOKHO, Andy MBOU SVEINE, mais aussi mon amie Chaima CHAOUI et ceux des autres promotions ; à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin dans ce travail et dans ma formation durant ces 04 ans. Merci pour ces 04 inoubliables années.

II

Dédicaces

Je dédie ce mémoire à ma famille, particulièrement à ma mère Haoua Adoum et à mon père feu Mahamat Moussa Dicker ; à mes frères et soeurs qui m'ont toujours soutenu, à mon grand frère Adoum Mahamat, à mon grand frère Mahamat Tahir Mahamat, à Mahamat Saleh Moussa ; à toutes et tous les membres de ma familles.

III

La Table de Matières

Remerciements I

Dédicaces II

La Table de Matières III

Liste des Abréviations VI

La liste des Tableaux VII

La liste des Figures et Graphes VIII

La liste des Cartes IX

Résumé du Mémoire X

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE CADRE DE REFERENCE 3

Chapitre I : Problématique 4

Chapitre II : Revue critique de la littérature 7

II.1. L'espace public : du métaphorique au matériel, une complémentarité ou une

expansion ? 7

II.2. Des formes et usages de la voie publique 10

II.3. Les usages et/ou occupations de la voie publique dans les villes africaine et

particulièrement à Dakar 14

Chapitre III : Cadre théorique et conceptuel 19

III.1. La gestion urbaine (des espaces publics) 19

III.1.1. Essai de définition 19

III.1.2. La gestion des espaces publics 21

III.2. L'espace public en tant que voie publique 22

III.2.1. Définir l'espace public pour comprendre la voie publique 22

III.2.2. La voie publique : de la voirie à la rue 25

III.3. Les usages de la voie publique : une diversité d'acteurs autour d'un seul lieu 30

Chapitre IV : Cadre opératoire 33

IV.1. Objectif général de la recherche 33

IV.1.1. Les objectifs spécifiques de la recherche 33

IV.2. Question générale de la recherche 33

IV.2.1. Questions spécifiques de la recherche 34

IV.3. Hypothèse générale de la recherche 34

IV.3.1. Hypothèses spécifiques de la recherche 34

DEUXIÈMEPARTIE CADRE DE L'ÉTUDE ET METHODOLOGIE 36

IV

Chapitre I : Cadre de l'étude 37

I.1. Présentation de la Ville de Dakar 37

I.2. La présentation des communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur 41

I.2.1. La commune de Ouakam, l'ancien village des pécheurs lébous face aux défis

de l'urbanisation 43

I.2.2. La commune de Mermoz Sacré-Coeur, le quartier de résidence devenu

commune de plein exercice 44

I.3. L'urbanisation de ces deux communes sous l'influence des équipements

structurants 46

Chapitre II : Méthodologie de la recherche 47

II.1. Élaboration du cadre théorique 47

II.2. De l'étude de cas : choix de la zone, l'échantillonnage et les enquêtes 48

II.2.1. Justification du choix de la zone d'étude 48

II.2.2. L'échantillonnage 50

II.2.3. L'enquête et les outils utilisés 52

II.2.4. Les contraintes rencontrées et les stratégies pour les surmonter 55

TROISIÈME PARTIE PRESENTATION DES RÉSULTATS ET RECOMMANDATIONS 56

Chapitre I : Présentation et analyse des résultats 57

I.1. Caractéristiques socioéconomiques des occupants 57

I.1.1. La relation entre le genre et l'activité, facteur explicatif d'une disparité parmi

les occupants 57

I.1.2. La voie publique, un lieu d'accueil de diverses activités 59

I.1.3. Les occupants par tranche d'âge ou la dominance des jeunes 62

I.1.4. Le niveau d'étude des occupants 64

I.1.5. Le niveau de revenus des occupants 65

I.2. Analyse de l'occupation et de la gestion de la voie publique dans les deux

communes 69

I.2.1. La gestion de la voie publique dans les deux communes : une même modalité

pour des enjeux différents 69

I.2.2. Analyses des occupations de la voie publique 74

I.2.2.1. Les occupations réguliers et non réguliers 74

I.2.2.2. Les installations sur la voie : de l'étale à la construction en dure 80

I.2.2.3. La superficie occupée par les installations sur la voie 83

I.2.2.4. Les parkings de vente de véhicules, une occupation inédite en prolifération

dans la zone 84

I.3. L'impact des occupations sur la population et appréciation de la gestion des voies

des différents acteurs 89

I.3.1. Les occupants et leur perception de la voie 89

V

I.3.2. L'appréciation des occupations par la population 90

I.3.3. Les nuisances des occupations sur la voie 91

I.3.4. L'appréciation de la gestion des voies publiques 93

Chapitre III : Recommandations 95

III.1. Les recommandations générales 95

III.2. Les recommandations spécifiques 96

III.2.1. La mise en place d'un dispositif de contrôle avec des outils adaptés 96

III.2.2. Aménager les voies 96

III.2.3. Mettre en place un cadre de sensibilisation 97

III.3. Le plan d'action des recommandations 98

CONCLUSION 102

BIBLIOGRAPHIE 105

ANNEXES 108

VI

Liste des Abréviations

ANSD Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

DESCOS Direction pour la Surveillance et le Contrôle des Sols

EMTASUD Enquêtes Ménages sur la Mobilité, le Transport et l'Accès aux Services Urbains dans l'agglomération de Dakar

ESEA École Supérieure d'Économie Appliquée

ITPC Interruption du terre-plein central

NTIC Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

VDN Voie de Dégagement Nord

Hbts Habitants

RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SICAP Société Immobilière du Cap Vert

VII

La liste des Tableaux

Tableau n°3 : Présentation de quelques quartiers de Mermoz 45

Tableau n°4 : Le résultat du recensement des occupants 51

Tableau n°5 : Les échantillons des passants et ménages 52

Tableau I.2 : Redevances d'occupation dans la commune de Mermoz 71

Tableau I.2 : Redevances d'occupation dans la commune de Mermoz 72

Tableau n°8 : Plan d'action des différentes propositions. 98

VIII

La liste des Figures et Graphes

Image n°1 : Illustration des différents types d'espace 23

Image n°2 : Caractéristique d'une voie 27

Figure n°1 : Les types de routes 41

Image n°3 : Évolution de l'occupation du sol à Sacré-Coeur 46

Image n°4 : Présentation de la zone d'enquête 49

Figure I.1 : Répartition des occupants selon le genre 58

Figure I.2 : Répartition des activités selon le genre 59

Figure I.3 : Les différents types d'activité occupant la voie 60

Figure I.4 : Relation entre activité et motif du choix de la voie 61

Figure I.5 : Répartition des personnes qui pratique une autre activité 62

Figure I.6 : La répartition des occupants selon l'Age 63

Figure I.7 : La répartition des activités selon l'âge 64

Figure I.8 : La répartition des occupants selon le niveau d'étude 65

Figure I.9 : Les revenus des occupants 66

Figure I.10 : Relation entre le niveau de revenu et les activités 67

Figure I.11 : Durée de l'instruction pour un permis d'occuper 70

Figure I.12 : L'instruction de l'autorisation pour occupation de la voie publique 71

Figure I.13 : Appréciation de la taxe par les occupants 73

Figure I.14 : Répartition des occupants selon la régularité 75

Figure I.15: Raisons avancée par les irréguliers 75

Figure I.16 : La régularité des occupants par activités 76

Figure I.17 : Répartition de la durée des occupations 77

Figure I.18 : Répartition des avis sur les activités nouvelles 78

Figure I.19 : Anciens lieux d'exercice 78

Figure I.20 : Motifs de déménagement 79

Figure I.21 : Répartition des types d'installation 80

Image I.1 : Illustration des installations en dure sur la voie 81

Image I.2 : Illustration des installations précaires 82

Image I.3 : Les autres types d'occupations 83

Figure I.22 : Répartition des superficies des occupations 84

Figure I.23 : Répartition du nombre de voiture 85

Figure I.24 : Nombre de vente par semaine 86

Figure I.25 : Répartition des clients visiteurs par jour 86

Figure I.26 : Répartition des provenances des voitures 87

Figure I.27 : Perception de la voie par les occupants 89

Figure I.28 : L'appréciation des installations sur la voie 90

Figure I.29 : La part des personnes impactés par les occupations 91

Figure I.30 : Les différents types de nuisances 92

Figure I.31 : niveau d'approvisionnement des populations 93

Figure I.32 : Appréciation des différents acteurs de la gestion de la voie 94

IX

La liste des Cartes

Carte n°1 : Les 19 communes de la Ville de Dakar 37

Carte n°2 : Occupation de l'espace dans la région de Dakar depuis 1978 38

Carte n°3 : Répartition de la population de Dakar 39

Carte n°4 : Exemple de flux dans la Ville de Dakar 40

X

Résumé du Mémoire

La gestion des espaces publics est complexe, surtout pour des nouvelles communes en pleine évolution. Cette complexité ressort de la rencontre de nombreux acteurs, voire tous les acteurs urbains, à l'échelle de ces espaces.

Ce travail porte sur l'analyse des modalités d'occupation et de gestion de l'espace public, particulièrement la voie publique, dans les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur. Il s'agit, d'une part, de caractériser les occupants afin de comprendre les dynamiques d'occupation de l'espace. D'autre part, les procédures administratives liées à la gestion de la voie sont étudiées. Cette étude est basée sur des informations qualitatives et quantitatives recueillies grâce à des outils de collecte distincts.

Les occupants sur la voie publique ont des caractéristiques très variées. Ils sont majoritairement jeunes (16 - 30 ans) et de genre masculin (71%). Plusieurs activités sont exercées sur la voie, telles que la vente de véhicules, la restauration, la menuiserie, le lavage de voitures... ; chaque activité nécessitant une installation particulière (étale, container, chariot, etc.). Les occupants s'installent sur des superficies allant de 0 à 300 m2 et indépendamment de l'activité exercée.

La gestion de la voie est assurée par la commune conformément aux textes (précisément la Loi 2013-10 portant Code générale des Collectivités Locales). Cette dernière autorise les installations, interdit celles qui sont irrégulières et s'assure de la bonne fonctionnalité de la voie.

Cependant, les procédures pour l'octroi d'un permis d'occupation sur la voie ne se font pas selon des normes urbanistiques. Ce qui laisse la place à des appréciations et à des observations qui peuvent être qualifiées de « subjectives », pour l'autorisation d'une installation. Cela occasionne donc des irrégularités et les occupations se prolifèrent sur la voie en finissant par devenir un encombrement pour les populations surtout celles riveraines.

C'est dans ce contexte que nous avons formulé quelques recommandations qui permettront de résoudre les contraintes rencontrées autant par les occupants, que par les populations riveraines et les acteurs de la commune.

1

INTRODUCTION

Les villes des pays en voie de développement, particulièrement celles de l'Afrique noire francophone, subissent ces dernières décennies une forte pression démographique aux multiples causes dont les plus marquantes sont la migration et la croissance naturelle. Cette pression a contribué à la naissance d'une urbanisation accélérée et incontrôlée de ces villes, dans un contexte « de développement urbain dans des pays aux capacités économiques relativement réduites » 1 , ayant des difficultés à répondre aux besoins des populations en services publics de base tels que le logement, le transport, l'assainissement, l'éclairage public, etc.. (KOULGUEI, 2012). Mais « la ville africaine » est récente, une « production contemporaine »2 fruit de la colonisation.

En effet, la ville dans les pays africains est, à l'origine, conçue pour des besoins de la colonisation (infrastructures pour l'acheminement des produits agricoles et miniers, de siège de commandement militaire, etc..). Au Sénégal, la ville de Dakar en est une parfaite illustration. L'héritage de ce passé colonial est toujours ressenti à travers l'évolution de cette ville. Dakar concentre l'essentiel des équipements et services du pays conduisant ainsi à une importante concentration des activités économiques voire politiques. Une situation synonyme d'attractivité ou plutôt de centralité.

Dans ce contexte, la ville de Dakar doit absorber presque tout le flux migratoire occasionné par les crises environnementales dans le monde rural. La ville et ses périphéries (Pikine, Guédiawaye) concentrent 23% de la population totale du pays (ANSD, 2013) sur 550 km2 soit une densité de 5 374 hbts/km2. La région compte en effet 3 137 196 hbts. La ville est ainsi sous une forte pression démographique qui met au défi les acteurs de la ville. Il y a d'une part les actions des politiques publiques qui tentent de gérer le phénomène et d'autre part, la population qui elle-même cherche des mécanismes d'adaptation. La gestion urbaine devient ainsi un objet de confrontation entre les acteurs à une échelle particulière de la ville, celle de l'espace public.

1CHENAL Jérôme et al. Quelques rues d'Afrique. Observation et gestion de l'espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott, 2009, p.239.

2Ibid.

2

La gestion de l'espace public, précisément celle des voies publiques, dans les communes de Dakar présente nombreux défis. Les communes, érigées en communes de plein exercice depuis 2013, ont des compétences élargies donc de nouvelles responsabilités. Ces dernières éprouvent d'énormes difficultés en matière de gestion urbaine aggravées par un manque de ressources (principalement financières). Elles ont en effet besoin de moyens pour exercer leurs compétences et de ce fait, mettent en valeur les voies publiques pour combler ce manque. Ainsi, on assiste à des installations parfois non organisées sur la voie, avec une autorisation de la commune.

C'est dans ce contexte qu'évoluent les communes de la ville de Dakar. Notre étude a porté spécifiquement sur l'analyse de l'occupation et de la gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur. La zone de ces communes fait l'objet d'une concentration d'activités et de services depuis ces dernières années. La présence de la VDN et l'engorgement du centre-ville de Dakar offrent donc une certaine centralité à ces deux zones. L'occupation et la gestion de la voie publique deviennent donc une question centrale pour ces deux communes.

La bibliographie consacrée à la matière, telle que les conclusions de Jérôme Chenal dans "La ville ouest-africaine : modèles de planification de l'espace urbain" ; ont permis d'avoir une connaissance précise et assez pertinente de la problématique. Afin de déterminer dans quelles conditions s'effectue l'occupation et la gestion de la voie publique dans ces deux communes, il était donc indispensable de se fonder sur des méthodes et techniques pratiques notamment les enquêtes de terrain, les entretiens et les observations directes. L'exploitation de ces sources devait permettre de répondre à une série d'interrogations inhérentes au sujet.

Ce mémoire tend à démontrer qu'une bonne gestion de la voie publique passera par une organisation rigoureuse et des outils adaptés aux réalités locales. Il est ainsi structuré en trois grandes parties : la première est consacrée à l'élaboration du cadre théorique et du cadre opératoire ; la seconde consiste à la présentation de la zone et des choix méthodologiques et enfin la troisième partie dans laquelle sont présentés et analysés les différents résultats obtenus, suite auxquels des recommandations ont été formulées.

3

PREMIERE PARTIE

ADRE DE REFERENCE

« Sicinius: What is the city but the people? Citizens: The people are the city »

William Shakespeare, The Tragedy of Coriolanus, Act 3, Scene 1.

4

Première partie : cadre de référence

Chapitre I : Problématique

La création et l'évolution de la Ville de Dakar sont marquées par nombreux défis notamment l'urbanisation galopante et ses conséquences. Les enjeux de ces phénomènes se présentent différemment selon les échelles. Mais le défi majeur est celui de la gestion urbaine particulièrement celle de l'espace public. En effet, les effets des différents phénomènes urbains se manifestent au niveau de cet espace, mais aussi c'est l'échelle où les interactions sociales sont les plus intenses et perceptibles.

La ville n'arrive pas à satisfaire tous les besoins de la population, ou d'une catégorie de cette population qui est économiquement défavorisée. Cette dernière « s'approprie » d'une manière informelle, voire anarchique, les espaces publics tels que les marchés et les rues, pour pratiquer des activités commerciales capables d'assurer sa survie. Mais l'appropriation de ces espaces « est sujette à des conflits divers et à des changements dynamiques »3. Ces dynamiques mettent en permanence en conflits la population et les communes. Par contre, les textes ont déjà pris des dispositions pour l'occupation de la voie publique.

En effet, l'occupation du domaine public est caractérisée par un droit d'usage d'une partie du domaine public. Selon le Code du domaine de l'État, il existe trois types d'occupation de ce domaine : la permission de voirie, l'autorisation d'occuper et les concessions et autorisations d'exploitation. La permission de voirie concerne les occupations sur la voie publique. Elle a un caractère précaire et révocable, ce qui permet de conserver la nature domaniale de la voie publique (Art. 12 du Code du domaine de l'État). Le régime juridique de ce domaine prouve la mise en place d'un outil organisé pour la gestion de l'espace public. Cependant, la maîtrise de cet espace est toujours problématique dans la ville de Dakar.

Les tentatives de réponses pour résoudre ces différents problèmes sont nombreuses. S'agissant des occupations anarchiques et irrégulières, les agents communaux font de descentes pour les limiter, mais les populations reviennent toujours s'installer pour la simple raison qu'elles n'ont pas d'autres endroits pour

3Cheikh Samba Wade, Rémy Tremblay et El Hadji Mamadou Ndiaye, in Études caribéennes « Etude de la complexité de la gestion des espaces publics à vocation de transport à Dakar (Sénégal) », mis en ligne le 22 mars 2016 URL : http://etudescaribeennes.revues.org/7858

5

Première partie : cadre de référence

exercer leur métier (Mbembo 2012, Abdelbassit 2015). L'occupation de la rue est devenue finalement « l'éternel problème entre les marchands et les mairies »4. Les déguerpissements ne sont que des solutions éphémères.

En effet, les mesures prises se trouvent être inefficaces puisque les problèmes d'occupation irrégulières et anarchiques persistent toujours sur les artères de la ville de Dakar. En effet, « le manque d'entretien, le déficit de surveillance par les services compétents et la quasi inexistence de la police de conservation ont créé les conditions d'une sous protection des biens relevant du domaine public ». En outre, le contexte actuel lié aux nouvelles réformes sur la décentralisation accentue aussi le phénomène ; En effet, les communes ont plus de responsabilités sans avoir de ressources nécessaires pour les supporter. La voie publique leur offre donc une possibilité de combler ce manque et elles n'hésitent pas d'en tirer profit.

Les occupations en plus de leur caractère anarchique et/ou informel ont d'impacts sur la ville. Ces impacts sont notamment la pollution sonore, l'insalubrité, l'encombrement et la nuisance à la mobilité (Mbembo 2012, Abdelbassit 2015) mais aussi la défiguration du paysage et de l'esthétique urbain. Les occupants ne respectent pas les normes de propretés quand ils s'installent. En outre ils disposent rarement de poubelles et ne ramassent pas régulièrement les déchets qu'ils produisent (Mbembo, 2012). Quant à la pollution sonore, elle touche particulièrement les populations riveraines. L'encombrement est l'une des difficultés les plus ressenties par les piétons (Abdelbassit, 2015). Les occupations se font sur la partie destinée à la marche à pied, laissant la chaussée partagée entre véhicule et piéton. C'est pourquoi les piétons se trouvent être les plus impactés.

Les occupations anarchiques et informelles ont aussi un impact majeur sur l'esthétique et le paysage urbain, car la rue représente l'image de la ville. Les occupations anarchiques donnent à la ville une image moins attrayante. L'attractivité même si elle est souvent assimilée à son registre économique « est devenue pour les villes une notion cruciale, aussi cruciale que la compétitivité avec laquelle elle est parfois confondue »5.

4www.senenews.com publié le 09/02/2015 à 19 h 45. 5VINCI, L'attractivité des villes, 2010 p.7.

6

Première partie : cadre de référence

Cependant, des nouvelles dynamiques apparaissent par rapport à l'occupation de la voie publique suivant les mutations de Dakar durant ces dernières années avec la construction de nouveaux équipements structurants mais aussi l'évolution du climat politique. Ces occupations n'ont pas les mêmes caractéristiques que celles anarchiques et se font dans la régularité pour la plupart, c'est-à-dire qu'elles ont eu au préalable une autorisation. En plus, elles sont plus visibles sur certaines artères principales de la ville telle que la VDN. Ce sont des types d'occupation non ambulante tels que les kiosques, les stations de lavage et de nettoyage, etc. Ces sont parfois des occupations de type nouveau telles que les parcs automobiles construites sur les dépendances de la voie publique. C'est effectivement le cas dans les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur.

Ces deux communes sont toutes deux caractérisées par les différents phénomènes décrits ci-haut. De ce fait, cette problématique liée à l'occupation de la voie publique mais aussi à sa gestion est posée dans cette recherche afin d'avoir une lecture de ces pratiques au sein de la ville. Nous allons, de ce fait, chercher à déterminer les différents contours de ce phénomène à travers cette question générale : « quelles sont les modalités liées à la gestion et à l'occupation de la voie publique dans les commune de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur ? »

7

Première partie : cadre de référence

Chapitre II : Revue critique de la littérature

« Dans la ville, les espaces publics reflètent les enjeux de la vie en société ». Il représente un espace de rencontre qui met en relation ou pas des usagers très différents. L'espace public (rue, places, parcs, etc..) est un terme polysémique utilisé dans plusieurs disciplines. Mais il a été longtemps l'objet des urbanistes, architectes ou ingénieurs qui s'intéressent plutôt à son aspect matériel et/ou esthétique. L'usage du concept dans le champ des sciences sociales a permis de prendre en compte les interactions et représentations des usagers et « contribue à la compréhension et l'explication de cet aspect de la réalité urbaine » (Michel BASSAND et al. 2001, p.1). Dans ses différentes significations, l'espace public représente aussi la voie publique qui est un espace dédié à la circulation des biens et personnes.

Dans ce cadre, pour traiter la voie publique à travers la littérature, l'analyse portera sur celle-ci en tant qu'espace public6 intégrant en même temps les deux dimensions d'un espace public : l'une, un espace immatériel du débat public (J. Habermas, 1962) et l'autre dimension, matérielle ou physique sur laquelle pourrait se manifester ou non la sphère immatérielle 7. Cette approche prend en compte les dynamiques socio-urbaines en évitant une lecture simple de l'espace, qui se limite à son caractère architectural (le bâti). Car même si la voie publique a une fonction particulière qui lui est attribuée - la circulation des biens et personnes - elle peut être aussi un espace avec ses « qualités, une valeur d'usage et un sens »8.

II.1. L'espace public : du métaphorique au matériel, une complémentarité ou une expansion ?

Quand J. Habermas évoquait pour la première fois le concept de l'espace public9, son étude se limitait à l'espace communicationnel, l'espace de publicité (la Öffentlichkeit ou La publicité critique dont parlait Kant). A l'image de l'Agora

6Dans le but de ne pas dissocier les deux dimensions, le terme espace public sera utilisé et aura la même connotation que la voie publique. Il sera manié avec prudence afin d'éviter les ambiguïtés. 7Antoine Fleury, Espace public in. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482 consulté le 09.05.16 8Ibid.

9Habermas, L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, 1962. (Titre original : Strukturwandel der Öffentlichkeit)

8

Première partie : cadre de référence

grecque, il était considéré comme l'espace « [...] pour discuter des questions d'intérêt commun » (Patrick J. Brunet, 2001, p. 49.)10, mais aussi des décisions politiques de l'État. Même si la conceptualisation du terme rimait au début avec cette sphère immatérielle, l'idée d'un espace physique destiné à l'usage de tous préexistait dans le langage urbanistique. Mais surtout dans son approche juridique définie à travers le domaine public.

Le parallélisme - plus ou moins - des deux espaces dans la littérature est le résultat de l'évolution du concept dans différents domaines tels que la géographie, l'architecture ou la sociologie urbaine. Le terme générique est utilisé dans chaque domaine à des fins différentes et dans des contextes particuliers. L'évolution du concept suit les dynamiques des sociétés et de la ville. Néanmoins, son usage se limite aux dimensions suivantes quel qu'en soit le domaine : celle spatiale purement physique (le bâti), de ses fonctions et la dimension liée à la communication et le débat public.

Au-delà de la conception de la voie publique entretenue par l'urbanisme fonctionnaliste de la Charte d'Athènes (espace de circulation et de stationnement), l'espace public est un lieu d'interactions et d'échanges. C'est l'ensemble des « lieux que le public fréquente, indépendamment de leur statut »11. De cette logique, sort l'idée d'une extension de l'espace qui se construit lui-même. Cela permet d'éviter une comparaison conceptuelle basée sur les différents usages de l'espace public comme dans L'espace public de Thierry Paquot « l'espace public est un singulier dont le pluriel - les espaces publics - ne lui correspond pas » (p. 3)12. Il est recherché plutôt une articulation entre les deux dimensions. Puisque plus loin dans ses arguments, T. Paquot, même s'il trace une frontière entre le singulier et le pluriel, « il lui arrive d'employer le singulier pour désigner un lieu urbain de circulation ouvert au

'0Patrick J. Brunet, L'éthique dans la société de l'information, Québec et Paris, Presses de l'Université Laval et L'Harmattan, 2001, p. 49. In http://agora.qc.ca/dossiers/Espace_public.

''Antoine Fleury, Espace public in. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482 consulté le 09.05.16.

'2En effet, il utilise l'espace public au singulier comme le concept défini par Jürgen Habermas, qui est un lieu symbolique où se forme l'opinion publique, issue du débat politique et de l'usage public de la raison. Au pluriel, les espaces publics désignent les lieux physiques dans lesquels le public peut circuler ou stationner. Loïc Ballarini, « Thierry Paquot, L'espace public », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2010, mis en ligne le 05 avril 2010, consulté le 23 septembre 2016. URL : http://lectures.revues.org/970

9

Première partie : cadre de référence

public »13. Cela montre l'ambiguïté du terme dans la littérature, utilisé fréquemment mais défini rarement par ceux qui l'emploient (Loïc Ballarin, 2010).

La problématique de l'espace public ne se limite pas à une confrontation entre deux sphères, mais « la rencontre des formes spatiales et sociales » (Véronique Bordes, 2006). Pour interpréter les dynamiques de l'espace public cette confrontation entre ces deux formes est essentielle. Le social ne peut être étudié sans un contexte spatial ; et le spatial sans le social serait un espace vide de sens. « Les formes sociales f...] ne sont pas préinscrites dans l'espace existant, mais produites à partir des relations spatiales engendrées par l'espace »14. La complémentarité et/ou l'expansion d'un espace vers l'autre (c'est-à-dire l'espace physique vers la sphère publique) est relative aux conditions dans lesquelles sont apparues ces deux dimensions. L'espace (physique) crée des conditions favorables aux interactions sociales. Ces dernières façonnent l'espace à travers leur dynamisme.

Deux courants se distinguent sur l'interaction de ces deux espaces : d'un côté le courant du « spatialisme », défendu par les urbanistes, considère que le spatial dicte le social et d'un autre, l'approche sociologique marquée par la philosophie durkheimien selon lequel « le social s'explique par le social ». Il s'agirait plutôt de deux « caractéristiques antagoniques d'une même réalité », à l'image de la théorie du perspectivisme de José Ortega y Gasse15. Alors entre ces deux courants, Eric Charmes « considère que si le spatial ne dicte pas le social, il est cependant en mesure de proscrire certains comportements ou, au contraire, de constituer des conditions favorables au développement de certains comportements sociaux » 16 . Les manifestations de la sphère communicationnelle ou immatérielle s'inscrivent donc dans un cadre spatial qui est un élément essentiel pour leur interprétation.

13Ibid.

14Véronique Bordes. Espaces publics, espaces pour tous ? Espaces de la jeunesse, espaces publics : organisation locale, Nov 2006, Rennes, France.

15Évoquée pour la première fois en 1916 dans Verdad y Perspective, le tome 1 ï El Espectador, la théorie du perspectivisme a été développée par le philosophe José Ortega y Gasset. C'est une philosophie qui prône une approche plurielle de la vérité.

16Thierry Rogel, « Eric Charmes, La rue, village ou décor ? Parcours dans deux rues de Belleville », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2007, mis en ligne le 04 septembre 2007, consulté le 12 octobre 2016.

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Première partie : cadre de référence

Dans le milieu urbain, les phénomènes sociaux peuvent être perçus et analysés en les délimitant dans l'espace public. Les deux dimensions de l'espace, somme toute, sont indispensables pour comprendre la ville. Les différentes théories de l'espace public (J. Habermas 1962 - 1978, Hannah Arendt 1983, Lussault 2003) rapportent une distinction entre l'espace public et la sphère publique qui néanmoins, semble être une analogie conceptuelle. Car elles se résument toutes à des interactions sociales entre différents acteurs qui se manifestent dans un espace (au sens physique) défini. « Tout phénomène social - et donc tout objet spatial - procède d'une dialogique complexe entre la sphère idéelle dans son infini variété [...] et la sphère matérielle dans sa diversité de substances, d'objets et d'agencements » (J. Levy et M. Lussault, 2013 p.331). Les interactions spatiales pour ne pas dire socio-spatiales varient selon l'échelle (la rue, un quartier ou la ville), le temps, les acteurs et le contexte (économique, social).

II.2. Des formes et usages de la voie publique

L'espace public n'est pas immuable. Il peut prendre différentes formes17 et peut être perçu de différentes manières selon les acteurs. C'est une suite logique dans laquelle l'intégration des deux dimensions de l'espace permet d'avoir une organisation spécifique des lieux. Alors, il suffit de se demander « que font les gens dans la rue ? Qui fait quoi ? Comment le font-ils ? Comment ce qu'ils font est-il relié à la configuration des lieux et plus généralement à leur matérialité ? » (J. CHENAL et al, 2009 p.7). Répondre à ces questions c'est aussi essayer de comprendre pourquoi le font-ils.

Sur un cadre réglementaire, l'espace public ou la voie publique est construite selon des normes précises (ou un régime juridique précis). Des fonctions particulières lui sont attribuées (principalement la circulation) mais dans cette configuration d'autres paramètres entrent en jeux et influencent l'usage de la voie : en plus des normes (surtout urbanistiques) il y a l'emplacement et les constructions qui la bordent (J. CHENAL, 2013 p.27). Les usages des acteurs viennent donc s'ajouter à ces différentes

17La forme ne se limite pas au physique ou matériel. Dans ce contexte la forme est proportionnelle aux usages variés de la voie publique.

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Première partie : cadre de référence

formes d'influences. Ce qui signifie que « ce n'est pas le seul régime juridique de la propriété du sol qui décide de la destination d'un terrain, mais les pratiques, les usages et les représentations qu'il assure» (Yona Jébrak et Barbara Julien, 2008 p.19).

Les dynamiques de l'espace public s'inscrivent dans un processus qui débute par la construction puis la transformation jusqu'à son utilisation (Ibid.18). « L'espace public est devenu un dérivé du mouvement » (Sennett, Richard, 1979). L'étape la plus importante est celle qui fait le lien entre la transformation et son utilisation puisqu'elle met en lien « celui qui réalise l'espace public et celui qui l'utilise ». Les usages déterminent ce que va advenir à l'espace public. Ainsi on peut déterminer cinq19 (05) formes d'espaces publics qui constituent en même temps des enjeux « distinctes et interdépendantes » (M. BASSAND et al, 1999) :

- Les espaces d'accessibilité : cela se réduit à la mobilité des biens et personnes (grâce aux différents moyens de transport) mais aussi aux moyens de transport des infrastructures et équipements urbains (services d'eau, d'électricité par exemple). Ce qui renvoie en définitive aux fonctions premières de la voie publique dans sa forme urbanistique ou architecturale ;

- Les espaces d'usage festif et/ou civil : cette forme d'usage est considérée comme une marque de citoyenneté, d'urbanité ou l'expression de la démocratie (J. HABERMAS 1962 ; Stéphane TONNELAT 201620, Ilaria CASILLO 2013). C'est là où les populations partagent leur différence et leur individualité (culturelle ou politique) ;

- Les espaces de marché : c'est l'espace le plus partagé en milieu urbain. Il représente certes un enjeu économique pour une ville (voire un pays surtout ceux du sud ou les conséquences des problèmes socioéconomiques se manifestent particulièrement sur cet espace) mais constitue un endroit de partage des pratiques sociales par excellence ;

18Yona Jébrak et Barbara Julien Les temps de l'espace public urbain : Construction, Transformation et utilisation 2008 ; 188p.

19Jérôme CHENAL, 2013 p27-29 ;

20Stéphane Tonnelat, « Espace public, urbanité et démocratie », La Vie des idées, 30 mars 2016

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Première partie : cadre de référence

- Les espaces de sociabilité : « la rue, la place [...] avaient servi pendant des siècles dans un cadre plus large que le cadre familial, d'espace de base pour une sociabilité populaire, spontanée ou organisée » (Alain LEMENOREL, 1997 p.73). Dans l'anonymat les individus se rencontrent au niveau de l'espace public socialisent souvent sous l'obligation morale d'un «bonjour» (particulièrement dans les sociétés africaines). Ces différentes interactions sous-entendent une affinité entre les acteurs qui aboutit à une acceptation de l'autre au niveau de l'espace public si l'on considère la sociabilité comme « les manières d'être ensemble de groupes sociaux différenciés, dans un contexte culturel donné » (Korosec-Serfaty, 1988) ;

- Les espaces d'identité : cette forme s'exerce dans un contexte de reconnaissance d'une société particulière ou d'une classe donnée. L'espace devient un moyen de revendications puisque son accès n'exclus particulièrement personne. L'espace est aussi un lieu de « construction de l'identité urbaine » qui est « l'image de soi qu'un acteur s'efforce de construire par rapport à autrui » (M. BASSAND et al.2001 p.247).

Ces différentes formes (qui représentent aussi d'enjeux) que peut prendre l'espace public décrivent la nature même de cet espace qui « est de mélanger les gens et les activités, de changer avec le temps, dans la journée, dans la semaine ou encore dans la longue durée»21. L'espace prend la forme de l'acteur qui l'utilise en fonction de ce qu'il fait. « Chacun peut faire l'expérience de la diversité des rues, à l'intérieur d'une même ville. [...] Les rues (et l'idée que l'on s'en fait) se différencient selon l'espace et le réseau de relations dans lesquels elles s'inscrivent, à différentes échelles »22. Les acteurs qui marquent cet espace peuvent être des acteurs politiques, économiques, des spécialistes de l'espace ou des usagers (BASSAND et al. 2001). Ces derniers jouent un rôle, chacun à un moment donné, dans la création, la transformation et l'usage de l'espace.

L'espace public contemporain est objet d'un débat animé, vu que le concept même d'espace public n'est utilisé que dans les années 1970. Avant même sa création (en tant que concept), des auteurs comme Camillo Sitte (1889) et Jane Jacobs (1961) évoquaient la mort de l'espace public. Ce « déclin » est un constat lié au changement

21Antoine Fleury, « La rue : un objet géographique ? », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 5 | 2004, mis en ligne le 01 avril 2006

22Ibid.

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Première partie : cadre de référence

de paradoxe puisque l'espace public était une question destinée à la bourgeoisie (Habermas, 1962) qui portait le débat formant « l'opinion publique »23 . Avec l'avènement des libertés (la fin des royaumes) et l'automobile, l'accès à l'espace public se bouleverse, change sa fonction d'antan et devient un espace de circulation. « Privé de sens, vécu comme coupure, l'espace public, perçu comme un vide entre les pleins du bâti, a souvent été rempli au gré des besoins de la vie moderne, en l'absence de réflexion globale. Il a ainsi perdu l'identité propre qui, au XIXe siècle et avant, le caractérisait, pour devenir une organisation complexe d'éléments hétéroclites dans laquelle les espaces s'interpénètrent et les fonctions se confondent. »24

Ce changement de contexte ne présage pas pour autant la mort de l'espace public mais démontre la transformation continuelle de ce dernier. Se positionnant contre l'idée du péril de l'espace public, François TOMAS25 atteste sur la métamorphose de ces lieux qui « subsistent et se renouvellent ». Les mutations liées à l'usage des espaces sont conditionnées par l'évolution de la ville elle-même et de ses défis. C'est ainsi que de nos jours, avec les défis de la croissance urbaine, les enjeux urbains sont d'ordre environnemental dont la verdure et la piétonisation (ou bien la réduction de l'automobile) conditionnent les politiques urbaines à l'instar des rue piétonnes de Paris, Barcelone ou encore Kigali.« Aujourd'hui, les nouvelles politiques cherchent à restituer ces espaces aux piétons et à la population »26. Les espaces publics sont donc au premier plan et cela sonne comme une nostalgie des espaces d'avant l'automobile.

De même, le rôle de la voie publique en tant que support de concentration des interactions sociales est « concurrencé » par la diffusion des médias et le développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC). Ces derniers créent un espace virtuel « espace public numérique » et y déplacent les interactions. « f...] L'espace est constitué de processus de

23La femme, les pauvres, les esclaves et les étrangers étant exclus du débat public.

24Communauté Urbaine de Lyon, Service Espace Public, Le vocabulaire des espaces publics Les références du Grand Lyon, Lyon, sans date 43 p.

25TOMAS François. L'espace public, un concept moribond ou en expansion? Géocarrefour, vol. 76, n°1, 2001. L'espace public. pp. 75-84.

26Dossier vue sur la ville : la requalification des espaces publics, enjeu de la ville durable. Université de Lausanne, n°19 décembre 2007.

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Première partie : cadre de référence

communication détachés des lieux, une dimension analytique... Dans le monde moderne, les mass-médias et les médias interactifs comme le net jouent un rôle très important dans la constitution de l'espace »27. La suppression des frontières ou limites physiques de l'espace par les NTIC est une réalité incontournable.

Néanmoins ces deux dimensions sont complémentaires. Même si l'essentiel du débat se déroule au niveau virtuel, cela finit par se manifester dans la rue à l'instar des revendications sociopolitiques au Moyen-Orient (printemps arabe), le soulèvement des noirs aux États Unis contre le crime racial, les revendications des travailleurs en France ou encore le balai national au Burkina. L'espace virtuel grâce à sa vitesse de transmission de l'information au-delà des frontières facilite et renforce certaines manifestations.

Aussi et enfin, l'espace public moderne est marqué par le défi sécuritaire. La fréquentation assez considérable de l'espace public par la population la rend finalement une cible stratégique. L'exemple des attentats dans les marchés au Nigeria, au Niger au Mali ou au Tchad depuis ces dernières années, les tueries dans les églises et parcs au États Unis, la tuerie de Nice en France, etc. en sont des références.

La voie publique en somme ne se limite pas uniquement à sa dimension architecturale et sa fonction comme support de circulation. En tant qu'espace public, elle peut prendre différentes formes et peut faire objet de différents usages. Ces derniers s'inscrivent dans le temps et à travers l'évolution de la ville et de ses enjeux, la rue étant déterminant dans « la fabrique de l'urbanité » et de la ville.

II.3. Les usages et/ou occupations de la voie publique dans les villes africaine et particulièrement à Dakar

Les villes africaines ont en commun un passé colonial. La création de la ville elle-même et de ses outils de planification et de gestion sont d'origine coloniale basée sur le modèle de la ville occidentale. Pour parler d'un espace public purement africain, il suffira de faire un détour dans la vie traditionnelle ou les villageois se retrouvent

27 Dahlgren Peter, Relieu Marc. L'espace public et l'internet. Structure, espace et communication. In: Réseaux, volume 18, n°100, 2000. Communiquer à l'ère des réseaux. pp. 157-186.

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Première partie : cadre de référence

sous le baobab, soit autour du feu ou bien sur la place publique du village où se partagèrent des histoires, où l'on discute des décisions qui concernent la communauté, d'envergure semblable à l'agora des grecs. Mais il s'agit ici de l'espace public urbain, domaine de « l'anonymat » où les gens qui se croisent ne peuvent pas du tout se connaître. A la différence de cet espace africain, la ville est cosmopolite. Certes la ville africaine est un hybride marqué par ces traditions mais l'essence du mot espace urbain ne prend pas en compte le contexte africain mais se base plutôt sur l'évolution de la ville occidentale. L'emprunte ou la marque africaine est donc présente dans la transformation et les usages de ces espaces : « dans le cas des villes d'Afrique de l'Ouest, [...] la notion de l'espace public renvoie à l'histoire sociale de la ville, marquée par la conception occidentale de l'espace public (places, marchés, rues, avenues, gares, ports ...) mais redéfinie par les usages autochtones » (CHENAL, 2009 p.31).

A Dakar la ville fut conçue sur des bases d'une ségrégation spatiale excluant les autochtones du cadre urbain occidentale à travers plusieurs opérations en 1901 (qui ont abouties à la création de Médina en 1914) puis en 1950 avec la création de Pikine. L'exclusion des autochtones, considérés comme non conformistes par le pouvoir colonial, fut les bases d'une crise urbaine à Dakar, qui ne fera que s'amplifier durant la période postcoloniale :« Le tissu urbain ne s'est pas encore remis des blessures de l'époque coloniale et les cicatrices sont visibles [...] » (CHENAL et al. 2008 p.240)

Le travail de Ousseynou FAYE et Ibrahima THIOUB28 sur les marginaux à Dakar retrace d'une manière assez exhaustive le problème lié aux usages de la voie publique dans la ville dakaroise. La configuration coloniale a permis la naissance de l'informel, une issu pour une classe pauvre et ségréguée qui doit chercher des moyens d'adaptation. Le phénomène de l'occupation de l'espace public n'est donc pas nouveau. Et cela n'est pas particulier à la ville de Dakar uniquement mais concerne aussi plusieurs villes africaines « au Togo, tout comme dans les autres pays d'Afrique où les espaces publics sont depuis longtemps occupés et détournés de leur objectif

28Ousseynou Faye, Ibrahima Thioub, « Les marginaux et l'État à Dakar », Le Mouvement Social 2003/3 (no 204), p. 93-108.

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Première partie : cadre de référence

premier f...] » (GBETANOU, 2010)29. Il existait déjà les mendiants, les vendeurs ambulants et les prostituées, qui se sont appropriés la voie publique (O. FAYE et I. THIOUB, 2003).

Dans la ville postcoloniale, le phénomène s'est aggravé avec les crises économiques et environnementales qui ont touché les pays africains surtout ceux de la zone sahélienne. La prolifération de l'informel répond donc à un besoin des populations touchées par ces crises : « Le secteur informel constitue une solution aux nombreux problèmes et besoins des populations citadines» Colette Canet et Cheikh Ndiaye (FAO, 1999). Ces occupations se font dans l'irrespect des normes urbanistiques (voire environnementales) et du régime juridique de la voie, en empiétant sur les emprises de cette dernière dans le désordre et l'anarchie. (NGANAN, mémoire 2015 ; NJONA, mémoire 2008 ; ESEA). Les occupations de la voie ne se font pas toutes caractérisées par le secteur informel. Elles se matérialisent « aussi par l'empiétement des constructions des riverains, la mise en place des mobiliers urbains non adaptés parfois non autorisés et l'implantation d'arbres inadaptés » (NJONA, 2008 p.7).

Les dynamiques liées à la gestion et l'occupation de la voie publique, leurs impacts sur la ville et les usages des populations s'inscrivent dans le temps et l'espace. Cet espace public fait objet de tentatives de contrôle par les communes, une ressource (support d'activités) pour une partie de la population et façonne l'image de la ville dakaroise et son ambiance (CHENAL, 2009). Le problème d'occupation anarchique et informel se trouve être constant dans l'évolution de la ville. Il met en conflits usagers et responsables de la gestion de la voie : « les bana-banas ou marchands ambulants et les petits cireurs qui racolent les touristes, sans parler des voyous, les faux talibés qui mendient, quand ils devraient être à l'école, les lépreux, handicapés physiques et aliénés qui devraient être dans les hôpitaux ou les centres médico-sociaux » disait feu L. S. Senghor (Le Soleil, 20 janvier 1975, p. 3.).

Des dispositions sont prises dès lors pour palier à cet « encombrement humain » (O. FAYE et I. THIOUB, 2003) telles que des sanctions à travers le Décret 76 - 018 du 16 janvier 1976 pris en application de la Loi 67 - 50 du 29 novembre 1967

29Komla Dzidzinyo GBETANOU Le commerce de la rue et l'occupation des espaces publics à Lomé. Cas des trottoirs. Université de Lomé - Togo - Mémoire de Maitrise en sociologie 2010, 98p.

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Première partie : cadre de référence

(règlementant la vente sur la voie et dans les espaces publics) avec appui le Code pénal mais aussi d'autres moyens plus souples : « le pouvoir central sénégalais décida, en accord avec les élites municipales, de construire en 1974 des échoppes au marché Sandaga, sur l'avenue William Ponty et le long du boulevard de l'Arsenal » (O. FAYE et I. THIOUB, 2003 p.102).

La recrudescence de ces occupations s'explique selon plusieurs facteurs. Il y a entre autres l'accessibilité des clients qui facilite l'écoulement des produits. La rue a pour fonction principale la circulation. A Dakar, le mode de transport le plus utilisé est la marche à pied (70% des déplacements, EMTASUD, 2015). Cela permet aux vendeurs d'avoir une clientèle en permanence durant les flux des déplacements mais pas uniquement les piétons mais aussi les automobilistes et autres personnes en déplacements. Aussi les équipements publics (marchés, stades, etc..) constituent un lieu de concentration de personnes et donc une opportunité pour ces acteurs. Les occupants s'installent ainsi de plus en plus à côtés de ces espaces.

La population résidentielle s'approvisionne aussi grâce à ces acteurs économiques. MBEMBO Laure dans ses recherches rapporte que 70% des enquêtés s'y approvisionne, dans une étude menée sur l'axe de la route nationale n°1 (mémoire ESEA, 2012). A cela s'ajoute aussi une « complicité » ou bien la mauvaise gestion des dépendances domaniales par les acteurs des communes, dans la mesure où ils prélèvent des taxes sur ces occupations. Ce qui signifie indirectement une autorisation à occuper ses espaces ou un laissez-faire. C'est à l'exemple d'une victime de déguerpissement par la Direction pour la Surveillance et le Contrôle des Sols (DESCOS) dans le quartier Ouest Foire qui affirme payer à hauteur de cent mille FCFA tous les mois.30 Ou encore le paradoxe sur une voie dont 72% des occupants sont installés sans permis mais 80% d'entre eux payent la taxe municipale (Mbembo, mémoire ESEA 2012).

Les occupations sur la voie publique entrainent aussi des problèmes notamment l'insalubrité, l'insécurité mais aussi des encombrements à la mobilité réduisant ainsi l'attractivité des lieux voire de la ville (NJONA, 2008). L'intervention des autorités, animées par des raisons légitimes, n'arriverait pas à bout de ce « fléau » qui se mue au fil du temps sous l'influence des phénomènes socioéconomiques, particulièrement la

30 Article publié sur le site Senenews le 10 novembre 2015

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Première partie : cadre de référence

pauvreté. Les réponses réactives (déguerpissement par exemple) ne sont plus efficaces et la gestion, naguère aux mains d'un pouvoir central, est maintenant une compétence des collectivités décentralisées (suite aux différentes réformes notamment l'Acte 1, 2 et récemment 3). Ces dernières se trouvent elles aussi limitées par un manque de ressources financières et humaines (qualifiées) et finissent par s'adapter aux réalités locales : « Il faut donc reconnaître que les usages et les fonctions auxquels ces espaces étaient au départ destinés sont détournés à d'autres fins, fins que la municipalité cautionne en les considérant comme source de rentabilité pour leur caisse laissant croire que ces occupations sont légales » (GBETANOU, 2010). Ainsi la meilleure façon de surmonter le problème des occupations anarchiques et illégales est de trouver un compromis avec les usagers. Mais le phénomène persiste toujours.

De ce qui précède, l'espace publique est un concept polysémique, multidimensionnel et pluridisciplinaire. Ce qui fait qu'il doit être prudemment employé et bien défini afin d'éviter toute ambigüité. Cette critique littéraire n'est pas exhaustive et cela pour la simple raison de se limiter au contexte de cette recherche précise qui s'articule autour de la gestion et aux usages de la voie publique. Ainsi trois hypothèses31 peuvent être formulées et ce, dans une perspective de tracer la suite de cette recherche :

a) Les différentes dimensions de la voie publique, notamment celle
purement spatiale et l'autre idéelle ou « a-territoriale », ne peuvent être appréhendées différemment pour faire une analyse pertinente d'un phénomène quelconque qui se manifeste sur la voie ;

b) La voie publique en tant qu'espace public est en permanence muable,
change de forme et d'usages dans le temps et l'espace. Ce qui implique que sa gestion devient complexe et multi scalaire variant selon le contexte ;

c) « En pays du Sud, tout est dans la rue» (Andrée Chédid, Le Liban,
1969). L'espace public dans les villes africaines et particulièrement à Dakar constitue d'abord un enjeu économique par lequel se diffusent des pratiques socioculturelles, mais aussi un moyen d'intégration et d'équité sociale pour certaines classes.

31Il ne s'agit pas des hypothèses principales de notre recherche. Elles résument la critique de la littérature et permettent de construire le cadre opératoire de la recherche.

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Première partie : cadre de référence

Chapitre III : Cadre théorique et conceptuel

Les variables qui seront définies ou conceptualisées sont interdépendantes : la gestion urbaine (en insistant sur celle des espaces publics) ; l'espace public versus voie publique et les usages de la voie publique. D'autres sous-variables permettront de bien recadrer l'élaboration de ce cadre conceptuel.

III.1. La gestion urbaine (des espaces publics)

III.1.1. Essai de définition

La gestion urbaine« consiste dans le management et l'organisation du fonctionnement de services à l'usage des habitants, des entreprises résidantes et de ceux qui fréquentent périodiquement ou épisodiquement un territoire » (Villes et Quartiers - G.I.E. entre la C.D.C. et l'Union Nationale H.L.M. 2007)32. Entre manager et organiser, la gestion relève ainsi d'une « action politique » des autorités qui visent à assurer un accès à la ville à tous les acteurs. C'est un défi lié à l'accès équitable à des services de qualité pour tous les usagers de la ville. Il faut donc prendre en compte les diversités socioéconomiques et spatiales des territoires et de la population.

La gestion urbaine est ainsi « la mise en oeuvre des procédures régissant une ville en vue de la rendre fonctionnelle et opérationnelle » (KOULGUEI, mémoire 2012). Elle est un concept nouveau dans les pratiques de la ville (les années 1970). « La gestion urbaine est une expression nouvellement introduite sous l'influence des anglo-saxon. Gérer une ville c'est prendre soin, l'administrer, l'organiser, s'assurer du bon fonctionnement, la placer sur une trajectoire de développement, la pourvoir des moyens, instruments et institutions nécessaires... » (TRIBILLON J.F, 2002). Cela souligne la complexité de son application et sa « transversalité » puisqu'il s'agit de la gestion de tout ce qui compose la ville : la politique sociale, les dépenses d'équipement, les infrastructures et équipements publics, la politique foncière, les finances et l'administration municipale, de l'environnement, etc..

32Une définition proposée par David Gabriel le Mercredi 14 novembre 2007 sur le site http://gestion-urbaine.blogspot.sn/2007/11/definition.html

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Première partie : cadre de référence

Les enjeux urbains font que la gestion est un outil incontournable pour « une ville durable ». Alors que dans le contexte des villes africaines, assurer un service équitable de qualité pour tous les habitants est toujours problématique. Le contexte local de l'évolution de la ville l'explique : urbanisation diffuse et non contrôlée, insuffisance de moyens, inégale répartition des équipements et infrastructures (donc de services), politiques urbaines limitées, etc..

Quant aux services qui font l'objet de la gestion urbaine, il s'agit entre autres : de la propreté des espaces collectifs ; l'enlèvement des déchets, des encombrants ; la conception et l'entretien des espaces publics ; l'éclairage ; le mobilier urbain ; le stationnement en sol ou en sous-sol, etc. (Pierre SARAGOUSSI, Politique de la Ville et gestion urbaine -1997)33. Cette gestion varie selon l'organisation de l'administration du territoire nationale qui détermine les compétences de chaque entité selon les échelles. C'est ainsi que la notion de gestion urbaine est assimilée à celle de la gouvernance qui est : « la capacité des sociétés humaines à se doter de systèmes de représentation, d'institutions, de processus, de corps sociaux, pour se gérer elles-mêmes dans un mouvement volontaire » (Pierre Calamane et André Talmant).

En général, la gestion de la ville est une compétence transférée aux collectivités notamment la commune pour le cas du Sénégal. Mais cette gestion est partagée entre différents acteurs : populations, usagers, services déconcentrés. Quant à la ville de Dakar, elle fait face à des défis considérables entre concentration de populations et services qui signifie des besoins accrus mais aussi de problèmes urbains de tout genre : la pauvreté, l'accès au logement, l'insalubrité des rues, l'accès aux services sociaux de base....

La gestion requiert donc une cohérence et de la rigueur dans les stratégies et une adaptation aux réalités. « Le management de la Ville de Dakar repose sur les valeurs fondamentales que sont : la Participation, la Transparence, l'Equité sociale et la Visibilité » (Document d'orientation stratégique, Ville de Dakar date inconnue). Ce sont en effet des valeurs fondamentales, mais leur application est du moins incertaine.

33Compte rendu du 22e l'atelier régional sur la Politique de la Ville et gestion urbaine, tenu le 01 juillet 1997 à Provence - Alpes - Côte d'Azur, France.

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Première partie : cadre de référence

III.1.2. La gestion des espaces publics

Les espaces publics (la voie publique) dans la ville de Dakar sont gérés par les communes conformément aux textes juridiques. C'est en termes de domaine public que le droit sénégalais reconnaît l'espace public et ce dernier est faiblement voire pas du tout représenté dans le code de l'urbanisme. Il est inscrit au domaine public de l'État à travers la Loi n°76-66 du 02 juillet 1976 portant Code du domaine de l'État. Le domaine public est défini donc comme l'ensemble des « biens et droits mobiliers et immobiliers qui appartiennent à l'État et qui, en raison de leur nature ou de la destination qui leur est donnée, ne sont pas susceptibles d'appropriation privée » (Art. 2 du code).

Il est reparti en deux grandes catégories qui sont le domaine public naturel et le domaine public artificiel. Le domaine public naturel regroupe les biens qui « résultent exclusivement de phénomènes naturels » et sont classés en domaine public maritime, domaine public fluvial (les cours d'eau et les nappes aquifères en général), le sous-sol et l'espace aérien (Art. 05 du code). Quant à celui artificiel, il regroupe au contraire « tous les bien mobiles et immobiles qui résultent du travail humain et qui répondent aux critères de la domanialité publique ».

Ce sont donc l'ensemble des aménagements, surtout quand on parle d'espace public au sens physique, destinés à l'usage de tous et qui ne sont pas susceptible d'être privatisés. Le domaine artificiel est reparti en quatre (04) catégories : le domaine public de circulation, le domaine public mobilier, le domaine public monumental et le domaine public de défense nationale. Le domaine public est inaliénable, imprescriptible et insaisissable.

La gestion de cet espace public (domaine public) varie selon les échelles mais dépend aussi des compétences transférées (Code des Collectivités). Pour la Ville de Dakar et de ses communes, elles ont en charge la gestion « de la voirie située à l'intérieur du périmètre communal »34. Elles gèrent donc l'ensemble des voies de communication qui sont dans son périmètre, c'est-à-dire la conservation, l'entretien et l'alignement de toutes les voies de communication affectées à la circulation publique

34Art. 299 de la Loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code des Collectivités Locales.

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Première partie : cadre de référence

et leur dépendance. En plus de la Loi sur le domaine de l'État, il existe d'autres règlementations qui peuvent intervenir dans la gestion du domaine public telles que le code de l'urbanisme, de l'environnement, etc.

III.2. L'espace public en tant que voie publique

III.2.1. Définir l'espace public pour comprendre la voie

publique

L'espace public est un concept polysémique et utilisé dans plusieurs disciplines. Il est l'un des niveaux de la ville qui met le plus d'acteurs en jeu. L'espace public est par définition « l'espace ressortissant strictement à la sphère publique », c'est-à-dire l'espace qui n'appartient pas à une « personne de droit privé »35. L'étude de cet espace est complexe en raison de la diversité des perceptions et de ses différents usages. Il est aussi un lieu d'échanges, lieu de protestations, d'expression, de débat (J. Habermas, 1962) mais aussi un lieu de passage et de circulation. On peut donc identifier deux types d'espace : un espace public immatériel des idées, d'opinions ou d'expressions et l'espace public physique qui est un support organisé selon des normes précises (T. Paquot, 2009). Mais l'espace physique et immatériel sont complémentaires.

Dans le cas de notre étude, nous nous intéresserons à l'espace physique ou urbanistique précisément les dynamiques liées à la gestion et l'occupation de la voie publique. Mais une clarification conceptuelle permettrait de bien aborder le sujet puisque la voie publique est avant tout un espace public.

L'espace public est ainsi défini par Pierre MERLIN et Patrice NOISETTE, dans le Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement : « D'usage assez récent en urbanisme, la notion d'espace public n'y fait cependant pas toujours l'objet d'une définition rigoureuse. On peut considérer l'espace public comme la partie du domaine public non bâti, affectée à des usages publics ». Le concept est créé en 1962 par J. Habermas dans son oeuvre l'espace public (écrit en allemand puis traduit en 1978 en français) et représente le lieu du débat public où se forme l'opinion publique. Il est depuis utilisé dans différents domaines principalement les sciences sociales.

35J. Lévy et M. Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, p.333.

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Première partie : cadre de référence

En outre Merlin et Noisette (et F. Choay dans la dernière édition) vont plus loin pour spécifier cet espace public « En tant que composé d'espaces ouverts, ou extérieurs, l'espace public s'oppose, au sein du domaine public, aux édifices publics. Mais il comporte aussi bien des espaces minéraux (rues, places, boulevards, passages couverts) que des espaces verts (parcs, jardins publics, squares, cimetières...) ou des espaces plantés (mails, cours...) ». Et à Roger Brunet36 d'ajouter : « Étendue ouverte au public et entretenue ou équipée à cette fin : place, espace vert, jardin, square, promenade, parc ».

Image n°1 : Illustration des différents types d'espace

Source : http://unt.unice.fr/uoh/espaces-publics-places/lappropriation-de-lespace/

Ce qui caractérise l'espace public est donc son statut public. Ainsi il se différencie de l'espace privé ou commun le premier étant « l'espace appartenant à une personne morale de droit privé » où l'accès au public est restreint ; et le second « l'ensemble des espaces possibles de la pratique sociale des individus ». Tout se joue donc d'une part sur l'accessibilité et d'autre part l'extimité37. Il s'agit donc de trouver une limite entre

36Brunet, Roger, 1992, Les mots de la géographie, Paris, Reclus/La Documentation française, p. 81.

37 Par opposition à l'intime, elle représente la part d'intimité volontairement rendu public. www.larouuse.fr

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Première partie : cadre de référence

ce qui relève du public ou du privé et dans quel espace. Dans ce contexte l'espace est défini comme « l'espace accessible à tous » ayant la capacité de « résumer la diversité des populations et des fonctions d'une société urbaine dans son ensemble »38. Cet espace devient possible « du moment où ceux qui s'y trouvent peuvent et doivent penser que tous les autres membres de la société pourraient l'y côtoyer »39 et que ces membres doivent « s'unir aux autres sans tomber dans la compulsion de l'intimité » (G. Simmel et R. Sennett, 1995).

Le débat se poursuit sur la nature de certains espaces de droit privé mais accessibles au public(centres commerciaux, gares, certains moyens de transport collectif). Existent aussi d'autres espaces dits « intermédiaires » qui servent de pont entre l'espace public et privé : « espace privatif, un espace réservé à l'usage d'un particulier sans lui appartenir ; espace collectif ou espace semi-public réservé à un usage de voisinage » (P. Merlin et F. Choay, p. 318). Mais cela ne place à aucune ambigüité, l'espace public à travers ses caractéristiques se distingue de ces types d'espace.

Tableau n°1 : Caractéristiques des différents types espaces

Extime/intime
Accessibilité

Espace
sociétal

Espace
collectif

Espace
individuel

Espace

communautaire

Accès libre

Domaine public : rues,

parcs...

-

-

-

Accès normé

Domaine semi-public : gares, transports publics, cafés...

Entrée d'immeuble, « résidence »

-

Quartiers traditionnels, quartiers ethniques...

Accès
restreint

Domaine semi-privé : taxis,

Parties communes d'immeubles

Zones tampons entre individus, poste de

Lieux de culte

38J. Levy et M. Lussault, dictionnaire de la géographie p.336 39Ibid. p.337

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Première partie : cadre de référence

 

boutiques, cinémas...

, rues privées

travail, jardins privés

 

Accès réservé

-

Lieux de travail, clubs

Espace privé : logements, automobiles

Lotissements fermés, « gated communities40 »

Source : J. Levy et M. Lussault, dictionnaire de la géographie, p.338

Ces définitions se limitent à l'espace urbanistique dans sa dimension architecturale. En comparant cet espace à celui proposé par Habermas, l'espace public prend une autre connotation : « au singulier, l'espace public est le concept défini par Jürgen Habermas comme lieu symbolique où se forme l'opinion publique. Au pluriel, les espaces publics désignent les lieux physiques, quel que soit leur statut juridique (public ou privé), dans lesquels le public peut circuler ou stationner ». (Thierry Paquot, L'espace public, 2009)

L'espace public est donc un carrefour, un endroit du commun et pour tous. En milieu urbain, l'espace public reflète l'image de la ville. La définition que nous retenons de l'espace public est la suivante : c'est l'ensemble des places, des jardins ou espaces verts, des voies publiques ou la rue ; où les acteurs de la ville sont en interactions en permanence et donnent une identité à la ville. L'accent porte sur l'espace physique sans l'isoler de ses pratiques et usages dans le temps.

III.2.2. La voie publique : de la voirie à la rue

La voie est un « espace aménagé pour se déplacer en ville (voie urbaine), entre les localités ou en milieu rural (routes) » (P. Merlin et F. Choay, dictionnaire de l'urbanisme p.829). La voie publique quant à elle, est par définition une voirie. Cette dernière est à la fois : « l'ensemble des voies de circulation (le réseau routier : routes, chemins, rues, etc.) avec leurs dépendances et la nature et la structure de ces voies (voie unique, 2 x 2 voies, etc.) »41. La voie publique a donc pour fonction première la circulation des biens et personnes.

40On peut définir les Gated communities comme « des quartiers résidentiels dont l'accès est contrôlé, interdit aux non-résidents, où l'espace public (rue, trottoirs, parcs) est privatisé » Renaud Le Goix La dimension territoriale des Gated communities aux États Unis ; 2003.

41 P. Merlin et F. Choay, dictionnaires de l'urbanisme et Yann Picand, Dominique Dutoit In. http://dictionnaire.sensagent.com/voirie/fr-fr/

Première partie : cadre de référence

Quelques vocabulaires 42 propres à la route qui est définie comme « une voie carrossable destinée à la liaison entre les localités et à la desserte des zones rurale » :

- L'emprise est la propriété foncière (cadastre) affectée par le gestionnaire à un usage routier ; il inclut la route elle-même et ses dépendances (aire de stationnement).

- L'assiette est la partie de l'emprise réellement utilisée par la route (incluant les talus). Les terrains inutilisés sont qualifiés de délaissés.

- La chaussée est la partie revêtue qui est destinée à la circulation. Elle peut être divisée en plusieurs voies de circulation.

- Les accotements et l'éventuel terre-plein central bordent la ou les chaussées. Les dispositifs de sécurité (glissières, séparateurs) y sont implantés ; ils sont séparés de la chaussée par des bandes dérasées destinées à prendre en compte l'effet psychologique de mur qui conduit les automobilistes à s'en écarter. Sur voies rapides, la bande dérasée de droite est généralement élargie et revêtue pour constituer une bande d'arrêt.

- La berme est la partie d'accotement qui assure la jonction avec le fossé ou le talus. Le terre-plein central peut être interrompu à certains endroits pour ouvrir la circulation sur l'autre voie, on parle d'Interruption du terre-plein central (ITPC).

- La bande de roulement se mesure entre dispositifs de sécurité. Elle comprend donc la chaussée et les bandes dérasées le cas échéant.

- Enfin, la plate-forme réunit accotements, chaussées et terre-plein central

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42Yann Picand, Dominique Dutoit.

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Première partie : cadre de référence

Image n°2 : Caractéristique d'une voie

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Travers_chaussee.png

Il existe différents types de voie dont chacune répond à une fonction précise (voie rapide, rue piétonne, etc.), mais aussi selon la personne qui l'emploie (ingénieurs de la circulation, aménageurs, urbanistes). En définitive, la voie peut être caractérisée suivant ces trois (03) niveaux : la voie primaire assure la liaison entre agglomérations ou quartiers ; la voie secondaire destinée à la circulation interne des quartiers et la voie tertiaire qui dessert les bâtiments.

Dans la littérature le terme rue est utilisé pour analyser la voie publique, du moins par rapport à ses usages. Littéralement, cette dernière du latin ruga, désigne une « voie bordée de maisons ou de murailles dans une ville ou un village ». (P. Merlin et F. Choay in. Dictionnaire de l'urbanisme). La rue fait partie de la voirie et de ce fait est un espace de circulation qui « dessert des logements et autres structures fonctionnelles » ( www.wikipédia.com) dans une ville. Elle se distingue des autres voies (boulevards, cours, allées...) « par sa relative faible largeur notamment, et par l'absence de contre-allées ». À une échelle réduite, elle représente un enjeu social. La rue devient un « lieu de rencontres et d'échange (notamment par les commerces) où s'exerce et se construit la sociabilité des individus et des groupes sociaux » et considérée par définition comme un espace public.

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Première partie : cadre de référence

Quelques caractéristiques de la rue :

? une rue particulièrement étroite peut être qualifiée de ruelle ;

? Une rue ne possédant qu'un point d'entrée est une impasse ou un cul-de-sac ; ? La (ou les) voie(s) permettant d'accéder à l'entrée d'une rue sont ses tenants ; ? la (ou les) voie(s) situées à l'autre extrémité de la rue sont ses aboutissants.

La rue est une voie publique prise dans son cadre fonctionnel, du moins dans notre d'étude. L'aspect architectural est certes pris en compte. En d'autres termes qu'est ce qui se passe sur la voie publique ? Quelles sont ses usages ? Et par qui ? Etc. Ce qui signifie que la rue ne se limite pas au bitume ou à la chaussé, elle est transformée instantanément par des pratiques de la population : « les pratiques citadines font de la rue un micro-espace complexe, avec des trajectoires, des vitesses, des temporalités multiples. La nature même de la rue est de mélanger les gens et les activités, de changer avec le temps, dans la journée, dans la semaine ou encore dans la longue durée ». (A. Fleury, 2004 p.35). De ce fait, pour une analyse soutenue de la ville, les différents aspects de la rue sont indispensables. Ce qui se passe sur et dans la rue définit sa nature et ses fonctions.

La conception actuelle de la rue s'inscrit dans le temps. Un rappel historique de son évolution peut justifier sa forme et ses fonctions actuelles d'autant plus que son « évolution morphologique est fonctionnelle ; elle a suivi celle des sociétés et des techniques ».En d'autres termes « les étapes de son histoire coïncident avec celles de l'histoire des villes et de l'urbanisation » (P. Merlin et F. Choay, dictionnaire de l'urbanisme, p.692).Le monde occidental sera comme référence et reparti en quatre périodes majeures (ibid. p.692 - 693) :

- La rue « spécialisée » du XVe siècle ne dissociant logements et travail

caractérise la vie urbaine entre échanges, fêtes et marchés (J. Hillairet, La rue Saint-Antoine, 1970) ;

- L'époque de la Renaissance (XVe et début XVIe siècle) des rues « programmées » où l'évolution des fonctions de la rue répondait aux normes techniques (défense militaire, circulation en carrosse) et de l'esthétique ;

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Première partie : cadre de référence

- L'élargissement des rues, la construction de nouvelles plus larges pour

s'adapter aux conditions de l'ère industrielle et répondre à « l'hypertrophie » de la circulation ; ont marqué la deuxième partie du XIXe siècle ;

- L'invention de l'automobile place la rue dans un nouvel contexte au XXe siècle. La problématique qui se pose c'est le partage de la rue entre piéton et automobile. La configuration de la rue par cette dernière est devenue l'objet de plusieurs critiques notamment de la part des CIAM 43 , particulièrement le Corbusier : « la rue corridor à deux trottoirs, étouffée entre de hautes maisons doit disparaître » (Le Corbusier, 1925).

La rue a ainsi évolué dans le monde occidental. Étudiée sous ses divers aspects (sa forme, Gourdon 2001 ; son esthétique, Coblence 1998 ; par les interactions entre les individus, Joseph, 1984 et Leménorel, 1994 ; ou encore par l'histoire, Nicaulaud 1995), elle n'a « jamais fait autant l'objet de recherches en sciences sociales » (A. Fleury, 2004 p.33). En urbanisme, le concept a pris de l'ampleur dans les 1970 avec l'émergence de l'espace public. Dans ce processus, la circulation a tenu une place primordiale. Aujourd'hui un enjeu dans l'aménagement de toute voie, celle piétonne fait son retour et occupe une place centrale dans les politiques.

La tradition occidentale a sans doute marqué l'évolution du concept. Mais il faudrait analyser chaque rue relativement par rapport à son contexte, puisque « les pratiques et les représentations de la rue dépendent de l'espace urbain dans lequel celle-ci s'inscrit, à plusieurs échelles. Elles dépendent donc aussi de la région ou du pays dans lesquels la ville se situe : si la forme « rue » se retrouve dans de nombreux contextes culturels, son sens peut varier considérablement » (Ibid. p.42). C'est aussi une question de perception en paraphrasant ainsi Balzac : « il existe

des rues nobles, puis des rues simplement honnêtes (...) ; puis des rues assassines, des rues plus vieilles que de vieilles douairières ne sont vieilles, des rues estimables, des rues toujours propres, des rues toujours sales, des rues ouvrières, travailleuses, mercantiles... (Balzac, 1988 p. 77).

43 Congrès Internationaux d'Architecture Moderne sont nés du besoin de promouvoir une architecture et un urbanisme fonctionnels. La première rencontre eut lieu en 1928, à La Sarraz (Suisse), et Le Corbusier y joua un rôle important. Le dernier congrès "officiel" des CIAM, le 10e du nom, eut lieu à Dubrovnik en 1956.

30

Première partie : cadre de référence

III.3. Les usages de la voie publique : une diversité d'acteurs autour d'un seul lieu

L'histoire d'une rue « commence au ras du sol, avec des pas » dont les jeux sont « façonnages d'espaces » (Certeau, 1980). L'usage est défini selon le Dictionnaire Larousse comme une : « destination, fonction de quelque chose, emploi qu'on peut en faire » ou encore une « pratique habituellement observée dans un groupe, dans une société ; coutume ». Quant au dictionnaire de droit en ligne de Serge Braudo44 (qui définit le mot au pluriel), les usages « sont des règles non écrites suivies par les habitants de certaines régions ou par des personnes exerçant des professions déterminées qu'ils considèrent obligatoires pour régler leurs rapports ». Les acteurs sont déterminants dans ce processus de transformation de la voie publique. Ils proviennent de différents endroits, ont de profils distincts et utilisent la voie à de fins particulières. Ce qui conduit à des perceptions variées de l'espace.

La perception qui est un acte de percevoir en encore son résultat, se définit comme une « opération psychologique complexe par laquelle l'esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel »45. C'est un processus par lequel un individu se crée le dessein d'une chose ou d'un lieu. Il est aussi considéré comme étant une « activité à la fois sensorielle et cognitive par laquelle l'individu constitue sa représentation intérieure (son image mentale) du monde de son expérience » J. Levy et M. Lussault, dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés. Cela fait appel à une capacité mentale d'interprétation des réalités qui nous entourent.

La perception de la voie publique est donc une représentation de l'espace (construction mentale et/ou objectale figurant un espace géographique). Un autre concept vient compléter le tableau : l'espace vécu. Il désigne « l'espace tel qu'il est perçu et pratiqué par les être qui y vivent ». Ces différents concepts se résument en un seul : la spatialité. C'est l'ensemble des « caractéristiques de la dimension spatiale d'une réalité sociale » ou encore « des actions spatiales réalisées par les opérateurs d'une société ». (Levy et Lussault). Les usages de la rue ou la voie s'inscrivent dans

44 http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/usages.php

45Définition donnée par le Centre Nation de Ressources Textuelles et Lexicales (France) www.cnrtl.fr

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Première partie : cadre de référence

un processus de spatialité dans son sens où il est aussi une « réalité construite dans l'action spatiale et qui signifie quelque(s) chose(s) pour quelqu'un, pour un acteur ».

Parmi les acteurs de la voie publique, il existe en général quatre (04) catégories, les trois premiers étant les plus dominants (Bassand et al. 2001) :

- Les acteurs économiques : Ce sont principalement les entreprises et les propriétaires fonciers riverains des espaces publics. Ils sont les instigateurs premiers de leur dynamique ;

- Les acteurs politiques : Ils peuvent appartenir aux institutions communales, cantonales, fédérales. Ils accompagnent ou contestent les décisions des premiers ;

- Les professionnels de l'espace (architectes, urbanistes) : Ils accompagnent les deux premiers ;

- Et les usagers : Il s'agit d'acteurs très complexes. Leurs attitudes et leurs pratiques des espaces publics varient selon qu'ils sont hommes ou femmes, jeunes ou vieux....

Les usagers et les acteurs jouent particulièrement un rôle considérable au niveau des usages de la voie. C'est pour dire que « ce n'est pas le seul régime juridique de la propriété du sol qui décide de la destination d'un terrain, mais les pratiques, les usages et les représentations qu'il assure ».

Après ces différentes conceptualisations, trois usages de la voie peuvent être recensés dont leurs relations ne sont pas « stables » (Eric Dacheux, 2008) :

- Usages politiques : ce sont d'une part les interventions des pouvoirs pour la « normalisation de l'espace ». C'est le cadre de « la mise en scène et la mise en sens », qui institue le social (Lefort, 1986, p. 256-258). Il s'agit ainsi de « la construction de la norme ». D'autre part, la politique dans sa définition de « gestion de la cité » cela devient un espace de lutte pour les revendications (de la population), un espace de protestation ;

- Usages économiques : c'est le cadre « de la mise en valeur des ressources. Pour survivre et s'épanouir, les sociétés humaines organisent la production, la circulation et la consommation des ressources naturelles (faune, flore, etc.), humaines

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Première partie : cadre de référence

et artificielles (objets, savoirs scientifiques, etc.) » (Eric Dacheux, 2008). L'usage économique est donc un usage par nécessité ;

- Usages sociaux ou « symboliques » : « le symbolique, c'est ce qui donne sens à la société. Plus précisément, le symbolique est la société qui se comprend elle-même, qui prend conscience d'elle-même. Le symbolique est la réalité sociale telle que nous la percevons. Mais si le symbolique fonde un ordre propre, c'est que les symboles ne renvoient pas uniquement à un référent, mais s'articulent les uns aux autres dans un réseau complexe de significations ». L'usage symbolique peut concerner tous les acteurs qui pratiquent dans la rue.

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Première partie : cadre de référence

Chapitre IV : Cadre opératoire

IV.1. Objectif général de la recherche

L'étude que nous menons a pour objectif principal de : étudier les modalités de gestion de la voie publique et les dynamiques d'occupation de la voie publique dans les Communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur. La problématique et la littérature, en tant cadre justificatif, ont démontré l'intérêt du sujet. Pour mieux le cerner, l'objectif général est éclaté en plusieurs objectifs spécifiques.

IV.1.1. Les objectifs spécifiques de la recherche

Ce sont entre autres :

a) Identifier les caractéristiques des occupants, les types et les modes d'occupation sur la voie publique;

b) Analyser les modalités administratives liées à l'occupation de ces espaces ;

c) Identifier les effets des occupations sur le cadre de vie des populations;

d) Déterminer la perception des populations sur les usages de la voie publique.

Ces différents objectifs permettront d'analyser et comprendre la problématique liée à l'occupation et la gestion de la voie publique dans ces communes en particulier et dans la Ville de Dakar en général.

IV.2. Question générale de la recherche

La question générale de notre recherche est la suivante : quelles sont les modalités liées à la gestion et à l'occupation de la voie publique dans la commune de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur ?

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Première partie : cadre de référence

IV.2.1. Questions spécifiques de la recherche

Les questions spécifiques sont au nombre de trois (03). Elles interrogent les objectifs afin de leur apporter une réponse adéquate.

QS1 : Les caractéristiques des occupants déterminent-elles les types d'occupation de la voie publique dans les communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur ?

QS2 : Les procédures pour l'octroi d'une autorisation d'occupation sur la voie publique dans la commune de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur prennent-elles en comptes des normes urbanistiques ?

QS3 : Les nuisances des occupations influencent-elles la perception que les populations ont de la voie publique ?

IV.3. Hypothèse générale de la recherche

A partir de ce qui précède nous pouvons affirmer que : la problématique de l'occupation et de la gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur peuvent est liée au laxisme des municipalité.

IV.3.1. Hypothèses spécifiques de la recherche

HS1 : Les caractéristiques des occupants déterminent les modes d'occupation sur la voie publique.

HS2 : Les procédures d'autorisation se font plutôt selon un standard défini par les acteurs de la commune selon la nature domaniale du lieu.

HS3 : La perception que les populations ont de la voie publique et de ses usages est relative au niveau de nuisance de ces derniers sur leur cadre de vie.

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Première partie : cadre de référence

Tableau n°2 : Opérationnalisation de variables

Hypothèses

Variables

Indicateurs

ues des

Les caractéristiques

occupants déterminent
leur mode d'occupation de la voie publique.

Caractéristiques des occupants

· Genre

· Origine

· Niveau d'instruction

· Profession

· Connaissance des normes liées à l'occupation voie

· Perception de la voie

 

· Type d'activité

· Mode de construction

· Permis d'occupation

Les procédures d'autorisation se font selon un standard défini

les acteurs de la commune

Les procédures
· d'autorisation

· par Redevance

· Dossier à fournir

· Étapes de l'instruction du dossier

Délai

· Taxes par rapport au type de voie

 

· La nature des installations

· La superficie occupée

· Durée d'occupation

La perception que les populations ont de la voie publique et de ses usages est relative au niveau de nuisance de ces derniers

La perception des populations

· Niveau de connaissance des vocations de la voie

· Appréciation des usages

· Niveau d'appropriation

 

· La pollution sonore

· La production des déchets

· Appréciation de la population

· Niveau d'impact sur la mobilité

 

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DEUXIÈMEPARTIE

ADRE DE L'ÉTUDE ET

METHODOLOGIE

« Il faut lier la construction sociale à la construction de l'espace » Nicolas Soulier, "Reconquérir les rues" 2012 p.104.

37

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Chapitre I : Cadre de l'étude

I.1. Présentation de la Ville de Dakar

Nous sommes dans la ville de Dakar, ville fondée en 1857 par Pinet-Laprade. Située sur la presqu'île du Cap Vert, elle est en même temps la capitale de la République du Sénégal, la capitale de la région de Dakar et le chef-lieu du département de Dakar. Dakar est l'une des quatre (04) communes historiques (Saint Louis, Gorée, Rufisque et Dakar) du Sénégal. La zone d'étude constitue les deux communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur, qui font parties des 19 communes de la Ville de Dakar. Précisément, le terrain d'étude est la voie publique et cette dernière est fréquentée par toute la population de la ville de Dakar voire de la région ou plus. De ce fait, avant de faire la présentation de deux communes, une présentation de la Ville de Dakar ou du moins ce qui est en relation avec l'objet d'étude, sera faite pour mieux intégrer le cadre d'étude.

Carte n°1 : Les 19 communes de la Ville de Dakar

Le processus d'urbanisation de Dakar s'est effectué de la zone du port vers le Nord (périphérie). Au fur et à mesure des équipements et infrastructures furent réalisés : le port, la gare ferroviaire, le marché Kermel, la place Protêt (actuelle place de l'indépendance), éclairage public et égouts, etc. La ville s'étend ainsi dans le temps

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Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

et dans l'espace, par la création des quartiers aménagés et lotis ou une occupation non contrôlée du sol par la population (provenant des zones rurales ou c'est la population expulsée des zones urbanisée), entrainant ainsi une urbanisation de la région toute entière. L'urbanisation de la zone de Ouakam et de Mermoz quant à elle, s'inscrit dans les années 1970 à 1980 (zone encerclée en rouge) comme le montre la carte ci-dessous.

Carte n°2 : Occupation de l'espace dans la région de Dakar depuis 1978

Aujourd'hui la région est la plus peuplée du pays avec 3 137 196 habitants, soit près du quart de la population nationale (23,2%) sur une superficie représentant 0,3% de la superficie totale du pays. Ce qui donne une densité de 5 704 personnes/km2. La population est majoritairement urbaine avec un taux d'urbanisation de 96%, regroupant ainsi presque la moitié de la population urbaine du pays (49,6%). Le Département de Dakar quant à lui est le deuxième territoire le plus peuplé avec 1 146 053 individus, soit 36,5% ; après celui de Pikine (1 170 791 habitants, soit 37,3%). Au niveau des communes, la population est inégalement répartie. Cela s'explique par la configuration de la ville et son urbanisation complexe qui ont conduit plus ou moins à un zonage du territoire : zone résidentielle (Mermoz, Almadies, Liberté), zone

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Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

industrielle (Colobane, zone du Port), zone administrative (Dakar Plateau), zone dortoir (Yoff, Parcelles Assainies), etc.

Carte n°3 : Répartition de la population de Dakar

Les communes de Grand Yoff et Parcelles Assainies sont les plus peuplées de la ville avec respectivement 185 503 hbts et 159 498 hbts. Entre ces zones, s'effectues des échanges dans une logique de flux permanant entre des points émetteurs et d'autres récepteurs. Ce flux est caractérisé par le niveau d'équipements et infrastructures de chaque zone et de son accessibilité. La fréquence varie dans le temps et l'espace.

Les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur ont-elles aussi respectivement 74 692 hbts et 28 798 hbts. Cette inégale répartition est une conséquence du processus d'occupation du sol. En effet, la zone de la commune de Mermoz fut aménagée dans le cadre des politiques de construction de logement de la SICAP. L'occupation du sol est donc organisée avec des habitats de standing moyen et élevé. Par contre, la commune de Ouakam abritait déjà un village Lébou. Ce denier s'est urbanisé dans des conditions de précarité voire une occupation anarchique du sol. En plus, le type d'habitat correspond à un niveau économique moins élevé (souvent avec un grand ménage). Ainsi la zone se densifie dans ces conditions de précarité. Cette situation peut avoir des effets sur les modalités d'occupation de la voie publique dans les deux communes.

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Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Carte n°4 : Exemple de flux dans la Ville de Dakar

Au niveau des activités, Dakar a une population active de 53, 2 % (ANSD. EPSFII 2011) supérieure aux autres villes du pays (49%). Par contre 23,7% de cette population est au chômage (18, 8 % pour les autres villes). De ce fait pour trouver de l'emploi cette dernière doit être mobile étant donné que la non mobilité peut être une cause de pauvreté (Monique, 2010). Et dans la ville de Dakar, nous avons 8 824 792 déplacements quotidiens (Enquête EMTSU-2000/2001) de motifs variés.

Les différents flux sont plus concentrés vers le centre-ville de Dakar. Car cette zone, grâce à ses équipements et infrastructures, concentre presque tous les activités et services et exerce ainsi une forte polarisation sur les autres territoires. Par contre, il existe d'autres zones qui exercent une polarisation et attirent un flux considérable. C'est le cas de la zone de Liberté ou encore Mermoz Sacré-Coeur.

La capacité polarisatrice de la région de Dakar a été favorisée par la densité du réseau routier du pays. Celui-ci favorise les liaisons verticales nécessaires à l'économie d'exportation. Ainsi, 75% des trajets intérieurs de marchandises ont pour origine ou pour destination Dakar (France Volontaires, octobre 2010). Parmi ces infrastructures, il y a les routes qui facilitent l'accès à la ville. Dans la ville de Dakar, il en existe beaucoup et de toutes les catégories (primaire, secondaire et tertiaire). Quant à la qualité de ces voies, elles sont pour la plupart aménagées et bitumées : la voirie urbaine domine avec 382 km (76,1% de l'ensemble de la région) ; la catégorie « nationale »

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Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

avec 73 km et la catégorie « départementale » très peu développée avec 11 km (Rapport sur la situation économique et sociale régionale de Dakar de2013, ANSD avril 2015). Chacune de ces catégories joue un rôle spécifique dans les flux de la ville et l'accessibilité des différentes zones.

Figure n°1 : Les types de routes

Source : Ageroute, 2013

La ville de Dakar est marquée une dynamique complexe en plus de ces quelques caractéristiques. Ceux-ci permettent de mieux intégrer les dynamiques de la ville à une échelle plus réduite puisque la ville est un système dont les différents éléments sont en interactions permanente.

I.2. La présentation des communes de Ouakam et de Mermoz

Sacré-Coeur

La commune de Ouakam et celle de Mermoz sont voisines mais n'ont pas les mêmes caractéristiques. Toutes les deux ont été créés suite au découpage administratif de 1996 en tant Commune d'Arrondissement de la Ville de Dakar. Elles sont ensuite été érigées en Commune de plein exercice après la réforme de 2013 notamment la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales. Ce sont donc des entités ayant leur propre autorité - le Maire - élue et des compétences particulières. Dans le cadre de la gestion urbaine, les communes ont pour compétences par exemple :

- Les modalités d'exercice de tout droit d'usage pouvant s'exercer à l'intérieur

du périmètre communal, sous réserve des exceptions prévues par la loi ;

42

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

- Le plan général d'occupation des sols, les projets d'aménagement, de

lotissement, d'équipement des périmètres affectés à l'habitation, ainsi que l'autorisation d'installation d'habitations ou de campements ;

- L'affectation et la désaffectation des terres du domaine national ;

- La création, la modification ou la suppression des foires et marchés ;

- L'acceptation ou le refus des dons et legs ;

- Le budget de la commune, les crédits supplémentaires ainsi que toutes

modifications du budget ;

- Les projets locaux et la participation de la commune à leur financement ;

- Les projets d'investissement humain ;

- Les acquisitions immobilières et mobilières, les projets, plans, devis et

contrats de constructions neuves, de reconstructions, de grosses réparations ou de tous autres investissements ;

- Le classement, le reclassement, l'ouverture, le redressement, l'alignement,

le prolongement, l'élargissement ou la suppression des voies et places publiques ainsi que l'établissement, l'amélioration, l'entretien des pistes et chemins non classés ;

- etc.

43

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Carte n°5 : Situation géographique des deux communes

I.2.1. La commune de Ouakam, l'ancien village des pécheurs lébous face aux défis de l'urbanisation

Ouakam est un ancien village Lébou devenu une banlieue résidentielle de Dakar. Il est situé en bord de mer et était dirigé par un Jaraaf, de la lignée des GUEYE. La commune de Ouakam se délimité au :

- Nord : le tracé sud du mur l'aéroport jusqu'à la VDN ;

- Sud-ouest : de la côte en suivant le littoral de la baie de Ouakam jusqu'à la

transversale du mur de l'aéroport en bordure de la route de Ngor ;

- Et enfin à l'Est par la VDN entre ses intersections avec la route de du Front de

Terre et la route de la Pyrotechnie et cette dernière jusqu'à la côte en passant par la Stèle Mermoz (à la limite de la commune de Mermoz Sacré-Coeur).

L'économie de la localité était fortement basée sur la pêche. Avec une population de 74 692 (RGPH, 2013) hbts dont 50,2 % de femmes, elle dispose aujourd'hui d'équipements et infrastructures stratégiques tels que le marché, le Monument de la

44

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Renaissance, le lycée Jean Mermoz ou encore l'Hôpital militaire. Parmi ces équipements, le marché, constitue l'un des plus importants équipements de la Ville de Dakar. De ce fait le commerce et l'artisanat constitue une part considérable dans l'économie locale. Son tourisme est avantagé par le Monument de la Renaissance qui est aujourd'hui un symbole continental.

Située au pied des collines des mamelles, la commune dispose aussi de deux plages aux vagues tant admirées par les surfeurs, des camps militaires et bénéficie des voies de dessertes assez bien aménagées telles que la VDN, la corniche etc.

I.2.2. La commune de Mermoz Sacré-Coeur, le quartier tie

résidence devenu commune de plein exercice

Peuplée de 28 798 hbts (RGPH 2013), la commune de Mermoz fut au départ construit dans le cadre du programme de logement de la société immobilière Sicap depuis 1953. Les quartiers suivants sont successivement construit dans ce cadre : les cités Karack, Baobab, Amitié III, Mermoz, Fenêtre Mermoz, Sacré-Coeur, II et III. Elle est délimitée :

- au Nord : de l'intersection de la rue qui sépare Liberté IV du Sacré-Coeur, la rue qui limite Sacré-Coeur 1, 2 et 3 jusqu'à l'ancienne piste en travers. La VDN jusqu'à son débouché sur la route de Ouakam, puis celle-ci jusqu'au mur du camp des Mariés de la Gendarmerie ;

- au Sud : par la partie de la Corniche Ouest qui rejoint la Stèle Mermoz, puis l'avenue Cheikh Anta Diop, de la Stèle Mermoz à son intersection avec l'avenue Bourguiba. L'avenue Bourguiba de son intersection avec l'avenue Cheikh Anta Diop, à son intersection avec le Boulevard Dial Diop. Le Boulevard Dial Diop, de son intersection avec l'avenue Bourguiba et la rue 12, puis la rue 12 jusqu'à la rue séparant Liberté IV et Sacré-Coeur ;

- à l'Est : la rue séparant Liberté IV et Sacré-Coeur, de son intersection avec la rue 12qui limite Sacré-Coeur 1, 2 et 3 et qui mène à l'ancienne piste ;

- Et enfin à l'Ouest : Le littoral compris entre le prolongement sur la mer de la Corniche Ouest à partir de la Stèle Mermoz et le prolongement sur la mer du mur du Camp des Mariés de la Gendarmerie.

45

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Contrairement à Ouakam, Mermoz ne dispose pas de marché ou d'autres équipements d'envergure. Elle regroupe plusieurs quartiers à usage d'habitation avec des stands de moyen et haut niveau, bien lotit dont l'accessibilité est limitée à une classe plus ou moins nantie.

Tableau n°3 : Présentation de quelques quartiers de Mermoz

Quartiers

Construction

Surface

Logements

Karack

1953

5 ha

262

Baobabs

Entre 1954 et 1957

20 ha 50

899

Amitié !!!

1969

14 ha

468

Mermoz

1972

20 ha

706

Fenêtre Mermoz

1979

18 ha

163

Sacré-Coeur !

1979

26 ha

250

Sacré-Coeur II + extension + 1, 2, 3 et 4

Entre 1983 et 1991

10 ha 4543

424

Sacré-Coeur III

De 1991 à 1999

60 ha

1239

 

Source : http://www.mermozsacrecoeur.org/mermoz-sacre-coeur/

Il faut aussi souligner qu'il existe d'autres cités telles qu'à Karack (4 blocs de 84 logements au total construits en 1953 et à Baobabs (13 blocs de 202 logements au total construits en 1954) et non structurés. A cela s'ajoute la nouvelle cité de Keur Gorgui dans la zone de Sacré-Coeur III. Durant ces dernières années (à partir de 2006, 2007), cette partie de la ville connaît un nouvel dynamisme. Dakar Plateau est à sa limite de concentration poussant ainsi les différents services à choisir une nouvelle zone accessible. C'est ainsi que Mermoz Sacré-Coeur est investi par ces services offrant un cadre propice à l'instar de la Cité Keur Gorgui qui « accueille beaucoup de ministères comme le celui de l'Élevage et des Productions animales, du Renouveau urbain, de l'Habitat et du Cadre de vie et d'autres structures qui y ont délocalisé leur siège à l'image de la Société nationale de télécommunication (Sonatel). » ( www.leral.net). L'économie de la zone est basée ainsi sur les services, le commerce - de boutiques - mais aussi d'autres types de commerce (superettes à l'instar de Elton, super marché comme City Dia , ou le commerce dans la rue tel que la vente de véhicules).

46

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

I.3. L'urbanisation de ces deux communes sous l'influence des équipements structurants

L'urbanisation de la Ville de Dakar est en général marquée par une forte pression démographique et une concentration des équipements et services. La ville devient ainsi hypertrophiée et finit par se positionner dans une situation de macrocéphalie. A l'intérieur de la ville, cette urbanisation est caractérisée par une occupation du sol de diverses manières selon la nature de la zone (irrégulière ou non irrégulière).

Les communes de Ouakam et surtout de Mermoz présentent ces caractéristiques d'urbanisation. Ce qui a influencé cette partie de la ville est l'aménagement des infrastructures principalement la VDN. L'accessibilité étant améliorée, la zone de Mermoz et de Ouakam est sous l'afflux de nouvelles occupations. On peut citer entre autre : des cliniques, des écoles de formations, des restaurants, des sièges de société, des ministères mais aussi sur la voie publique avec des parkings de vente de véhicule, des gargotes, des kiosques voire des laveurs de véhicules.

Image n°3 : Évolution de l'occupation du sol à Sacré-Coeur

Source : Google Earth

L'occupation du sol s'est donc intensifiée depuis 2000 mais surtout à partir de 2005. Ainsi prend forme l'urbanisation de cette zone entrainant avec elle de nombreux autres phénomènes notamment l'occupation de la voie publique. C'est à ce niveau que les communes sont mises en défi. Elles doivent assurer la gestion de ces espaces qui représentent d'énormes enjeux pour des nouvelles communes de plein exercice.

47

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Chapitre II : Méthodologie de la recherche

La méthodologie utilisée dans ce travail - celle appliquée à l'ESEA - est une démarche hypothético-déductive. « On part de la théorie, et on ne se sert de l'observation que pour tenter de l'infirmer » ou de confirmer. Elle se constitue donc de deux grandes étapes : une première théorique qui vise à cadrer le sujet et construire des hypothèses et une seconde qui nécessite un travail pratique pour confirmer ou infirmer les hypothèses avancées (étude de cas). Les différentes phases ont nécessité différents techniques et outils durant tout le processus.

II.1. Élaboration du cadre théorique

Cette première partie consiste à identifier les écrits sur le thème de la gestion urbaine en général et sur l'espace public en particulier. La recherche documentaire (ouvrages généraux, mémoires, articles, etc.) a nécessité une investigation au niveau des bibliothèques et sur le net. La problématique s'est faite à partir des textes juridiques (lois), des mémoires, des articles de presses et aussi grâce à des entretiens avec des personnes ressources et l'observation directe.

La construction de la revue critique et du cadre conceptuel est basée sur : des ouvrages généraux (J. Chenal, 2009 par exemple), des mémoires (de la bibliothèque et mais aussi des versions électroniques), des fiches de lecture et des articles proposés par de revues en ligne ou par des bibliothèques en ligne (www.cairn.info ou encore www.traces.revues.org; la bibliothèque en ligne de l'UCAD, etc.) et des articles et ouvrages électroniques téléchargeables en ligne. Les ouvrages généraux qui traitent le thème d'espace public étant rare ou presque indisponible dans les bibliothèques (UCAD et ESEA), nos recherches ont été concentrées sur le net.

La période des ouvrages est - généralement - située dans l'intervalle de 19602014, étant donné que le concept d'espace public fut employé pour la première fois en 1960. Les oeuvres ciblées sont celles qui traitent des différentes dimensions de l'espace, de ses fonctions, de ses usages et pratique, son évolution et de l'espace public en Afrique et à Dakar. Nous avons ainsi pu déterminer trois (03) point dans la littérature (dimensions de l'espace public, ses formes et ses usages et enfin des usages de l'espace en Afrique et à Dakar) et défini trois concepts principaux (gestion urbaine,

48

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

espace public / voie publique et usages) mais aussi des concepts secondaires liés à ces derniers.

Suite à l'analyse de la littérature, le choix de la zone d'étude a été définitif suite auquel, le cadre opératoire a été élaboré. Différents objectifs ont été fixés après avoir eu un aperçu général de la situation des occupations dans la zone (les fondements de ces objectifs restent la littérature et l'observation directe). L'opérationnalisation de ces objectifs est passée par d'interrogations qui ont abouti à des affirmations ou hypothèses dont leur vérification justifie l'intérêt même d'une investigation sur le terrain (pour recueillir des informations brutes).

Entre la phase de l'élaboration du cadre opératoire et la phase pratique, il existe différents étapes. Les variables qui ont été identifiées (d'après la littérature), nous ont permis de déterminer des indicateurs - mesurables et/ou observables -. Ces indicateurs sont eux aussi rendus opérationnels à travers des questions qui ont été organisées grâce à des outils tels que le questionnaire ou encore le guide d'entretien. Ainsi de la préparation du terrain nous avons passé à la recherche des informations primaires afin de les analyser et pouvoir vérifié nos différentes hypothèses.

II.2. De l'étude de cas : choix de la zone, l'échantillonnage et les enquêtes

II.2.1. Justification du choix de la zone d'étude

La zone d'étude est délimitée de part et d'autre par les communes d'Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur. Le terrain d'étude étant la voie publique, nous avons ciblé les artères principales (telles que la VDN) où les occupations sont importantes mais aussi parce que nous y avons observé de nouvelles dynamiques d'occupation (les parkings de vente de véhicules). « La VDN une rue spécialisée dans les services et commerce ». Ouakam est choisie parce qu'elle est traversée par la VDN à sa limite Est avec la commune de Mermoz. Sinon notre champ d'étude principal est cette dernière. La commune de Mermoz avec celle de Liberté constitue une « zone tampon » entre le centre-ville de Dakar (qui est engorgée par des services) et la périphérie dans un mouvement de déplacements pendulaires entre ces deux bouts.

49

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Image n°4 : Présentation de la zone d'enquête

La VDN

Boulevard du Koweït

Rue. 10 SC

Légende :

Parcours de l'enquête (environ 5 km)

Pour avoir une base de comparaison, la commune de Ouakam est intégrée dans l'étude ainsi que deux autres voies (Boulevard du Koweït jusqu'au collège Sacré-Coeur en plus de la VDN). La particularité de ces voies se trouve au niveau de leur dimension (largeur).

50

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Image n°5 : schéma de la VDN

Source : Moussa M. M. Dicker / mémoire ESEA 2016

L'exemple de la VDN : en plus des deux chaussées principales (de plus de 06 mètres environ), elle est constituée de deux autres voies secondaires avant les limites des clôtures des parcelles. Les chaussées sont séparées par un terre-plein central dérasé de plus de 05 mètres. Entre les chaussées secondaires et principales, il y a une berme d'environ 06 mètres. Cette dernière offre un espace pour les différents types d'installations sur la voie dans cette zone. Les autres voies ont une dimension moins large que celle de la VDN mais présentent les mêmes caractéristiques et disposent d'un espace qui peut accueillir les occupants et y exercer leur métier.

II.2.2. L'échantillonnage

L'échantillonnage est effectué selon le type de cible. Notre cible mère est les occupants mais au total nous avons enquêté les ménages riverains et les passants piétons mais aussi les acteurs de la Mairie.

51

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Les occupants : étant donné que nous ne disposions pas de base de sondage, un recensement fut mené.

Tableau n°4 : Le résultat du recensement des occupants

Types d'occupation

La VDN

Boulevard du K.

Rue. 10 SC

Total

Parking de vente

16

1

2

19

Garage

4

0

0

4

Gargote

2

1

0

3

Étale de fruit

3

2

5

10

Chariot

11

11

9

31

Lavage et nettoyage

6

0

0

6

Extension

3

0

2

5

Menuiserie

2

0

0

2

Autres

16

3

8

27

Total

63

18

26

107

 

Moussa M. M. Dicker / mémoire ESEA 2016

Dans la catégorie « autres » nous avons les tabliers (surtout les femmes), les réparateurs de pneu ou autre type de tabliers. Vu le nombre des occupants, nous avons décidé de faire une enquête exhaustive. Néanmoins le nombre enquêté au final est de 72 occupants à cause de plusieurs contraintes : le refus (surtout les tabliers ou vendeuses de produits de consommation tels que l'arachide), les contraintes de la langue wolof, le renvoi de certains et l'indisponibilité des propriétaires (souvent au niveau des parkings de vente). Au total, 35 occupants n'ont pas été enquêtés. Ce qui nous donne un taux de sondage de 67,2%.

52

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Les ménages : pour ces cibles aussi, nous ne disposions pas de base de sondage. Comme les ménages visés sont ceux qui se trouvent sur les voies dont les occupants ont été enquêtés, la méthode d'échantillonnage systématique par pas de sondage (3) est choisie. De ce fait nous prenons un (01) ménage à tous les trois (03) pas, c'est-à-dire 1 + 3 ménage et on enquête donc le 4e ménage, ainsi de suite jusqu'à la fin de la voie où notre enquête devra s'arrêter. Nous avons de ce fait eu à enquêter 25 ménages. Ce nombre réduit se justifie : d'une part les locaux aux abords de ces voies sont presque tous des bureaux de services ou d'autres activités commerciales. Nous avons pris une rue en arrière (au plus 100 mètres de la voie principale de notre étude) et joint parallèlement la voie principale. Même avec cela, il y a eu de refus ou bien le chef de ménage est au bureau et il ne rentrera qu'à partir de 19 h. L'indisponibilité des chefs de ménage et l'éloignement des ménages ne nous ont pas permis d'avoir un nombre important.

Les passants (piétons) : de même à ce niveau, nous n'avons pas de base de sondage. Nous avons donc utilisé une technique aléatoire en choisissant 160 passants.

Tableau n°5 : Les échantillons des passants et ménages

Types d'occupation

La VDN

Boulevard du K.

Rue. 10 SC

Total

Pour les ménages

115

35

10

160

Les passants

17

5

3

25

 

Les acteurs de la mairie : ce sont eux qui gèrent la voie publique et sont donc en position de nous fournir des informations indispensables (procédures, taxes, etc.). Dans chaque commune nous avons ciblé le chargé des Occupations à la Voie Publique., nous avons eu donc au total deux entretiens pour recueillir des informations qualitatives.

II.2.3. L'enquête et les outils utilisés

Les enquêtes se sont déroulées du 20 septembre au 06 octobre, soit une descente de deux fois au moins par semaine. Le souci en était que tout dépend de la disponibilité de celui qui nous accompagne (un camarade qui parle le wolof) mais aussi de la disponibilité des propriétaires. Certains nous renvoient plus de deux fois et cela joue

53

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

sur le temps puisqu'il faudrait penser à respecter l'échéance du dépôt du document. Les outils de collecte des données sont le questionnaire, le guide d'entretien et l'observation directe.

L'administration des questionnaires est faite directement c'est à dire face à face. L'enquêté rempli soit lui-même le questionnaire, soit il est assisté. Pour éviter des « biais », le remplissage se fait sur place et les réponses insatisfaisantes ou mal remplies sont rectifiées après avoir bien expliqué la question à l'enquêté. Nous ne disposons d'aucun outil pour vérifier la fiabilité des réponses (puisqu'elles sont sujettes à une totale subjectivité) à part une triangulation grâce aux questionnaires déjà remplis.

Une évaluation des différents questionnaires a été réalisée - grâce au logiciel Sphinx -. Cela a permis d'avoir les taux de remplissage et d'autres appréciations des questions ainsi que des réponses collectées durant les enquêtes.

? Questionnaire adressé aux occupants : son taux de remplissage global46 est de 67,5 %. Ce qui est jugé « très faible » par le Sphinx. Mais cette situation s'explique du fait qu'il y a une partie du questionnaire adressée uniquement à une catégorie précise parmi les occupants : les vendeurs de véhicules. Il représente 14 % des enquêtés, ce qui fait que le taux de remplissage soit faible surtout pour ces questions (moins de 50 %) ;

? Questionnaire adressé aux ménages : le taux de remplissage à ce niveau est bon soit de 72,9 % (le taux minimum étant de 33 %). Néanmoins certaines réponses sont insuffisamment remplies. Les enquêtés n'ont souvent pas d'avis sur la question ou bien ce sont des questions dont la réponse est conditionnée par la précédente (c'est-à-dire qu'elles sont valables qui si la question précédente est soit « oui », soit « non » ou encore « autre ») ;

? Questionnaire adressé aux passants : il est de 93,85 % pour ce questionnaire. Ce chiffre élevé est lié aux conditions dans lesquelles les enquêtes se sont déroulées. Les enquêtés étant mobiles, l'administration est souvent assistée

46 Le taux de remplissage permet d'évaluer le poids, en pourcentage, des questions auxquelles l'interviewé a réellement répondu par rapport à l'ensemble des questions proposées dans l'enquête. Ce taux est bien plus élevé pour les enquêtés assistés.

54

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

et sur place. Les enquêteurs avait donc la possibilité de parcourir toutes les questions afin d'avoir une réponse auprès de l'interviewé.

L'évaluation ci-dessus est du questionnaire tout entier. En outre, elle peut variée selon la question, le type de question (fermé ou ouvert) ou de la nature de la question (texte ou autre). Cette évaluation permet d'avoir un aperçu sur les différentes questions, de juger si elles sont utiles ou non.

Les outils utilisés pour l'élaboration et le traitement des données sont divers :

- Le logiciel Sphinx pour l'élaboration du questionnaire, la saisie et le traitement des données. C'est avec lui que nous avons fait un traitement des données bruts pour réaliser des tableaux et créer une base de données pour les logiciels SPSS et Excel. Grâce à ce logiciel, une évaluation du questionnaire fut effectuée ;

- Le logiciel Excel pour la réalisation des graphiques et diagrammes, le croisement des indicateurs et/ou modalités à travers son outil de filtrage ;

- Le logiciel SPSS a servi pour la création des tableaux croisés afin d'avoir une analyse plus fine des différentes modalités et interpréter certains indicateurs.

Durant cette phase, le souci principal était d'éviter le maximum d'erreurs possibles et de collecter des données de qualité fiable. Des informations ont été collectées grâce à l'observation directe. Néanmoins quelques erreurs ont été - sans avoir un impact négatif majeur sur les résultats - noté dans cette phase.

55

Deuxième partie : cadre de l'étude et méthodologie

Figure n°2 : Les étapes de la recherche

Source : réaliser par l'auteur

Notre recherche est, en somme, repartie en deux grandes phases. C'est un processus itératif et toutes les parties sont complémentaires. L'objectif recherché étant une fiabilité scientifique, l'étude s'est inscrite dans une rigueur tout au long du travail.

II.2.4. Les contraintes rencontrées et les stratégies pour les surmonter

Nous avons déjà mentionné le problème de base de sondage dont nous ne disposons pas. En outre, il y a eu la contrainte de la langue wolof suite à laquelle nous avons sollicité l'aide des amis de la classe. Quant au refus de certains occupants (qui nous soupçonnent d'être au servir de la municipalité), nous n'avons pas réussi à les convaincre. Aussi l'indisponibilité des données actualisées et des cartes (à jour) des communes au niveau constituait un manque à gagner, celles-ci aurait pu contribuer à l'enrichissement de nos analyses.

56

TROISIÈME PARTIE

RESENTATION DES RÉSULTATS ET

RECOMMANDATIONS

« Tout espace urbain, qu'il soit réel ou idéal, est caractérisé par une répartition des activités et des hommes, une organisation de leurs relations » Gilli Frédéric, 2001.

57

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Chapitre I : Présentation et analyse des résultats

Les différentes investigations, dans cette étude, ont permis d'avoir des données diverses à plusieurs niveaux (les occupants, les passants et les habitants sans oublier les renseignements fournis par des personnes ressources suite aux entretiens). Leur analyse séparée et/ou croisée vont nous offrir l'opportunité de comprendre les dynamiques des occupations ainsi que la gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur. La voie publique est « un lieu d'expression, d'étalage, d'accumulation de denrées et d'objets offerts aux chalands ». Plusieurs variables et indicateurs (le genre, l'âge, les types d'activités, les modalités d'occupation, les installations, ...) seront confrontés sous différents angles pour tenter de comprendre les usages de la voie publique (ou la rue), le jeu des acteurs ainsi que les enjeux qui en découlent.

I.1. Caractéristiques socioéconomiques des occupants

L'étude des déterminants sociaux et économiques (dans leurs relations mutuelles) des occupants nous a permis d'aboutir à des résultats très variés : une disparité au niveau du genre, de l'âge, du niveau d'étude et de l'activité exercée. Les occupants n'ont certainement pas le même profil, chacun exerce une activité dans des conditions particulières à un endroit précis.

I.1.1. La relation entre le genre et l'activité, facteur explicatif d'une disparité parmi les occupants

La répartition des tâches, dans la société africaine en général et au Sénégal en particulier, a été longtemps caractérisée par une invisibilité des activités des femmes et une faible participation de cette dernière à l'économie nationale. Certaines activités étaient considérées spécifiquement à un genre donné et la femme est « dans des activités à faible valeur ajoutée (agriculture, commerce) et sous des statuts de dépendants (aides familiales) »47. Les activités pratiquées dans la rue (formelles ou informelles) n'en sont pas non plus épargnées par cette « ségrégation ».

47 Charmes Jacques, « Femmes africaines, activités économiques et travail : de l'invisibilité à la reconnaissance », Revue Tiers Monde 2/2005 (n° 182), p. 255-279

58

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.1 : Répartition des occupants selon le genre

Masculin Feminin

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

La prédominance du genre masculin (avec 49 hommes contre 20 femmes) est considérable. Cette situation montre la faible présence des femmes exerçant sur la voie publique dans notre zone d'étude. Mais cela est à considérer avec prudence et ne pas le généraliser dans tous les contextes. La situation peut varier selon la zone et l'activité exercée (par exemple une étude sur les gargotes dans un quartier donné peu aboutir à des conclusions très différentes).

Dans notre cas, précisément les voies publiques ayant fait l'objet des enquêtes, la prédominance masculine peut s'expliquer à travers différents facteurs, principalement l'activité exercée dans cette zone. Car dans la commune de Ouakam, au niveau du marché, cette réalité peut être différente puisque le petit commerce (surtout la vente de produit maraichers) est caractérisé par une forte présence des femmes. Cette situation peut être sous l'influence de plusieurs facteurs. Par exemple la répartition des occupants selon leurs activités et leur genre peut fournir des éléments d'explication.

59

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.2 : Répartition des activités selon le genre

Autre Boutiquier Garagiste Restaurateur Vendeur de

fruits

Sexe F Sexe M

Vente et
location de
véhicules

25

20

15

10

5

0

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

La répartition par genre des activités exercées sur les voies dans les deux communes montre une absence quasi-totale des femmes dans les différentes activités. La seule activité où elles sont prédominantes est en effet la restauration, majoritairement constituée de gargotes (11) détenues toutes par des femmes.

Par contre, elles ne sont pas présentes dans trois types d'activités : le commerce de boutique, la vente et location de véhicules et le garage. Ce sont des activités pratiquées traditionnellement par des hommes et dont les femmes sont plus ou moins exclues. « Dans toutes les sociétés, les hommes et les femmes ont des activités distinctes et ils assument des responsabilités différentes au sein du ménage » (FAO, 1998). Les activités exercées sur la voie publique sont souvent marquées par cette distribution du travail. La faible représentation des femmes peut être aussi explique par la spécialisation de l'espace. Chaque espace a ses particularités. Les activités exercées sur une voie publique différentes de celles exercées au niveau d'un marché ou un centre commercial. Et de ce fait, les activités présentes sur la voie publique sont celles où on ne trouve pas assez de femmes. Cette approche est plus proche de la réalité de notre zone.

I.1.2. La voie publique, un lieu d'accueil de diverses activités

La rue à Dakar n'assure pas uniquement la circulation des biens et personnes, elle représente aussi un support - pour les activités économiques - à une partie de la

60

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

population. Cette dernière tente de profiter des flux quotidiens des personnes et s'installe ainsi près des lieux les plus fréquentés ou les voies à grande circulation.

Figure I.3 : Les différents types d'activité occupant la voie

Autre

Vendeur de fruits

Boutiquier

Restaurateur

Garagiste

Vente et location de véhicules

 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Source : enquête mémoire / Moussa Dicker 2016

La restauration et la vente de véhicule sont les plus dominantes parmi les activités exercées sur la voie. Quant à la rubrique « autres », (46 % c'est-à-dire 33 personnes sur les 72 enquêtées) elle regroupe plusieurs activités. Il y a les vendeurs (hommes et femmes) de produits divers (qui représentent 36 % de la rubrique) tels que les chariots de vente de café, les tabliers des vendeuses d'arachide, mais aussi les services de lavage et de nettoyage (26 %) et d'autres types de commerce (32 %).

Les restaurateurs ciblent les points de rassemblement tels que les devantures des écoles (cas du Collège Sacré-Coeur), à côté des parkings de vente de véhicules, devant les bâtiments en chantier, etc. L'existence des services, tout au long de ces voies, permet aussi aux restaurateurs de capter les employés durant leur pause.

Quant aux vendeurs de véhicules, ils recherchent une visibilité et trouvent que ces voies (surtout la VDN) leur permettent d'être plus accessibles. En analysant la durée de leur occupation et l'assouplissement de la politique d'importation de voiture (de cinq (05) ans d'ancienneté à huit (08) ans en 2013), il existe un lien puisque sur les 14 vendeurs enquêtés 11 se sont installés depuis moins de trois (03) ans. Mais aussi 07 d'entre eux exercent pour la première fois cette activité notamment 50 % des vendeurs. La possibilité d'importer des véhicules plus anciens mais aussi moins chers, est une

61

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

opportunité pour plusieurs acteurs économiques. Pour vendre leur produit il leur faut de l'espace et une visibilité et c'est ce que leur offre ces voies où ils se sont installés en grand nombre.

Pour les boutiquiers, il faut noter que ce sont des extensions sur la voie de certains de leur produits, faute d'espace à l'intérieure de leur boutique. Les garagistes sont faiblement représentés parce que la municipalité ne veut pas autoriser de telles occupations sur ces voies à cause de leurs déchets et leur impact sur la voie (disharmonie ou encore défiguration). Les vendeurs de fruits (8 %) sont dispersés sur les deux voies. Ils occupent ces voies pour accéder à une clientèle permanente grâce aux flux quotidiens. Le choix de ces acteurs pour exercer les activités ci-dessus peut être aussi expliqué par leur motif.

Figure I.4 : Relation entre activité et motif du choix de la voie

Vente et location de véhicules Vendeur de fruits Restaurateur Garagiste Boutiquier Autre

 
 
 

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%

Visibilité Moins de contrôle Autre Accessibilité des clients

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

L'accessibilité des clients et la visibilité sont en effet les raisons les plus avancées pour le choix d'occupation de la voie. Tous les occupants considèrent que sur ces voies ils sont plus accessibles. La VDN est sans doute la deuxième artère la plus importante de la voirie urbaine de Dakar après l'autoroute, et accueille un flux

62

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

important engendré par les mouvements pendulaires (entre le centre et la périphérie). Et le Boulevard du Koweït assure la liaison entre les quartiers de Ouakam, Mermoz, Liberté et Grand Yoff. Pour un acteur économique cherchant visibilité et accessibilité, ces deux voies sont donc stratégiques au niveau de cette zone.

En outre, il existe des occupants qui exercent une activité secondaire. Une activité secondaire permet à ces occupants de diversifier leur source de revenus. C'est aussi une garantie en cas de crise majeure touchant son activité première.

Figure I.5 : Répartition des personnes qui pratiquent une autre activité

72%

Oui Non

28%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les occupants ayant une activité secondaire représentent 28 % et sont investis dans des activités comme le jardinage, l'artisanat, d'autres types de commerce ou encore ce sont des étudiants qui exercent en leur période de vacances. En outre, une majorité (72%) des occupants pratiquent une seule activité.

I.1.3. Les occupants par tranche d'âge ou la dominance des jeunes

La population de Dakar en particulier et celle du Sénégal en général est majoritairement jeune. « Les jeunes âgés de 15 à 34 ans représentent 32% de la population résidente au Sénégal et 58,7% de la population résidente en âge de travailler » (ANSD, 2016). Dakar concentre une partie importante de cette tranche de

63

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

la population mais aussi celle en âge de travailler toutes catégories confondues (68,8%; ANSD 2016). Cependant, la population en âge de travailler (au niveau national) n'est pas si active, notamment 49,6% sont inactives, 37,4% d'occupées et 13% au chômage. Cette situation (certes générale) nous permettra d'appuyer notre analyse sur la répartition ci-dessous des occupants selon leur âge.

Figure I.6 : La répartition des occupants selon l'Age

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

16-30 31-45 46-60 60+

Tranche d'âge

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les occupants qui exerçant sur la voie publique sont en majorité jeunes (16 - 30 ans) avec 54 %. Souvent confrontés à difficultés d'accès à l'emploi, les jeunes trouvent d'autres alternatives pour s'adapter. Le secteur « informel » et/ou les activités économiques dans la rue, où l'accès n'exclut aucune catégorie sociale, sont les domaines que choisissent ces jeunes.

64

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.7 : La répartition des activités selon l'âge

70%

60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 
 

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

La tranche d'âge 16 - 30 ans est dominée par le commerce de boutique suivi des activités « autres » regroupant en grande partie de vendeur de café à chariot, ainsi que par la restauration. Par contre le commerce de boutique n'est pas représenté dans la catégorie 31 - 45 ans comme les autres activités. Quant aux sexagénaires, qui ne représentent que 1 %, ils ne sont représentés que par les activités diverses. Il faut aussi noter l'absence des moins de 15 ans parmi les occupants, parce qu'ils représentent la catégorie des mineurs et ne sont pas considérés comme en âge de travailler. Cependant, même si cette classe n'est présente parmi les occupants enquêtés dans notre cas d'étude, il existe des jeunes de moins de 15 ans exerçant dans la rue à Dakar.

I.1.4. Le niveau d'étude des occupants

Le niveau d'étude de la population peut influencer la perception que cette dernière a de la voie publique et de son importance. Les plus scolarisés auront tendance à s'interroger sur l'occupation de la voie publique tandis que les moins scolarisés peuvent en faire fi.

65

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.8 : La répartition des occupants selon le niveau d'étude

Non scolarisé Daara Alphabétisé Primaire Secondaire Supérieur(Bac+)

 
 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Niveau d'étude

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Parmi les occupants, une très grande proportion (30%) fréquente les Daaras. Quant aux occupants scolarisés, le secondaire (19%) est le niveau d'étude le plus représenté suivi du supérieur puis du primaire. Les occupants alphabétisés en langues nationales représentent moins de 5% de la population. Cependant, les occupants non instruits représentent une part importante (17%). Si nous considérons uniquement ceux qui ont reçu une formation classique comme étant instruits, alors les occupants ayant fait la Daara sont exclus. Dans ce cas, nous nous retrouvons avec 50 % des occupants non instruits. Ces occupants sont pour la plupart issus de la migration (des zones rurales ou des pays voisins) ou bien sont de la périphérie de Dakar et non pas eu accès à l'école - souvent caractérisés par une situation économique faible.

I.1.5. Le niveau de revenus des occupants

La diversité des activités exercées sur la voie se traduit aussi par des revenus variés des différents occupants. Les activités sur la voie publique ont longtemps été caricaturées « d'informelles », « d'anarchiques » et de ce fait considérées comme des activités à faible revenus. Mais dans contexte, la situation se présente différemment. Il existe certes une disparité entre les revenus, mais les revenus de certains occupants sont considérables.

66

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.9 : Les revenus moyens des occupants

200 000 fr et plus 100 000 - 200 000 fr 50 000 - 100 000 fr 0 - 50 000 fr

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Revenus / mois

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

L'histogramme montre qu'une très grande proportion des occupants (60%) a un faible niveau de revenu (entre 0 - 50.000 F). La répartition de ces revenus peut être expliquée par l'activité exercée par les occupants. Les occupants ayants un faible revenu exercent dans des activités telles que la vente de café, les tabliers avec des produits divers ainsi que les femmes vendeuses d'arachides et autres produits. Les occupants avec un niveau de revenu supérieur sont peu représentés : 14 % pour les tranches 50 000 - 100 000 Fr et 100 000 - 200 000 Fr et 11% pour la tranche qui gagne plus de 200 000 Fr.

Le graphique ci-dessous met en relation le niveau de revenu et l'activité exercée par les occupants. Cela met en exergue la disparité entre des revenus des occupants proportionnellement à l'activité qu'ils exercent.

67

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.10 : Relation entre le niveau de revenu et les activités

90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 
 
 

Autre Boutiquier Garagiste Restaurateur Vendeur de Vente et

fruits location de

véhicules

0 - 50 000 Fr 50 000 - 100 000 Fr 100 000 - 200 000 fr 200 000 Fr et plus

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker2016

La part des occupants qui ont un revenu élevé est assez important parmi l'activité de vente et de location de véhicules. Car même en vendant une seule voiture dans le mois, ces acteurs peuvent gagner un million au minimum. Leur activité est lucrative contrairement aux vendeurs de fruit et boutiquiers qui ne dépassent pas le seuil de 50 000 Fr. La disparité des revenus constatée au niveau des activités « Autre » fait l'exception, car c'est la seule catégorie où tous les niveaux de revenu sont représentés. Les revenus les moins élevés sont les mieux représentés, surtout l'intervalle 50 000 à 100 000 Fr. Mais à ce niveau, on ne peut pas distinguer pour quel type d'activité correspond un niveau de revenu. Un autre indicateur peut fournir d'éléments d'explication de la situation des revenus des occupants : le niveau d'instruction.

Une personne instruite a plus de « valeur ajoutée » car la formation améliore le capital humain48. « Il est aujourd'hui couramment accepté que l'instruction est, au moins dans une de ses dimensions, un investissement en capital humain » (A. Lucila et J. Lucila Arrigarizza, 1972). La relation n'est pas directe entre le capital humain et le niveau de vie. La formation offre une base qui permettra d'acquérir des connaissances pratiques liées à un domaine donné. Mais l'usage ou la mise en oeuvre de ce savoir est

48 Le capital humain se définit comme l'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par l'accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire. La notion de capital exprime l'idée que c'est un stock immatériel imputé à une personne pouvant être accumulé, s'user. Gary Becker, 1964.

68

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

primordial pour la production d'une valeur ajoutée. Néanmoins, il existe un écart entre les occupants ayant reçu une formation et ceux qui ne sont pas instruits.

Figure I.11 : croisement du niveau de revenus et celui d'étude

92%

100%

Alphabétisé Daara Non scolarisé Primaire Secondaire Supérieur(Bac+)

0 - 50 000 Fr 50 000 - 100 000 Fr 100 000 - 200 000 fr 200 000 Fr et plus

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

57%

50%

45%

7%

9%

9%

3%1

13%1

3%

33%

33%33%

29%

27%

13%13%

58%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker2016

En effet, les occupants non scolarisés ont presque tous un revenu inférieur ou égal à 50 000 FCFA. Par contre ceux qui ont un niveau d'étude élevé ont de revenus moyens par mois assez importants. L'écart des revenus selon le niveau d'étude montre la contribution de la formation dans le développement économique et la rentabilité individuelle (Denison, 1962 et 1967). Le savoir-faire est déterminant dans l'accès aux activités ou à l'emploi. Et les revenus varient selon les activités. D'une manière indirecte, la formation a donc des répercussions sur le niveau de revenus.

Somme toute, l'analyse des caractéristiques des occupants offre un aperçu sur la relation entre le social et le spatial. Les dynamiques de cette population répondent à une logique qui peut s'expliquer à travers l'espace. Mais l'espace à lui seul ne permet de comprendre les occupants et leurs pratiques : « Les formes sociales [...] ne sont pas préinscrites dans l'espace existant, mais produites à partir des relations spatiales engendrées par l'espace »49. Le croisement des différents indicateurs (âge, genre, activité, revenu, etc.) a permis d'avoir une description plus ou moins complète des occupants. La connaissance sociodémographique des occupants est un moyen d'appréhender les dynamiques d'occupation sur la voie.

49Véronique Bordes. Espaces publics, espaces pour tous ? Espaces de la jeunesse, espaces publics : organisation locale, Nov. 2006, Rennes, France.

69

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

I.2. Analyse de l'occupation et de la gestion de la voie publique dans les deux communes

L'occupation et la gestion de la voie publique met en relation plusieurs types d'acteurs : les responsables de la municipalité, les occupants, les usagers de la voie (piétons et personnes utilisant d'autres moyens de déplacement) ainsi que la population riveraine. Tous ces acteurs concourent à l'harmonie de la voie publique. Les acteurs des municipalités assurent le respect des normes établies sur la voie et qui entre dans leur compétence. Les occupants, quant à eux, sont intéressés par la voie en tant que support pour les activités économiques. Il existe donc différents usages de la voie mais aussi des perceptions par rapport à chaque acteur.

I.2.1. La gestion de la voie publique dans les deux communes : une même modalité pour des enjeux différents

La gestion des espaces publics en général et de la voie publique en particulier est conférée à la commune conformément aux textes. Il s'agit de réglementer ses occupations, assurer la circulation des biens et personnes, sa propreté, son éclairage et sa sécurité ; etc. Ainsi, les communes de Ouakam et de Mermoz se sont dotées d'outils leur permettant d'assurer convenablement leur tâche à l'instar la mise en place d'une procédure pour les autorisations d'occupation de la voie publique.

Les procédures sont les mêmes dans les deux communes. Le dossier est composé d'une lettre adressée au Maire et une copie de la carte d'identité. Le Maire impute le dossier aux services techniques qui l'étudieront et puis feront une descente sur le terrain pour : voir la disposition du sol, vérifier sa faisabilité par rapport à la circulation, si la place fait objet d'une occupation ou destinée à un projet ; ou encore consulter les associations et autres organisations communautaires de la commune pour vérifier si elles ont prévu des réalisations sur les lieux.

Après cette étape, le service technique donne son avis et renvoie le dossier auprès du Maire qui accordera ou non l'autorisation d'occupation. La procédure est la même pour tous les types d'occupation. Le temps de l'instruction varie selon les demandes mais aussi du Maire qui peut signer ou non l'autorisation au moment voulu. L'étude

70

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

au niveau des services techniques peut prendre au plus une à deux semaines. Comme le montre le graphique ci-dessous, en générale le dossier a une réponse dans un délai d'une semaine. Certains cas prennent du temps allant jusqu'à des semaines voire des mois et cela est dû à l'envergure des installations ou des travaux à effectuer sur la voie, ou bien l'endroit en question fait l'objet d'une affectation quelconque pour une tierce personne ou une association. La commune doit d'abord s'assurer qu'il n'existe aucun conflit d'intérêt avant de procéder à une autorisation.

Figure I.11 : Durée de l'instruction pour un permis d'occuper

Plus d'un mois Un mois Deux semaines Une semaine

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50%

Delai d'instruction

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Cependant, l'instruction ne se base pas sur des normes déjà établies (comme dans le cas de la procédure d'autorisation de construire). Les critères utilisés sont l'encombrement, la nature domaniale du sol et l'existence d'un litige ou non mais ce qui détermine dans ce contexte reste en général un jugement subjectif et des négociations avec les différents acteurs concernés. Une situation qui pourrait expliquer pourquoi ces occupations constituent une contrainte pour les habitants et les piétons.

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.12 : L'instruction de l'autorisation pour occupation de la voie publique

Dépot au secrétariat du Maire

Renvoie du dossier au
Maire après avis des
services technique

Imputation à la direction
des services techniques

Arrivée du dossier chez le
chef de division chargé des

OVP

Descente sur le
terrain pour
l'étude des lieux

71

Source : enquête mémoire / Moussa Dicker 2016

L'autorisation est précaire et révocable conformément au Code du domaine l'État. Les redevances sont fixées soit par jour soit par mois le m2, ou encore par rapport à la nature de l'occupation ; par le conseil municipal et approuvé par le représentant de l'État (le sous-préfet). Les prix ne sont pas les mêmes dans les deux communes.

Tableau 6 : Redevances d'occupation dans la commune de Mermoz

Type d'occupation

Le montant de la redevance en FCFA

Cantine inférieur ou égale à 4 m2

8

000

Kiosque à pain

4

000

Kiosque à journaux

6

000

Container 20 pieds

25

000

 

72

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Container 40 pieds

50

000

Kiosque PMU

6

000

Table inférieure à 3 m2

4

000

Table supérieure à 3 m2

5

000

 

Source : procès-verbal de la commune de Mermoz n° 003/ 2014

Ces redevances sont payables chaque mois. Pour toutes autres installations autres que celles énumérées ci-dessus, le prix est de 1 500 F le m2, ainsi que les kiosques et cantines supérieures à 4 m2. A partir de 500 m2 et pour les parkings de vente de véhicules, la taxe est de 200 000 F.

Par contre la commune d'Ouakam fixe les prix au m2 par jour ou par mois. Les redevances ne sont pas les mêmes que celles de Mermoz. Les besoins financiers de chacune étant particuliers par rapport aux charges, les communes fixent les prix en tenant compte de la disponibilité foncière et des ressources qu'elle peut générer.

Tableau 7 : Redevances d'occupation dans la commune de Ouakam

Type d'occupation

Montant de la redevance en FCFA

Terrasses à café

1 000 /m2/mois

Ouvriers, mécaniciens, menuisiers

600 /m2/mois

Balises ou dispositifs de délimitation

700 /m2/mois

Décharges

200 /jour/mois

Cantines, containers, souks, gargotes, kiosques*

1 250 /m2/mois

Etalage devant magasin

800 /m2/mois

Tisserands

100 /m2/mois

Ateliers et garage

500 /m2/mois

Tailleurs de pierres

100 /jour/m2

 

Source : délibération du conseil de Ouakam n°02/03/14

*A l'exception de ces kiosques :

- Kiosque à pain : 3 000 FCFA /mois

- Kiosque à journaux : 4 000 FCFA /mois

- Autres kiosques : 6 000 FCFA/mois

73

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

L'appréciation des taxes varie selon l'occupant, chacun payant un montant différent. Comme le montre le diagramme ci-dessous, plus de la moitié (55%) trouvent que les redevances sont moyennes. Ceux-ci occupent des superficies qui ne sont pas grandes et leurs installations ne correspondent pas à ceux qui coutent chères le m2.

Figure I.13 : Appréciation de la taxe par les occupants

Moins chèr

Moyen

Tros chèr

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Niveau d'appréciation

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker

Les taxes semblent être moins chères pour les tabliers, les chariots et toutes autres étales qui paient une somme infime soit par jour, soit par semaine ou par mois. Les parkings de vente et les stations de lavage sont les plus taxés et considèrent donc que ces taxes sont trop chères.

La taxation sur la voie publique varie donc entre les deux communes. Pour le paiement, il doit être fait au plus tard le 10 de chaque mois ou le 31 mars de chaque année. Le choix du moment de payer revient aux occupants : payer par année ou par mois. Les occupations irrégulières sont déguerpies après une sommation pour libérer la voie publique.

Les recettes générées par les occupations à la voie publique représentent 4% dans le budget de la commune de Ouakam de 2016 (soit 52 millions sur 1.3 milliards de FCFA) et de 16 % dans celui de Mermoz Sacré-Coeur, soit 200 millions de FCFA pour 1.2 milliards. Ces montants sont des estimations dans l'élaboration du budget. Ils peuvent être atteints ou bien dépassés durant l'exercice de cette année. La différence entre les deux communes réside d'abord dans le montant des redevances qui sont plus

74

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

élevées au niveau de la commune de Mermoz Sacré-Coeur (par exemple kiosque à pain 4 000 F à Mermoz contre 3 000 à Ouakam ; Containers entre 25 000 à 50 000 à Mermoz et 1 250 à Ouakam).

La commune de Ouakam a certes un marché autour duquel il peut y avoir de nombreux occupants. Tous ces occupants n'ont pas évidemment une autorisation et échappe souvent au contrôle des autorités. Ceux qui n'y échappent pas payent de patente quotidienne ou hebdomadaire moins chère (150 F à 200 F). Dans la commune de Mermoz, il existe des occupations dont les redevances sont considérables telles que le parking, les kiosques et containers. La commune n'ayant pas d'équipements marchands, profite des occupations sur la voie pour combler ce manque. Car depuis la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013, les communes ont à leur charge certains équipements tels que les hôpitaux voire le paiement des salaires des employés. De ce fait, les occupations ne sont pas toutes conformes aux normes et dispositions de la voie. L'analyse de ces occupations au chapitre suivant démontre avec plus de détails.

I.2.2. Analyses des occupations de la voie

publique

 

Les occupations sur la voie publique ne se font pas dans une même logique. Les personnes qui s'installent sur la voie l'aménagent par rapport à leur besoin ou l'activité qu'elles exercent. Ainsi la superficie, les types d'installations ainsi que la durée de l'occupation varient selon les occupants et leurs activités.

I.2.2.1. Les occupations réguliers et non réguliers

La gestion de la voie publique dans la Ville de Dakar a souvent opposé les agents municipaux et les occupants irréguliers (sans autorisation). Dans la zone de cette étude, les agents des municipalités sont beaucoup plus vigilants à cette question. La voie est une source de revenus pour les communes qui font face à des difficultés financières, depuis qu'elles sont érigées en communes de plein exercice. Toutefois, il faut noter la présence des occupants qui n'ont pas d'autorisation mais qui s'installent sur la voie publique.

75

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.14 : Répartition des occupants selon la régularité

37%

Oui Non

63%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les occupants enquêtés sur les voies ont en majorité une autorisation ou un permis pour s'installer sur la voie. Cette particularité s'explique par le fait que les deux municipalités s'adaptent continuellement aux réalités et trouvent de modalité pour régulariser les occupants. Néanmoins, une partie considérable des occupants est toujours installée sur la voie sans autorisation. Ces occupants évoquent diverses raisons pour expliquer leur irrégularité et cela est présenté par le graphique ci-dessous.

Figure I.15: Raisons avancée par les irréguliers

14%

12% 10% 8% 6% 4% 2% 0%

 
 

Ignorance lourdeur

administrative

Procédure couteuse Autre

Raison d'irrégularité

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

76

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Les occupants irréguliers ignorent pour la plupart (13% d'entre eux) que l'occupation de la voie nécessite une autorisation préalable. Ils ont une perception différente de la voie publique : la rue est un bien commun, cela appartient à tout le monde et chacun peut en disposer à sa façon. La régularité des occupants dépend aussi des types activités et de types d'occupation. Certaines occupations ne peuvent pas échapper à la surveillance de la commune de par leur importance en matière de taxe. Les agents de la commune se chargent d'interdire ces occupations irrégulière, 31% d'entre eux affirment que la commune les a interdits l'occupation contre 50% auprès duquel la commune n'est pas intervenue.

Figure I.16 : La régularité des occupants par activités

120% 100% 80% 60% 40% 20%

0%

 
 
 
 

Autre Boutiquier Garagiste Restaurateur Vendeur de Vente et

fruits location de

véhicules

Non Oui

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les propriétaires de parking de vente et les boutiquiers occupent tous régulièrement la voie publique. Les taxes liées à ces occupations sont importantes et la commune veille à ce qu'elles aient une autorisation avant de s'installer. Quant aux garagistes, vendeurs de fruits, restaurateurs et les diverses activités, leurs installations sont souvent effectuées sans permis. Même dans ces conditions, les communes arrivent à percevoir les taxes sur les occupants. Elles sont soit hebdomadaires, mensuelles, voire quotidiennes (appelée communément «djouti«). Ainsi, 83% des occupants irréguliers payent ces taxes contre 17% qui ne le paient pas. Pour mesurer l'ampleur de ces occupations, leur durée sur la voie nous permettra d'édifier comment la commune gère la voie dans le temps.

77

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

En effet la durée des occupations peut déterminer l'ampleur de ces dernières sur les voies dans les deux communes et particulièrement sur les voies où les enquêtes ont été effectuées.

Figure I.17 : Répartition de la durée des occupations

Plus de Tois ans Deux - Trois ans Un - Deux ans Six mois - Un an Zéro - Six mois

 
 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Durée de l'occupation

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Ce graphique, illustre le nombre de temps que les occupants ont fait sur la voie. Ainsi, 32% ont fait plus de trois ans sur cette voie. Mais, à coté 31% ont fait entre 0 et 6 mois sur la même voie. A ce niveau, ceux qui ont fait 6 mois viennent juste d'arriver parce qu'ils ont été déguerpis de là où ils étaient avant. Il y a aussi une forte communauté d'étrangers qui a pris la place d'un de leur compatriote qu'il occupait avant. Ceci est valable pour les 11% qui ont entre 6 mois et 1 an. Cependant, certains occupent cette voie depuis un à deux ans soit 19% des occupants et d'autre depuis deux à trois ans soit 7%.

Les occupations dans la zone ne sont pas donc toutes nouvelles. La zone devient de plus en plus attractive pour les services et nombreux acteurs y s'installent. La commune quant à elle essaie de tirer un maximum de profits à travers ces installations en instaurant des taxes au m2 et par types d'installation. Certains occupants exercent pour la première fois leur activité en s'installant dans ces communes.

78

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.18 : Répartition des avis sur les activités nouvelles

43%

Oui Non

57%

Source .
· enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Une majeure partie des occupants exercent leur activité pour la première fois en s'installant dans la zone de notre étude. Ces activités sont la vente de café, la vente de fruit et légume, la restauration, le lavage automobile et la vente de voiture. Pour ceux qui exerçaient déjà leur activité, ils étaient installés en grande partie dans la ville de Dakar comme le montre le diagramme ci-dessous.

Figure I.19 : Anciens lieux d'exercice

Hors de la région de Dakar

Hors de la Ville de Dakar

Ville de Dakar

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Ancien lieu d'exercice

Source .
· enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

En effet 63% exerçaient dans la ville de Dakar avant de déménager ici. 29% étaient hors de la ville de Dakar (principalement dans la banlieue). Ceux qui étaient hors de

79

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

la région de Dakar et qui viennent nouvellement s'installer ici ne représentent que 8%. Ces arrivants ont différents motifs : déguerpissement, coût du loyer, raison familiale, etc.

Figure I.20 : Motifs de déménagement

30%

25% 20% 15% 10% 5% 0%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Interroger sur les motifs de déménagements, 49% (autre) ont évoqué des raisons personnelles, ou soit parce que le marché est plus dynamique dans cette zone. 33% affirment qu'ils ont été déguerpis par les autorités de leurs anciens lieux de vente et qu'ils ont trouvé cet endroit adéquat pour se réinstaller. Ceux qui affirment qu'ils trouvaient leurs lieux de vente moins rentable représentent 15% des enquêtés, contre 3% seulement qui ont évoqué des raisons de taxes (chères).

La mobilité des occupants est intra urbaine dans ce contexte. Cela peut être expliqué par la théorie des lieux centraux50. La zone de Mermoz et Ouakam - sous l'avantage des infrastructures comme la VND - offre une centralité au niveau de la ville de Dakar. En plus, les activités exercées sur ces voies ciblent une clientèle offerte par les flux quotidiens, mais aussi certaines d'entre elles « appellent » d'autres activités (la restauration et les parkings de vente par exemple). Ce sont souvent des activités dont les clients doivent se déplacer pour bénéficier d'un bien ou d'un service. Ainsi, l'accessibilité de la zone est l'un des avantages que les différents occupants veulent en bénéficier.

50 La théorie est fondée sur la distinction entre des centres, qui sont le siège d'une offre de biens et de services, et des périphéries (région complémentaire du centre) où réside la demande, la population utilisatrice. Elle a été fondée par W. Christaller et A. Lösch en 1933.

80

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

I.2.2.2. Les installations sur la voie : de l'étale à la construction en dure

La municipalité autorise l'occupation sur la voie publique avec des installations précaires et démontable à tout moment. Cependant, toutes les occupations ne sont pas conformes à cette règle.

Figure I.21 : Répartition des types d'installation

Autre Chariot Container Etale Enclos demontable Construction en dur

 
 
 
 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Types d'installation

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Parmi tous les types d'installation de vente répertoriés lors de nos enquêtes, les étalages sont largement représentés 29%, suivis des enclos démontables qui représentent 21%. Ces derniers sont essentiellement occupés par les vendeurs de voitures. Certaines installations ont moins d'ampleur (les chariots par exemple) et peuvent être délogées à tout moment. En outre, le constat en est que certaines constructions ne respectent pas la règle fixée par la municipalité, celle de s'installer avec des matériaux précaires (les constructions en dur qui représentent 13 % des installations).

Les différentes occupations sur la voie n'ont pas la même envergure. L'occupation de l'espace se fait par rapport à l'activité exercée. De ce fait, certaines activités nécessitent plus d'espace, avec des installations particulières (station de lavage et nettoyage). Le respect des normes est assuré par la commune durant l'instruction du dossier mais aussi durant et après l'occupation de la voie. Cependant, la réalité fait montre d'une situation différente.

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Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Image I.1 : Illustration des installations en dure sur la voie

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les occupants qui construisent en dur sont souvent les vendeurs de véhicules et les stations de lavage. Ceux-ci délimitent leur zone, y installent parfois des containers et l'embellissent pour donner une belle image aux clients. Cette transformation de la voie est effectuée sans harmonie et d'une manière non coordonnée. Certains occupants respectent les normes et s'installent avec des matériaux démontables. Les étales et les chariots quant à eux n'occupent qu'une petite partie et s'installe d'une manière précaire.

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Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Image I.2 : Illustration des installations précaires

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

En outre, en plus de ces types d'occupations répertoriés durant les enquêtes, il en existe d'autres sur ces voies qui sont effectuées parfois sans autorisations : les parkings de stationnement privé, l'aménagement des devantures des maisons, l'installation des groupes électrogènes, etc. Les parkings de stationnement sont privatisés souvent par des sociétés ou autres types de services installés en face de la voie dont les clients ou les employés ont des moyens de déplacement motorisés. Certains sont arbitraires et on y trouve même des carcasses des voitures. Les aménagements concernent en même temps certains services et des logements qui embellissent leur façade en pavant et plantant des fleurs tout au long de leur mur.

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Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Image I.3 : Les autres types d'occupations

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

I.2.2.3. La superficie occupée par les installations sur la voie

Les superficies des installations sur la voie publique varient selon l'activité exercée. Certaines activités requièrent une grande surface contrairement à d'autres. Cela dépend aussi de la capacité de l'occupant à pouvoir payer le prix au m2 car la commune fixe les redevances au m2 sur une durée déterminée.

84

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.22 : Répartition des superficies des occupations

0 - 100 m2 100 - 150 m2 150 - 200 m2 200 - 250 m2 + 250 m2

1% 3%

7%

10%

79%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Une part importante des occupants (79%) est installée sur une superficie comprise entre 0 et 100 m2. Ces petits espaces sont occupés par des charriotes de café et des petits étalages des vendeuses et des vendeurs de fruits et légumes, des vendeuses d'arachides ainsi que de gargotes. Les espaces compris entre 100 -150 m2 représentent 10% avec comme occupant des cantines et kiosques de journaux, etc. A côté de ces derniers, il y a les laveurs de voitures qui représentent 1% et qui occupent une superficie de 150-200 m2. En outre, une forte concentration de concessionnaires automobile est notée sur ces voies. Ces derniers représentent avec les stations de lavage les intervalles restant allant de 200 m2 à + 250 m2.

I.2.2.4. Les parkings de vente de véhicules, une occupation inédite en prolifération dans la zone

Les parkings de vente, qui représentent 19% des activités exercées dans cette zone, sont des occupations particulières. S'étalant sur plusieurs mètres carrés, ces types d'installations sont de plus en plus constants dans la zone. Les dispositions des voies (leurs largeurs et la disponibilité d'espace libre entre les chaussées et les habitations) facilitent leur installation. Les communes, depuis 2013, sont dans un processus de décentralisation. Elles ont plus de charges et leurs ressources sont insuffisantes. Ainsi, les installations de parking de vente leur apportent beaucoup (200 000 Fr par exemple pour la commune de Mermoz Sacré-Coeur) en matière de recettes.

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Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Les artères favoris de ces commerciaux sont la VDN, le Boulevard du Koweït et la rue allant du rondpoint de la Boulangerie Jaune jusqu'au Collège Sacré-Coeur. Proportionnellement à la superficie qu'ils occupent, le nombre de voiture varie d'un parc à un autre.

Figure I.23 : Répartition du nombre de voiture

plus de 30 20 à 30 10 à 20 0 à 10

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Nombre de voiture

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

De tous les concessionnaires répertoriés et enquêtés, la majorité (57%) dispose entre 10 à 20 voitures dans leur parc, sur une superficie comprise entre 200 et 250 m2. Ceux qui disposent entre 0 à 10, de 20 à 30 et plus de 30 voitures dans leur parc représentent tous 14%. Cela nous montre l'envergure des parcs dans la zone où tout au long de la voie on n'aperçoit que des véhicules stationnés. Plus l'occupant a de voitures, plus il nécessite d'espace.

Suivant cette dynamique (vu que les occupations de ce type sont de plus en plus fréquentes), ces voies deviendront un grand centre de vente et location de véhicule sans oublier les conséquences qui pourront s'ensuivre. Dans la ville de Dakar, l'étalement et la densification ont entraîné une réduction de l'espace mais aussi la hausse du prix du foncier. Les vendeurs de véhicules n'ont pas tous les moyens pour s'offrir des grands espaces pour exercer leur métier. Par contre, la voie publique - surtout celle-ci ayant fait l'objet de notre étude - leur offre une alternative. C'est aussi l'une des raisons de l'afflux de ces commerciaux dans cette zone.

86

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

La vente de véhicule se fait dans un temps assez important. Les voitures ne peuvent être écoulées - toutes - en une semaine ou en un mois.

Figure I.24 : Nombre de vente par semaine

10

12

10

8

6

4

1 1

2

0

0 à 05 05 à 10 20 à 20

Nombre de vente/ semaine

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les concessionnaires qui arrivent à vendre jusqu'à 5, 10 à 20 voitures par semaine ne représentent que 8%. Par contre, nombreux sont ceux qui arrivent à vendre uniquement entre 0 à 5 voitures par semaine soit 83 %. La vente de véhicule ne se fait pas rapidement dans le temps. Tout dépend de la disponibilité des clients. Même si la vente prend du temps, elle a son importance au niveau de revenu car une seule voiture vendue peu valoir plus d'un million de FCFA.

Figure I.25 : Répartition des clients visiteurs par jour

20 à 30

10 à 20

5 à 10

0 à 5

 
 
 

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%

Clients/jour

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

87

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Chaque jour, les propriétaires de parking reçoivent des visites par des clients potentiels. 7% des vendeurs reçoivent entre 20 à 30 clients par jour mais peu arrivent à en acheter, suivi de 29% qui reçoivent entre 10 à 20 clients par jour. Ceux qui reçoivent entre 5 à 10 clients par jour représentent 36%, soit le pourcentage le plus élevé des vendeurs. 29% reçoivent moins de 5 clients par jour. Les visites quotidiennes enregistrées montrent l'accessibilité des parkings sur ces voies même si pour la plupart les visiteurs n'achètent pas de véhicules.

Figure I.26 : Répartition des provenances des voitures

Autre

Europe

USA

Italie

Belgique

Allemagne

Espagne

France

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les véhicules dans les parkings proviennent de différents horizons. Parmi elles, 96% proviennent de l'Europe, notamment des pays comme : l'Italie (15%), la Belgique (23%), l'Allemagne (6%) ; l'Espagne (10%) et la France (21%). Les voitures en provenance des Etats-Unis ne représentent que 21%. Et les 4% (autres) des pays du moyen orient (Dubaï) et de l'Asie. L'importation des véhicules est devenue intense depuis que le gouvernement a autorisé l'importation des véhicules datant de plus de Cinq (05) ans. Les vendeurs diversifient donc la provenance des voitures pour trouver celles qui sont à bon prix.

88

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

L'étude de la gestion et de l'occupation de la voie publique dans les deux communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur a été, somme toute, un moyen de saisir les dynamiques de l'organisation de l'espace et analyser la gestion de cet espace public particulier. La voie publique aménagée avec des fonctions précises (circulation) accueille des activités de nature diverse qui finissent par la façonner au fil du temps. L'espace est donc reproduit à travers ces interactions sociales : « l'espace peut être considéré comme le produit (au sens large) de l'activité sociale. Il est le signe et le résultat des activités et des luttes des divers groupes. Il est l'objet de processus d'appropriation ».

La gestion de la voie est assurée par la municipalité. Les procédures administratives sont identiques dans les deux communes (sauf pour les redevances). Les acteurs fournissent les efforts pour bien gérer cet espace, mais ils sont sous la contrainte de certains facteurs (manque de ressources humaines et financières). Cela a des conséquences sur la manière dont ils gèrent qui impacte à son niveau l'occupation de la voie. C'est en effet le cas de certaines occupations qui ne sont pas dans les normes de précarité (les constructions en dur des parkings et stations de lavage) des installations sur ce domaine. Car la municipalité est moins regardante sur ces normes si l'occupant s'acquitte des redevances.

Les caractéristiques sociodémographiques constituent aussi des facteurs d'analyse des occupations sur la voie publique. L'activité exercée, le niveau d'étude, le revenu peuvent influencer les installations (le type, la superficie occupée) mais aussi la régularité des occupations.

La gestion et l'occupation des voies dans ces communes démontrent quelques irrégularités. Ce qui peut constituer un effet de nuisance aux autres usagers de la voie et aux populations riveraines. La perception des occupants influence l'occupation, mais l'impact de ces occupations peut aussi influencer la perception des populations.

89

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

I.3. L'impact des occupations sur la population et appréciation de la gestion des voies des différents acteurs

La voie publique est perçue par les acteurs d'une manière distincte. La perception que chacun a de la voie influence sa manière d'utiliser la voie. Les différentes installations sur la voie ne sont pas sans conséquence ; elles ont un impact sur la population (passants et les habitants riverains) voire sur la configuration de l'espace. Les agents des communes affirment qu'ils prennent en compte ces différents impacts lors de l'attribution du permis d'occupation, mais en réalité les populations se plaignent de ces installations. Nous allons ainsi analyser les différentes nuisances liées à ces occupations et l'appréciation de la population des différents usages de la voie et de sa gestion.

I.3.1. Les occupants et leur perception de la voie

La voie ne représente pas la même chose pour tout un chacun. Les occupants qui s'installent sur la voie ont pour seul but d'exercer une activité économique (du moins ceux qui ont fait l'objet de notre étude). De ce fait bon nombre d'entre eux (89%) considèrent que la voie publique est un support pour leurs activités. Cela joue donc sur leur façon d'occuper la voie et par là peuvent constituer de source de nuisance pour les autres usagers de la voie.

Figure I.27 : Perception de la voie par les occupants

Espace de circulation

Espace de détente et de loisir

Un espace d'expression

Un support pour les activités

 
 

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

90

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Rares sont ceux qui pensent à la dimension récréative de la voie. La voie en tant qu'espace de circulation et d'expression n'est pas importante pour les occupants. Le seul côté qui leur intéresse est le support pour leur activité. Cela s'explique par le fait que ces voies ne sont pas aménagées pour d'autres usages à part la circulation et les espaces libres entre les chaussées sont occupées par ces occupants pour exercer leur activité. En plus, les occupants ne sont pas sensibilisés sur les fonctions de la voie, ni sur les effets des occupations. Une personne vient s'installer, une autre la suit et ainsi de suite les occupations se prolifèrent. Les occupants savent que la voie est destinée pour des fonctions particulières (la circulation), mais les pratiques influencent de même la perception qu'ils ont de cet espace.

I.3.2. L'appréciation des occupations par la population

La vie en milieu urbain est souvent agitée à cause des mouvements quotidiens, le bruit des engins, etc. Avoir un cadre de vie calme et paisible est une préoccupation de tout citadin. Dans le contexte de notre étude, la population qui habite non loin des voies et les piétons enquêtés ont tous le même avis sur les occupations de la voie publique. Respectivement, chaque catégorie trouve que ces installations sont inappropriées. L'appréciation de ces populations peut être justifiée par le niveau de nuisance des occupations.

Figure I.28 : L'appréciation des installations sur la voie

80%

70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 
 

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

91

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

En effet, les occupations produisent de nuisances à différents niveaux. Cela peut être du bruit, de l'insalubrité ou encore une entrave à la circulation. Les occupants ne prennent pas en compte tous ces détails en s'installant et créent ainsi ces désagréments au niveau de la population.

I.3.3. Les nuisances des occupations sur la voie

L'impact des occupations sur la voie se traduit en termes de nuisance sur ces dernières. Une majorité parmi les enquêtés au niveau des ménages et les piétons affirme être touchée par ces nuisances comme l'on peut constater dans le diagramme ci-dessous.

Figure I.29 : La part des personnes impactés par les occupations

Non

Oui

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Ménages rivérains Passants (piéton)

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

A la question de savoir si les occupations nuisent-elles, plus de la moitié de la population enquêtés répond à l'affirmatif. Les occupants impactent donc les populations à plusieurs niveaux et de différentes manières. Parmi eux, certains affirment (56%) s'occuper de leur production de déchets, mais aussi ne produisent aucun bruit (93%). Mais pour les populations, la situation se présente autrement, car nous avons répertorié différents types de nuisance que les populations ont soulevée.

92

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.30 : Les différents types de nuisances

Autre Risque d'accidents Encombrement Bruit Insalubrité

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Passants (piéton) Ménages rivérains

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les ménages riverains et les piétons sont tous impactés par les occupations. Pour les ménages, l'encombrement des voies et l'insalubrité sont les plus grandes nuisances. Pour les piétons, ce sont l'encombrement et le risque d'accident. Certains occupants, en s'installant, mettent des barrières sur les voies (parking de vente par exemple) et cela agace les ménages et les piétons qui veulent traverser la voie. Les piétons se retrouvent souvent sur les chaussées partageant ainsi avec les voitures cet espace et courent un risque d'accident en permanence d'autant plus que 73% des piétons enquêtés empruntent fréquemment ces voies. Parmi les autres nuisances, on peut souligner le fait que les occupants dénaturent le paysage, une disharmonie avec le cadre urbain, mais aussi l'insécurité des personnes.

Face à ces problèmes, les populations ne signalent pas cependant leur situation à la municipalité. Au niveau des ménages, 3 sur 14 seulement en ont signalé. Quant au fait de discuter de ces nuisances avec les occupants, uniquement 1/16 en ont fait. Cela aurait pu mettre la pression à la commune et aux occupants afin qu'ils limitent les nuisances liées aux occupations sur la voie. Pis encore, la majorité des ménages et des piétons s'approvisionnement auprès de ces occupants.

93

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.31 : niveau d'approvisionnement des populations

Ménages rivérains

Passants (piétons)

 
 
 

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Non Oui

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

En effet, les ménages et les piétons pour une part de 56% chacun s'approvisionnent auprès des occupants. Ces derniers offrent des produits au détail et accessibles par ces populations sans effectuer un long déplacement au marché. Vue cette situation, nous pouvons dire que les occupants sont encouragés dans leur position quand la population vient acheter quelque chose auprès de lui. Même si les ménages et les piétons se plaignent, ils cautionnent d'une part les installations sur la voie.

I.3.4. L'appréciation de la gestion des voies publiques

Les avis divergent sur la gestion des voies par la commune. Interrogés sur cette question, occupants, ménages et passants répondent par rapport à leur position et leur cadre de vie, c'est-à-dire que chacun voit la gestion de la commune par rapport à son usage (les piétons s'intéressent à la circulation par exemple).

94

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Figure I.32 : Appréciation des différents acteurs de la gestion de la voie

60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ménages Occupants Passants (piétons)

 
 

Source : enquêtes mémoire / Moussa Dicker 2016

Les appréciations sont en général favorables. Toutes les trois catégories appréciation moyennement le travail de la municipalité. Et exceptionnellement parmi les occupants, 42% trouvent qu'elle est bonne et 3% très bonne. Ces chiffres s'expliquent par le fait que tous les jours, une voiture passe ramasser les ordures et des travailleurs nettoient les rues.

Par contre, ceux qui trouvent que la gestion est mauvaise représentent aussi une part importante (44% des ménages, 26% des passants et 16% des occupants). Pour les ménages et les passants, cette mauvaise appréciation est liée aux nuisances que causent les occupations autorisées par la commune. Quant aux occupants, ce sont les déguerpissements temporaires et le harcèlement des agents leurs principaux soucis.

L'impact des occupations sur le cadre de vie de la population est souvent ignoré par les occupants eux-mêmes et les acteurs de la municipalité. Les populations n'ont pas tout à fait une bonne perception des différentes occupations parce que ces dernières les gênent à un moment donné. Une mauvaise gestion entraîne des occupations irrégulières ou anarchiques qui ont à leur niveau des effets sur les autres usagers de la voie. Même si la commune est généralement bien appréciée, il reste que la gestion des occupations sur la voie est toujours problématique. Les causes sont plus ou moins connues et, de ce fait, des dispositions peuvent être prises afin d'améliorer la situation.

95

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Chapitre III : Recommandations

Au vu des différentes contraintes qui ont été soulevées dans les analyses, quelques recommandations vont être proposées afin dans le sens d'améliorer les conditions des différents acteurs. Ces recommandations prennent en compte les préoccupations des différentes parties prenantes.

III.1. Les recommandations générales

Les contraintes rencontrées par les acteurs et les usagers se présentent à différents niveaux. Certains problèmes sont d'ordre général et requièrent l'attention des autorités supérieures (l'Etat par exemple). C'est le cas de la règlementation dans les textes (surtout en matière d'urbanisme) où il faudrait prendre en compte des dispositions relatives aux espaces publics en général et à la voie publique particulièrement.

En effet, dans les différents textes (codes de l'urbanisme, des collectivités ou encore du domaine de l'Etat), il n'existe pas des normes spécifiques aux différentes installations. Des normes qui auraient pu aider les acteurs durant l'instruction pour prendre des décisions nécessaires liées aux types d'installation. Car il est ressorti de notre étude que les occupations n'ont pas les mêmes envergures et s'installent distinctement sur la voie. L'intégration de ces normes dans les textes nécessiterait certes une réforme. Mais une actualisation de ces textes dans le contexte actuel (où les collectivités ont plus de responsabilités) permettrait aux municipalités de mettre en place des outils de gestion beaucoup plus efficaces.

Les communes sont aussi limitées à cause du manque de ressources, surtout financières. C'est à cause de ce handicap que les communes sont complaisantes face au non-respect des normes en se focalisant sur les redevances des occupants. Un transfert des moyens en même temps que celui des compétences - déjà enclenché - permettrait aux municipalités de recruter des ressources humaines qualifiées mais aussi de disposer des outils nécessaires pour assurer une bonne gestion de leur territoire. L'Etat peut donc intervenir à ces niveaux pour contribuer à l'amélioration de la situation des acteurs.

96

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

A l'échelle des communes, il existe des solutions plus technique et à la portée des gestionnaires de la voie publique. Ces recommandations se regroupent en trois (03) catégories :

· Mettre en place un dispositif de contrôle avec des outils mieux adaptés pour la gestion de la voie publique

· Aménager les voies pour mieux contrôler les installations

· Créer un cadre de dialogue avec les occupants afin d'éviter tout conflit entre les acteurs

· Mettre en place un cadre de sensibilisation

III.2. Les recommandations spécifiques

Les solutions proposées dans les recommandations générales peuvent être détaillées à ce niveau et ainsi leur mise en place sera facile.

III.2.1. La mise en place d'un dispositif de contrôle avec des outils adaptés

· Mettre en place un outil SIG et

· Créer une base de données foncière de la commune

· Élaborer des documents cartographiques parcellaires des espaces publics

· Faire un recensement de tous les occupants

· Réalisation des enquêtes (auprès de toutes les parties prenantes) pour la création de la base de données

· Instaurer des normes spécifiques relatives aux différents types d'installation

· Renforcer le dispositif de contrôle

· Élaboration de logiciels de gestion des données urbaines

III.2.2. Aménager les voies

· Faire un zonage de la voie publique et des espaces publics en général : zone des équipements marchands, zone de circulation, zone de récréation, etc.

· Paver les emprises de la voie

· Mettre en place les éclairages

· Aménager des espaces verts pour vivifier ces espaces

97

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

III.2.3. Mettre en place un cadre de sensibilisation

? Faire des descentes régulièrement pour sensibiliser la population

? Concerter et impliquer les populations et les occupants dans les prises de décisions

? Restituer publiquement des dispositions prises qui sont relatives à la gestion des espaces publics

? Impliquer la population dans le contrôle de ces espaces

Ces recommandations ne sont pas exhaustives, mais peuvent être un départ pour la résolution des différents problèmes liés à l'occupation et la gestion des voies - et des espaces publics. Le déguerpissement n'est pas une solution pérenne. Ces solutions s'inscrivent dans le long terme. L'étude des occupants (qui peut être renforcée par d'autres recherches) permet de comprendre les dynamiques des occupations et d'agir en conséquence. La maîtrise des occupants est importante pour contrôler les différentes installations.

« Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi » disait Nelson Mandela. L'implication de la population dans la gestion des espaces est ainsi essentielle pour rendre efficace les différentes actions. Elle peut être un relais des bonnes pratiques pour tous les acteurs. C'est aussi un moyen de pérenniser les initiatives en matière de gestion de la voie. Etant directement touchée par les effets des occupations, la population sera plus disposée à aider la commune dans ses tâches - si cette dernière l'implique.

98

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

III.3. Le plan d'action des recommandations Tableau n°8 : Plan d'action des différentes propositions

Propositions

objectifs

Acteurs

Contraintes

Résultats attendus

Mettre en place un outil SIG

Avoir un contrôle du territoire ;

Analyser et suivre les données

Améliorer la gestion du patrimoine foncier

Communes ; partenaires

Coût élevé ;

Manque de personnes qualifiées

Création d'une base de données cartographique et foncière ;

Maitrise des occupations sur la voie

Élaborer des documents cartographiques parcellaires des espaces publics

Faciliter le contrôle des espaces publics ; Maîtriser la gestion de ces espaces

Communes ; partenaires

Coût élevé ;

Manque de personnes qualifiées ;

Longue durée de réalisation

Une bonne gestion de la voie ;

Renforcement des outils de

gestion

 

99

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Faire un recensement des occupants

Contrôler les occupations ;

Maîtriser les recettes

Communes ; partenaires

Coût élevé ;

Complications avec les occupants ;

Mise en place d'une base de données des occupants

Organisation des occupants Recouvrement des recettes

Renforcer le dispositif de contrôle

Dissuader les

occupations irrégulières et anarchiques

Communes

Non coopération des occupants

L'éradication des occupations

irrégulières et anarchiques

Instaurer des normes spécifiques

Contrôler les installations ;

Réduire l'impact des occupations

Communes ; l'Etat

Risque de refus de collaboration des occupants

La mise en place des règles de bases

pour les différentes procédures
administratives

Réalisation des enquêtes (auprès de toutes les parties prenantes)

Avoir une base de données urbaines

Communes ; partenaires

Le coût élevé ; le temps

Création de base de données pour l'élaboration des plans ;

Cartographie (thématique) des

données

 

100

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Élaboration de logiciels de gestion des données urbaines

Faciliter le recueil et le traitement des données ;

Maîtriser, accroître et consolider les ressources financières

Communes ; partenaires

Coût élevé ;

Manque de personnes qualifiées

Mise en place d'un outil de

traitement et d'analyse ;

Améliorer les procédures

administratives ;

Recouvrement des recettes

Faire un zonage

Délimiter les zones ; Contrôler les occupations

Communes

Manques de ressources;

Organisation de l'espace ; Réduction des nuisances ; Stabilisation des occupants

Paver les emprises

Réduire les espaces non aménagés

Communes ; partenaires

Coût élevé

Rationalisation de l'espace ; Mise en valeur des espaces

Mettre en place les éclairages

Réduire l'insécurité ;

Communes ; Etat

-

Fréquentation des voies jour et nuit ; Réduction de l'insécurité

 

101

Troisième partie : présentation des résultats et recommandations

Aménager des espaces verts

Améliorer l'esthétique ;

Créer une zone d'attraction

Communes ;

Etat et partenaires

Coût élevé ;

Entretien des espaces

Embellissement des voies ;

Augmentation des fréquentations

dans la zone

Faire des descentes régulièrement pour sensibiliser

Sensibiliser les occupants et la population sur les normes de la voie

Commune

-

Réduction des nuisances ; Prise de conscience des acteurs

Concerter et impliquer les populations et les occupants

Faire participer la population

Commune

Conflit d'intérêts

Réduction des occupations

anarchiques,

Sensibilisation de la population

Impliquer la population dans le contrôle

Renforcer le contrôle

Commune

-

Eradication des occupations

anarchiques et irrégulières ;

Optimisation de la collecte des taxes

 

102

CONCLUSION

Les espaces publics urbains sont organisés d'une manière à mettre en relation différents acteurs : « Tout espace urbain, qu'il soit réel ou idéal, est caractérisé par une répartition des activités et des hommes, une organisation de leurs relations » (Gilli Frédéric, 2001). L'Homme, quand il occupe un espace, a tendance à le spécialiser selon ses besoins et dans une logique bien déterminée (Von Thünen 1826). L'analyse de la problématique liée à m'occupation et de la gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et de Mermoz Sacré-Coeur a permis de caractériser les différents occupants, les types d'installation, les modalités de gestion de la voie ainsi que les différents impacts des occupations sur la population. La voie publique, en tant qu'espace publique, met en interaction différents acteurs au niveau de la ville.

Notre première hypothèse de départ stipule que « les caractéristiques des occupants déterminent les modes d'occupation sur la voie publique ». Les occupants sont majoritairement représentés par des hommes (71%) et des jeunes (54% la tranche d'âge 16 - 30 ans). Les activités qu'ils pratiquent sont variées avec des niveaux de revenus majoritairement faibles. Les types d'installations vont des simples étales aux constructions en dur. Mais au-delà de ces caractéristiques, les différentes occupations s'effectuent soit par rapport à l'activité exercée, soit les moyens dont dispose l'occupant. En effet, les vendeurs de café ont des chariots, les propriétaires de parking installent leurs containers et/ou construisent des enclos en dur, parfois démontables. Notre première hypothèse, à travers ces résultats, se confirme. En plus, il ressort que les activités récréatives ne sont presque pas présentes dans la zone.

La deuxième hypothèse de notre travail est la suivante : « Les procédures d'autorisation se font plutôt selon un standard défini par les acteurs de la commune selon la nature domaniale du lieu ». Selon les normes, l'occupation de la voie publique est précaire et révocable. La gestion de ces voies est donc une compétence des compétences de la commune. Durant la procédure pour l'octroi d'un permis d'occuper la voie, les services techniques, à part la norme évoquant la précarité de l'occupation, n'ont aucune autre règle sur laquelle ils doivent se baser. Ainsi donc, après analyse des différentes procédures dans les deux communes, l'hypothèse avancée se confirme car, il n'existe pas encore des normes urbanistiques sur lesquelles les agents peuvent se

103

baser pour instruire une demande. Mais aussi toutes les demandes sont traitées de la même manière, même si les types d'installation peuvent être différents.

Quant à la troisième hypothèse, elle affirme que « La perception que les populations ont de la voie publique et de ses usages est relative au niveau de nuisance de ces derniers sur leur cadre de vie ». Les occupations causent des nuisances et impactent les habitants riverains (68%) et les piétons (74%). Les riverains et les passants trouvent majoritairement ces occupations inappropriées. Ils considèrent qu'elles encombrent, salissent et à cause d'elles les passants courent des risques d'accident. De ce fait, les populations trouvent qu'à ce niveau, la commune n'assure pas bien son rôle et que les voies ne sont pas bien gérées. L'exception en est qu'une majorité d'entre elles trouve que la commune gère moyennement bien. Cette perception est liée à la salubrité de la voie qui est plus ou moins entretenue par la commune. Notre troisième hypothèse se confirme, mais il faut d'abord prendre en compte certains paramètres.

Les problèmes liés à l'occupation de la voie publique à Dakar sont nés avec la création de la ville elle-même. C'étaient des occupations anarchiques ou irrégulières qui arpentent les artères les plus fréquentées au niveau de la ville. On pouvait distinguer les mendiants, les tabliers, les vendeurs ambulants etc. Plus tard avec les différentes crises qui ont touché le pays, Dakar est sous une pression démographique. Cette vague de population pour s'adapter dans la ville s'ajoute aux occupants de la rue et aggrave le phénomène.

Les différentes communes ont donc pour combat régulier la lutte contre ces occupants ambulants et anarchiques. Ils encombrent les voies, salissent les passages et cause même des accidents de circulation. Les tentatives de déguerpissement sont nombreuses, mais le fléau ne cesse d'augmenter. Cependant, notre étude a porté sur les occupants qui sont fixes. Des nouveaux types d'occupation sont constatés au niveau des principales voies (VND) dans les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur. On compte parmi eux principalement les parkings de vente de véhicules et des stations de lavage et de nettoyage. Ces installations se multiplient en grand nombre sur ces artères au dépend de l'esthétique urbain et des préoccupations des populations concernées. Les communes, quant à elles cherchent à bénéficier des taxes à travers ces occupations et autorisent les installations qui sont pour les passants et habitants

104

riverains sources de nuisances. Et depuis la mise en oeuvre de l'Acte 03, les communes profitent de nouvelles compétences qui leur ont été transférées et autorisent des installations à leur guise, en priorisant les ressources qu'elles peuvent en tirer.

Ainsi se résume la situation des occupations et la gestion de la voie publique dans les communes de Ouakam et Mermoz Sacré-Coeur. Les recommandations qui ont été formulées peuvent contribuer dans la mise en place d'un cadre idéale pour l'amélioration des conditions de tous les acteurs. Elles ne sont certes exhaustives, mais apportent une solution à long terme aux différents problèmes des deux communes.

En dehors des objectifs fixés par cette étude, l'analyse des résultats ouvre la voie à d'autre recherche. Le manque des activités de loisir remarqué dans ces zones, la place du piéton dans le contexte actuel où la motorisation est remise en question, etc. sont des thématiques actuelles faiblement traitées dans cette étude. « La nature des déplacements influence la nature des frontages, et réciproquement. » (Nicolas Soulier, "Reconquérir les rues" 2012, p.136). Une étude à une échelle multi scalaire avec étude approfondie du phénomène contribuera à la compréhension des dynamiques liées à l'occupation de la voie publique.

105

BIBLIOGRAPHIE

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· Eric Dacheux, Les trois dimensions de l'espace public, 2008, p. 10-27.

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Ouvrages spécifiques (mémoires)

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· Elyse KOULGUEI, mutations socioéconomiques et transformation de l'habitat dans la commune d'arrondissement de HLM : cas de HLM I et II, mémoire ESEA 2012.

·

106

MBEMBO MBEMBO Laure Laurentia, problématique des activités informelles aux abords de la voie publique : cas de la route nationale n°1, tronçon Bontou Pikine-Poste, mémoire ESEA 2012. 103 p.

· MVOUNOU NJONA Phred Rommel, la problématique de l'occupation anarchique des abords des voies publiques de Dakar : cas des voies publiques de Médina ; mémoire ESEA 2008 p.5-7.

· NGANAT T. N. Chantal, les effets de l'alimentation de rues dans la zone urbaine de Dakar : cas des restauratrices de la ville de Rufisque, mémoire ESEA 2015, p.12.

Rapports, lois et dictionnaires

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· Schéma directeur d'aménagement et de développement territorial de la zone Dakar-Thiès-Mbour, rapport provisoire janvier 2015.

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·

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www.senenews.com publié le 09/02/2015 à 19:45

108

ANNEXES

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Questionnaire adressé aux ménages

2016 - ESEA

Cette enquête est réalisée dans le cadre d'un mémoire de fin d'étude portant sur l'occupation de la voie publique

Analyse de la perception

1. Comment qualifierez-mus les installations sur les voies publiques?

m 1. Appropriées 0 2. Non appropriées,

2. Est ce que ces occupations vous nuisent-elles?

m 1.Oui O 2. Non

3. Si 'Our, comment?

D 1. Insalubrité D 2. Bruit D 3. Encombrement 4. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases {3 au maximum).

La question n'est pertinente que si Nuisance des installations = "Oui"

4. Si 'Autre', préciser

La question n'est pertinente que si Niveau des nuisances = 'Autre"

5. En avez-mus parlé avec les occupants?

m 1.Oui O 2. Non

La question n'est pertinente que si Nuisance des installations = "Oui"

6. Les nuisances ont-elles diminué?

m 1.Oui O 2. Non

La question n'est pertinente que si Discussion avec les occupants = 'Oui"

7. En avez-vous signaler à la commune?

m 1.Oui O 2. Non

La question n'est pertinente que si Nuisance des installations = "Oui"

8. La commune est elle intervenue pour gerer la situation?

m 1.Oui 0 2. Non

La question n'est pertinente que si Perception des insta&utions = Won appropriées," ou Nuisance des installations = "Oui"

9. Comment trouvez-mus la gestion par la commune?

m I. Mauvaise O 2. Moyenne 0 3. Bonne

10. Vous approvisionnez-mus de ces occupants?

m 1.Oui O 2. Non

11. Quelles sont vos recommandations pour une bonne gestion de la mie?

Questionnaire adressé aux occupants

2016 - ESEA

Ce questionnaire est élaboré dans le cadre d'une récherche pédagogique pour un mémoire de fin d'étude.

Identification

1. Quel est votre genre?

m I.M 0

2. Quel est votre âge?

m 1.0-15 0 2. 16-30 0 3.31-45 0 4.46-60 0 5.60+

3. Quel est votre niveau d'élude?

m 1. Supérieur(Bac+) 0 2. Secondaire

m 3. Primaire 0 4. Alphabétisé

m 5. Daara 0 6. Non scolarisé

14. Si 'OUF où étiez-vous avant?

m 1. Ville de Dakar

m 2. Hors de la Ville de Dakar

m 3. Hors de la Légion de Dakar

la question n'est pertinente que si Nouvelle_activité = 'Oui"

15. Pourquoi avez-vous quitter votre ancienne place?

D 1. Déguerpis sement D 2. Moins rentable

D 3. Taxes chères D 4. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).

Ill question n'est pertinente que si Nouvelle_activité = 'Oui"

16. Si "Autre" préciser

4. Quel activité exercée-vous?

m 1. Vente et location de véhicules

m 3. Restaurateur

m 5. Vendeur de fiuits

m 2 Garagiste

m 4. Boutiquier

m 6. Autre

la question n'est pertinente que si Motif deménagement= 'Autre"

5. Si 'Autre', précisez :

6. Quel est en moyenne votre niveau de revenus par mois?

m 1.0-50000Fr O 2 50 000- 100 000 Fr

m 3. 100 000 - 200 000 f O 4.200 000 Fr et p lus

7. Exercez-vars une autre activité?

m 1.Oui 0 2. Non

8. Si 'Oui' précisez

m 1. Agriculteur 0 2. Etudiant 0 3. Attisant

m 4. Commerçant 0 5. Chauffeur 0 6. Autre La question n'est pertinente que si Autre activité = "Oui"

Analyse de l'occupation

9. Quel est votre type d'installation?

D 1. Construction en dur 2. Enclos demontable

D 3. Etale D 4. Container

q 5. Gille pour stockage D 6. Chariot

q 7. Autre

L

Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).

10, Si 'Autre', précisez :

11. Combien de superficie occupez-vous?

m L0 - 100 mz O 2 100 -150 nix O 3. 150 - 200 nix

m 4.200-250nif O 5.+250mz

12. Depuis quand occupez-vous cette place?

m 1. Zéro - Six mois 0 2. Six mois - Un an

m 3.Un- Deux ans 0 4. Deux- Trois ans

m 5. Plus de Ibis ans

13. Fkercez-vous cette activité avant de vous installez ici?

m I. Oui 0 2. Non

17. Pourquoi avez-vous choisi cette place?

D

110

I. Accessibilité des clients 2. Moins de contrôle

q 3. Taxe communale moins chère El 4. Visibilité

D 5. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases (3 au maximum).

18. Si 'Autre', précisez :

Information sur les vendeurs de véhicule

Cette catégorie est adressée uniquement aux vendeurs de véhicules.

19. Combien de véhicule disposez-vous?

m 1.0-10 0 2.10-20 0 3.20-30 0 4.+30 La question n'est pertinente que si Activtié = 'Vente et location de véhicules"

20, Combien de véhicules vendez-vous en moyen dans une semaine?

m 1.0-05 0 205-10 0 3.10-20 0 4. Plus de 20

La question n'est pertinente que si Activtié = 'Vente et location de véhicules"

21. Combien de visite de clients avez-vous par jour?

m 1.0-05 0 205-10 0 3.10-20

m 4.20-30 0 5.+30

La question n'est pertinente que si Artivtié = 'Vente et location de véhicules"

22. D'où proviennent vos véhicule?

D 1. France D 2. Espagne D 3. Allemagne

D 4. Belgique D 5. Italie D 6. USA

q 7. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases (6 au maximum).

la question n'est pertinente que si Activtié = 'Vente ei location de véhicules"

23. Si'Autre', précisez :

La question n'est pertinente que si Activtié = 'Vente et location de véhicules"

Dispositions règlementaires

24. Avez-vous une autorisation d'occuper?

m 1. Oui 0 2. Non

25. Si'Non', pour quelles raisons?

D L Ignorance 0 2. lourdeur administrative

q 3. Demande réfuser El 4. Procédure couteuse

q 5. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases (3 au maximum).

La question n'est pertinente que si Pennis_d'occup = 'Non"

26.1.a commune mus à-t-elle interdit l'occupation?

m I. Oui O 2. Non

La question n'est pertinente que si Pennis_d'occup =

27. Payez-mus la taxe même si mus n'avez pas de permis?

m 1. Oui 0 2. Non

La question n'est pertinente que si Permis_d'occup = 'Non"

28. Si mus avez de permis, il est délivré pour combien de temps?

m I. Zéro - Six mois 0 2. Six mois - Un an

m 3.Un-Deux ans 0 4. Plus de deux ans

m 5. Illimité

La question n'est pertinente que si Permis d'occup = "Oui"

29. Vous avez réçu votre permis dans combien de jours après le dépôt du dossier?

m 1. Une semaine 0 2. Deux semaines 0 3. Un mois

m 4. Plus d'un mois

La question n'est pertinente que si Pennis_d'occup = "Oui"

32. Produisez-mus déchets?

m

1.Oui O 2. Non

33. Si' Oui' ,les fierez-mus?

m I.Oui 0 2. Non

La question n'est pertinente que si Dechets_ordures = 'Pur'

34. Vos activités causent-elles du bruit?

m 1.Oui O 2. Non

35. Si'Oui',les habitants se plaignent-ils?

m ].Oui 0 2. Non

La question n'est pertinente que si Bruit = 'Oui"

36. Quelles mesures avoz-mus pris pour le reduire?

La question n'est pertinente que si Bruit =Oui"

37. Comment appreciez-sous le montant de la taxe?

m I. Tros chèr 0 2. Moyen 0 3. Moins chèr

La question n'est pertinente que si Permis_d'aec'up = "Oui"

38. Comment trouvez la gestion de la mie paNique par la commune?

m 1. Mauvaise 0 2, Moyenne 0 3. Bonne

m 4. Très bonne

39. Quelles sont les contraintes que mus rencontrez?

111

Perception et impacts

40. Quelles sont vos recommandation?

30. Qu'est ce que la voie pudique représente pour mus?

D

1. Un support pour les activités

D 2. Un espace d'expression

q 3. Espace de détente et de loisir

q 4. Espace de circulation

q 5. Autre

Vous pouvez cocher plusieurs cases {4 au maximum).

31. Si'Autre', précisez :

La question n'est pertinente que si Perception = 'Autre"

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Questionnaire adressé aux passants (piétons)

2016 - ESEA/UCAD

Ce questionnaire est adressé dans le cadre d'une recherche pédagogique (mémoire de fin d'étude) sur la problématique de la gestion et l'occupation de la voie publique. Merci de bien vouloir nous répondre.

1. Emprunter-vous fréquement cette voie?

m 1. Oui O 2. Non

2. Comment appréciez-vous les occupations sur celte voie publiquue?

m I. Appropriées 0 2. Innappropriées 0 3. Sans avis

3. Ces occupations vous contraignent-elles lors de entre déplacement sur cette voie?

m I. Oui O 2. Non

4. Si 'OUT, comment?

D 1. Encombrement D 2 Insalubrité D 3. Risque d'accidents 4. Autres

Vous pouvez cocher plusieurs cases.

La question n'est pertinente que si Contraintes dans la mobilité = "oui"

5. Acheter-vous des tiens auprès de ces occupants?

m 1. Oui O 2. Non

fi. Comment trouvez-Wons la gestion de la voie publique parla Mairie?

m 1. Bonne O 2. Assez-bonne O 3. Moyenne O 4. Mauvaise

1. Quelles solutions proposerez-vous pour un bon usage et une bonne gestion de la voie?






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand