III.2. historique de la violences sexuelles
Pendant des siècles, la violence sexuelle en
période de conflit a été tacitement acceptée et
jugée inévitable.
à travers les siècles les armées ont vu
dans le viol une part légitime du butin de guerre. Durant la Seconde
Guerre mondiale, toutes les parties au conflit ont été
accusées de viols massifs, et pourtant aucun des deux tribunaux
créés par les pays alliés vainqueurs afin de poursuivre
les crimes de guerre - à Tokyo et à Nuremberg - n'a reconnu le
caractère criminel de la violence sexuelle. Ce n'est pas avant 1992, en
présence des viols répandus de femmes dans l'ex-Yougoslavie, que
la question s'est imposée à l'attention du Conseil de
sécurité des Nations Unies. Le 18 décembre 1992, le
Conseil a déclaré que la détention et le viol massif,
organisé et systématique de femmes, en particulier de femmes
musulmanes, en Bosnie-Herzévogine constituaient un crime international
qu'on ne pouvait ignorer. Par la suite, le Statut du
Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
(ICTY, 1993) a inclus le viol parmi les crimes contre l'humanité,
parallèlement à d'autres crimes comme la torture et
l'extermination quand il est commis dans un conflit armé et
dirigé contre une population civile.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a
beaucoup fait ces dernières années pour aider à
sensibiliser et déclencher une action contre la violence sexuelle en
période de conflit: * Dans sa résolution 1820 (2008), le Conseil
de sécurité a demandé qu'il soit mis fin aux actes de
violence sexuelle à l'égard des femmes et des filles en tant que
tactique de guerre, et mis fin à l'impunité des auteurs de ces
crimes. Il a demandé au Secrétaire général et
à l'ONU de fournir une protection aux femmes et aux filles dans les
interventions sécuritaires conduites par l'ONU, notamment dans les camps
de réfugiés, et d'inviter les femmes à participer à
tous les aspects du processus de paix.
* Dans sa résolution 1889 (2009), le Conseil de
sécurité a réaffirmé la résolution 1325,
condamné la poursuite de la violence sexuelle à l'égard
des femmes dans les situations de conflit, et exhorté les États
Membres de l'ONU et la société civile à prendre en
considération la nécessité de protéger et
d'autonomiser les femmes et les filles, y compris celles qui se sont jointes
à des groupes armés, dans la programmation
d'après-conflit.(Op cit1)
III.3 Differentes formes de violences faites aux
femmes
L'état des lieux dressé par le Ministère
du Genre, de la Famille et de l'Enfant (MINI.GEFAE) sur les violences
basées sur le genre en RDC révèle une situation sociale
inquiétante, caractérisée par la persistance de plusieurs
types de violences, à savoir :
- Les violences liées aux conflits armés : elles
comprennent les viols, l'esclavage sexuel, les maternités
précoces, les maternités non désirées, la
destruction des organes génitaux, la contamination massive au VIH/SIDA,
les déplacements massifs, l'errance, la dislocation familiale et la
marginalisation, les traumatismes psycho sanitaires, l'aggravation de la
pauvreté féminine, les tueries sauvages...
; - Les violences sexuelles commises dans les zones hors conflits : elles
englobent les viols (y compris les viols de mineurs et d'enfants dans les zones
minières et en milieu scolaire), l'inceste, le harcèlement
sexuel, la prostitution forcée, la prostitution juvénile, les
mutilations sexuelles... ;
- Les violences socioéconomiques et culturelles : qui
sont liées à la persistance des pratiques sociales
rétrogrades et sexistes et à la dégradation des conditions
de vie (maltraitance des veuves, spoliation des orphelins, mariages
précoces, mariages incestueux, mutilations sexuelles et physiques,
croyances à la sorcellerie, infantilisation de la femme, prostitution
juvénile ou forcée...) -
Les violences domestiques : qui sont liées à la
maltraitance et à la sous-valorisation des contributions
féminines dans le ménage et la famille (bastonnade et
humiliation, corvées, ménagères, dépendance et
soumission, discrimination sexiste...).29.
-Formes de violence sexuelle dites «
coutumières»
Les mariage d'enfants: La coutume qui consiste à marier
de jeunes enfants, et en particulier des fillettes, existe dans bon nombre
d'endroits dans le monde. Or, cette coutume, qui est légale dans
beaucoup de pays, est une forme de violence sexuelle, puisque les enfants
concernés sont incapables de donner ou de refuser leur consentement. La
majorité d'entre eux savent peu de chose ou rien sur le sexe avant
d'être mariés. Ils redoutent donc souvent ce moment et leurs
premières relations sexuelles sont souvent
forcées.30
Autres coutumes propices à la violence
Dans beaucoup d'endroits, des coutumes autres que celle des
mariages d'enfants sont sources de violences sexuelles à l'encontre des
femmes. Au Zimbabwe, par exemple, la coutume du ngozi autorise à donner
une fille à une famille pour la dédommager de la mort d'un de ses
membres causée par un parent de la fille en question. A la
puberté, on s'attend à ce qu'elle ait des rapports sexuels avec
le frère ou le père du défunt, afin de produire un fils
qui le remplacera. Il y a aussi la coutume duchimutsa mapfiwa - héritage
de l'épouse - en vertu de laquelle, lorsqu'une femme mariée
décède, sa soeur est obligée de la remplacer au domicile
conjugal.(30)
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